"Il y a déjà un moment, mon oeil s'est arrêté sur une étagère où trônait un livre dont le titre s'érigeait en une sorte d'épitaphe "Adieu Gary Cooper". Je n'avais encore rien lu de son auteur. Je ne le connaissais pas et ma curiosité n'avait jusqu'à présent pas été stimulée. Puis il fallut que je sois en panne de lecture pour que j'en arrive à ouvrir ce livre puis le dévorer."
Il y a déjà un moment, mon oeil s'est arrêté sur une étagère où trônait un livre dont le titre s'érigeait en une sorte d'épitaphe "Adieu Gary Cooper". Je n'avais encore rien lu de son auteur. Je ne le connaissais pas et ma curiosité n'avait jusqu'à présent pas été stimulée. Puis il fallut que je sois en panne de lecture pour que j'en arrive à ouvrir ce livre puis le dévorer.
Ce que j'ai découvert est une extraordinaire richesse d'un auteur, une fragilité, une sensibilité extrême dans l'écriture. Coup sur coup j'ai lu 4 romans[1] de cet auteur et une autobiographie[2]. En aucun cas je ne veux résumer ces livres mais plutôt vous faire découvrir un univers poétique, basé sur l'espoir en l'espèce humaine, où les héros sont des femmes et des hommes de tous les jours.
Dans chacun des romans que j'ai lu, Romain Gary va montrer une nouvelle facette de notre monde où les sentiments n'ont plus leur place, étouffés par les situations économiques, par une normalisation de leurs expressions. Et pourtant chaque livre finit sur une note d'espoir. Romain Gary croyait-t-il en l'Homme ?[3]
Qu'il s'appelle Lenny, Morel, Cousin ou Michel Folain, les héros masculins de Gary se battent pour la liberté d'exister, contre la solitude dans un monde où l'Homme est réduit à une valeur statistique, et où l'essentiel, c'est-à-dire l'amour, n'est plus qu'un filigramme. Tous ces héros vont fuir et se battre à leur manière pour tenter de réveiller la conscience du reste du monde. Et chacun c'est en une femme qu'ils vont trouver la fin de leur solitude, un soutien.
Et ces héroïnes vont se sentir revivre à travers ces hommes. Que cela soit Lydia, Mlle Dreyfus, Jess ou Minna. Elles ne sont pas les sauveurs du monde mais un espoir. Et cela est déjà beaucoup.
Dans "Clair de femme", Michel et Lydia vont passer une nuit blanche à s'aider pour surmonter leur solitude respective. Michel, amoureux d'une femme décédée, se jette à corps perdu vers Lydia apeuré par ce trop plein d'amour, elle qui se desespère de son attitude face à son mari handicapé lors d'un accident de voiture.
Michel Cousin et Mlle Dreyfus vont se retrouver après les péripéties de Michel, héros malgré-lui de "Gros-câlin" à la recherche l'amour, ce qui l'a poussé à adopter un python.
Prix goncourt en 1958, premier roman écologique, "les racines du Ciel" expose les aventures d'un homme qui "y croit encore", Morel, un "con" qui a confiance en l'humanité pour protéger la nature et qui choisit la cause des éléphants pour mettre en avant un manque d'amour que seule Minna lui apportera, non parce qu'elle l'aime mais parce qu'elle le comprend. Le tout sur fond d'un colonialisme agonisant.
Et Jess qui va rencontrer Lenny, tous les deux américains en éxode en Suisse, va tout faire pour sauver cet homme d'un monde sans rêve ni espoir.
D'un style poétique et agréable, Romain Gary touche la corde sensible de l'auto-destruction de l'Homme, de la vision à court terme de l'Homme. Gary aura réussi à travers ses nombreux livres, souvent auto-biographiques, à exposer sa souffrance, son envie d'amour.
Et il est extraordinaire que son oeuvre littéraire colle tant à la réalité actuelle, la politique étrangère américaine, la situation africaine.
Que penser face à un Bug Moran dans "Adieu Gary Cooper" qui s'exclame :
"C'est fini, Gary Cooper. Fini pour toujours. Fini, l'américain tranquille, sûr de lui et de son droit, qui est contre les méchants, toujours pour la bonne cause, et qui fait triompher la justice et gagne toujours à la fin. Adieu l'Amérique des certitudes. Maintenant c'est le Viet-nam, les universités qui explosent, les ghettos noirs. Ciao Gary Cooper."
Ou d'un Waïtari africain anti-colonialiste, "chef d'oeuvre" de la culture occidentale dans "Les racines du ciel" qui au nom du droit des peuples à disposer d'eux, va faire massacrer des centaines d'éléphants pour que la presse parle enfin de lui et de son envie de faire une Afrique à l'occidentale, de sortir l'Afrique de sa position de refuge de l'imaginaire, de "jardin d'Eden".
Romain Gary, aviateur, diplomate, écrivain, cinéaste, a traversé le XXème siècle laissant derrière lui une pile de chefs-d'oeuvre de littérature à dévorer dont deux ont reçu le prix Goncourt[4].
Quelques adresses pour en savoir plus sur l'écrivain :
- [1]
- "Adieu Gary Cooper", isbn 2-07-038452-7
- "Gros-Câlin", isbn 2-07-036906-4, sous le pseudonyme d'Emile Ajar
- "Clair de femme", isbn 2-07-037367-3
- "Les racines du ciel", isbn 2-07-036242-6
- "Adieu Gary Cooper", isbn 2-07-038452-7
- [2] "La nuit sera calme", isbn 2-07-036719-3
- [3] Romain Gary a mis fin à ses jours le 2 décembre 1980.
- [4] La règle du Goncourt veut qu'on ne puisse pas l'obtenir deux fois. En 1958, Gary l'obtient avec "Les racines du ciel". En 1974, le prix est attribué à un jeune écrivain Emile Ajar pour "La vie devant soi". A la mort de Gary, on appris que Ajar et Gary ne faisait qu'un.
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# chien blanc
Posté par Troy McClure (site web personnel) . Évalué à 10.
Comme bouquin de lui, je conseille aussi "chien blanc".
Finalement, ça tombe bien qu'elle passe ce soir cette news.
# Pourquoi cette news est elle sur la page principale ?
Posté par sylvain bozo_fr . Évalué à -4.
# Pile poil dans l'actualite
Posté par pwet pwet . Évalué à -1.
ca tombe pile poil dans l'actualite on dirait cette news.
Cherchez bien du cote de l'election d'hier ;-).
En tous cas, cela m'a donne fichtrement envie de decouvrir cette auteur qui je le rappelle a obtenu deux prix goncourts alors qu'on a pas le droit =) sous deux noms differents : romain gary et emile ajar si mes souvenirs sont exacts.
Vive romain gary.
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