Posté par raphj .
Évalué à 10.
Dernière modification le 26 janvier 2021 à 08:14.
Je suis le premier à me poser plein de questions éthiques sur un tas de sujets.
Les licences libres sont un endroit mauvais / contre-productif pour imposer de l'éthique en restreignant l'usage (dans le sens liberté 0 / exécution du programme) des logiciels. Pourquoi ? Pour pleins de raisons.
C'est vague. Je cite un extrait de la licence Hyppocratic : « The Software shall not be used by any person or entity for any systems, activities, or other uses that violate any Human Rights Laws ». Ok, donc il me suffit de créer une loi que je déclare relever du droit des humains, et je change la substance de la licence ? Si non, qui a le droit de créer de telles lois qui seront prises en compte par cette licence ? Ça n'a pas l'air très clair et du coup ça rend probablement la licence caduque.
En fait, si des lois s'appliquent, alors elles sont déjà plus fortes que les licences. Dire de respecter des lois qui s'appliquent est inutile.
L'éthique, ça bouge dans le temps. Certaines choses éthiques hier ne le sont plus aujourd'hui, et certaines choses éthiques demain ne le sont pas aujourd'hui. En inscrivant des principes éthiques dans une licence, vous bloquez pour toujours votre code à une époque. Si la loi et les usages peuvent évoluer, la licence d'un logiciel a un caractère plus ou moins définitif (c'est plus compliqué que ça, mais j'espère que vous me permettrez ce raccourci)
En plus du moment, il y a aussi le lieu. Ce qui est éthique ou non est en partie culturel. Ce qui est éthique ici ne l'est pas forcément là-bas et vice-versa. Donc vous bloquez aussi le code à un endroit ou à une culture.
En fait, plus que culturelle, l'éthique est personnelle. Si chacun y va de son éthique, on fragmente inutilement le monde du logiciel. Or, la collaboration est un aspect important de l'écriture du code. Le partage devient très difficile parce que chacun pourrait aller de sa petite licence incompatible avec le reste du monde. Je n'invente rien, ce problème a déjà été soulevé il y a des années par la FSF.
Ce n'est même pas suffisant. Si des aspects éthiques vous poussent à agir, c'est super ! Mais ne vous restreignez pas aux logiciels. À quoi ça sert d'interdire de discriminer, torturer, tuer ou plus généralement faire des trucs non éthiques avec votre logiciel si la personne qui veut faire ces trucs peut utiliser d'autres objets pour le faire ? De toute façon, pensez-vous que cette personne sera intimidée par votre licence de logiciel pour mener ses actions, surtout si elle est prête à enfreindre la loi ?
En matière d'éthique, c'est beaucoup mieux de garder les licences complètement minimales. Elles ne sont pas le lieu pour dire ce que les gens peuvent faire ou pas en utilisant un logiciel.
C'est le rôle de la société, et il y a des endroits beaucoup plus efficaces pour faire avancer les questions éthiques :
la sensibilisation. Ça peut passer par l'art, des associations ou des ONG qui défendent des causes, du lobbying, du journalisme, etc
la loi. C'est elle que tout le monde doit suivre et les sociétés ont plein d'outils pour la faire respecter, et ce n'est pas limité aux logiciels. C'est elle et ces outils (qui sont loin d'être parfaits) qu'il faut faire progresser pour que tout le monde bénéficie de ces mesures éthiques, sans restreindre l'actions à quelques logiciels.
Pour être complet, il y a aussi les religions, où on parle plus de morale que d'éthique, mais c'est fragmenté et ça ne concerne pas tout le monde.
L'absence de restriction d'usage pour les questions éthiques dans les licences logiciels libres n'est pas un aspect "obsolète" de celles-ci. Ce n'est pas un bug, c'est une feature, et elle relève du génie !
Pour finir, battez vous pour les causes éthiques en lesquelles vous adhérez ! C'est super important. Je le fais. Mais on ne promeut pas des causes non éthiques en n'interdisant pas ces causes dans les logiciels qu'on écrit (parce que ce n'est pas du ressort de la licence, c'est ce que je raconte dans ce commentaire). Ces licences qui se veulent éthiques n'ont rien d'éthique et sont un danger avec lequel il vaut mieux tenir une bonne distance. Et maintenant qu'elles existent (avec le mouvement auquel elles appartient), on a le devoir d'expliquer aux gens pourquoi. Le monde ne va pas devenir meilleure grâce à ces licences. Pour ces causes, il faut voir beaucoup plus grand que le monde du logiciel. Il y a des progrès éthiques à faire dans le monde du logiciel, mais ils sont d'un autre ordre.
L'absence de restriction d'usage pour les questions éthiques dans les licences logiciels libres n'est pas un aspect "obsolète" de celles-ci. Ce n'est pas un bug, c'est une feature, et elle relève du génie !
Je suis perplexe. En quoi c'est du génie de s'affranchir de question éthiques dans une licence ?
J'ai plus l'impression que de l'affirmer c'est garder une porte ouverte pour utilisation non éthique de l'objet de la licence et dont l'auteur de l'objet pourrait avoir envie de se protéger.
Certes, comme tu dis l'éthique est locale (dépend du contexte, de la culture, etc), mais si c'est plus important pour l'auteur de se battre de cette manière, pourquoi pas ?
Après tout, c'est son logiciel, si il est moins diffusé à cause de ça c'est son problème. De plus, la lecture de la licence peut permettre à certains de prendre conscience de son éthique, et d'y adhérer (ou de s'y opposer). Tout le monde n'est pas perméable à l'art. J'y vois une forme de lobbying comme une autre.
Après, je doute que j'utiliserai ce genre de licence de mon côté et je passerais certainement par d'autres moyens pour militer, mais je doute qu'il faille rejeter ce genre initiative.
Posté par raphj .
Évalué à 9.
Dernière modification le 26 janvier 2021 à 10:28.
pourquoi pas ?
parce que c'est inefficace. Les gens que ça visent s'en fichent probablement de respecter ces termes. Ça passe à côté du problème. Voir à 180°.
parce que ça fragmente dans le monde du logiciel (libre), et que cette fragmentation pourrait poser problème si ces idées se répandaient.
c'est son logiciel […] c'est son problème
Tant que ça ne se répand pas plus. Sinon, ça devient un vrai problème dans le monde du logiciel (libre). Ça c'est déjà bien répandu, les journaux grand public en parlent, en affirmant que le libre et l'open source ne vont pas assez loin dans l'éthique. C'est préoccupant.
Et même : ce n'est pas que son problème. S'il diffuse son logiciel, c'est qu'il veut toucher d'autres gens que lui.
la lecture de la licence peut permettre à certains de prendre conscience de son éthique
Est-ce que ça concerne beaucoup de gens ?
En quoi c'est du génie de s'affranchir de question éthiques dans une licence ?
Parce que les licences libres sont apparues justement pour des questions éthiques (de respect des utilisateurs), et que ces questions à propos de la restriction de l'utilisation des logiciels a été mûrement réfléchie. Une telle insistance dans la formation sur l'importance que les licences ne doivent pas restreindre le but ne serait pas présente sinon (notamment avec les points 5 et 6 de l'OSD ou des DFSG).
