GNOME OS comme Linux idéal, partie 1 : la promesse de l'atomique

Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Édité par Benoît Sibaud, BAud, Julien Jorge, orfenor, palm123 et lejocelyn. Modéré par Benoît Sibaud. Licence CC By‑SA.
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avr.
2025
Gnome

Et si le système d’exploitation (OS) libre et souverain dont le monde a besoin était basé sur GNOME ? C’est ce que propose Thibault Martin dans un billet posté le 28 février 2025 sur son blog. L’idée est ambitieuse, et bien entendu elle peut froisser les gens qui préfèrent d’autres environnements de bureau, mais elle présente l’intérêt de s’appuyer sur deux tendances notables dans l’actualité récente de Linux : l’avènement des systèmes atomiques et la demande d’un OS dit “souverain”. Nous vous proposons, à travers le billet de Martin, d’en apprendre plus sur ces deux tendances. Ce premier journal se concentre sur la première : les systèmes atomiques, et le changement de paradigme qu’ils préfigurent pour le bureau Linux.

Sommaire

De quoi ça parle ?

Dans ce billet titré « Prosthetics that don't betray » (« des prothèses qui ne trahissent pas »), Thibault Martin, ancien membre de la fondation GNOME, appelle à changer la gouvernance du projet pour se donner les moyens d’en faire un OS “indépendant” et prêt à l’emploi, financé par l’Union européenne. Il est question ici de vendre des ordinateurs et des téléphones avec un système Linux pré-installé dessus, assemblé par et basé sur GNOME, indépendant de toute distribution existante, et le tout idéalement financé par l’Union européenne (« ça se verrait à peine dans son budget », argue Martin).

Pourquoi GNOME ? Parce que c’est l'environnement de bureau préféré de Martin, évidemment. Il vante notamment sa bonne intégration au mobile : on l’ignore peut-être (car il reste nettement plus difficile d’installer un Linux sur un téléphone que sur un PC), mais les développeurs GNOME travaillent depuis quelques années à rendre leurs applis adaptables aux petits écrans. Il ne s’agit pas de versions différentes, mais bel et bien de vos applis de bureau, qui se redimensionnent automatiquement pour être utilisables à l’écran tactile. Nick du Linux Experiment en a récemment dit du bien dans une de ses vidéos. Bien entendu, il existe d’autres interfaces mobiles dans le monde Linux, au hasard celle de KDE, Plasma Mobile. Mais ce n’est pas sur cet argument que cette dépêche aimerait s’attarder ; plutôt que de parler des avantages et inconvénients de GNOME sur les autres environnements graphiques libres, nous allons nous pencher sur deux autres idées avancées par Thibault Martin dans son billet, à savoir :

  • pour être « utilisable par les masses », cet OS de rêve doit adopter une technologie dite “atomique”
  • sa vocation principale sera d’échapper à « l’hégémonie américaine » et « sécuriser la souveraineté numérique de l’UE »

Les OS atomiques, ou la promesse du Linux qui juste-marche

C’était le 25 février dernier, et il l’a dit au premier degré : "We believe that 2025 is truly the year of the Linux gaming desktop ». Pourtant, Nirav Patel précise bien cinq secondes avant que ses ordinateurs (il est le fondateur et le PDG de Framework) supportent aussi Windows. Mais il a l’air de sincèrement croire que cette année, quelque chose de différent est en train de se passer avec le bureau Linux ; et sur la diapo où est écrite cette phrase, on peut voir les logos de Playtron OS et Bazzite, deux projets de Linux orientés “gaming”, mais qui présentent aussi la particularité d’être basés sur Fedora Silverblue, sans doute le plus populaire des Linux atomiques.

À moins que ce ne soit l’inverse ? Le 13 février dernier, Jorge Castro, fondateur du projet Universal Blue (dont est issu Bazzite), montrait fièrement les statistiques des appareils actifs sous Fedora atomiques (si vous ne le saviez pas, toutes les installations de Fedora envoient par défaut un signal anonyme aux serveurs afin d’être recensées). On y voit les machines sous Bazzite doubler de nombre entre octobre dernier et février, dépassant de loin les propres variantes atomiques officielles de Fedora (mais encore très loin derrière “la” Fedora Workstation ordinaire, selon Castro).

