Le 22 mai, à la veille de sa conférence annuelle, le projet openSUSE a annoncé la disponibilité de Leap 15.1. Il s’agit de la 1ère version mineure de la série 15.x.
openSUSE Leap est une distribution GNU/Linux communautaire éditée et maintenue par le projet openSUSE. Elle est construite à partir des sources du premier service pack de SUSE Linux Enterprise 15 (abrégé SLE 15 SP1) sur laquelle s’ajoute des paquets fournis par la communauté.
Cette dépêche est dérivée de la traduction de l’annonce de version.
Sommaire
- Cycle de publication
- Quoi de neuf ?
- Matériel préinstallé
- Plates‐formes
- Migration facilitée vers un support Entreprise
- Projet openSUSE
Cycle de publication
Pour rappel ou information, openSUSE Leap est une distribution ayant une cadence de version « classique » qui suit le schéma approximatif suivant :
- une version majeure est planifiée tous les trente‐six mois environ, les versions majeures sont alignées sur les versions de SLE ;
- une version mineure est planifiée tous les douze mois environ, les utilisateurs sont invités à mettre à jour vers la nouvelle version mineure dans les six mois suivant la sortie, ce qui amène à une durée de maintenance de dix‐huit mois, les versions mineures sont alignées sur les Service Packs de SLE.
Leap 15.1 sera donc maintenue jusqu’à fin 2020, période durant laquelle elle bénéficiera des mises à jour de maintenance et de sécurité en provenance de SLE et de sa communauté, pour ce qui n’est pas supporté par SUSE.
Quoi de neuf ?
Leap utilise la version 4.12 du noyau Linux. Il s’agit de la même version que Leap 15.0 et SLE 15. Des pilotes du noyau 4.19 ont été rétro‐portés pour gérer plus de cartes graphiques (notamment améliorer la prise en charge des cartes AMD Vega) et plus de cartes Wi‐Fi.
La virtualisation des cartes graphiques est devenue de plus en plus courante chez les fabricants tels qu’AMD, Intel ou NVIDIA et Leap 15.1 permet d’utiliser ces implémentations et les prend en charge au sein d’environnements virtualisés ou dans le cloud.
Leap 15.1 utilisera désormais Network Manager par défaut pour les ordinateurs portables et les postes de travail. Par le passé, seulement les ordinateurs portables l’utilisaient. Les installations pour serveur continueront à utiliser Wicked par défaut.
Comme pour Leap 15.0, le compilateur par défaut est GCC 7. Mais GCC 8 a été ajouté à la distribution.
Installation et configuration améliorées
Les évolutions de YaST apportent une meilleure gestion des services qui tire parti des nombreuses fonctionnalités offertes par systemd.
FirewallD peut à présent être géré en mode texte Il dispose également d’une nouvelle interface utilisateur, laquelle inclut les améliorations apportées à AutoYaST.
La gestion des formules Salt est intégrée au module yast-configuration-management, de même que la gestion des clefs SSH par utilisateur.
YaST est livré avec un système de partitionnement enrichi qui peut désormais formater automatiquement des disques entiers sans table de partitions, créer des grappes RAID logicielles sur des disques complets, créer des partitions au sein de grappes RAID logicielles et d’autres possibilités encore. AutoYaST prend également en charge ces diverses possibilités. Le travail fournit par l’équipe YaST sur les outils de configuration a amélioré les propositions de partitionnement par défaut dans de nombreux cas, notamment dans le cas de petits disques ou encore sur des systèmes disposant de plusieurs disques.
Leap 15.1 intègre aussi de nouvelles icônes pour YaST créées par la communauté.
L’équipe YaST a fourni un travail important dans le but d’améliorer l’expérience utilisateur sur écran 4K (HiDPI). Ces écrans sont maintenant détectés automatiquement et l’interface est mise à l’échelle en conséquence, fournissant à l’installateur une interface claire et raffinée.
Enfin, YaST dispose d’une option testing permettant aux utilisateurs de tester les mises à jour de maintenance avant leur publication. Le dépôt testing fournit ainsi ces mises à jour sept jours avant qu’elles ne soient rendues disponibles dans le dépôt des mises à jour de maintenance.
Environnements de bureau
Les mises à niveau étant assez conservatrices, les environnements de bureau n’ont pas bougé depuis Leap 15.0. On a donc :
- GNOME 3.26 (Wayland par défaut) ;
- Plasma 5.12 LTS s’appuyant sur une version récente (5.55 de février 2019) de KDE Frameworks ; en revanche, les applications KDE sont passées de la version 17.12 à la version 18.12 ;
- Xfce 4.12 ;
- Mate 1.20.
