Bof. Perso je trouve cela très moyen, ne serait-ce que parce c'est uniquement du "tout les autres sont nuls" et de la moquerie (comme on en voit beaucoup dans certaines BDs spécialisées dans le sarcasme) mais ils proposent rien de concret en retour. C'est donc pas du tout constructif. Si tous ces gens ont faux, alors c'est quoi la solution? Juste dire que les autres ont faux, c'est pas suffisant!
Et notamment la "Fig.2. Individualisme" avec la personne qui dit "les individus et les consommateurs sont au final responsables de la lutte contre le réchauffement climatique" et l'illustration montre quelqu'un qui met la main dans le cambouis, presque au sens propre puisqu'elle nettoie les déchets jetés au sol.
Alors éventuellement qu'on dise que c'est pas la solution, je veux bien. Enfin non, je suis pas d'accord, puisque c'est la fameuse théorie de l'effet papillon où on se moque des gens qui essaient de faire de l'écologie dans leur quotidien en leur disant que c'est pas ça qui va sauver la planète (évidemment, il faut dire cela de préférence dans son SUV, avec la clim à fond tout en laissant la fenêtre ouverte, le tout en se moquant du télétravail et du végétalisme). Mais soit, admettons!
Par contre, appeler ce persona de "l'individualisme" quand la personne prend sur elle (qu'elle ait tort ou raison, elle fait son possible et se limite dans sa vie pour un futur meilleur pour tous, du moins le croit-elle), puis mettre ça dans la catégorie "C'est d'abord aux autres d'agir: détourner la responsabilité" alors que le discours s'inclue soi-même et la personne est justement en train d'agir. C'est l'inverse du détournement de responsabilité. C'est un peu n'importe quoi. Au mieux, on peut dire que ce n'est pas efficace (mais le problème est qu'en tant que particulier, c'est effectivement dur de sauver la planète seul! Alors on fait ce qu'on peut à son niveau), mais dire que cette personne "retarde l'action climatique". Euh… comment dire. Elle l'a prise en charge au contraire à son petit niveau avant les autres (qui savent tellement mieux, mais font rien, sinon des dessins sarcastiques).
En plus, rien ne dit que cette personne n'est pas consciente que c'est loin d'être suffisant et qu'à son petit niveau, elle changera pas grand chose. Mais ça ne l'empêche pas d'agir pour être en accord avec ses convictions et peut-être en espérant ainsi de faire exemple pour faire réagir plus de monde?
D'ailleurs c'est censé représenter qui cette figure 2? Greta Thunberg?
Enfin bon, perso, je suis pas particulièrement impressionné par cette illustration. Même sans cette figure 2 parce que de manière générale, se moquer des gens n'est pas une manière constructive d'avancer.
Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]
Hmmm… bon je me réponds à moi-même. En fait sous le dessin, y a un lien vers un article de recherche "Discourses of climate delay" et c'est apparemment de là que cette personne a pris tous ses clichés. En fait, même juste en survolant l'article, on comprend vite que c'est bien moins caricatural que ce que le dessin montre. Notamment j'ai fait la recherche "individualism" dedans pour voir comment ils définissent cela:
A prominent example is individualism, which redirects climate action from systemic solutions to individual actions, such as renovating one's home or driving a more efficient car. This discourse narrows the solution space to personal consumption choices, obscuring the role of powerful actors and organizations in shaping those choices and driving fossil fuel emissions (Maniates, Reference Maniates2001).
Ok donc déjà en fait, ce n'est pas le sens habituel d'invidualisme (que ce soit en français ou anglais). Là ils le prennent dans le sens "les actions climatiques sont des actions individuelles". Bon c'est sûr que ça change beaucoup déjà! Autant dans un article de recherche, c'est OK de redéfinir des termes (et cette définition secondaire a un sens acceptable sémantiquement dans le contexte), autant le bédéiste aurait pu trouver un terme plus adéquat ou bien mettre un astérisque avec le sens donné ici, parce que là on est dans le contresens complet autrement!