Évolution du nombre d’appareils actifs sous Fedora atomiques entre juillet 2024 et février 2025

Bazzite a tellement la cote qu’elle a été saluée comme « mettant la honte à Windows » dans un article sur The Verge, ce qui est surprenant de la part d’un média tech “généraliste” qui jusqu’à présent n’avait d’yeux que pour les GAFAM et ne s’intéressait guère au monde du libre. Il y a, bien sûr, une explication simple à ce succès : Bazzite vise une niche particulière, celle des utilisateurs et utilisatrices de Steam Deck et autres consoles portables à base de technologie PC, et on peut arguer que cette niche est non seulement en pleine croissance, mais aussi peut-être un peu délaissée par un Microsoft qui n’a pas encore bien optimisé son Windows à un tel cas d’usage. Ce serait comme attribuer la hausse des téléchargements de Linux il y a 15 ans à la mode des netbooks. Mais nous aimerions arguer ici que le succès de Bazzite est aussi dû à son choix technologique de bureau atomique.

Pour rappel, “atomique” est l’expression qui tend à remplacer celles d'“immuable” (traduction anglaise d'"immutable") ou "image-based", et qui désigne une façon bien particulière de construire et distribuer un système d’exploitation. Solène Rapenne propose une définition dans un billet de 2023, où elle résume les principes essentiels des systèmes immuables :

  • les mises à jour système ne sont pas effectuées sur le système en cours d’utilisation (celui-ci n’est jamais censé changer, d’où le qualificatif d'“immuable”)
  • les modifications de paquets sont appliqués au prochain démarrage (mais pas celles des Flatpak par exemple)
  • vous pouvez revenir en arrière (roll back) et restaurer le système dans l’état exact où il se trouvait avant une mise à jour

Les systèmes atomiques peuvent avoir chacun leurs particularités : ainsi, NixOS (lisez à son sujet notre récente dépêche), Endless OS, les images Universal Blue, Vanilla OS, MicroOS ou encore AerynOS, mais aussi ChromeOS et Android ne fonctionnent pas tout à fait de la même façon, bien qu’ils partagent ces trois principes en commun. Mais le gros joueur dans ce domaine, c’est Fedora : Renault nous expliquait il y a bientôt cinq ans comment les expérimentations du projet ont donné naissance à Silverblue et comment ce dernier s’utilisait. Depuis, Silverblue a été décliné en versions Plasma, Sway, Budgie et bientôt COSMIC et Plasma Mobile ; certaines de ses briques sont amenées à évoluer, comme l’expliquait Timothée Ravier à la sortie de Silverblue 41 en automne dernier (voir la section Notes), mais les principes fondamentaux restent les mêmes, et vous pouvez les retrouver décrits dans la documentation commune (en version bêta) des Fedora atomiques. Ravier les rappelle dans un récent entretien qu’il nous a accordé (à paraître après le 21 avril) et nous partage son espoir de voir un jour l’atomique devenir le modèle par défaut pour Fedora :

Je l’espère ! Il est impossible de donner une échéance et cela ne dépend pas vraiment de moi. La difficulté la plus importante est la prise en charge du matériel et les pilotes qui ne sont pas intégrés dans Fedora. C’est un problème que l’on ne peut pas résoudre dans Fedora à cause des contraintes légales et qui sont traitées par le projet Universal Blue, dont la variante Bazzite est très populaire.

Capture d’écran du site officiel de Bazzite
Capture d’écran du site officiel de Bazzite

Les possibilités ouvertes par cette approche sont telles qu’elles inspirent beaucoup de Linuxiens à assembler leur propre bureau Linux atomique, y compris hors des mainteneurs de distributions : c’est le cas de Jorge Castro et de Thibault Martin. Mais Martin n’est pas le premier à avoir eu l’idée parmi la communauté GNOME : il cite un billet d’Adrien Vovk paru en octobre dernier, titré « Un bureau pour tous », et qui appelle déjà à s’appuyer sur GNOME, et plus précisément le projet GNOME OS (lequel est déjà atomique), pour « construire un OS qui rend le bureau Linux utilisable pour les non-passionnés » :

Je pense à mes amis et à ma famille : ils ne méritent pas plus que nous d’être maltraités par les entreprises de la tech. Beaucoup d’entre eux adorent l’idée de Linux et sont d’accord avec nos valeurs, mais ont décidé de ne pas rester dessus après l’avoir essayé pour de vrai. Ils sont intéressés, mais juste pas assez intéressés pour surmonter nos barrières à l’entrée. Ils se moquent des paquets, des codecs, des pilotes, des brevets, des licences, ou de toutes ces choses qui sont devenues ce qu’on doit gérer en tant que passionnés de Linux. Je crois que beaucoup se mettront à se préoccuper de ces choses-là une fois qu’ils auront rejoint nos communautés, comme nous l’avons tous fait nous-même, mais à l’heure actuelle, ils ne nous rejoignent pas…

L’idée ne séduit pas que chez GNOME : Vovk dit lui-même avoir été inspiré par KDE, après que ceux-ci aient annoncé un projet similaire lors de la conférence Akademy en septembre 2024, sobrement baptisé « KDE Linux ». Et pour pallier les défauts que les devs reprochent à KDE neon, laquelle vieillit trop vite du fait d’être basée sur Ubuntu LTS, KDE Linux sera donc, lui aussi, un OS atomique et immuable : « les applis viendront de Flatpak (et peut-être aussi de Snap si ce n’est pas trop difficile et que l’UX est convenable) ». Et lui aussi aura vocation à s’adresser au plus large public possible, « des développeurs KDE aux utilisateurs et aux vendeurs de matériel ».

