Il y a quelques semaines j'ai assisté à une discussion intitulée « l'autostop comme pratique politique ». Comme les transports et la politique sont des sujets chers aux intervenants de ce site, je me fais fort de partager mes notes avec vous.
Il y avait une cinquantaine de personnes dans la salle. La discussion n'était pas très structurée mais je n'ai pas remarqué d'interruption. Ceux qui voulaient parler prenaient la parole. Le facilitateur a essayé de prendre des notes des thèmes principaux mais je ne sais pas ce qu'il en a fait.
Ces notes ne sont pas plus structurées et ne représentent pas mon opinion et chaque phrase ne représente pas nécessairement l'opinion de plus d'une personne dans la salle.
Sondage express: 90%+ des participants ont déjà fait de l'autostop.
Rejet des transports publiques comme une arnaque. C'est payant. Le prix est trop élevé. Les horaires sont restreints. Les correspondances sont pourries. Il y a des zones qui ne sont pas couvertes. Pas d'air conditionné. Pas possible d'ouvrir la fenêtre. C'est dépendant d'une société ou d'un gouvernement. Toujours en retard.
Aide mutuelle.
Auto-organisé. On défini les limites de cette relation de transport ensemble.
Transport décentralisé.
Autonomie.
On peut s'arrêter où on veut.
Relation directe avec le conducteur.
Changer de genre change la perception de l'autostop et des privilèges associés au genre (en particulier en ce qui concerne la sécurité).
Spontanéité, hasard, rencontre de gens à qui on ne parlerait pas normalement. Exposé à de nouvelles perspective. Confiance.
Expérience sociale : des conducteurs de voitures de marques différentes réagissent de manière différentes.
Écologie.
Redécouvrir le voyage.
Changement par rapport au narratif du grand public à propos des voyage. On ne se rend pas à un endroit spécifique. Plus de hasard.
Restriction des transports publiques pour se rendre à des manifestations politiques. L'autostop comme solution de contournement.
Exercer sa capacité à dire « non ». Même après avoir fait arrêter une voiture, si on ne se sent pas en sécurité quand on voit le conducteur, on est toujours dans son droit de refuser de monter.
Autodéfense. Aussi psychologique. Montrer de la confiance en soi. Les corps féminisés ne sont pas là pour être pris. Avoir deux couteaux sur soi.
Les gens s'ouvrent parce qu'ils ne vous reverront pas.
Liberté. Pas d'argent. Pas de possession de véhicule.
Promouvoir la solidarité. Beaucoup de gens seuls dans leur voiture se sentent mieux quand ils ont une opportunité d'aider.
Ajouter de la chance/hasard/opportunité dans la vie du conducteur et du passager.
Combattre les barrières et les préjudices. Rencontrer des ennemis politiques très sympas.
Acte politique visible. On est sur le bord de la route où tout le monde vous voient. Comparer à Blablacar etc.
Solidarité avec les mouvements anti-frontières / pro-migrants. Permet de se déplacer sans documents d'identité. Beaucoup de conducteurs sont des migrants eux-mêmes.
Sans document d'identité en transport publique on est vite coincé.
Se réapproprier le temps. Prendre le temps de voyager au lieu d'optimiser pour arriver à destination aussi vite que possible.
Se perdre. Pas de téléphone. Pas de carte.
Jouer un rôle dans une vie imaginaire quand on discute avec le conducteur.
Impro / jeu de rôle en groupe. « Pourquoi voyagez vous $ici ? » « C'est à cause de mon pote qui est ornithologue. Raconte lui ! »
Contrôler ce qu'on partage de sa vie.
Passerelle vers des groupes radicaux.
Questionner son identité de genre. « C'est pas trop risqué de voyager seule en temps que fille ? » -> « Est-ce que je me définis comme fille ? »
Rendre la pauvreté et les difficultés visibles. Pendant la Grande Dépression l'autostop est devenu très populaire.
Dormir dans la rue.
Est-ce mal de proposer de payer une partie de l'essence ? Ça dépend de comment on a gagné l'argent. Ça dépend des circonstances. Par exemple si le conducteur fait un détour.
Autre conception du partage : partager sa compagnie / du temps.
Faire de l'autostop signifie qu'on n'a pas besoin d'argent pour se déplacer et donc pas / moins besoin de travailler pour gagner de l'argent.
L'autostop ne questionne pas la dominance de la voiture privée. Besoin de se focaliser sur les actions collectives : transport public autogéré.
On ne va pas faire la révolution avec l'autostop, c'est juste un moyen de mieux vivre.
Même si ça n'est pas LA solution, si ça va dans la bonne direction c'est positif.
Privilège : plus facile pour une jeune fille blanche de se faire prendre en stop.
