• # Perspective

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    Si on mesure la circulation en nombre de trajet, la solution paraît intéressante. Si on mesure en temps de trajet, on se rend compte que la « circulation évaporée » correspond en fait en une augmentation massive des temps de trajet, éliminant de fait des trajets inutiles — augmentant au moins à moyen terme la pollution (plus de bouchons) — mais faisant surtout peser la politique de réduction sur les plus fragiles, ceux qui ne pourront plus se permettre de circuler. Poser l'équation dans les termes de l'article n'est ce pas juste une manière commode d'éviter le problème complexe du foncier et de l'aménagement du territoire en disant chacun fera comme il veux, et en oubliant que pour beaucoup il s'agit d'abord de faire comme il peux, ou d'être éliminé ?

    « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

    • [^] # Re: Perspective

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9. Dernière modification le 07 décembre 2021 à 11:19.

      l’évaporation du trafic existe parce que certains automobilistes renoncent à se déplacer, s’organisent autrement en rationalisant leurs déplacements et, à plus long terme, localisent leur logement ou leur emploi plus près.

      Pas facile de :

      • rationaliser ses déplacements tout la ville est construite sur des zones résidentielles/de travail/de loisir/scolaires ;
      • localiser son logement quand les prix de l'immobilier sont délirants ;
      • localiser son emploi quand il n'y a pas d'entreprise dans le coin.

      Sans urbanisation, la fermeture d'une voie de circulation revient à fermer le réseau d'eau potable et à constater que certains buveurs rationalisent leur consommation d'eau et à plus long terme creusent des puits au pied de leur immeuble (dans la route abandonnée, ça tombe bien).

      Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.

    • [^] # Re: Perspective

      Posté par  . Évalué à 9.

      Moi ce que je vois, c'est surtout l'inverse : construire plus de routes ne fait qu'amener plus de voitures dessus.

      Et l'argument ici, c'est que en supprimer certaines ne mènent pas à la catastrophe.

      • [^] # Re: Perspective

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

        Pour reprendre l'excellente métaphore proposée ci-dessus, c'est comme supprimer des adductions d'eau. Ça ne gène que ceux qui en ont réellement besoin. Ça ne mène à la catastrophe que si ceux qui mènent cette politique n'appliquent pas efficacement le « diviser pour régner ». Dans le cas contraire, on élimine d'abord quelques importuns, pour le plus grand bonheur des autres qui se gargarisent de ce trait de génie. Ensuite on change de cible, et ainsi de suite. Pas de catastrophe et une nette baisse de la circulation.
        La chose s'est déjà beaucoup expérimentée de part le monde jusque dans sa version extrême en politique urbaine ou militaire. Les zones volontairement non ou mal desservies s'appellent des ghettos. Les populations isolées partiellement ou totalement ont pu être des juifs, des immigrés, des noirs, des pauvres… rarement des décideurs pressés au pouvoir. Le succès n'a pas toujours été indéniable.
        Le rappel à l'histoire est peut-être extrême ici, mais n'est-il pas important de bien réaliser que ce remède, est un poison qu'il s'agit éventuellement de doser finement ; et pas une thériaque, panacée universelle ?

        « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

        • [^] # Re: Perspective

          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10. Dernière modification le 07 décembre 2021 à 12:41.

          Puisqu'on est dans le rappel à l'histoire : de nombreux ghettos aux États-unis se sont constitués par la construction d'autoroutes urbaines, en morcelant des quartiers et en confisquant de l'espace de vie (parfois même délibérément). Démolir ces autoroutes, ou les rétrograder en boulevard, ou y substituer des lignes de transport en commun, pourrait-il avoir l'effet inverse et, justement, ne pas faire peser sur les plus faibles le poids du report modal, ou de l'allongement du trajet (et d'ailleurs, l'augmentation du temps de trajet est-elle si "massive" que tu le dis, si on arrive à faire disparaître les bouchons) ?

          Dit autrement, et si on reprend cet exemple de l'article de The Conversation : qu'est-il arrivé au 13 400 Rouennais "non retrouvés" pendant la fermeture du pont Mathilde ? Se sont-ils retrouvés ghettoïsés ?