Ensuite l'exemple de la BD est vraiment très mauvais. Le papier de recherche donne de biens meilleurs exemples (rénover sa maison ou conduire une voiture plus efficace) et surtout parle de "réduire l'espace de solution à des choix personnels de consommateur" (traduction perso). Notez bien le "choix de consommateur". Et donc pour son exemple, le bédéiste choisit quelqu'un qui… ramasse les déchets? Comme choix de consommateur, on a fait mieux (ou pire)! 🙄
Ou alors c'est juste pour se moquer de Greta (si ce n'est pas elle, je suis toujours pas sûr qui c'est, mais bon je suis nul en people) et forcément acheter une nouvelle voiture ou rénover sa maison, ça marche moyen pour elle.
Et pour continuer, le papier de recherche est bien plus subtil:
This is not to suggest that individual actions are futile. Rather, a more productive discourse of responsibility would focus attention on the collective potential of individual actions to stimulate normative shifts and build pressure towards regulation. It would also recognize that regulations and structural shifts are complementary to supporting individual behaviour change.
En gros, ils expliquent bien que les actions individuelles ne sont pas futile. Par contre, elles ne mettent pas en avant que le gros du problème est ailleurs ("pressure towards regulation" notamment). Puis de continuer en indiquant que la réglementation et les changements structurels sont bel et bien complémentaires avec les changements comportementaux individuels. Donc en gros, le papier ne dit absolument pas que c'est mal (ce que semble dire le dessin) mais bel et bien que ce n'est pas suffisant.
Ensuite je ne crois pas que quiconque qui fait ce genre d'action individuel pense qu'il va sauver le monde ainsi. Mais justement beaucoup le font exactement dans le but suggéré en fait: "a more productive discourse of responsibility would focus attention on the collective potential of individual actions to stimulate normative shifts and build pressure towards regulation"
C'est à dire l'action individuelle est souvent faite pour montrer la voie et pour porter l'attention sur le potentiel collectif et mettre la pression sur le changement de réglementation. En effet, qui écouterait le gars de mon exemple plus haut (le conducteur de SUV avec clim à fond et fenêtre ouverte) quand il parle climat? Si on veut que ça change, il faut aussi ouvrir la voie.
Mais surtout, si on lit bien cet article, on comprend vite que cette catégorie "individualisme" ne parle/critique absolument pas les gens qui font ces actions individuelles, mais les organismes, notamment entreprises, qui tiennent ce discours pour rejeter la faute sur tout le monde (sauf elles!). Et ils citent alors BP en exemple:
But it can also be implicit, such as in the social media campaign run by BP – “Our ‘Know your carbon footprint’ campaign successfully created an experience that not only enabled people to discover their annual carbon emissions, but gave them a fun way to think about reducing it – and to share their pledge with the world.”
En gros, BP qui fait une campagne "écologique" (on marche sur la tête) en expliquant aux gens comment réduire leurs émissions carbone! Quel meilleur moyen de ne pas agir (et là effectivement de retarder carrément l'action climatique) en faisant croire aux gens que ce sont eux qui ont la solution au désastre climatique quand on (BP) est soi-même l'un des grands coupables (parmi tant d'autres) du dit désastre. Et voilà, c'est cela que cet article dénonce en fait dans cette catégorie "individualisme": ces entreprises qui se dédouanent avec un discours que ce sont les consommateurs qui ont le pouvoir sur le climat avec de petites actions quand ces mêmes entreprises font des carnages complets avec leurs produits, et en fait leur existence même (puisqu'elle se base essentiellement sur une industrie problématique dans ce cas).
Donc bon d'une part, ce papier est bien plus fin que ce dessin, mais en plus le dessinateur l'a apparemment vaguement survolé et s'est contenté du titre ("Discourses of climate delay") en mettant tous les persona cités dedans au même niveau et sans la moindre subtilité. Et surtout en se trompant de persona pour cette figure 2: c'était BP qui fait la morale aux "consommateurs" en leur disant qu'ils peuvent agir qu'il fallait mettre dans ce dessin. Et là ça aurait tout de suite plus de sens dans cette sur-catégorie de "détourner la responsabilité".