Or, pour atteindre un tel objectif d’universalité, Vovk considère que GNOME OS se doit d’être complètement immuable, sans permettre à l’utilisateur d’installer des paquets traditionnels, contrairement au « modèle immuable-hybride en vogue » qui est celui de Silverblue et ses dérivés (où il est possible de faire du layering pour installer des paquets de la distribution, faisant ainsi entorse à l’immuabilité) :

À mon avis, permettre l’overlay de paquets dissuade le développement de vraies solutions permanentes aux fonctionnalités manquantes dans l’OS, puisque les utilisateurs peuvent juste se reposer sur les surcouches. Au bout du compte, la nécessité d’installer des paquets pour contourner ces problèmes va juste garantir que personne n’utilisera les distributions immuables-hybrides de manière immuable, ce qui annule les bienfaits de l’immuabilité tout en soumettant l’utilisateur aux points de friction [sharp edges] supplémentaires qu’apporte l’immuabilité.

Comme le rappelle Vovk, cette idée a déjà été formulée par le fameux Lennart Poettering en mai 2022, dans un long billet où il détaille sa vision personnelle (« et non celle de mon employeur », qui à l’époque était soit Red Hat, soit Microsoft) de la direction dans laquelle le bureau Linux doit aller :

Avant toute chose, je pense qu’il faut se concentrer sur un design basé sur une image plutôt que sur des paquets. Pour la robustesse et la sécurité, il est essentiel de travailler avec des images reproductibles et immuables qui décrivent l’OS ou des grandes portions de celui-ci dans leur entièreté, plutôt que de toujours travailler avec des paquets détaillés façon RPM/dpkg. Ce n’est pas dire que les paquets ne sont pas pertinents (je trouve en réalité qu’ils ont beaucoup d’importance !), mais je pense qu’ils devraient être moins un outil de déploiement de code, mais plutôt un outil pour construire les objets à déployer. Une autre manière de voir la chose : tout OS construit ainsi doit être facile à répliquer sur un grand nombre d’instances, avec une variabilité minimale.

C’est donc bien un nouveau paradigme qui bouleverse les principes traditionnels des distros, selon lesquels les empaqueteurs se chargent d’assembler et distribuer toutes les applications qu’ils veulent rendre disponibles à leurs utilisateurs. Or, dans les préconisations de la documentation de l’outil Blue-build, dédié à la création d’images atomiques customisées, il faut au contraire « résister à la tentation d’intégrer tout l’univers » :

Les systèmes dans ce genre sont conçus autour d’un cœur petit, simple et efficace, maintenable et performant. Rappelez-vous que les mises à jour de l’image de base nécessitent un redémarrage, donc idéalement vous allez vouloir limiter sa taille – laissez Flatpak et d’autres outils de l’espace utilisateur s’occuper du reste.

Diapositive issue de la présentation « Bazzite: Building the Future of Linux Gaming Together » donnée par Kyle Gospodnetich et Noel Miller au salon SCALE 22x, le 8 mars 2025
Diapositive issue de la présentation « Bazzite: Building the Future of Linux Gaming Together » donnée par Kyle Gospodnetich et Noel Miller au salon SCALE 22x, le 8 mars 2025

Jorge Castro dit lui-même :

Je ne voulais pas refaire une autre distro. J’ai fait ça pendant dix ans [chez Canonical, NDLR], je ne voulais pas faire d’empaquetage, je comprends les difficultés que ça entraîne de faire une distro, je ne veux plus jamais refaire ça.

Et il ajoute :

Il nous faut avoir des applis en bac à sable, sans quoi autant faire nos valises et rentrer chez nous. Actuellement c’est flatpak via flathub. Malgré toutes les plaintes que vous pouvez lire sur le net au sujet de flatpak, il y a plein de monde qui en tire une bonne expérience. […] Et aussi nous avons abandonné tout l’aspect « allons empaqueter la planète entière nous-même » du modèle parce que nous savons que ça ne s’étend pas [it doesn't scale]. Ça veut dire que c’est aux développeurs d’applis de prendre en charge leur destin, et que c’est notre boulot de livrer tout ça à l’utilisateur. […] C’est aussi pour cela que nous ne sommes pas une distro – nous sommes trois distros, fedora pour la base, homebrew pour la ligne de commande, flatpak pour les applis à interface graphique. Oh et puisque vous avez aussi distrobox, n’importe quel autre paquet de distro.