          (le sujet m'intéresse d'autant plus que mon trajet maison-bureau passe par les affreux tronçons A7/A51 entre Marseille et Aix, un des endroits les plus embouteillés de France, et que j'attends avec impatience l'inauguration de la voie dédiée aux cars pour mesurer son impact sur mon temps de trajet.)

          • [^] # Re: Perspective

            Posté par  . Évalué à -4.

            la particularité géographique des USA ne convient pas pour modélisé un modèle français.

            supprimer la voiture ou le moyen de se déplacer à plus de 30km/jour revient à revivre comme au 19 siècles, nous pouvons tourner le pb et les solutions dans tous les sens c'est qui devra arriver pour avoir des résultats qui vont au delà des 10% de réduction.

            cette remarque est aussi valable pour le chauffage, l’énergie, la nourriture, l'eau potable. Soyons fou il faudrait être 40 millions d'habitant pour respecter à la lettre les accords sur le climats.

            que faisons nous du solde ?

            • [^] # Re: Perspective

              Posté par  . Évalué à 4.

              supprimer la voiture ou le moyen de se déplacer à plus de 30km/jour revient à revivre comme au 19 siècles

              Continuer à se déplacer à plus de 300km/jour revient à s'autodétruire.

              Je ne sais pas trop pourquoi c'est mal de redécouvrir que oui les distances existent et qu'1km est 1km. Mais, si je ne veux pas que l'argent soit le moyen de filtrer les déplacements, je ne vois pas comment on peut survivre malgré notre environnement.

              Après je ne sais pas quelle est la bonne solution (et je suis bien content de ne pas avoir à décider).

              https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

              • [^] # Re: Perspective

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

                Après je ne sais pas quelle est la bonne solution (et je suis bien content de ne pas avoir à décider).

                Beh en fait les gens (toi, moi compris) décident chaque jour de façon individuelle et pas toujours consciente des enjeux et conséquences. L'ensemble donne une trajectoire qui annonce des lendemains qui pleurent (destruction de la biodiversité, épuisement des fossiles, dérèglement climatique, etc.).

                Nos modes actuels de gouvernements aristocratiques me semblent échouer à décider et mettre en œuvre la bonne solution. Lorsqu'ils ne sont pas corrompus ou vendus à des intérêts mercantiles, ils se heurtent à l'incompréhension des masses. Ces dernières sont tellement habitués à être trahies ou manipulées qu'elles ne trouvent plus de repère de sagesse à qui faire confiance. Parallèlement, il parait fort hasardeux dans ces conditions de s'en remettre à plus de concentration du pouvoir.

                D'ailleurs, ce n'est pas dit qu'il existe « la bonne solution ». Je rêve qu'il existe un jour une prise de conscience des enjeux telle qu'elle nous autorise (en même temps qu'elle impose) la construction de scénario⋅s alternatif⋅s à l'hécatombe attendue, et qui emmène⋅nt une adhésion positive, large et puissante, disciplinée et réfléchie.

                « Je peux toujours rêver », direz vous ? Peut être. Mais je pense que le déroulé de la convention citoyenne pour le climat m'y autorise.

                En attendant, le quotidien de chacun, mis bout à bout, est ce qui décide de l'avenir commun.

                Adhérer à l'April, ça vous tente ?

                • [^] # Re: Perspective

                  Posté par  . Évalué à 3.

                  Beh en fait les gens (toi, moi compris) décident chaque jour de façon individuelle et pas toujours consciente des enjeux et conséquences. L'ensemble donne une trajectoire qui annonce des lendemains qui pleurent (destruction de la biodiversité, épuisement des fossiles, dérèglement climatique, etc.).

                  De ne sais pas ce que tu entends par là. Moi je me déplace en vélo et transport en commun. C'est de ça dont tu parles ? Ou du fait que comme je ne suis pas un activiste je valide le statu quo ?

                  https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

                  • [^] # Re: Perspective

                    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 1. Dernière modification le 08 décembre 2021 à 19:22.

                    De ne sais pas ce que tu entends par là. Moi je me déplace en vélo et transport en commun. C'est de ça dont tu parles ?

