J'ai 54 ans, j'étais étudiant en 1986 quand l'informatique n'était pas un métier. J'ai donc fait des études dans un autre domaine, puis j'ai travaillé dans encore tout autre chose (Gestion d'une salle de concert :) avant de revenir vers l'informatique que, côté privé, je n'avais pas quitté depuis mes 10 ans.
Après près de 25 ans de vie professionnelle dans l'informatique, il y a 5 ans, j'ai eu envie, et l'opportunité, de faire un diplôme, "quand même". J'ai donc fait un CFC (je suis en Suisse, c'est équivalent à un BEP français si j'ai bien pigé) en VAE (Validation des acquis de l'expérience). Ce fût assez simple, ayant un bon niveau pro. Le plus dur a été de retourner dans le passé pour trouver la vingtaine de situations professionnelles différentes pour illustrer mon savoir.
Lors de l'oral de ce CFC, un des experts m'a demandé pourquoi je n'avais pas fait directement un "brevet fédéral" (= BAC +3). J'ai répondu que je ne savais pas que ce fût possible et c'est resté quelques mois dans ma tête.
Je me suis ensuite inscrit dans une école de préparation à cet examen professionnel fédéral, où je devais être le plus âgé des candidats. Après 12 mois de cours (soir sur place + modules à faire à la maison), on a appris que le règlement de 'notre' examen changeait: il serait un peu plus dur mais le diplôme au bout serait officiellement de niveau Bachelor. 6 mois de cours encore, préparation, répétition, examens blanc… Tout en faisans mon travail de diplôme et tout en travaillant chez mon employeur. Ma petite famille ne m'a pas vu beaucoup entre nouvel-an et fin mai, c'est sûr.
Fin mai donc, je passais les examens écrits et oraux, 5 semaines plus tard j'apprenais que j'avais réussi. Content :)
Ce soir je vais à la remise des diplômes et je me retourne une dernière fois sur ces 5 ans pour passer de rien à Bachelor. Professionnellement, l'informatique me définit, c'est sûr, depuis toujours. C'est mon Ikigai! Il n'y a rien d'autre que je sache bien faire, que j'aime bien faire, dont le monde a besoin qui qui me permette de payer les factures. Et du coup, cet attachement entre moi et ce métier, est là officiel et de haut niveau.
En résumé, faire un bachelor en info à passé 50 ans, ce n'est pas facile. Mais c'est possible!
# Pas un métier...
Posté par raspbeguy (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 8 (+7/-0).
L'informatique est un métier (même plusieurs métiers) depuis bien plus longtemps que ça, même si ça s'est énormément popularisé lors de la bulle internet.
Un gentil du net
[^] # Re: Pas un métier...
Posté par Lol Zimmerli (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 7 (+5/-0). Dernière modification le 25 septembre 2024 à 12:10.
C'est vrai, j'aurais du dire qu'il n'existait alors pas (beaucoup) de filière dans ce domaine. Le CFC est arrivé plus tard, par exemple.
La gelée de coings est une chose à ne pas avaler de travers.
[^] # Re: Pas un métier...
Posté par Christophe B. (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0).
salut la foule
J'ai commencé ma carrière "pro" en 1986 et même un peu avant vu que je donnais des cours de Basic sur TO7 / ORIC 1 et Apple II avant pour un Club Leo Lagrange
C'est vrai que, n'ayant que le bac (bac +2 avec 2 ans de retard :) ), j'ai eu beaucoup de chance en croisant la route d'un entrepreneur en faisant du stop.
L'idée d'un VAE m'avait effleuré l'esprit fut une époque, mais maintenant a quelques années de la retraite je vois plus l'intérêt.
# pas un métier en 1986 ?!
Posté par mahikeulbody . Évalué à 7 (+5/-0). Dernière modification le 25 septembre 2024 à 12:27.
J'ai commencé ce métier en 1973, dans une boite d'informatique qui comptait plusieurs centaines d'informaticiens moins jeunes que moi !
Pour ce qui est des filières, je t'accorde qu'il n'y en avait guère mais il en existait au moins une très bonne : l'Institut de Programmation à Jussieu. J'ignore si la situation s'était amélioré en 1986.
[^] # Re: pas un métier en 1986 ?!
Posté par gUI (Mastodon) . Évalué à 6 (+3/-0).
J'ai fait l'IUT Informatique de Toulouse en 1993, et il avait déjà un beau paquet d'années derrière lui (clairement plus de 10). La légende raconte même que dans la première promotion il y avait Jean Pierre Mader
En théorie, la théorie et la pratique c'est pareil. En pratique c'est pas vrai.
