Journal Le logiciel privateur tue

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12
déc.
2016

Le titre de ce journal est faux, en tout cas je l'espère, mais c'est la conclusion qu'on pourrait tirer (avec un minimum de mauvaise foi et un maximum d'exagération) d'une conférence à propos du big data en santé donnée à l'espace des sciences de Rennes la semaine dernière :
http://www.espace-sciences.org/conferences/big-data-en-sante-quels-usages-quels-benefices

À partir de 1h15 dans la vidéo, on nous présente la base de données de l'assurance maladie concernant les prescriptions de médicament et pourquoi elle n'était pas exploitable pour faire de la pharmaco-vigilance. Parmi les causes de cette impossibilité d'exploiter les donneés, on nous explique que cette base repose sur des technologies propriétaires qui empêchent d'adapter l'outil de requête aux besoins, problème qui a été résolu en utilisant des logiciels libres (bien entendu utiliser de nouveaux outils privateurs spécifiques à ce besoin auraient aussi résolu le problème, je suppose que l'idée était d'ouvrir la possibilité d'exploiter les données pour d'autres besoins, je n'ai pas encore regardé la fin de la conf).

Pour être un minimum honnête (même si je n'ai pas forcément à me racheter : je crois savoir que sur le web l'usage d'un titre putassier relève plus de la tradition que de la malhonnêteté), je ne crois pas que ce soit la technologie le point bloquant pour avancer à ce sujet, mais plus les moyens et la volonté politique…

À noter que la consultation concernant l'usage du big data en santé a remonté plusieurs propositions concernant l'usage de formats ouverts et l'interdiction des brevets : http://www.faire-simple.gouv.fr/bigdatasante?filter=soutenues#search-result-count

  • # La base de données est juste inaccessible

    Posté par  . Évalué à 10.

    Mouais.

    Les principaux problèmes de la base de données de l'Assurance Maladie, c'est qu'elle est quasi-inaccessible, et qu'elle n'est pas faite pour ça. Elle est construite dans un but principalement tarifaire, et parfois de façon franchement étrange, et c'est la croix et la bannière pour obtenir des données complètes. J'avais réussi à bosser sur un bout de BDD, ça a été une galère pas possible pour reconstituer les séjours hospitaliers : par exemple, un séjour du 10 au 15 janvier pouvait être codé comme un seul séjour ou comme 6 séjours : un forfait journalier le 10, un forfait journée le 11, un forfait journée le 12… jusqu'au 15. Impossible de différencier un patient sorti et rerentré d'un patient resté à l'hôpital parce que du point de vue tarifaire c'est pareil (l'idée étant de "sanctionner" les hôpitaux qui laissent sortir des patients en état précaire, ce qui est pas con en théorie mais qui omet qu'il y a des patients dont l'état de santé restera instable toute leur vie).

    Ça, ce sont les sources. Le mouton que tu veux est dedans.

    • [^] # Re: La base de données est juste inaccessible

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

      Dans les bases de donnees tarifaires des assurances maladie, il y a deux problemes.

      Le premier est politique et concerne l'acces. J'ai travaille, l'an passe, sur l'acces a une telle base de donnees et, sans l'impulsion de la ministre de la Sante, c'est impossible. Les donnees sont tres sensibles (facturations, gros sous vers / des hopitaux, etc.) et, malheureusement, l'agence qui s'occupe des donnees en Belgique est en sous effectifs malgre une volonte technique de proposer quelque chose (big data, tout ca …).

      Le second probleme est technique: ces bases de donnees n'ont pas ete construites (du point de vue de leur structure) ni remplie avec des donnees qui permettent de faire de la pharmacovigilance (ni meme de se substituer a un simple registre d'utilisation). L'exemple de Liorel est une illustration de cela. La base de donnees sait aussi que le medicament a ete facture / rembourse mais pas s'il a ete administre. La base de donnees sait (normalement) a quel patient ou pour quel sejour un medicament a ete facture mais pas pour quel diagnostic (cas des medicaments a plusieurs indications) ni pour quelles consequences (est-ce que le patients n'a plus ete facture pour ce medicament parce qu'il est gueri, decede, a eu des complications ou une progression ?).

      Donc, ces bases de donnees font bien le boulot qu'on leur demande (a quel prix technologique / privatif / etc., c'est une autre question) ; pas ce qu'on ne leur demandait pas au debut.

  • # Analyse pertinente

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

    Le titre de ce journal est faux

    En fait pas forcément car tout le monde sait que le logiciel privateur a tort, et le tort tue.
    Mouhahaha !!!

    --->[]
    non c'est pas moi j'étais au cinéma

    kentoc'h mervel eget bezan saotred

  • # ???

    Posté par  . Évalué à -5.

    Le titre de ce journal est faux, en tout cas je l'espère, mais c'est la conclusion qu'on pourrait tirer (avec un minimum de mauvaise foi et un maximum d'exagération)

    La logique m'échappe : le titre est faux, tu admets être de mauvaise foi en le postant tel quel, mais tu postes tout de même ce titre parce que… tu aimerais bien que la réalité se conforte à tes préjugés, peut-être ? Ou alors s'agit-il de l'application de la bonne vieille maxime : « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose » (procédé aussi connu sous le terme moderne de « FUD »).

    Certes, il serait beaucoup plus simple pour les militants libristes que le logiciel privateur tue vraiment des gens.

    • [^] # Re: ???

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      Ça s'appelle un clickbait.
      Ça se moinse. le plus possible.

      • [^] # Re: ???

        Posté par  . Évalué à 3.

        À propos d’appât, je me suis encore fait avoir par ton avatar ! :)

    • [^] # Re: ???

      Posté par  . Évalué à 4.

      La logique m'échappe : le titre est faux, tu admets être de mauvaise foi en le postant tel quel, mais tu postes tout de même ce titre parce que…

      L'idée était de me moquer des titres racoleurs qu'on voit partout sur le web, et commencer par « le titre est faux » me semblait suffisant pour que ça semble évident… visiblement vu la note du journal ça a été pris au premier degré, les visiteurs de linuxfr croient que les mirobolants revenus des nombreuses bannières de publicité du site servent à rémunérer grassement les auteurs de journaux au clic.

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  • # Pharmacovigilance, un parent pauvre de la santé publique

    Posté par  . Évalué à 1.

    C'est aussi que la pharmacovigilance en France est un parent pauvre de la santé en France. Il y a une séparation avec une administration qui collecte et gère cela: le professionnel de santé doit déclarer au centre régional de pharmacovigilance et au fabricant (aux USA, c'est seulement le fabricant qui fait ce travail de collecte).

    J'ai du mal à comprendre pourquoi en 2016, on doivent imprimer un PDF, le remplir et l'envoyer par fax (ou scanner puis envoi par courriel). Alors qu'un site web pour remplir ou mieux intégration dans les logiciel métier serait tellement mieux. Surtout quand on sait que ces derniers possèdent une partie des données nécessaires (nom, age et sexe du patient, médicaments prescrits, etc ..). Au professionnel de retirer ou d'ajout les informations nécessaires sur formulaires PDF pré-remplis.

    Pour finir, passons sur le fait que les laboratoires (comme d'autres multinationales) savent noyer l'information pertinentes qui font que certaines problèmes ne sont détectés que plus tard.

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