Partager des expériences avec des conducteurs permet de mieux appréhender la complexité du monde.
Quelques outils : hitchmap, hitchwiki, trustroot, European Hitch Gathering en Norvège à la mi-août.
# merci pour le partage
Posté par Benoît Sibaud (site web personnel) . Évalué à 10.
Forme un peu brouillonne, mais fonds intéressant, comme une synthèse des avantages/inconvénients de l'autostop (du point de vue de la personne autostoppeuse). Dommage pour la note actuelle..
[^] # Re: merci pour le partage
Posté par Christophe . Évalué à 10.
Très franchement, le fond est peut-être intéressant, mais la forme est juste indigeste. Je n'ai pas envie de me faire des nœuds au cerveau juste pour décrypter la structure qui se cache derrière ce pâté de texte…
Pour moi, c'est dans la catégorie "inutile", justement à cause de la forme.
[^] # Re: merci pour le partage
Posté par alkino . Évalué à 4.
J'ai pratiqué beaucoup l'autostop dans le passé et je le voyais déjà comme une sorte d'acte militant. Le fond est donc totalement passé au dessus de la forme. C'est peut-être la différence ?
Si t'es moyen intéressé par le sujet et que tu n'as jamais vraiment pratiqué le stop et ne comptes pas le faire, il faudrait alors commencer par une explication plutôt que le résumé final de la chose.
Après pour être plus sur le journal lui-même je le trouve un peu poussif sur le côté militant justement.
Ils font du stop dans la vallée de la Roya ou quoi ?
C'est un peu contradictoire, j'ai appris à prendre le temps en allant dans les endroits les plus reculés en transport en commun !
En fait, les transports en commun et le stop se mélangent pour moi.
Je suis monté dans le 4x4 d'un mec du FLNC dans la Corse profonde. J'étais descendu à pieds depuis la montagne dans un petit village avec des tags FLNC partout et des trous de fusils partout (genre beaucoup plus qu'ailleurs). Il a partagé sa route avec moi 30 minutes, il était plutôt sympa et la discussion politique n'était pas du tout tendu, même si j'ai montré mon désaccord sur certains points. Le plus dur c'est les 5 premières minutes où t'es pas encore sûr si tu dois sauter du véhicule en marche ou pas.
Ahah tellement de fois je m'invente des vies pour avoir des discussions plus intéressantes avec les chauffeurs.
L'autostop au final m'a surtout appris un peu plus l'humilité. Quand tu va demander en direct aux gens un trajet au lieu de tendre le pouce, les réactions peuvent parfois être violentes verbalement car les gens se sentent pousser / agresser. C'est aller voir des gens et dire : je suis en position de faiblesse et j'ai besoin d'aide. Et c'est malgré ça accepter humblement de se faire rembarrer, rire au nez, ou accepter de recevoir un compte rendu politique qui t'explique que tu es un parasite. C'est la vie.
[^] # Re: merci pour le partage
Posté par Krunch (site web personnel) . Évalué à 7.
Je pense que ces deux points venaient d'intervenants différents.
Personnellement j'ai été assez surpris par la position de « les transports en commun c'est une arnaque ».
pertinent adj. Approprié : qui se rapporte exactement à ce dont il est question.
[^] # Re: merci pour le partage
Posté par Gof (site web personnel) . Évalué à 2.
Alors qu'il suffisait de demander a un modèle de language de s'occuper de la forme.
# L'autostop c'est génial.
Posté par Big Pete . Évalué à 10.
J'ai fait beaucoup d'autostop dans ma jeunesse. En particulier, tout mon DUT je l'ai fait en autostop. Entre La Ciotat et Luminy (Marseille), pour ceux qui connaissent la région, on comprend vite que prendre le train et le bus, c'est compliqué.
Du coup, je faisais du stop. C'est devenu du co-voiturage à force, puisqu'à faire du stop au même horaire, sur le même trajet, on finit par tomber toujours sur les mêmes personnes. Et oui, c'est très sympa sur le plan humain car les relations dans une voiture sont beaucoup plus conviviales que dans les transports en commun. C'est comme si on était invité chez quelqu'un, donc, on socialise. La voiture n'a pas que des inconvénient, hein.
Bon après, avec ma propension à faire du stop, j'ai aussi vécu des aventures disons, moins enthousiasmante. Quand j'étais jeune, je n'étais pas spécialement le genre de personne "raisonnable". En gros, si je me croisais maintenant, je penserais de moi que j'étais totalement con. Ou en tout cas, que j'en tenais une bonne couche. Mon aventure d'autostoppeur la plus épique, ça a été de faire La Ciotat Lyon en stop. L'idée était de rejoindre ma copine de l'époque, pour la fête des lumières et il y avait un problème de train.