Perso j'afficherais pas ce dessin en poster même si on me l'offrait. Je trouve ce discours (celui du dessin, pas celui du papier, où je ne sais pas si je serais d'accord à 100% sur toutes les subtilités — enfin je l'ai juste survolé — mais qui me semble rester néanmoins assez factuel) justement complètement contre-productif en terme de changements climatiques. Le discours de ce bédéiste (en remplaçant BP par une activiste écologique dans cette catégorie "Individualisme", il a complètement changé le discours initial du papier) me fait justement vraiment penser à ces gens qu'on rencontre qui disent que ça sert à rien de faire des efforts car c'est pas à nous de les faire mais aux politiques et aux grosses entreprises, ce qui est totalement vrai… sauf que qui composent ces entreprises et gouvernements sinon des gens? Comment leur faire comprendre sans y mettre du sien aussi? Au final ceux qui disent cela, c'est justement ceux qui ne font rien et ne veulent pas prendre sur eux du tout car ils y perdront en confort de vie (quitte à détruire notre écosystème à terme; mais bon ils se disent que ce sera pour les générations futures sûrement!).
Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]
Le texte "les individus et les consommateurs sont responsables du changement climatique" est assez clair quand même quand y lit bien le grand absent de la phrase … L'industrie évidemment.
C'est un persona certes mais le T-shirt avec un logo évoqué pour moi ces opérations de com organisées directement par des assos financées par des lobbys où les gens sont invités bénévolement a nettoyer un endroit, avec au passage le TShirt floqué "make our planet …" et en convoquant les journalistes. Il faut dans ce cas plutôt voir l'individuel en question comme une lobbyiste qui vient relayer les messages de l'industrie façon animatrice club Med.
Sans consommateurs pour demander et acheter des produits dont ils n'ont pas vraiment besoin, la pollution générée par l'industrie serait beaucoup moins importante.
Exemple de la "fast fashion":
"4 milliard de tonnes d’équivalent CO2 sont émis chaque année par le secteur du textile. En 2050, ce secteur pourrait même représenter 26 % des émissions globales de gaz à effet de serre si nous ne changeons pas notre manière de consommer". (…) "depuis le début des années 2000, la mode rapide et jetable est en plein essor. A l’heure actuelle, environ 100 milliards de vêtement sont consommés par an. Leur production a doublé entre 2000 et 2014" https://www.oxfamfrance.org/agir-oxfam/impact-de-la-mode-consequences-sociales-environnementales/
Posté par Thomas Douillard .
Évalué à 5 (+3/-1).
Dernière modification le 10 octobre 2024 à 12:30.
Bien sûr mais les industries en question seront bien les premières à potentiellement faire du double discours. Par exemple Unilever est un très gros producteur de plastique qui incite évidemment à acheter ses produits en masse par la pub et d'un autre côté est tenté de gérer les dégâts … par ce type d'actions : https://www.delhaize.be/fr/better/planet/lionsfootprint/plastic/initiative-15-bis ou il s'agit d'aider un peu des bénévoles à nettoyer les rivières, ce qui coute probablement bien moins cher que de réfléchir aux circuits du plastique ou de réfléchir au recyclage ou de faire du greenwashing (si c'est avéré https://www.rse-magazine.com/Unilever-greenwashing-suspecte_a5610.html )
On ne peut évidemment pas écarter la responsabilité des individus, c'est une évidence, d'un autre côté les injonctions contradictoires … ben ça se règle souvent par des règlementations qui forcent tous les acteurs à adopter un comportement responsable dans un système qui ne rend pas ça très difficile. Et évidemment faire un peu de lobbying contre ces règlements potentiellement emmerdants c'est aussi peu de choses pour des gros acteurs.
Sans consommateurs pour demander et acheter des produits dont ils n'ont pas vraiment besoin, la pollution générée par l'industrie serait beaucoup moins importante.
Exemple de la "fast fashion":
Comme souvent, il y a inversion de la responsabilité : les consommateurs ne demandent jamais rien. C’est dans la même veine que « les marchés ont décidés que » : c’est un discours effaçant complètement la responsabilité unique des marchands prêts à tout pour nous fourguer leur camelote.
Il faut arrêter de prendre « légens » pour des cons et commencer à demander des comptes aux capitalistes.
