Bonjour,
Dans le cadre d'un cours de Connaissances en Entreprise, un représentant de l'INPI viendra nous parler en long, en large et en travers des brevets que c'est de la balle.
Notre chère professeure nous a demandé de préparer des questions.
Je suis conscient que les brevets sapuhsaypabien, mais je ne sais pas quel genre de question je pourrais poser auprès de cet intervenant.
Auriez-vous des idées ?
# mieux comprendre leurs positions et rhétorique
Posté par Adrien . Évalué à 1.
Il peut etre intéressant de savoir quels sont les arguments utilisés pour défendre les brevets, essayer de comprendre leur stratégie pour convaincre d'auditoire…
Une chose est sûr : l'attaquer de front ne servira à rien, ce type doit être blindé de réponses :-/
[^] # Re: mieux comprendre leurs positions et rhétorique
Posté par muchos (site web personnel) . Évalué à 4.
J'allais le dire :
Cet intervenant va sortir son argumentaire et fera tout pour ne pas perdre la face… quitte à verrouiller tout débat. Ne sortez pas frustré de cette rencontre…
Les brevets sont caractéristiques de la conception économique générale ; je pense que la majorité de vos camarades sera vite conquise. Idéalement, il aurait fallu également une intervention pro-libre. (Avec un type habillé en manchot par ex. ;)
Debug the Web together.
[^] # Re: mieux comprendre leurs positions et rhétorique
Posté par KiKouN . Évalué à 4.
C'est vrai qu'il n'est pas très utile d'essayer de faire comprendre une autre raison à un orateur qui est soit convaincu de ce qu'il raconte soit s'en fou totalement (sa paye l'intéresse plus).
Par contre, si tu donne à l'assemblé présente qui est ta vrai cible, juste de quoi mettre en doute les dires de cet orateur. L'assemblé comprendra qu'il existe plusieurs positions sur la question des brevets logiciels. Ils pourront alors se poser des questions et peut-être l'approfondir et n'auront pas bu les paroles de cet orateur comme seule vérité.
[^] # Re: mieux comprendre leurs positions et rhétorique
Posté par KiKouN . Évalué à 2.
D'ailleurs, je n'ai jamais vu ce cas, mais il serait peut-être plus intéressant de ne pas poser des questions à l'orateur mais directement à l'assemblé présente vu que c'est la cible.
[^] # Re: mieux comprendre leurs positions et rhétorique
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 5.
Voilà qui est plus que juste. Une bonne manière de préparer l'événement pourrait être de se faire une liste de points que l'on souhaite mentionner. Avoir sous le coude quelques questions mentionnant des points comme :
le fait que le système des brevets n'a pas toujours été considéré comme allant de soi, mais qu'il a longtemps été perçu comme immoral par une partie importante de la population et même de « l'élite » — cf. Bunsen :-) — à laquelle il est pourtant favorable ;
le point de vue « impérialiste » : à travers l'OMC essentiellement, les brevets sont une arme employée à freiner le développement des pays pauvres en évitant aux anciennes puissances coloniales le soucis d'innover pour rester concurentielles ;
ce faisant ils sont d'ailleurs une arme à double tranchant puisqu'ils sont l'une des sources de la stagnation économique des anciens pays industrialisés ;
l'existance de sources et études sérieuses contestant le bien fondé et l'apport des brevets à l'économie ;
le fait que les brevets ne sont qu'une continuation nomminale, logique, et historique d'une partie du système de privilèges de l'anciens régime.
les dérives bien connues du système de brevet (brevets sous-marins ; brevets abscons au langage si torturé qu'il ne permet plus de comprendre l'invention mais juste d'intenter des poursuites ; brevets flous permettant de poursuivre tout et n'importe quoi ; surcharges des opérateurs délivrant les brevets et corollaire brevets descernés sans fondement ; inflation constante et monstueuse du coût de ce système — 15% de croissance par ans dit-on — pour l'économie ; citation bien connue de William Portes se félicitant de la perversité des brevets …).
L'essentiel comme le dit KiKoun serait de faire savoir à l'auditoire que le brevet ne va pas de soi ; qu'il n'est pas anormal de se poser des questions sur son intérêt social et économique ; que ses fondements moraux ne sont pas d'une évidence flagrante et vertueuse.
Mais par-dessus tout j'aimerais insisté sur ce qui n'est qu'évoqué dans ce qui précède. L'art oratoire en est vraiment un. Et pas au sens de la performence dadaïste mais au sens où se faire orateur demande un apprentissage technique et pratique important. Particulièrmenent en ce qui concerne la joute ou confrontation de points de vue. Le danger le plus évident c'est de se retrouver désarçonner par les répliques d'un locuteur que l'on chercher à convaincre. Et la parade la plus simple consiste à ne surtout pas viser cet objectif ! Oui, le mieux est certainement de garder en ligne de mire cette cible réaliste : mentionner toutes ses objections et arguments. Ne surtout pas rentrer dans une dialectique et chercher à emporter la conviction. De toutes façons cette dernière a ses raisons que la raison ignore et qui ne se résolvent que dans le fort intérieur de chacun.
