Voilà, j'ai bien parlé de TALOS, j'ai bien parlé des CPU, maintenant passons au Wi-Fi.
Je suis nul en machins juridiques, je ne suis pas exégète professionnel ni même amateur alors je vais vous dire ce que j'ai compris, débrouillez-vous avec ça.
Le Wi-Fi, comme toutes les technos de communication par ondes radio, utilise des bandes de fréquences du spectre électromagnétique. Ces bandes de fréquences étant disponibles en quantités limitées, elles sont allouées à certains usages, par les États. Certaines bandes sont totalement réservées (par exemple à la défense, à l'aviation civile, aux secours en mer, à l'aérospatiale, etc), d'autres sont disponibles plus ou moins librement, parfois sous des licences plus ou moins restrictives. Dans tous les cas, il y a un certain nombre de normes à respecter. En effet, le principal problème des communications par ondes radio est qu'elles sont soumises aux interférences, il faut donc s'assurer que l'exploitation de celles-ci se fait dans un certains cadre, par exemple en ne débordant pas sur des fréquences non-autorisées, ou en ne dépassant pas une certaine puissance d'émission.
Depuis des années, la FCC (Federal Communications Commission), un organisme fédéral américain de régulation des télécommunications (une sorte d'équivalent de ARCEP + CSA chez nous), cherche à empêcher par tous les moyens une utilisation non-autorisée des fréquences radio accessibles via les équipements informatique grand public. Par exemple en faisant pression sur les fabricants d'ordinateurs pour qu'ils n'incluent que des cartes avec firmware non-libre dans leurs produits, voire pour qu'ils incluent dans leur BIOS une fonctionnalité malveillante interdisant l'utilisateur de changer sa carte Wi-Fi pour un modèle plus respectueux de sa liberté.
Depuis, la FCC fait pression sur les autorités américaines et européennes pour soumettre les équipements radio grand public à encore plus de restrictions. En mai 2014, la Radio Equipment Directive 2014/53/EU a été adoptée dans l'UE (j'étais encore parti pour dire que les américains avaient commencé et que l'Europe avait suivi, mais cette fois il semblerait que ce soit le contraire, en tout cas si je m'en tiens à la chronologie) dont le but est d'harmoniser les régulations du spectre de fréquences et d'en améliorer la sécurité. La plupart des mesures édictées dans ce texte ne sont pas contestées par les libristes.
Une mesure particulière cependant est contestée, l'article 3.3(i) :
"[…] radio equipment supports certain features in order to ensure that software can only be loaded into the radio equipment where the compliance of the combination of the radio equipment and software has been demonstrated".
Selon divers constructeurs et organisations, cette mesure impliquerait que tout appareil radio dont le fonctionnement est dépendant d'un logiciel (typiquement : firmware) capable de modifier les caractéristiques de l'antenne (bande de fréquence, puissance…) en-dehors de son cadre d'exploitation légal doit être équipé de mesures techniques empêchant l'utilisateur de modifier le logiciel, c'est-à-dire en gros que ce firmware doit être non-libre et signé par le constructeur, avec une clé gravée dans le silicium pour vérifier la signature.
Cette technique de signature des firmwares pour restreindre la liberté de l'utilisateur est déjà largement employée dans d'autres cas (signature du bootloader dans les smartphones, signature du firmware dans certaines cartes graphiques, signature du kernel dans un tristement célèbre lecteur de salon, signature des binaires les plus intrusifs dans les BIOS des cartes mères, etc.), mais c'est la première fois que je la vois évoquée pour du matériel wifi, et c'est la première fois à ma connaissance qu'elle est rendue obligatoire (et donc imposée à tous les vendeurs) par une restriction légale.
La directive en question est entrée en vigueur le 12 juin 2016 et les pays membres ont un an pour la mettre en application.
Depuis, la FCC a apparemment fait appliquer des restrictions similaires aux États-Unis (apparemment le nom du truc serait Notification of Proposed Rule Making (NPRM) on modular transmitters and electronic labels for wireless devices), au cours du deuxième semestre 2015. Les passages problématiques seraient l'article 2.1033, paragraphe 4(i) :
For devices including modular transmitters which are software defined radios and use software to control the radio or other parameters subject to the Commission’s rules, the description must include details of the equipment’s capabilities for software modification and upgradeability, including all frequency bands, power levels, modulation types, or other modes of operation for which the device is designed to operate, whether or not the device will be initially marketed with all modes enabled. The description must state which parties will be authorized to make software changes (e.g., the grantee, wireless service providers, other authorized parties) and the software controls that are provided to prevent unauthorized parties from enabling different modes of operation. Manufacturers must describe the methods used in the device to secure the software in their application for equipment authorization and must include a high level operational description or flow diagram of the software that controls the radio frequency operating parameters. The applicant must provide an attestation that only permissible modes of operation may be selected by a user.
et article 2.1042, paragraphe 8(e) :
Manufacturers of any radio including certified modular transmitters which includes a software defined radio must take steps to ensure that only software that has been approved with a particular radio can be loaded into that radio. The software must not allow the installers or end-user to operate the transmitter with operating frequencies, output power, modulation types or other radio frequency parameters outside those that were approved. Manufacturers may use means including, but not limited to the use of a private network that allows only authenticated users to download software, electronic signatures in software or coding in hardware that is decoded by software to verify that new software can be legally loaded into a device to meet these requirements.
Il est probable que tous les constructeurs finissent par se plier à cette mesure, même s'ils sont hors des USA et de l'UE, car sinon ils se priveraient d'un marché important (et aucun autre pays n'a pris de décision contradictoire, donc qui peut le plus peut le moins).
La question que vous vous posez alors sûrement est la suivante : l'Europe et les USA viennent-ils d'interdire le logiciel libre ?
Oui et non. Théoriquement il est toujours possible d'acheter des appareils dépourvus de modules radio et de les utiliser avec du logiciel libre. De ce point de vue-là la réponse est non. Cependant, il faut reconnaître qu'il est difficilement concevable, aujourd'hui, de faire son informatique en se passant complètement de transmissions sans fil et donc de modules radio (typiquement wifi). De ce point de vue-là, la réponse dépend de celle donnée à la question qui suit :
L'Europe et les USA viennent-ils d'interdire d'utiliser un module radio avec du logiciel libre ?
