Nouvelles technologies à l’assaut de la démocratie éthiopienne

Posté par  . Édité par Benoît Sibaud, Pierre Jarillon, Nÿco et baud123. Modéré par tuiu pol. Licence CC By‑SA.
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juin
2012
Technologie

L’Ethiopie était en voie de démocratisation depuis l’élection d’une assemblée constituante en juin 1994 (voir l'article Wikipédia Politique en Éthiopie). Cependant le premier ministre Meles Zenawi, du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), gouverne depuis 1995. La situation s’est dégradée sur l’échelle de l’indice démocratique, passant d’un gouvernement dit hybride à un pays autoritaire en 2010. En cause, l’installation d’un parti unique de facto avec une victoire à 99 % du FDRPE aux élections de 2010, des lois très restrictives sur les médias et les financements de la société civile et politique (voir l'évolution de l'indice démocratique).

Les nouvelles technologies, en bien ou en mal, influent sur l’état de la démocratie dans le pays.

En 2007 David Kobia, programmeur kényan, fonde Ushahidi, une plateforme Internet qui permet à quiconque de signaler un évènement par mobile, mail ou le web. Ces informations sont ensuite agrégées pour pouvoir être analysées. Initialement prévu pour signaler des affrontements postélectoraux, le projet a été par exemple utilisé lors du tremblement de terre début 2009 en Haïti pour sauver des vies (cf Le Monde diplomatique, mai 2009, La diplomatie du téléphone portable à la conquête des pauvres, par Laurence Allard). Malgré son très relatif succès pour les élections en Éthiopie en 2010, avec seulement 15 rapports, le projet montre comment on peut allier nouvelles technologies, avec du libre, et aider à la transparence démocratique avec une surveillance citoyenne active en utilisant des communications privées.

Moins réjouissant, Tor vient de signaler la mise en place de censures sur l’Internet éthiopien à l’aide du Deep packet inspection . Le filtrage est effectué lors de l’initialisation de la connexion TLS. Or, la société qui a le monopole est l’Ethiopian Telecommunication Corporation, dirigée par… France Télécom. Même si la décision semble venir du gouvernement sur place, le détaché de France Télécom semble ne pas s’en émouvoir et avance le prétexte habituel de lutte contre la contre-façon. Encore une fois une entreprise provenant du sol des droits de l’homme ne se distingue pas dans ce domaine en Afrique.