Jonathan Carter a été réélu responsable du projet Debian (Debian Project Leader, DPL).
Jonathan Carter (photo tirée de son programme de 2019)
La suite de la dépêche retrace le déroulement de l’élection.
Sommaire
- Annonce de l’élection
- Les candidats et leurs programmes
- Autres thèmes abordés lors de la campagne
- Richard Stallman (RMS)
- Le vote et les résultats
Annonce de l’élection
Comme chaque année, le secrétaire du Projet Debian a annoncé calendrier de l’élection pour le rôle de responsable du Projet Debian.
L’élection se déroule en trois phases :
- la période de nomination (du 7 au 13 mars), pendant laquelle les candidats se font connaître et préparent leur programme ;
- la période de campagne (du 14 mars au 3 avril), pendant laquelle on débat sur la liste debian‑vote ; c’est aussi l’occasion pour les candidats de publier leurs Rebuttals (contre-arguments) dans lesquels ils commentent les programmes des autres ;
- la période de vote (du 4 au 17 avril), pendant laquelle les membres du projet… votent.
Les candidats et leurs programmes
Pour le mandat de 2021, deux personnes se sont portées candidates. Cette section présente leurs programmes respectifs ainsi que les questions qui leur ont été directement adressées lors des débats. Les questions d’ordre plus général, adressées aux deux candidats en même temps, sont traitées dans la section suivante « Autres thèmes abordés lors de la campagne ».
Jonathan Carter
Jonathan Carter, DPL sortant, est le premier à avoir annoncé sa candidature. Il s’agit de sa troisième candidature.
Le candidat sortant oriente cette année son programme vers la correction des points faibles qui, selon lui, ne permettraient pas à Debian de grandir dans de bonnes conditions.
Jonathan dresse la liste des quatre points faibles qu’il souhaite corriger :
- le suivi des finances de Debian ;
- la politique de dépenses ;
- les tiers de confiance ;
- formaliser l’existence de Debian.
En plus de ces nouveaux sujets, Jonathan annonce qu’il a l’intention de poursuivre ses efforts sur l’accompagnement des équipes locales et l’amélioration de l’accueil des contributrices et contributeurs.
Sruthi Chandran
Sruthi Chandran s’est portée candidate juste avant la fin de la période de nomination. Elle se présente pour la deuxième fois.
Comme l’année dernière, son programme porte principalement sur la question de la diversité au sein de projet Debian. Malgré les initiatives actuelles visant à favoriser la diversité, Sruthi juge ces efforts insuffisants et annonce qu’elle portera ce thème à chaque élection tant que le projet élira des hommes au poste de DPL.
Sans grande surprise, le premier point du programme de Sruthi concerne la diversité. Il s’agit en effet d’un sujet pas assez bien traité jusqu’à présent selon elle. Par conséquent, Sruthi souhaite analyser les dépenses faites dans ce domaine afin de comprendre ce qui fonctionne et ce qui peut être amélioré. Elle souhaite aussi créer une équipe dédiée à la diversité et s’appuyer sur les groupes locaux pour améliorer la diversité géographique des personnes contribuant à Debian.
La seconde partie de son programme concerne la promotion de Debian qui n’est pas assez valorisée selon la candidate. Pour ce faire, elle propose de créer des Debian Camp, qui consistent en un programme de mentorat sur plusieurs mois, en ligne mais également physiquement pendant les événements Debian.
Enfin, le dernier thème du programme de Sruthi est la communauté formée autour du projet Debian. À ce sujet, elle souhaiterait améliorer l’accueil des nouveaux participants et réduire la réticence aux changements dont peut faire preuve la communauté en général.
Autres thèmes abordés lors de la campagne
La période de campagne est l’occasion pour les contributeurs Debian d’interpeller les candidats sur des sujets ne figurant pas dans leurs programmes.
Cette section retrace succinctement les thèmes de ces débats.
