Le titre est provocateur mais en fait assez logique : l’article parle de comment communiquer avec des gens que l’on imagine « cons », et surtout de pourquoi le problème vient beaucoup de sa façon de communiquer, plus que des gens qu’on a en face. Se posent les questions de :
Pourquoi les gens pensent ce qu’ils pensent – alors qu’à priori ils ont accès aux mêmes informations que soi.
Comment communiquer de façon efficace face à ce genre de personnes.
Identifier ses propres biais et éviter de tomber dedans.
C’est un billet d’opinion mais il contient pas mal d’idées que je trouve intéressantes, et qu’il m’a semblé pertinent de partager : je pense que les débats sur LinuxFR (entre autres) tombent souvent dans des cas décrits ici, que ce soit sur des sujets concernant le libre, l’informatique ou autre (cf les (non-)débats dès qu’on parle d’énergie), où chacun ressasse les mêmes argumentaires en boucle sans en dévier, sans se remettre en question et sans chercher à réfléchir à pourquoi d’autres pensent différemment (je m’inclus dans le lot).
Oui, j’avais déjà lu cet article et il est diablement intéressant.
Il y a, par exemple, un travers courant quand on écrit un tutoriel informatique (que j’essaie d’éviter et ce n’est pas facile), qui consiste à ne pas mentionner une étape-clé parce qu’elle nous est tellement évidente qu’elle en est instinctive. Ça ne serait pas trop gênant si, quand on nous pose des questions sur le « trucévidentquimanque », si on répondait correctement, donc en indiquant de quoi il s’agit. Mais ce n’est pas toujours le cas, parfois, parce que c’est tellement instinctif qu’on a complètement oublié la procédure, parfois parce qu’on répond avec une forme d’arrogance (si tu ne sais, pas besoin que je t’explique, tu ne sauras pas faire la suite).
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
J'ai été absolument outré par la manière dont la petite communauté sceptique/zététique de twitter youtube a traité ce problème.
Plus particulièrement le cas Raoult. En pleine controverse scientifique, on ne sait rien, mais ces gars là, ils savent. Ils débarquent dans une controverse scientifique, au mieux du haut de leur bac +8 dans un autre domaine, au pire, depuis leur bac + rien, et ils distribuent les bons et les mauvais points (enfin, surtout les mauvais).
Ces gens là fonctionnent en vase clos, ils sont habitués à traiter des sujets faciles pour lequel le consensus est large, là ils se retrouvent devant un sujet complexe sans consensus, et qui n'est même pas dans leur domaine. Mais bon, à force de biais de sélection et d'effet running kruger, ils ont réussi à inventer un consensus. Ils n'ont pas été rigoureux du tout. Et leur action a été absolument délétères. Les croyants un peu "dur" ont coutume de dire que "la science est une religion comme les autres", et face à ces gars là, je me désole de constater qu'ils ont raison.
Autant je trouve qu’on pourrait en dire beaucoup sur « la communauté sceptique/zététique Twitter/Youtube » (qui est en réalité très hétérogène et peu soudée), autant je ne suis pas certain de la pertinence de l’argument.
Clairement, il y a eu énormément de mauvaise communication sur le cas Raoult et ses dérivés, notamment ceux mentionnés qui consistaient à ne parler que des problèmes internes à l’étude sans se rendre compte que ça n’était absolument pas quelque chose qui parlait aux personnes qui avaient envie d’y croire.
Mais de mémoire j’ai très rarement lu de la part de ladite communauté qu’il y avait consensus sur… en fait sur quoi ce que ce soit qui concernait le Covid-19. Après je ne prétends pas suivre l’intégralité de cette communauté, mais ça n’est pas quelque chose qui m’a sauté aux yeux, et ça n’est clairement pas le premier problème que je reprocherais à cette communauté (j’y mettrais plutôt des choses comme « oublier que tout le monde ne maitrise pas la méthode scientifique », « certaines décisions sont du domaine du politique – sur des bases scientifiques mais du domaine du politique quand même »_, un certain manque d’empathie voire d’humanité, ou encore une difficulté à s’appliquer ses propres méthodes sur les sujets qui tiennent à cœur).