Là aussi, oui et non. Théoriquement, il serait possible de concevoir un module wifi dont toutes les restrictions légales seraient incluses dans le hardware, ou incluses de façon logicielle dans une puce ne permettant pas la mise à jour de ce logiciel. De ce point de vue-là, la réponse est non. Mais en pratique, cela demanderait un travail si complexe et ces modules seraient tellement chers à produire que de tels produits sont inimaginables à l'heure actuelle. De plus, la tendance de l'industrie ces dernières années est très clairement de déplacer de plus en plus de fonctionnalités dans le firmware, souvent pour des raisons techniques compréhensibles. En effet, au fur et à mesure que les mondes de l'électronique et de l'informatique progressent, et alors que les nouvelles normes de transmission sans fil se complexifient de plus en plus et sont de plus en plus difficiles à implémenter, les constructeurs ont tout intérêt à implémenter un maximum de mécanismes de façon logicielle. Il ne fait donc aucun doute que pour respecter la loi, un fabricant préfèrera charger un firmware dans le module radio et le signer en gravant la clé dans le matériel, plutôt que d'implémenter toutes les restrictions légales d'utilisation du spectre directement dans le matériel. Procéder autrement tiendrait très certainement du suicide commercial. De ce point de vue-là la réponse est oui.
Enfin, il faut préciser qu'il s'agit d'une interdiction sur la vente. Il reste légal d'utiliser des équipements sans fil doté d'un firmware non signé. Si j'ai bien compris il devrait aussi être possible, de distribuer des modules wifi avec un firmware non signé, tant qu'on ne les vend pas (mais ça ne me semble pas super viable comme modèle économique).
La possibilité de continuer à assurer les quatre libertés de l'utilisateur dans un tel contexte relève donc a priori de l'utopie.
C'est à ma connaissance de jeunot sorti de l'œuf la première fois qu'on assiste à une interdiction légale des quatre libertés sur un logiciel (en général, je ne parle pas des cas où on est effectivement obligé d'utiliser un logiciel non-libre précis, comme du code non-libre sur un site gouvernemental, ou bien cette obligation d'utiliser Windows pour payer ses impôts en Slovaquie). Et cette restriction concerne une trentaine de pays très influents. C'est très inquiétant.
Pourquoi les politiciens ont-ils accepté de voter des telles mesures liberticides ? Certaines personnes prêtent des intentions machiavéliques au lobbyistes de la FCC, qui auraient présenté les dangers du non-respect des normes radio (rappelons que les signaux radio sont utilisés par l'aviation civile, l'armée, les secours, etc, et leur bon fonctionnement est crucial dans des domaines critiques pour la sécurité des individus), et que l'argument du "pensez aux enfants" l'aurait emporté. D'autres ne prêtent aucune mauvaise intention à la FCC et mettent le texte liberticide sur le dos de l'incompétence crasse des politiciens. La FCC elle-même se défend de toute intention malveillante et prétend qu'elle n'a aucune intention d'impacter le logiciel libre ou les libertés de l'utilisateur. Quoi qu'en prétendent les différentes parties impliquées, le texte est là, il est voté, et il est potentiellement dangereux.
L'un des principaux acteurs à avoir réagi est la FSFE. Dans un article sur la "Radio Lockdown Directive", il expliquent le problème.
La FSFE souligne notamment le fait que l'utilisateur n'a pas le contrôle de son logiciel, alors que le constructeur a le contrôle du logiciel de l'utilisateur. C'est un point important à prendre en compte : dans le cas d'une puce en lecture seule, le logiciel n'est pas modifiable, mais ni l'utilisateur ni le constructeur ne peuvent le modifier. Dans le cas d'un firmware signé, l'utilisateur ne peut pas le modifier, mais le constructeur le peut. Il y a là une asymétrie dangereuse entre le développeur et l'utilisateur.
La FSFE mentionne également l'incompatibilité de cette loi avec la GPLv3 (qui interdit la tivoïsation). Les constructeurs utilisant un firmware sous GPLv3 pour leurs modèles devront réécrire un firmware pour leur prochains modèles de modules sans-fil.
La FSFE mentionne aussi les réseaux sans fil construits autour de la libre et saine compétition permise par le logiciel libre dans le domaine de réseaux sans fil. Des organismes comme France-wireless, Tetaneutral, Freifunk, FunkFeuer, Guifi.net, pourraient en pâtir (après j'avoue que je ne sais pas si ces organismes ont pour politique de n'utiliser que du logiciel libre dans leurs équipements).
La FSFE répond enfin aux questions concernant la sécurité en soulignant que :
laisser l'exclusivité des mises à jour au constructeur n'augmente pas nécessairement la sécurité, c'est même plutôt souvent le contraire
les dispositifs radio grand public ont de toute façon une puissance trop faible au niveau matériel pour constituer un danger significatif
les gens qui veulent vraiment impacter le bon fonctionnement des communications radio trouveront de toute façon un moyen de le faire, indépendamment des restrictions sur le matériel grand public.
D'autres organismes ont réagi, comme des entreprises.
Thinkpenguin, notamment, l'un des seuls (peut-être même le seul, vu que j'en connais pas d'autre) vendeur de matériel informatique à vendre un routeur wifi fonctionnant entièrement avec du logiciel libre a cessé de vendre son produit. Il s'agissait du seul routeur wifi certifié RYF par la FSF.
Cette réaction de Thinkpenguin a eu lieu juste après que TP-Link ait commencé à commercialiser des routeurs dont le firmware est signé. Notons que dans ce cas précis, c'est le firmware au sens large, c'est à dire l'OS du routeur au complet, et pas juste le firmware du module wifi, qui est signé. Cela rend donc impossible l'installation d'un OS alternatif sur ces routeurs.
J'ai aussi demandé leur avis à des membres de certains projets d'openhardware, ce qui m'a aussi permis de me renseigner un peu sur la situation des modules wifi dans l'embarqué.
Je ne parlerai ici que du wifi, puisque la situation des puces GSM est tellement mauvaise qu'il n'y a de toute façon pas d'espoir d'avoir des firmwares libres sur celles-ci dans un futur proche (il y a bien un projet de rétro-ingéniérie, mais c'est un travail gigantesque qui avance très lentement).
