Musique libre la suite

Dans une précédente dépêche, nous donnions quelques pistes pour découvrir de la musique libre de manière accompagnée. C’est-à-dire, des moyens d’avoir une forme de mise en contexte des œuvres. Cette dépêche s’intéresse à où et comment trouver de la musique libre sur des plateformes et un peu sur les réseaux sociaux. Ce sont des pistes sans accompagnement.

Sommaire

• Musique libre et de libre diffusion
• Chercher sur les réseaux sociaux
  • Tests de différents hashtags
    • #freemusic
    • #musiquelibre
    • #CCmusic
  • Conclusion sur les réseaux sociaux
• Des plateformes
  • Les plateformes généralistes
    • SoundCloud
    • BandCamp
    • Peertube
  • Les plateformes spécialisées
    • Jamendo
    • dogmazic
    • The Free Music Archive
    • clongclongmoo
• Openverse, un moteur de recherche
• Conclusion

Musique libre et de libre diffusion

Pour rappel, la musique libre est à l’instar d’un logiciel libre, une musique qui peut être librement écoutée, copiée, distribuée et modifiée. Tout comme pour les logiciels, les clauses Non-Commerciales et Pas de modification ne sont pas compatibles avec les quatre libertés.

On va parfois trouver le terme de musique en libre diffusion qui englobe à la fois la musique libre stricto sensu mais également les licences incluant une clause Non Commerciale et/ou Pas de modification. Une certaine confusion existe régulièrement dans la mesure où régulièrement le label libre sera affiché alors qu’une de ces clauses est appliquée.

Nous éviterons par ailleurs de débattre du terme musique libre de droit que l’on retrouve également sur Internet et qui couvre parfois beaucoup de choses disparates.

Chercher sur les réseaux sociaux

On débute avec une piste pleine de confusions.

Premièrement, par rapport à notre catégorisation de avec et sans accompagnement, les réseaux sociaux se situent un peu dans l’entre deux. D’un côté, un post sur un réseau social permet de donner du contexte. D’un autre côté, les posts sont souvent assez succincts. Ensuite, on retrouvera très souvent voire systématiquement la confusion entre musique libre et de libre diffusion.

Tests de différents hashtags

En anglais, musique libre se dit Free music ou libre music. On pourra par exemple chercher sur Mastodon les mots-dièse #FreeMusic ou #CCmusic. En français, on peut tenter le #MusiqueLibre. Nous avons réalisé quelques tests sur Mastodon :

#freemusic

Les deux premiers résultats obtenus ont donné ceci et cela. Dans le premier résultat, le hashtag #ccbyncsa est également utilisé. Concernant le second, la musique proposée est sous licence CC-NC-ND. Les résultats suivants n’ont pas été plus probants.

#musiquelibre

Premier résultat très encourageant. Le hashtag #artlibre y est associé et cet artiste utilise abondamment la licence Art Libre qui est bien une licence libre stricto sensu. Par ailleurs, c’est une occasion de découvrir un artiste qui vaut vraiment le détour.

Le second résultat vous rappellera quelque chose :-)

Et on continue à trouver des résultats de musique vraiment libre. Si vous aimez la musique trad au violon, un site qui vaut vraiment la peine avec des enregistrements sous licence Art Libre.

L’impression est qu’avec ce hashtag il y a beaucoup moins de résultats qu’avec #freemusic mais que ces résultats sont bien plus proches de ce que nous recherchions.

#CCmusic

De manière peu étonnante, on obtient beaucoup de résultats avec des clauses non-libres. On peut essayer avec #ccbysa et on obtient pas mal de résultats vraiment libres mais dans l’ensemble une minorité de musique. Un phénomène similaire se produit avec #artlibre. Et, en tout cas, sur mon instance, chercher quelque chose avec deux hashtags ne semble pas fonctionner.

