Le projet QGIS a l’immense plaisir de vous annoncer la publication de la version 2.10 de sa suite logicielle de Système d'Information Géographique (SIG) libre.
QGIS est un SIG convivial distribué sous licence publique générale GNU. C'est un projet officiel de la fondation Open Source Geospatial (OSGeo). Il est disponible sur les systèmes d'exploitation GNU/Linux, Mac OS X, Windows et Android et intègre de nombreux formats vecteur, raster, base de données et fonctionnalités.
QGIS est développé en C++ avec la bibliothèque Qt (en version 4 pour le moment). Son architecture lui permet également d'utiliser des extensions codées en Python (version 2) et la très grande majorité des classes du cadriciel de QGIS sont disponibles sous Python.
QGIS est une des applications majeures qui utilisent Qt. Actuellement, l'arborescence des sources (tout confondu) occupe près de 350 Mo. Les contributeurs recensés sur GitHub sont au nombre de 159.
Même s'il reste un logiciel libre, QGIS assure en grande partie le financement de son développement via des sponsors divers qui vont d'entreprises ayant besoin de SIG comme des compagnies aériennes à des organisations gouvernementales (y compris le gouvernement français) en passant par des universités et également des particuliers.
Par ailleurs QGIS s'interface avec de nombreux autres logiciels, que ce soit des bases de données spatiales comme PostgreSQL/PostGIS ou Oracle Spatial, mais également avec un grand nombre de logiciels de SIG libres comme GRASS, SAGA ou encore Orfeo.
Dans la suite de la dépêche, un aperçu des nouveautés vous sera présenté plus en détails ainsi qu'une esquisse des développements à venir. Pour le public non averti, la suite de la dépêche offre également un petit focus sur les SIG et sur QGIS…
Note : le nom du projet est bien QGIS en majuscules et non Quantum GIS ou QGis.
Sommaire
- Petit rappel pour ceux qui ne connaissent ni QGIS ni les SIG
-
Nouveautés par rapport à la dernière version
- Nouveau moteur géométrique
- Ajout d'un constructeur de requêtes pour DBManager
- Fonction logarithmes dans la calculatrice raster
- Amélioration des exports DXF
- Les champs virtuels peuvent maintenant être mis à jour
- Les filtres d'expression peuvent être joués depuis le serveur PostgreSQL
- Auto-complétion des données relationnelles dans les formulaires de saisie
- Assistant de graduation de la taille des symboles
- Effets de style pour les couches et les symboles
- Pour l'avenir
- Petit retour sur la publication de QGIS 2.10
- Conclusions
Petit rappel pour ceux qui ne connaissent ni QGIS ni les SIG
QGIS, c'est quoi ?
QGIS est une suite logicielle de traitement de l'information géographique. Elle permet de générer des cartes, d'analyser des données spatiales et de les publier, en ligne ou sur papier. Elle permet également de réaliser de nombreux traitements et algorithmes sur des données spatiales ou d'autres données liées.
Que signifie SIG ?
Le sigle SIG — en anglais GIS — signifie Système d'Information Géographique.
Le traitement de l'information géographique est une niche spécifique des technologies de l'information, au même titre que l'informatique décisionnelle ou l'informatique du calcul scientifique. L'information géographique a pour particularité essentielle de traiter des données spatiales (avec des coordonnées sur un plan ou dans l'espace), souvent combinées avec des données alphanumériques plus classiques.
Un SIG est constitué :
- de données géographiques et alphanumériques, stockées dans des bases de données spatiales (PostGIS ou Spatialite en logiciels libres, Oracle Spatial/MSSQL en logiciels propriétaires) ou dans des fichiers. Ces données sont souvent gérées sous forme de couches empilables les unes sur les autres pour former des cartes (selon l'ordre d'empilage).
- d'outils pour afficher, publier et traiter ces données.
Les données traitées dans un SIG peuvent être réparties en trois types distincts :
- Les données vectorielles : elles sont stockées sous la forme d'ensemble de points et peuvent définir des points, des lignes (ou ensemble de lignes) et des surfaces (polygones).
- Les données raster : il s'agit de données stockées sous forme matricielle (tableau/bitmap).