La première intervention concerne l’utilisation de l’argent pour améliorer Debian. Raphaël Hertzog y présente l’initiative de Freexian de financer des projets pour Debian et s’étonne du faible intérêt général pour ce projet. Cette intervention a notamment engendré une discussion sur les raisons de contribuer au projet.
Christian Kastner a demandé comment motiver les contributions en assurance qualité (QA). Son opinion est en effet que le manque de contributions dans ce domaine reflète les limites du modèle basé sur le volontariat de Debian.
La charge de travail qui incombe au DPL est une question qui revient régulièrement.
Dans la continuité de sa première question, Raphaël a donc demandé si l’embauche d’assistants pour le DPL serait une bonne idée . En parallèle, Pierre-Elliot Bécue a demandé si la création d’un groupe d’assistants au DPL serait envisageable. Dans la discussion qui suit, on apprend que le DPL a accès à un canal de discussion avec les anciens DPL où ceux-ci peuvent fournir conseils et avis.
Louis-Philippe Véronneau a choisi d’aborder l’absence de standard dans l’empaquetage des paquets Debian. Cette situation a l’avantage de permettre à chaque personne ou équipe de maintenir ses paquets comme elle l’entend, mais cette profusion de pratiques peut décourager de potentiels contributeurs.
Raphaël Hertzog a posé une troisième question, cette fois-ci au sujet du contenu des programmes des candidats, qu’il juge de moins en moins concrets et de plus en plus vagues.
Bart Martens a demandé aux candidats comment ils comptaient favoriser la diversité entre discrimination positive, neutralité absolue ou d’autres moyens.
Richard Stallman (RMS)
Il y a une réaction sur le retour de Richard Stallman (RMS) au conseil d’administration de la FSF, qui a donné lieu à une proposition de résolution générale (GR).
Le vote et les résultats
Comparaison du nombre de messages envoyés sur debian-vote entre les deux votes
- 83 messages de discussion concernant l’élection de DPL -> discussion seulement ;
- 600 messages à propos de la résolution générale sur RMS -> discussion + ajouts de propositions.
À noter que la participation à l’élection est la plus élevée des dix dernières années avec 44 % de participation (contre une moyenne de 35 % les autres années).
Vote et résultats
Le gagnant est Jonathan Carter, il l’emporte sur Sruthi Chandran par 210 voix, et l’option nulle (« None of the above » ou « Aucune de ces options ») par 391 voix.
Pour ce vote, l’écart des voix entre les deux candidats est proche de celle de l’année dernière avec 116 votants en plus par rapport à 2020.
Aller plus loin
- Élection du responsable du projet Debian 2021 (25 clics)
- Résultats de l'élection (33 clics)
# La diversité n'est pas une solution.
Posté par Tanouky . Évalué à 10.
Elle devrait être une conséquence de programmes bien établis et justes. L'ajout de "diversité" (quand bien même ça voudrait dire quelque chose…on va finir par mesurer les gens et la teinte de leurs cheveux pour être sûrs que tout le monde est parfaitement inclus ?), c'est vouloir mettre la charrue avant les bœufs, c'est une incursion idiote et politique dans un projet qui brille quand il est technique. Les manœuvres politiques qui entourent Debian doivent servir la technique…et l'inverse n'en ferait qu'un levier idéologique qui finira simplement par éclater.
Ce sont les idées variées qui doivent être mises en avant et aucunement les origines géographiques ou…génétiques.
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par Benoît Sibaud (site web personnel) . Évalué à 10.
Rien que ça me semble une raison suffisante de se présenter (je ne dis pas qu'elle doit gagner ou perdre, je ne la connais pas ni son programme, mais de fait si aucune femme ne se présente jamais il n'y aura jamais de femme DPL et cela continuera ainsi).
Point supplémentaire: il n'y aurait eu qu'un seul candidat sinon. C'est toujours moyen pour les débats d'idées.
Donc le terme "incursion idiote" me semble particulièrement déplacé, ainsi que le "incursion politique" comme si Debian n'était pas un projet politique (avec son manifeste/sa constitution…). Sans parler de ton final on veut des "idées variées" mais pas la sienne à elle qui est différente, qui est d'autant plus savoureux.