J'insiste lourdement dans mon premier commentaire et celui-là justement parce que l'idée est séduisante et qu'il est difficile de voir les problèmes qu'elle pose, et je m'attendais à avoir une réponse comme la tienne. Attention ! C'est surtout une vrai fausse bonne idée.
Attention ! C'est surtout une vrai fausse bonne idée.
+1000.
Et le pire est qu'on n'apprend pas du passé, il suffit de regarder la "gauche" française pour s'en convaincre, tous sont "pour les droits humains" mais en pratique il n'y a que division car quand il faut entrer dans les détails personne n'est d'accord, et bam ça divise et ça n'avance pas. Une licence est pour le long terme, l'éthique est changeant (rappelons-nous qu'à une époque ce que Matzneff faisait était vu, d'ailleurs bien plus toléré par les verts qui réclamaient plus de droits, comme de l'éveil des ados, très éthique…) et doit pouvoir changer suivant l'évolution de la société.
J'ai le Contributor Covenant pour mon activité, pas pour ma licence, justement parce que ce sont des sujets différents (long ou court terme, travailler ensemble ou usage).
C'est une attaque contre le libre / open source bien vicieuse, car elle met en jeu des émotions, ça n'en reste pas moins une attaque.
parce que c'est inefficace. Les gens que ça visent s'en fichent probablement de respecter ces termes. Ça passe à côté du problème. Voir à 180°.
Je pense qu'au contraire, plus on en parle, plus c'est susceptible de susciter des questionnements chez les utilisateurs qui prendraient le temps de lire. Ce dont on ne parle pas semble ne pas exister.
Enfin, la GPL n'était pas respectée non plus il y a quelques années. Elle avait pourtant été écrite à destination de ceux qui l'ont violée. Aujourd'hui, elle est moins prise à la légère.
parce que ça fragmente dans le monde du logiciel (libre), et que cette fragmentation pourrait poser problème si ces idées se répandaient.
ces logiciels ne seraient visiblement pas considérés comme libres
Pourquoi le développeur d'un logiciel qui ne se considère pas comme faisant partie de la communauté du logiciel libre n'aurait pas le droit d'utiliser une licence de ce type ? Pourquoi serait-il contraint à utiliser une licence qu'il considère insatisfaisante ?
C'est préoccupant.
Oui, le logiciel libre en tant que tel ne s'occupe pas d'éthique mais visiblement il y a un besoin (sinon, on ne verrait pas ce genre de licence sortir). Quand on voit l'actualité récente, on remarque que ce ne sont pas les seuls à chercher à intégrer à leur licence des clauses pour empêcher ce qu'ils estiment non éthique (à tort ou à raison).
La SSPL ajoute des contraintes techniques pour essayer de résoudre le problème de fond (ceux qui profitent sans participer un minimum). Je comprends que c'est beaucoup plus complexe d'utiliser le même procédé dans ce cas-ci (déjà que de l'autre côté… mais passons).
S'il diffuse son logiciel, c'est qu'il veut toucher d'autres gens que lui.
Pas nécessairement n'importe qui. Et même pas nécessairement quelqu'un.
On trouve beaucoup de repos sur github qui sont là non pas pour être diffusés, mais laissés à disposition de ceux qui voudraient y regarder.
Est-ce que ça concerne beaucoup de gens ?
heu… Bien sur, toute personne qui utilise un logiciel se doit d'en lire la licence, donc tout le monde le fait ! .. non ?
Parce que les licences libres sont apparues justement pour des questions éthiques (de respect des utilisateurs),
En quoi cette licence diffère ?
1. de ce que j'ai compris, elle restreint qui peut l'utiliser, pas les droits des utilisateurs.
2. au contraire, les utilisateurs qui sont d'accord avec la licence on la garantie que les utilisateurs (qui le font dans la légalité) respectent aussi la licence.
et que ces questions à propos de la restriction de l'utilisation des logiciels a été mûrement réfléchie. Une telle insistance dans la formation sur l'importance que les licences ne doivent pas restreindre le but ne serait pas présente sinon (notamment avec les points 5 et 6 de l'OSD ou des DFSG).
Donc cette licence est incorrecte parce qu'elle ne rentre pas dans un canevas défini par une distribution.
Maintenant, je te rejoins sur le fait que baser une licence sur une loi, donc quelque chose défini en dehors et qui a son propre cycle de vie, n'est pas bon.
Baser ta licence sur une éthique, c'est déjà ce qu'on fait en jugeant qu'un logiciel doit être libre pour respecter l'utilisateur. Faire intervenir d'autres clauses en rapport avec l'éthique ne devrait pas être un problème, quelque soit la position des hautes autorités de la définition du libre.
Idem, d'où le ? dans le titre :-)
Restreindre la liberté 0, quelque soient ces restrictions et quelque soit ce que l'on pense sur le bien fondé de ces restrictions, reste du domaine du jugement personnel, n'a pas sa place dans une licence libre et devrait être laissé à la liberté de l'auteur qui peut ajouter une close spécifique s'il le souhaite, mais vraiment pas dans un texte qui a vocation à devenir standard. Là dessus, après tout, chacun reste libre d'ajouter une close restrictive si ça lui chante, genre "ce logiciel ne peut être utilisé que dans le cadre du culte du pastafarisme", ce n'est pas plus con que "ce logiciel ne peut pas être utilisé par les méchants" j'exagère exprès car cette tendance lourde à vouloir imposer à l'autre "le bien" me préoccupe : du respect de l'avis de chacun le camp progressiste bascule vers la moralisation, ce qui est contre-productif. On le voit partout à tout niveaux, même la modération, mais surtout politique, militantisme, manière de parler et discuter. Les nouveaux curés sont là pour nous dire ce qui est le bien et ce qui est le mal, d'une manière restrictive et selon une éthique qui n'a plus aucun rapport ni la sphère de la protection humaine ni avec la volonté d'avancer et faire avancer. De plus en plus nombreux sont celles et ceux qui cherchent à restreindre les autres.
Cet exemple des attaques contre les licences libres, même si elles sont fondées sur des valeurs que je partage à titre personnel, est une illustration supplémentaire de la dérive intellectuelle des libertaires et des progressistes.
Je suis globalement de l'avis que les licences ne sont pas un bon outil pour cela aussi (en fait sont-elles un bon outil à la base ?), mais n'ayant pas non plus d'alternatives en lesquelles je crois (de moins en moins) à conseiller, je m'abstiendrais de juger trop vite. Par ailleurs :
C'est vague.
Au lieu d'utiliser la loi comme référence (qui s'applique avant toute licence), ça utilise plutôt la déclaration universelle des droits de l'homme (qui ne sont pas des lois au sens juridique). C'est donc plus vague en effet (mais plus simple aussi), au point probablement d'être impossible à mettre en pratique via une licence (outil qui utilise la loi comme référence).
