Solutions libres, individus, associations et entreprises

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12
avr.
2001
GNU
Voici avec un peu de retard l'humeur du mois proposée par Linux Magazine France:

« Quelques idées et réflexions sur les relations entre les solutions libres (au sens de la LPG par exemple), les individus, les groupes et les entreprises.
Je me posais récemment la question de savoir, des divers groupes, sociétés ou individus impliqués dans le mouvement (la révolution ?) des solutions libres, lesquels étaient les plus capables ou probables d'influencer le développement de celles-ci.
En ce qui concerne plus précisément les entreprises, je me demandais par ailleurs quel type d'entreprise serait le plus à même de prospérer dans un tel environnement. (...) »

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Quelques idées et réflexions sur les relations entre les solutions libres (au sens de la LPG par exemple), les individus, les groupes et les entreprises.

Je me posais récemment la question de savoir, des divers groupes, sociétés ou individus impliqués dans le mouvement (la révolution ?) des solutions libres, lesquels étaient les plus capables ou probables d'influencer le développement de celles-ci.
En ce qui concerne plus précisément les entreprises, je me demandais par ailleurs quel type d'entreprise serait le plus à même de prospérer dans un tel environnement.

Voici quelques points de réflexion, qui ne se veulent certainement ni exhaustifs, ni définitifs, ni réellement neufs. Il s'agissait pour moi d'organiser et coucher par écrit des pensées diverses, et on voudra bien m'excuser pour tout manque de rigueur, notamment dans l'utilisation de certains termes.

En ce qui concerne les solutions libres, 3 étapes de leur développement peuvent être considérées:
- la génération de nouvelles idées et initiatives,
- le développement d'une solution,
- la reconnaissance de la solution, voire son érection en nouveau standard.
En parallèle se pose la question de leur distribution, appropriation et utilisation par le plus grand nombre.

L'idée est le fait de l'individu, son développement le fait du groupe auquel il la soumet.
Dans le monde du libre, il me semble que les individus trouvent à s'exprimer essentiellement au sein de 2 types de groupe: la communauté du libre, et les entreprises (celle pour laquelle il travaille, ou celle à laquelle il propose son idée).
Parce que la communauté du libre représente un nombre plus grand d'individus et d'intérêts que le nombre d'individus et d'intérêts que représente une quelconque entreprise, c'est au sein de la communauté du libre qu'un individu et le plus à même d'éveiller un intérêt, et à moindre effort, pour un projet quelconque. Parce que l'individu y est fondamentalement libre de ses initiatives, la communauté du libre me semble aussi devoir être un milieu plus propice à la remise en question des standards établis, et à la remise en question du statut quo.
Par exemple, il se trouvera bien un groupe d'individus intéressé par le développement d'un logiciel de modélisation du désèchement du cactus en milieu désertique. Trouver une entreprise intéressée par ceci me semble plus difficile. Il se trouvera aussi bien un individu qui voudra développer, disons, un nouveau format audio ou video; une idée qui ne recevrait pas forcément un acceuil favorable dans un environnement commercial.
Il est entendu qu'un nombre important de développements peuvent retenir l'attention d'une entreprise, mais ce nombre sera, je pense, toujours inférieur au nombre de développements susceptibles d'intéresser un groupe d'individus au sein de la communauté du libre. Et il sera plus facile d'identifier ce groupe qu'une entreprise intéressée par un projet bien particulier.

Je pense donc que, avec le développement du libre, on constatera qu'un nombre important de nouvelles idées seront générées et prendrons leur essor au sein du mouvement libre.

Se pose ensuite la question de savoir ce qu'il advient d'une initiative au moment où elle intéresse un nombre tel d'individus que non seulement le monde du libre mais aussi les entreprises commencent à s'y intéresser. De par sa nature, une solution libre ne sera en principe pas "appropriable" par une entreprise unique.
Mais un groupe d'entreprises qui soutiendrait une initiative issue du libre, qu'il s'agisse d'une plate-forme logicielle ou d'un nouveau standard de fait, à un point tel que les individus développant ce projet libre en viennent à dépendre de ce soutien, serait à même de contrôler ou orienter le développement de cette initiative.

Si une initiative libre peut recevoir le soutient des entreprises, elle doit cependant être capable de renoncer à ce soutien s'il devait s'avérer contraire à son intérêt ou motif initial.

Un développement libre émerge de l'existence d'un besoin, et vise à une solution efficace de ce besoin, quant bien même cette solution devrait remettre en question une solution existante. Pour le ou les individus à l'origine de cette solution, le succès consiste en la reconnaissance de la qualité le celle-ci par son adoption libre par le plus grand nombre. Un développement propriétaire vise à préserver et développer les acquis, à gére une ressource. Un besoin nouveau trouvera une solution qui ne remettra pas en questions les acquis, mais visera à les défendre ou développer.

Quel peut être l'avenir des sociétés existantes ou nouvelles impliquées dans l'utilisation ou commercialisation de solutions libres (a priori légitime si on respecte les règles du jeu)?

Les entreprises utilisant une solution libre plutôt qu'une solution propriétaire en tant que base d'une offre de service ou de contenu propre (par exemple une entreprise développant une borne interactive basée sur l'un ou l'autre type de système d'exploitation) me semblent devoir bénéficier du recours à des solutions libres. Par contre, les entreprises adoptant une solution libre (toujours par exemple un système d'exploitation) comme base d'une solution propritaire (par exemple un logiciel comptable) me semblent s'engager dans une course dangereuse: les solutions libres, développées autrefois à des niveaux fondamentaux (encore, par exemple, un système d'exploitation), conquièrent à présent les barreaux suivants de l'échelle. Quel est le sens d'une offre bureautique propriétaire tournant sur un OS libre quant une alternative libre existe ou se développe? Mais ces sociétés ont-elles un autre choix?

Les entreprises commerciales soutenant des solutions libres (par exemple un environnement graphique), éventuellement comme alternative à leur propre solution existante, me semblent aussi devoir bénéficier de cette approche, car elles obtiennent un certain contrôle du développement de cette solution (cf.supra). Ceci sera d'autant plus vrai que les entreprises ayant les moyens d'une telle politique de soutien ne sont sans doute pas très nombreuses.

L'avenir des entreprises visant à assurer une distribution commerciale de solutions libres me semble incertain. Des voies alternatives d'accès à ces solutions devant se développer à l'avenir (par exemple un accès à internet à haut débit), il sera de plus en plus facile aux utilisateurs d'accéder aux solutions disponibles à travers le monde. Ces entreprises peuvent offrir des services complémentaires, mais, comme mentionné plus haut, ceux-ci n'ont de sens que s'il ne sont pas sujet à concurrence d'une solution libre équivalente. Celles pouvant prospérer (survivre?) seront celles obtenant par exemple le soutien d'autres sociétés pour l'établissement et le développement d'un standard de fait qu'elle auront réussi à établir, ou ancrant leur offre dans un secteur non-sujet à concurrence par une solution libre (par exemple le développement de solutions libres mais spécifiques à certains matériels),...

Bon, mon fiston réclame ma présence (gaga, dada, gaga,...)

Marc

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