Journal Dossier P2P dans Libé

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14
fév.
2005
Dans la rubrique "Évènements" de Libé aujourd'hui, un dossier sur le téléchargement illégal par P2P. Ce dossier fait suite à la pétition parue dans le "Nouvel Observateur", dans laquelle certains chanteurs, hommes politiques, personnalités diverses se déclaraient opposées à la politique de répression actuelle.
L'ensemble des articles permet de faire le point sur la situation et évite les points de vue manichéens et (donc) simplistes. Ainsi, Benabar qui a signé la pétition, ne se déclare pas pour autant partisan du téléchargement totalement libre. Le dossier pointe du doigt à la fois la précarité de la situation de nombreux musiciens (même si le lien avec l'émergence du P2P est disutable et discutée) et les incohérences de la politique des maisons de disque. Il montre l'existence d'un "front renversé" entre tenants et opposants à la répression qui divise les artistes et même les membres du gouvernement.

Lien (version imprimable du premier article): http://www.liberation.fr/imprimer.php?Article=275541(...)

Lien vers le dossier:
http://www.liberation.fr/page.php?Article=275541#(...)
  • # Des chiffres !

    Posté par  . Évalué à 10.

    Les albums du groupe, une dizaine à ce jour, vendus entre 10 000 et 15 000 exemplaires, n'ont «quasiment rien rapporté»


    Chez moi, 10 albums à 15000 exemplaires et à 20 ¤ le CD, ça donne 3 millions d'¤ ! Alors avant de se plaindre de n'avoir presque rien gagné en 10 albums, peut-être que les artistes feraient mieux de se rendre compte que les foutues majors les volent et les spolient depuis des années !

    Les majors gèrent l'intégralité de la chaîne de production d'un artiste, et c'est d'autant plus tout bénéf qu'elles imposent des tarifs incroyablement élevés pour des prestations inexistantes, ou presque :

    1°) Les majors indiquent que 25% du prix d'un CD audio sert à la fabrication du support -> J'ai des amis qui s'auto-produisent, et qui se font presser 1000 CD, avec impression couleur du CD, livret 4 pages couleur, boîtier crystal et cellophanage entre 0,30 et 0,50 ¤ le CD ! Or, 0,30 ¤ x 4 = 1,20 ¤, et non pas 20 ¤ !

    2°) La soit-disant «promotion», qui en fait ne concerne que les artistes connus, alors qu'elle est payée par tous, et qui représenterait «soit-disant» environ 20% du prix du CD. Là encore 20% de 20 ¤ fois 15000 exemplaires, ça fait 60000 ¤ ! 60000 ¤ qui sont prélevés, mais qui ne serviront certainement pas à faire la promotion de l'album vendu à 15000 exemplaires en question !

    3°) La marge phénoménale de 40% du prix, qui sert à rémunérer le «distributeur», qui là encore touche moins dans la réalité que ce qui est annoncé par les majors. Noter également que le vendeur touche plus que l'artiste lui-même.

    4°) La part misérable des artistes : de 2 à 3%, voire 5% pour les bons, et 10% pour les grandes stars de la stature d'un Johnny.

    5°) Le reste qui part encore une fois dans les poches des majors, en frais de gestion.

    Donc résumons :

    * 10 albums vendus à 15000 exemplaires de 20 ¤ chaque :
    10 x 15000 x 20 = 3 millions d'¤

    * Part de l'artiste :
    3000000 x 2 / 100 = 60000 ¤

    * Part max du distributeur :
    3000000 x 40 / 100 = 1,2 millions d'¤

    * Frais de fabrication réels du support (~0,20 ¤ par 15.000 pièces) :
    10 x 15000 x 0,20 =30000 ¤

    * Part minimale de la Major :
    3000000 - (1200000 + 60000 + 30000) = 1,71 millions d'¤

    Ben voilà, tout est dit !

    Maintenant, que change le modèle de la distribution sur Internet ?

    Ça :

    * Prix de vente du morceau :
    1 ¤

    * Part de l'artiste :
    Rien, parce qu'il est rémunéré au support physique vendu, comme spécifié dans son contrat. Les contrats étant amenés à évoluer, les artistes devraient toucher les mêmes pourcentages que sur les CD : 2 à 3%, c'et à dire 0,02 ¤ par morceau vendu.

