Le gouvernement vénézuélien se dirige rapidement vers l’adoption du logiciel libre, afin d’épargner de l’argent et de construire son indépendance technologique.
« Ceci fait suite au principe de l’indépendance scientifique nationale, pour que nous ne dépendions pas uniquement de logiciels propriétaires. Si le savoir n’a pas de propriétaire, la propriété intellectuelle en revanche est un piège du néolibéralisme », a dit le président vénézuélien Hugo Chávez à la fin septembre lorsqu’il a annoncé travailler sur un décret pour adopter le logiciel libre dans l’administration publique.
Cependant, différentes entités du gouvernement n’attendent pas un décret et adoptent d’elles-mêmes ce type de logiciel.
Le département des technologies de l’information du ministère des sciences et technologies, parcourt actuellement le pays pour promouvoir le logiciel libre à travers une série d’ateliers.
De nouveaux points d’accès à l’Internet public sponsorisés par le gouvernement et connus comme les « infos centres » qui utilisent le logiciel libre ont été ouverts à travers le pays. Les PC dans ces infos centres étaient préalablement équipés du système d’exploitation Microsoft Windows.
En novembre dernier, l’Académie vénézuélienne du logiciel libre a été inaugurée à Mérida, une cité andine de l’ouest du Venezuela qui va promouvoir le développement et l’utilisation de ce type de logiciel.
D’énormes économies
Le ministère vénézuélien de l’économie et des sports a gagné plus de deux millions de dollars l’année dernière par l’installation de logiciels libres dans son centre de traitement des données du département informatique du ministère qui s’occupe entre autres des salaires, de la gestion du réseau, des formulaires et des services web.
Selon Carlos Joa, le directeur de ce département, le ministère a pour objectif « d’installer 380.000 ordinateurs dans tout le réseau de l’enseignement public, ce qui nous coûtera environ 400 millions de dollars en matériel. Le coût des licences pour les systèmes d’exploitation pourrait atteindre le même montant mais grâce aux logiciels libres, nous pouvons épargner cet argent », dit Joa qui est également le président de la Fondation bolivarienne d’informatique et de télécommunications.
« Le but est que tous nos ordinateurs fonctionnent avec ce genre de logiciel, excepté dans des cas isolés », a-t-il dit.
Le ministère de l’éducation et des sports est en train de former son personnel IT et administratif à l’utilisation de logiciels libres en commençant par GNU LINUX. L’un des bénéfices observés, en dehors des économies réalisées est l’absence de virus qui sont pour la plupart écrits pour les ordinateurs tournant sous le système Microsoft Windows.
Le Venezuela a accueilli un forum mondial sur les technologies libres
En novembre dernier, le Venezuela a accueilli le premier Forum mondial sur les technologies libres, où des interventions ont été faites par Richard Stallman, le créateur de la Fondation pour le logiciel libre, et Antonio Alburquerque, du ministère brésilien des communications qui a aidé à l’adoption de ce type de logiciel dans le secteur public brésilien.
L’ancien ministre de la planification et du développement, Felipe Pérez Martí, un leader local dans le mouvement du logiciel libre qui a participé au forum, a dit que le gouvernement vénézuélien a dépensé 7.5 millions de dollars en droits de licences de logiciels. Pérez a dit que dans le passé, seul 5% de ce que le gouvernement dépensait pour des logiciels propriétaires profitait aux développeurs locaux.
Pérez a annoncé au forum sur les technologies libres qu’il est en train de préparer une proposition à soumettre à l’Assemblée nationale vénézuélienne pour rendre obligatoire l’utilisation du logiciel libre dans le secteur public.
PVDSA adopte également le logiciel libre
La géante entreprise pétrolière d’Etat (PDVSA) se tourne également vers le logiciel libre. Socorro Hernández, la dirigeante de PDVSA pour l’automatisation, l’informatique et les télécommunications, a dit qu’à partir de ce mois de décembre, sa société va commencer à adopter le logiciel libre. « Nous allons commencer à utiliser les logiciels libres chaque fois qu’il sera possible et les logiciels propriétaires uniquement lorsque cela sera nécessaire » a dit Felipe Pérez. PDVSA est le principal acheteur de logiciels du Venezuela.
Les défis des logiciels libres
Les entreprises propriétaires de logiciels comme Microsoft ont essayé de stopper l’adoption de logiciels libres par différents gouvernements autour du monde. En novembre dernier, l’« Initiative pour le choix des logiciels », une coalition soutenue par les géants de cette grosse industrie comme Microsoft et Intel, ont envoyé une lettre à Arturo Gallegos, directeur du département des technologies de l’information du ministère des sciences et technologies avertissant le gouvernement vénézuélien contre l’adoption des logiciels libres.