Les utilisateurs de SLE 15 peuvent également obtenir la suite KDE ainsi que d’autres paquets disponibles via PackageHub (GNOME étant le bureau par défaut de SLE, donc directement dans les dépôts officiels).
Les images autonomes (« live ») de KDE et GNOME sont disponibles sur le site de téléchargement pour faciliter les tests de pré‐installation.
Bureautique
Toujours dans cette optique de stabilité, Firefox est proposé en version 60 ESR et LibreOffice en version 6.1 (version recommandée par le projet amont si, je cite, « vous déployez LibreOffice en entreprise ou dans un environnement professionnel ou que vous êtes un utilisateur conservateur »).
Dans les nouveautés, on peut noter que Thunderbird passe de la version 52 à 60 et digiKam passe en version 6.
Conteneurs
Il s’agit de la première publication de Leap contenant l’environnement d’exécution de conteneurs Podman ainsi que Buildah, l’outil de construction d’images, utilisé par défaut dans openSUSE Kubic. Tous deux fournissent une alternative légère et résiliente à l’environnement d’exécution Docker.
Joueurs et graphistes
Les concepteurs Web et les spécialistes du marketing numérique peuvent utiliser la nouvelle pile graphique avec la mise à jour mineure de la bibliothèque graphique 3D de Mesa et utiliser des outils libres comme le logiciel de création 3D Blender pour créer des animations fascinantes et captivantes.
Les joueurs, les mélomanes et les podcasteurs peuvent profiter des améliorations des pilotes audio HD haute définition, des pilotes audio USB rétro-portés et des mises à jour logicielles qui ont été réalisées pour les cartes multimédia (MMC) et les cartes MMC intégrées (eMMC).
Nouveaux services
Leap 15.1 intègre directement les logiciels tels que Nextcloud et la suite collaborative Kopano pour faciliter l’auto‐hébergement de vos données ou les travaux en commun.
Cette version de Leap configure automatiquement SSH pour les rôles système « Serveur » et « Serveur transactionnel », ce qui facilite un peu les choses pour commencer à travailler sur votre serveur immédiatement après installation.
Santé et science
GNU Health, le système de gestion des données de santé et hospitalières est disponible directement dans Leap. openSUSE-gnuhealth-setup, un script de déploiement pour GNU Health, est fourni pour faciliter l’installation sur un nouveau système pour les utilisateurs moins techniques.
Leap permet aussi la résolution de problèmes mathématiques linéaires et non linéaires, ainsi que bien d’autres types d’expérimentations numériques, à l’aide de n’importe quel langage compatible avec MATLAB, via GNU Octave. Leap met aussi à disposition QGIS, le système d’information géographique libre, afin que vous puissiez créer, éditer, visualiser et publier vos données géospatiales. openSUSE Leap embarque de nombreux autres paquets, citons par exemple Cadabra, un système de calcul algébrique dans la théorie des champs, Step, le simulateur physique interactif ou encore Kalzium, un paquet contenant un tableau périodique des éléments.
Matériel préinstallé
Fait assez rare pour être noté, Leap sera disponible en tant que système d’exploitation préinstallé sur, au moins, deux fabricants de matériel, Slimbook et TUXEDO Computers.
Plates‐formes
Leap supporte officiellement la plate‐forme x86_64. Des portages pour les architectures Power et ARM64 sont en cours de réalisation par la communauté.
Migration facilitée vers un support Entreprise
Comme c’est le cas depuis Leap 15.0, SUSE supporte toujours la migration de Leap vers SLE, ce qui permet de développer sur Leap puis de migrer en vue des certifications et/ou pour avoir un support étendu.
Projet openSUSE
Le projet openSUSE est un effort communautaire mondial qui cherche à promouvoir l’utilisation des systèmes d’exploitation basés sur le noyau Linux et, plus généralement, des logiciels libres.
Ce projet développe les outils Open Build Service (dont une instance est maintenue par le projet et qui peut être utilisée par d’autres distributions), openQA et YaST, ainsi que deux distributions testées automatiquement : Leap, une distribution stable avec un support de trois ans et Tumbleweed, une distribution en publication continue.
Aller plus loin
- Note de version Leap 15.1 (47 clics)
- Portail de la version 15.1 (43 clics)
- Annonce de la version 15.1 (25 clics)
- Annonce traduite de la version 15.1 (58 clics)
# GNOME-Wayland par défaut
Posté par antistress (site web personnel) . Évalué à 5. Dernière modification le 08 juin 2019 à 03:47.
Tiens je savais pas qu'il y avait des distrib "majeures" autres que Fedora qui avaient fait ce choix (audacieux) !
[^] # Re: GNOME-Wayland par défaut
Posté par ʭ ☯ . Évalué à 2.
Au moins chez Mageia aussi Gnome utilise Wayland par défaut. Ce n'est pas un choix audacieux, c'est suivre la recommandation du projet Gnome!