- Les données alphanumériques : on peut ajouter des attributs à un objet vectoriel ou matriciel. Il s'agit d'informations plus classiques qu'on retrouve souvent dans les SGBDR ou les fichiers de tableur (ODS/CSV par exemple).
Pour être plus concret, un SIG et les données qui y sont stockées permettent de répondre à des questions du type (du plus simple au plus complexe) :
- Quelle est la surface de cet ensemble de bâtiments ?
- Où sont situées les populations de Vipera ursinii ?
- Quelle est la distance moyenne entre les bâtiments d'une commune et les routes de catégorie nationale ?
- Qui ne respecte pas les limites de traitement à proximité des cours d'eau ?
- Au cours des 50 dernières années, comment a évolué la morphologie urbaine d'une commune ?
Si vous voulez en savoir davantage sur les SIG, je vous invite à lire la rapide introduction aux SIG du projet QGIS qui est très bien faite et agnostique au niveau des outils (et traduite en français qui plus est).
Quels sont les logiciels de la suite QGIS ?
Le projet QGIS est composé de plusieurs logiciels différents qu'il convient de présenter pour mieux comprendre les différents éléments de la suite logicielle :
- Le logiciel bureautique QGIS (QGIS Desktop) : c'est l'outil principal, le plus important et le plus développé. Il constitue l'interface la plus utilisée. Il permet d'afficher des données, de les traiter et de créer des mises en pages (cartes). QGIS Desktop permet de générer des fichiers projet qui font le lien entre les données, la représentation de ces données, les traitements à effectuer.
- Le navigateur de données (QGIS Browser) : il permet de parcourir le catalogue des données disponibles. En règle générale, les SIG peuvent traiter un grand nombre de données différentes. Par exemple, une collectivité publique (mairie/conseil régional/métropole) peut facilement héberger plus d'un millier de couches différentes qui sont créées en interne ou récupérées depuis différents partenaires. Pour mieux accéder à cette "masse" d'information, il est essentiel de pouvoir la cataloguer pour faciliter les options de recherche et de sélection. Le navigateur de données QGIS permet de parcourir ce catalogue et de mieux connaître son patrimoine de données géographiques.
- Le serveur de données OGC (QGIS Server) : il s'agit d'un binaire destiné à présenter des services Web cartographiques à partir des fichiers de projet générés avec QGIS Desktop. Les services web cartographiques visent principalement à fournir des données à des clients via HTTP, en utilisant des protocoles normalisés par l'OGC (WMS, WFS, etc.). Ces clients peuvent être des clients lourds (comme QGIS Desktop) ou des navigateurs web via l'utilisation de bibliothèques Javascript dédiées (OpenLayers, Leaflet, etc.).
- Le client Web (QGIS Web Client) : QGIS Server ne fournit que des services Web, pas l'enrobage. Pour l'affichage d'une carte dans un navigateur web, il faut un client Javascript dédié et c'est l'objet du client web de QGIS. Ce dernier est aujourd'hui traité un peu à part du client Desktop et du serveur (il dispose d'un dépôt dédié et ne fait pas l'objet de publications régulières comme les trois autres parties de QGIS évoquées ci-dessus).
Qui utilise des SIG ?
Les logiciels de SIG sont utilisés par un grand nombre d'acteurs :
- Les services de l'État et les collectivités utilisent fortement les logiciels de SIG. Les ministères français en charge de l'écologie et de l'agriculture utilisent QGIS au sein de leurs services et établissements. Ils financent d'ailleurs certaines fonctionnalités.
- Les agences d'urbanisme.
- Les entreprises qui ont besoin de gérer un territoire (agriculteurs/forestiers).
- Les entreprises de logistique (gérer/optimiser les trajets).
- Les SIG sont utilisés et enseignés dans la plupart des disciplines scientifiques qui traitent de territoire.
- Vous-même lorsque vous utilisez OpenStreetMap (SIG communautaire) ou Google Maps (c'est une partie du SIG de Google).
Nouveautés par rapport à la dernière version
Je vous invite à parcourir le « visual changelog » qui est plus complet que cette dépêche. Néanmoins, voici quelques-uns des éléments phares des nouveautés apparues dans cette nouvelle version.