« Y a même des gens qui ont l’air vivant, mais ils sont morts depuis longtemps ! »
Peut être il ne faut pas spécialement reprocher à la caricature d'être caricaturale.
À part les dessins qui sont caricaturaux, on peut malheureusement entendre partout, dans tous les milieux, y compris politiques/décideurs, les "arguments" déclinés par les personnages.
Si je comprends la critique envers figure 2: c'est-à-dire que penser que le problème écologique pourrait être résolu uniquement de manière individualiste retarde l'action climatique d'un point de vue politique, je pense tout-de-même que les actions individualistes ont un sens (que ce soit dans la manière de consommer, de gérer ses déchets, que de voter). Et au contraire, les personnes qui disent : «De toutes manières, c'est aux gouvernements de prendre des décisions qui pèsent.» sont dans cette optique de rejeter la responsabilité sur les autres…
Que l'on pense que l'individualisme écologique n'est pas la solution, je comprends, mais je trouve fort en chocolat de mettre ces personnes dans la catégorie "C'est d'abord aux autres d'agir."
L'image est intéressante pour questionner nos comportements. Même René Dumont ou des membres du giec cochent certaines cases, il faut tempérer. Évidemment qu'un problème comme celui là ne se résume pas à une caricature
Il manque un chasseur qui explique que le changement climatique est un mensonge des écolos et que le vrai problème ce sont les immigrés transgenres du wokistan.
Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.
Il parle certainement des "chasseurs" qui tuent des animaux pour s'amuser. Les autres chasseurs, les vrais, sont des gens qui chassent pour survivre, les autochtones en Amazonie ou dans l'Arctique, par exemple.
# Une image vaut mille mots
Posté par Xanatos . Évalué à 3 (+1/-1).
Pas mal du tout ce condensé, merci pour la trouvaille.
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par Jehan (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10 (+9/-2).
Bof. Perso je trouve cela très moyen, ne serait-ce que parce c'est uniquement du "tout les autres sont nuls" et de la moquerie (comme on en voit beaucoup dans certaines BDs spécialisées dans le sarcasme) mais ils proposent rien de concret en retour. C'est donc pas du tout constructif. Si tous ces gens ont faux, alors c'est quoi la solution? Juste dire que les autres ont faux, c'est pas suffisant!
Et notamment la "Fig.2. Individualisme" avec la personne qui dit "les individus et les consommateurs sont au final responsables de la lutte contre le réchauffement climatique" et l'illustration montre quelqu'un qui met la main dans le cambouis, presque au sens propre puisqu'elle nettoie les déchets jetés au sol.
Alors éventuellement qu'on dise que c'est pas la solution, je veux bien. Enfin non, je suis pas d'accord, puisque c'est la fameuse théorie de l'effet papillon où on se moque des gens qui essaient de faire de l'écologie dans leur quotidien en leur disant que c'est pas ça qui va sauver la planète (évidemment, il faut dire cela de préférence dans son SUV, avec la clim à fond tout en laissant la fenêtre ouverte, le tout en se moquant du télétravail et du végétalisme). Mais soit, admettons!
Par contre, appeler ce persona de "l'individualisme" quand la personne prend sur elle (qu'elle ait tort ou raison, elle fait son possible et se limite dans sa vie pour un futur meilleur pour tous, du moins le croit-elle), puis mettre ça dans la catégorie "C'est d'abord aux autres d'agir: détourner la responsabilité" alors que le discours s'inclue soi-même et la personne est justement en train d'agir. C'est l'inverse du détournement de responsabilité. C'est un peu n'importe quoi. Au mieux, on peut dire que ce n'est pas efficace (mais le problème est qu'en tant que particulier, c'est effectivement dur de sauver la planète seul! Alors on fait ce qu'on peut à son niveau), mais dire que cette personne "retarde l'action climatique". Euh… comment dire. Elle l'a prise en charge au contraire à son petit niveau avant les autres (qui savent tellement mieux, mais font rien, sinon des dessins sarcastiques).