Et évidemment, cet éloignement revendiqué du modèle de la bonne vieille distribution n’est pas sans causer quelques frictions, surtout au sein d’une communauté comme Fedora qui demeure avant tout dédiée à faire… une bonne vieille distribution. Le 21 janvier 2025, Michael Catanzaro demandait que Flathub devienne le dépôt Flatpak par défaut des Fedora, plutôt que le dépôt Flatpak de Fedora comme c’est le cas jusqu’alors, affirmant que ces flatpaks “maison” étaient « une source notable de problèmes de qualité », et citant des « plaintes de multiples développeurs upstream », notamment ceux du célèbre OBS qui sont allés jusqu’à réclamer formellement le retrait du Flatpak que Fedora distribue pour leur appli. Le conflit s’est depuis détendu et les développeurs d’OBS ont rétracté leur demande, mais pas sans que le Project Leader de Fedora Matthew Miller ne déclare sur la chaîne YouTube de Brodie Robertson que « les règles d’acceptation sur Flathub sont plutôt laxistes » et que rien ne garantissait l’absence de code malveillant dans leurs flatpaks, ce qui a provoqué une levée de boucliers et une clarification officielle de Flathub quant à leur processus de vérification. Miller a salué cette clarification et précisé sa pensée, et à l’heure actuelle, c’est toujours les dépôts de Fedora qui sont présélectionnés par défaut lorsqu’on cherche à installer un Flatpak via Logiciels ou Discover dans une Fedora.

Alors, faut-il imaginer un projet tout neuf et émancipé des distributions, comme GNOME et KDE aimeraient le faire, pour être digne d’être l’OS atomique dont l’Europe a besoin ? À moins que ce dont l’Europe ait besoin, ce n’est pas d’un seul mais de plusieurs OS atomiques ? C’est l’idée que défend openSUSE, qui propose aux gouvernements non pas d’adopter une seule et unique solution qui "surfe sur l’idée de souveraineté européenne", mais plutôt une stratégie multi-distributions, qui inclurait, au hasard, les propres projets atomiques d’openSUSE – Aeon (sous GNOME) et Kalpa (sous Plasma) :

L’idée globale dont les gouvernements ont besoin de débattre va au-delà du standard des distros. À l’âge du rançongiciel, du verrouillage dans le nuage et du capitalisme de surveillance, il est temps d’aller au-delà de la façon traditionnelle de penser les OS de bureaux. Le monde de l’open-source a déjà les outils pour avancer vers cette nouvelle façon de penser :

  • L’immuabilité avec des mises à jour transactionnelles (MicroOS, Aeon, Kalpa, Kinoite)
  • Une configuration système déclarative (Agama, Ansible)
  • Des options de bureaux pour des besoins utilisateur variés (GNOME, KDE Plasma, Xfce)
  • Des standards d’identités et d’authentification ouverts (LDAP, OpenID)
  • Des formats de paquet transparents (Flatpak, RPM)

La gouvernance des Linux : suffit-il d’être libre pour être souverain ?

Ce second volet fera l’objet d’une dépêche future, à laquelle vous pouvez d’ores et déjà contribuer (comme à toutes les autres dépêches en cours de rédaction sur Linuxfr). À bientôt !


Notes

  • Les Steam Deck sont vendus avec SteamOS, qui n’est pour l’instant pas disponible au téléchargement (Valve a déclaré vouloir le faire d’ici avril 2025), et qui est également un OS atomique. Bazzite est fortement inspiré de SteamOS et en reprend directement une partie de son code, publié sous licence libre par Valve.
  • Un des signes distinctifs d’Universal Blue est son usage de bootc, qui permet purement et simplement de rendre des conteneurs bootables (ce que Jorge Castro résume par « Podman dans une boucle for » ; Colin Walters en parle dans une vidéo de Red Hat) et qui devrait bientôt être adopté par Fedora à son tour, en remplacement d’OSTree. Sur la feuille de route de ce projet, Timothée Ravier précisait en janvier dernier que, bien que ses propres machines reposent sur des conteneurs bootables, il considère que « ce n’est pas prêt pour l’usage général ».
  • À l’heure actuelle, la distribution vitrine de Linux sur téléphones est sans doute postmarketOS. Les développeurs de celle-ci ont annoncé le 30 mars dernier travailler à une version immuable de pmOS, qui sera partiellement subventionnée par la fondation européenne NLnet (la question du financement des Linux sera abordée dans la 2ᵉ partie de cette dépêche).

Aller plus loin

  • # Atomique ?

