Marion Créhange, née Caen, a « eu la très grande chance […] de vivre la naissance de l’informatique » Elle nous a quitté le 28 mars 2022 à quatre-vingt-quatre ans. Elle était la première personne en France à avoir soutenu une thèse en informatique en 1961. Elle est aussi l’une des toutes premières personnes à avoir enseigné l’informatique d’ailleurs. Elle a effectué toute sa carrière d’enseignante-chercheuse à Nancy. Elle était spécialisée dans les systèmes d’information et pensait que les sciences humaines revêtaient une importance capitale. Cela a marqué toute sa carrière.
Plus qu’une biographie ou une (un peu tardive) nécrologie, cette dépêche est axée sur la place de Marion Créhange dans l’histoire de l’informatique et sur sa vision de cette science qu’elle a contribué à créer et développer.
Sommaire
- Les débuts de Marion Créhange, la préhistoire de l’informatique
- L’informatique et les sciences humaines
- Les regrets
- Quelques ressources et compléments
Les débuts de Marion Créhange, la préhistoire de l’informatique
Des dates
Pour commencer quelques dates pour bien situer Marion Créhange dans l’histoire (et la préhistoire) de l’informatique.
Marion Créhange :
— naissance à Nancy de Marion Caen, le 14 novembre 1937,
— licence en mathématiques, 1958, Marion Caen, toujours étudiante, devient assistante responsable des travaux pratiques de calcul en 1959,
— 1961, elle soutient la première thèse de 3e cycle française en informatique : Structure du code de programmation, une thèse, semble-t-il, pas numérisée.
L’informatique :
— construction des premiers calculateurs électroniques, les Zuse ayant une mémoire et une programmation limitée en Allemagne, 1937,
— construction de l’Atanasof-Berry Computer, reconnu, par voie juridique, comme le tout premier ordinateur, 1942,
— sortie de l’IBM 604, 1948,
— premières livraisons de l’IBM 650, 1954.
Et un parcours
Pendant l’année universitaire 1957-1958, la toute jeune Marion Caen, dont c’est la dernière année de licence de mathématiques à l’université de Nancy, prépare le certificat de physique générale. L’un de ses professeurs, Jean Legras, intéressé par l’analyse numérique et qui pouvait accéder une machine à calculer programmable, l’IBM 604, dans les locaux d’IBM, lui propose de travailler dessus.
Le programme de cette machine était câblé. Il n’était donc pas enregistré et il fallait, chaque fois que l’on voulait changer de programme (donc, de calculs en l’espèce), démonter le programme pour en écrire un nouveau en branchant et débranchant les fils du tableau de connexions. Il avait huit mots de mémoire de six caractères. Marion Créhange en gardera :
un souvenir cuisant [qui] est resté gravé dans mes doigts : pour préparer un nouveau programme, il fallait commencer par enlever toutes les fiches du programme précédent, coincées par des confettis, en tirant si fort que la fin du démontage nous laissait les doigts en sang.
Elle travaillera par la suite, plus confortablement, sur le deuxième ordinateur commercialisé par IBM, l’IBM 650. Lequel avait une mémoire à tambour magnétique rotatif où étaient stockées les données. Pendant l’année universitaire 1958-1959, elle formera ainsi ses condisciples à l’utilisation de cette machine. Il va sans dire qu’à la fin de l’année, elle a passé ses examens comme les autres. Devenue Marion Créhange, jeune mère d’une petite fille et future mère d’un garçon, elle formera également à l’utilisation de la machine, en 1962, Claude Pair qui deviendra son directeur de thèse d’État.
Dans ces temps héroïques, changer de machine équivalait à devoir tout réapprendre, notamment le langage de la machine qui lui était propre. Ce que soulignera Claude Pair dans son discours à l’occasion de la retraite de Marion Créhange :
À l’époque, passer d’une machine à une autre, c’était presque tout rapprendre. Il y avait sans doute des concepts, mais ils étaient bien cachés. Même
go to
, c’était par exemple 44 et on sautait si l’accumulateur gauche n’était pas nul : en fait, il y avait, j’ai vérifié, 14 types de saut conditionnel dont 10 particulièrement farfelus : s’il existait un 8 dans une des 10 positions décimales d’une mémoire appelée distributeur. Car, bien sûr, on travaillait en langage machine ; la seule concession, c’était qu’on utilisait les chiffres décimaux et pas seulement 0 et 1.
Elle apprend aussi, avec Claude Pair, le langage PASO, Programme d’Assemblage Symbolique Optimum qui, pour reprendre la description qu’il en a faite : « permet 1) de passer de l’écriture d’un programme en lettres à un programme en chiffres et, 2) il optimise. »
Une opération indispensable pour ce type de machine à mémoire à tambour qui faisait un tour en 4,8 millisecondes.
L’objet de sa thèse de 3e cycle, soutenue en mars 1961, était de : « créer un langage de programmation (CDP pour code de programmation), plus synthétique que le langage machine, un “langage d’assemblage”. Il est beaucoup moins évolué que Fortran qui vient de naître mais que nous n’avons pas ; mais il est simple à utiliser et apporte une réflexion sur des questions de fond : il permet à un même programme d’être interprété ou compilé, introduit les concepts de sous-programmes, d’indexation des opérandes, d’optimisation du rangement sur le tambour, de modularité et de paramétrage permettant des extensions du CDP vers des utilisations spécialisées. »
Une thèse qui, elle le constatera plus tard avec étonnement, n’a pas de bibliographie. Mais est-ce si étonnant pour une science toute neuve en train de se créer ?
En 1964, elle participe à l’écriture du compilateur Algol 60. Lors du colloque Claude Pair, le 14 juin 2019 à Nancy, elle raconte cette épopée où les trois autres participants1 devaient faire vite car pressés par le service militaire et, qu’en outre, il fallait faire des aller-retours constants entre Metz où était la machine mise à disposition par IBM, uniquement en dehors des heures de travail, et Nancy. Ce qui pouvait amener la fine équipe à revenir au petit matin.
Le compilateur avait ceci de remarquable, outre qu’il était plus proche du langage naturel que le langage assembleur PASO, qu’il pouvait être utilisé sur n’importe quelle machine, IBM, Bull, etc. Ce qui n’était pas, alors, le cas du Fortran par exemple qui ne pouvait être utilisé que sur une machine IBM (oui, ça a changé après).
L’informatique et les sciences humaines
Pour Marion Créhange, si l’informatique est une science en soi : « en elle-même ou dans sa mise en œuvre, elle est pluridisciplinaire : pour nombre de ses réalisations, le domaine d’application est extérieur à l’informatique et, même, la démarche d’informatisation fait souvent appel à d’autres disciplines. »2
Et elle pensait que les sciences humaines revêtent une importance capitale. Préoccupation qui est apparue très tôt dans son parcours. En 1970, avec Lucie Fossier, archiviste paléographe et, à l’époque, Attachée à la Section de Diplomatique de l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes (IRHT), une unité de recherche du CNRS spécialisé dans la recherche fondamentale sur les manuscrits médiévaux et les textes anciens, elle travaillera sur un essai de traitement sur ordinateur des documents diplomatiques du Moyen Âge. Le projet n’aboutira pas, mais la lecture de l’essai est riche d’informations. Tout d’abord, il montre une méthode de réflexion, dont le principe peut encore servir aujourd’hui et ce d’autant plus qu’il parle de recherche en langue naturelle, ce qui était absolument innovant à l’époque. Ensuite, il est intéressant de voir, et lire, le résultat d’un travail de recherche entre deux personnes avec des bagages universitaires si différents. Et enfin, c’est un document détaillé et très lisible à la fois sur la connaissance de l’utilisation de l’informatique dans le domaine de la recherche documentaire et sur l’existant.
Elle poursuivra ce type de collaboration interdisciplinaire pendant toute sa carrière et avec des personnes dans diverses disciplines : histoire, médecine (notamment sur le traitement de l’image pour la médecine), linguistique, etc.