En plus, rien ne dit que cette personne n'est pas consciente que c'est loin d'être suffisant et qu'à son petit niveau, elle changera pas grand chose. Mais ça ne l'empêche pas d'agir pour être en accord avec ses convictions et peut-être en espérant ainsi de faire exemple pour faire réagir plus de monde?
D'ailleurs c'est censé représenter qui cette figure 2? Greta Thunberg?
Enfin bon, perso, je suis pas particulièrement impressionné par cette illustration. Même sans cette figure 2 parce que de manière générale, se moquer des gens n'est pas une manière constructive d'avancer.
Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par Jehan (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 10 (+9/-3).
Hmmm… bon je me réponds à moi-même. En fait sous le dessin, y a un lien vers un article de recherche "Discourses of climate delay" et c'est apparemment de là que cette personne a pris tous ses clichés. En fait, même juste en survolant l'article, on comprend vite que c'est bien moins caricatural que ce que le dessin montre. Notamment j'ai fait la recherche "individualism" dedans pour voir comment ils définissent cela:
Ok donc déjà en fait, ce n'est pas le sens habituel d'invidualisme (que ce soit en français ou anglais). Là ils le prennent dans le sens "les actions climatiques sont des actions individuelles". Bon c'est sûr que ça change beaucoup déjà! Autant dans un article de recherche, c'est OK de redéfinir des termes (et cette définition secondaire a un sens acceptable sémantiquement dans le contexte), autant le bédéiste aurait pu trouver un terme plus adéquat ou bien mettre un astérisque avec le sens donné ici, parce que là on est dans le contresens complet autrement!
Ensuite l'exemple de la BD est vraiment très mauvais. Le papier de recherche donne de biens meilleurs exemples (rénover sa maison ou conduire une voiture plus efficace) et surtout parle de "réduire l'espace de solution à des choix personnels de consommateur" (traduction perso). Notez bien le "choix de consommateur". Et donc pour son exemple, le bédéiste choisit quelqu'un qui… ramasse les déchets? Comme choix de consommateur, on a fait mieux (ou pire)! 🙄
Ou alors c'est juste pour se moquer de Greta (si ce n'est pas elle, je suis toujours pas sûr qui c'est, mais bon je suis nul en people) et forcément acheter une nouvelle voiture ou rénover sa maison, ça marche moyen pour elle.
Et pour continuer, le papier de recherche est bien plus subtil:
En gros, ils expliquent bien que les actions individuelles ne sont pas futile. Par contre, elles ne mettent pas en avant que le gros du problème est ailleurs ("pressure towards regulation" notamment). Puis de continuer en indiquant que la réglementation et les changements structurels sont bel et bien complémentaires avec les changements comportementaux individuels. Donc en gros, le papier ne dit absolument pas que c'est mal (ce que semble dire le dessin) mais bel et bien que ce n'est pas suffisant.
Ensuite je ne crois pas que quiconque qui fait ce genre d'action individuel pense qu'il va sauver le monde ainsi. Mais justement beaucoup le font exactement dans le but suggéré en fait: "a more productive discourse of responsibility would focus attention on the collective potential of individual actions to stimulate normative shifts and build pressure towards regulation"
C'est à dire l'action individuelle est souvent faite pour montrer la voie et pour porter l'attention sur le potentiel collectif et mettre la pression sur le changement de réglementation. En effet, qui écouterait le gars de mon exemple plus haut (le conducteur de SUV avec clim à fond et fenêtre ouverte) quand il parle climat? Si on veut que ça change, il faut aussi ouvrir la voie.
Mais surtout, si on lit bien cet article, on comprend vite que cette catégorie "individualisme" ne parle/critique absolument pas les gens qui font ces actions individuelles, mais les organismes, notamment entreprises, qui tiennent ce discours pour rejeter la faute sur tout le monde (sauf elles!). Et ils citent alors BP en exemple:
En gros, BP qui fait une campagne "écologique" (on marche sur la tête) en expliquant aux gens comment réduire leurs émissions carbone! Quel meilleur moyen de ne pas agir (et là effectivement de retarder carrément l'action climatique) en faisant croire aux gens que ce sont eux qui ont la solution au désastre climatique quand on (BP) est soi-même l'un des grands coupables (parmi tant d'autres) du dit désastre. Et voilà, c'est cela que cet article dénonce en fait dans cette catégorie "individualisme": ces entreprises qui se dédouanent avec un discours que ce sont les consommateurs qui ont le pouvoir sur le climat avec de petites actions quand ces mêmes entreprises font des carnages complets avec leurs produits, et en fait leur existence même (puisqu'elle se base essentiellement sur une industrie problématique dans ce cas).