L'éthique, ça bouge dans le temps. Certaines choses éthiques hier ne le sont plus aujourd'hui, et certaines choses éthiques demain ne le sont pas aujourd'hui. En inscrivant des principes éthiques dans une licence, vous bloquez pour toujours votre code à une époque. Si la loi et les usages peuvent évoluer, la licence d'un logiciel a un caractère plus ou moins définitif (c'est plus compliqué que ça, mais j'espère que vous me permettrez ce raccourci)
Le concept de licence a une idéologie très forte à la base déjà : celle de privilégier la notion de propriété avant tout. L'auteur se réserve tous les droits et, en fonction de ses envies, peut donner des droits aux autres. Par défaut et avec les lois actuelles, un logiciel n'est utilisable par personne d'autre que son propriétaire.
Ces licences qui se veulent éthiques n'ont rien d'éthique et sont un danger avec lequel il vaut mieux tenir une bonne distance.
Je pense que tu vas trop loin : elles ne sont pas plus un danger ni moins éthiques que le typique tous droits réservés ou les licences des logiciels privateurs qui font la promotion de l'éthique capitaliste par elles-mêmes, ni des mouvements open source qui réussissent à faire la promotion d'un modèle de business construit sur une base de licence libres (les licences libres en elles-mêmes sont assez neutres mais n'importe quel discours sur leur utilité ne l'est pas ; la notion de partage n'est pas neutre par exemple).
Contrairement aux licences propriétaires, une MIT « éthique » permet de faire plein de choses qui ne risquent pas de se heurter à des considérations d'éthiques (comme étudier le logiciel ou l'utiliser pour un usage personnel) et ensuite plus si tu es à l'aise avec les considérations éthiques. Je trouve ça personnellement embêtant aussi (je ferais perso attention au cas par cas si je risque ou non d'utiliser un tel logiciel comme dépendance), mais j'irais pas jusqu'à condamner l'idée : chacun fait ce qu'il veut. L'intérêt de l'existence d'un tel mouvement, c'est de rappeler aux gens que le libre n'a pas atteint tous ses objectifs.
Posté par anaseto .
Évalué à 3.
Dernière modification le 26 janvier 2021 à 19:20.
Après, perso, s'il fallait comparer, je trouve cette licence « éthique » beaucoup moins claire et facile à mettre en pratique que la licence anti-capitaliste, qui vise moins large mais joue plus pragmatiquement le jeu des licences et ne laisse pas de doutes à l'utilisateur ni à la communauté (en gros, c'est MIT avec la restriction que c'est uniquement pour les organisations dont la structure donne un statut égal à tous les travailleurs qui sont tous aussi propriétaires).
Idem, et il me semble qu'il n'y a pas de problème à ce que ce type de licence existe (ni une "code ethique" ni une "hyppocrate v2.1", que la pluralité vive et que chacun puisse y trouver ce qui lui corresponde et si ça n'existe pas il peut le faire.
Ensuite, à voir face à l'éventuelle épreuve légale la solidité de telle ou telle licence.
Mais pourquoi ressentent ils le besoin de justifier cela en dénigrant les 'grandes' licences libres actuelles, en disant qu'elles sont défaillantes, incomplètes, gniagnia ? Ne peuvent ils pas juste pondre leur truc et laisser chacun faire son choix ?
Mais pourquoi ressentent ils le besoin de justifier cela en dénigrant les 'grandes' licences libres actuelles, en disant qu'elles sont défaillantes, incomplètes, gniagnia ?
Ca fait causer. La preuve, on en parle ici, et ça se déchire, une partie de la communauté libre ayant une sympathie pour eux.
Ne peuvent ils pas juste pondre leur truc et laisser chacun faire son choix ?
Par définition non : le libre est l'ennemi, il doit être combattu au même titre voire plus que le non libre, et l'espoir est de réduire le libre, ce libre qui laisse les méchants utiliser le code c'est pire que le non libre (à leur grand désespoir).
Perso, quand je parle de libre je fais très attention à ne pas l'opposer au non libre, juste dire que c'est une alternative… La, on est dans le dur, on dit que le libre est pourri. Certes comme les extrémistes libristes, mais ceux-la n'ont en réalité pas vraiment d'emprise dans le libre.
Voila, tu peux prendre peur car si tu es libriste dans le sens "vraiment, comme écrit, pour tous les usages" on te fais bien comprendre que tu es l'ennemi. Et c'est bien dommage. Déjà la NC avait fait mal, maintenant ça… Mais qui sait, attirer autant de haine veut peut-être dire que le libre gagne? AWS (et Amazon en général) est bien haï et bien plus utilisé que haï (et haï parce qu’utilisé, oups ça boucle)…
Ca fait causer. La preuve, on en parle ici, et ça se déchire, une partie de la communauté libre ayant une sympathie pour eux.
L'idée que le fait d'avoir de la sympathie pour autrui conduit forcément à un déchirement de la communauté me laisse pantois. Il faudrait que la communauté pense toujours à l'unison en mode défensif contre toute communauté potentiellement concurrente ?
Par définition non : le libre est l'ennemi
Quel texte t'a donné cette impression ? En tous cas, sur leur site la position semble plus nuancée. Je ne vois pas de raison d'être sur la défensive, surtout vu leurs chances plutôt minimes d'arriver à gagner du monde vu leur pouvoir marketting très réduit.
[…] au point probablement d'être impossible à mettre en pratique […]
C'est ce qu'il faut retenir : ça ne fait que diviser par des "défenseurs de X", sans proposer en réalité un truc fonctionnel. Les projets vont se prendre des demandes de changement de licence, le mainteneur expliquera que techniquement leur demande est irréalisable, ça se plaindra émotionnellement que le projet est maintenu par des méchants, ça partira en troll et ça ne fera que ralentir le libre dans son ensemble.
Le pire est qu'on sait ce qui arrive quand chacun tape son délire à mettre sa "priorité" en avant, en politique les "protecteurs des droits humains" (et il faut vite le dire, chez nous Mélenchon n'a toujours pas retiré son soutien à Chavez, alors pour la démocratie et les droits humains, ha ha) aussi bien américaine que française se fait laminer par les conservateurs qui ont compris qu'il est bien plus efficace de mettre ses différences de côté pour gagner.
Si ces divisions gagnent plus de terrain dans la communication, le libre tombera au même niveau que les distros Linux sur le desktop. Et c'est pour ça qu'il faut se battre pour dire que le socle est le libre et que le reste est un combat orthogonal. A la vue des réactions ici même, on voit que ce n'est pas du tout gagné (et rien de nouveau, juste un peu plus fort dans la division), mais fort heureusement LinuxFr représente de la faune "qui cause" mais pas tant de faune "qui fait" que ça…
La plus grande chance que le libre a est qu'en effet ce qui est proposé est impossible à mettre en pratique, la SSPL est clairement vu comme une volonté de quitter le libre sans le dire et les autres licences "éthiques" (aucune n'étant compatible avec l'autre, évidement) vont se prendre un veto des avocats de chaque entité qui se posera la question tellement c'est vague (la GPL est technique, précise, et les questions qu'il y a eu dessus dans des conflits juridiques étaient très très spécifiques ou clairement gagné par les libristes).