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5 (+2/-0). Dernière modification le 07 avril 2025 à 11:47.

    Merci pour cette définition, qui mériterait de figurer en haut de l'article.

    Pour rappel, “atomique” est l’expression qui tend à remplacer celles d'“immuable” (traduction anglaise d'"immutable") ou "image-based", et qui désigne une façon bien particulière de construire et distribuer un système d’exploitation. Solène Rapenne propose une définition dans un billet de 2023, où elle résume les principes essentiels des systèmes immuables :

    • les mises à jour système ne sont pas effectuées sur le système en cours d’utilisation (celui-ci n’est jamais censé changer, d’où le qualificatif d'“immuable”)
    • les modifications de paquets sont appliqués au prochain démarrage (mais pas celles des Flatpak par exemple)
    • vous pouvez revenir en arrière (roll back) et restaurer le système dans l’état exact où il se trouvait avant une mise à jour

    Le dernière point est très intéressant, en revanche, pour les deux premiers, j'ai dû louper le moment où le fonctionnement à la Windows, où il faut redémarrer pour appliquer des mises à jour, avait commencé à être considéré un modèle.

    Sérieusement, il y a des gens qui aiment ça, devoir redémarrer pour mettre à jour des logiciels ? Quel intérêt ? Relancer les logiciels concernés, évidemment. Redémarrer l'ordinateur si le logiciel concerné est le noyau, évidemment. Mais redémarrer dans tous les cas, ça ressemble à du masochisme.

    • [^] # Re: Atomique ?

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2 (+0/-0). Dernière modification le 07 avril 2025 à 12:10.

      Mais redémarrer dans tous les cas, ça ressemble à du masochisme.

      C'est parce que ça ne concerne pas "tous" les cas, seulement ceux où tu touches à l'image système. Les flatpaks, les snaps, les paquets Homebrew, pip et consorts (sans parler des conteneurs comme Toolbx et Distrobox) ne nécessitent aucun redémarrage. L'idée, c'est de privilégier ces canaux-là dans ton usage quotidien.

      • [^] # Re: Atomique ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8 (+5/-0).

        Ah, parce que ça va avec le concept de système vs applications. Typiquement le genre de truc que je n'ai jamais réussi à comprendre et qui à mon sens ne fait qu'ajouter de la complexité.

        S'il y a bien un truc que je trouve super sous Debian et autres, c'est bien le fait que tout, y compris le noyau et la libc, vient de paquets qui se gèrent de la même façon.

    • [^] # Re: Atomique ?

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8 (+5/-0).

      Le dernière point est très intéressant, en revanche, pour les deux premiers, j'ai dû louper le moment où le fonctionnement à la Windows, où il faut redémarrer pour appliquer des mises à jour, avait commencé à être considéré un modèle.

      Alors il y a des différences avec Windows en fait.

      Tout d'abord c'est juste la base du système qui est concernée. Noyau, libc, systemd, etc. C'est la couche 0 du modèle d'un système atomique qui répond à ce critère. Cela ne touche pas le reste. Donc à priori ce n'est pas tous les jours que tu auras un tel changement.

      D'autre part, la mise à jour fonctionne par état. En gros c'est comme "git" pour le code d'un projet, la mise à jour est juste un rebase à partir d'une branche spécifique. Le rebase se fait lorsque le système tourne normalement. Le redémarrage ne sert qu'à changer le commit de référence pour exécuter le système. En gros au redémarrage c'est quasiment instantanée, contrairement à Windows où ça prend du temps. Car la partie longue aura été faite quand l'ordinateur est utilisé normalement.

      Avec ce fonctionnement, comme cela a été expliqué, l'avantage c'est que de revenir en arrière est fiable et tout aussi rapide si c'est nécessaire. Cela peut même se faire automatiquement si la machine est incapable de booter entièrement avec le nouvel état du système.

      Enfin, oui l'approche de Windows reste théoriquement une bonne approche malgré tout. Des bogues qui arrivent et qui sont difficiles à corriger ou à identifier car on met à jour lorsque que le système tourne, cela arrive même sous Linux. Et si ton système crashe en pleine mise à jour pour X ou Y raisons, les problèmes peuvent vite s'accumuler. Appliquer les mises à jour quand le système est dans un environnement minimaliste réduit ces problèmes, en terme de fiabilité c'est mieux quoiqu'on en pense.

      L'avantage ici c'est que la partie minimale du système nécessite une telle approche tout en restant fiable et le redémarrage reste une opération très rapide ce qui limite l'inconvénient de Windows.

      • [^] # Re: Atomique ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-1).