Nouveau moteur géométrique
Cette version de QGIS amène des changements profonds dans le moteur chargé de gérer les différents types de géométrie des objets. Jusqu'à présent, QGIS ne gérait pas les géométries courbes (CURVE) qui sont souvent utilisées dans les données de DAO (AutoCAD DXF). Le stockage de l'information de ce type de géométrie est spécifique. Par exemple, on représente souvent un cercle ou un arc de cercle en utilisant uniquement la définition du point central et du rayon et on laisse au logiciel le soin de gérer sa représentation.
Pour afficher des cercles, il fallait construire une polyligne fermée qui prenait la forme d'un polygone régulier avec de nombreux segments (pour "émuler" un cercle). Avec la version 2.10, il est maintenant possible d'afficher des objets courbes de manière plus fine, au moins ceux qui sont stockés dans une base de données PostGIS. Cela permet d'économiser de la place dans la base de données (moins de segments à stocker) mais également d'améliorer le rendu (cercle parfait au lieu de polygone régulier) et la précision.
Ajout d'un constructeur de requêtes pour DBManager
QGIS propose une extension Python pour gérer des bases de données. Cette extension (nommée DBManager) est installée par défaut et permet de lister les tables d'une (ou plusieurs) base(s) de données, d'afficher des informations sur la structure de la table, de ses index, de ses déclencheurs, etc. Elle permet également de construire des requêtes et d'en exporter le résultat directement dans le canevas de cartes de QGIS.
Le requêteur était jusqu'à présent assez orienté vers les spécialistes du SQL (et de ses variantes spatiales). QGIS 2.10 propose maintenant un constructeur de requêtes qui simplifie le travail pour les débutants en offrant un module de création de requête assisté. Ce module est basé sur l'interface présentée par le logiciel propriétaire MapInfo.
Fonction logarithmes dans la calculatrice raster
La calculatrice raster est un outil permettant de réaliser des opérations matricielles sur les couches raster (cf définition plus haut). La version 2.10 de QGIS ajoute les fonctions logarithmes à cette calculatrice (Ln et Log10).
Amélioration des exports DXF
DXF est un format utilisé en DAO. Il est souvent utilisé pour stocker des dessins de plans. Cela fait maintenant trois versions de suite que l'export DXF est amélioré. Au menu de cette version, en plus des corrections de bugs, le module d'export DXF permet:
- de choisir les couches ou les groupes de couches du projet à exporter.
- d'exporter l'ensemble des données situées dans l'étendue affichée.
- d'exporter la symbologie de chaque couche exportée.
- d'exporter les étiquettes et les polices utilisées.
- conversion automatique des symboles (formes basiques ou SVG) en blocs DXF.
L'image ci-dessous présente une vue sous QGIS à gauche et l'affichage de l'export DXF dans AutoDesk TrueView sur la droite.
Les champs virtuels peuvent maintenant être mis à jour
Depuis QGIS 2.8, il est maintenant possible d'ajouter des champs virtuels aux couches de données. Ces champs permettent de réaliser des calculs ou des traitements alphanumérique à la volée. Par exemple, vous pourriez vouloir créer un champ affichant le périmètre de chacun des objets (polygones) d'une couche.
Les champs virtuels peuvent se greffer à n'importe quelle couche (qu'elle vienne de fichier à plat ou d'un SGBDRS) et sont stockés dans le fichier du projet. Leur expression est calculée à la volée et le contenu de ces champs est donc dynamique (évolue en fonction des données contenues dans la couche).
Mais lorsque vous vouliez changer l'expression de calcul du champ virtuel, vous étiez obligé de détruire le champ pour le recréer avec la nouvelle expression. Ce n'est plus le cas pour la version 2.10 où vous pouvez changer cette expression directement dans les propriétés de la couche.
Les filtres d'expression peuvent être joués depuis le serveur PostgreSQL
QGIS utilise des expressions pour réaliser des calculs, des tris ou des sélections sur les données alphanumériques. Le moteur d'expression de QGIS est riche et s'étoffe de plus en plus. On peut comparer le système des expressions au système des opérateurs et des fonctions dans le tableur Calc de LibreOffice.