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par Tanouky . Évalué à 7. Dernière modification le 18 juin 2021 à 18:32.
Pas pour moi. Je ne vois pas pourquoi il faudrait absolument une femme ? Qu'elle se présente sous un autre prétexte que "Il n'y a que des hommes, il est temps que ça change" qui ne présente aucun intérêt technique palpable.
C'est tout à son honneur de se présenter, je trouve simplement qu'elle prend le problème par le mauvais bout. Ce n'est pas la présence de femmes qui rendra Debian meilleure, c'est la présence de personnes douées et…la diversité n'est pas garante de ce point.
J'ai précisé que l'aspect politique de Debian servait la technique. Tu m'expliques en quoi la diversité la servirait ?
L'augmentation des usagers, peut-être, mais la diversité ? (En fait, la prétendue diversité, hein, on va pas la poser en chantre d'une humanité variée et heureuse)
J'estime qu'elle n'a pas beaucoup d'idées (à la lecture de son programme), elle a surtout une opinion, c'est très différent. Une idée est issue d'une invention, de l'imagination, l'opinion se base sur des ressentis et ses faits.
En soi, son but est louable (bien que factice, comme je le disais, la diversité, c'est loin d'être prouvé), mais je ne pense pas que la diversité doive servir de levier ; en revanche, qu'elle soit une conséquence serait bien plus pertinent.
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par RoyalPanda . Évalué à 4.
J'ai également été sur cette position d'anti << discrimination positive >>. Sauf que :
Cela suppose des humains raisonnables voir sans émotions. La discrimination existe à cause de ces émotions, une simple attitude rationnelle ne suffira pas à modifier des comportements sociétaux irrationnels.
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par aiolos . Évalué à 7.
Ici, il ne s'agit pas de "discrimination positive", mais simplement de tenter d'attirer des gens d'origine (au sens social) plus diverse que maintenant. Je ne vois pas en quoi c'est un problème, si ce n'est qu'éventuellement ça détournerait des moyens qui pourraient être mis ailleurs… Mais s'il y a des bras pour s'emparer de cette problématique, ce n'est pas dit qu'ils soient disponibles pour autre chose.
Et comme les trois points résumés de son programme portent sur la communauté Debian dans son ensemble, ça donne quand même un grand axe de sa candidature au poste. Et ça me semble être une position tout à fait raisonnable qu'au delà de la technique et de la gestion, le rôle de DLP soit centré sur la structuration de la communauté !
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par barmic 🦦 . Évalué à 6. Dernière modification le 19 juin 2021 à 10:35.
Debian vise l'universalisme. Debian est un projet politique, bien plus que d'autres distributions et tout tenter de ramener à la technique pour camoufler très idées politiques ne trompe pas. En particulier le rôle du Del est très politique.
C'est une posture très pratique pour quiconque fait parti de la majorité et ne souffre pas d'une faible représentativité.
Tu énonce un grand principe très politique qui ne fonctionne pas pour annuler toute tentative plus pragmatique.
C'est comme ceux qui se plaignent que le fairphone n'est pas assez fair ou ceux qui se lèvent contre le soutien scolaire car on ne devrait pas en avoir besoin si l'enseignement était mieux fait.
Quitte à être le chantre de la technique face au politique. Si tu applique des principes techniques à l'organisation des personnes ? C'est en ayant d'avantage de diversité à ce genre de poste qu'on peut se rendre compte de s'il y a ou non des problèmes.
https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll
[^] # delire des USA
Posté par cdg . Évalué à 6.
"C'est une posture très pratique pour quiconque fait parti de la majorité et ne souffre pas d'une faible représentativité."
Déjà tout le monde peut se dire discriminé et n etant pas representé: il suffit de choisir les bons criteres.