    * Part de la major :
    Tout le reste, les frais de distribution étant minimes, c'est à dire 0,98 ¤ par morceau.

    Maintenant, à lire l'article, les artistes n'arrivent même pas à se dégager un smic en vendant des dizaines d'albums à plus de 10.000 exemplaires chaque. Pour moi, cela signifie que les artistes sont volés. Je ne vois pas en quoi se faire voler 98% de son travail est pire lorsque c'est fait sur le peer2peer au lieu d'être fait par les majors !

    Bref, on voit bien que de toutes façons que contrairement aux apparences, les artistes ont tout à gagner à quitter les majors et à s'auto-produire sur Internet ; ça ne pourra pas être pire que ce qu'ils connaissent déjà !

    Pour finir, imaginez qu'un artiste s'auto-produise sur Internet. Pour qu'il gagne autant qu'avec les majors en vendant sa musique sur Internet, il lui suffirait de vendre le CD virtuel à 0,4 ¤ ! C'est à dire le morceau à moins de 0,04 ¤ ! À comparer aux tarifs pratiqués et à méditer...

    Alors les artistes, qu'attendez -vous pour mettre en place une plate-forme mutualisée qui vous libère du joug des mafieux de l'industrie du disque ?
    • [^] # Re: Des chiffres !

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

      [++] !!

      Un post à mettre en parrallel avec l'interview du président de la SACEM.

      http://www.ratiatum.com/p2p.php?id_dossier=2035(...)

      Ou il est expliqué que Pascal Nègre ne veut pas signer d'accord avec la SACEM pour le service E-compil et Universal Mobile !

      "La première sécurité est la liberté"

    • [^] # Re: Des chiffres !

      Posté par  . Évalué à 4.

      Tu oublies dans le lot :
      * la part de l'État (au minimum la TVA)
      * la part de la SACEM, qui est censée retourner à l'artiste (moins les frais de gestion + impôts, bien entendu)

      Sinon, si un artiste veut s'autoproduire, il y a des frais annexes, genre avocat / assurance juridique (contre les procès pour plagiat, etc...), manager pour négocier des contrats (en cas de succès, bien entendu), etc.... La question de la répartition des droits d'auteurs entre co-créateurs est épineuse aussi. Il faut s'armer de patience pour les négociations, notamment pour les cas non-prévus lors de la création du groupe.

      Les Majors vendent aux artistes un paquet "clefs-en-mains" : "faites ce que vous aimez, on s'occupe du reste...". Pas étonnant que cela revienne cher aux artistes. Elles proposent une avance alléchante ("1 million pour produire votre premier album !"), avec des petites clauses qui endettent durablement le groupe (genre l'enregistrement, il faut le faire dans tel studio, appartenant à la major, et qu'on paye cash).

      C'est un système vicieux. On ne peut que conseiller aux artistes débutants de faire attention dans le choix de leur premier producteur (qui sera leur producteur à vie, s'ils ne font pas gaffe).
    • [^] # Question et remarque

      Posté par  . Évalué à 4.

      Tu ne parles pas des auteurs, compositeurs. Où les place-t-on ? Car certains artistes ne sont qu'interprêtes.

      Si les artistes s'auto produisaient, pour gagner autant il ne faut pas oublier de compter la location du studio, la prestation de l'ingénieur du son, des musiciens de studios, les frais de déplacement vers le ou les studios. Cela devrait faire plus que les 0.4¤ l'album.

      :) Manque plus qu'à faire un model économique.
    • [^] # Re: Des chiffres !

      Posté par  . Évalué à 2.

      En plus de toutes les réflexions (que je rejoins) sur le modele de production de la musiques, il faudra aussi parler de l'achat.
      Si tu vend un truc (de la musique?) pas asser cher, les gens vont penser que c'est parce que c'est nul. On sait aussi toute l'infuence qu'ont les radios sur les Méga tubes. Il faudrait aussi que le "consommateur" change.
      En fait tout est à refaire.

      Ce que je veux dire c'est que ce n'est pas au consomateur de faire son truc seul dans son coin (P2P) mais que ce n'est pas non plus aux artistes de faire leur truc seul dans leur coin (autoprod?). Le problème étant que les majors font leur truc seules...

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