Je m'étais mis à la sortie du péage sur l'autoroute. (déjà, ça c'est interdit, même sur le parking en sortie de péage …). Et là, je tombe sur un Allemand, un soudeur, qui remonte à Dusseldorf depuis Toulon dans un van Mercedes. Un gros van double essieu surement plein de matos. On est vendredi soir. La nuit viens de tomber. Il s'est arrêté pour pisser et il me dit de monter en voyant mon panneau "Lyon - Participe aux frais" écrit sur un gros carton à dessin.
J'embarque et nous voila parti. On essaye de papoter, mais je parle pas Allemand, il ne parle pas Français, et on est tout les deux pas très doué en Anglais. Tant pis. Mais je capte vite un léger problème sous forme de bouteille de pif, dont il tape dedans régulièrement. Surement du vin blanc. Il me propose un godet que je décline.
Ok, bon, va falloir faire avec, j'espère qu'il tiens bien l'alcool. Le raisonner semble peine perdue. On s'arrête dans un relais routier de l'autoroute pour bouffer, chacun part un peu de son coté, quand je le retrouve au resto, son plateau est plein de cadavres de bière. Bordel. Je me pose la question de continuer avec lui ou pas. Mais bon, ma copine m'attend a Lyon. Bref, on repart.
Sur l'autoroute la trajectoire commence à devenir très approximative, et on manque de se prendre le rail. Mon soudeur allemand bourré qui me sert de pilote a encore un peu de présence d'esprit et décide de s'arrêter sur une aire d'autoroute pour pioncer.
A ce moment là de notre histoire, votre narrateur préféré se retrouve a devoir passer la nuit sur une aire d'autoroute avec un soudeur allemand bourré alors qu'à la base, il devait passé la nuit avec sa copine dans la ville Lumiere a l'occasion de la fête du même nom. L'expression être légèrement désappointé par la tournure des événement semble approprié a la nature de la situation.
Mais bon, je prend les chose en main, je le baratine, lui montre mon permis de conduire, je lui explique que je peux conduire son camion, pas de souci, etc … Bref, de toute façon, il est cuit, donc il ne résiste pas longtemps à mon baratin, me file les clés, sa carte bleue pour les péages et on change de place.
J'ai conduit le reste du trajet. Pied au plancher. ça marche bien ces gros van Mercedes, même chargé. Je l'ai réveillé sur la bande d'arrêt d'urgence, après le tunnel sous Fourvière. Salut et merci pour le poisson. Et vous ne savez pas la meilleure. Je me suis limite fait engueuler par ma copine, en mode "c'est à cette heure là que t'arrive ?"
Faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette.
[^] # Re: L'autostop c'est génial.
Posté par Antoine J. . Évalué à 10.
Il faut avouer qu'inventer des histoires d'allemands bourrés pour excuser un retard c'est vraiment pas crédible.
[^] # Re: L'autostop c'est génial.
Posté par chimrod (site web personnel) . Évalué à 5.
Ça passe mieux quand on s’appelle Ulysse !
[^] # Re: L'autostop c'est génial.
Posté par Renault (site web personnel) . Évalué à 6.
Au moins si tu le fais en vélo, outre en avoir plein la vue, tu es en forme. :D
[^] # Re: L'autostop c'est génial.
Posté par Frédéric Péters (site web personnel) . Évalué à 4.
Autre histoire; pas mal de stop aussi de mon côté, beaucoup moins ces dernières années, un dernier épisode marquant c'était il y a quelques années, pré-covid, un trajet partant de bout de campagne entre Nantes et Rennes, direction Bruxelles. On était deux (garçon et fille), ça peut être plus facile pour certaines personnes de prendre un petit couple, plus facile que deux garçons, mais dans mon expérience le plus facile reste d'être seul.
Bref on part un peu tard, et ça ne marche pas terriblement bien, on est chaque fois pris assez rapidement mais c'est très fractionné, il est 20h et on arrive à peine à Rouen, et là on galère vraiment à ressortir de la ville. En plus débarque un autre couple d'autostoppeurs sur le même spot, on papote mais on prend des distances, 4 personnes en bord de route, personne ne va jamais s'arrêter. Bah ce soir 2 personnes non plus. Il est tard quand finalement une voiture s'arrête pour nous prendre, il y a de la place, les autres sont toujours là, on suggère de les prendre aussi, visiblement on est sur le spot de l'enfer, partout ailleurs ça sera mieux.
OK go, on discute, il y a une erreur de trajet, il se fait tard, la conductrice nous propose de plutôt nous poser chez elle, passer la nuit, reprendre le lendemain. Proposition de rêve, on accepte, on est super bien accueilli, petit repas cuisiné sur le pouce, douche, etc.