Pour prendre en exemple classique :à part De Gaulle, tous nos presidents de la republique sont parisiens (meme s ils n y sont pas nés, ils y ont vecu longtemps avant d etre elu president). Les non parisiens (95 % de la population au moins) sont ils discriminés ?
En quoi le fait d avoir un elu comme moi (voire des quotas) ameliore t il les choses ?
Si j etais une femme je suis pas sur de me sentir mieux representée par Marine Le Pen que par un homme
Regardez les elections francaises. Maintenant nous avons des quotas de femmes et pas mal de candidates mais celà ne rends pas les elections plus attractives (66 % d abstention !)
[^] # Re: delire des USA
Posté par barmic 🦦 . Évalué à 5.
Oui. On le considère comme moins grave, mais oui tout à fait. Tout comme le fait de n'avoir que des gens qui sortent d'un nombre limité de formations différentes est un problème. Ça pose un problème de représentativité et de pluralité.
Mais ce n'est pas l'objet de la phrase que tu cite.
La posture qui remet en cause la politique est elle-même une position politique. C'est la politique du status quo. Ça ne dit pas que la personne qui porte ce sujet est ou n'est pas discriminé, mais qu'il se satisfait de la situation tel quelle est. C'est une position valide, mais affirmer que c'est de l'absence de politique est faux.
Pétard c'est vraiment faible comme argumentation…
Déjà pour limiter toute forme d'oligarchie. Dans tout système qui se dit démocratique les représentants devraient être sélectionné parmi les citoyens et non parmi une classe dirigeante.
Waw c'est vrai pardon ne travaillons pas à mettre des femmes aux pouvoir vu qu'il y en a une qui pose problème… Personne n'a dit que ça devait outrepasser le processus démocratique. On reste sur des gens élus donc il ne s'agit pas de prendre la première femme ou d'en choisir une au hasard.
Parce que ça ne résous pas tout les problèmes, ça n'est pas acceptable ? On parle d'une élection historique en terme d'abstention qui s'est déroulé dans un contexte très particulier (les campagnes n'ont pas pu se dérouler normalement, le débat publique est pas mal polarisé sur le covid,…) et toi tu arrive à en déduire que ça montre que ça sert à rien à s'embêter à avoir une parité ?
À coté au sénat comme à l'assemblée, la proportion de femme est entrain de croitre très correctement. Sans que ça n'est l'air d'émouvoir plus que cela.
Affirmer après des décennies de pouvoir totalement masculin qu'en laissant les choses continuer la situation va changer n'est pas crédible.
https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll
[^] # Re: delire des USA
Posté par Misc (site web personnel) . Évalué à 5.
Seulement si tu crois au fait que la vie à Paris soit si différente du reste. Il est vrai qu'on peut facilement trouver des catégories arbitraires, mais c'est pour ça qu'il y a des recherches, et c'est pour ça qu'on essaye de les interdire (que ça soit les attaques des conservateurs sur la "critical race theory" aux USA, ou simplement le même genre d'attaque en France).
Mais on peut aller plus loin, 100% des présidents sont de la métropole. Est ce qu'on peut en déduire qu'on s'en fout des départements d'outre mer ? Je sais pas, la situation en guyane pour le coronavirus ressemble à quoi en ce moment ?
Pour moi, il est clair que les gens se préoccupent que de ce qui les touchent personnellement.
Par exemple, la legislation sur l'IVG est venu d'une femme (Simone Weil), la loi Taubira sur l'esclavage est venu de Christine Taubira. Je vais pas faire la liste exhaustive
Et pour en revenir aux logiciels libres, c'est un des moteurs du libre (scratch your own itch). Le fait qu'il y a des problémes structurelles assez visible a pour conséquence que des gens ne s'implique pas est un souci.
Et le principe de représentation égale est utilisé à plein d'endroits. Par exemple, la Creuse a des députés à l'assemblée, personne ne vient dire "oula, discrimination positive pour Gueret, faut les virer". Le Conseil de l'Europe a des quotas sur la nationalité de ses fonctionnaires, mais curieusement, personne ne fait du bruit à ce niveau.
