Le Conseil National du Logiciel Libre (CNLL) déplore la sous-représentation de la souveraineté numérique dans le débat politique actuel en vue des élections européennes en France. Le CNLL a en effet élaboré et diffusé un questionnaire auprès des principaux partis candidats aux Européennes de juin. Aucun des "grands" partis sollicités à de multiples reprises et par différents canaux n'a donné suite. Cette absence de réponse des grands partis est la marque soit d'un désintérêt, soit d'une absence d'expertise, confirmés pour l'essentiel par l'analyse de Benoît Sibaud dans une dépêche précédente.
Seuls deux "petits" partis, Volt France (leur réponse) et le Parti Pirate (leur réponse), ont répondu à ce questionnaire, en reconnaissant pleinement l'importance de la souveraineté numérique et en proposant des stratégies claires pour intégrer davantage le logiciel libre dans la politique numérique européenne.
En comparaison, tous les grands partis allemands ont répondu à un questionnaire similaire de l'Open Source Business Alliance (OSBA), mettant en lumière le retard préoccupant des partis français en la matière.
Dans ces conditions, le CNLL appelle les électeurs français sensibles aux sujets de la souveraineté numérique européenne et du soutien au logiciel libre à considérer avec attention les listes de ces deux partis lors du scrutin du 9 juin prochain.
NB pratiques: Volt figure sur la liste « Europe Territoires Écologie » (n°31) avec d'autres partis de centre-gauche. Le Parti Pirate (n°10) invite ses électeurs à imprimer leur propre bulletin.
N. D. M. : l'April a aussi extrait les différentes propositions relatives aux sujets de l'association parmi les programmes des 38 listes candidates
Aller plus loin
- La tribune du CNLL (21 clics)
- Le questionnaire du CNLL (17 clics)
- La réponse de Volt France (PDF) (24 clics)
- La réponse du Parti Pirate (PDF) (38 clics)
- Le questionnaire de l'OSBA (19 clics)
- Élections européennes de juin 2024 et contenu programmatique (25 clics)
- Élections européennes: bilan rapide de la conférence « Convergences numériques » (16 clics)
# Ça se comprend...
Posté par rewind (Mastodon) . Évalué à 4.
Combien de questionnaires dans ce genre les candidats reçoivent-ils ? Des dizaines sans doute. Et hormis les partis thématiques qui s'intéressent à cette question, les autres n'ont simplement pas le temps ou pas l'intérêt pour tous ces questionnaires. Et après ? Ben on s'en fout, parce que la vie, et les choix politiques, ce n'est pas la «souveraineté numérique». La question est importante, mais elle n'est pas décisive dans la vie des gens, surtout pour leur choix dans l'isoloir. Si j'en crois les sondages actuels, c'est plutôt «détester les gens pas comme nous» qui semble être décisif, hélas.
Est-ce qu'il faut voter pour le PP ou Volt ? Ben si on veut que son vote ne compte pour rien, on peut. Parce que le score de ces deux partis va être au mieux anecdotique et ne changera pas le point de vue des décideurs pressés et des politiques. C'est pas un questionnaire ou des partis thématiques qu'il faut, c'est une vision assez étriquée de l'action politique.
Je suis peut-être un peu cru dans mon propos, mais franchement, si ce genre d'initiative marchait et avait un quelconque impact, ça se saurait depuis longtemps.
[^] # Re: Ça se comprend...
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . Évalué à 7.
-> Comme je l'ai écrit dans le texte, les 6 "grands" partis allemands (de CDU/CSU à DIE LINKE) ont répondu à un questionnaire très similaire de l'OSBA.
Cela démontre à mes yeux que l'un intérêt politique sur ces sujets est très nettement plus marqué en Allemagne qu'en France.
Pour mémoire, en 2012, François Hollande et Nicolas Sarkozy (ainsi qu'Eva Joly, un peu plus tard) avaient répondu à un questionnaire du CNLL à l'occasion des présidentielles.
Cela démontre à mes yeux une régression de l'intérêt alors que les enjeux n'ont fait qu'augmenter.
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
[^] # Re: Ça se comprend...
Posté par Pol' uX (site web personnel) . Évalué à 2.
Si j'étais pessimiste, je dirais que les candidats n'ont aucune plus value à répondre à ce genre de questionnaire. Ils ne seront pas blâmé de ne pas le faire, et le faire va laisser apparaître les fissures de leur positionnement, voire prêter le flan à des attaques.
Déjà personnellement je suis assez surpris que les listes candidates mettent en avant des « programmes ». Je ne sais pas s'ils connaissent le parlement européen mais s'ils veulent y porter un programme ils risquent la déception je pense.
Adhérer à l'April, ça vous tente ?
[^] # Re: Ça se comprend...
Posté par Benjamin Henrion (site web personnel) . Évalué à 1.
"Le sujet sur lequel les prises de position des candidats se distinguent fortement est celui des brevets logiciels. François Hollande y est clairement opposé, invoquant un engagement constant, où le combat mené par Michel Rocard au Parlement Européen a fait date. « Nous veillerons à ce que la mise en œuvre du brevet communautaire ne soit pas l'occasion de légitimer les brevets sur les logiciels, les méthodes mathématiques et les méthodes commerciales. » déclare le candidat socialiste."
Pas de chance, le Brevet Unitaire a été signé par ce même François Hollande, qui a signé le fait que le droit des brevets ne soit pas interprétable par la CJEU.
[^] # Re: Ça se comprend...
Posté par Nicolas Boulay (site web personnel) . Évalué à 6. Dernière modification le 04 juin 2024 à 17:21.