        D'autre part, la mise à jour fonctionne par état. En gros c'est comme "git" pour le code d'un projet, la mise à jour est juste un rebase à partir d'une branche spécifique. Le rebase se fait lorsque le système tourne normalement. Le redémarrage ne sert qu'à changer le commit de référence pour exécuter le système. En gros au redémarrage c'est quasiment instantanée, contrairement à Windows où ça prend du temps. Car la partie longue aura été faite quand l'ordinateur est utilisé normalement.

        Oui, ça je m'en doutais. Ça vient avec le fait que c'est conçu de façon réfléchie, pas comme Windows qui a évolué sans réflexion initiale pour ce genre de problème.

        Avec ce fonctionnement, comme cela a été expliqué, l'avantage c'est que de revenir en arrière est fiable et tout aussi rapide si c'est nécessaire. Cela peut même se faire automatiquement si la machine est incapable de booter entièrement avec le nouvel état du système.

        Et ça nécessite vraiment une distinction artificielle entre logiciels de base et logiciels supplémentaires ?

        Enfin, oui l'approche de Windows reste théoriquement une bonne approche malgré tout. Des bogues qui arrivent et qui sont difficiles à corriger ou à identifier car on met à jour lorsque que le système tourne, cela arrive même sous Linux. Et si ton système crashe en pleine mise à jour pour X ou Y raisons, les problèmes peuvent vite s'accumuler. Appliquer les mises à jour quand le système est dans un environnement minimaliste réduit ces problèmes, en terme de fiabilité c'est mieux quoiqu'on en pense.

        C'est sûr que Windows est réputé pour être vachement plus fiable.

        La mise à jour d'un logiciels, c'est du remplacement de fichiers, et ça se fait très bien en fonctionnement. Pas en réécrivant directement les fichiers, évidemment, mais en les installant avec un nouveau nom puis en retirant les anciens et en renommant les nouveaux.

        • [^] # Re: Atomique ?

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+0/-0).

          Et ça nécessite vraiment une distinction artificielle entre logiciels de base et logiciels supplémentaires ?

          Oui.

          L'objectif est d'améliorer aussi la robustesse, la sécurité et la fiabilité.
          Si tu mets trop de composants dans le système de base, tester dans le détail l'intégration c'est compliqué. Plus de risques qu'il y ait des problèmes profonds qui peuvent compromettre le démarrage de la machine, processus de mises à jour plus lentes car rebaser avec des application en plus c'est lent.

          L'objectif est qu'un maximum d'applications soient distribuées via Snap ou Flatpak dans ce modèle. Plus de sécurité grâce à l'isolation logicielle mais aussi plus de flexibilité car si tu souhaites avoir Firefox beta + Firefox stable en même temps sur ta machine c'est facile. Si tu veux le dernier LibreOffice également, tu ne dépends plus uniquement du cycle de ta distribution qui est une contrainte pénible pour beaucoup d'utilisateurs.

          La mise à jour d'un logiciels, c'est du remplacement de fichiers, et ça se fait très bien en fonctionnement. Pas en réécrivant directement les fichiers, évidemment, mais en les installant avec un nouveau nom puis en retirant les anciens et en renommant les nouveaux.

          Cela paraît simple, mais en vrai ça ne fonctionne pas toujours aussi bien. Car là tu décris le cas idéal. Le cas le plus courant mais il est illusoire de croire que les soucis n'arrivent jamais.

          En pratique ce que tu décris se fait déjà, mais il faut voir les problèmes qui peuvent survenir.

          Que se passe-t-il si tu as une coupure de courant ou un crash au milieu des opérations ? Pour l'avoir expérimenté, ton système peut être dans un état irrécupérable car tu as des fichiers à jour, d'autres pas pour un paquet, tu as un paquet à jour mais ses dépendances (ou ce qui en dépendent) qui ne le sont pas, la BDD RPM qui est dans un état incohérent, etc.

          Une mise à jour implique des scripts notamment de conversions de fichiers, de relance de services et autres et parfois pas de bol il y a un problème ou un conflit avec l'usage normal de la machine et hop pépin.

          Ou tu démarres une application alors que certains fichiers sont à jour et pas les autres, ou qu'un paquet est à jour et pas sa dépendance et tu peux avoir des crashes ou bogues bizarres.

          Ce n'est pas un hasard si l'industrie migre vers ce genre de conceptions. Dans l'embarqué cela se fait, sur les téléphones cela se fait, Windows le fait, GNOME Logiciels le fait, les systèmes atomiques le font, etc. C'est pour cette raison, pour couvrir correctement les cas où il y a des soucis potentiels.

          • [^] # Re: Atomique ?

            Posté par  . Évalué à 2 (+0/-0).

            La mise à jour d'un logiciels, c'est du remplacement de fichiers, et ça se fait très bien en fonctionnement. Pas en réécrivant directement les fichiers, évidemment, mais en les installant avec un nouveau nom puis en retirant les anciens et en renommant les nouveaux.