[^] # Re: delire des USA
Posté par barmic 🦦 . Évalué à 4.
Je serais moins rude que ça perso. Il peut être difficile de se figurer des contextes et des situations trop éloignés de ce que l'on connaît. Ça peut mener soit à ignorer ses situation soit à les traiter de manière maladroite.Ce n'est pas qu'une question d'égocentrisme.
https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll
[^] # Re: delire des USA
Posté par Misc (site web personnel) . Évalué à 9.
Je suis d'accord, je pense pas que ça soit de l'égocentrisme, je me suis mal exprimé.
C'est juste un constat de ce que j'ai vu dans les divers groupes autour de diversité ou j'ai participé.
Quand le groupe est composé principalement de femmes cisgenres, le groupe va se focaliser sur la participation des femmes. Une fois que le groupe commence à avoir plus de personnes LGBT, le groupe pivote souvent vers ça. Je suis sur que si demain, le groupe commence à avoir plus de personnes neuroatypique, ou ayant des handicaps moteurs, les dits groupes vont s'attaquer à la question de l'accessibilité des conférences pour ces groupes.
(en fait, c'est pas que je suis sur, c'est ce que j'ai vu en comparant le monde du logiciel libre vs l'écosystéme wikimedia)
Si ton groupe est rempli de personnes musulmans pratiquantes, y a des chances que le groupe ne fasse pas de réunions le soir pendant le mois du ramadan. Ton groupe a plusieurs mères de familles, je suis sur que des arrangements pour la gestion des enfants vont plus facilement être prévus que dans le groupe moyen de libristes.
Et c'est pas des choses qu'on connaît pas. Je sais que gérer les gamins, c'est chiant. Si tu me demandes, je sais ce qu'est le Ramadan, et si je me pose la question, je suis capable de dire "oui, y a ça comme impact".
Donc ce n'est pas que je ne peux pas figurer le genre de probléme. C'est juste que ça me vient pas à l'esprit, parce que je ne peux pas tout avoir à l'esprit, et que c'est le cas de tout le monde.
Et donc, un groupe super homogène ne peux pas faire de miracles.
Et il est bien plus simple et bien moins couteux en ressources d'avoir un groupe heterogène qui va naturellement penser à autre chose plutôt que des gens qui vont devoir se forcer à penser à la vie des autres.
On pourrait croire qu'une communauté composé principalement d'ingénieurs penserait à ce simple principe d'optimisation, mais mon expérience et certains commentaires dans ce thread montre que c'est pas trop le cas.
[^] # Re: delire des USA
Posté par barmic 🦦 . Évalué à 4.
Je suis entièrement d'accord
https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par aiolos . Évalué à 3.
En élargissant la diversité de l'expression des besoins ? Ce qui permettrait de répondre aux attentes techniques d'une communauté plus diverse ?
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par cdg . Évalué à 0.
Se presenter juste parce qu on est une femme, parce qu on est noir/jaune/rouge/blanc ou car on est gay est … delirant
Doit on choisir des gens en fonction de leurs compétences ou de ce qu ils veulent faire ou parce qu ils cochent les bonnes cases (au niveau du politiquement correct ca aurait ete ideal d avoir une femme, homosexuelle et noire) ?
On est en train d importer les nevroses des USA
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par jyes . Évalué à -3.
Et ça ne te pose aucun problème de considérer que pour être compétent à un poste à responsabilité il faut être homme, blanc et hétéro ?
Sinon, la proportion d’hommes blancs hétéros à de tels postes devrait justement te faire constater que la sélection n’est pas que sur la compétence, les profils retenus étant bien trop homogènes sur des critères a priori décorrélés (et je ne fais que répondre ici à ton propos, qui ignore complètement l’importance de la représentativité et d’autres points indépendants de la compétence qui plaident en faveur d’une amélioration de la diversité).
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par aiolos . Évalué à 3.