Je ne vois pas ce que le niveau d’études a à faire là-dedans (il n’est pas un indicateur d’intelligence, seulement un indicateur des connaissances acquises au cours des études, et on espère que les gens ne s’y tiennent pas et continuent à apprendre).
Peu importe, j’ai fait un moment partie d’un groupe zététique sur Facebook (bon d’accord, Facebook). Ces gens-là étaient, effectivement, très sûrs de leur supériorité intellectuelle de zététiciens, mais manquaient de la plus élémentaire imagination, et, pour des gens qui étaient censés douter de tout, avaient une certaine tendance à admettre comme vérité établie une vérité provenant d’une autorité. Alors, ça ne veut, effectivement pas dire qu’il faut remettre en cause tout ce que dit une « autorité » dans son domaine, mais, quand la connaissance n’est pas si affirmative, ne pas avaler tout cru ce qu’elle dit surtout si c’est très affirmatif.
Mais j’avais été assez étonnée, finalement, de la piètre qualité de leur réflexion, inversement proportionnelle à leur auto-satisfaction, soit dit en passant.
Bien vu l’image de la distribution des bons et mauvais points, c’est tout à fait l’idée que ça m’avait donné.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
Oui, d’une manière générale j’ai l’impression que beaucoup de « zététiciens » sont en fait juste des gens qui ont trouvé une manière bien pratique de se faire mousser et de se prétendre supérieurs aux autres. En donnant distribuant les mauvais points au lieu de douter et d’essayer de comprendre puis diffuser la connaissance, typiquement.
C’est dommage parce que la zététique mérite de meilleurs zélotes que ces clowns :(
C’est dommage parce que la zététique mérite de meilleurs zélotes que ces clowns
Oui, et si tu n'as pas lu ou suivi les travaux de Broch et de quelques autres, du coup, tu en as une image très négative. Ça vaut effectivement mieux que ça.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
Je ne vois pas ce que le niveau d’études a à faire là-dedans (il n’est pas un indicateur d’intelligence, seulement un indicateur des connaissances acquises au cours des études, et on espère que les gens ne s’y tiennent pas et continuent à apprendre).
Tu as raison. Je n'y ai jamais vu un indicateur d'intelligence, mais disons qu'on peut espérer qu'il y ait une corrélation entre le niveau d'étude et le niveau de maîtrise d'un domaine. En l’occurrence, quand je vois qu'un bac +8 n'a pas la modestie de dire "c'est pas mon domaine, j'y connais rien" alors que quand on a un doctorat on a nécessairement été confronté à sa propre incompétence en s'éloignant un peu de son domaine de spécialité.
Et quand je vois qu'un bac + rien n'a pas la modestie de dire "je n'ai pas étudié ça pendant 10 ans, j'ai juste lu quelque livre et vu quelque conférences sur youtube", c'est pour moi des circonstances aggravante pour ces gens qui prétendent faire du doute leur motto.
Et après, effectivement, il faut faire la différence entre les "animateurs", qui ont des gros problème épistémique, et les "adeptes", qui eux, ont autant de problème avec la démarche scientifique que les cul-de-jate avec leur lacets.
Article intéressant sur la vulgarisation. Le point-clé, à mon avis, c'est vraiment l'idée qu'il faut s'intéresser à l'origine des idées de l'interlocuteur et [la rationalité d'un argument suivant le point de vue de l'interlocuteur, plutôt que depuis notre point de vue]. La partie entre crochets, c'est de moi, l'article ne précise pas vraiment. Au fond, ça rejoins le principe classique : comprendre l'interlocuteur, échanger des opinions plutôt que convaincre.