[^] # Re: pas un métier en 1986 ?!
Posté par Faya . Évalué à 3 (+1/-0).
Salut ! Promo 2001 du même IUT :-)
# Systèmes éducatifs
Posté par Philip Marlowe . Évalué à 4 (+3/-1).
Tu es injuste avec le système éducatif suisse. Quant à la partie professionnel de l'enseignement c'est à peu près l'équivalent des CAP et BEP, mais avec un enseignement général de plus haut niveau, en particulier pour les langues étrangères. Les meilleurs dans cette formation quand elle est de nature technique peuvent continuer par une école d'ingénieurs ETS, qui est l'équivalent, en un peu mieux des STS et IUT français.
Un article de 2012 du blog de Bertrand Meyer explique bien les particularités du système helvétique, qui fait une drastique sélection des élèves vers l'âge de 12 ans, à la suite de laquelle environ 20% de ceux-ci sont sélectionnés pour des études longues − si les chiffres n'ont pas changé, originellement c'était 12%, mais les résidents étrangers prospères et influents ayant des enfants scolarisés ont manifestement montré leur désaccord sur cet attentat à la reproduction sociale − et les autres sont aiguillés vers une instruction professionnelle.
Une instruction professionnelle, le plus souvent passant par un CFC, mais qui n'est pas un cul-de-sac, l'évolution au-delà étant possible pour ceux qui le veulent et en sont capables.
N'hésite pas à me corriger s'il y a des erreurs ci-dessus. Ton journal est instructif.
[^] # Re: Systèmes éducatifs
Posté par Lol Zimmerli (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 6 (+4/-0). Dernière modification le 25 septembre 2024 à 14:48.
Excellent article, merci!
Et en effet, le CFC n'est pas la fin; le brevet vient après. Reste encore le "diplôme fédéral" (niveau master) qui est possible ensuite, mais pour ma part je vais m'arrêter là!
La gelée de coings est une chose à ne pas avaler de travers.
[^] # Re: Systèmes éducatifs
Posté par Christophe B. (site web personnel) . Évalué à 2 (+0/-0).
Vu l'état du système éducatif Français, vous risquez pas de faire pire …
Il y a quelques années, on parlait du mammouth, de nos jours il y a eu de l'évolution certainement mais rien de révolutionnaire …
Mais bon sur ce sujet je serai de mauvaise foi.
[^] # Re: Systèmes éducatifs
Posté par Pol' uX (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-0).
De loin on devrait parler d'un mammouth famélique.
Adhérer à l'April, ça vous tente ?
# bravo
Posté par Bruno (Mastodon) . Évalué à 9 (+8/-0).
Il faut toujours faire ce que l'on a envie ;-)
Perso j'ai commencé ce métier en 1980, oui c'était déjà un métier mais j'ai compris que tu parlais des filières de formations qui étaient effectivement peu nombreuses. C'est d'ailleurs cette pénurie d'informaticiens qui m'a permis de commencer par le bas de l'échelle (opérateur sur imprimantes) et de me mettre en indépendant en 2015 en étant passé par à peu près tous les métiers jusque directeur Informatique d'un grand groupe.
J'avais pensé aussi faire une VAE (j'ai un bac -2) à un moment mais pas assez motivé.
[^] # Re: bravo
Posté par lejocelyn (site web personnel) . Évalué à 7 (+5/-0).
C'est clair, avant de reprendre sur un détail de l'histoire, je pense que c'est important de féliciter la démarche, l'effort et en plus la réussite :) Alors oui, l'informatique existait avant, mais clairement, c'était moins valorisé et connu qu'aujourd'hui dans les années 80.
[^] # Re: bravo
Posté par Lol Zimmerli (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5 (+3/-0).
Merci :)
Pour ma part, je suis parti dans des études en électronique où on avait, sauf erreur, 4x45min d'informatique chaque 6 semaines 😬
La gelée de coings est une chose à ne pas avaler de travers.
# Félicitations
Posté par Corwin (site web personnel) . Évalué à 10 (+12/-0).
Déjà, félicitations à toi. Comme disent les japonais "on devient vieux le jour ou on arrête d'apprendre", tu es donc encore très jeune!
Une question qui m'intrigue: Je ne mets pas en doute l’intérêt professionnel et personnel d'obtenir un diplôme mais à coté de ça, as-tu appris beaucoup de choses dans cette formation ou tu as eu l'impression de survoler ce que tu connaissais déjà grâce a ton expérience?