En fait, je ne suis pas sûr que ce soit si direct que ça. Parce que si l'on considère que l'aspect technique, le biais sur l'accès aux études se traduit sur le recrutement, pas uniquement sur un biais de sélection.
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par jyes . Évalué à 6. Dernière modification le 21 juin 2021 à 15:29.
Effectivement, quand bien même le processus de sélection d’un·e DPL n’introduirait pas de biais, on retrouverait ceux de la population des DD éligibles. Cependant, les études de sociologie qui s’intéressent à ce genre de choses montrent que sans volonté de lutter contre (ou avec une velléité trop légère) les biais sont renforcés à chaque étape sélective. Une belle illustration, qui ne touche pas Debian mais s’intéresse bien à une sélection qui se dit sur la compétence est une étude sur les concours de sélection aux grandes écoles d’ingénieurs, le tableau en page 6 de la version PDF est éloquent. En plus, ça fera plaisir au troll auquel je répondais de voir des sociologues s’intéresser à la diversité sur des critères plus variés que la couleur de peau, l’orientation sexuelle ou le genre (même si évidemment, ces critères doivent être étudiés et les discriminations associées combattues).
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par Misc (site web personnel) . Évalué à 4.
Je pense que le genre impacte beaucoup que l'orientation sexuelle. Je connais personnellement plus de développeurs Debian bi/gays/* que de développeuses par rapport à leur proportion respectives dans la population française.
De la même façon, la proportion femme cis/femme trans ou homme cis/homme trans dans le libre semble indiquer la forte influence du genre assigné à la naissance. Je suis incapable de citer 5 hommes trans dans le libre, alors que je suis capable de trouver le nom de 5 femmes trans en 30 secondes.
Pour moi, ça semble pointer le fait que l'influence du genre ne s'efface pas d'un coup, mais assez graduellement, et j'ai l'impression que les personnes trans dans la communauté sont plus souvent des gens qui ont transitionné une fois dans la communauté plutôt que l'inverse (et que celle qui ont fait l'inverse était déjà dans l'industrie ou pas loin).
Ensuite, il y a clairement un souci de biais des survivants, mais je suis pas le seul à me faire la réflexion, cf ce tweet de Randi Lee Harper.
(et attention, je dit pas que les personnes trans n'en chient pas, toutes les stats le montre. Mais tout le monde n'en chie pas de la même façon, il y a un gouffre entre Caitlyn Jenner et Vanessa Campos, et je pense que le monde du libre va être plus proche de la première que de la seconde).
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par Yala . Évalué à 6.
Sans vouloir répondre sur la discrimination positive et ses enjeux, qui sont des sujets complexes, je tenais juste à rebondir là dessus :
Il me semble que Debian s'est clairement affirmé depuis longtemps en tant que projet politique, et que la technique est au service de ce projet. Ça serait justement faire l'inverse qui ferait perdre tout son sens à cette organisation.
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par Nattes . Évalué à -2.
Juste par curiosité, combien de personnes non masculines* se sont exprimées dans ce thread sur la diversité? Parce que peut-être qu'il faudrait pour avancer avec une méthode à la fois factuelle et prenant en compte les ressentis des personnes concernées pour que les gentes s'expriment et se sentent accueillies
Dans tous les milieux principalement masculins, sévit l'anthropologie du mâle. qui vient observer puis émettre donner son avis sur tout, jugeant et condamnant toute initiative qui ne découlerait pas directement de son propre intellect, car il a toujours raison!
Par exemple, des femmes viennent dire qu'elles trouvent une formulation sexiste ou un comportement limite, ou qu'elles peinent à participer pour des raisons diverses voilà venir le discours "nan mais t'exagères", voir pire on commence à supputer les capacités cognitives voir la santé mentale des personnes concernées, ou alors on lui oppose l'argument néo libéral du "choix" : nan mais t'as choisi de faire des enfants (au passage pour le même acte créatif ne nécéssitant que 5 minutes d'exercice horizontal avec échanges de gamètes la question du choix n'est pas distribuée de façon équivalent selon le genre et on part toujours des prémisces libertariennes néo libérales selon lesquelles une personne célibataire n'est pas responsable du résultat choix d'enfanter des autres alors que nous sommes coincés sur la même planète partageant les mêmes ressources alimentaires et le même ecosystème, les mêmes systèemes politiques et économiques que nous ne sommes pas toustes vraiment sûr d'avoir choisi).