En 1988, elle publie dans Le Médiéviste et l’ordinateur : Par et pour la recherche d’images : EXPRIM un article sur l’importance des images en histoire. Les temps étant venus où il était possible de stocker des images « sans frais excessifs » 3, elle y décrit le système EXPRIM (EXPert pour la Recherche d’IMages) sur lequel travaille son équipe au sein du Centre de Recherche en Informatique de Nancy4 (CRIN). L’une des idées clés du système était qu’il devait avoir des capacités d’apprentissage. Elle publiera par la suite plusieurs articles sur cette question de la recherche d’images.
Dans une communication donnée le 17 juin 2005 sur Les Apports réciproques entre informatique et sciences humaines à l’Académie de Stanislas dont elle était membre, elle détaille la typologie des apports de l’informatique aux sciences humaines par grande catégorie :
- les traitements numériques, notamment les statistiques qui peuvent nécessiter des calculs assez lourds,
- la conception de modèles : elle pensait que « la modélisation en elle-même est souvent un réel apport au domaine d’application, en particulier en sciences humaines : elle oblige à une certaine exhaustivité, à de la cohérence, à une compatibilité de raisonnement avec d’autres domaines, et même elle donne quelquefois un moyen d’expression de ces raisonnements. Tout cela fait d’ailleurs partie de la démarche scientifique. »
- l’aide à l’échange d’informations entre l’être humain et l’ordinateur, elle pensait aussi, notamment (?) aux dispositifs d’assistance pour les personnes handicapées,
- la recherche et la gestion des informations, évidemment,
- la représentation et la manipulation d’objets complexes : du texte ou du multimédia,
- l’Intelligence Artificielle (IA, ou pour reprendre ses termes, la manipulation explicite des connaissances).
Elle y décrit des applications informatiques pour les sciences, cela va de la géographie (les systèmes d’information géographique par exemple), à l’histoire et l’archéologie (modélisation et reconstitution de sites ou d’objets par exemple), en passant par l’histoire de l’art, la linguistique et les langues (notamment la traduction automatique), les sciences de la communication, de l’éducation ou encore, le droit et la gestion. Elle parle d’apports réciproques des unes à l’autre, l’informatique étant une science au service de toutes les autres elle tire aussi profit des sciences humaines. Chaque science humaine apportant sa pierre au développement.
Ainsi :
Les travaux sur la syntaxe et l’analyse syntaxique, sur les liens entre syntaxe et sémantique, etc. ont eu des retombées essentielles en compilation, en théorie des langages de programmation, en calcul formel.
Les sciences de la communication et de la psychologie ont eu un rôle essentiel dans la réalisation des interfaces Hommes-Machine, la psychologie et les sciences cognitives sont des éléments clés pour l’IA.
Elle conclut par ce qui a été aussi un de ses moteurs, elle qui a également été violoncelliste :
Clamons, en conclusion, que l’informatique doit libérer et non contraindre, aider à l’imagination et à la création, et non restreindre à des schémas préétablis ! Informatiser ne devrait pas entraîner de radicalisation, de sécheresse ! Et je reprends avec grand plaisir le vœu qu’a émis notre confrère Michel Hachet à la fin de son si joli hommage aux fileuses : « on ne doit pas sombrer dans le statut d’esclave de ces admirables machines ».
Les regrets
Marion Créhange estimait qu’elle était née trop tôt. En effet, si les problèmes de puissance étaient plutôt un facteur positif dans la conception des algorithmes puisque cela imposait d’avoir des réflexions qui n’auraient pas eu lieu sinon :
maintenant, certains problèmes sont traités avec des algorithmes moins subtils qu’avant, car le temps et le volume d’information ont moins besoin d’être économisés, contrairement au temps humain5.
En revanche, utiliser l’informatique pendant ces temps « héroïques » était aussi ne pas avoir accès à la fabuleuse bibliothèque qu’est devenu internet avec le World Wide Web et les outils d’interrogation, en langage naturel qui vont avec. Ce qui manquait cruellement à son époque. Elle est partie à la retraite en 1995, donc à peu près au moment où le web commençait à se développer. Toutefois, elle était : très impressionnée, maintenant, d’avoir participé à une évolution historique… » et de ne s’en être rendu compte que plus tard.
Elle regrettait également de n’avoir pas eu une culture suffisante en mathématiques qui aurait été utile pour ses recherches en informatique. Et aussi, ce qui explique sans doute en partie sa faible notoriété de son vivant, de n’avoir pas assez publié.
Quelques ressources et compléments
L’informatique et Nancy
Les trois personnes dont il est question dans cette dépêche : Jean Legras, Claude Pair et Marion Créhange sont trois des personnes qui ont fait de Nancy un pôle d’innovation dans le domaine informatique. Jean Legras en est le fondateur historique. C’est lui qui a attiré Claude Pair, qui deviendra directeur du CRIN à Nancy et qui sera le premier président de la Société des personnels enseignants et chercheurs en informatique de France (Specif). Et, comme cela a été dit, c’est lui qui a poussé Marion Créhange à faire de l’informatique.
Marion Créhange et Marie-Christine Haton en ont dressé l’historique (lien vers le pdf) pour la revue Technique et Sciences Informatiques (TSI). Pour compléter, on pourra aussi trouver le résumé des interventions sur l’Histoire et la mémoire de l’informatique universitaire à Nancy (1950-2010) lors d’une journée organisée en 2019 par les Archives Henri Poincaré. Ainsi que les vidéos des interventions dans le cadre du colloque Claude Pair qui a eu lieu la même année. Je me suis servie de la vidéo de l’intervention de Marion Créhange pour cette dépêche. Elle parle de l’aventure de l’Algol 60. Le début de son intervention est à 27:59.
Un peu plus sur Marion Créhange
Je me suis abondamment, et principalement servie des écrits de Marion Créhange, notamment :
- sa communication du 17 juin à l’Académie de Stanislas, la citation dans l’introduction de la dépêche vient de là,
- l’article Ma randonnée informatique de la revue Interstices qui donne, à mon avis, un éclairage très intéressant et personnel, Marion Créhange écrivait dans une langue agréable à lire,
- l’article sur l’Essai d’exploitation sur ordinateur des sources diplomatiques médiévales, on peut lire le texte en ligne, télécharger le pdf, dans les deux cas, c’est du texte-image, mais le pdf est balisé, on peut aussi récupérer le texte brut qui a très peu de scories de l’OCR,
- l’article sur EXPRIM et la recherche d’images, également en ligne sur le portail Persée, une initiative du CNRS, au cas où vous ne connaîtriez pas qui « défend et privilégie une diffusion ouverte des métadonnées et du texte intégral en accord avec les éditeurs ». On peut accéder à 365 collections de plus de 900 000 documents du 19e au 21e siècle,
- le discours de Claude Pair à l’occasion du départ à la retraite de Marion Créhange.
Mais aussi, cet article, en anglais, qui évoque, en 2020, la suppression de la page Wikipédia de Marion Créhange et qui explique en quoi elle a été profondément novatrice. Quand on compare, les discussions sur les pages de Jean Legras, Claude Pair et Marion Créhange, on peut se dire qu’il y a, peut-être, en effet, eu un certain biais.
Pour finir, surtout si vous avez la bosse des maths, je suggère cette intéressante communication (à l’Académie de Stanislas ?), le 18 mars 2016 de Marion Créhange sur la musique et les mathématiques. Rappelons qu’elle était elle-même violoncelliste d’un bon niveau.
-
Jaques André, Michel Cusey et Alain Floc'h. ↩
-
Académie Stanislas, 2004-2005, communication de Madame Marion Créhange, séance du 17 juin 2005, l’Académie Stanislas est une société savante nancéienne. ↩
-
Dans les années 1970, il fallait abréger les titres de revues pour le catalogage sur ordinateur pour ne pas encombrer les mémoires. Il existait des listes d’abréviations plus ou moins normalisés que les documentalistes et bibliothécaires devaient utiliser. ↩
-
Le CRIN deviendra le Loria, Laboratoire lorrain de Recherche en Informatique et ses Applications en 1997. ↩
-
In Ma randonnée informatique, Interstices, 13/10/2021. ↩
Aller plus loin
- Académie Stanislas, un genre de CV (46 clics)
- Ma randonnée informatique (37 clics)
- The first French computer science thesis author was... a woman, Marion Créhange (but nobody knows) (26 clics)
- « Elle apparaissait comme un personnage » : Marion Créhange, pionnière française de l’informatique (29 clics)
- Sa page Wikipédia (92 clics)
# Lien cassé
Posté par Vincent-Xavier JUMEL (site web personnel) . Évalué à 2.