            Cela paraît simple, mais en vrai ça ne fonctionne pas toujours aussi bien.
            (…)
            Que se passe-t-il si tu as une coupure de courant ou un crash au milieu des opérations ? Pour l'avoir expérimenté, ton système peut être dans un état irrécupérable car tu as des fichiers à jour, d'autres pas pour un paquet, tu as un paquet à jour mais ses dépendances (ou ce qui en dépendent) qui ne le sont pas, la BDD RPM qui est dans un état incohérent, etc.
            (…)

            Aucun problème sous Debian les 2-3 fois où c'est arrivé : il a suffit de relancer la mise à jour. Ça ne prouve rien, j'ai pu avoir de la chance, mais est-ce que la différence des formats de paquets et des outils RPM / dpkg peut expliquer ça ?

            • [^] # Re: Atomique ?

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4 (+1/-0).

              Ça ne prouve rien, j'ai pu avoir de la chance, mais est-ce que la différence des formats de paquets et des outils RPM / dpkg peut expliquer ça ?

              Non, car ça m'est aussi arrivé d'avoir le soucis avec RPM et relancer la procédure a fonctionné.
              Que tu utilises RPM ou DPKG cela ne change rien car mettre à jour un système c'est une opération +/- longue et que si ça s'interrompt au milieu tu n'as aucune garantie que ça fonctionnera bien après.

              La seule solution pour n'avoir aucun problème c'est d'avoir la possibilité de faire une mise à jour de manière atomique d'une façon ou d'une autre : si ça fonctionne, tu utilises le système à jour, si ça n'est pas allé au bout, tu gardes le système tel qu'il était et tu recommences la procédure.

        • [^] # Re: Atomique ?

          Posté par  . Évalué à 3 (+1/-0).

          C'est sûr que Windows est réputé pour être vachement plus fiable.

          Ça y est voilà la mauvaise foi

          La mise à jour d'un logiciels, c'est du remplacement de fichiers, et ça se fait très bien en fonctionnement. Pas en réécrivant directement les fichiers, évidemment, mais en les installant avec un nouveau nom puis en retirant les anciens et en renommant les nouveaux.

          Ce qui n'a rien d'atomique

          • [^] # Re: Atomique ?

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+0/-0).

            C'est sûr que Windows est réputé pour être vachement plus fiable.

            Ça y est voilà la mauvaise foi

            Bon alors pour rappel, la nécessité de redémarrer pour les mises à jour de Windows vient d'une erreur de conception historique : l'absence de compteur de liens et d'ouvertures sur les fichiers, qui sont par conséquent censés avoir un unique nom qui ne peut pas être supprimé tant qu'un fichier est ouvert.

            Sous *nix, un fichier peut avoir un nombre quelconque de noms au sein du système de fichiers qui l'héberge. Un fichier a souvent un seul nom, mais il peut en avoir plusieurs, on parle alors de liens physiques. Il peut aussi avoir zéro nom, lorsque son dernier nom a été supprimé ; pour autant il peut continuer d'exister tant qu'il y a encore un processus qui a un descripteur dessus, qui l'a ouvert quoi.

            Cela implique d'avoir, pour chaque fichier, un compteur de liens et d'ouvertures, puisqu'un fichier ne peut être supprimé du système de fichiers que s'il n'a plus aucun nom et n'est plus ouvert par aucun processus.

            Le rapport avec les mises à jour, c'est qu'avec des compteurs de liens et d'ouvertures, on peut installer une mise à jour d'un fichier pouet.so avec un nouveau nom, disons pouet.so.new, puis supprimer le nom pouet.so même s'il est ouvert par un logiciel, et enfin renommer pouet.so.new en pouet.so sans affecter les processus en cours.

            Ça, c'est infaisable sous Windows, ce qui pose un gros problème pour remplacer des trucs ouverts en utilisation normale du système. Du coup, on diffère les mises à jour au moment où on est sûr qu'il n'y a pas grand chose d'ouvert, au tout début du démarrage je crois.

          • [^] # Re: Atomique ?

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+0/-0).

            La mise à jour d'un logiciels, c'est du remplacement de fichiers, et ça se fait très bien en fonctionnement. Pas en réécrivant directement les fichiers, évidemment, mais en les installant avec un nouveau nom puis en retirant les anciens et en renommant les nouveaux.

            Ce qui n'a rien d'atomique

            En effet, mais ça peut le devenir en s'aidant de fonctionnalités du système de blocs, genre LVM, ou du système de fichiers, genre Btrfs.

    • [^] # Re: Atomique ?