Voici un exemple d'expression:
length("NAME" || ' ' || "SURNAME") > 50
Appliquée à l'outil de sélection, elle permet de sélectionner les objets dont la longueur de la concaténation des champs "NAME" et "SURNAME" (avec un espace entre les deux) est supérieur à 50. Appliquée à l'outil de mise à jour des champs (ou dans un champ virtuel), elle permet d'afficher True ou False selon que la longueur du contenu des champs est supérieure à 50 ou non.
Le moteur d'expression de QGIS a été développé de manière indépendante des différentes sources de données et il comporte donc son propre langage (plutôt un ensemble d'opérateurs et de fonctions proches de ce qu'on trouve dans SQL) ,indépendant des formats de données. L'intérêt est de pouvoir utiliser le moteur d'expression pour tout type de données.
Mais l'inconvénient majeur est que pour faire une sélection d'objets géographiques en fonction d'une expression, il est nécessaire de rapatrier les valeurs des attributs concernés par l'expression et ce, pour chaque objet. Pour une base de données avec plusieurs millions d'enregistrements, les temps peuvent être assez longs.
Pour éviter ce problème, les développeurs de QGIS ont commencé à implémenter la transformation des expressions en filtres SQL qui seront directement joués au niveau du serveur de SGBDR, évitant le parcours de toute la table. Pour l'instant seul PostgreSQL/PostGIS est géré mais les bases du code permettront également de l'implémenter pour les autres SGBDR connectables à QGIS (respectivement Oracle/MS-SQL Server et MySQL).
Auto-complétion des données relationnelles dans les formulaires de saisie
Une des richesses de QGIS est d'offrir un grand nombre de contrôles de formulaire pour la saisie des informations alphanumériques. Par exemple, lorsque vous dessinez une parcelle cadastrale, vous aurez besoin de saisir dans la foulée un tas d'attributs tels que le numéro de parcelle, le nom de la commune sur laquelle elle se trouve, le numéro de section, etc. Pour faciliter ce travail fastidieux, QGIS construit des formulaires de saisie pour guider cette dernière. Par exemple, plutôt que d'écrire manuellement le nom de la commune, QGIS affichera (suivant le paramétrage dans le fichier de projet) une liste déroulante avec les noms des communes. C'est à la fois plus pratique et plus sécurisant pour l'utilisateur qui créé la donnée.
Pour faciliter la création des contrôles de type liste déroulante, QGIS propose d'aller chercher les données dans une table (autre fichier ou table de DB) pour disposer d'une liste toujours à jour (on parle alors de valeur relationnelle).
La version 2.10 de QGIS introduit la possibilité de proposer de l'auto-complétion lors de la saisie d'une valeur relationnelle. Au lieu d'avoir une liste déroulante, on a une entrée texte dont la modification entraîne l'apparition d'une liste déroulante dynamique:
Assistant de graduation de la taille des symboles
Sous QGIS, la taille d'un symbole peut être fixe ou dépendante d'un attribut de l'objet. Par exemple, on peut vouloir représenter le nombre d'habitants d'une ville par un cercle dont le rayon est proportionnel au nombre d'habitants.
Jusqu'à présent, le paramétrage de cette taille était assez basique et il n'était pas possible de visualiser en avance la taille des symboles sans appliquer le style à l'ensemble de la couche et de visualiser le résultat dans la canevas de cartes.
Avec la version 2.10, QGIS permet de construire très finement la taille dynamique du symbole en fonction d'une expression et de pré-visualiser l'aspect global des tailles dans une boîte de dialogue dédiée (un assistant). Cela permet de mieux prévoir la taille des symboles et de gérer leur dimension sans devoir faire de nombreux tests fastidieux.
Dans l'illustration qui suit, on calcule la taille du symbole (un carré en couleur) en fonction d'une formule (somme de plusieurs champs). L'échelle de la taille des symboles est calculée suivant une distribution linéaire des valeurs calculées par la formule. Dans la partie droite, on a un pré-affichage de la taille des symboles sur plusieurs valeurs pour mieux se rendre compte.
Effets de style pour les couches et les symboles
QGIS dispose déjà de nombreux paramètres pour l'affichage des géométries ponctuelles (symboles) ou linéaires et polygonales. Mais régulièrement, des nouveautés font leur apparition. Dans la version 2.10, il s'agit de l'ajout des effets de style.