« Nous applaudissons les politiques gouvernementales qui visent à l’inclusion sociale et à réduire le fossé digital... mais nous pensons qu’avec l’adoption du logiciel libre exclusivement, le gouvernement va en fait dans la direction opposée », disait la lettre.
Microsoft a eu quelque succès en convainquant certaines entités du gouvernement vénézuélien à adopter ses logiciels via des offres spéciales et des incitants. Au cours de l’année dernière, le géant du logiciel a donné des centaines de licences de ses produits au ministère de l’éducation et des sports avec qui il a signé un accord pour l’utilisation de logiciels Microsoft dans les écoles publiques. Microsoft a également signé un accord avec le ministère des sciences et technologies pour lui fournir des licences à bas prix.
Etant donné le nombre de logiciels Microsoft Windows utilisés dans le secteur public, un effort massif sera nécessaire pour former les usagers aux nouvelles technologies et pour résister aux offres tentantes des entreprises de logiciels propriétaires. Reste à voir à quelle vitesse le Venezuela peut adopter le logiciel libre.
Source : Venezuelanalysis.com (http://www.venezuelanalysis.com(...)), 8 décembre 2004.
Traduction : Virginie de Romanet, pour RISAL http://risal.collectifs.net(...)
# Dépêche
Posté par pasPierre pasTramo . Évalué à 5.
[^] # Re: Dépêche
Posté par Denis (site web personnel) . Évalué à 2.
[^] # Re: Dépêche
Posté par Christophe AMALVY . Évalué à 0.
# Pendant ce temps là, en France...
Posté par Anonyme . Évalué à 6.
(source le Monde Informatique n°1049 du 3 décembre 2004)
En quelques années, l'Office national des forêts sera passé d'une informatique centralisée sous Unix avec des terminaux en mode caractère connectés par l'intermédiaire d'un réseau X25 (datant de 1990) à un système à base de serveurs, PC et terminaux sous Microsoft Windows 2003 Serveur et Citrix Metaframe, ainsi que Microsoft Office et Adobe Photoshop, connectés par l'intermédiaire d'un réseau IP qui reposera à 95% sur de l'adsl.
Cette migration est l'aboutissement d'une réflexion portant sur l'ensemble de l'informatique de l'ONF qui a débuté en 1998.
"Nous étions confrontés à la vétusté du parc de micro-ordinateurs, explique Christophe Bacoup, responsable systèmes et réseaux, mais il était trop coûteux de tous les remplacer. Nous avions également le souci de déployer partout les même applications."
A noter que l'ONF, c'est 200 agences en France, dont 130 vont accueillir leur propre serveur TSE/Metaframe, le reste étant relié au serveur d'une autre agence.
On passe donc d'une informatique presque totalement indépendante de Microsoft, à un enfermement total dans les logiciels de Redmond : bureautique, serveurs, et messagerie !
Pour ceux qui ne savent pas combien coûte un serveur TSE/Metaframe, sachez que les prix des licences des logiciels se ventilent approximativement de la manière suivante :
* Windows 2003 Server avec 5 licences d'accès client : 1500 ¤
+250 ¤ / 5 clients supplémentaires
* Citrix Metaframe XP avec 5 licences d'accès client : 7500 ¤
+1000 ¤ / 10 clients supplémentaires
* Adobe Photoshop : 1200 ¤ par utilisateur
* Microsoft Office 2003 : 800 ¤ par utilisateur
Tout ceci, à multiplier évidemment par le nombre de serveurs et de clients. Pour avoir installer des réseaux de la même importance avec ces mêmes solutions par le passé, sachez que l'on parle là en dizaine de millions d'¤ ! :-)
Seul gros avantage : avec Citrix Metaframe, on fait facilement passer 8 clients légers sur une ligne Numeris 64 Kbps, avec une impression de travail quasi en local. Cela dit, je ne vois vraiment pas ce qui peut motiver le passage d'un système sous Unix indépendant de Microsoft à la solution proposée, plutôt qu'une solution à base de Linux + NX + OpenOffice + Gimp.
[^] # contrat select ?
Posté par fasthm . Évalué à 2.
ces volumes là.
La gent féminine, pas la "gente", pas de "e" ! La gent féminine ! Et ça se prononce comme "gens". Pas "jante".
[^] # Re: contrat select ?
Posté par Anonyme . Évalué à 5.
Cela dit, ça fout quand même les boules de voir une solution Unix basculer sous Microsoft, alors que Linux était visiblement parfait pour faire évoluer le parc à moindre coût.
J'aimerais bien savoir quels ont été les conseils de cette décision qui a pris tout de même 6 ans à être élaborée. Il paraît que tout citoyen a le droit de demander des comptes à l'administration, peut-être serait-il bon de lui en demander sur le cas présent.
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