Pour répondre à ta question, ou pas, faudrait d’abord définir ce que serait l’absence de naïveté.
Et à mon avis c’est là que les problèmes commencent. Si tout le monde est d’accord pour protéger dans une certaine mesure ses opinions politique ou sa vie privée, un certain nombre est aussi d’accord pour la dévoiler publiquement sur les réseaux sociaux.
Si tout le monde est d’accord pour protéger sa vie privée, bien des gens sont aussi tenté par la commande en un clic sur Amazon parce que c’est bien pratique plutôt que de faire de l’identification 14 facteurs … il y a un compromis entre sécurité/confidentialité et facilité d’utilisation.
Si tout le monde est d’accord pour protéger sa vie privée, bien des gens seraient d’accord pour dire que le monde est hostile et qu’une nation se doit d’avoir des services de sécurité/espionnage pour protéger ses intérêt et cautionner la course aux armements dans ce domaine … ou les services ont évidemment le culte du secret eux même, et dont le contrôle démocratique est nécessairement limité aux quelques personnes qui ont à la fois un mandat démocratique et l’accès à ces secrets. Et on devine sans peine que les institution d’espionnage/sécurité nationale trouvent toujours plus d’excellentes raisons d’en savoir toujours plus sur tout, et font pression sur ces personnes.
Finalement, la question de la naïveté est plutôt, quelles marge de manœuvre ont créées ses révélations vis-à-vis de ces contraintes. Est-ce que les lignes. On peut voir que la sécurité est aujourd’hui prise plus au sérieux, mais c’est un mouvement de fond, les révélations Snowden ont surement contribué à ça, mais … dans quelle mesure ?
Il semble que les révélations Snowden aient eu peu d’influence sur les institutions américaines et que rien n’ait vraiment changé en ce qui concerne les services secret. C’est pas devenu un enjeu de campagne électorale non plus. Du point de vue individuel, peut-être que certains font plus attention à leur données, dans la limite de leur compétence technique. Et sans expertise dans ce domaine, c’est difficile de s’y retrouver sans recourir à des solutions extrêmes style « je me coupe du monde et je vis en autarcie ». Peu sont prêts à ce genre d’extrémités.
Il reste des entreprises pour lesquelles c’est devenu un argument de vente. On voit bien cependant que peu de grosses entreprises sont prêtes à renoncer à un marché si la législation locale en matière de vie privée ou contrôle de l’information ne leur convient pas. Sans compter que les données sont présentées désormais comme un « enjeu économique » supposé être le « nouveau pétrole ». Les entreprises sont donc placées ici devant un double discours, dire à leurs utilisateurs qu’ils font tout pour protéger la vie privée et à leurs actionnaires qu’ils font tout pour valoriser les données qu’elles ont. Sachant qu’on est toujours pas sorti d’un système économique ou le profit et la croissance sont des valeurs cardinales, on peut s’attendre à ce que … la confidentialité des données soient éventuellement quelque chose qui se paye. Genre Apple qui communique beaucoup à ce sujet mais qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Il y a aussi les solutions associatives comme Framasoft, ou techniques comme Telegram, qui fonctionnent mais qui n’ont pas la même force de frappe que d’autres entités, et qui ne sont sans doute pas invulnérables non plus.
Est-ce que des événements comme l’élection de Trump par exemple sont de bonnes nouvelles ? Un type qui voit tout par le prisme de l’économie et de la compétition généralisée des intérêt locaux et à la probité douteuse …
Enfin, il y a le contexte politique et environnemental global qui font qu’il y a d’autres problématiques très importante sur lesquelles se battre, le niveau de protection de la vie privée n’étant de ce point de vue qu’une problématique parmi d’autre. L’idée selon moi serait de tenter de privilégier les votes/actions qui tendent à rendre le monde moins susceptibles de nécessiter une surveillance généralisée … vaste programme.
Plus en amont encore, protéger quoi, de qui exactement, pour quelles raisons et en vu de quel horizon, me semblent être des questions à aborder avant même parler de naïveté, et donc de son absence.
# Ne le sommes nous plus, désormais ?
Posté par aurel (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.
Tout est dans le titre.
[^] # Re: Ne le sommes nous plus, désormais ?
Posté par Thomas Douillard . Évalué à 4.