Devrait être https://fr.wikipedia.org/wiki/Atanasoff%E2%80%93Berry_Computer
[^] # Re: Lien cassé
Posté par lolop (site web personnel) . Évalué à 2.
Et correction, son nom tout au début du premier paragraphe. Créhange pas Créchange.
Votez les 30 juin et 7 juillet, en connaissance de cause. http://www.pointal.net/VotesDeputesRN
[^] # Re: Lien cassé
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.
Tout corrigé merci.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
# Évolutions techniques
Posté par lolop (site web personnel) . Évalué à 8. Dernière modification le 24 avril 2022 à 11:09.
Je suis toujours saisi lorsque je regarde ce que les gens de cette génération¹ ont pu voir au niveau des évolutions techniques² et de leur accélération.
Rien qu'en regardant Farrebique (pourtant 1946), le décallage est impressionnant.
¹ Aussi celles un peu avant, qui ont vécu le 20è siècle à peu près complet.
² Sans parler des évolutions sociétales et de 2 guerres mondiales…
Votez les 30 juin et 7 juillet, en connaissance de cause. http://www.pointal.net/VotesDeputesRN
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Pol' uX (site web personnel) . Évalué à 9. Dernière modification le 24 avril 2022 à 13:40.
Lorsqu'elle était enfant (début 90 ?), ma compagne demandât à son arrière grand mère (centenaire ou quasi, née au XIXe) quelle invention avait le plus marquée sa longue vie. Sa réponse fut « les bottes en caoutchouc ».
Dans les années 60, seuls les logements neufs disposaient de salle de bain.
Lorsque j'étais enfant dans les années 80-90, communiquer au téléphone coûtait de l'argent (un luxe à ne pas abuser dans les familles modestes), le tarif était différentié si on appelait le même département ou le département voisin (attention à la facture pour les limitrophes), et le téléphone (filaire bien sûr) était fixe et partagé entre tous les membres de la famille.
Pendant cette même enfance, la TV c'était 3 chaînes, parfois 4, et il fallait se lever pour en changer (ou toucher à quoi que ce soit, sachant que toucher à quoi que ce soit était aussi le risque de se faire engueuler à cause de la dégradation du son et de l'image). Oui comme nous n'étions pas très riches, nous avons peut être eu du retard de ce coté, les TV c'était de la seconde ou n-ième main.
Bref, ces quelques éléments apprennent à relativiser l'intemporalité du « modèle de vie français », celui qu'on oppose au « modèle amish ». :)
Adhérer à l'April, ça vous tente ?
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Pierre Jarillon (site web personnel) . Évalué à 1.
Mon père, né en 1905, a vécu les débuts de la radio que l'on nommait TSF. Il a participé à l'électrification des campagnes à une époque où un électricien pouvait connaitre tout ce qui était électrique (moteurs, téléphone, radio…). Il a ouvert son magasin de vente et réparation de radio puis de télévision. Féru d'Hifi, il a fait de nombreux enregistrements et gravé des disques. Il est décédé à presque 99 ans et a vu une évolution prodigieuse.
Je me souviens des premières tentatives de réception de télévision à Melle (79500) sur l'émetteur de Bourges (on devinait l'image), puis sur Limoges Les Cars. J'ai aidé mon père à installer des antennes pour recevoir la seule et unique chaine de télévision en noir et blanc avec 819 lignes. J'ai vu les premiers postes de radio à transistor.
Au début de mes études à l'université, on étudiait les tubes à vide et j'ai vécu le passage aux semi-conducteurs. On est passé de la 12AT7 à l'OC91 ! Les microprocesseurs sont apparus quand j'ai quitté la Fac. Après, comme beaucoup d'électroniciens, j'ai mal tourné et je suis tombé dans l'informatique…
Depuis un mois, je roule dans une Tesla qui est à mon avis la voiture la plus techniquement avancée (Processeur Rysen et IA). Il y avait des ordinateurs portatifs, portables, transportables et maintenant transporteurs ! On est bien loin des premières automobiles…
J'ai beaucoup aimé les progrès scientifiques et techniques, car ce sont eux qui font évoluer notre société. La littérature et les arts sont à ranger dans les divertissements. Si j'ai un problème matériel, ce n'est pas en récitant une poésie de Ronsard ou de Lamartine que je vais le résoudre. L'Éducation Nationale a bien du mal à s'en rendre compte.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Jehan (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10. Dernière modification le 25 avril 2022 à 03:51.
Je trouve le commentaire intéressant jusqu'à:
Si, la littérature et les arts font partie des choses qui font évoluer la société. Pour moi, même discuter de ce point montre à quel point il y a un problème de société de nos jours, où les technologistes pensent que tout se règlera par encore plus de technologie (cf. le "solutionisme technologique").
Au contraire, je pense que notre monde se met à marcher sur la tête, avec chacun s'imaginant qu'on peut bien continuer à foncer droit dans le mur car y aura bien "quelqu'un" (on sait pas qui, mais on nous fait encore croire au mythe du génie sorti de nulle part qui va tous nous sauver) qui va inventer la technologie qui va tout révolutionner. Donc en attendant, pourquoi sacrifier notre confort? Pourquoi moins consommer? Pourquoi moins polluer? Pourquoi arrêter les plastiques, le sur-emballage de manière générale, la surconsommation si pratique, acheter pour jeter, jeter pour acheter plus et "mieux", toujours "mieux" nous dit-on, etc.?
Se poser un peu, réfléchir, ça ne se fait plus, c'est has-been. Maintenant faut produire, être efficace (oups, pardon je veux dire "efficient"! Dans le monde corporate, tu trouves toujours un gars pour t'expliquer que c'est un concept trop différent et bien plus important qu'être efficace; perso je me dis juste que c'est quelqu'un qui croit justement que la littérature ça sert à rien et qui a donc pas dû lire beaucoup de livres!).
Non les arts, c'est pas juste du "divertissement". Ça c'est bien ce que certains essaient de faire croire ces dernières décennies, entre Hollywood, les "industries du divertissement", les grosses majors qui écrasent tout pour qu'on ne voit plus que leurs poulains à coup de gros marketing et d'usage abusif de droits d'auteurs… Mais il y a un monde derrière ces choses. Et c'est juste triste de ne pas le voir et de s'arrêter là.
Tout l'art n'est pas limité aux films de super-héros.
Notons que bien sûr que l'art peut aussi être divertissant, et encore heureux! De même que la technologie au passage! Mais ce n'est pas sa seule caractéristique, fort heureusement. Enfin bon cette vision utilitariste du monde m'attriste énormément et me fait comprendre bien mieux pourquoi tellement de choses vont mal. C'est sûr que si la seule chose qui compte dans la vie, c'est de "résoudre [des] problème[s] matériel[s]", je ne sais même pas vraiment quoi répondre.
Perso je n'ai plus de voitures depuis une bonne dizaine d'années, j'ai bien une moto de plus de 30 ans que j'utilise disons une fois par mois au plus, puisque la majorité de mes trajets sont à pied, sinon à vélo, ou encore en transports en commun pour les rares longs trajets.
Et non je n'habite pas Paris mais une petite ville de campagne pour ceux qui sortirait que c'est possible seulement pour les grandes villes.
Je ne dis pas que je n'aurais jamais plus de voiture, si jamais il y avait vraiment une situation où cela devait être inévitable. Mais j'aimerais et ferait tout pour éviter.