Ces effets permettent d'améliorer l'affichage global du symbole ou de la couche en permettant:
- la création d'une ombre portée ou interne en fonction de nombreux paramètres (rayon, rayon de floutage, transparence, couleur de l'ombre, etc).
- le rendu d'une luminescence interne ou externe.
Voici un exemple d'ombre portée qui augmente la visibilité des objets bâtiments:
Pour l'avenir
QGIS évolue assez rapidement. Le rythme de publication des nouvelles versions est assez intense : tous les 4 mois (environ), une nouvelle version est publiée. Pour ceux qui voudraient avoir une vision plus pointue du futur contenu de QGIS, voici quelques points notables pour la future version de QGIS. Sachant que le gel des nouvelles fonctionnalités est prévu pour la fin septembre 2015, il est probable qu'il y ait d'autres ajouts…
DBManager pour les bases de données Oracle Spatial
Pour rappel (cf point sur le constructeur de requêtes), DBManager permet de lister les tables d'une (ou plusieurs) base(s) de données, d'afficher des informations sur la structure de la table, de ses index, de ses déclencheurs, etc. Elle permet également de construire des requêtes et d'en exporter le résultat directement dans le canevas de cartes de QGIS.
Depuis la version 2.2, QGIS permet de se connecter à des bases de données Oracle (avec son extension spatiale nommée Spatial) mais le plugin DBManager ne supportait pas ces dernières. Ce problème est réglé avec l'intégration du support des bases de données Oracle Spatial dans DBManager.
Formatage conditionnel des cellules de la table attributaire
La table attributaire de QGIS permet de consulter les valeurs des données alphanumériques des données géographiques (pour les couches qui en ont). Jusqu'à présent, cette table d'attributs était assez basique: son rôle était de présenter les données de manière brute.
Dans les versions à venir de QGIS, il sera possible d'utiliser le moteur d'expression pour enjoliver les cellules de la table d'attributs. Au delà de la fonction esthétique, cela permet de visualiser plus rapidement les valeurs qui intéressent l'utilisateur.
Traduction des noms et des groupes de géo-algorithmes (Processing)
Les géo-traitements (Processing) sont arrivés dans la version 2.0 de QGIS. Il s'agit d'algorithmes spécifiques (ou non) à l'information géographique comme l'algorithme du voyageur de commerce ou encore l'algorithme de création de bassin versant sur des données raster. Ils permettent d'effectuer des traitements (ou une série de traitements chaînés) sur un ensemble de données géographiques.
Jusqu'à présent, les noms et la définition des traitements ainsi que des groupes de traitement n'était pas traduisibles. Cela peut poser des problèmes de compréhension car les termes employés par les traitements peuvent être vraiment très spécifiques et très proches du métier qu'ils recouvrent. De plus l'interface de QGIS est généralement bien traduite (cf les statistiques sur Transifex) et tout le panneau des géo-traitements paraissait à part depuis de nombreuses versions.
C'est maintenant réglé: le code a été modifié pour permettre la traduction. Il ne reste plus qu'à traduire le tout…
Export des symboles aux formats PNG et SVG
QGIS est très riche en ce qui concerne le style des symboles. Avec ce commit, il sera possible d'exporter les symboles du gestionnaire de style de QGIS sous forme d'image PNG ou SVG.
L'intérêt est de pouvoir réutiliser facilement ces images dans des légendes personnalisées (y compris dans le gestionnaire de composition de QGIS) ou dans d'autres documents.
Quelques défis à relever
Parmi les choses "sous le capot" qui n'apportent pas grand chose à l'utilisateur final, on peut relever au moins deux challenges de taille pour les développeurs QGIS:
La migration vers Qt5: depuis assez longtemps, QGIS utilise la bibliothèque Qt dans sa version 4. On sait tous que la version 4 de Qt n'évoluera plus et que la fin du support, c'est fin décembre 2015. Surtout, la prochaine version stable de Debian ne devrait pas embarquer Qt4 (QGIS est empaqueté sous Debian).
La migration vers Python3: QGIS est certes codé en C++ mais son système d'extension est en Python et il propose l'accès à 95% de son API avec des bindings Python. Néanmoins, QGIS utilise encore Python 2 dont la fin de vie est programmée pour dans 5 ans.
