La musique est, après l’eau, l’oxygène de l’air, l’herbe et le sexe, ce qui est indispensable à l’être humain pour traverser l’existence. On commence à en écouter sans même le savoir et en écoute toute sa vie. Il paraîtrait même qu’au crépuscule de notre course universelle la réalité tout entière n’est plus que musique ou douleur. Musique est langage universel, dit-on. Elle est au langage, donc à la pensée, ce que le cul est à la chemise et au pantalon, puisque musique induit chant et danse. Exprimé de façon plus digeste : la musique c’est super important, de ouf.
Pour ma part j’en écoute de toute sorte. Dernièrement c’est de rap dont me je nourris le plus. Hors le rap ça dépasse la musique. Même à ceux qui en auraient entendu deux minutes dans toute leur vie, ou auraient cru en entendre deux minutes, voire jamais entendu du tout, le simple mot convoque un imaginaire, un imaginaire bien souvent négatif : délinquance, banlieue, non-art, non-musique, hooligans, drogue, violence, bref, les éléments d’un champ lexical qu’on pourrait résumer par « pire médiocrité ». J’ai pris conscience que ceux-là avaient parfaitement raison, ou plus exactement qu’ils étaient dans l’impossibilité de savoir qu’ils avaient tort…
C’est cette vidéo, d’une chaîne Youtube nommée « La cartouche », découverte au hasard de mes pérégrinations sur la grande toile mondiale qui m’a mis face à sur cette réalité bien triste, une réalité effrayante même s’il en est. Plusieurs signaux me faisaient présager l’existence de cette horrible vérité : son évocation par des rappeurs que j’écoute, le fait d’entendre parler d’étude sociologique montrant qu’à la radio le rap est le genre musical présentant la plus grande pauvreté linguistique, lexicale, quand personnellement je constate exactement l’inverse dans les morceaux dont je me gave les oreilles sans modération, et de part ma connaissance de la médiocrité de la « pop musique », aussi appelé « musique industrielle » et plus largement de l’humanité à laquelle j’appartiens aujourd’hui.
L’auteur de cette vidéo, son analyse du phénomène, vous donnera, je le crois, une vision nette de ce que ce journal aspire à dénoncer et que je résumerai ainsi : le contenu musical actuel, mainstream, estampille « rap », celui qui fait des dizaines voire des centaines de millions de vues, qui rapporte beaucoup d’argent à ses perpétrateurs, qui influe sur les masses dès le plus jeune âge, est une véritable calamité, le mot est faible. La vidéo vous l’expliquera bien mieux que je pourrais le faire. De plus, l’objet de ce journal est un complément à cette vidéo dénonciatrice.
Je voudrais en effet que chacun puisse prendre conscience que le rap, celui de ses dignes représentants, l’âme du rap, c’est probablement un pan entier de la littérature et de la matière historique dont vous et moi sommes contemporains. Ce qu’écrivent les rappeurs véritables (et rappeuses, bien sûr, est-ce nécessaire de préciser ce qui relève de l’évidence ?), ces artistes qui, malheureusement, comptent généralement leurs nombres de vues en milliers voire en centaines, ces auteurs et ces musiciens que « l’industrie » musicale, et en vérité l’« establishment » lui-même, s’applique à mettre en sourdine consciencieusement, ce sera sûrement, si l’humanité a la chance de survivre au changement climatique, ce que les chercheurs en Histoire des 22e, 23e siècles et suivants auront comme matière textuelle à étudier pour esquisser la vérité de ce que nous sommes en temps que société, en tant que civilisation. À l’instar des ménestrels médiévales et autre chroniqueurs antiques qui nous ont transmis nombreux faits, en marge de ce que « les vainqueurs » avaient écrit à dessein dans la Grande Histoire. Le rap est bien plus qu’un style musical, c’est une forme de journalisme, un journalisme poétique.
Mais c’est quoi, c’est qui ce rap dont tu parles, qu’est tout le contraire de la monstruosité que la vidéo présente ?
Le mieux que je puisse faire c’est de vous mettre en vrac les noms des artistes, ou collectifs d’artistes (le rap est particulièrement marqué par la collaboration artistique), que j’écoute. Dites-vous que ça n’est qu’une infime part des artistes dont le parle. Je continuerai je pense à en découvrir toujours car ils sont nombreux. Je me limiterai aux francophones, mais comme vous pouvez vous en douter le rap est, aujourd’hui, un phénomène mondial. Certains artistes sont actuels, d’autres plus anciens. J’avoue ne pas connaître, ni cherche à connaître, les dates clés et discographie de chacun. Certains sont absolument underground, d’autres relativement assez connu.
Cela manquait dans la vidéo de La Cartouche, bien qu’il précise rapidement au début qu’il ne parle pas des « vrais » rappeurs qu’il explique respecter (et je le pense sincère). J’ai trouvé que ces rappeurs méritaient largement que je vous fasse par des noms de ce que je connais. Et aussi que vous méritiez vous d’avoir une chance de les connaître. Tous sont à ma connaissance accessibles sur Youtube pour ceux qui voudront bien faire l’effort d’écouter.