Après, c'est vrai que cet article réduit quand même le cadre au cas de la vulagarisation, sachant vs non-sachant. L'article précise bien que l'interlocuteur n'est pas forcément incompétent d'un point de vue technique et que justement il faut pas que cette distinction sachant vs non-sachant soit mise en avant et interprétée comme un mépris malvenu. Les exemples choisis me semblent pas parmi les plus polémiques (ou peut-être par chance je coïncide grosso-modo avec l'auteur ou j'ai pas d'opinion [je me suis jamais vraiment intéressé à l'histoire de Lyme]). Je me demande si j'aurais eu une moins bonne opinion de l'article s'il avait sorti un exemple où je serais à la place de l'irrationnel individu problématique avec lequel il faut lire un manuel pour communiquer :-)
Sur linuxfr, c'est un cadre plus complexe, car il n'y a pas de vulgarisateur, il n'y a que des linuxfriens qui échangent des opinions issues de leur interprétation de vulgarisations diverses. Et il y a plein de facteurs qui rendent les échanges un peu difficiles auxquels c'est difficile d'échapper : on ne se rappelle plus si on a dit telle ou telle chose à telle personne, si on a déjà répondu à tel ou tel point, ou alors on a répondu, mais mal évalué le point de vue de l'interlocuteur, donc pas répondu à ce qu'il attendait. Du coup, on ressasse souvent plusieurs fois les mêmes points (avec des variations parfois, donc il y quand même parfois du nouveau, même si ça devient lourd). C'est un peu le bazar.
Perso, je suis content quand j'arrive à prévoir ce que va dire l'interlocuteur, même si je suis pas d'accord, car ça veut au moins dire que j'ai compris quelque chose à son point de vue. L'idéal, c'est quand c'est réciproque. Parfois, on a des réponses totalement surprise, signe qu'on a pas compris le point de vue de l'interlocuteur (ou l'inverse ou les deux). En général, quand c'est la surprise de part et d'autre, c'est difficile à gérer, même quand les deux parties sont de bonne volonté (si l'exaspération ou un peu de mauvaise volonté se glisse, ça passe de difficile à impossible). Un truc que je fais pas assez souvent, c'est de répondre par une question, plutôt que prétendre savoir ce que l'interlocuteur veut dire. C'est malheureusement aussi plus facile à l'oral qu'à l'écrit où, du fait du manque de spontanéité, on a tendance à écrire en trop, histoire d'être sûr de répondre et, résultat, on embrouille les choses ou part en tangente.
Un point que j'ajouterais, c'est que, même dans le domaine de la recherche entre pairs, la communication n'est pas facile et sujette, tout comme celle entre linuxfriens, à des considérations sociales, politiques ou économiques. Même dans le domaine de recherche plutôt obscur et non polémique dans lequel je travallais il y a peu, il y a la contrainte des publications. Pour publier un article, il faut mettre en avant ses recherches. Si on ne publie jamais d'articles, on perd en renommée, toi et tes collègues auront moins de chances d'avoir des financements. Si c'est des résultats particulièrement géniaux, même si on présente pas toujours sa recherche selon le meilleur angle, ce sera accepté. Cependant, l'immense majorité des articles ne sont pas dans ce cas et sont en compétition entre eux. Il m'est arrivé plus d'une fois que l'on me dise « Ne formule pas cette phrase comme ça, c'est se tirer une balle dans le pied ». Ça, c'est dans un domaine où il n'y a presque que des financements publics (nationaux ou européens). Si en plus il y a des financements privés, il y a plus de pressions : il ne faut pas seulement que l'article intéresse les pairs, mais les entités privés qui payent. À moins d'être dedans, difficile d'évaluer la fiabilité. Et puis les articles de recherche cibles des trucs très précis en général, alors que les polémiques traitent souvent de sujets qui englobent beaucoup de recherches simultanément.
Tout ça pour dire que, pour le non-sachant, c'est vite désagréable s'il sent qu'un manque de confiance n'est pas accepté ou ridiculisé, car depuis son point de vue, il n'a vraiment pas toujours les moyens de savoir si la confiance est bien placée ou non. On peut regretter ensuite que, du fait de biais divers, on passe trop vite à une position de déni plutôt qu'une position simplement sceptique; c'est un phénomène accentué par les non-sachants du camp du vulgarisateur qui interprètent parfois tout scepticisme par du déni et ne font qu'accélérer la transition. Être ressenti comme ridicule ou irrationnel par un autre non-sachant, a priori sur un pied d'égalité avec nous, nous met sur la défensive plus rapidement qu'avec quelqu'un du domaine.