Les engagements associatifs dont je suis le plus fier? Notre petite asso de compost de ville locale, entre habitants du quartier, dont je fais partie des administrateurs; et l'asso vélo où je suis simple adhérent. Sinon bien sûr y a LILA, mais c'est de l'art libre qu'on fait, donc j'imagine que ça rentre dans la case "inutile" car "divertissement". 🙄
Perso je pense que l'informatique peut aider, mais certainement pas dans l'usage totalement débridé et sans aucun frein que nous en faisons de nos jours, pour tout et n'importe quoi, et surtout toujours plus, toujours plus…
Moi ce que j'espère, c'est plutôt que le monde se rende enfin compte que cette vision utilitariste et solutionniste du monde est en train de créer un enfer social, de même que ça nous emmène droit au mur écologiquement.
Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Pol' uX (site web personnel) . Évalué à 6.
J'aimerai abonder à tes côtés toi dans cette simplicité, et plus jeune je l'eut fait volontiers. Mais la crise de la biodiversité, de l'énergie et du climat—qui hélas sont maintenant pour partie déjà derrières nous—ne sera pas réglé par des artifices scientifiques et techniques seuls. Les changements structurels et culturels qui font les habitudes du quotidien sont nécessaires et contiennent une part très substantielle de la solution.
Et puis lorsqu'il sera devenu indécent de rouler en Tesla, tu pourra toujours te consoler avec Ronsard ou Lamartine. :)
Adhérer à l'April, ça vous tente ?
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Philip Marlowe . Évalué à 7.
Les gens qui achètent des Tesla me terrifient. Y a-t-il quelque part un robinet à lithium qui permet de s'en fournir sans tout dévaster autour ?
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Pierre Jarillon (site web personnel) . Évalué à 4.
Il faut regarder les vidéos d'un docteur en environnement dit "Le Réveilleur" sur Youtube ou celles de The Choucroute Garage, un passionné alsacien d'automobile.
Ils n'ont pas d'approche dogmatique, mais au contraire des données sourcées et validées sur des sujets concernant nos ressources en matières premières et en énergie.
Les fausses informations dans ces domaines sont bien plus diffusées que les autres, en toute bonne foi par des gens bien intentionnés, mais manquant de culture scientifique et technique.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Philip Marlowe . Évalué à 5. Dernière modification le 25 avril 2022 à 12:19.
J'ai vu ces vidéos. J'entends aussi parler des projets d'extraction de lithium, en Serbie, en Bretagne… qui n'ont pas le don de plaire aux populations proches.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 3.
Nous ne sommes pas condamnés à ne pouvoir produire des batteries qu'avec du lithium. Par contre nous sommes condamnés à bientôt devoir nous passer de combustibles fossiles.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Philip Marlowe . Évalué à 7. Dernière modification le 25 avril 2022 à 14:50.
Pour l'instant le lithium est nécessaire. C'est la taille, la masse et la vitesse des voitures électriques qui aggravent les besoins en quantité de ce métal. Pour l'instant il n'y a pas de contraintes réglementaires les concernant pour limiter la quantité de matériaux constituant les accumulateurs qui équipent ces véhicules. À l'heure actuelle les voitures électriques sont dimensionnées pour remplacer celles thermiques avec le même cahier des charges concernant leur utilisation, c'est à dire sans changer les mœurs quant à l'usage de l'automobile. Pour avoir une transition écologique, encore faut-il qu'il y ait également un changement, un infléchissement, une transition concernant l'usage de l'automobile, comme dans tous les autres domaines. Une Tesla a couramment une masse de plus de 2 000 kg, même si pour le modèle le plus petit ce n'est que de 1 600 kg (une Renault Zoé, plus de 1 400 kg, pas beaucoup mieux).
[edit: mise au point]
Ah oui, je n'écris pas ça pour défendre la voiture à moteur thermique, qui n'est guère défendable.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 3.
Bien sûr. C'est un des points du récent livre « Climat, crises : Le plan de transformation de l'économie française » par The Shift Project (février 2022). Il faut des voitures électriques, au moins au début, parce que le plus urgent est de supprimer les combustibles fossiles, mais, en même temps, il faut qu'elles soient plus légères, plus aérodynamiques et moins rapides, pour consommer moins d'énergie et moins de ressources, en particulier les métaux.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Philip Marlowe . Évalué à 4.
Les constructeurs automobiles ont prétendu que la voiture thermique qui consomme deux litres par cent kilomètres est prête. Jancovici avait sauté sur ça pour dire que dans ce cas il faut tout de suite les sortir et les utiliser. L'urgence est là, la sobriété, que ça concerne les voitures thermiques tant qu'électriques.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Pol' uX (site web personnel) . Évalué à 5.
Jeune ingénieur j'avais lu cette étude fort intéressante : http://inter.action.free.fr/publications/auto-eco/AUTO-ECO.pdf
Elle intégrait notamment des exemples de concepts cars plus ou moins sobres et plus ou moins avancés. Personnellement je pense que ma voiture du futur devrait ressembler à une méhari revisitée / électrifiée. :)
Adhérer à l'April, ça vous tente ?
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 6.
J'ai un problème matériel : comment produire une réponse à une telle énormité, sans colère, sans injures, sans méchanceté ni trop de moquerie ?
Je suis sûr qu'il existe des exemple dans la littérature, mais là, je ne trouve pas, ma culture littéraire est manifestement trop limitée. Dommage.
.
.
.
Bon, cela dit je viens de lire un merveilleux livre de science-fiction qui peut nous aider. L'histoire est celle de 4 astronautes envoyés explorer des planètes sur lesquelles la vie s'est développé ou est susceptible d'exister. Le livre est le dernier rapport de mission, il est écrit par l'ingénieure de bord. Ce dernier rapport est envoyé à la Terre une fois leurs missions accomplies parce qu'ils ont une décision difficile à prendre. En effet la situation, déjà compliquée sur Terre (nous sommes au XIIe siècle) à cause du changement climatique, a continué à empirer. Maintenant ils ne reçoivent plus d'information de la Terre et ils peuvent légitimement supposer qu'ils sont les derniers astronautes humains. Ainsi tout ce qu'ils décident concernant leur interaction avec d'autres espèces vivantes engage l'humanité entière. Ils ont donc besoin d'une réponse : continuer l'exploration ailleurs parce que seuls eux peuvent encore le faire, ou bien rentrer sur Terre.
Le rapport est rédigé par l'ingénieure de bord, celle qui n'est pas scientifique, celle qui est là pour résoudre les problèmes matériels et veiller à ce que tous les systèmes fonctionnent comme prévu.
Et pourtant, pour convaincre la Terre de répondre et de prendre une décision, elle fait de la littérature. Elle raconte les difficultés, les surprises, la passion des scientifiques, les découvertes et surtout l'émerveillement que ces découvertes suscitent en eux. Elle explique pourquoi ils ne peuvent décider seuls. Et tout cela transforme un rapport de mission en objet littéraire bouleversant.
Le livre : « Apprendre, si par bonheur » de Becky Chambers (2019 et 2020 pour la traduction française).
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Nattes . Évalué à 0.
Ah merci j'aime beaucoup Becky Chambers. Cela me rappelle la nouvelle de James Tiptree Jr "Houston, Houston do you read" qui adresse spécifiquement la gestion des émotions et des fantasmes comme étant pertinente pour prendre des décisions. Elle adresse aussi la question de la violence envers les femmes. 4 astronautes masculins sont perdus dans l'espace et tentent de rentrer sur terre. Ils sont interceptés par un vaisseau spatial constitué d'un équipage entièrement féminin : il n'y a plus d'hommes sur la terre, et les femmes ont désormais recours à la parthogénèse et au clonage pour se reproduire. Ces hommes ont fait sans le savoir un bon dans le temps et vont découvrir peu à peu la réalité, ce qui remet en cause bien des choses et s'avère difficile pour eux.
La problèmatique des femmes est la suivante : faut-il les laisser revenir sur Terre ou pas ? James Tiptree Jr écrivait sous une identité masculine, mais était en fait une femme de 60 ans, Alice Sheldon ce qui rend la nouvelle d'autant plus croustillante. Je crois que Becky Chambers s'en est inspirée.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Pierre Jarillon (site web personnel) . Évalué à 4.