[^] # Re: Félicitations
Posté par Lol Zimmerli (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 7 (+5/-0).
Merci!
J'ai appris pas mal. Sur mon métier, des choses que je n'avais fait que survoler auparavant telles que le TDD, le cadre légal (notamment le nouvelle version, en Suisse, de la loi sur la protection des données), ISMS ou encore les types de revue de code. Et à-côté de mon métier aussi: améliorer mes présentations orales et leurs supports ou gérer les problèmes dans une équipe.
Naturellement, d'autres modules ne m'ont rien apporté parce qu'il s'agissait des choses que je mets en application depuis longtemps. Même si le formalisme présenté par le cours tranchait parfois avec la réalité de terrain.
Enfin, 1-2 modules m'ont parus bancals, n'apportant rien et/ou étant mal présentés par l'enseignant.
Mais globalement, oui, j'ai appris et principalement des choses qui me seront utiles dans ma pratique.
La gelée de coings est une chose à ne pas avaler de travers.
[^] # Re: Félicitations
Posté par Stinouff . Évalué à 3 (+1/-0).
Je baigne dans l'informatique depuis longtemps, je sais faire plein de trucs mais je ne me suis jamais spécialisé dans rien : je code (un peu), je fais de la 3D (un peu), du graphisme (un peu), du hardware (un peu), de l'android (un peu), de l'arduino (un peu).
J'ai toujours eu peur de me lancer dans une formation du coup, je ne pense jamais réussir.
Alors, bravo à toi !
[^] # Re: Félicitations
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 4 (+1/-0).
Pourquoi tu ne réussirais pas ?
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: Félicitations
Posté par Stinouff . Évalué à 5 (+3/-0).
Réponse franche : je suis un incapable volontaire. Je suis simplement dans la phase où je l'oralise un peu pour l'accepter totalement. :)
[^] # Re: Félicitations
Posté par Bruno (Mastodon) . Évalué à 2 (+1/-0).
Il faut déjà que tu définisses, si tu ne l'a pas déjà fait, ce que "réussir" veut dire pour toi.
Ensuite ben tu y vas, à fond, formation ou pas , si ça marche ok sinon ben tant pis essaye autre chose ;-)
J'ai été opérateur,pupitreur,programmeur,"homme système",admin bdd, architecte,chef de projet, manageur,directeur, sans être spécialiste de rien, et on en cherche des compétences généralistes.
[^] # Re: Félicitations
Posté par Stinouff . Évalué à 2 (+0/-0). Dernière modification le 26 septembre 2024 à 21:10.
N'ayant jamais rien "réussi", je ne sais même pas à quoi cela ressemble exactement.
Rien ne semblait t'arrêter mais j'imagine que les compétences appellent les compétences. :)
[^] # Re: Félicitations
Posté par Christophe B. (site web personnel) . Évalué à 5 (+3/-0).
J'adore cette phrase, merci à toi et aux Japonais :)
# Et au-delà de satisfaire une envie personnelle, quelles conséquences sur la vie pro ?
Posté par porki . Évalué à 2 (+1/-0).
Tout est dans le titre …
Maintenant que tu as ce papier "officiel", y aura-t-il une reconnaissance professionnelle particulière comme pouvoir postuler à des postes qui t'étaient refusés jusqu'à présent ? Changement de plage de salaire ? Autre ?
[^] # Re: Et au-delà de satisfaire une envie personnelle, quelles conséquences sur la vie pro ?
Posté par Lol Zimmerli (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3 (+1/-0).
Non, rien, mais ce n'était pas le but. Je suis dans une petite PME avec une super ambiance mais peu de possibilité de promotion.
La gelée de coings est une chose à ne pas avaler de travers.
# Suisse, tout comme Loi Zimmerli
Posté par abgech . Évalué à 5 (+4/-0).
Je suis également suisse.
Je commencerais par paraphraser votre première phrase :
J'ai 82 ans, j'étais étudiant au début des années soixante quand l'informatique n'était pas un métier. J'ai donc fait des études dans un autre domaine, ingénieur EPUL (depuis devenue École Polytechnique Fédérale de Lausanne, EPFL) en génie électrique. Je me préparais à une carrière dans le domaine de la production électrique, en conséquence dans le nucléaire.