Conclusion sur les réseaux sociaux

En étant un peu audacieux vu la modestie de l’échantillon de test, on tirera les conclusions suivantes

1. Les termes qui font référence à de la musique libre sont souvent utilisés aussi pour des musiques sous licences non-libres pour cause d’usage de clause Non-Commerciale ou Pas de modification. La confusion est plus ou moins importante selon les termes précis et dans nos tests #musiquelibre donnait des résultats plutôt intéressants.
2. Les termes qui font référence à des licences libres donnent dans l’absolu des résultats pertinents en ce qui concerne la licence mais avec très peu de musique dans l’ensemble.

Les réseaux sociaux peuvent offrir de très belles découvertes  mais il ne semble pas que cela soit un outil efficace si l’on espère découvrir en masse de la musique sous licence libre.

Des plateformes

Les plateformes généralistes

Nous commençons par des plateformes populaires sans focus particulier sur la musique libre.

SoundCloud

SoundCloud a été fondé en Suède (à Stockholm) par le designer sonore Alex Ljung et l’artiste Eric Wahlforss, mais s’est installé à Berlin en août 2007. Le site permet d’abord aux musiciens de partager leurs créations sonores. Par la suite, il évolue en une plate-forme et un outil de publication et de distribution musicale en tous genres. (extrait de Wikipédia)

Sur SoundCloud, il n’est pas toujours simple d’identifier comme dans ce cas la licence utilisée. On ne s’étonnera donc pas de l’absence d’une option de filtre sur le type de licence utilisée. La bonne surprise est que la recherche des termes cc-by ou cc-by-sa donnent des résultats intéressants. On fera néanmoins attention vu qu’il peut y avoir des faux-positifs comme celui-ci obtenu en cherchant "cc-by". Ce résultat tend à prouver que les "" ne servent à rien.

BandCamp

Bandcamp est un magasin de musique en ligne qui s’adresse principalement aux artistes indépendants. Sur le site de Bandcamp, les utilisateurs disposent d’un espace qu’ils personnalisent avec les albums qu’ils téléchargent. Toutes les pistes des albums peuvent être lues gratuitement en ligne et certains artistes choisissent d’offrir des téléchargements gratuits de leur musique. (extrait de Wikipédia)

Sur BandCamp, les licences sont clairement indiquées même s’il faut pas mal de clics pour avoir les détails de la licence. Au niveau de la recherche, une agréable surprise quand on entre comme terme de recherche cc-by ou cc-by-sa, il nous est proposé de chercher les contenus étiquetés avec ces termes et on obtient respectivement ceci et cela. Et pour les quelques sondages que nous avons effectués, cela correspondait bien aux licences utilisées.

Peertube

Alors que les deux plateformes précédentes étaient des plateformes orientées musiques mais pas spécialement libre, nous nous trouvons ici avec une plateforme généraliste dans le sens où elle ne s’intéresse pas qu’à la musique. Par ailleurs, bien que Peertube soit un logiciel libre, rien n’oblige à y diffuser sous licence libre. Néanmoins, on peut imaginer que les libristes auront plus tendance à aller vers Peertube plutôt que vers une filiale d'Alphabet.

Pour rappel, PeerTube (/pɪʀtub/a en français ou /ˈpɪə tjuːb/b en anglais) est un logiciel libre d’hébergement de vidéo décentralisé permettant la diffusion en pair à pair, et un média social sur lequel les utilisateurs peuvent envoyer, regarder, commenter, évaluer et partager des vidéos en streaming. Il est créé en 2015 et est développé depuis 2017 par Framasoft. Il fonctionne sur le principe d’une fédération d’instances hébergées par des entités autonomes. (extrait de Wikipédia)

La porte d’entrée la plus naturelle est Sepia Search qui est un moteur de recherche dédié aux instances de Peertube. De premier abord, la recherche de mots tel que musique libre va aboutir aux mêmes difficultés que dans le cadre des réseaux sociaux. Cela n’est pas visible sur la page d’accueil mais une fois que l’on a effectué une recherche, un bouton filtre apparaît et si l’on clique dessus, on découvre une série de filtres possibles. Parmi ceux-ci, il y a la possibilité de filtrer sur la licence. En combinant un terme lié à la musique et un filtre sur la licence, on obtient pas mal (mais pas uniquement) de musique sous licence libre. Le pas uniquement porte sur le fait que l’on obtient parfois autre chose que de la musique mais pour peu que le terme de recherche soit vraiment lié à la musique, on obtient une bonne proportion de musique dans les résultats.