En consultant la notice, je suis tombé sur https://www.tesla.com/legal/additional-resources#open-source qui contient https://github.com/teslamotors/linux
Tout n'est pas en logiciel libre ou opensource dans cette voiture, mais 20 ans plus tôt, Linux au cœur d'une automobile, cela aurait fait les gros titres chez les libristes.
Mon téléviseur utilise aussi Linux, mes caméras de surveillance aussi. Par ailleurs, le top 500 montre que les 500 plus gros ordinateurs du monde sont tous sous Linux. Seulement 50 ans nous séparent de la thèse de Marion Créhange. Une sacrée évolution !
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 3.
Inutile d'essayer de nous rajeunir, ça fait 61. ;-)
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10. Dernière modification le 25 avril 2022 à 16:46.
Comme d’autres avant moi je rebondis là-dessus qui me met profondément en colère. Ce n’est pas la première fois que sur LinuxFr.org je sens un dédain de ce qui n’est pas scientifique.
Les arts sont aussi un vecteur de circulation de l’information. On pense que la poésie, de part sa forme aisément mémorisable, a servi de transmission du savoir dans les cultures orales. Ils ont un rôle fondamental. Par exemple, quand Germaine Tillon a écrit avec ses co-détenues son opérette Le Verfügbar aux Enfer au camp de concentration Ravensbrück, c’est parce que ce « simple divertissement » leur permettait de mieux supporter la dureté du camp. On ne voit pas trop comment la science, qui servait plutôt dans ces camps au détriment des déporté·e·s, aurait pu, dans ces circonstances, leur servir à quoi que ce soit. Et le fait d’être musicien a même sauvé quelques personnes.
Lapidairement, sans littérature, pas de dictionnaires car ils utilisent la littérature pour les exemples. Sans dictionnaire, difficile de faire les trucs de science que sont les outils de recherche en langage naturel. Difficile aussi de mettre en place une IA sans littérature. Parce que ces choses là ont besoin de données au départ pour apprendre ensuite. Ce qui caractérise un mot, outre son type, son orthographe, son genre et ses déclinaisons, c’est son sens, ses antonymes, ses synonymes et la proxémie qui va donner le sens dudit mot quand il est polysémique.
La littérature, outre l’aspect récréatif, qui peut être salutaire (donc utile pour la science qu’est la médecine) peut être un outil d’analyse formidable d’une société (ah j’oublie, la sociologie et l’anthropologie étant des sciences humaines, sont forcément des sciences de qualité inférieure). On peut même y trouver des savoirs oubliés. Pour autant que je sache, la littérature de science-fiction, écrite par des gens dotés d’imagination et qui ne s’encombraient pas forcément des limites de leur réalité, a pu servir d’inspiration à des scientifiques pour des recherches et des inventions.
Enfin, si on parle des arts picturaux, ils sont essentiels non seulement pour la transmission des savoirs mais aussi pour retrouver des savoirs oubliés. Si je veux me mettre au sprang par exemple, aller dans un musée peut être une démarche tout à fait efficace.
Je rejoins Jehan sur ta vision utilitariste. C’est triste.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Pierre Jarillon (site web personnel) . Évalué à 6.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit. La phrase commence par « Si j'ai un problème matériel… ». Je maintiens que la poésie ne me sera pas utile pour le résoudre.
Sachez que je suis un grand amateur de musique classique, que j'ai un abonnement à l'opéra de Bordeaux, que j'essaie de ne rater aucun des concerts de Raphaël Pichon, que la sculpture qui m'a ému, c'est la Pietà de Michel-Ange…
Je ne mélange pas tout, ce n'est pas non plus avec une petite chanson que je vais réparer mon ordinateur.
Je me souviens d'un film de Charlie Chaplin où l'on voit des centaines de personnes dans une grande salle (les temps modernes). J'ai cru que c'était une salle d'examens jusqu'à ce que je me rende compte que c'était une banque d'avant l'ère informatique. À Paris, il n'y a plus de ramasseurs de crottin (mon père les a vus) qui allaient le vendre aux champignonnières. Ce ne sont que des petits exemples des changements de notre société dus aux sciences et techniques
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Big Pete . Évalué à 10.
Tu auras remarqué le concert de protestations que ta remarque a suscité, sur le thème fort intéressant de notre rapport à la technique. Linuxfr est décidément un site de philosophes.
L'idée, est effectivement peut-être de s'interroger sur notre vision du monde, de la façon dont on considère ce qui nous entoure. Nous aurions une certaine tendance à juger de l'utilité de la nature, et aussi de nos propres créations avant tout chose.
On parle d'utilitarisme au sujet de cette idéologie et généralement, on lui oppose la critique suivante : une fois l'ensemble du monde qui nous entoure jugé sous l'angle de son utilité, il va rester un problème fondamental, à quoi le juge sert-il ?
Et là il se pourrait qu'on se rende compte que l'on ne sert absolument à rien. Mais vraiment, que l'on soit sois-même totalement inutile. Voire même du point de vue de l'univers que l'on habite, encore pire qu'inutile, insignifiant. C'est à dire que notre disparition ne changerait absolument rien à la marche du monde. Donc on ne servirait à rien et notre propre existence n'aurait alors aucun sens.
Devant ce terrible constat, il s'ouvre un gouffre béant, bien connu de ceux qui se sont tenté à cette réflexion, celui de la crise existentielle. Elle peut plonger sa victime dans une profonde dépression, il faut vraiment s'en méfier comme de la peste.
Comment s'en sortir ? C'est finalement assez simple. Le beau est notre gilet de sauvetage. (je suis marin, hein, parlons de parachutes pour les aéronautes, ou de ceinture de sécurité pour les automobilistes, c'est a dire de truc utiles à éviter le pire, je ne parlerais pas des cyclistes, car ce sont de dangereux inconscients qui ne veulent pas mettre de casque).
Donc voila, la poésie est le seul truc vraiment indispensable, car elle nous donne une ultime raison d'être. Et c'est en cela, je pense, que ta remarque à pu provoquer une telle réaction. Par une certaine maladresse, elle aurait remis en cause cette raison d'être.
Tu peux douter de ce que je raconte ici, et je t'en remercie par avance, car l'utilité d'un forum que d'y subir la contestation. Mais permet-moi quand même de conseiller à ce sujet, la conférence de David Elbaz, astrophysicien renommé, disponible sur la chaine youtube de vulgarisation scientifique : Ideas in Science : L'UNIVERS EST-IL BEAU PAR HASARD ?
C'est loin d'être le seul scientifique a se retrouver plongé dans cette réflexion. A force de passer son temps le nez dans les étoiles, on finit forcément par ce poser cette question :
Mais bon sang, à quoi tout ce bordel peut-il bien servir ? Bah oui, c'est plus fort que nous, c'est dans notre nature, que de chercher une utilité à tout.
Faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Yves Bourguignon . Évalué à 8. Dernière modification le 25 avril 2022 à 19:06.
Ben si, justement
Même si, effectivement ce n'est pas réciter qui permet de résoudre un problème, c'est avoir appris le poème et l'avoir étudié dans sa forme codifiée en vers, car les connexions synapsiales créées pour cet exercice sont durables et sont ensuite au service d'autres réflexions. Le pouvoir d'abstraire, de travailler avec des concepts et des idées résulte d'un apprentissage initial dès le primaire nécessairement basé sur des choses simples, enfantines et apparemment inutiles…
L'étude de poèmes, le travail en histoire et autres sujets à priori inutilisables pour piloter un avion ou construire une Tesla sont primordiaux en classe pour inciter les élèves à argumenter, justifier, expliquer. C'est prouvé par des études citées dans le lien ci-dessus, que les meilleurs en maths sont ceux qui ont beaucoup lu de littérature.
Et sinon, décorréler les arts et les sciences humaines de la science, ça conduit au scientisme le plus effrayant, celui dont parle beaucoup d'œuvres de science-fiction dystopiques.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Claude SIMON (site web personnel) . Évalué à 5.
Et on peut aussi citer la musique, qui permettrait d'améliorer ses notes en maths et en sciences…
Pour nous émanciper des géants du numérique : Zelbinium !