Héhé, tellement concis qu'il faut souvent vulgariser en long pour introduire quelqu'un aux roguelikes :-)
Et c'est pas faux que parfois je suis une moule bavarde sur linuxfr. Mais je suis pas encore une moule professionnelle, je fais souvent des pauses d'un mois ou plus pour refaire le plein d'énergie.
Oui, c'est ce que les zététiciens appellent "le principe de charité".
Il y a un autre avantage en plus du fait que le discours est plus facile à recevoir, c'est le fait qu'il permet à celui qui l'utilise de réaliser que finalement, c'est lui qui se fourvoyait, il autorise à se laisser convaincre.
J'ai découvert ça à l'université, enseignais l'informatique à des geek, très souvent en dehors de ma spécialité. Il y avait une probabilité non nulle qu'un de mes étudiants maîtrise mieux mon sujet que moi. Et garder cette hypothèse en tête permet de dire moins de conneries, et surtout de ne pas se décrédibiliser auprès des autres étudiants.
# Passer outre le titre
Posté par SpaceFox (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 9.
Le titre est provocateur mais en fait assez logique : l’article parle de comment communiquer avec des gens que l’on imagine « cons », et surtout de pourquoi le problème vient beaucoup de sa façon de communiquer, plus que des gens qu’on a en face. Se posent les questions de :
C’est un billet d’opinion mais il contient pas mal d’idées que je trouve intéressantes, et qu’il m’a semblé pertinent de partager : je pense que les débats sur LinuxFR (entre autres) tombent souvent dans des cas décrits ici, que ce soit sur des sujets concernant le libre, l’informatique ou autre (cf les (non-)débats dès qu’on parle d’énergie), où chacun ressasse les mêmes argumentaires en boucle sans en dévier, sans se remettre en question et sans chercher à réfléchir à pourquoi d’autres pensent différemment (je m’inclus dans le lot).
La connaissance libre : https://zestedesavoir.com
[^] # Re: Passer outre le titre
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 6.
Oui, j’avais déjà lu cet article et il est diablement intéressant.
Il y a, par exemple, un travers courant quand on écrit un tutoriel informatique (que j’essaie d’éviter et ce n’est pas facile), qui consiste à ne pas mentionner une étape-clé parce qu’elle nous est tellement évidente qu’elle en est instinctive. Ça ne serait pas trop gênant si, quand on nous pose des questions sur le « trucévidentquimanque », si on répondait correctement, donc en indiquant de quoi il s’agit. Mais ce n’est pas toujours le cas, parfois, parce que c’est tellement instinctif qu’on a complètement oublié la procédure, parfois parce qu’on répond avec une forme d’arrogance (si tu ne sais, pas besoin que je t’explique, tu ne sauras pas faire la suite).
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
# Mes deux centimes d'euro
Posté par foobarbazz . Évalué à 1.
J'ai été absolument outré par la manière dont la petite communauté sceptique/zététique de twitter youtube a traité ce problème.
Plus particulièrement le cas Raoult. En pleine controverse scientifique, on ne sait rien, mais ces gars là, ils savent. Ils débarquent dans une controverse scientifique, au mieux du haut de leur bac +8 dans un autre domaine, au pire, depuis leur bac + rien, et ils distribuent les bons et les mauvais points (enfin, surtout les mauvais).
Ces gens là fonctionnent en vase clos, ils sont habitués à traiter des sujets faciles pour lequel le consensus est large, là ils se retrouvent devant un sujet complexe sans consensus, et qui n'est même pas dans leur domaine. Mais bon, à force de biais de sélection et d'effet running kruger, ils ont réussi à inventer un consensus. Ils n'ont pas été rigoureux du tout. Et leur action a été absolument délétères. Les croyants un peu "dur" ont coutume de dire que "la science est une religion comme les autres", et face à ces gars là, je me désole de constater qu'ils ont raison.