Et vous qui prônez une éthiques, rappelez vous qu'à une époque chez nous et encore maintenant ailleurs, l'avortement est vu comme non éthique et contraire au droits humains. Avec une licence qui inclut les droits humains, vous risquez de vous prendre un procès si vous utilisez une "licence éthique" dans une hôpital qui pratique l'avortement, a bon entendeur… (et ce n'est qu'un exemple parmi plein qui seront trouvé quand il s’agira de vous faire chier, tiens on parle de Wikileaks, éthique on pas éthique? Visa/Mastercard ont coupé les ponts car "pas éthique d'après eux… Et Weboob, sexiste ou pas? il faut espérer que les "éthiques" se boufferont assez entre eux car les premiers à se faire attaquer seront les militants de ces licences qui auront le malheur de militer pour quelque chose qui ne plaît pas à un autre militant, mais dans tous les cas le libre aura perdu des choses dans cette bataille).
Posté par anaseto .
Évalué à 2.
Dernière modification le 27 janvier 2021 à 10:54.
Je pense que ta perspective des choses vient du fait que tu penses que le libre a gagné, car il est très utilisé à certaines couches d'abstraction par des développeurs, c'est-à-dire des utilisateurs non finals. D'autres regardent l'état du libre pour les utilisateurs finals et donc ont l'impression que le libre a perdu ou, en d'autres termes, qu'il en est « au même niveau que les distros Linux sur le desktop ». Perso je trouve que les deux perspectives ont leur raison d'être et la question est plus nuancée que juste ne voir que l'un ou l'autre.
Je pense que ta perspective des choses vient du fait que tu penses que le libre a gagné, car il est très utilisé à certaines couches d'abstraction par des développeurs, c'est-à-dire des utilisateurs non finals.
Bah, un utilisateur final utilise du libre sans forcément s'en rendre compte. Il n'y a qu'à voir les licences de certaines applis Android qui contiennent beaucoup de code libre. MacOSX en contient as mal (même s'il reste des couches proprio). React est également utilisé par l'utilisateur final. LA freebox en contient pas mal, donc oui le libre a gagné (même s'il n'a pas remplacé le proprio). Il n'y a qu'à revenir quelques années en arrière et voir la réaction d'un DSI ou d'un chef de projet quand on parlait d'utiliser du logiciel libre.
Sinon pour en revenir au sujet initial, prétendre que le logiciel libre ne va pas assez loin c'est se tromper. Le logiciel libre ne concerne ue le logiciel. Ce n'est pas pour rien que la FSF ne s'occupe pas de texte libre ou d'art libre. C'est une autre problématique qui a ses propres contraintes, et qui n'a pas la même approche (l'une des raisons d'êtyre du logiciel libre est de pouvoir l'étudier, l'améliorer et le corriger. Pour de la documentation, améliorer peut avboir un sens, mais pour l'art, j'aurais du mal à prendre une oeuvre telle que la joconde pour tenter de l'améliorer, ou un texte quelconque pour corriger des 'bugs' qui soit dit en passant pourraient être des effets de style que je n'ai pas compris).
Ce n'est pas mon cas, j'ai déjà rencontré le concept il y a quelques années, c'est une position réfléchie.
elles ne sont pas plus un danger ni moins éthiques que le typique tous droits réservés ou les licences des logiciels privateurs
Certes, elles ne sont pas nécessairement moins éthiques, par contre ces licences privatrices (pour reprendre le terme) sont dans un sens plus dangereuses que les autres parce qu'elles attirent des gens habituellement convaincus par le libre, qu'elles sont présentées comme une solution au libre et que lorsqu'elles sont présentées, le libre est présenté contre non éthique.
L'intérêt de l'existence d'un tel mouvement, c'est de rappeler aux gens que le libre n'a pas atteint tous ses objectifs.
Il tente d'atteindre des objectifs qui ne sont pas des objectifs du libre. Encore une fois, je n'ai pas attendu qu'une licence de logiciel me rappelle toutes les causes auxquelles je suis sensible.
Et je dirais même plus : c'est important de séparer les causes. Le logiciel libre en est une, mais si on mélange tout, on risque de perdre plein de gens et de ne pas être efficace.
Supposons que je sois écolo, féministe, végétarien, anticapitaliste libriste. Est-ce que je devrais utiliser une licence pseudo libre qui interdit aux gens qui mangent de la viande, qui n'écrivent pas en écriture inclusive, et qui n'appliquent pas le zéro déchet d'utiliser mes logiciels ? Bah non, je ne crois pas, parce que déjà ça va exclure trop de gens qui ne vont pas se retrouver dans une ou plusieurs de ces causes, parce que si ça se trouve j'impose des manières de faire qui ne sont même pas forcément les meilleures pour ces causes, parce que c'est une manière terrible de sensibiliser, parce que je pourrais moi même évoluer et que tout ce que je vais faire c'est braquer les féministes non végétariens et les anticapitalistes pas écolos. J'aurais plutôt intérêt à faire avancer ces causes de manière plus séparée. Et que faire du code intéressant d'une personne végétarienne écolo non féministe ? On le réécrit ?
Après, rien n'empêche d'afficher ce qu'on veut dans le logiciel ou dans sa comm' si on veut utiliser le logiciel comme vecteur de causes. L'approche de l'auteur de Notepad++ est intéressante à ce propos.
À mon avis il faut séparer les choses et utiliser les moyens appropriés pour chacune d'elle. Les chances de progresser dans chaque domaines seront meilleures, d'un point de vue très pragmatique et on aura rien figé dans une licence : quand du progrès aura été accompli, on pourra adapter le discours aux nouvelles préoccupations.
Posté par anaseto .
Évalué à 2.
Dernière modification le 27 janvier 2021 à 10:47.
Pour qu'il n'y ait pas de doutes, je reprécise que je ne suis pas du tout à l'aise non plus avec le côté trop vague de la déclaration des droits de l'homme et que, pour des raisons pragmatiques, je préfère les licences qui ne laissent pas de doutes (qu'elles soient libres ou non). J'ai limite un peu l'impression de me faire l'avocat du diable quand j'utilise après des licences type BSD pour mes projets ;-) Je ne veux juste pas imposer mes priorités aux autres.
Je ne trouve pas forcément choquant d'ajouter des clauses si le but n'est pas de maximiser la diffusion.
Le pourquoi ils utilisent une licence et pas la loi, c'est simplement parce qu'ils n'arrivent pas à utiliser la loi. Ça ne devrait pas être une surprise. Je pense que si tu parlais avec un défenseur de ce mouvement, il serait d'accord avec toi que la licence n'est pas la place idéale. Ça ressemble plus à une annonce et un rappel que les outils actuels ne leur permettent pas de mettre en place leurs idées (en l'occurrence censées être communes dans pas mal de pays vu le document qu'ils prennent pour référence).
Le pourquoi ils critiquent le libre (tout en lui reconnaissant aussi certains points positifs sur leur site, nuançons !), c'est parce qu'ils semblent penser qu'en l'état actuellement il fait peut-être plus de mal que de bien globalement (la réalité est plus nuancée et dépend beaucoup du type de logiciel et du contexte). C'est une conclusion peu nuancée et étayée de leur part, mais j'imagine qu'en face aussi ils n'ont pas toujours des réponses très nuancées non plus : bref, des soucis de communication typiquement humains, rien de surprenant.