En dehors du fait que les filtres ne sont pas immédiatement visibles quand on arrive sur la page d’accueil, un second petit bémol est le fait que l’on ne peut pas chercher pour plusieurs licences en même temps.

Les plateformes spécialisées

Dans cette section, nous nous intéressons aux plateformes dont le focus porte sur la musique libre. Nous intégrons dans cette catégorie les plateformes qui sont identifiées comme ayant un focus sur la musique libre même si elles intègrent des musiques avec une clause non-libre par exemple le refus d’usage commercial.

Jamendo

Nombreux sont ceux qui pensent à Jamendo quand on parle musique libre. Pourtant, si à l’origine, Jamendo était une plateforme de musique sous licence Creative Commons, Jamendo est maintenant pour les particuliers, un service de streaming gratuit et téléchargement gratuit et pour les professionnels un moyen bon marché d’obtenir de la musique utilisable dans un cadre commercial. Pour faire vivre son modèle économique, Jamendo a tout intérêt à ce qu’une clause Non Commerciale soit incluse dans les licences utilisées.

Néanmoins, il y a bien des musiques réellement libres sur Jamendo comme celle-ci diffusée en licence CC-BY mais il ne semble pas y avoir de moyen simple et efficace de filtrer sa recherche sur base de la licence à partir du site. Nous verrons plus loin dans cette dépêche, une manière de trouver des musiques libres issues de Jamendo.

dogmazic

Laissons-les se présenter eux-mêmes (extraits de leur site internet)

Dogmazic.net existe depuis 2004 grâce aux bénévoles de l’association Musique Libre qui édite le site, sans but lucratif. Dogmazic est financé uniquement par les dons des musiciens et des auditeurs, la rétribution pour des évènements comme l’animation de conférences ou d’ateliers, et par les cotisations des adhérents à l’association Musique Libre.

Et qu’y trouve-t-on ?

L’archive musicale Dogmazic.net propose plus de 55 000 titres musicaux, tous téléchargeables gratuitement "en toute quiétude et en toute légalité". Les musiciens publiant sur Dogmazic ont tous choisi de placer leur musique sous licence de libre diffusion.

Selon la licence choisie, de nombreux droits peuvent être accordés d’emblée aux auditeurs. La licence la plus permissive, la CC-BY, autorise tout type d’usage sous réserve que l’auteur et la licence soient mentionnés, y compris les usages commerciaux sans contrepartie (ce qui peut être utile pour sonoriser une vidéo monétisée). À l’autre extrémité du spectre, la plus restrictive des licences dites ouvertes, la CC-BY-NC-ND, n’autorise que la copie sans modification ou la diffusion en dehors de tout cadre commercial.

Les choses sont claires, il n’y a pas que de la musique libre stricto sensu mais il n’y a aucune confusion par rapport à cela. Sur la page d’accueil, la proportion de musique de libre diffusion dans la sélection proposée était inférieur à 25% lors de la rédaction de cette dépêche.

Niveau recherche, il y a parfaitement moyen de filtrer sur base de la licence et même sur plusieurs licences à la fois. Il suffit de créer plusieurs règles de filtrage et de demander les résultats qui correspond au minimum à l’une de ces règles. Petit inconvénient, il n’y a que deux options pour la satisfaction des règles : on a soit les résultats qui satisfont toutes les règles, soit les résultats qui satisfont au minimum à une des règles. Par conséquent, chercher sur plusieurs licences et par exemple sur le genre de musique n’est pas possible.

The Free Music Archive

The Free Music Archive ou FMA est un dépôt en ligne de musique sous licence Creative Commons. Créée en 2009 par la station de radio communautaire WFMU d’East Orange, dans le New Jersey, et en coopération avec les autres stations KBOO et KEXP, elle vise à fournir de la musique sous licence Creative Commons qui peut être librement téléchargée et utilisée dans d’autres œuvres. Le service a été lancé en mettant l’accent sur la conservation d’œuvres de haute qualité d’une manière "conçue pour l’ère de l'internet". Les utilisateurs peuvent également "donner un pourboire" aux musiciens par le biais de dons.