[^] # Re: Mes deux centimes d'euro
Posté par SpaceFox (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.
Autant je trouve qu’on pourrait en dire beaucoup sur « la communauté sceptique/zététique Twitter/Youtube » (qui est en réalité très hétérogène et peu soudée), autant je ne suis pas certain de la pertinence de l’argument.
Clairement, il y a eu énormément de mauvaise communication sur le cas Raoult et ses dérivés, notamment ceux mentionnés qui consistaient à ne parler que des problèmes internes à l’étude sans se rendre compte que ça n’était absolument pas quelque chose qui parlait aux personnes qui avaient envie d’y croire.
Mais de mémoire j’ai très rarement lu de la part de ladite communauté qu’il y avait consensus sur… en fait sur quoi ce que ce soit qui concernait le Covid-19. Après je ne prétends pas suivre l’intégralité de cette communauté, mais ça n’est pas quelque chose qui m’a sauté aux yeux, et ça n’est clairement pas le premier problème que je reprocherais à cette communauté (j’y mettrais plutôt des choses comme « oublier que tout le monde ne maitrise pas la méthode scientifique », « certaines décisions sont du domaine du politique – sur des bases scientifiques mais du domaine du politique quand même »_, un certain manque d’empathie voire d’humanité, ou encore une difficulté à s’appliquer ses propres méthodes sur les sujets qui tiennent à cœur).
La connaissance libre : https://zestedesavoir.com
[^] # Re: Mes deux centimes d'euro
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.
Je ne vois pas ce que le niveau d’études a à faire là-dedans (il n’est pas un indicateur d’intelligence, seulement un indicateur des connaissances acquises au cours des études, et on espère que les gens ne s’y tiennent pas et continuent à apprendre).
Peu importe, j’ai fait un moment partie d’un groupe zététique sur Facebook (bon d’accord, Facebook). Ces gens-là étaient, effectivement, très sûrs de leur supériorité intellectuelle de zététiciens, mais manquaient de la plus élémentaire imagination, et, pour des gens qui étaient censés douter de tout, avaient une certaine tendance à admettre comme vérité établie une vérité provenant d’une autorité. Alors, ça ne veut, effectivement pas dire qu’il faut remettre en cause tout ce que dit une « autorité » dans son domaine, mais, quand la connaissance n’est pas si affirmative, ne pas avaler tout cru ce qu’elle dit surtout si c’est très affirmatif.
Mais j’avais été assez étonnée, finalement, de la piètre qualité de leur réflexion, inversement proportionnelle à leur auto-satisfaction, soit dit en passant.
Bien vu l’image de la distribution des bons et mauvais points, c’est tout à fait l’idée que ça m’avait donné.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Mes deux centimes d'euro
Posté par SpaceFox (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.
Oui, d’une manière générale j’ai l’impression que beaucoup de « zététiciens » sont en fait juste des gens qui ont trouvé une manière bien pratique de se faire mousser et de se prétendre supérieurs aux autres. En donnant distribuant les mauvais points au lieu de douter et d’essayer de comprendre puis diffuser la connaissance, typiquement.
C’est dommage parce que la zététique mérite de meilleurs zélotes que ces clowns :(
La connaissance libre : https://zestedesavoir.com
[^] # Re: Mes deux centimes d'euro
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.
Oui, et si tu n'as pas lu ou suivi les travaux de Broch et de quelques autres, du coup, tu en as une image très négative. Ça vaut effectivement mieux que ça.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Mes deux centimes d'euro
Posté par foobarbazz . Évalué à 1.
Tu as raison. Je n'y ai jamais vu un indicateur d'intelligence, mais disons qu'on peut espérer qu'il y ait une corrélation entre le niveau d'étude et le niveau de maîtrise d'un domaine. En l’occurrence, quand je vois qu'un bac +8 n'a pas la modestie de dire "c'est pas mon domaine, j'y connais rien" alors que quand on a un doctorat on a nécessairement été confronté à sa propre incompétence en s'éloignant un peu de son domaine de spécialité.