Est-ce que je devrais utiliser une licence pseudo libre qui interdit aux gens qui mangent de la viande, qui n'écrivent pas en écriture inclusive, et qui n'appliquent pas le zéro déchet d'utiliser mes logiciels
Si c'est plus important que la diffusion pour toi, pourquoi pas ? Le principe de clauses supplémentaires, c'est de restreindre la diffusion.
Et que faire du code intéressant d'une personne végétarienne écolo non féministe ? On le réécrit ?
Je te retourne la question : est-ce que les GAFAMs réécrivent tous les logiciels libres juste parce que eux ils font surtout du non-libre ?
C'est pas parce que toi tu utilises un type de licence que tu ne peux plus utiliser les logiciels sous d'autres types de licences (tant que la licence te le permet).
Posté par raphj .
Évalué à 2.
Dernière modification le 27 janvier 2021 à 11:32.
Et que faire du code intéressant d'une personne végétarienne écolo non féministe ? On le réécrit ?
Je te retourne la question : est-ce que les GAFAMs réécrivent tous les logiciels libres juste parce que eux ils font surtout du non-libre ?
C'est pas parce que toi tu utilises un type de licence que tu ne peux plus utiliser les logiciels sous d'autres types de licences (tant que la licence te le permet).
Je me mettais du point de vue du développeur. Si la licence de l'autre code est incompatible avec mon code parce qu'il y a des clauses "éthiques" différentes, on est bloqués.
Je comprends bien que ce genre de problème existe déjà dans le libre, mais autant ne pas en rajouter.
Il y a rien de nouveau dans cette histoire, à part beaucoup d'argent de boites qui pensaient que le libre était compatible avec leur recherche à maximiser le profit. Et surtout, ça n'a rien à voir avec le SaaS, avant le NC devait être libre, ou "ne faite pas de mal" aussi.
Pour certains, Elastic est dans son droit à refuser la concurrence.
Pour d'autres, Amazon est dans son droit à faire de la concurrence.
Définit "éthique", et bon courage. Le libre marche parce que il me protège de la morale des gens, gens qui voudraient que leur business model s'appelle "éthique". La notion de droits humain est un cheval de Troie pour ajouter la morale de chacun, alors que ce débat doit avoir lui ailleurs (la loi d'un pays).
# Contre Productif
Posté par raphj . Évalué à 10. Dernière modification le 26 janvier 2021 à 08:14.
Je suis le premier à me poser plein de questions éthiques sur un tas de sujets.
Les licences libres sont un endroit mauvais / contre-productif pour imposer de l'éthique en restreignant l'usage (dans le sens liberté 0 / exécution du programme) des logiciels. Pourquoi ? Pour pleins de raisons.
En matière d'éthique, c'est beaucoup mieux de garder les licences complètement minimales. Elles ne sont pas le lieu pour dire ce que les gens peuvent faire ou pas en utilisant un logiciel.
C'est le rôle de la société, et il y a des endroits beaucoup plus efficaces pour faire avancer les questions éthiques :
L'absence de restriction d'usage pour les questions éthiques dans les licences logiciels libres n'est pas un aspect "obsolète" de celles-ci. Ce n'est pas un bug, c'est une feature, et elle relève du génie !
Pour finir, battez vous pour les causes éthiques en lesquelles vous adhérez ! C'est super important. Je le fais. Mais on ne promeut pas des causes non éthiques en n'interdisant pas ces causes dans les logiciels qu'on écrit (parce que ce n'est pas du ressort de la licence, c'est ce que je raconte dans ce commentaire). Ces licences qui se veulent éthiques n'ont rien d'éthique et sont un danger avec lequel il vaut mieux tenir une bonne distance. Et maintenant qu'elles existent (avec le mouvement auquel elles appartient), on a le devoir d'expliquer aux gens pourquoi. Le monde ne va pas devenir meilleure grâce à ces licences. Pour ces causes, il faut voir beaucoup plus grand que le monde du logiciel. Il y a des progrès éthiques à faire dans le monde du logiciel, mais ils sont d'un autre ordre.
[^] # Re: Contre Productif
Posté par Elfir3 . Évalué à 2.
Je suis perplexe. En quoi c'est du génie de s'affranchir de question éthiques dans une licence ?
J'ai plus l'impression que de l'affirmer c'est garder une porte ouverte pour utilisation non éthique de l'objet de la licence et dont l'auteur de l'objet pourrait avoir envie de se protéger.
Certes, comme tu dis l'éthique est locale (dépend du contexte, de la culture, etc), mais si c'est plus important pour l'auteur de se battre de cette manière, pourquoi pas ?
Après tout, c'est son logiciel, si il est moins diffusé à cause de ça c'est son problème. De plus, la lecture de la licence peut permettre à certains de prendre conscience de son éthique, et d'y adhérer (ou de s'y opposer). Tout le monde n'est pas perméable à l'art. J'y vois une forme de lobbying comme une autre.
Après, je doute que j'utiliserai ce genre de licence de mon côté et je passerais certainement par d'autres moyens pour militer, mais je doute qu'il faille rejeter ce genre initiative.
[^] # Re: Contre Productif
Posté par raphj . Évalué à 9. Dernière modification le 26 janvier 2021 à 10:28.
Tant que ça ne se répand pas plus. Sinon, ça devient un vrai problème dans le monde du logiciel (libre). Ça c'est déjà bien répandu, les journaux grand public en parlent, en affirmant que le libre et l'open source ne vont pas assez loin dans l'éthique. C'est préoccupant.
Et même : ce n'est pas que son problème. S'il diffuse son logiciel, c'est qu'il veut toucher d'autres gens que lui.
Est-ce que ça concerne beaucoup de gens ?
Parce que les licences libres sont apparues justement pour des questions éthiques (de respect des utilisateurs), et que ces questions à propos de la restriction de l'utilisation des logiciels a été mûrement réfléchie. Une telle insistance dans la formation sur l'importance que les licences ne doivent pas restreindre le but ne serait pas présente sinon (notamment avec les points 5 et 6 de l'OSD ou des DFSG).
J'insiste lourdement dans mon premier commentaire et celui-là justement parce que l'idée est séduisante et qu'il est difficile de voir les problèmes qu'elle pose, et je m'attendais à avoir une réponse comme la tienne. Attention ! C'est surtout une vrai fausse bonne idée.
[^] # Re: Contre Productif
Posté par Zenitram (site web personnel) . Évalué à 4.
+1000.
Et le pire est qu'on n'apprend pas du passé, il suffit de regarder la "gauche" française pour s'en convaincre, tous sont "pour les droits humains" mais en pratique il n'y a que division car quand il faut entrer dans les détails personne n'est d'accord, et bam ça divise et ça n'avance pas. Une licence est pour le long terme, l'éthique est changeant (rappelons-nous qu'à une époque ce que Matzneff faisait était vu, d'ailleurs bien plus toléré par les verts qui réclamaient plus de droits, comme de l'éveil des ados, très éthique…) et doit pouvoir changer suivant l'évolution de la société.