Le projet Neo900, lancé en 2013, et qui a connu bien des péripéties ayant ralenti son avancée, est toujours en cours. Parmi les spécifications promises pour ce téléphone à la pile logicielle la plus libre possible, il y avait le fait d'utiliser une puce wifi au firmware malheureusement non-libre, mais en tout cas non-signé. Il faut savoir que le marché des puces wifi embarquées est beaucoup plus restreint que celui des modules wifi pour ordinateurs portables ou ordinateurs de bureau. Alors que dans ce dernier il est encore possible de trouver des cartes PCI ou mini-PCI qui fonctionnent avec un firmware libre, ce n'est pas le cas dans le précédent : les rares puces wifi fonctionnant avec un firmware libre sont trop grosses et trop gourmandes en énergie pour être adaptées à un ordinateur de poche. Les membres du projet Neo900 se sont cependant efforcés, parmis les puces disponibles, à choisir celle qui serait la plus facilement libérable par rétro-ingéniérie.
Les membres du projet Neo900 sont un peu inquiets à cause de cette loi, mais pas autant que la FSFE et Thinkpenguin. Ils pensent pouvoir vendre le Neo900 tant que les États n'ont pas obligation de faire activement respecter cette mesure. Sinon, suivant l'interprétation de la directive qui est faite par les États, ils déclareront la fonctionnalité WLAN comme inopérante sur le Neo900 et vendront l'appareil comme tel. Dans le pire des cas, ils pourraient ne plus pouvoir vendre l'appareil dans certains pays d'Europe, et devront trouver une autre solution.
Le projet Pyra, annoncé officiellement en 2014, est lui aussi toujours en cours. Parmi les spécifications de cette console de jeux portable/mini-ordinateur fonctionnant en grande partie avec du logiciel libre, il y a bien entendu un module wifi. Il s'avère que la Pyra utilise le même modèle de puce wifi que le Neo900 (et sans doute le projet Pyra s'est-il inspiré du projet Neo900 dans ce choix). Dans la communauté Pyra également, on trouve des personnes intéressées par la possibilité de rétro-ingéniérie sur le firmware.
Les membres du projet Pyra sont encore moins inquiets que ceux du projet Neo900. Certains n'étaient même pas au courant de la Radio Lockdown Directive. Il faut dire que le projet Pyra avance très vite, et le chef du projet est confiant quant à la possibilité de présenter une Pyra complète et fonctionnelle dès le début de l'année 2017 (et donc avant que les pays d'Europe soient tous obligés d'appliquer la directive). Les membres du projet n'ont pas prévu de contre-mesure, et, si le pire devait arriver, il est probable qu'ils suivent les idées du projet Neo900.
Rappelons aussi que la Pyra possède une connectique très importante, avec multiples slots SD et ports USB, et que dans le pire des cas, on pourrait toujours utiliser le wifi librement via un dongle approprié.
La Free Software Foundation n'a encore publié aucun communiqué sur le sujet.
Je n'ai pas tout compris dans cette problématique de Radio Lockdown, il me reste des questions dont j'espère que certains lecteurs de linuxfr ont la réponse :
Les organismes qui critiquent le Radio Lockdown semblent dire que non seulement le firmware doit être signé, mais qu'en plus le code ne doit pas être libre. Je ne comprends pas ce qui implique ça dans la directive. Est-ce que le fait de laisser l'utilisateur lire le code du firmware signé pourrait contrevenir à la loi ?
La FSFE ne liste pas de modifications légitimes du firmware que l'utilisateur pourrait faire pourvu qu'il en ait le droit. Je suppose que c'est parce que d'une part tous les constructeurs ne mettent pas les mêmes choses dans le firmware, d'autre part parce qu'on pourrait imaginer tout et n'importe quoi (et quand on parle d'innovation, on parle justement de ce qui n'a pas encore été imaginé). Certains bidouilleurs m'ont parlé de firmwares wifi, qui, une fois bidouillés, permettaient à l'antenne de recevoir la radio FM, alors que cela n'était pas prévu par le vendeur. Il y a aussi la problématique de la sécurité, où on peut imaginer par exemple une faille que le constructeur ne veut pas corriger, ou un logiciel malveillant volontairement inclus dans le firmware par le constructeur, où l'utilisateur pourrait avoir une bonne raison de vouloir modifier son firmware. Avez-vous d'autres exemples de potentielles modifications légitimes d'un firmware wifi (que vous avez observées dans la vraie vie ou simplement imaginées) ?
Comment ça se passe pour les projets d'openhardware commencés avant l'introduction de la directive ? Si je lance un projet avec une campagne de crowdfunding promettant X (par exemple un appareil avec une puce wifi précise dont le firmware n'est pas signé) à mes utilisateurs/clients, et qu'avant que le projet se termine, une loi Y (par exemple décrétant que telle puce wifi sans firmware signé est illégale) interdisant X est votée et entre en vigueur, comment ça se passe légalement ? Si je tiens ma promesse je viole la loi, si je respecte la loi je viole ma promesse (ce qui suivant le pays peut être illégal aussi !). Suivant les sources on me dit que l'État a le droit de casser un contrat d'affaires comme il veut quand il veut, ou que l'État ne peut pas endommager un business légal sans offrir une compensation proportionnée. Qu'en pensent les exégètes (amateurs ou non) de linuxfr ?
Enfin, j'aimerais dire que je suis assez inquiet de la façon dont évoluent les choses en matière de libertés, dans le monde du matériel électronique et des lois qui y sont associées.
Dans le cas présent, on observe une entité, qui est un organisme d'État, dépendant de l'État fédéral américain, la FCC, faire pression d'abord sur les constructeurs, puis sur les parlementaires européens et américains, pour tenter d'interdire le contrôle du logiciel par l'utilisateur, dans le domaine concerné (communications radio). Et réussir à se faire obéir.
Ce n'est pas surprenant que les constructeurs obéissent, ils défendent leur marché. Ce n'est pas non plus surprenant que les politiciens obéissent : quand on leur dit "Pensez aux petits nenfants qui prennent l'avion, il faut faire quelque chose !", ils ne peuvent pas répondre qu'ils ne vont rien faire. Pour sauver leur image, ils doivent faire quelque chose, même si c'est complètement débile.
La FCC n'est pas la seule entité puissante à faire pression sur les vendeurs de matériel électronique et à réussir à se faire obéir. Si NVidia met des firmwares signés dans ses cartes graphiques, et déplace de plus en plus de fonctionnalités du driver dans ces firmwares, ce n'est pas parce que ça les amuse. C'est parce que Hollywood/l'industrie du cinéma fait pression sur les constructeurs de carte graphique les plus populaires pour que les utilisateurs aient de moins en moins de contrôle sur la pile graphique de leur système d'exploitation.