Donc bon d'une part, ce papier est bien plus fin que ce dessin, mais en plus le dessinateur l'a apparemment vaguement survolé et s'est contenté du titre ("Discourses of climate delay") en mettant tous les persona cités dedans au même niveau et sans la moindre subtilité. Et surtout en se trompant de persona pour cette figure 2: c'était BP qui fait la morale aux "consommateurs" en leur disant qu'ils peuvent agir qu'il fallait mettre dans ce dessin. Et là ça aurait tout de suite plus de sens dans cette sur-catégorie de "détourner la responsabilité".
Perso j'afficherais pas ce dessin en poster même si on me l'offrait. Je trouve ce discours (celui du dessin, pas celui du papier, où je ne sais pas si je serais d'accord à 100% sur toutes les subtilités — enfin je l'ai juste survolé — mais qui me semble rester néanmoins assez factuel) justement complètement contre-productif en terme de changements climatiques. Le discours de ce bédéiste (en remplaçant BP par une activiste écologique dans cette catégorie "Individualisme", il a complètement changé le discours initial du papier) me fait justement vraiment penser à ces gens qu'on rencontre qui disent que ça sert à rien de faire des efforts car c'est pas à nous de les faire mais aux politiques et aux grosses entreprises, ce qui est totalement vrai… sauf que qui composent ces entreprises et gouvernements sinon des gens? Comment leur faire comprendre sans y mettre du sien aussi? Au final ceux qui disent cela, c'est justement ceux qui ne font rien et ne veulent pas prendre sur eux du tout car ils y perdront en confort de vie (quitte à détruire notre écosystème à terme; mais bon ils se disent que ce sera pour les générations futures sûrement!).
Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par Thomas Douillard . Évalué à 6 (+5/-2).
Le texte "les individus et les consommateurs sont responsables du changement climatique" est assez clair quand même quand y lit bien le grand absent de la phrase … L'industrie évidemment.
C'est un persona certes mais le T-shirt avec un logo évoqué pour moi ces opérations de com organisées directement par des assos financées par des lobbys où les gens sont invités bénévolement a nettoyer un endroit, avec au passage le TShirt floqué "make our planet …" et en convoquant les journalistes. Il faut dans ce cas plutôt voir l'individuel en question comme une lobbyiste qui vient relayer les messages de l'industrie façon animatrice club Med.
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par Maderios . Évalué à 3 (+2/-1).
Sans consommateurs pour demander et acheter des produits dont ils n'ont pas vraiment besoin, la pollution générée par l'industrie serait beaucoup moins importante.
Exemple de la "fast fashion":
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par Thomas Douillard . Évalué à 5 (+3/-1). Dernière modification le 10 octobre 2024 à 12:30.
Bien sûr mais les industries en question seront bien les premières à potentiellement faire du double discours. Par exemple Unilever est un très gros producteur de plastique qui incite évidemment à acheter ses produits en masse par la pub et d'un autre côté est tenté de gérer les dégâts … par ce type d'actions : https://www.delhaize.be/fr/better/planet/lionsfootprint/plastic/initiative-15-bis ou il s'agit d'aider un peu des bénévoles à nettoyer les rivières, ce qui coute probablement bien moins cher que de réfléchir aux circuits du plastique ou de réfléchir au recyclage ou de faire du greenwashing (si c'est avéré https://www.rse-magazine.com/Unilever-greenwashing-suspecte_a5610.html )
On ne peut évidemment pas écarter la responsabilité des individus, c'est une évidence, d'un autre côté les injonctions contradictoires … ben ça se règle souvent par des règlementations qui forcent tous les acteurs à adopter un comportement responsable dans un système qui ne rend pas ça très difficile. Et évidemment faire un peu de lobbying contre ces règlements potentiellement emmerdants c'est aussi peu de choses pour des gros acteurs.