Lors d'un travail de semestre, j'ai été confronté à l'accident de la centrale de Lucens¹. Lorsque j'ai vu les dégâts qui pouvaient être causés par un accident dans une micro-centrale (5 MW de puissance), j'ai changé mon fusil d'épaule et je suis devenu, et resté, un farouche opposant au nucléaire.
J'ai fait mon travail de fin d'étude sur l'asservissement des vannes des conduites forcées d'une centrale hydraulique. Il 'agit de fermer la vanne le plus rapidement possible, pour éviter une perte d'eau turbinable. Mais pas trop vite pour éviter une surpression dans la conduite pouvant la faire exploser. Bref, de trouver un optimum. La solution de l'époque, c'était un mélange entre électronique analogique et digitale. C'est ainsi que j'ai fait joujou avec un PDP-1 de DEC.
Et je suis tombé dans la marmite. C'est-à-dire que j'ai consacré ensuite toute ma carrière à ce qui n'était pas encore l'informatique.
De longues années à développer du logiciel embarqué dans des domaines très variés. Allant du calcul du mélange économiquement optimal d'un mélange de céréales pour fabriquer des aliments pour animaux, au système de contrôle du givrage des avions. En passant par le contrôle du brassage de bière, la découpe optimale des fers à béton (une dimension, c'est facile), la découpe optimale des tissus pour la confection (deux dimensions, difficile, pas de solution générale), etc.
Et j'ai fini ma carrière en enseignant programmation et algorithmique à l'école d'ingénieurs de Genève, maintenant HEPIA.
Alors, désormais, je me considère bien plus comme ingénieur en informatique que comme ingénieur en génie électrique.
Effectivement, le CFC en Suisse est très loin d'être une voie de garage. J'ai eu, à l'EPUL, des condisciples qui venait d'un CFC d'électronicien. Ils avaient évidemment complété leur formation en math et physique avant de suivre le programme de mathématique spéciale de l'EPUL, programme qui, en cas de réussite leur permettaient d'entrer de plein droit dans toutes les fillières proposées.
Et, dans les labos, ils avaient certains avantages sur ceux qui, comme moi, venait d'une formation aboutissant à la maturité (pour les Français, comprenez bac). Par exemple, ils savaient souder.
L'un de mes condisciples a d'ailleurs poursuivi jusqu'au doctorat. C'est ainsi qu'en Suisse, il est possible d'être titulaire d'un titre de docteur, sans avoir de matu (bac).
Il existe de nombreuses passerelles entre les formations. Il suffit de vouloir et de travailler. L'exemple de Loi Zimmerli nous le démontre.
1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_de_Lucens
[^] # Re: Suisse, tout comme Loi Zimmerli
Posté par Maderios . Évalué à -1 (+0/-3).
La Suisse, au moins, a eu la sagesse d'arrêter dès 1969 l'expérience de la production d'électricité d'origine nucléaire, ce qui n'est pas le cas de la France exposée désormais au changement climatique pour lequel les centrales ne sont pas armées: des sécheresses qui vont empirer, manque d'eau pour refroidir les réacteurs au bord des rivières, réchauffement de l'eau incompatible avec la santé de l'environnement, risques de submersion des centrales au bord de la mer
Rapport de la Cour des comptes: L’adaptation des parcs nucléaire et hydro-électrique au changement climatique
Des centrales nucléaires en France sont menacées par la submersion marine:
Concernant la "décarbonation" de cette énergie, il faut savoir que cet argument tient compte seulement de la période de production d'électricité et non de la chaîne entière: extraction polluante durablement du minerai uranium pour les populations locales (1), enrichissement, construction centrale, production électricité, pollutions et réchauffement des eaux, rejets radioactifs récurrents dans la nature, maintenance, stockage provisoire des déchets, retraitement des déchets nucléaires, construction du site d'enfouissement de Bure où il est prévu d'enterrer des déchets qui resteront radioactifs pendant des millions d'années, pour les plus dangereux, soit l'éternité, ce qui, compte tenu de l'échelle de temps, nous fait basculer dans l'inconnu, notamment concernant la possibilité de contamination des nappes phréatiques.
(1) Niger : « A Arlit, les gens boivent de l’eau contaminée par la radioactivité » Les gisements d’uranium exploités par Orano (ex-Areva) empoisonnent la population
Les risques de l’extraction et de l'enrichissement de l'uranium, enjeux oubliés du nucléaire
[^] # Re: Suisse, tout comme Loi Zimmerli
Posté par Pol' uX (site web personnel) . Évalué à 2 (+1/-1).
J'ai lu le contraire.
Adhérer à l'April, ça vous tente ?
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