Le rêve d'Hollywood, c'est qu'on ne puisse plus lancer un logiciel de screencast pour capturer le flux envoyé de la carte graphique à l'écran. C'est pour cela que l'industrie force NVidia, à chaque nouvelle génération de carte graphique, à déplacer un peu plus de fonctionnalités d'affichage dans le firmware, et à signer celui-ci. Et je suis à peu près sûr que les autres fabricants de GPU (Intel, AMD,…) qui pour l'instant ne signent pas leurs firmwares (mais déplacent eux aussi de plus en plus de fonctionnalités dans ces firmwares, qui sont non-libres bien entendu), finiront par s'aligner un jour ou l'autre sur les pratiques de NVidia.
Aujourd'hui, les lobbyistes de l'industrie cinématographique vont voir les constructeurs et arrivent à se faire obéir. Que se passera-t-il lorsqu'ils iront voir les parlementaires européens et américains ? Que se passera-t-il lorsqu'ils brandiront l'argument choc "Pensez aux artistes !" ? Vous croyez sérieusement que les politiciens les enverront bouler ?
On va dire que je prophétise, que je sors l'argument de la pente savonneuse. Mais je suis intimement convaincu qu'une fois que l'obligation légale de verrouillage des firmwares wifi sera passée et mise en application, alors l'obligation légale de verrouillage d'un logiciel quel qu'il soit sera bientôt vue comme quelque chose de normal. Et que les entités qui ont intérêt à retirer aux utilisateurs le contrôle de leurs logiciels auront, à chaque nouvelle demande, de moins en moins de difficultés à obtenir gain de cause auprès des politiciens.
Liens :
Position de la FSFE sur la Radio Lockdown Directive
Pétition de la FSFE et de différents organismes contre la directive
Les articles de Thinkpenguin sur l'affaire, avec des détails sur la situation de TP-Link : [1] [2] [3]
Save WiFi sur libreplanet (article sous licence libre)
Des détails sur la directive européenne, avec des informations sur la façon dont les États peuvent interpréter la loi, et pourquoi l'accès au firmware est important, avec des exemples d'utilisations légitimes des quatre libertés sur des appareils wifi. (articles sous licence libre)
Un excellent article très complet sur la chose, qui explique bien mieux que moi le qui quand comment pourquoi, les histoires de fréquences, de firmwares, de drivers, d'organisations régulatrices, de lois, etc. Notez que l'auteur pense que la loi américaine pourrait obliger les constructeurs à signer non seulement le firmware, mais également le pilote de module wifi.
L'article d'une parlementaire européenne sur la question
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# Et pour la matériel d'occasion ?
Posté par lhardy philippe (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 1.
Quand est t'il du matériel d'occasion, deviendra t'il illégal de revendre son matériel existant ?
Et si ce n'est pas le cas alors on devrait pourvoir revendre juste le module wifi ?
Et merci pour ce journal.
[^] # Re: Et pour la matériel d'occasion ?
Posté par eingousef . Évalué à 1.
Ça va sûrement devenir illégal, oui.
Mais un conseil, ne revend pas tout de suite tes cartes wifi sans firmware signé, ça va vite devenir des objets rares ;)
*splash!*
[^] # Re: Et pour la matériel d'occasion ?
Posté par Tonton Th (Mastodon) . Évalué à 5.
Le lundi matin, hors vacances scolaires.
[^] # Re: Et pour la matériel d'occasion ?
Posté par lhardy philippe (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 1.
Ah oui l'orthographe était en vacance ce jour là ( aussi ).
# Tu mélanges libre et GPLv3
Posté par Zenitram (site web personnel) . Évalué à -3.
non-libreNon-GPLv3
Ce qui est vrai contrairement à ce que tu sous-entend
La moins vrai certes :).
logiciel librelogiciel GPLv3
La réponse est non pour le logiciel libre, et oui pour le logiciel GPLv3 jouant avec des fréquences.
etc etc.
Pour quelqu'un qui se dit libriste, tu as une méconnaissance forte sur ce qu'est le logiciel libre, et mélange libre et GPLv3 (la GPLv3 est libre, mais le libre ne se limite pas à la GPLv3).
Je te conseille de te renseigner sur ce qu'est le libre, pour pouvoir ensuite en parler.
Par exemple, ici tu parles surtout des problèmes de la GPLv3 et pas du tout du libre (un logiciel GPLv2 ou MIT est libre, et n’empêche pas la signature, ça reste libre)
Note que je ne dis pas que c'est ton combat est mauvais, juste que tu mélanges différentes idées ce qui fait que ton discours est incompréhensible : en effet, pour qui se renseigne un peu, on comprend vite que tu racontes n'importe quoi sur le libre, le libre (les 4 libertés) n'interdisant pas les modules signées et comme ton argumentation se base la dessus, bam mort.
C'est dommage car oui c'est un problème potentiel (il faut voir les App Store, l'iPhone… Ou tout est verrouillé par la signature) mais ça n'a pas grand chose à voir avec le libre (les 4 libertés n'étant pas enfreintes, elles ne disent pas qu'ils faut pouvoir exécuter sur la même machine). donc soit tu arrives à faire changer la définition de la FSF même sur les 4 libertés, soit il faut adapter ton discours et parler de GPLv3 à la place de libre (c'est moins marketing mais vrai), sinon ton discours est faux et n'arrivera pas à convaincre d'autres personnes que les intégristes du libre ayant oublié la définition du libre (soit pas foule, donc tu ne feras rien changer, il faut du monde pour faire changer les choses).
Note que je ne te conseille pas de communiquer sur GPLv3 (c'est imbitable), mais sur les libertés qu'on perd à accepter les modules signés.
[^] # Re: Tu mélanges libre et GPLv3
Posté par eingousef . Évalué à 1.
C'est l'objet de la première des trois questions à la fin du journal.
*splash!*
# Alternative?
Posté par arnaudus . Évalué à 10.
Le problème dans la manière dont tu présentes la chose, c'est que tu ne sembles pas proposer d'alternative, à part le fait de ne pas contrôler les émissions électromagnétiques.
Sur ce point, c'est un débat sans fin, et la loi repose toujours sur des contingences historiques et politiques propres à chaque pays. Il existe en France des règles sur la taille des couteaux qu'on peut avoir avec soi sur la voie publique, par exemple, alors qu'un couteau reste un outil qui peut servir à couper des légumes. Et à moins d'être totalement libertarien, on peut penser qu'il est légitime d'encadrer la vente et l'utilisation de trucs potentiellement dangereux (engrais qui peuvent être utilisés pour faire des bombes, poisons potentiels, armes potentielles, etc), ou même simplement potentiellement antisociales (bruit des pots d'échappement, etc).