                    Oui. Je réagissait à la question de qui décide. Certes, énormément de verrouillages socio-techniques existent et nous forcent la main, voire nous prennent en clé de bras. Mais malgré ça il reste tout de même de la place pour chacun de décider des choses à son échelle (au moins dans le contexte français). Donc ça relativise la proposition.

                    Adhérer à l'April, ça vous tente ?

                    • [^] # Re: Perspective

                      Posté par  . Évalué à 3.

                      J'ai vu aussi pas mal de réactions où on refuse de poser la question. "c'est impossible" suivi généralement de clichés sur les bobos/citadins/urbains et comme toujours l'autre est déconnecté des réalités.

                      Je crois que ça vient de 2 choses :

                      • d'une part d'une animosité avec tous ce qui peu s'apparenter à une injonction (et simplement décrire ta vie peut être vécu comme cela)
                      • une mauvaise compréhension que le fait que c'est un choix complet, comme les automobilistes organisent leur vie autour de leur voiture les cyclistes font de même pour leur vélo. C'est normal de s'organiser par rapport au transport que l'on a. Mais en plus de la difficulté inhérente à passer d'un mode à l'autre, il y a aussi le fait de voir mieux ce que l'on perd que ce que l'on gagne et donc de vivre ça comme un sacrifice.

                      Je ne juge pas les gens ma vie me permet très facilement de vivre sans voiture et tout ce que je ne produit pas en CO2 est une victoire en soit, mais ça reste du colibrisme ça ne va pas sauver la planète.

                      https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

                      • [^] # Re: Perspective

                        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2.

                        C'est essentiellement lié au fait que chacun pense à sa propre situation avant de penser global.

                        Imagines que tu travailles dans la ville X et que tu as acheté une maison dans la ville ou le village Y, qui n'a aucune infra de transport public pour connecter à la ville Y parce que les terrains étaient plus abordables. La municipalité de la ville X décide de privilégier les transports non motorisés, en limitant l'accès aux non riverains, en convertissant des voies doubles en voies simples et en limitant les parkings.

                        Que vas-tu penser? Que ta vie va être un enfer à cause de tes trajets maison-boulot et/ou que ta maison va se déprecier et va devenir invendable, tout ça parce que les habitants de la ville X l'ont décidé.

                        C'est en oubliant des points clés:
                        - c'est toi qui t'es foutu dans la merde tout seul en décidant de ne pas pouvoir voter pour des représentants municipaux dans le lieu où tu vis principalement si on exclue les heures de sommeil.
                        - les habitants de la ville X ont toute légitimité à limiter le traffic et dans des nombreuses villes c'est ce qui va arriver de plus en plus, puisque c'est ce qui augmente l'attrait d'une ville.
                        - C'est pas comme si c'était nouveau non plus, ça fait plus de 60 ans qu'on agite la sonnette d'alarme du réchauffement climatique du au co2 et plus de 40 ans qu'on voit les ville augmenter progressivement la taille des zones piétones et ça ne peut que s'accélerer. Personne ne peut dire "je ne l'ai pas vu venir" et vouloir freiner des mesures drastique parce qu'il a fait des choix immobiliers douteux.
                        - les sociétés humaines sont adaptatives. Ce n'est pas parce qu'il y a 0 infra maintenant pour relier la ville Y à la ville X que ce sera toujours le cas.
                        - la ville Y peut se développer si les gens qui y habitent décident d'y investir et y créer de l'emploi plutôt que de la traiter comme un dortoir.
                        - le télétravail peut être utilisé facilement pour une grande partie du secteur tertiaire. En gros tout ce qui n'implique pas d'avoir à déplacer/accéder à des objets soi-même. Et même pour pleins de commerces avec actuel présence physique, on se rend compte que depuis le Covid nombreuses interactions se font à travers d'une vitre qui pourrait être remplacé par un écran. Et le rangement et mise en place d'une boutique par les vendeur/vendeuses pourraient très bien être opéré à distances via des robots à usage multiple. On paie bien des pilotes pour commander des drones pour aller prendre des photos ou tuer dans des pays tiers, on pourrait bien payer nos vendeurs/vendeuses/manutentionnaires pour piloter des robots multifonctions et ranger les boutiques. On ne le fait pas parce qu'utiliser de la chair fraîche qui finance le pétrole elle-même pour venir travailler coûte plus cher à l'employeur que de faire travailler des robots. Mais si la société décide que la chair-fraiche n'a plus le droit ou ne peut plus payer ce pétrole pour venir travailler on s'adapte via la robotisation, relocalisation des commerces, commerce en ligne.