Il y a déjà des députés Pirates, 1 Allemands et 3 Tchèques.
Il y a déjà quelques élue pirates dans des villes en France.
La barrière des 5% est exactement faite pour que tu es cette réaction : voter pour un nouveau parti doit sembler inutile. Si le PP fait 4%, il est au niveau de EELV et devant le parti communiste.
Tout a été fait en France pour protéger les parties en place. Ces règles de fausses élections proportionnelles par exemple. Avant, il y avait les listes par 5 grosses régions. Le seuil de 5% sur une région est encore plus dure à atteindre, et le seuil d'élection d'un seul député aussi. Sans compter la difficulté supplémentaire pour créer ses listes.
En Allemagne, le kit de campagne de base est fournis. C'est vraiment le minimum : affiches légal, circulaire et bulletin de vote. En France, c'est remboursé par seuil. Donc, pour débuter un parti doit être très riche, rien que pour les bulletins (300k€ minimum/élection) car aucune banque ne fera un prêt sauf au parti installé.
"La première sécurité est la liberté"
[^] # Re: Ça se comprend...
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . Évalué à 5.
Au Portugal aussi, 6 des principaux partis ont pris le temps de répondre à un questionnaire (plus technique que le nôtre, et moins centré sur le libre, mais néanmoins intéressant):
https://ansol.org/noticias/2024-06-04-software-livre-nas-eleicoes-europeias/
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
# Dommage
Posté par Sébastien Wilmet . Évalué à 3.
À quand le "Fond pour la Souveraineté Numérique" en France ?
Pour copier le Sovereign Tech Fund allemand, ou le NLnet néerlandais (d'ailleurs NLnet est plus orienté réseaux informatiques et internet, ce serait une super nouvelle s'ils élargissent leur programme pour davantage de logiciels libres, par exemple pour des usages bureautiques, l'éducation, etc).
[^] # Re: Dommage
Posté par Benjamin Henrion (site web personnel) . Évalué à 1.
Si j'ai bien compris, NLNet gère de l'argent publique européen, et non plus de l'argent privé.
NLNet a financé la FFII dans le passé, et ne peut plus le faire dans les conditions actuelles.
Nous en aurions bien besoin pour remonter la crasse à la CJEU:
https://ffii.org/unified-patent-court-has-an-eu-treaty-legality-problem-says-ex-cjeu-judge-melchior-wathelet/
[^] # Re: Dommage
Posté par Benoît Sibaud (site web personnel) . Évalué à 4.
https://nlnet.nl/foundation/annuals/2021-annual-report.pdf
« Funding origins
In November 1994, NLnet Holding BV was formed by the foundation in order to create a commercial base for its internet activities. NLnet Holding BV was the very first commercial Internet access provider in the Netherlands.(…)
These days, the majority of funding for NLnet activities comes from external sources. Private individuals, public sector organisations, foundations and other not-for-profit organisations, as well as commercial organisations donate or bequeathe to NLnet (…). »
Initialement fonds privés, maintenant de sources diversifiées public/privé.
[^] # Re: Dommage
Posté par devnewton 🍺 (site web personnel) . Évalué à 4.
Plutôt qu'un fond, il vaudrait mieux que les administrations et entreprises publiques se mettent d'accord sur une notion de souveraineté (oui parce si on écoute Microsoft, un hébergement Azur c'est souverain) et la mettent dans leurs appels d'offre.
Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.
# Faut-il employer le mot "souveraineté"
Posté par Stéphane Ascoët (site web personnel) . Évalué à 2.
Une émission un peu merdique de "France Inter" était consacrée au souverainisme il y a quelques semaines et un des invités disait que le mot était actuellement mal employé, il faudrait plutôt parler d'"indépendance", "autonomie", ou autre synonyme de ces termes…
[^] # Re: Faut-il employer le mot "souveraineté"
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . Évalué à 4.
Exact.
La « souveraineté numérique » a été définie par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) dans la Revue stratégique de cyberdéfense de 2018 (p. 93) : une autonomie stratégique dans laquelle, sans chercher à tout faire en interne, il s'agit de « préserver une capacité autonome d’appréciation, de décision et d’action » dans l'espace numérique.
Le SGDSN énonce : « une stratégie industrielle basée sur l’open source, sous réserve qu’elle s'inscrive dans une démarche commerciale réfléchie, peut permettre aux industriels français ou européens de gagner des parts de marché où ils sont aujourd’hui absents et par là même de permettre à la France et à l’Union européenne de reconquérir de la souveraineté. »
C'est la définition qui a été reprise en 2021 par le CNLL dans: https://cnll.fr/media/etude-cnll-2021.pdf
C'est aussi celle que je retiens dans mon livre (pas fini): https://souverainete.net/
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
[^] # Re: Faut-il employer le mot "souveraineté"
Posté par Benoît Sibaud (site web personnel) . Évalué à 5. Dernière modification le 06 juin 2024 à 13:47.
Il est « mal employé » ou plutôt des personnes différentes y mettent un sens différent, et il est important de définir ce dont on parle :
# Article sur le "blog binaire" du Monde et de la SIF
Posté par Stefane Fermigier (site web personnel) . Évalué à 5.
La SIF (Société Informatique de France) vient de publier une version plus longue de ce post, sur le Blog Binaire hébergé par Le Monde:
https://www.lemonde.fr/blog/binaire/2024/06/07/la-souverainete-numerique-avec-le-logiciel-libre-grande-absente-de-la-campagne-pour-les-europeennes-en-france/
"There's no such thing as can't. You always have a choice." - Ken Gor
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