Bien sûr, ces règles n'ont jamais empêché personne de motivé de contourner la loi. Mais d'un autre côté, ça décourage les débiles qui ne sont pas si motivés que ça, ça permet de donner une base légale à une interpellation (par exemple, sans ces restrictions, comment arrêter quelqu'un qui se fait contrôler avec de la nitroglycérine et des détonateurs dans sa bagnole?), et surtout, ça évite les accidents.
Une utilisation détournée assez évidente des cartes wifi, par exemple, serait la distribution de petits logiciels permettant d'étendre la bande passante au-delà de la bande légalement attribuée au Wifi. Dans les zones denses, il peut y avoir tellement de routeurs wifi qu'il devient compliqué de se caler sur un canal libre. Si tu pouvais t'inventer des nouveaux canaux comme tu voulais, tu aurais très vite une prolifération de crapwares Windows pour dépasser dans tous les sens et polluer l'environnement électromagnétique (après, j'avoue avoir aucune idée de l'efficacité de la transmission wifi sur des fréquences non-prévues à cet effet). Je suis certain que n'importe quel groupe de geek a déja des centaines d'idées sur l'exploitation non-prévue de telles antennes, et on pourrait imaginer que des restrictions logicielles un peu chiantes devraient en décourager pas mal.
En fait, tu préfèrerrais quoi? Que les dispositifs wifi contiennent du logiciel non-libre, ou qu'il existe une police électromagnétique qui tourne en camionettes banalisées pour trianguler les petits malins qui débordent? Tu voudrais vraiment payer des impôts pour contrôler ça, alors qu'il existe une solution qui repose sur les constructeurs? (en fait, oui, des gens comme nous pourraient vouloir ça, mais 99% de la population trouverait probablement ça complètement débile).
Bref, peut-être que le moins pire serait de disposer de firmwares open source signés, qui te permettent d'étudier le fonctionnement du truc, mais pas d'utiliser le matériel avec un firmware modifié. Mais si tu as d'autres solutions, je suis complètement preneur! Il faut juste proposer des solutions, parce que sinon, il n'y a aucune force à l'argument.
[^] # Re: Alternative?
Posté par pulkomandy (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10.
C'est un peu le même problèe qu'avec les DRM, là.
Que l'utilisation du spectre radio soit réglementée, très bien, pas de problème avec ça. Si on ne le faisait pas, tout le monde enverrait des signaux n'importe comment, y'aurait des interférences, on essaierait d'émettre plus fort que l'antenne du voisin, et je te dis pas le bazar.
Par contre, je ne vois pas de raison de mettre des mesures techniques pour forcer ces restrictions. Le truc est interdit, si tu le fais quand même, et que quelqu'un porte plainte, tu te prends une amende. Point.
On peut comparer avec une interdiction de passer la tondeuse le dimanche pour respecter le calme du quartier. ça, ça existe. Est-ce qu'on va demander aux fabricants de tondeuses de faire des tondeuses qui refusent de démarrer un dimanche? Est-ce qu'on va leur demander de mettre un scellé sur le boîtier de contrôle pour pouvoir constater que si un mec passe la tondeuse un dimanche, on puisse vérifier si c'est la faute du fabricant qui a mal fait son interdiction, ou si c'est lui qui a trafiqué sa tondeuse?
Moi ça me semble bien débile comme solution, et en plus ça risque de coûter plus cher (il faudrait équiper toutes les tondeuses du dispositif en question et ça n'empêcherait pas de devoir constater les infractions).
[^] # Re: Alternative?
Posté par Zenitram (site web personnel) . Évalué à -1.
C'est plus ressemblant.
Sauf que l'auteur est parti sur le libre (qui est hors sujet, par exemple un truc pas libre modifiable en hexadecimal a le même problème d'interdiction), du coup le problème exact est caché tellement le problème est noyé dans un délire sur le libre qui serait attaqué.
(et c'est bien dommage)
En l’occurrence on parle de signature, chose qu'on met de plus en plus partout pour prouver que c'est tel version à soit qui est exécuté, pour éviter les virus (on pourrait imaginer un virus qui attaque le firwware d'une carte Wifi), qu'on parle de logiciel et pas de matériel et que donc le coût supplémentaire reste à prouver, et qu'en bonus si un vendeur estime que permettre de modifier le firmware en libre est un plus pour vendre il peut signer et interdire que la partie qui touche aux fréquences/puissance.
Donc va falloir trouver une raison qui fait que c'est vraiment important d'avoir du libre à cet endroit, j'avoue que pour le moment je ne suis que peu convaincu même en étant attaché aux 4 libertés, à la vue de ce que je "perd" comme liberté par la loi (qui semble être juste "pouvoir ne pas respecter la loi", le reste étant un truc que le vendeur de firmware semble pouvoir gérer, en séparant en modules son code et en interdisant que la modification sur le module gérant les fréquences, ou ai-je loupé un truc?).
[^] # Re: Alternative?
Posté par eingousef . Évalué à 6. Dernière modification le 26 octobre 2016 à 13:51.
Si tu trouves une faille de sécu dans le firmware, tu ne pourra pas la corriger, si tu as un bug qui t'handicape dans ton cas d'utilisation particulier, tu ne pourras pas le corriger, si tu trouves le moyen de faire en sorte que ta carte wifi consomme moins, tu ne pourras pas l'appliquer, pour toutes les modifications que tu voudras faire sur le firmware, tu devras t'en remettre à la bonne volonté du vendeur, qui lui a la possibilité de faire ce qu'il veut.
Est-ce que je rêve ou je suis en train de te réexpliquer les bases du logiciel libre ?
*splash!*
[^] # Re: Alternative?
Posté par Zenitram (site web personnel) . Évalué à -10. Dernière modification le 26 octobre 2016 à 14:05.
Tu pourrais faire un minimum d'effort pour comprendre ce à quoi tu réponds, car la on est dans le ridicule vu que tout ce dont tu parles est déjà pris en compte dans ma réponse à laquelle tu réponds.
Merci de démontrer que tu n'as aucun argument.