Alors pour avoir plus de femmes, et ne pas avoir besoin de faire du webscraping pour les chercher vainement afin qu'elles restent et se sentent bien, j'ai une suggestion en mode "famsplain*": essayez de prendre chacun (au masculin*) et chacune (au féminin* parce que les femmes aussi on les entends dire "ah je pense que tu desserts ta cause et pourtant je suis une femme") une critique sur vos biais que vous avez trouvé complètement loufoque et de tenter de comprendre le point de vue des personnes qui vous l'ont exprimé et de chercher auprès de ces personnes la solution qu'elle propose, et …. de l'appliquer ou au minimum de la partager si cette personne n'ose pas le faire.
À mon tour :
Une personne m'a dit l'année dernière qu'on ne doit pas supposer que toutes les personnes se présentant comme cis le sont, tout comme on ne doit pas supposer qu'un couple composé d'un homme et d'une femme est hétéro car il y a peut être une femme ou un homme bi dans le lot, ce qui en fait un couple "LGBTIQ" même si l'un d'entre elleux ne le communique pas.
De même, on ne doit pas supposer que les mères et les parents* sont toustes des chantres de l'inclusivité des enfants (les nanti·e·s n'ont pas les mêmes problèmes), ni se cantonner au seul mode de garde "crêche" pendant les évènements en pensant avoir réglé un monstre problème (tout en soulignant son cout exhorbitant au lieu d'analyser le cout engendré par le manque de diversité pour les communautés). En fait les modes de crèches pour bébé ne règlent rien, car bien des parents préfèrent juste faire garder leurs enfants à la maison pour être tranquilles, et en plus les crèches ne concernent qu'un faible pourcentage de l'âge moyen de tous les enfants.
SA SOLUTION PARTIELLE POUR FINANCER LES GARDES
Arrêter de rembourser ou défrayer les voyages des plus nantis (tous genres confondus) pour financer les gardes d'enfants à domicile selon les modalités choisies par les parents*.
Ce serait somme toute le remboursement des arrhes patriarcales de mille ans d'exploitation. Et pas besoin d'un gros effort pour le faire, vous faites un wiki comme pour les déplacements ou le "couch surfing" et les personnes* tout genre confondu qui gagnent plus de 4 fois le SMIC s'engagent à verser 50 euros à chaque fois qu'ils pondent un paté sur un forum ou un chat (comme ça cela a l'avantage de rendre plus visible les personnes non masculines).
et vous savez quoi? La personne qui m'a dit ça est dans ce forum (mais pas sur ce thread).
Bon week end!
[^] # Re: La diversité n'est pas une solution.
Posté par Eldermê (site web personnel) . Évalué à 0.
Je trouve frappant qu'à chaque fois qu'il est question de diversité sur LinuxFr, que ce soit du féminisme, de l'anti-racisme ou la notion de diversité au sens large comme ici, il se trouve systématiquement un bon paquet (en proportion) de commentaires consistant à expliquer que la diversité c'est pas important, faudrait pas s'en préoccuper. Personnellement, ça ne me donne pas une bonne image du site, ça ne donne pas l'impression qu'il est ouvert à la diversité justement.
En l'occurrence, il est question de Debian, donc pas d'une distribution qui se focalise uniquement sur la technique justement. En allant sur debian.org, le 3ème lien de la page est notre philosophie. Il est certes question de technique, mais pas que. On arrive sur cette page à une liste de documents principaux, dont diversité et équité.
En fait, j'en reste avec l'impression que Debian a l'air carrément plus avancé question diversité que LinuxFr !
Suivre le flux des commentaires
Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.