⚓ À g'Auch TOUTE! http://afdgauch.online.fr
[^] # Re: GNOME-Wayland par défaut
Posté par Ghorin . Évalué à 0.
Je ne comprends pas : Si openSuse offre une aussi vieille version de Gnome (septembre 2017), c'est certainement pour assurer une grande stabilité et fiabilité. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas être conservateur également sur le serveur d'affichage et mettre un Wayland pas encore complètement abouti ?
[^] # Re: GNOME-Wayland par défaut
Posté par FantastIX . Évalué à 2.
Spéculation personnelle: il faudra bien faire le grand saut, un jour ou l'autre… Si les distributions ont une réflexion conservatrice envers Wayland (p.ex. attendre qu'il soit suffisamment abouti) il y a peu de chance qu'il soit adopté massivement, même dans un avenir proche. J'imagine qu'à présent Wayland peut être considéré "suffisamment fonctionnel" pour être promu. Ça pourrait même gonfler le taux de participation et de remontées de bugs et l'améliorer considérablement (si tant est qu'il en ait besoin, j'en sais rien, je l'ai pas encore essayé)…
[^] # Re: GNOME-Wayland par défaut
Posté par Ghorin . Évalué à 2.
Personnellement j'utilise Fedora avec Gnome / Wayland, je suis donc plutôt pour l'adoption de Wayland pour favoriser sa maturité.
Là ce qui m'a surpris c'est l'utilisation conjointe d'une Desktop obsolète (Gnome 3.26) avec un Serveur X pas encore terminé. J'aurais compris s'ils avaient mis [un Gnome récent (3.32) avec Wayland] ou [un Gnome obsolète (3.26) avec X.org], mais là ils mixent l'obsolète et le "pas mature".
[^] # Re: GNOME-Wayland par défaut
Posté par FantastIX . Évalué à 2.
Hmmm… ça a peut-être du sens. Imaginons que Wayland se vautre, ça n'aurait d'effet que sur une distribution obsolète de Gnome, pas sur des projets récents donc, si ça casse, il n'y a pas trop de dégâts.
Ce n'est encore une fois que pure spéculation mais qui correspondrait à une vision conservatrice, avançant prudemment vers l'adoption de Wayland. Par contre si l'opération est un succès (et je l'espère), ça préparerait le terrain à une refonte rétroactive d'un certain nombre de projets, dont ceux plus ou moins anciens. Ça se tient?
Je suis pas un expert en stratégie mais ça n'est malgré tout pas dénué de sens selon moi.
[^] # Re: GNOME-Wayland par défaut
Posté par Ghorin . Évalué à 2.
Oui effectivement on prend moins de risque à changer une pièce que deux. Pour autant Je pense qu'il était alors moins risqué de mettre un Gnome récent (qui amenait en plus des évolutions fonctionnelles) que de mettre Wayland.
Mais bon l'équipe openSUSE est maître de sa stratégie et je leur souhaite la plus grande réussite.
[^] # Re: GNOME-Wayland par défaut
Posté par Argon . Évalué à 2.
De mon expérience personnel le passage à Wayland est encore un peu loin. Pourtant j'ai une carte graphique simple, une intel HD mais il semble que sur Plasma c'est très buggé. Quand kwin ne monte pas à 100% de CPU, il y a bug graphique, artefact divers et varié, etc. Je ne sais pas si c'est wayland ou plasma le problème. Mais en l'état je suis content d'être encore sur X.org :)
de même que nous profitons des avantages que nous apportent les inventions d'autres, nous devrions être heureux d'avoir l'opportunité de servir les autres au moyen de nos propres inventions ;et nous devrions faire cela gratuitement et avec générosité
# Je n'ai jamais compris
Posté par Adrien_D (site web personnel) . Évalué à 4.
Bon, je n'ai jamais compris l'intérêt d'OpenSUSE dans cette forme.
En effet :
- Pour cette nouvelle version, on n'a pas de changement au niveau des versions logicielles
- On a toujours un kernel 4.12 (EOL depuis un bon moment) et ils se cassent la tête à rétroporter des éléments du 4.19
- la mise à niveau ne se fait pas de manière transparente pour une version mineure (comme le fait CentOS 7->7.1->7.2->… , Debian 9.0->9.1->9.2->…, Ubuntu 18.04->18.04.1->18.04.2->…) et le téléchargement de TOUS les paquets est à refaire.
Alors Oui, peut être qu'ils se calent sur SLE, mais bon, avouez que ce n'est pas très "évident" comme fonctionnement.
Ils feraient mieux de revoir cela pour plus tard, quitte à n'utiliser peut être que la version "Rolling release", OpenSuse Tumbleweed. Après je suis conscient que les distributions RR ne sont pas à mettre dans toutes les mains, il faut en effet analyser le contexte.