Le lendemain on repart, et là ça va mieux, on se trouve à un moment posé sur une aire d'autoroute, petit casse-croute, carton avec notre destination posé sur la table et quelqu'un vient spontanément vers nous, il va chercher à manger mais il repasse et il sera ok pour nous prendre, ça nous va très bien. On le rejoint, il conduit un camping car, avec sa femme, ils remontent jusqu'aux Pays-Bas. On embarque et c'est direct jusque Bruxelles, ils nous posent à un arrêt de tram.
En deux jours des petits moments de désespoir mais aussi des rencontres incroyables, ça résume assez bien mon expérience du stop.
# En 2023 ou dans le passé ?
Posté par Vlobulle . Évalué à 5.
J'ai l'impression que l'auto-stop a disparu depuis une dizaine d'années en France, et que les seuls retours réels sur l’auto-stop datent d'il y a longtemps. Quelqu'un pratique encore régulièrement l'auto-stop ici ?
[^] # Re: En 2023 ou dans le passé ?
Posté par alkino . Évalué à 3.
Le covoiturage dans le style de BlaBlaCar a un peu tué la pratique je trouve.
Je me prenais de plus en plus de remarques que j'étais un radin qui aurait pu payer.
Après je vois encore beaucoup d'autostop mais sur des petites distances car j'habite proche de la montagne et certaines vallées sont vraiment inaccessibles en transport en commun / vélo / pieds.
[^] # Re: En 2023 ou dans le passé ?
Posté par Maderios . Évalué à 1.
Oui, d'ailleurs, à l'époque, nous ne disions pas "auto-stop" mais "stop". Sur le fond, le stop étant devenu difficile et risqué, surtout pour les femmes, même accompagnées, il a disparu depuis longtemps, sur un fond d'insécurité, de violences et d'individualisme généralisés.
[^] # Re: En 2023 ou dans le passé ?
Posté par aiolos . Évalué à 2.
Je ne pratique pas moi même, mais je croise (et prend parfois) pas mal d'auto-stoppeurs…
Habiter en campagne sur la route des vacances en Bretagne doit pas mal aider !
[^] # Re: En 2023 ou dans le passé ?
Posté par Psychofox (Mastodon) . Évalué à 3.
Les gens s'arrêtent pour prendre la peine de dire que tu es radin? S'il n'aiment pas ta façon de faire, pourquoi s'arrêtent t'ils?
[^] # Re: En 2023 ou dans le passé ?
Posté par Cyprien (site web personnel) . Évalué à 2.
De mon côté (bretagne), cela avait presque complètement disparu, mais j'ai l'impression qu'il y en a de plus en plus depuis 4-5 ans…
[^] # Re: En 2023 ou dans le passé ?
Posté par BAud (site web personnel) . Évalué à 2. Dernière modification le 04 août 2023 à 00:45.
vu que j'ai souvent raté le rare car Breizhgo du matin pour Saint-Broc (merci la ligne 1 /o\ le suivant est en début d'après midi, ce qui m'aurait en plus fait rater mon train…), je me suis retrouvé à (re-)faire du stop. Bah ça fonctionne bien, t'attends parfois une dizaine de voitures, mais bon c'est le jeu :p J'en ai même fait en plein covid o_O (eh bien, il y a des gens qui s'arrêtent !)
Quand j'avais une voiture, c'était plutôt moi qui prenait en stop quand sur ma direction. J'ai même ramené un militaire perdu du côté du feu interminable boulevard de la reine / avenue des états-unis (il ne faisait même pas de stop :D mais bon, quand tu vois le paquetage, tu te doutes du plan galère…) ; 5-10 min plus tard, il était à Satory ce qui lui aurait largement pris une heure même en connaissant le chemin :D
Sinon, dans Nus et culottés, ils font plus fort entre le bateau-stop, l'avion-stop, la péniche-stop, le stop avec une carriole voire une caravane… o_O
[^] # Re: En 2023 ou dans le passé ?
Posté par pamputt . Évalué à 2.
Il y a Rezo Pouce, qui a récemment fusionné avec Mobicoop qui propose de l'auto-stop « organisé ». Et ça a l'air de fonctionner. Mais j'imagine qu'il y a des régions (Rezo Pouce est originaire du Sud-Ouest de la France) où ça fonctionne mieux que d'autres.
# Aubaine ?
Posté par Dr BG . Évalué à 4. Dernière modification le 04 août 2023 à 14:00.
La généralisation des voies réservées au covoiturage va-t-elle inciter plus de monde à prendre des autostoppeurs ?
Suivre le flux des commentaires
Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.