      Posté par  . Évalué à 2 (+0/-0).

      j'ai dû louper le moment où le fonctionnement à la Windows […] avait commencé à être considéré un modèle

      Moi j’ai raté le moment où se définir par rapport aux autres était pertinent et où le déshonneur par association était un argument intéressant.

      Apple fait tout pour que tu n’éteigne jamais ta machine c’est mieux comme association ?

      https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

      • [^] # Re: Atomique ?

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4 (+1/-0). Dernière modification le 07 avril 2025 à 15:29.

        Ben oui, beaucoup mieux.

        La comparaisons à Windows n'était pas censé évoquer une piètre qualité en général, mais simplement une caractéristique précise assez connue et largement reconnue comme assez mal fichue.

        • [^] # Re: Atomique ?

          Posté par  . Évalué à 3 (+1/-0).

          Le fait de devoir redémarré pour avoir une mise à jour n’a jamais était un problème, mais plutôt :

          • le fait de forcer la main avec des notifications voir de ne pas laisser le choix à l’utilisateur
          • que c’est une étape longue et risquée

          Ce n’est pas le redémarrage en soit qui pose problème mais comment il est fait. Redémarrer pour partir sur la dernière snapshot btrfs c’est indolore.

          https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll

  • # je ne comprends pas trop la logique

    Posté par  . Évalué à 5 (+3/-0).

    Le titre et la phrase d'introduction mettent en avant Gnome et un Gnome OS Linux idéal mais au final on parle d'atomicité ce qui n'a rien de spécifique à Gnome, du moins j'ai pas vu dans cette partie 1.

    • [^] # Re: je ne comprends pas trop la logique

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0).

      oui, sans compter que "l'atomicité" est loin dans la liste des problèmes de linux sur desktop.

      • [^] # Re: je ne comprends pas trop la logique

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 2 (+0/-0). Dernière modification le 07 avril 2025 à 15:39.

        oui, sans compter que "l'atomicité" est loin dans la liste des problèmes de linux sur desktop.

        Je dirais que le postulat de base du billet de Martin suggère l'exact contraire. Pour lui (et Vovk, et Poettering, etc.), Linux est trop complexe et trop peu fiable pour être adopté par le grand public, et l'atomicité vient justement résoudre ces problèmes : plus de différences entre les distros (voire plus de distros du tout), plus de conflits de dépendance, plus de mises à jour qui foirent. Dans son raisonnement, c'est la condition sine qua non à l'objectif principal qui est, comme toujours, de permettre à un maximum de monde de se passer de Windows et macOS ; devenir un OS "idéal", donc.

        Pour répondre au commentaire précédent : dans sa forme initiale (avant d'être scindée en deux parties), cette dépêche avait d'abord vocation à questionner la proposition de Thibault Martin, mais elle a évolué vers quelque chose de plus descriptif. Au final, il s'agit ici moins de GNOME en lui-même que de la possibilité de voir un "GNOME OS" (ou "KDE Linux", ou Bazzite) supplanter les distros traditionnelles dans les usages grand-public, de par les bénéfices que son approche atomique est censée lui conférer. On retrouvera ça dans la 2e partie de cette dépêche, qui examinera les autres aspects de la proposition de Martin (à savoir, transformer la gouvernance de GNOME pour lui permettre de toucher plus de subventions et d'embaucher les devs du "GNOME OS").

    • [^] # Re: je ne comprends pas trop la logique

      Posté par  . Évalué à 1 (+0/-1).

      Le titre et la phrase d'introduction mettent en avant Gnome et un Gnome OS Linux idéal

      Le terme "Idéal" me laisse rêveur dans la mesure où Gnome est un environnement qui mange 1 GO de ram dès son lancement, qui est lent, qui offre bien peu de possibilités et de personnalisations. On y sent l'influence de Windows, une prétendue simplification qui conduit en fait à recréer un autre type d'usine à gaz. Appliqué à un OS, on voit ce que la démarche "Gnome" pourrait donner. Voilà, Gnome est habillé pour l'hiver :) mais comme je le répète, chacun ses goûts, à condition que certains goûts ne deviennent une norme, même si cette norme est nommée "Linux idéal".

  • # Atomique ancien

    Posté par  . Évalué à 2 (+1/-0).

    Quand je lis toute cette hype sur l'atomique et l'immuable, ça me rappelle tellement les Knoppix et les Mandriva Flash.
    Ou l'Easy Gate de Neuf-Cegetel, tiens. Il y a 20 ans. Avec son OS installé sur 2 partitions, avec les MàJ qui se faisaient sur l'autre partition, et au démarrage suivant, ça switchait sur cette autre partition, comme ça c'était jamais cassé ; c'était très astucieux, à l'époque… On a vite appelé ce genre d'ordi des stations ou des "ordi pour vieux".

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