Non car tu prêcherais un convaincu (rappel : dans le commentaire précédent je t'ai expliqué que toi tu n'as pas vraiment compris ce qu'est le logiciel libre, alors excuse-moi mais je n'attends pas une explication objective de ta part à ce sujet, tu mélangerais le logiciel libre avec tes idées qui ont sont assez éloignées du logiciel libre plus large quand on regarde de près)
Mais tu n'as toujours pas compris que le libre n'a RIEN à voir avec le sujet, ni que le libre n'autorise pas à violer la loi.
J'attends à ce que tu argumentes sur le sujet, et bizarrement tu tapes à côté, à parler de consommation, de bug "partout" alors que je parle que seule la partie fréquence soit signée. Généralement, quand la personne tape à côté comme ça, c'est qu'elle se ment à elle-même et n'a en fait aucun argument.
Tu voudrais militer discrètement auprès des libristes pour que cette loi passe que tu ne t'y prendrais pas autrement, en faisant croire que tu es contre mais en te ridiculisant tellement que les gens comprennent que ça ne fait aucun mal.
Tu peux continuer comme ça, ça ne me dérange pas plus que ça (comme dit je ne vois pas le problème à interdire la modification des fréquences, il me semble qu'on peut mettre la chose dans un module à part, et tu n'as pas démontré le contraire), mais si tu penses que tu milites contre les signatures, le premier à qui tu mens est toi-même.
[^] # Re: Alternative?
Posté par eingousef . Évalué à 2.
Ok donc t'as lu en diagonale quoi.
*splash!*
[^] # Re: Alternative?
Posté par barmic . Évalué à 6. Dernière modification le 26 octobre 2016 à 14:28.
C'est marrant.
Quelle est la différence fondamentale entre :
et
?
Tous les contenus que j'écris ici sont sous licence CC0 (j'abandonne autant que possible mes droits d'auteur sur mes écrits)
[^] # Re: Alternative?
Posté par Zenitram (site web personnel) . Évalué à -8. Dernière modification le 26 octobre 2016 à 14:46.
OK, je vois, j'avais zappé car je n'avais pas été convaincu (et puis bon c'est un paragraphe après tellement d'erreurs qu'à force on a du mal à y trouver les choses pas fausses) : je pense que au pire ça coûterai plus cher certes mais je ne vois pas en quoi ça coûterai si cher que ça, c'est au pire un bout de puce en plus si ce n'est pas géré au niveau logiciel (même niveau que l'inviolabilité du test de signature).
Et pour que le constructeur daigne dépenser quelques centimes en plus pour séparer les 2 parties (légales et pas légales), il suffit juste que le libre soit un critère de sélection pour une petite partie de la population (une fois le développement fait, produire à grande échelle ne change plus trop la rentabilité). Ou un équipement que pour les libristes, plus cher mais vu que le libre leur apporte des choses ils n'ont aucun problème à payer (enfin, si ils sont honnêtes envers eux-mêmes sur l'importance du libre)
Par contre, je vois le problème de eingousef : pour lui, dans sa croisade libre contre open source, le nombre ne compte pas et 3 perdus devraient pouvoir dicter leur idées aux autres; en effet à partir de la, il y a incompréhension car ben voila, c'est le nombre qui fait la force et lui veut qu'on fasse comme lui veut alors qu'ils sont 3 (le nombre vient de lui, cf ses autres ocmmentaires ici et l'autre journal).
Note qu'il dit :
Et je parle de logiciel.
Bref, pas convaincu par son paragraphe, je demande plus d'arguments.
[^] # Re: Alternative?
Posté par eingousef . Évalué à 4.
Et toi t'as toujours pas compris que ces quelques centimes sont plutôt de l'ordre du million de dollars.
*splash!*
[^] # Re: Alternative?
Posté par pulkomandy (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 7.
Le cas le plus simple auquel je pense:
Tu as du hardware qui peut se configurer à tout plein de fréquences. Pas de chance, dans ton pays, actuellement, seule une petite partie de ses fréquences sont autorisées. Le constructeur te fournit donc un firmware binaire signé, qui n'autorise que ces fréquences.
1 an plus tard, l'autorité de régulation des fréquences (l'ARCEP en France, par exemple), change complètement son plan de fréquences. Genre, les fréquences qui étaient réservées à la télé deviennent disponible pour faire de la téléphonie en 4G (ça s'est déjà vu). Tu ne pourras en profiter que si le fournisseur de ton matériel fournit un firmware mis à jour.
Encore plus débile: l'ARCEP décide finalement d'intedire certaines fréquences qui étaient avant aurtorisées. Qui va venir chez toi mettre à jour le firmware pour pas que tu continues à les utiliser? Qui va courir après le constructeur du matériel pour qu'il fournisse un nouveau binaire?
Avec un firmware non signé et libre, tu aurais le droit de faire ces changements toi-même. Pour continuer à utiliser ton matériel légalement.
Il y a encore des problèmes si tu changes de pays. Si le fabriquant de ton matériel n'a pas jugé utile de fournir un firmware approprié pour le pays dans lequel tu te rends, par exemple parce qu'ils n'y vendent pas. Tu n'as plus qu'à jeter ton matériel qui pourtant fonctionnerait parfaitement.
[^] # Re: Alternative?
Posté par Zenitram (site web personnel) . Évalué à -1.
Mouais, désolé mais je n'accroche pas du tout sur le coup du vendeur qui a abandonné les MAJ légales pour un produit mais qu'un geek va vouloir (et pouvoir) modifier (sans faire de conneries) et le tout sur un firmware qu'ils auront déjà en libre.
La, on parle de cas pour 3 personne dans des circonstances sacrément exceptionnelles, pour ne pas faire un blocage pour des milliers de bidouilleurs du dimanche.
Ton exemple de l'interdit ou du changement de fréquences est foireux : l'ARCEP ne va pas venir chez moi, mais en pratique personne ne va faire la modification. Si le constructeur ne fournit pas de MAJ, tu crois sérieusement que des libristes convaincus vont faire le taf pour 3 perdus? C'est pour ça qu'on est des plans de migration de fréquence sur plein d'années.
Le problème est le ratio entre ce que ça bloque illégitimement et ce que ça bloque légitimement : oui la loi ne peut pas prévoir tous les cas, mais la loi s’intéresse au bien commun, et les 3 personnes affectées rachèteront une truc maintenu et basta (oui, toujours un problème du nombre, n'en déplaise à eingoussef qui ne veut pas comprendre que le nombre est important pour être libre).
Note que je ne suis pas convaincu que ce soit suffisant mais apprécie des exemples factuels qui permettent de débattre.
[^] # Re: Alternative?
Posté par oinkoink_daotter . Évalué à 8.