Pour en revenir sur l'aspect artistique du discours, une préparation pratique est quasiment indispensable. Après tout les bases du discours de l'INPI sont bien connues. alors pourquoi ne pas demander à un collègue de venir jouer l'adversaire ; même et surtout avec le plus de mauvaises foi possible. Cela permet de se préparer. Ma propre expérience est qu'il est très aisée de discuter en soi même des sujets qui nous tiennent à cœur ; et qu'en même temps, ce sont ceux pour lesquels les mots nous viennent le plus à manquer face à l'opposition. J'insiste ; une seule solution : l'entrainement.
Bon courage, et bon travail.
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
[^] # Re: mieux comprendre leurs positions et rhétorique
Posté par Adrien . Évalué à 3.
Pour se préparer à la dialectique, je recommande très fortement la lecture de « l'art d'avoir toujours raison » de Shopenhauer.
C'est assez court (en 1 heure c'est lu) et il décrit très très bien la dialectique éristique, c'est à dire l'art d'avoir toujours raison dans une discussion, qu'importe le fond.
[^] # Re: mieux comprendre leurs positions et rhétorique
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 4.
s/Shopenhauer/Schopenhauer/g
Excellente lecture certainement ; je me permet d'ajouter le lien vers wikibooks. Mais ne faudrait-il pas bien plus qu'une lecture pour en tirer pleinement avantage. Ne devient pas Démosthène qui veut, mais plutôt qui en souffre les cailloux.
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
[^] # Re: mieux comprendre leurs positions et rhétorique
Posté par Dr BG . Évalué à 5.
J'ai déjà assisté à ce genre de présentation
mais
Ce type m'a aussi soutenu que les brevets logiciels étaient valident en Europe. J'ai une amie juriste spécialisée en propriété intellectuelle qui a fait sont stage chez eux et donc connait ce mec. Elle ne me croyait pas qu'il ait pu dire une connerie pareille (lui est ingénieur) :-)
# Informatique
Posté par KiKouN . Évalué à 4.
En gros, l'informatique c'est des codes et des protocoles qui gèrent de l'information.
Je lui demanderai ce qui a le plus de valeur, les codes et les protocoles ou l'information ?
Les entreprises déposant des brevets auront accès à bien plus d'informations tantdis que les entreprises qui utilisent/louent des codes et protocoles brevetés n'auront peut-être même pas accès à leur propres informations et ne pourront surtout pas assurer la pérénité des ces informations.
# Breveter la mise en œuvre et pas les idées
Posté par Alf (site web personnel) . Évalué à 3.
Ce que j'ai compris aux brevets logiciels, c'est que ça ne correspond pas aux brevets industriels.
Dans l'industrie, on pose des brevets sur des mises en œuvre, à savoir comment réaliser une idée, exemple : brevet sur les légos (j'ai pas vérifié), on définit les dimensions, le comment on fait pour le produire, mais pas le concept même de briques en plastique qu'on peut emboîter. Rien ne t'empêche de créer un jeu à base de briques en plastique avec tes propres procédés.
Dans le logiciel, la mise en œuvre est déjà protégée par le droit d'auteur. Les brevets logiciels aujourd'hui déposés portent sur les idées, exemple : achat en 1 clic d'Amazon. Là où le brevet industriel est censé favoriser l'innovation en demandant des royalties pour la réutilisation d'une mise en œuvre, le brevet logiciel empêche toute innovation car il faudrait (si c'était légal en Europe) payer pour utiliser une idée. Cela signifie que pour faire le moindre site, tu violerais tout un tas de brevets.
Si ma mémoire est bonne, il y a un brevet qui avait été déposé sur le lien hypertexte, on voit vite les dérives et la stupidité de la chose, il devient impossible de faire un site.
Par contre, j'imagine qu'il est plus difficile d'argumenter contre les brevets sur les formats. En effet, il pourrait très bien y avoir un brevet sur la balise <a> qui est une mise en œuvre des liens hypertexte. Rien ne t'empêche alors de créer un langage de balise où les liens se font avec <lien> et de développer un navigateur compatible.
Si je me trompe, je veux bien qu'on m'éclaire.
http://helpmequ.it: arrêter de fumer pour la bonne cause, http://mapetiteautoentreprise.fr : facturation libre pour les auto-entrepreneurs
[^] # Re: Breveter la mise en œuvre et pas les idées
Posté par oinkoink_daotter . Évalué à 3.
C'était British Telecom. Il a été invalidé (ouf) en 2002.
# Mon expérience : ça ne sert à rien
Posté par psychoslave__ (site web personnel) . Évalué à 5.