La migration vers Qt5 est en cours depuis au moins deux versions mais actuellement, la version 2.10 de QGIS utilise Qt4 par défaut. Il y a des chances que ce travail aboutisse pour la version 3.0 de QGIS (prévue on ne sait pas encore pour quand mais on s'en rapproche un peu plus chaque jour !).
Le passage vers Qt5 amènera sans doute plus de stabilité pour la version Android de QGIS.
La migration vers Python3 implique le passage du code de toutes les extensions QGIS (et elles sont nombreuses !) de Python2 vers Python3. Ces extensions étant développées de manière libre par rapport au cœur de projet, il faudra un effort substantiel de la part de l'ensemble des mainteneurs. Il y aura sans doute de la casse à prévoir…
Petit retour sur la publication de QGIS 2.10
QGIS a un rythme de publication par dates. Tous les 4 mois, une nouvelle version est publiée. Dans ces 4 mois, il y a une période de 3 mois qui permet d'inclure de nouvelles fonctionnalités. Ensuite, arrive une période d'un mois de gel des nouvelles fonctionnalités qui permet de se concentrer sur la résolution des bugs, permettant de livrer une version avec des nouveautés et avec un minimum de bugs. Dans la période du dernier mois, la version "release-candidate" est rendue disponible dans les "nightly-builds".
Les utilisateurs habituels de QGIS auront remarqué qu'en fait, la version 2.10 de QGIS est sortie vers le 28/06 alors que l'annonce officielle a été publiée le 22/07. Néanmoins, depuis quelques versions maintenant (la 2.6), on assiste au phénomène suivant: à la suite de la publication de la version 2.x.0, des bugs majeurs sont remontés; ils n'ont pas été détectés dans la release-candidate. Dans la foulée, ces bugs sont corrigés et environ un mois après la publication initiale, une version 2.x.1 est publiée en remplacement de la version 2.x.0. Pourtant, QGIS a fortement recours aux tests unitaires automatisés (via Travis CI).
C'est encore une fois le cas avec la version 2.10 et cette dernière a été officiellement annoncée par le release manager une fois que tous les paquets binaires de la version 2.10.1 ont été construits et rendus disponibles sur le site de téléchargement.
Cette technique permet d'éviter de rameuter les utilisateurs finaux sur une version qui présente encore des bugs. Néanmoins ce fonctionnement est pervers: la version 2.x.0 est censée être la bonne !
L'origine du problème semble être le fait que les utilisateurs ne font pas assez de tests sur la version "release-candidate". Cette dernière s'installe pourtant assez facilement: il existe un installeur dédié pour MS-Windows et des dépôts spécifiques pour les OS GNU/Linux. Néanmoins, il semble que la majorité des utilisateurs finaux ne fassent de vrais tests qu'une fois la version stable livrée ce qui décale d'autant la découverte de bugs importants.
Si vous êtes utilisateur de QGIS, je ne peux donc que vous encourager à prendre du temps pour tester la version candidate dès le 26/09/2015. Si vous êtes sous Debian, je vous invite à configurer le dépôt nigthly (http://qgis.org/debian-nightly-release) et à jouer de l'apt-get upgrade
aussi souvent que possible. Si vous êtes sous MS-Windows, vous pouvez utiliser l'installeur OSGeo4W et installer le paquet qgis-rel-dev ou qgis-dev. Ces deux paquets n'auront aucune influence sur votre installation stable de QGIS. Vous pouvez également utiliser les versions hebdomadaires des paquets d'installation prêts à l'emploi de QGIS: http://qgis.org/downloads/weekly/?C=M;O=D (la bonne version est la 2.11).
Bien entendu, n'hésitez pas à utiliser le bugtracker de QGIS pour remonter les problèmes.
Conclusions
Au fur et à mesure du temps qui passe, les fonctionnalités de QGIS s'améliorent et s'enrichissent, comme peuvent le montrer les évolutions de cette dernière version stable.
Le rythme de publication de QGIS est assez soutenu et il est parfois difficile de suivre ce rythme pour certaines structures ou pour des utilisateurs non avertis. Dans ce cas, ils peuvent se tourner vers la version "support à long terme" (LTR) qui est la version 2.8 et qui devrait connaître une nouvelle publication (2.8.3) dans les jours à venir.