En vrai, ça ne fonctionne pas comme ça.
L'ARCEP ne décide pas du jour au lendemain d'autoriser ou de bannir immédiatement des fréquences :
- il s'est passé trois ans quasi jours pour jours entre l'annonce de la future mise à dispo de la bande des 800MHZ et l'octroi des licences aux opérateurs.
- l'harmonisation des fréquences utilisées à courte portée a été annoncée avec 5 ans de prévenance (http://www.telecommande.info/19-telecommande_garage.html)
Parce qu'au niveau des périphérique ça a un impact.
Ben oui, y a pas que le soft dans la vie. Au delà de la compatibilité intrinsèque du chip qui peut dépendre ou non du soft, il y a toute la partie analogique qui doit être prévue pour ça (les oscillateurs, et la tripaille RF, les amplis, les filtres, etc). Comme ça a un coût récurrent, il y a peu de chances qu'un périphériques pas prévu pour parler sur une gamme de fréquence puisse physiquement le faire, même si on lui demande gentiment, et plus encore, si c'est "loin" de la où c'est prévu. S'agissant du dividende numérique (la bande LTE20), je ne connais aucun exemple de périphérique qui ait été mis à jour durant sa durée de vie pour être compatible par son constructeur, ni aucune success story android.
Un exemple plus haut… ça s'anticipe… Et en 2003/8 c'était le dawa. Mais ça ne changerait pas grand chose. On ne pourrait plus faire un truc que de toute façon personne ne fait.
Hum, ça nous est déjà arrivé dans mon ancienne boîte /o\. Mais ce n'était pas les mêmes bandes de fréquences.
Dans les faits, personne. Ce qui se passerait, à mon avis, serait que l'ARCEP anticiperait son truc, ce serait mis dans les certifications(comme aujourd'hui pour le wifi), et les périphériques non compatibles s'éteindraient avec le renouvellement naturel.
[^] # Re: Alternative?
Posté par pulkomandy (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 1.
Effectivement, en France les choses sont menées à peu près correctement, avec un peu de temps pour migrer et tout. Je ne sais pas comment ça marche dans d'autres pays.
Pour les bandes de fréquences, effectivement, on ne va pas pouvoir écouter la radio FM avec un matériel conçu pour recevoir du wifi. Mais par contre, il n'est pas rare que le matériel soit conçu pour fonctionner dans plusieurs pays et puisse couvrir un spectre plus large que ce que le firmware autorise. Pour le wifi, c'est le cas de quelques canaux. Mais aussi par exemple pour la radio FM, les fréquences utilisées au Japon ne sont pas les mêmes qu'en Europe. Du coup, on a un bridage uniquement par le firmware. Et si tu prends ton récepteur FM et que tu va au Japon, tu ne pourras pas l'utiliser pour recevoir toutes les stations radio sur place. Ou bien si tu prends ton PC, tu ne pourras pas voir tous les réseaux Wifi disponibles. Pas pratique, quand même.
Et justement, c'est dans ces cas où on a des bandes de fréquences "proches" que les choses pourraient bouger. Par exemple parce que petit à petit, les pays essaient de se mettre d'accord pour avoir des plans de fréquences de plus en plus similaires. Ça se fait doucement, sur des dizaines d'années.
Alors oui, c'est normal que la FCC ou l'ARCEP demandent à vérifier qu'un dispositif ne vient pas émettre sur n'importe quelle fréquence. C'est normal aussi que la restriction soit implémentée dans le firmware ou même dans le driver. Et c'est normal qu'il y aie besoin de valider l'ensemble.
C'est déjà pas mal qu'on arrive à ce que l'ensemble soit juste le matériel + le firmware, sans regarder le driver et l'OS. Sinon, adieu le Wifi sous Linux/Hurd/BSD/Haiku à moins que les drivers soient certifiés.
[^] # Re: Alternative?
Posté par arnaudus . Évalué à 9. Dernière modification le 26 octobre 2016 à 17:32.
Probablement pas, parce que ça demanderait des modifications techniques très importantes et coûteuses sur les tondeuses. Par contre, on a demandé aux fabricants de tondeuses d'empêcher la tondeuse de démarrer si on n'avait pas les deux mains sur la poignée.
Mais dans le même genre, on a demandé aux constructeurs de bus de mettre en place des antidémarrages à éthylotest. On a demandé aux constructeurs de GPS de mettre en place des mentions légales et des avertissements chiants pour dire "OKOK je n'y tripote pas en conduisant" (d'ailleurs, c'est typiquement les trucs sur lesquels on clique en conduisant). On aurait depuis très longtemps interdit la vente de voitures capables de rouler à plus de 130 km/h s'il n'y avait pas eu de puissants lobbys pour s'y opposer.
C'est quand même assez extrême comme point de vue de prétendre que l'implémentation par une mesure technique d'une restriction légale ou de sécurité est contraire à la liberté des utilisateurs, surtout quand on n'a pas d'exemple d'utilisation légitime du produit non-restreint. Il ya plein de choses débiles ou illégales qu'on t'interdit techniquement de faire, et la plupart des gens vivent avec. Par exemple je ne peux pas balancer plus de 500mA dans mon fil de terre, de quoi ERDF se mêle? Je ne peux pas rouler sans ceinture avec ma bagnole sans qu'elle fasse des bipbip stridents, de quoi le constructeur se mêle? Je ne peux pas dupliquer une clé SNCF, comment le fabricant peut-il savoir que je n'en ferai pas une utilisation légitime? Ça peut continuer indéfiniment, notre société considère qu'il est assez légitime de limiter, quand c'est possible, l'utilisation illégale ou dangereuse des outils qu'on peut acheter. Par exemple, ça permet d'éviter que tout le monde aille à tout bout de champ en justice pour faire respecter ses droits, et ça évite aussi de violer une règle sans le savoir. Ça se voit plus avec l'informatique, simplement parce qu'il est en général beaucoup plus facile de mettre en place de telles mesures avec un petit bout de code.
Et pour comparaison, je ne trouve pas que la comparaison avec les DRM soit bonne. Les DRM n'ont pas été mis en place pour protéger la collectivité d'une utilisation abusive d'un outil, ils servent à implémenter des limitations des outils souhaités par le constructeur, et absolument pas interdites par la loi ou la règlementation.
[^] # Re: Alternative?
Posté par Big Pete . Évalué à 6.