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Adeimantos . Évalué à 4.
Juste une remarque en passant : la discussion sur les bienfaits de la technique (ou ses apports négatifs) se heurte au problème suivant. Lorsqu'il faut prendre une décision politique majeure (déclarer ou non la guerre, changer la constitution, etc.), va-t-on ouvrir le capot d'une Tesla, ou appeler une dizaine d'ingénieurs du CEA ? Contrairement à une idée répandue (notamment par Francis Bacon au XVIe siècle, suivi par René Descartes [Discours de la Méthode, Partie VI]), "les progrès scientifiques font évoluer la société", certes, et très certainement de manière visible (cf. la disparition de la paysannerie dans les zones rurales du fait de la mécanisation); mais c'est "le souci de soulager la situation de l'homme" (the relief of humane state, dit Bacon), c'est-à-dire une réflexion morale et politique qui engage le désir de modifier les rapports humains, en présentant la technique comme le véritable moteur de l'Histoire humaine. Bien que ce point de vue garde toute sa valeur, il n'en reste pas moins vrai que les sociétés humaines ne trouvent pas leur fondations dans le levier, le fil à couper le beurre ou le téléphone GSM. De ce point de vue, le tournevis, les recherches sur l'électro-magnétisme ou la pharmacopée ne sont que des instruments en vue d'une fin qui relève de la littérature, des arts et de la réflexion sur les fins dernières de l'Homme. En effet, la manière dont l'Homme se représente sa situation dans le monde (sa Weltanschaung, si on préfère) n'est pas d'abord technique. On peut se demander en effet pourquoi les anciens Grecs et Romains (sans parler des Chinois), qui possédaient une culture mathématique (sauf l'algèbre analytique et le calcul intégral), n'ont pas inventé la machine à vapeur ou le moteur à combustion interne ?
Beaucoup se sont essayé à mathématiser la sociologie et l'économie pour en faire des instruments d'aide à la décision politique, par exemple dans les politiques de santé. Mais on voit bien qu'entre la gestion des flux (la circulation automobile, les cohortes de personnes âgées et malades, des stocks de denrées, etc.), qui en effet peuvent être modélisés et traités de manière technique, et la manière dont une société oriente son urbanisation (autour de la circulation automobile, ou bien autour d'équipements de transports collectifs ?) la réflexion doit s'appuyer en premier lieu sur des représentations qui n'ont rien de technique. L'idée, pour finir, selon laquelle le monde dans lequel nous vivons se constitue autour d'une matière exploitable et dont nous devons disposer à loisir grâce aux machines et à l'électricité (ce que les techniques de l'ingénieur nous proposent), est contre-balancée par la thèse selon laquelle il existe fondamentalement des secteurs qui ne sauraient être exploités, ni être réduits à une réification marchande, sans être passés au crible de réflexions bio-éthiques. Aussi voyons-nous se poser à nouveaux frais aujourd'hui comme hier la question centrale étudiée dans les programmes de philosophie de la classe de Terminale : "Ce que nous pouvons faire, devons-nous le faire ?".
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par pulkomandy (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.
Les romains ont inventé la machine à vapeur: https://fr.m.wikipedia.org/wiki/%C3%89olipyle
Ainsi que le piston, la pompe hydraulique, et plein d'autres trucs dont on pense aujourd'hui qu'ils sont beaucoup plus récents.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4. Dernière modification le 09 mai 2022 à 13:18.
Et l'imprimerie, y compris avec des caractères mobiles, a existé bien avant Gutenberg. Le plus ancien document imprimé qu'on a retrouvé est chinois et date de 868. Les caractères mobiles, eux-même, datent du XIe siècle, et sont chinois. L'apport fondamental de Gutenberg a été le caractère en plomb, plus résistant et facile à fabriquer à reproduire puisque moulé à partir d'une matrice, que les caractères mobiles en bois.
En fait, l'évolution des sciences et techniques n'est pas linéaire.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Pol' uX (site web personnel) . Évalué à 3.
C'est quand le X1e siècle ?
Adhérer à l'April, ça vous tente ?
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.
Corrigé, merci :-)
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Big Pete . Évalué à 9.
Ce qui est génial dans la machine à vapeur de James Watt, et qui en fait une véritable machine, ce n'est pas le fait de chauffer de l'eau dans une chaudière et d'en exploiter la force, le principe était effectivement surement connu depuis des plombes, mais le régulateur à boules.
Ce système de régulation basé sur une boucle de rétroaction c'est le début d'une aventure technologique absolument fondamentale pour l'époque moderne : la cybernétique
Note bien qu'on est encore qu'au tout début de cette révolution, pour l'instant, la machine à vapeur qu'est notre civilisation thermo-industrielle est visiblement incapable de s'autoréguler, d'où le merdier dans lequel elle fonce à toute vapeur en brulant des milliard de tonnes de combustibles fossiles.
La question à cent balles, c'est : est-ce qu'on va réussir a inventer un genre de "régulateur à boule" civilisationnel avant que cette super-méta-machine nous explose au nez ?
Faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette.
[^] # Arcom
Posté par jmiven . Évalué à 0.
Tu veux parler du successeur du CSA ?
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 6.
Ouvrons la séquence souvenirs (non, aucune nostalgie). Si je me réfère à l'histoire familiale, je dirais qu'il y a eu deux sortes d'évolutions techniques qui ont marqué au cours du 20e siècle. D'une part les évolutions techniques qui ont eu un impact fort (de l'ordre du changement de civilisation) sur la vie quotidienne et d'autre part celles qui faisaient rêver.
Pour la vie quotidienne, je citerai d'abord ce qui touche à l'eau et à l'hygiène : eau courante, tout-à-l'égout, toilettes à l'intérieur et non au fond de la cour, douche ou baignoire. Je pense qu'il y a eu aussi les élastiques, en particulier pour les sous-vêtements. Ensuite il y a la gazinière pour la cuisine puis ce qui dépend de l'électricité : réfrigérateur, petit électroménager comme le mixeur. Sans oublier bien sûr la radio, le téléphone et la télévision.
Dans les années 60 le téléphone était manuel, vous savez cet appareil en bakélite noire avec une espèce de manivelle, et coûtait cher. Pour appeler un numéro, on activait la manivelle pour appeler l'opératrice et on lui demandait par exemple "pour le 5 à XXX je voudrais Ségur 72 44 à Paris". Si c'était occupé ou que les lignes étaient encombrées, elle nous rappelait une fois qu'elle avait pu établir la communication. Quand il y avait de l'orage, il arrivait que le téléphone sonne tout seul.
Parmi les évolutions technologiques qui faisaient rêver il y a avait bien sûr l'avion. Enfin, l'avion qui permet de voir sa maison d'en haut ou d'aller au Bourget en à peine plus d'une heure. Pas celui qui bombarde la gare d'à coté de façon très approximative. Pour faire rêver il y avait aussi les fusées, celles qui transportaient des gens vers la Lune. C'est ma grand-tante de 83 ans qui a veillé toute la nuit du 20 au 21 juillet 1969 à attendre devant le poste de télévision (N&B, une seule chaîne, 819 lignes) pour venir nous réveiller un peu avant 4 heures quand Neil Armstrong s'est enfin décidé à sortir du LEM et à faire sa promenade sur la Lune.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Rozé Étienne . Évalué à 4.
Et ne pas oublier la machine à laver le linge ! la lessive était quand même une opération très pénible et chronophage avant.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par maroufle34 . Évalué à -3.
J'ai connu la bulle de l'an 2000 perso et les investisseurs y allaient à fond, presque peu importe le projet, des fois farfelu ou pas, certains sont devenus millionnaires, c'était la bonne époque de sysadmin pendant que l'éducation nationale disait que l'informatique était une filière morte. hahah
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Benoît Sibaud (site web personnel) . Évalué à 6.
Quand j'étais en école primaire, j'allais chez un pote pour jouer sur Amstrad CPC 464 (monochrome vert), ça démarrait quasi instantanément, par contre il fallait ~45 min pour charger un jeu depuis une cassette audio à bande magnétique ; du coup il fallait aller jouer au ballon dehors, puis revenir, constater si ça avait planté ou pas au chargement, puis jouer au jeu vidéo.