                        • [^] # Re: Perspective

                          Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.

                          Que vas-tu penser? Que ta vie va être un enfer à cause de tes trajets maison-boulot et/ou que ta maison va se déprecier et va devenir invendable, tout ça parce que les habitants de la ville X l'ont décidé.

                          Et encore : le chemin entre ta maison à Y et ton bureau à Y n'est probablement pas le même que le chemin entre la ville X et le bureau, là où la municipalité X (voire l'intercommunalité X+Y) va vouloir faire des travaux. Appliqué à ma petite situation perso, c'est la métropole Aix-Marseille Provence qui décide de dédier une voie de l'autoroute aux cars entre Marseille (chez moi) et le Pôle d'activités d'Aix (mon bureau), ce qui devrait impacter tous ceux qui empruntent l'autoroute… mais pas nécessairement les habitants d'Aix ou des villages autour du Pôle d'activités, qui a priori n'ont pas besoin de l'emprunter pour rejoindre mon bureau.

                          Bien sûr ce n'est pas une science exacte, mais supposons que la voie de cars dégrade la circulation sur les routes alentour : si tu choisis(*) d'habiter à 5 minutes de voiture de ton taf, et que ces 5 minutes deviennent 15 minutes pour que les 75 minutes des habitants de la grande ville soient réduites à 45 minutes, est-ce une si grande injustice ?

                          (*) j’emploie "choisir", parce que je doute fort que l'effectif des entreprises du Pôle d'activités soit majoritairement natif du pays d'Aix. La plupart des collègues avec qui j'en ai parlé m'ont dit avoir déménagé pour se rapprocher du boulot.

          • [^] # Re: Perspective

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 0.

            De manière immédiate, ce sera pire ; s'il s'agit bien de supprimer une voie pour la circulation automobile. L'article ne le souligne peut-être pas assez. Il est possible de ne plus transiter (déménager, télétravail…), de prendre les transports en commun qui sont favorisés, ou que les usagers moins résistants que vous soient progressivement éliminés de la circulation automobile, pour que (à long terme) votre situation individuelle s'améliore.

            « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

            • [^] # Re: Perspective

              Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

              De manière immédiate, ce sera pire ; s'il s'agit bien de supprimer une voie pour la circulation automobile.

              C'est effectivement le cas à l'heure actuelle : la voie est supprimée et personne ne peut rouler dessus pendant la durée des travaux. S'ils se terminent ce mois-ci (avec un mois de retard donc), le désagrément aura duré six mois.

              Il est possible de (…) prendre les transports en commun qui sont favorisés (…) pour que (à long terme) votre situation individuelle s'améliore

              Ne serait-ce pas là le nœud du problème ? Si les voitures sont moins nombreuses ("c’est 40 voitures ou moi") , est-ce que seule ma "situation individuelle" s'en voit améliorée, ou est-ce que le bénéfice sera positif pour le plus grand nombre ?

          • [^] # Re: Perspective

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

            Ma ville de banlieue environ 30k hab a son guetto séparé du reste par l'autoroute, en effet

        • [^] # Re: Perspective

          Posté par  . Évalué à 10.

          C'est surtout déplacer le problème.

          Si des pauvres doivent dépenser leur salaire en essence pour aller bosser loin de chez eux, et faire 2 heures de trajet pour 30 minutes de travail, le problème, ce n'est pas que la route existe ou n'existe pas. Le problème c'est que les personnes y soient contraintes. C'est un problème qui se règle avec des lois sociales, pas avec des routes.

          (Lire à ce sujet Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas, c'est tellement bien raconté).

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