Alors que les archives musicales sont gratuites et ouvertes à tous sans condition d’inscription ou autre, le contenu écrit et audio est sélectionné et l’autorisation de télécharger/modifier le contenu n’est accordée que sur invitation.

Creative Commons signifie qu’il n’y a pas que du libre mais l’interface de recherche permet facilement de se limiter aux licences libres. Pas de problème à chercher selon plusieurs critères à la fois. Assurément une plateforme intéressante et facile d’emploi pour découvrir de la musique libre.

clongclongmoo

Porté par Konrad Behr, clongclongmoo.org se présente clairement comme un projet non commercial pour des projets non commerciaux. De manière générale, clongclongmoo.org est dédié à la musique libre (comprendre libre diffusion) et a le souhait de se trouver en marge des grandes plateformes Jamendo, Facebook, … au profit du monde des netlabel. Exception ou contradiction, clongclongmoo a été sur Twitter de 2012 à octobre 2022. Pour les amateurs, clongclongmoo.org est maintenant actif sur Mastodon.

On retrouvera donc sur ce site aussi bien de la musique libre que de la musique en libre diffusion. Il est extrêmement simple de ne sélectionner que des musiques libres vu que le premier onglet propose justement de trier les morceaux disponibles par licence.

Openverse, un moteur de recherche

Openverse est un moteur de recherche open source développé dans le cadre du projet WordPress. Il recherche les contenus sous licence Creative Commons et les contenus du domaine public à partir de près de cinquante sources différentes. Openverse indexe environ 600 millions éléments à l’heure d’écrire cette dépêche (eux disent plus de 600 millions mais quand je compte moi-même, j’arrive un peu en dessous de cette somme).

Ce moteur de recherche n’est pas spécialement orienté musique mais il intègre trois sources dans le domaine audio : freesound, Jamendo et Wikimedia Commons. Seul le deuxième dont nous avons parlé précédemment est orienté musique. Sur Wikimedia, il y a aussi moyen de trouver des morceaux de musiques mais c’est loin d’être le focus principal alors que freesound est orienté son et non morceau.

En tout état de cause, Openverse permet l’instauration facile de filtres sur les licences, sur les sources, sur le type de contenu recherché ; ce qui fait qu’il est facile de l’utiliser pour trouver des morceaux de musique libre.

Conclusion

Nous avons proposé d’utiliser les termes de musique libre et musique de libre diffusion pour faire la différence entre les licences qui sont effectivement libres et celles qui ajoutent une clause Non commerciale et/ou Pas de modification. Force est de constater que cette différence n’est pas toujours bien marquée sur les réseaux sociaux et sur les différentes plateformes ce qui rend un peu compliqué la recherche de musique vraiment libre.

Sur les réseaux sociaux, si l’on se permet de généraliser les quelques tests effectués : il est facile de trouver de la musique en libre diffusion, il l’est beaucoup moins de trouver de la musique sous licence libre.

Pour ce qui est des plateformes, nous n’avons pas trouvé de plateforme importante uniquement dédiée aux musiques libres. Quand une plateforme est spécialisée, elle l’est sur la musique en libre diffusion. Par ailleurs, on retrouve aussi des musiques libres sur des plateformes qui n’ont pas du tout de focus sur la question des licences.

Selon les plateformes, il est plus ou moins facile de filtrer pour se limiter aux musiques vraiment libres. De manière un peu étonnante, ces filtres sont parfois plus simples à utiliser sur des plateformes généralistes que sur les plateformes spécialisées. Le bonnet d’âne revenant étonnamment à une des plateformes que beaucoup associent à la musique libre : Jamendo sur laquelle nous n’avons pas trouvé le moyen de filtrer de manière simple et efficace sur base des licences.

Cette dépêche n’a pas du tout la prétention à l’exhaustivité. N’hésitez pas à partager vos trucs et astuces dans les commentaires.