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par PhRæD . Évalué à 6 (+5/-0).
Comme souvent, il y a inversion de la responsabilité : les consommateurs ne demandent jamais rien. C’est dans la même veine que « les marchés ont décidés que » : c’est un discours effaçant complètement la responsabilité unique des marchands prêts à tout pour nous fourguer leur camelote.
Il faut arrêter de prendre « légens » pour des cons et commencer à demander des comptes aux capitalistes.
« Y a même des gens qui ont l’air vivant, mais ils sont morts depuis longtemps ! »
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par Pol' uX (site web personnel) . Évalué à 10 (+8/-0).
Peut être il ne faut pas spécialement reprocher à la caricature d'être caricaturale.
Adhérer à l'April, ça vous tente ?
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par Xanatos . Évalué à 4 (+2/-0).
Ben oui.
La prochaine fois je préciserai le terme caricature.
Mais toujours intéressant de lire les argumentaires de @Jehan
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par Krunch (site web personnel) . Évalué à 1 (+0/-1).
Je préfère lire l'étude.
pertinent adj. Approprié : qui se rapporte exactement à ce dont il est question.
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par Maderios . Évalué à 6 (+4/-0).
À part les dessins qui sont caricaturaux, on peut malheureusement entendre partout, dans tous les milieux, y compris politiques/décideurs, les "arguments" déclinés par les personnages.
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3 (+0/-0).
Cette image est pleine de mots et pas très lisible justement. Je préférerais mille mots.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Une image vaut mille mots
Posté par Krunch (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0).
Est-ce que 4473 mots ça te convient ? https://www.cambridge.org/core/journals/global-sustainability/article/discourses-of-climate-delay/7B11B722E3E3454BB6212378E32985A7
pertinent adj. Approprié : qui se rapporte exactement à ce dont il est question.
# C'est joli mais...
Posté par lejocelyn (site web personnel) . Évalué à 7 (+5/-0).
Si je comprends la critique envers figure 2: c'est-à-dire que penser que le problème écologique pourrait être résolu uniquement de manière individualiste retarde l'action climatique d'un point de vue politique, je pense tout-de-même que les actions individualistes ont un sens (que ce soit dans la manière de consommer, de gérer ses déchets, que de voter). Et au contraire, les personnes qui disent : «De toutes manières, c'est aux gouvernements de prendre des décisions qui pèsent.» sont dans cette optique de rejeter la responsabilité sur les autres…
Que l'on pense que l'individualisme écologique n'est pas la solution, je comprends, mais je trouve fort en chocolat de mettre ces personnes dans la catégorie "C'est d'abord aux autres d'agir."
[^] # Re: C'est joli mais...
Posté par barmic 🦦 . Évalué à 2 (+1/-2).
L'image est intéressante pour questionner nos comportements. Même René Dumont ou des membres du giec cochent certaines cases, il faut tempérer. Évidemment qu'un problème comme celui là ne se résume pas à une caricature
https://linuxfr.org/users/barmic/journaux/y-en-a-marre-de-ce-gros-troll
# Personnas de drouate
Posté par devnewton 🍺 (site web personnel) . Évalué à 8 (+6/-1). Dernière modification le 10 octobre 2024 à 11:13.
Il manque un chasseur qui explique que le changement climatique est un mensonge des écolos et que le vrai problème ce sont les immigrés transgenres du wokistan.
Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.
[^] # Re: Personnas de drouate
Posté par moi1392 . Évalué à 5 (+3/-0).
Un bon ou un mauvais chasseur ?
[^] # Re: Personnas de drouate
Posté par Maderios . Évalué à 3 (+1/-0).
Il parle certainement des "chasseurs" qui tuent des animaux pour s'amuser. Les autres chasseurs, les vrais, sont des gens qui chassent pour survivre, les autochtones en Amazonie ou dans l'Arctique, par exemple.
Envoyer un commentaire
Suivre le flux des commentaires
Note : les commentaires appartiennent à celles et ceux qui les ont postés. Nous n’en sommes pas responsables.