Oui, autrement dit, ça consiste à déresponsabiliser les citoyens. Il n'ont pas à comprendre ni a ce préoccuper de la façon dont on doit utiliser une tondeuse à gazon, et si il font n'importe quoi avec, ce sera de la faute du constructeur qui n'a pas mis les bonnes mesures anti-couillons, ni clairement mentionné en gros caractères sur le capot qu'il faut éviter de tondre le chien avec. C'est effectivement très à la mode. Remarque que ça n’empêche rarement ceux qui sont vraiment décidé à utiliser illégalement ou dangereusement quelque chose à le faire.
Attention, je ne dit pas non plus qu'il faut supprimer toutes formes de limitations technique, hein, je suis pas débile. Je constate juste comme toi une tendance, mais elle ne me réjouis pas forcément, par contre.
Et de multiples fois, ça me les brise. Par exemple, mon foutu téléphone portable qui se met régulièrement à baisser de moitié le son du casque pour me rappeler que ça peut rendre sourd d'écouter à fond. Sauf que j'ai un casque avec un réglage de volume intégré. Donc, je mets la sortie à fond pour pouvoir moduler le volume sur toute l'amplitude de la puissance de sortie, et je n'écoute jamais à fond. (Sauf quand on passe cette foutue tondeuse).
Faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette.
# TP-Link et FCC
Posté par claudex . Évalué à 5.
Justement, après cette réaction de TP-Link, la FCC a obligé ce dernier à permettre l'installation de firmware alternatifs sur leurs routeurs. http://arstechnica.com/information-technology/2016/08/fcc-forces-tp-link-to-support-open-source-firmware-on-routers/
« Rappelez-vous toujours que si la Gestapo avait les moyens de vous faire parler, les politiciens ont, eux, les moyens de vous faire taire. » Coluche
[^] # Re: TP-Link et FCC
Posté par kantien . Évalué à 5. Dernière modification le 26 octobre 2016 à 18:35.
Article intéressant à plus d'un titre. Voici mon résumé de ce que j'en ai compris :
TP-link a écopé d'une amende de 200.00 $ parce qu'ils vendaient des routeurs permettant d'être utilisés à une puissance supérieure à la limite autorisée par les règles de la FCC. Mais cette infraction ne relevait pas de la nouvelle réglementation sur le 5 GHz, dont parle le journal, mais des règles sur la bande à 2.4 GHz : en changeant une option dans la configuration du routeur (le code du pays) celui-ci pouvait émettre à une puissance trop forte. Pour corriger le tir, TP-link a fait une mise à jour de son firmware qui au passage empêchait l'installation de tout autre firmware issu de tierce partie : telle fut la solution choisie pour satisfaire au passage à la nouvelle réglementation sur le 5 GHz. Ce en quoi le règlement du FCC ne stipule pas que l'on ne puisse installer d'autre firmware que ceux fournis par TP-link, mais seulement que ceux-ci ne doivent pas permettre d'utiliser le matériel en dehors des limites légales. Et finalement, pour ne pas payer une amende plus importante, la FCC et TP-link sont tombés sur un accord obligeant ce dernier a collaboré avec les fabricants de chipset Wi-Fi et la communauté open-source pour permettre aux utilisateurs d'installer le firmware de leur choix. On apprend de plus, en fin d'article, que Linksys, sans être contraint de le faire, a déjà travaillé avec Marvell et OpenWRT pour être certain que ses routeurs satisferont la nouvelle législation sans bloquer les firmwares libres.
Me vient donc deux questions :
Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.
[^] # Re: TP-Link et FCC
Posté par claudex . Évalué à 6.
Je réponds aux deux d'un coup parce qu'il me semble que tu n'as pas bien compris une étape. TP-link va permettre l'autorisation de firmware libre dans le routeur mais pas pour le chipset Wi-Fi. Et c'est pour cela qu'il collabore avec les fabricants, pour être sûr que même avec un firmware libre dans le routeur, on ne puisse pas utiliser un firmware libre dans le chipset Wi-Fi.
« Rappelez-vous toujours que si la Gestapo avait les moyens de vous faire parler, les politiciens ont, eux, les moyens de vous faire taire. » Coluche
[^] # Re: TP-Link et FCC
Posté par dyno partouzeur du centre . Évalué à 3.
après que appelle l'indicatif, pas le subjonctif.
/grammar-nazi
# Faut etre optimiste !
Posté par cedric . Évalué à 5.
Je te trouve bien pessimiste dans ton journal. Il y a un point que personne n'a releve. La fin progressive des brevets sur le 802.11b d'ici a 2019. Et oui, le WiFi a 20 ans ! \o/
Cela implique que l'on va probablement voir apparaitre des soft-core pour FPGA ou de la SDR implementant le Wifi completement libre. C'est quelque chose que je trouve tres interressant, ainsi une grande partie de la technologie de la fin des annees 90 combine a la seule loi de Moore permet d'etre competitif avec le bon logiciel dessus. Du coup, il ne faut pas etre negatif, et la fin de cette decennie va surement voir une explosion de hardware libre et competitif ! Sans compter qu'avec le ralentissement de la loi de Moore, la competition se deplace du toujours plus, vers l'utilisation plus efficace du hardware par le software…
# La faute a l'Europe
Posté par Benjamin Henrion (site web personnel) . Évalué à -1.
Selon un expert en certification radio intervenu lors de la presentation sur le Firmware lockdown lors du dernier Battlemesh, la source du bouzin est un comite europeen se plaignant de l'interference avec les radars meteos dans la bande des 5ghz.
La video est qq part sur Youtube.
# firmware en GPL-v3 ?
Posté par BAud (site web personnel) . Évalué à 3.
si quelqu'un me trouve un exemple existant, je suis preneur.
J'ai un tout petit peu ramé pour obtenir le firmware des modems ADSL USB sagem fast 800 sous licence distribuable (et ce n'est valable que pour le fast 800 E4, les juristes de Sagem n'ont pas fait de rétro-licensing pour les versions précédentes : c'est sur leur site, zou…). Bon, c'est sous licence BSD, en binaire et sans le source. Nous avions tenté un peu de rétro-ingénierie, mais bon, pas allé très loin (et pourtant il y avait des bugs sans doute liés à ce firmware, peu gênants donc bon).
Concernant les fréquences, c'est très dommage que cela passe par des directives : le bon sens devrait indiquer ce qui est raisonnable, même si ce n'est pas toujours possible… Si l'on en est à légiférer sur ce genre de chose, c'est qu'il y a un problème…
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