J'ai le Contributor Covenant pour mon activité, pas pour ma licence, justement parce que ce sont des sujets différents (long ou court terme, travailler ensemble ou usage).
C'est une attaque contre le libre / open source bien vicieuse, car elle met en jeu des émotions, ça n'en reste pas moins une attaque.
[^] # Re: Contre Productif
Posté par Elfir3 . Évalué à 4.
Je pense qu'au contraire, plus on en parle, plus c'est susceptible de susciter des questionnements chez les utilisateurs qui prendraient le temps de lire. Ce dont on ne parle pas semble ne pas exister.
Enfin, la GPL n'était pas respectée non plus il y a quelques années. Elle avait pourtant été écrite à destination de ceux qui l'ont violée. Aujourd'hui, elle est moins prise à la légère.
Pourquoi le développeur d'un logiciel qui ne se considère pas comme faisant partie de la communauté du logiciel libre n'aurait pas le droit d'utiliser une licence de ce type ? Pourquoi serait-il contraint à utiliser une licence qu'il considère insatisfaisante ?
Oui, le logiciel libre en tant que tel ne s'occupe pas d'éthique mais visiblement il y a un besoin (sinon, on ne verrait pas ce genre de licence sortir). Quand on voit l'actualité récente, on remarque que ce ne sont pas les seuls à chercher à intégrer à leur licence des clauses pour empêcher ce qu'ils estiment non éthique (à tort ou à raison).
La SSPL ajoute des contraintes techniques pour essayer de résoudre le problème de fond (ceux qui profitent sans participer un minimum). Je comprends que c'est beaucoup plus complexe d'utiliser le même procédé dans ce cas-ci (déjà que de l'autre côté… mais passons).
Pas nécessairement n'importe qui. Et même pas nécessairement quelqu'un.
On trouve beaucoup de repos sur github qui sont là non pas pour être diffusés, mais laissés à disposition de ceux qui voudraient y regarder.
heu… Bien sur, toute personne qui utilise un logiciel se doit d'en lire la licence, donc tout le monde le fait ! .. non ?
En quoi cette licence diffère ?
1. de ce que j'ai compris, elle restreint qui peut l'utiliser, pas les droits des utilisateurs.
2. au contraire, les utilisateurs qui sont d'accord avec la licence on la garantie que les utilisateurs (qui le font dans la légalité) respectent aussi la licence.
Donc cette licence est incorrecte parce qu'elle ne rentre pas dans un canevas défini par une distribution.
Maintenant, je te rejoins sur le fait que baser une licence sur une loi, donc quelque chose défini en dehors et qui a son propre cycle de vie, n'est pas bon.
Baser ta licence sur une éthique, c'est déjà ce qu'on fait en jugeant qu'un logiciel doit être libre pour respecter l'utilisateur. Faire intervenir d'autres clauses en rapport avec l'éthique ne devrait pas être un problème, quelque soit la position des hautes autorités de la définition du libre.
[^] # Re: Contre Productif
Posté par bubar🦥 (Mastodon) . Évalué à 3.
Idem, d'où le ? dans le titre :-)
Restreindre la liberté 0, quelque soient ces restrictions et quelque soit ce que l'on pense sur le bien fondé de ces restrictions, reste du domaine du jugement personnel, n'a pas sa place dans une licence libre et devrait être laissé à la liberté de l'auteur qui peut ajouter une close spécifique s'il le souhaite, mais vraiment pas dans un texte qui a vocation à devenir standard. Là dessus, après tout, chacun reste libre d'ajouter une close restrictive si ça lui chante, genre "ce logiciel ne peut être utilisé que dans le cadre du culte du pastafarisme", ce n'est pas plus con que "ce logiciel ne peut pas être utilisé par les méchants" j'exagère exprès car cette tendance lourde à vouloir imposer à l'autre "le bien" me préoccupe : du respect de l'avis de chacun le camp progressiste bascule vers la moralisation, ce qui est contre-productif. On le voit partout à tout niveaux, même la modération, mais surtout politique, militantisme, manière de parler et discuter. Les nouveaux curés sont là pour nous dire ce qui est le bien et ce qui est le mal, d'une manière restrictive et selon une éthique qui n'a plus aucun rapport ni la sphère de la protection humaine ni avec la volonté d'avancer et faire avancer. De plus en plus nombreux sont celles et ceux qui cherchent à restreindre les autres.
Cet exemple des attaques contre les licences libres, même si elles sont fondées sur des valeurs que je partage à titre personnel, est une illustration supplémentaire de la dérive intellectuelle des libertaires et des progressistes.
Un autre lien, sujet voisin, gardé sous le coude depuis qq semaines : "code équitable contre code open source" https://fosspost.org/fair-code-open-source/
[^] # Re: Contre Productif
Posté par anaseto . Évalué à 4.
Je suis globalement de l'avis que les licences ne sont pas un bon outil pour cela aussi (en fait sont-elles un bon outil à la base ?), mais n'ayant pas non plus d'alternatives en lesquelles je crois (de moins en moins) à conseiller, je m'abstiendrais de juger trop vite. Par ailleurs :
Au lieu d'utiliser la loi comme référence (qui s'applique avant toute licence), ça utilise plutôt la déclaration universelle des droits de l'homme (qui ne sont pas des lois au sens juridique). C'est donc plus vague en effet (mais plus simple aussi), au point probablement d'être impossible à mettre en pratique via une licence (outil qui utilise la loi comme référence).
Le concept de licence a une idéologie très forte à la base déjà : celle de privilégier la notion de propriété avant tout. L'auteur se réserve tous les droits et, en fonction de ses envies, peut donner des droits aux autres. Par défaut et avec les lois actuelles, un logiciel n'est utilisable par personne d'autre que son propriétaire.
Je pense que tu vas trop loin : elles ne sont pas plus un danger ni moins éthiques que le typique tous droits réservés ou les licences des logiciels privateurs qui font la promotion de l'éthique capitaliste par elles-mêmes, ni des mouvements open source qui réussissent à faire la promotion d'un modèle de business construit sur une base de licence libres (les licences libres en elles-mêmes sont assez neutres mais n'importe quel discours sur leur utilité ne l'est pas ; la notion de partage n'est pas neutre par exemple).
Contrairement aux licences propriétaires, une MIT « éthique » permet de faire plein de choses qui ne risquent pas de se heurter à des considérations d'éthiques (comme étudier le logiciel ou l'utiliser pour un usage personnel) et ensuite plus si tu es à l'aise avec les considérations éthiques. Je trouve ça personnellement embêtant aussi (je ferais perso attention au cas par cas si je risque ou non d'utiliser un tel logiciel comme dépendance), mais j'irais pas jusqu'à condamner l'idée : chacun fait ce qu'il veut. L'intérêt de l'existence d'un tel mouvement, c'est de rappeler aux gens que le libre n'a pas atteint tous ses objectifs.