Et quand je vois qu'un bac + rien n'a pas la modestie de dire "je n'ai pas étudié ça pendant 10 ans, j'ai juste lu quelque livre et vu quelque conférences sur youtube", c'est pour moi des circonstances aggravante pour ces gens qui prétendent faire du doute leur motto.
Et après, effectivement, il faut faire la différence entre les "animateurs", qui ont des gros problème épistémique, et les "adeptes", qui eux, ont autant de problème avec la démarche scientifique que les cul-de-jate avec leur lacets.
# Sujet complexe et aux multiples cadres d'échange
Posté par anaseto . Évalué à 3.
Article intéressant sur la vulgarisation. Le point-clé, à mon avis, c'est vraiment l'idée qu'il faut s'intéresser à l'origine des idées de l'interlocuteur et [la rationalité d'un argument suivant le point de vue de l'interlocuteur, plutôt que depuis notre point de vue]. La partie entre crochets, c'est de moi, l'article ne précise pas vraiment. Au fond, ça rejoins le principe classique : comprendre l'interlocuteur, échanger des opinions plutôt que convaincre.
Après, c'est vrai que cet article réduit quand même le cadre au cas de la vulagarisation, sachant vs non-sachant. L'article précise bien que l'interlocuteur n'est pas forcément incompétent d'un point de vue technique et que justement il faut pas que cette distinction sachant vs non-sachant soit mise en avant et interprétée comme un mépris malvenu. Les exemples choisis me semblent pas parmi les plus polémiques (ou peut-être par chance je coïncide grosso-modo avec l'auteur ou j'ai pas d'opinion [je me suis jamais vraiment intéressé à l'histoire de Lyme]). Je me demande si j'aurais eu une moins bonne opinion de l'article s'il avait sorti un exemple où je serais à la place de l'irrationnel individu problématique avec lequel il faut lire un manuel pour communiquer :-)
Sur linuxfr, c'est un cadre plus complexe, car il n'y a pas de vulgarisateur, il n'y a que des linuxfriens qui échangent des opinions issues de leur interprétation de vulgarisations diverses. Et il y a plein de facteurs qui rendent les échanges un peu difficiles auxquels c'est difficile d'échapper : on ne se rappelle plus si on a dit telle ou telle chose à telle personne, si on a déjà répondu à tel ou tel point, ou alors on a répondu, mais mal évalué le point de vue de l'interlocuteur, donc pas répondu à ce qu'il attendait. Du coup, on ressasse souvent plusieurs fois les mêmes points (avec des variations parfois, donc il y quand même parfois du nouveau, même si ça devient lourd). C'est un peu le bazar.
Perso, je suis content quand j'arrive à prévoir ce que va dire l'interlocuteur, même si je suis pas d'accord, car ça veut au moins dire que j'ai compris quelque chose à son point de vue. L'idéal, c'est quand c'est réciproque. Parfois, on a des réponses totalement surprise, signe qu'on a pas compris le point de vue de l'interlocuteur (ou l'inverse ou les deux). En général, quand c'est la surprise de part et d'autre, c'est difficile à gérer, même quand les deux parties sont de bonne volonté (si l'exaspération ou un peu de mauvaise volonté se glisse, ça passe de difficile à impossible). Un truc que je fais pas assez souvent, c'est de répondre par une question, plutôt que prétendre savoir ce que l'interlocuteur veut dire. C'est malheureusement aussi plus facile à l'oral qu'à l'écrit où, du fait du manque de spontanéité, on a tendance à écrire en trop, histoire d'être sûr de répondre et, résultat, on embrouille les choses ou part en tangente.