Puis j'ai eu un Amstrad CPC 6128 (multicolore), ça démarrait toujours instantanément, mais ça chargeait plus vite, et seuls quelques jeux nécessitaient de charger la disquette 1 puis la 2 puis la 1 puis la 3 puis…
Puis j'ai eu un PC 486 (puis un Pentium puis…), ça démarrait bien plus lentement, et il y avait des programmes sur une à plusieurs dizaines de disquettes.
Il y a eu des disques durs de plusieurs centaines de MiB, puis de plusieurs GiB, puis de centaines de GiB, puis en TiB. Et aussi des SSD, du coup ça re-démarrait rapidement (mais toujours moins vite qu'un Amstrad tout même :).
Ah oui il y a aussi eu le Minitel (télécharger un jeu pour CPC par minitel c'était long) puis Internet (RTC, ADSL, WiFi, fibre).
Processeur, mémoire, stockage, dispositif de saisie et de pointage, tout cela a bien évolué.
En dehors de l'informatique, en moins d'une vie donc : le VIH puis les premiers traitements, la chirurgie à distance, des guerres (Liban, ex-Yougoslavie, Irak et d'autres) et leur armement, bien plus de nucléaire et de solaire voire de l'hydrogène côté énergie, l'espace Hubble ou Mars, les biotechnologies, bien plus de robotique, l'apparition de LinuxFr.org…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_techniques / https://en.wikipedia.org/wiki/History_of_technology#20th_century
https://fr.wikipedia.org/wiki/Technologie_de_rupture / https://en.wikipedia.org/wiki/Disruptive_innovation
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 3.
Pour l'espace j'ajouterais : la première photo du disque terrestre entier, le clair de Terre du 24 décembre 1968, la première sortie extravéhiculaire sans être attaché au vaisseau en 1984.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 6.
L'imagerie médicale en règle générale. Où on est parti de rien, pour avoir tout (ou presque) sans être obligé d'ouvrir les gens. Et l'éradication de la variole.
Et tu as oublié aussi, Mageia, après LinuxFr.org.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Funix (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.
amstrad CPC 464, petit joueur, j'avais le 664 à disquette ! J'étais au collège, je programmais en basic mais je suis vite passé à l'assembleur.
Sinon pour en revenir au débat sur la place des sciences dite humaines et de la littérature vis à vis de la technique, en tant qu'ingénieur j'ai forcément un avis biaisé, mais comme le disait Rabelais "science sans conscience n'est que ruine de l'âme", il faut de tout pour faire un monde.
https://www.funix.org mettez un manchot dans votre PC
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par maroufle34 . Évalué à -3.
J'ai eu un MO5 avant tout ça, ça se programmait en basic aussi, basic était très présent à l'époque….
L'assembleur était surtout pour du reverse engineering, perso j'avais un pote qui craquait les jeux sur atari ST ou Amiga les yeux fermés…Bon il a bossé pour Ubisoft plus tard entre autre.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par Ant . Évalué à 1.
Pour ma part, ma première expérience c'était sur ZX81, j'avais 18 ans ! mais l'expérience était sensiblement similaire au CPC 464, à part que le chargement des programmes était plus qu'aléatoire, de même que le fonctionnement général de la machine. Je pourrais citer néanmoins également la TI57 et ses 50 "pas" de mémoire, et son langage de programmation simplifié, mais sur lequel je me suis bien amusé avant d'avoir le ZX81.
Je ne résiste pas au plaisir de faire un petit peu de pub pour mes compatriotes Portugais : dans la région de mes parents s'est ouvert un musée du ZX Spectrum, mais pas que, on y trouve toute la production Sinclair, dont la fameuse "voiturette électrique" et d'autres machines de l'époque. Allez-y, ça vaut le coup d'oeil, la visite virtuelle est particulièrement sympa :
https://loadzx.com/en/
En effet, dans les années 80 (90?) il y avait un centre de production et recherche informatique Timex, qui devait produire les successeurs des ZX.
L'association édite également un fanzine, en Portugais, où j'ai appris que par exemple en 2020 étaient sortis environ 200 "nouveaux" jeux, qui sont généralement des suites ou "prequels" des jeux originaux, il y a même un concours des meilleurs jeux.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par pulkomandy (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.
N'exagérons rien.
à 1000 baud, on pouvait charger 48Ko (un jeu remplissant pas mal la mémoire) en 48 * 1024 / (1000 / 8) = 393 secondes environ.
ça fait un peu moins de 7 minutes. Un peu plus en comptant l'espace entre les blocs sur la cassette, les bits de synchronisation, et l'en-tête des blocs. Mais on est encore loin des 45 minutes.
Et ça c'est à la vitesse lente de la cassette et sans compression.
ça reste pas très rapide. Sur une disquette (double densité) on peut charger 9 secteurs de 512 octets en une rotation de la disquette, qui tourne à 300 tours par minute. Ce qui fait un maximum théorique autour de 23Ko/seconde, on pourrait donc, en théorie, charger le même jeu en moins de 2 secondes!
Cependant l'implémentation par défaut (sur l'Amstrad CPC) est beaucoup plus lente, il lui faut au moins 2 rotations de la disquette pour lire une piste, sans compter les délais pour se resynchroniser après un changement de piste. On sera donc autour des 8Ko/s en moyenne. Ce qui reste quand même bien plus rapide qu'une cassette.
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par HL . Évalué à 1. Dernière modification le 29 avril 2022 à 09:43.
A propos de ce qui se fait sur Amstrad CPC plus récemment : Annonce en 2019 de Vespertino, par BG Prods.
(D'autres de leurs réalisations sont visibles dans le teaser.)
[^] # Re: Évolutions techniques
Posté par lym . Évalué à 1. Dernière modification le 11 mai 2022 à 17:08.
Comme dit par ailleurs, 45mn de chargement on n'en était heureusement pas là! La mémoire joue des tours et celle d'un CPC464 n'aurait pas encaissé.
La K7, j'avais connu sur le Tandy mc10 rebadgé Alice par Matra qui le distribuait en France (repeint du blanc au rouge)… Ça m'avait incité, avec mes Hebdogiciel pour tuer le temps avec Alice, à attendre le CPC6128 (et ses disquettes 3", format jamais vu ailleurs) alors que bien des potes avaient sauté sur le 464 à K7.
Ensuite, il est vrai que ces machines démarraient vite. Il n'y avait il est vrai pas grand chose à démarrer mais tout de même, le PC est depuis l'origine une brouette à ce niveau.
Il est désormais courant de voir un PC récent avec SSD bien plus lent sur la partie démarrage initial (BIOS/UEFI) qu'a démarrer l'OS complet derrière. C'est dire.
Si on compare avec une architecture plus récente mais bien plus élégante et qu'on voyait bien, à la fin du siècle dernier, faire la nique au x86: Le PowerPC… on voit bien qu'il n'y a pas que la complexité d'un processeur moderne, ce qu'il y a autour et de l'OS derrière pour expliquer la différence. Le Betamax n'avait pas gagné lui non plus!
Un pré-OS de 2M de lignes de code lourd comme une Cadillac tournant sur sur un cylindre… forcément: D'un côté on avait le prompt d'un Linux embarqué (succédant à un u-boot bien plus simple et n'utilisant même pas systemd) en moins 15s tandis que de l'autre on est encore dans le bios.
Même ARM rejoint de plus en plus le PC à ce niveau, principalement en raison des firmwares (SCP/EBF/ATF) passant avant u-boot et passés loin devant le pendant ME d'Intel niveau temps d’exécution (ils font aussi plus de choses, dont l'init DDR), avant même de passer la main resp. à u-boot ou bios.
Le progrès n'est pas toujours bon à prendre… même si le suspend-to-ram évite désormais de devoir se taper trop de lancements de la fusée et ses multiples étages!
# Il paraitrait que Zuse est l'ancêtre de SuSE....selon certaines théories!
Posté par maroufle34 . Évalué à -5.