[^] # Re: Contre Productif
Posté par anaseto . Évalué à 3. Dernière modification le 26 janvier 2021 à 19:20.
Après, perso, s'il fallait comparer, je trouve cette licence « éthique » beaucoup moins claire et facile à mettre en pratique que la licence anti-capitaliste, qui vise moins large mais joue plus pragmatiquement le jeu des licences et ne laisse pas de doutes à l'utilisateur ni à la communauté (en gros, c'est MIT avec la restriction que c'est uniquement pour les organisations dont la structure donne un statut égal à tous les travailleurs qui sont tous aussi propriétaires).
[^] # Re: Contre Productif
Posté par bubar🦥 (Mastodon) . Évalué à 4.
Idem, et il me semble qu'il n'y a pas de problème à ce que ce type de licence existe (ni une "code ethique" ni une "hyppocrate v2.1", que la pluralité vive et que chacun puisse y trouver ce qui lui corresponde et si ça n'existe pas il peut le faire.
Ensuite, à voir face à l'éventuelle épreuve légale la solidité de telle ou telle licence.
Mais pourquoi ressentent ils le besoin de justifier cela en dénigrant les 'grandes' licences libres actuelles, en disant qu'elles sont défaillantes, incomplètes, gniagnia ? Ne peuvent ils pas juste pondre leur truc et laisser chacun faire son choix ?
[^] # Re: Contre Productif
Posté par Zenitram (site web personnel) . Évalué à 3. Dernière modification le 26 janvier 2021 à 20:38.
Ca fait causer. La preuve, on en parle ici, et ça se déchire, une partie de la communauté libre ayant une sympathie pour eux.
Par définition non : le libre est l'ennemi, il doit être combattu au même titre voire plus que le non libre, et l'espoir est de réduire le libre, ce libre qui laisse les méchants utiliser le code c'est pire que le non libre (à leur grand désespoir).
Perso, quand je parle de libre je fais très attention à ne pas l'opposer au non libre, juste dire que c'est une alternative… La, on est dans le dur, on dit que le libre est pourri. Certes comme les extrémistes libristes, mais ceux-la n'ont en réalité pas vraiment d'emprise dans le libre.
Voila, tu peux prendre peur car si tu es libriste dans le sens "vraiment, comme écrit, pour tous les usages" on te fais bien comprendre que tu es l'ennemi. Et c'est bien dommage. Déjà la NC avait fait mal, maintenant ça… Mais qui sait, attirer autant de haine veut peut-être dire que le libre gagne? AWS (et Amazon en général) est bien haï et bien plus utilisé que haï (et haï parce qu’utilisé, oups ça boucle)…
[^] # Re: Contre Productif
Posté par anaseto . Évalué à 3.
L'idée que le fait d'avoir de la sympathie pour autrui conduit forcément à un déchirement de la communauté me laisse pantois. Il faudrait que la communauté pense toujours à l'unison en mode défensif contre toute communauté potentiellement concurrente ?
Quel texte t'a donné cette impression ? En tous cas, sur leur site la position semble plus nuancée. Je ne vois pas de raison d'être sur la défensive, surtout vu leurs chances plutôt minimes d'arriver à gagner du monde vu leur pouvoir marketting très réduit.
[^] # Re: Contre Productif
Posté par Zenitram (site web personnel) . Évalué à 4. Dernière modification le 26 janvier 2021 à 20:31.
C'est ce qu'il faut retenir : ça ne fait que diviser par des "défenseurs de X", sans proposer en réalité un truc fonctionnel. Les projets vont se prendre des demandes de changement de licence, le mainteneur expliquera que techniquement leur demande est irréalisable, ça se plaindra émotionnellement que le projet est maintenu par des méchants, ça partira en troll et ça ne fera que ralentir le libre dans son ensemble.
Le pire est qu'on sait ce qui arrive quand chacun tape son délire à mettre sa "priorité" en avant, en politique les "protecteurs des droits humains" (et il faut vite le dire, chez nous Mélenchon n'a toujours pas retiré son soutien à Chavez, alors pour la démocratie et les droits humains, ha ha) aussi bien américaine que française se fait laminer par les conservateurs qui ont compris qu'il est bien plus efficace de mettre ses différences de côté pour gagner.
Si ces divisions gagnent plus de terrain dans la communication, le libre tombera au même niveau que les distros Linux sur le desktop. Et c'est pour ça qu'il faut se battre pour dire que le socle est le libre et que le reste est un combat orthogonal. A la vue des réactions ici même, on voit que ce n'est pas du tout gagné (et rien de nouveau, juste un peu plus fort dans la division), mais fort heureusement LinuxFr représente de la faune "qui cause" mais pas tant de faune "qui fait" que ça…
La plus grande chance que le libre a est qu'en effet ce qui est proposé est impossible à mettre en pratique, la SSPL est clairement vu comme une volonté de quitter le libre sans le dire et les autres licences "éthiques" (aucune n'étant compatible avec l'autre, évidement) vont se prendre un veto des avocats de chaque entité qui se posera la question tellement c'est vague (la GPL est technique, précise, et les questions qu'il y a eu dessus dans des conflits juridiques étaient très très spécifiques ou clairement gagné par les libristes).
Et vous qui prônez une éthiques, rappelez vous qu'à une époque chez nous et encore maintenant ailleurs, l'avortement est vu comme non éthique et contraire au droits humains. Avec une licence qui inclut les droits humains, vous risquez de vous prendre un procès si vous utilisez une "licence éthique" dans une hôpital qui pratique l'avortement, a bon entendeur… (et ce n'est qu'un exemple parmi plein qui seront trouvé quand il s’agira de vous faire chier, tiens on parle de Wikileaks, éthique on pas éthique? Visa/Mastercard ont coupé les ponts car "pas éthique d'après eux… Et Weboob, sexiste ou pas? il faut espérer que les "éthiques" se boufferont assez entre eux car les premiers à se faire attaquer seront les militants de ces licences qui auront le malheur de militer pour quelque chose qui ne plaît pas à un autre militant, mais dans tous les cas le libre aura perdu des choses dans cette bataille).
[^] # Re: Contre Productif
Posté par anaseto . Évalué à 2. Dernière modification le 27 janvier 2021 à 10:54.
Je pense que ta perspective des choses vient du fait que tu penses que le libre a gagné, car il est très utilisé à certaines couches d'abstraction par des développeurs, c'est-à-dire des utilisateurs non finals. D'autres regardent l'état du libre pour les utilisateurs finals et donc ont l'impression que le libre a perdu ou, en d'autres termes, qu'il en est « au même niveau que les distros Linux sur le desktop ». Perso je trouve que les deux perspectives ont leur raison d'être et la question est plus nuancée que juste ne voir que l'un ou l'autre.
[^] # Re: Contre Productif
Posté par raphj . Évalué à 2. Dernière modification le 27 janvier 2021 à 11:28.
oulah, non.
(edit : oups, je croyais que tu répondais à un commentaire à moi)
[^] # Re: Contre Productif
Posté par totof2000 . Évalué à 1.