Un point que j'ajouterais, c'est que, même dans le domaine de la recherche entre pairs, la communication n'est pas facile et sujette, tout comme celle entre linuxfriens, à des considérations sociales, politiques ou économiques. Même dans le domaine de recherche plutôt obscur et non polémique dans lequel je travallais il y a peu, il y a la contrainte des publications. Pour publier un article, il faut mettre en avant ses recherches. Si on ne publie jamais d'articles, on perd en renommée, toi et tes collègues auront moins de chances d'avoir des financements. Si c'est des résultats particulièrement géniaux, même si on présente pas toujours sa recherche selon le meilleur angle, ce sera accepté. Cependant, l'immense majorité des articles ne sont pas dans ce cas et sont en compétition entre eux. Il m'est arrivé plus d'une fois que l'on me dise « Ne formule pas cette phrase comme ça, c'est se tirer une balle dans le pied ». Ça, c'est dans un domaine où il n'y a presque que des financements publics (nationaux ou européens). Si en plus il y a des financements privés, il y a plus de pressions : il ne faut pas seulement que l'article intéresse les pairs, mais les entités privés qui payent. À moins d'être dedans, difficile d'évaluer la fiabilité. Et puis les articles de recherche cibles des trucs très précis en général, alors que les polémiques traitent souvent de sujets qui englobent beaucoup de recherches simultanément.
Tout ça pour dire que, pour le non-sachant, c'est vite désagréable s'il sent qu'un manque de confiance n'est pas accepté ou ridiculisé, car depuis son point de vue, il n'a vraiment pas toujours les moyens de savoir si la confiance est bien placée ou non. On peut regretter ensuite que, du fait de biais divers, on passe trop vite à une position de déni plutôt qu'une position simplement sceptique; c'est un phénomène accentué par les non-sachants du camp du vulgarisateur qui interprètent parfois tout scepticisme par du déni et ne font qu'accélérer la transition. Être ressenti comme ridicule ou irrationnel par un autre non-sachant, a priori sur un pied d'égalité avec nous, nous met sur la défensive plus rapidement qu'avec quelqu'un du domaine.
[^] # Re: Sujet complexe et aux multiples cadres d'échange
Posté par jseb . Évalué à 4.
Pour bien vulgariser, il faut savoir faire court.
Discussions en français sur la création de jeux videos : IRC libera / #gamedev-fr
[^] # Re: Sujet complexe et aux multiples cadres d'échange
Posté par anaseto . Évalué à 2.
C'est une blague sur la longueur de mon commentaire ? :-)
Court, c'est bien pour la propagande. Pour vulgariser, seulement quand c'est possible.
[^] # Re: Sujet complexe et aux multiples cadres d'échange
Posté par jseb . Évalué à 2.
Oui c'était une blague.
Du coup j'ai été faire un tour sur ton site pour voir si tu étais aussi bavard, et j'ai découvert un roguelike, ce chef d'œuvre de concision ;)
Discussions en français sur la création de jeux videos : IRC libera / #gamedev-fr
[^] # Re: Sujet complexe et aux multiples cadres d'échange
Posté par anaseto . Évalué à 2.
Héhé, tellement concis qu'il faut souvent vulgariser en long pour introduire quelqu'un aux roguelikes :-)
Et c'est pas faux que parfois je suis une moule bavarde sur linuxfr. Mais je suis pas encore une moule professionnelle, je fais souvent des pauses d'un mois ou plus pour refaire le plein d'énergie.
[^] # Re: Sujet complexe et aux multiples cadres d'échange
Posté par foobarbazz . Évalué à 1.
Oui, c'est ce que les zététiciens appellent "le principe de charité".
Il y a un autre avantage en plus du fait que le discours est plus facile à recevoir, c'est le fait qu'il permet à celui qui l'utilise de réaliser que finalement, c'est lui qui se fourvoyait, il autorise à se laisser convaincre.
J'ai découvert ça à l'université, enseignais l'informatique à des geek, très souvent en dehors de ma spécialité. Il y avait une probabilité non nulle qu'un de mes étudiants maîtrise mieux mon sujet que moi. Et garder cette hypothèse en tête permet de dire moins de conneries, et surtout de ne pas se décrédibiliser auprès des autres étudiants.
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