[^] # Re: Je n'ai jamais compris
Posté par raphj . Évalué à 3.
Effectivement, ça m'intéresserait de savoir pourquoi le passage entre versions mineures n'est pas transparent. Ça serait une chose qui me rebuterait pour la conseiller ou l'installer pour quelqu'un d'autre.
openSUSE Tumbleweed est très agréable à utiliser au quotidien. J'encourage les gens qui ont choisi Arch pour sont côté rolling à l'essayer.
Mais effectivement, je ne conseillerais pas cette version à la plupart des gens. Les mises à jour sont trop nombreuses à mon sens pour ça.
[^] # Re: Je n'ai jamais compris
Posté par Maderios . Évalué à 0.
A part le fait qu'elle sont toutes les deux des "rolling", Arch n'a pas grand chose à voir avec Tumbleweed. Un exemple parmi d'autres: j'ai utilisé Tumbleweed, l'expérience fut fort décevante à cause d'un bug majeur affectant le gestionnaire de paquet. J'ai rapporté ce bug et un mois après, toujours le même problème…Donc exit cette distro. Concernant Arch, c'est simple, en cas de (rare) souci, c'est vite réglé, parfois même en moins d'un jour.
[^] # Re: Je n'ai jamais compris
Posté par raphj . Évalué à 1. Dernière modification le 08 juin 2019 à 16:11.
Je suppose que l'expérience va varier selon les gens (et les paquets visés) là dessus. J'ai rapporté quelques bogues, j'ai eu des réponses rapidement à chaque fois, dont un non critique qui a été corrigé dans les 24h.
Mais effectivement à part ça les deux distributions ne se ressemblent probablement pas trop. Arch est minimaliste, je n'ai pas essayé de faire une installation minimaliste avec openSUSE. Les gens recherchant cet aspect seront donc probablement mieux sous Arch. C'est pour ça que j'ai indiqué "pour le côté rolling" (parce que c'est ça qui m'a attiré).
Il n'y a pas d'équivalent à AUR à ma connaissance. Il y a quelques sources externes assez répandues (Packman, dépôts VLC), et des dépôts perso mais je ne me suis pas aventuré sur ce dernier terrain, j'ai tout ce qu'il me faut dans les gros dépôts (et c'est un truc que j'apprécie).
[^] # Re: Je n'ai jamais compris
Posté par Pierre-Alain TORET (Mastodon) . Évalué à 1.
Il y a l'openSuse Build Service qui peut ressembler un peu à l'AUR. À noter qu'on peut aussi créer des paquets pour openSuse sur COPR.
[^] # Re: Je n'ai jamais compris
Posté par bbo . Évalué à 2.
Je n'étais pas au courant ! Merci. Effectivement, le support a été ajouté il y a un an par Neal Gompa. C'est déjà lui qui avait ajouté le support de Mageia dans COPR. C'est quelqu'un de très investit chez Fedora, openSUSE et Mageia.
Pour préciser ton "peut ressembler un peu à l'AUR" :
[^] # Re: Je n'ai jamais compris
Posté par Psychofox (Mastodon) . Évalué à 3.
Le même intérêt que pour centos: la stabilité.
Si tu gères 10 machines tu t'en branles. Si tu en gères 1500 c'est pas une mauvaise idée.
[^] # Re: Je n'ai jamais compris
Posté par sogal . Évalué à 2.
Si, mais rien qui induise des changements majeurs (donc pas le noyau ni l'environnement de bureau par exemple mais oui pour certains autres composants et bibliothèques, sans oublier l'ajout de paquets nouveaux).
Parce que ce n'est PAS une mise à niveau de ce type là. Sous Debian c'est juste quelques paquets. Sous CentOS c'est beaucoup plus mais pas un renouvellement complet du système.
Là on est entre les deux, entre la mise à jour majeure façon Debian et la mise à niveau simple. Donc oui c'est moins transparent en terme d'actions à réaliser mais ça l'est en terme d'effet: les changements apportés ont tout de même très peu de chance de casser le système.
Concernant les questions récurrentes sur le noyau, voir la traduction et adaptation d'un thread de la ML : https://www.volted.net/comment-sont-choisies-les-versions-du-kernel-dopensuse-leap-.html
# Blog parlant d'openSUSE
Posté par bbo . Évalué à 3.
Je profite de cette dépêche pour indiquer que Nicolas Kovacs a une section dédiée à openSUSE sur le blog technique de Microlinux. C'est un blog que j'aime bien où les informations sont intéressantes, claires et bien illustrées.
Le tout premier article sur Leap expliquent pourquoi Leap lui convient sur les postes de travail.
N'hésitez pas à compléter la liste !
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