Il paraitrait que Zuse est l'ancêtre de SuSE….selon certaines théories!
[^] # Re: Il paraitrait que Zuse est l'ancêtre de SuSE....selon certaines théories!
Posté par Pol' uX (site web personnel) . Évalué à 4.
Mais seulement avec la Suze comme intermédiaire.
Adhérer à l'April, ça vous tente ?
[^] # Re: Il paraitrait que Zuse est l'ancêtre de SuSE....selon certaines théories!
Posté par maroufle34 . Évalué à -4.
C'est mamie Suze qui peut avoir la réponse, je ne vois pas d'autre explication…Parce que pas sûr que les Allemands connaissent la Suze…Tant pis pour eux :D
# Créhange ou Caen ?
Posté par Serge Julien . Évalué à 0.
Je m'étonne toujours de la subsistance encore très forte en France du nom d'usage, que je considère comme un reliquat d'une vison patriarcale un peu dépassée.
Alors oui, bien sûr, légalement une femme mariée garde son nom de famille, mais nombreuses sont celles qui usent ensuite de celui de leur mari, et qui ne sont plus connues que sous celui-ci, au point parfois de demander à le conserver en cas de divorce. Vu de Belgique, ça nous paraît un peu bizarre.
En Belgique, je crois –mais je peux me tromper– qu'il ne viendrait à l'idée de personne d'appeler mon épouse "<son_prénom_que_je_ne_divulgue_pas> Julien".
Car oui, évidemment, pour compliquer les choses, mon nom de famille, Julien, est aussi un prénom ;-) Et ce n'est pas Juste mon prénom, c'est Serge ;-)
[^] # Re: Créhange ou Caen ?
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4.
Moi aussi. Mais bon. Elle est connue comme Marion Créhange d'une part, d'autre part, à cette époque, il était mal vu qu'une femme mariée garde son nom à elle. Cela va même plus loin, jusque dans les années 1980, cela pouvait même, dans un divorce, se retourner contre elle (elle n'aimait pas son mari parce qu'elle n'a pris son nom).
Mais c'était aussi important de donner son nom à elle.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Créhange ou Caen ?
Posté par Pierre Jarillon (site web personnel) . Évalué à 4.
C'est comme Marie Curie née Maria Salomea Skłodowska : heureusement qu'il y a Wikipedia pour nous donner cette précision. Seule femme au Congrès Solvay de 1921 à 1930 (elles étaient 3 en 1933), deux fois prix Nobel…
La photo de 1927 m'émeut chaque fois que je la regarde. Autant de génies réunis pour définir la structure de la matière, c'est incroyable d'avoir pu les réunir (sans avion et sans Internet) !
[^] # Re: Créhange ou Caen ?
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 5.
Oh, à cette époque préhistorique, la poste, les trains (à vapeur) et les bateaux existaient déjà et fonctionnaient plutôt bien. En s'y prenant à l'avance, ça ne devait pas être si compliqué que ça de réunir 30 personnes. À moins de difficultés pour franchir les frontières.
[^] # Re: Créhange ou Caen ?
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 8.
Il y avait même le télégramme et le téléphone. Et, je me suis renseignée, on ne s'habillait plus que partiellement de peaux de bête et seulement dehors et par temps froid. Et encore, pas tout le monde.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Créhange ou Caen ?
Posté par Maderios . Évalué à 1.
C'est ce qu'on essaie d'expliquer depuis 40 ans, mon épouse et moi, à la mairie de notre village. Régulièrement, elle a le droit à "épouse Machin" sur sa carte électorale alors que mon nom, "Machin", ne figure nulle part sur ses papiers. Mais non, ils sont bornés, butés, font semblant de ne pas comprendre, jouent l'inertie. Après ça, certains politiques parlent d'interdire les pseudos. Ok, on est preneurs :)
[^] # Re: Créhange ou Caen ?
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.
J'ai une copine qui a eu les pires problèmes avec l'Urssaf à cause de ça quand elle était indépendante.
Il n'y pas si longtemps que ça sur un site de vente en ligne, après avoir indiqué comme civilité "Madame", il fallait à tout prix un nom de naissance (ou d'épouse je ne sais plus, mais un autre nom).
Le truc c'est de leur donner les textes de loi sous les yeux ou de leur demander sur quel texte ils s'appuient pour mettre sur la carte d'électeur un nom qui n'est pas à elle.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Créhange ou Caen ?
Posté par Maderios . Évalué à 2.
Je pense qu'ils le font exprès dans une sorte de démarche militante réactionnaire. Faut dire qu'ici, ils votent réac ou/et majoritairement facho. Abandonnés par l'Etat, ils se raccrochent au passé. Quand les politiques auront compris cela, le vote extrémiste disparaîtra.
[^] # Re: Créhange ou Caen ?
Posté par Faya . Évalué à 4.
Le Québec ( dont on parlait récemment sur ce sondage ) a résolu très simplement le problème : interdit (sauf exception) de changer de nom. Cette histoire de nom d'épouse n'existe plus.
Y'a pas à dire, les Maudits Français pourraient s'inspirer de leurs cousins pour pas mal de choses.
# Courriel de Pôle Emploi
Posté par Benoît Sibaud (site web personnel) . Évalué à 6.
(dans un courriel de Pôle Emploi pour un événement le 3 mai 2022 à Voie 15, Paris, Porte de Versailles, avec ecoleql.fr)
[^] # Re: Courriel de Pôle Emploi
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.
Cool ! Bon devenir la première femme à obtenir un doctorat en informatique, ça risque d'être difficile quand même.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Courriel de Pôle Emploi
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 5.
Certes, mais ils ne disent pas si un homme a jamais réussi à obtenir un doctorat en informatique. Il y a là peut-être une possibilité. ;-)
# Problème de chaussettes
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 6.
La gloire (!?).
Discussion:Marion Créhange/Admissibilité.
Oui, il y a des liens qu'il n'y a pas dans la page Wikipédia.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
# admissibilité sur Wikipédia
Posté par Nattes . Évalué à 0.
Il y avait surtout un manque de sources sur elle, qui ne pouvait être résolu que si ses pairs écrivaient des articles sur elle dans la presse ou dans un cadre académique.
Ce qui a été résolu en lançant un appel aux journalistes, mais malheureusement après sa mort. C'est quand même dommage que les personnes influentes de ce milieux n'aient pas pensé à écrire sur cette pionnière.
Cela dit elle n'est pas la première à avoir rédigé une thèse en informatique, elle est l'une des premières. La première est Mary Shaw https://en.wikipedia.org/wiki/Mary_Shaw_(computer_scientist)
C'est ce que le débat d'admissibilité a permis de découvrir : comme quoi les débats même lorsqu'ils sont empreints de stéréotypes peuvent aboutir à des découvertes intéressantes.
[^] # Re: admissibilité sur Wikipédia
Posté par Jean-Baptiste Faure . Évalué à 3.
J'avais compris que Marion Créhange avait soutenu la première thèse en informatique française. Mary Shaw est étatsunienne. De plus, d'après sa page Wikipedia, elle a soutenu son PhD en 1972 alors que Marion Créhange a soutenu son doctorat en 1961.
[^] # Re: admissibilité sur Wikipédia
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2.
Si je sais bien compter, 1961 c'est plus de dix ans avant 1972, mais je peux me tromper. Et oui, on parle de thèse française. Mais c'est discuté sur Wikipédia car on a trouvé un homme qui aurait peut-être, mais c'est pas sûr, fait une thèse de docteur-ingénieur sur le sujet avant.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
# Atanasof-Berry "Computer"
Posté par harlock974 . Évalué à 2.
Intéressant, je ne connaissais pas cette machine. En revanche je suis étonné qu'il soit considéré comme le premier ordinateur, vu qu'il n'était pas programmable. D'après ce que je comprends de la description très succincte, il s'agissait d'une calculatrice électronique a mémoire.
Après ça dépend de comment on définit "computer". Si c'est au sens de "calculateur" comme le voudrait une traduction littérale, alors ça passe.
Suivre le flux des commentaires
Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.