- Jeff Le Nerf
- Davodka
- Furax Barbarossa
- Casey
- La Rumeur
- Oxmo Puccino
- TSR
- Eli MC
- L’Hexaler
- Demi-portion
- Dooze Kawa
- Kacem Wapalek
- Lacraps
Je les ai pas tous en tête mais ça en fait déjà pas mal. La plupart ont dix, quinze, voire plus d’années service et des discographies conséquentes. Trois femmes seulement dans cette liste, c’est un milieu assez masculin, mais elles ne sont pas les seules, seulement celles que j’apprécie le plus.
Pour finir une « ligne » de Kacem Wapalek :
« La vie est un livre qu’on ne peut lire qu’une seule fois, on aimerait parfois revenir à la page où l’on naît car celle où l’on meurt est bientôt sous nos doigts. »
\o_
# J'aime bien mais...
Posté par djibb (site web personnel) . Évalué à 6 (+4/-0).
mon fils (20 ans) est un grand fan. Perso (50 ans ;) ), je peux écouter. Il y a des titres que j'aime bien et que je réécoute avec plaisir.
Malheureusement, l'utilisation de gros mots et la place faite à la femme et aux minorités est trop souvent malmenée (c'est un euphémisme) et comme je déteste les rimes en "ute", je n'écoute plus.
[^] # Re: J'aime bien mais...
Posté par skeespin (site web personnel) . Évalué à 7 (+6/-0).
Il est dix heures et huit minutes,
Au sommet du haut de la butte,
Jean est sorti de sa cahutte,
Sous une pluie tombant en chute.
Jean glissa de la pente abrupt,
Sonné tel le choc d'uppercut,
D'un roc heurtant son occiput,
Il est dix heures et dix minutes.
Qu'en soudain, il se dit: "Rah ! flûte !
J'ai oublié mon parachute !"
[^] # Re: J'aime bien mais...
Posté par djibb (site web personnel) . Évalué à 1 (+0/-1).
tu as vu le dernier sondage ? le contenu fait par IA ne nous intéresse pas en très grande majorité.
mais c'était drôle ;)
[^] # Re: J'aime bien mais...
Posté par skeespin (site web personnel) . Évalué à 2 (+1/-0).
Tu me fends le cœur de penser que ma prose est digne d'une IA :)
[^] # Re: J'aime bien mais...
Posté par Psychofox (Mastodon) . Évalué à 3 (+0/-0).
Je ne crois pas que les grots mots sont une marque de fabrique du rap. D'une partie très populaire auprès des ados oui, en général non.
Je ne connais que certain des artistes mentionné dans ce journal, et j'écoutes par ailleurs aussi du hip-hop latino et anglophone et il y a de tout, y compris des chansons plutôt féministes.
Quelques exemples qui me viennent par la tête rapidement, "Lady don't tek no" de Latyrx:
https://www.youtube.com/watch?v=KbtKceoVkNA
ou U.N.I.T.Y de Queen Latifah (ça date un peu)
https://www.youtube.com/watch?v=f8cHxydDb7o
[^] # Re: J'aime bien mais...
Posté par Psychofox (Mastodon) . Évalué à 3 (+0/-0).
Et que penses-tu des rap comme ceux des Fabulous Trobadors ou Masilia Sound System/Papet-J (bon c'est plutôt ragga mais ça flirt avec le rap aussi)?
Quelques exemples de chez Fabulous Trobadors:
https://www.youtube.com/watch?v=3AG1qsS7NiM
https://www.youtube.com/watch?v=xLmaqF-edv0
# 🎶 Ton nourjal je le casse casse casse moula ! 🎶
Posté par devnewton 🍺 (site web personnel) . Évalué à 4 (+1/-0).
Tu parles de old rap ou de new rap ?.
Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.
# Pas bien, mais bon.
Posté par raum_schiff . Évalué à 1 (+0/-0).
Attristé par la vidéo de la "La cartouche", tu sembles vouloir corriger le tir en expliquant que le Rap ce n'est pas que ça.
Bien sur, ce n'est pas que ça. D'autant plus que la vidéo prends de très gros raccourcis sur les paroles monosyllabiques et les rythmes répétitifs, qui si on résume son propos, jetterai avec l'eau du bain Erik Satie, une grande partie de la musique africaine et les traditions de chant diphonique sous prétexte de taper sur le rap.
Le dilemme entre vrai et faux rappeur existe-t-il ?
Ou bien, ce sont juste des personnes qui jouent de la musique sur les tropes d'un style construit avant eux, qui contient son lot de clichés internes (mais aussi externes).
Il n'y a que l'auditeur qui puisse juger de la qualité du résultat (la musique est universelle, mais très difficile à partager).
En ce qui concerne les thèmes, les paroles, l'intention et la production on peut bien sur parler d'un phénomène d'industrialisation du rap (qui touche aussi les autres musiques) et qui formate l'écoute. Le meilleur moyen de s'en prévaloir est IMHO est de diversifier les écoutes et de chercher activement (sortir des "recommandations") les musiques (rap ou pas) qui nous parlent. Savoir pourquoi on aime un son est une condition essentielle d'indépendance pour l'auditeur moyen (que je suis).
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