Bah, un utilisateur final utilise du libre sans forcément s'en rendre compte. Il n'y a qu'à voir les licences de certaines applis Android qui contiennent beaucoup de code libre. MacOSX en contient as mal (même s'il reste des couches proprio). React est également utilisé par l'utilisateur final. LA freebox en contient pas mal, donc oui le libre a gagné (même s'il n'a pas remplacé le proprio). Il n'y a qu'à revenir quelques années en arrière et voir la réaction d'un DSI ou d'un chef de projet quand on parlait d'utiliser du logiciel libre.
Sinon pour en revenir au sujet initial, prétendre que le logiciel libre ne va pas assez loin c'est se tromper. Le logiciel libre ne concerne ue le logiciel. Ce n'est pas pour rien que la FSF ne s'occupe pas de texte libre ou d'art libre. C'est une autre problématique qui a ses propres contraintes, et qui n'a pas la même approche (l'une des raisons d'êtyre du logiciel libre est de pouvoir l'étudier, l'améliorer et le corriger. Pour de la documentation, améliorer peut avboir un sens, mais pour l'art, j'aurais du mal à prendre une oeuvre telle que la joconde pour tenter de l'améliorer, ou un texte quelconque pour corriger des 'bugs' qui soit dit en passant pourraient être des effets de style que je n'ai pas compris).
[^] # Re: Contre Productif
Posté par raphj . Évalué à 4.
Ce n'est pas mon cas, j'ai déjà rencontré le concept il y a quelques années, c'est une position réfléchie.
Certes, elles ne sont pas nécessairement moins éthiques, par contre ces licences privatrices (pour reprendre le terme) sont dans un sens plus dangereuses que les autres parce qu'elles attirent des gens habituellement convaincus par le libre, qu'elles sont présentées comme une solution au libre et que lorsqu'elles sont présentées, le libre est présenté contre non éthique.
Il tente d'atteindre des objectifs qui ne sont pas des objectifs du libre. Encore une fois, je n'ai pas attendu qu'une licence de logiciel me rappelle toutes les causes auxquelles je suis sensible.
Et je dirais même plus : c'est important de séparer les causes. Le logiciel libre en est une, mais si on mélange tout, on risque de perdre plein de gens et de ne pas être efficace.
Supposons que je sois écolo, féministe, végétarien, anticapitaliste libriste. Est-ce que je devrais utiliser une licence pseudo libre qui interdit aux gens qui mangent de la viande, qui n'écrivent pas en écriture inclusive, et qui n'appliquent pas le zéro déchet d'utiliser mes logiciels ? Bah non, je ne crois pas, parce que déjà ça va exclure trop de gens qui ne vont pas se retrouver dans une ou plusieurs de ces causes, parce que si ça se trouve j'impose des manières de faire qui ne sont même pas forcément les meilleures pour ces causes, parce que c'est une manière terrible de sensibiliser, parce que je pourrais moi même évoluer et que tout ce que je vais faire c'est braquer les féministes non végétariens et les anticapitalistes pas écolos. J'aurais plutôt intérêt à faire avancer ces causes de manière plus séparée. Et que faire du code intéressant d'une personne végétarienne écolo non féministe ? On le réécrit ?
Après, rien n'empêche d'afficher ce qu'on veut dans le logiciel ou dans sa comm' si on veut utiliser le logiciel comme vecteur de causes. L'approche de l'auteur de Notepad++ est intéressante à ce propos.
À mon avis il faut séparer les choses et utiliser les moyens appropriés pour chacune d'elle. Les chances de progresser dans chaque domaines seront meilleures, d'un point de vue très pragmatique et on aura rien figé dans une licence : quand du progrès aura été accompli, on pourra adapter le discours aux nouvelles préoccupations.
[^] # Re: Contre Productif
Posté par anaseto . Évalué à 2. Dernière modification le 27 janvier 2021 à 10:47.
Pour qu'il n'y ait pas de doutes, je reprécise que je ne suis pas du tout à l'aise non plus avec le côté trop vague de la déclaration des droits de l'homme et que, pour des raisons pragmatiques, je préfère les licences qui ne laissent pas de doutes (qu'elles soient libres ou non). J'ai limite un peu l'impression de me faire l'avocat du diable quand j'utilise après des licences type BSD pour mes projets ;-) Je ne veux juste pas imposer mes priorités aux autres.
Je ne trouve pas forcément choquant d'ajouter des clauses si le but n'est pas de maximiser la diffusion.
Le pourquoi ils utilisent une licence et pas la loi, c'est simplement parce qu'ils n'arrivent pas à utiliser la loi. Ça ne devrait pas être une surprise. Je pense que si tu parlais avec un défenseur de ce mouvement, il serait d'accord avec toi que la licence n'est pas la place idéale. Ça ressemble plus à une annonce et un rappel que les outils actuels ne leur permettent pas de mettre en place leurs idées (en l'occurrence censées être communes dans pas mal de pays vu le document qu'ils prennent pour référence).
Le pourquoi ils critiquent le libre (tout en lui reconnaissant aussi certains points positifs sur leur site, nuançons !), c'est parce qu'ils semblent penser qu'en l'état actuellement il fait peut-être plus de mal que de bien globalement (la réalité est plus nuancée et dépend beaucoup du type de logiciel et du contexte). C'est une conclusion peu nuancée et étayée de leur part, mais j'imagine qu'en face aussi ils n'ont pas toujours des réponses très nuancées non plus : bref, des soucis de communication typiquement humains, rien de surprenant.
Si c'est plus important que la diffusion pour toi, pourquoi pas ? Le principe de clauses supplémentaires, c'est de restreindre la diffusion.
Je te retourne la question : est-ce que les GAFAMs réécrivent tous les logiciels libres juste parce que eux ils font surtout du non-libre ?
C'est pas parce que toi tu utilises un type de licence que tu ne peux plus utiliser les logiciels sous d'autres types de licences (tant que la licence te le permet).
[^] # Re: Contre Productif
Posté par raphj . Évalué à 2. Dernière modification le 27 janvier 2021 à 11:32.
Je me mettais du point de vue du développeur. Si la licence de l'autre code est incompatible avec mon code parce qu'il y a des clauses "éthiques" différentes, on est bloqués.
Je comprends bien que ce genre de problème existe déjà dans le libre, mais autant ne pas en rajouter.
# Défini "éthique"
Posté par Zenitram (site web personnel) . Évalué à 7. Dernière modification le 26 janvier 2021 à 10:23.
Il y a rien de nouveau dans cette histoire, à part beaucoup d'argent de boites qui pensaient que le libre était compatible avec leur recherche à maximiser le profit. Et surtout, ça n'a rien à voir avec le SaaS, avant le NC devait être libre, ou "ne faite pas de mal" aussi.
Pour certains, Elastic est dans son droit à refuser la concurrence.
Pour d'autres, Amazon est dans son droit à faire de la concurrence.
Définit "éthique", et bon courage. Le libre marche parce que il me protège de la morale des gens, gens qui voudraient que leur business model s'appelle "éthique". La notion de droits humain est un cheval de Troie pour ajouter la morale de chacun, alors que ce débat doit avoir lui ailleurs (la loi d'un pays).
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