Petit à petit, QGIS se hisse au niveau des meilleurs logiciels propriétaires de SIG et les dépasse déjà sur certaines fonctionnalités, notamment sur la gestion des styles et sur la gestion multi-threads du rendu graphique.
Voilà, si vous avez envie de vous lancer dans le traitement de données géographiques, n'hésitez pas à utiliser la dernière version de QGIS. Pour éviter d'être déçu par la complexité inhérente au sujet (l'information géographique) et à l'interface du logiciel, je vous recommande de lire le tutoriel/manuel d'apprentissage qui est traduit dans sa très grande majorité en français.
Note: QGIS est un logiciel SIG généraliste. Si vous voulez travailler pour/avec les données du projet OpenStreetMap, il est sans doute préférable de travailler avec les outils dédiés d'OpenStreetMap comme JOSM ou iD même si QGIS sait lire les fichiers issus d'OSM.
Aller plus loin
- Site principal de QGIS (1240 clics)
- Page de téléchargement du projet QGIS (289 clics)
- Principales évolutions en images depuis la dernière version (423 clics)
- Dépôt git officiel des sources de QGIS (131 clics)
# Merci
Posté par Hugo Mercier (site web personnel) . Évalué à 5.
Merci pour le temps passé sur cette news. C'est riche et clair ! :)
[^] # Re: Merci
Posté par Patatarte . Évalué à -3.
Merci surtout aux contributeurs de ce superbe logiciel.
Cela faisait longtemps que le sujet m'intéressait, je vais enfin pouvoir m'y plonger sans trop de craintes \o/
# Petite question d'un débutant
Posté par Paul POULAIN (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.
Bonjour,
Ce sujet m'intéresse, mais/sauf que je suis totalement néophyte en la matière. Du coup, ma question va peut-être sembler évidente, mais je la pose quand même.
Tu parles de données géographiques, et sur les copies d'écran, on voit des coordonnées GPS.
Sauf que moi, j'ai une base de données, avec des données numériques, qui est dans une base mySQL, et qui contient nom / prénom / adresse / données statistiques (age de la personne, CSP, nombre d'enfants, age de la voiture, ou que sais-je)
L'adresse est de la forme "10 rue des lilas, 13001 Marseille".
Est-ce que QGIS est capable de transformer ce "10 rue des lilas" en un point qgis ? Comment ? c'est à ça que sert QGIS desktop ?
(note : je suis allé sur le site de QGIS, j'ai cru que j'avais trouvé mon bonheur lorsque j'ai vu le bouton "démarrer" en bas à gauche, je me suis dit, "chouette une chtite vidéo, je vais mieux comprendre". Manque de bol, c'est pas une vidéo de présentation, c'est la page download & install (bien faite d'ailleurs, mais le bouton m'a enduit d'erreur que ça colle de partout ;-) )
[^] # Re: Petite question d'un débutant
Posté par Vincent P (site web personnel) . Évalué à 10.
Salut Paul,
L'opération que tu souhaites faire, transformer une addresse littérale du type "10 rue des lilas, 13001 Marseille", en des coordonnées de points géographiques ( latitude, longitude par exemple), s'appelle le géocodage.
C'est une étape initiale nécessaire pour pouvoir exploiter ensuite ces informations sous forme de données géographiques si tu n'as que cette information d'adresse littérale.
Cette opération de géocodage n'est pas simple, et elle nécessite d'avoir une base de données d'adresse de référence pour pouvoir faire le rapprochement. Si tu n'en as pas, tu peux utiliser des services en ligne qui proposent des fonctionnalités de géocodage.
L'API Google Maps permet de le faire (avec des restrictions d'usage). Tu peux aussi utiliser le géocodeur lié à BANO qui permet de géocoder du CSV : http://adresse.data.gouv.fr/csv/
Il y a d'autres géocodeurs existant, avec des qualités variables et des contraintes variables aussi.
Dans tous les cas, attention de bien lire les conditions d'utilisation des résultats et les contraintes de licence.
Si tu connais le code insee de chaque adresse, tu peux aussi télécharger le GEOFLA IGN (ou les limites de commune OpenStreetMap) avec leurs géométries polygonales, faire une jointure attributaire sur le code insee, et travailler à ce niveau de détail.