Pour répondre à ta question, ou pas, faudrait d’abord définir ce que serait l’absence de naïveté.
Et à mon avis c’est là que les problèmes commencent. Si tout le monde est d’accord pour protéger dans une certaine mesure ses opinions politique ou sa vie privée, un certain nombre est aussi d’accord pour la dévoiler publiquement sur les réseaux sociaux.
Si tout le monde est d’accord pour protéger sa vie privée, bien des gens sont aussi tenté par la commande en un clic sur Amazon parce que c’est bien pratique plutôt que de faire de l’identification 14 facteurs … il y a un compromis entre sécurité/confidentialité et facilité d’utilisation.
Si tout le monde est d’accord pour protéger sa vie privée, bien des gens seraient d’accord pour dire que le monde est hostile et qu’une nation se doit d’avoir des services de sécurité/espionnage pour protéger ses intérêt et cautionner la course aux armements dans ce domaine … ou les services ont évidemment le culte du secret eux même, et dont le contrôle démocratique est nécessairement limité aux quelques personnes qui ont à la fois un mandat démocratique et l’accès à ces secrets. Et on devine sans peine que les institution d’espionnage/sécurité nationale trouvent toujours plus d’excellentes raisons d’en savoir toujours plus sur tout, et font pression sur ces personnes.
Finalement, la question de la naïveté est plutôt, quelles marge de manœuvre ont créées ses révélations vis-à-vis de ces contraintes. Est-ce que les lignes. On peut voir que la sécurité est aujourd’hui prise plus au sérieux, mais c’est un mouvement de fond, les révélations Snowden ont surement contribué à ça, mais … dans quelle mesure ?
Il semble que les révélations Snowden aient eu peu d’influence sur les institutions américaines et que rien n’ait vraiment changé en ce qui concerne les services secret. C’est pas devenu un enjeu de campagne électorale non plus. Du point de vue individuel, peut-être que certains font plus attention à leur données, dans la limite de leur compétence technique. Et sans expertise dans ce domaine, c’est difficile de s’y retrouver sans recourir à des solutions extrêmes style « je me coupe du monde et je vis en autarcie ». Peu sont prêts à ce genre d’extrémités.
Il reste des entreprises pour lesquelles c’est devenu un argument de vente. On voit bien cependant que peu de grosses entreprises sont prêtes à renoncer à un marché si la législation locale en matière de vie privée ou contrôle de l’information ne leur convient pas. Sans compter que les données sont présentées désormais comme un « enjeu économique » supposé être le « nouveau pétrole ». Les entreprises sont donc placées ici devant un double discours, dire à leurs utilisateurs qu’ils font tout pour protéger la vie privée et à leurs actionnaires qu’ils font tout pour valoriser les données qu’elles ont. Sachant qu’on est toujours pas sorti d’un système économique ou le profit et la croissance sont des valeurs cardinales, on peut s’attendre à ce que … la confidentialité des données soient éventuellement quelque chose qui se paye. Genre Apple qui communique beaucoup à ce sujet mais qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Il y a aussi les solutions associatives comme Framasoft, ou techniques comme Telegram, qui fonctionnent mais qui n’ont pas la même force de frappe que d’autres entités, et qui ne sont sans doute pas invulnérables non plus.
Est-ce que des événements comme l’élection de Trump par exemple sont de bonnes nouvelles ? Un type qui voit tout par le prisme de l’économie et de la compétition généralisée des intérêt locaux et à la probité douteuse …
Enfin, il y a le contexte politique et environnemental global qui font qu’il y a d’autres problématiques très importante sur lesquelles se battre, le niveau de protection de la vie privée n’étant de ce point de vue qu’une problématique parmi d’autre. L’idée selon moi serait de tenter de privilégier les votes/actions qui tendent à rendre le monde moins susceptibles de nécessiter une surveillance généralisée … vaste programme.
[^] # Re: Ne le sommes nous plus, désormais ?
Posté par aurel (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.
Plus en amont encore, protéger quoi, de qui exactement, pour quelles raisons et en vu de quel horizon, me semblent être des questions à aborder avant même parler de naïveté, et donc de son absence.
Cf. à ce sujet un vieux post écrit il y a des années, puis republié et toujours accessible ici: Pour en finir avec la « défense de la vie privée sur internet ».
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