Dans un module optionnel que je pouvais prendre il y avait un cours sur la propriété industrielle (brevet donc).
Le gars avait son discours bien rodé, avec des « je suis investisseur et je vous donne des milliard (certainement gagné durement en tant que tourneur fraiseur), à vous merveilleux auditoire, chercher une solution à un problème et comme vous êtes formidablement brillant, au bout de quelques mois vous obtenez un superbe résultat. Seulement voilà de viles êtres méchants qui ne pensent qu'à faire le mal copie votre idée, sans avoir dépensé un euro en recherche ! Et moi pauvre investisseur je ne fais pas fructifier mes milliards pour vous en redonner l'an d'après, et donc il n'y a plus de recherche, plus d'innovation, et l'humanité ne s'adapte plus et disparaît. ».
Et de surenchérir par un « Pour ce que ça intéresse, il y a de la place à l'INPI, et sachez qu'on y gagne très bien ça vie ».
Je suis aller le voir pour discuter un peu avec lui, notamment copie numérique : - Mais si je vous vol votre portable, cela vous plairait-il ? - Bah, non, mais si vous en faites une copie, ça ne me dérange pas, et si vous avez un moyen de le faire à un coût aussi dérisoire qu'une copie numérique, je vous y encourage. - De toute façon vous êtes trop jeune pour comprendre.
Ah oui, là c'est de l’argumentaire de haut vol hein… Je me considère certes pas vieux, mais à mon age on ne s'attend plus à l'entendre celle-là…
Bref y a rien à tiré de ces mecs, ils gagnent très bien leur vie en se mettant à la solde de quelques gros parasites dont l'objectif est de monopoliser le plus de ressources possibles, et ils sont content comme ça.
Moi j'étais content de pouvoir prendre une autre option.
# Boarf
Posté par yellowiscool . Évalué à 5.
J'ai eu cet intervenant la semaine dernière (on est dans la même école).
Son exposé ne contient pas vraiment de spécificité pour l'informatique. Et c'est pas mal de savoir comment fonctionne le système des brevets en général. Que l'on soit pour ou contre.
Tu pourrais demander si une licence libre et un brevet logiciel sont compatibles. Car avec le brevet, tu peux réguler l'utilisation de ton idée, avec la licence libre, tu donnes l'autorisation de l'utiliser sous certaines conditions.
Après, au cours de sa présentation, on voit surtout que le système des brevets est complètement dépassé par l'informatique. Surtout sur le fait que c'est des dépôts par zones territoriales, et qu'il faut avoir le portefeuille d'apple ou microsoft pour déposer un brevet dans le monde entier.
Envoyé depuis mon lapin.
[^] # Re: Boarf
Posté par MCMic (site web personnel) . Évalué à 3.
J'ai eu la même l'année dernière, ce qui m'a marqué était l'utilisation du champ lexical de la sécurité.
Il va beaucoup répeter que le brevet permet de "protéger l'invention"
Une bonne chose peut être de lui demander contre quoi une invention doit être protégée, et en quoi le brevet y répond. Le but étant de lui faire avouer que le brevet protège l'inventeur et non l'invention. (et plus précisément le portefeuille de l'inventeur en fait)
Si tu veux lancer de la pique méchante tu peux aussi demander en quoi geler une technologie jusqu'à 20 ans avant de pouvoir l'utiliser pleinement aide l'innovation…
# Vivant breveté
Posté par Grunt . Évalué à 6.
Tu peux regarder du côté des abus des brevets: les peuples dépossédés de leurs médicaments ou de leur nourriture, parce qu'une multinationale a breveté l'usage qu'ils font d'une plante depuis des millénaires.
Ça frappe bien l'imagination, ça.
THIS IS JUST A PLACEHOLDER. YOU SHOULD NEVER SEE THIS STRING.
[^] # Re: Vivant breveté
Posté par Alf (site web personnel) . Évalué à 3.
ou encore des recherches prometteuses sur le cancer du sein qui avait du être arrêtées à cause d'une violation de brevet (oublié la source).
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[^] # Re: Vivant breveté
Posté par briaeros007 . Évalué à 6.
message
De l'autre coté, il y a les brevets sur les inventions bidons, comme la roue qui avait pu être brevetée en australie, ou encore 20% du code génétique humain qui fut "breveté". (faut qu'on m'explique où est l'innovation...)
référence
Dans la page wikipédia sur la roue : A noter que John Keogh de Hawthorn, État de Victoria, Australie, a breveté la roue en 2001. Ce qui lui aura valu un Ig Nobel de Technologie en 2001, également décerné au Bureau australien des brevets qui lui a accordé le brevet d'innovation numéro 2001100012.
pour les 20% du corps humain
http://news.nationalgeographic.com/news/2005/10/1013_051013_gene_patent.html
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