Pour tout ce qui est traitement de données géographiques (et attributaires), je ne peux que te conseiller d'oublier MySQL et de passer à PostgreSQL / PostGIS, que tu pourras exploiter au maximum avec QGIS pour la visualisation.
[^] # Re: Petite question d'un débutant
Posté par Paul POULAIN (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.
Rhaa… voilà une réponse qu'elle est super éclairante ! Merci
(pour ce qui est de mySQL, les données sont actuellement dans une base mySQL. Ca ne veut pas dire qu'il faudra qu'elles y restent, bien évidemment)
# Cherche chemin marin
Posté par devnewton 🍺 (site web personnel) . Évalué à 3.
Bonjour,
Je cherche depuis un moment un logiciel capable de calculer des itinéraires maritimes, je n'ai pas besoin d'un super algo qui tient compte des courants et des vents, juste de pouvoir afficher des cartes avec des flèches de port à port qui ne passe pas par sur la terre. Est-ce que qgis propose quelque-chose dans ce domaine?
Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.
[^] # Re: Cherche chemin marin
Posté par jjl (site web personnel) . Évalué à 3.
Salut,
OpenCPN dispose d'un plugin "route" qui semble être la pour ça
http://opencpn.org/ocpn/downloadplugins
J'ose imaginer qu'il évite la terre :)
Cela dit, je ne l'ai pas essayé.
# SGI et pollution sonore
Posté par Michaël (site web personnel) . Évalué à 4.
J'ai travaillé sur un projet de cartographie sonore pour la ville de Neuss¹, une petite ville d'à peine² 150 000 habitants, collée à Düsseldorf en Allemagne, et j'aimerais en parler pour indiquer un exemple avancé d'utilisation de bases de données géographiques.
La suite est un journal: https://linuxfr.org/users/chat_de_sorciere/journaux/exemple-sgi-et-pollution-sonore
# Commentaire supprimé
Posté par Depinne . Évalué à -6. Dernière modification le 14 août 2015 à 08:52.
Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.
[^] # Commentaire supprimé
Posté par Depinne . Évalué à 0. Dernière modification le 14 août 2015 à 08:52.
Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.
# Soucis à l'installation
Posté par exdeus . Évalué à 0.
Je suis parvenu à installer cette version sur linux mint (17.2) en utilisant le dépôt ubuntugis, après mise à jour de gcc (>4.9) l'installation se fait sans soucis
Malheureusement au moment de lancer le programme, les choses se gâtent
Impossible de trouver une référence à cette erreur sur le net. Peut-être avez vous une idée ?
[^] # Re: Soucis à l'installation
Posté par Benoît Sibaud (site web personnel) . Évalué à 3.
Une fois demanglée (par exemple via demangle.com), cela donne « QsciScintilla::changeEvent(QEvent*) » ( doc en ligne ). Bref il doit manquer un paquet libqscintilla*.
[^] # Re: Soucis à l'installation
Posté par exdeus . Évalué à 1.
Merci Benoît pour ta réponse.
J'ai installé tout ce qui ressemblant de près où de loin à libqscintilla mais en vain, le message d'erreur reste de le même
Si je comprends bien cette histoire de Demangler, c'est un outil qui "traduit" les messages d'erreur ?
[^] # Re: Soucis à l'installation
Posté par exdeus . Évalué à 1. Dernière modification le 12 août 2015 à 17:30.
Un rapport de bug sur cette version de qscintilla qui semble correspondre
Il s'agirait donc de réussir à installer la version2.9 de qScintilla…
[^] # Re: Soucis à l'installation
Posté par exdeus . Évalué à 1.
Je suis parvenu à compiler et à installer la dernière version de qscintilla MAIS
le gestionnaire des paquets synaptics exige qscintilla pour l'installation de qgis (logique). Je n'arrive donc pas à me débarrasser de la version disponible dans les paquets au profit de celle compilée. Est-il possible de contourner ça ?
[^] # Re: Soucis à l'installation
Posté par exdeus . Évalué à 2.
Je suis parvenu à contourner le problème de la dépendance des paquets qgis à libqscintilla (à coups de apt-get download et de sudo dpkg --force-all -i)
Malheureusement, le système ne semble pas "détecter" l'installation de libqscintilla par compilation. Y a t-il une étape supplémentaire à faire après le "make install" ?
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