Ancienne opératrice du téléphone elle y était évidemment très à l'aise. À la fin où elle vivait seule et s'ennuyait un peu, elle s'amusait parfois à les faire tourner en bourrique.
Par exemple quand ça vendait des trucs de travaux (isolation, fenêtres) elle disait :
- Mais c'est mon mari qui s'en occupe de tout ça
- Ah et il est pas là ?
- Non il est pas à la maison (tu parles, il était au cimetière depuis des années)
- Et il rentre quand ?
- Oh je sais pas, pas de suite en tous cas…
Au passage elle me racontait comment ça marchait à son époque c'était complètement hallucinant. Quand on lui demandait un numéro elle faisait donc plus ou moins de tête le trajet de la ligne en traversant la France, et de central téléphonique en central téléphonique on créait donc une ligne entre les 2 personnes (réseau commuté, il faut un fil qui physiquement va d'un téléphone à l'autre). Ensuite elle écoute le début de la conversation (oui !) pour vérifier qu'ils s'entendent bien et que tout marche. Là elle note sur un petit papier l'appelant, la date et l'heure. Ensuite régulièrement elle re-écoute la conversation pour savoir si ils ont raccrochés (un truc de dingue je vous dis). Et si ils ont raccroché elle reprend son papier et note l'heure de fin. Ensuite ces petits papiers vont au service comptabilité pour établir la facture des clients.
(Une petite pensée émue pour ma Manou que j'embrasse très fort là où elle est)
En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.
Et ça fonctionnait très bien. Quand le téléphone sonnait ce n'était pas parce qu'un enfoiré essayait de vous arnaquer. Il pouvait y avoir des erreurs de numéro, mais la plupart des sonneries intempestives se produisaient par temps d'orage. On décrochait et la dame du téléphone disait "ça doit être l'orage" et on raccrochait après un échange d'amabilité.
Apprendre à téléphoner était une étape dans les apprentissages d'un enfant. Il fallait pomper sur la manette du téléphone pour appeler l'opératrice, puis lui dire la phrase magique, quelque chose comme "Bonjour, pour le 7 à XXX je voudrais Ségur 56 78 à Paris". S'il y avait une ligne libre elle nous passait la communication, sinon elle nous disait qu'elle nous rappellerait quand elle aurait pu établir la communication.
L'apprentissage comprenait aussi celui de la discrétion : ne jamais parler de choses confidentielles au téléphone bien trop facile à écouter. Le spectre des choses confidentielles était large pour nous les enfants.
Nous avions cependant le droit de répondre quand le téléphone sonnait et de faire les standardistes pour passer l'appareil au destinataire de l'appel. En fait comme le téléphone était fixe au sens propre du terme, c'est celui qui était le plus proche qui allait décrocher.
# Ça me rappelle la mienne !
Posté par gUI (Mastodon) . Évalué à 10 (+19/-0).
Ancienne opératrice du téléphone elle y était évidemment très à l'aise. À la fin où elle vivait seule et s'ennuyait un peu, elle s'amusait parfois à les faire tourner en bourrique.
Par exemple quand ça vendait des trucs de travaux (isolation, fenêtres) elle disait :
- Mais c'est mon mari qui s'en occupe de tout ça
- Ah et il est pas là ?
- Non il est pas à la maison (tu parles, il était au cimetière depuis des années)
- Et il rentre quand ?
- Oh je sais pas, pas de suite en tous cas…
Au passage elle me racontait comment ça marchait à son époque c'était complètement hallucinant. Quand on lui demandait un numéro elle faisait donc plus ou moins de tête le trajet de la ligne en traversant la France, et de central téléphonique en central téléphonique on créait donc une ligne entre les 2 personnes (réseau commuté, il faut un fil qui physiquement va d'un téléphone à l'autre). Ensuite elle écoute le début de la conversation (oui !) pour vérifier qu'ils s'entendent bien et que tout marche. Là elle note sur un petit papier l'appelant, la date et l'heure. Ensuite régulièrement elle re-écoute la conversation pour savoir si ils ont raccrochés (un truc de dingue je vous dis). Et si ils ont raccroché elle reprend son papier et note l'heure de fin. Ensuite ces petits papiers vont au service comptabilité pour établir la facture des clients.
(Une petite pensée émue pour ma Manou que j'embrasse très fort là où elle est)
En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.
[^] # Re: Ça me rappelle la mienne !
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 6 (+4/-0).
Et ça fonctionnait très bien. Quand le téléphone sonnait ce n'était pas parce qu'un enfoiré essayait de vous arnaquer. Il pouvait y avoir des erreurs de numéro, mais la plupart des sonneries intempestives se produisaient par temps d'orage. On décrochait et la dame du téléphone disait "ça doit être l'orage" et on raccrochait après un échange d'amabilité.
Apprendre à téléphoner était une étape dans les apprentissages d'un enfant. Il fallait pomper sur la manette du téléphone pour appeler l'opératrice, puis lui dire la phrase magique, quelque chose comme "Bonjour, pour le 7 à XXX je voudrais Ségur 56 78 à Paris". S'il y avait une ligne libre elle nous passait la communication, sinon elle nous disait qu'elle nous rappellerait quand elle aurait pu établir la communication.
L'apprentissage comprenait aussi celui de la discrétion : ne jamais parler de choses confidentielles au téléphone bien trop facile à écouter. Le spectre des choses confidentielles était large pour nous les enfants.
Nous avions cependant le droit de répondre quand le téléphone sonnait et de faire les standardistes pour passer l'appareil au destinataire de l'appel. En fait comme le téléphone était fixe au sens propre du terme, c'est celui qui était le plus proche qui allait décrocher.
# j'aimerai tellement la fonctionnalité pour transférer l'appel
Posté par fearan . Évalué à 4 (+1/-0).
et écouter la conversation résultante :)
Il ne faut pas décorner les boeufs avant d'avoir semé le vent
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