Journal [HS] Skywalker existe pour de vrai

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3
1
avr.
2024

il s'appelle Marc Hamill Abraham Poincheval, c'est un artiste contemporain adepte d'un style de performances iconoclastes qui me mettent usuellement résolument en joie.

Pour être plus précis et pour racoler encore plus large (les fans de la saga + les nerds de Linuxfr), il "Walk on clouds" plutôt qu' "on the wild side".

Ça, c'est trop dangereux, déjà fait et sans doute soumis à un quelconque droit d'auteur.

Mais en tous cas, c'est un vrai "Skywalker" et quelque part un vrai chevalier Jedi (voir plus bas):

Sans blague, sérieux ?

Image de la galerie "Semiose"

Walk on clouds

il s'agit là d'une installation vidéo. Le MACVAL "Musée d'Art Contemporain du Val de Marne" en a fait l'acquisition voici quelques années (2019) et a publié une chouette vidéo sur sa page Facebook à cette occasion => ici ou l'on y voit pendant 10 minutes, quelques extraits, l’évocation d'autres performances passées et surtout, surtout: l'artiste, que dis-je, le Jedi, qui s'exprime.
Pour les allergiques à Facebook, je n'ai trouvé que cette vidéo YT d'Euronews publiée pour la biennale d'art contemporain de Lyon 2019 (2 minutes, prises à l'usine Fagor. Y'avait plein de trucs super cool d'ailleurs) pendant laquelle "Walk on clouds" était présenté.

A Jedi in French Brittany

Like all Jedies, he is walking on the ~~wild~~ left side

Image piquée à Radio Canada

Avant de marcher sur le nuages, il y a eu cette espèce de transition (AMHA de béotien) entre ce qui me paraissait comme sa préoccupation de base (voir plus bas) et ce besoin de grand'air comme cela semble évident avec "Walk on clouds": en 2018, il entreprend de traverser la campagne bretonne, à pied, vêtu d'une armure médiévale pour aller à la rencontre de tout à chacun (sur le site du journal Ouest France, une petite vidéo) et voir, eh ben, ce qui se passera.

Eh oui, le Jedi, il craint dégun.

L'enfermement, la contrainte

Dans la peau de l'ours
Piquée à "Achéologie du futur"

L'armure, sa contrainte, son poids, en fait, c'est de la rigolade par rapport à ce que le bonhomme a pu s'infliger avant celà:

  • Rester enfermé pendant une semaine dans une pierre de 12 tonnes,
  • ou à l'intérieur d'un ours au musée de la chasse à Paris (bonjour l'ambiance). Au hasard
  • voire même dans un simple trou sous le plancher de la galerie. Extrait de l'article en lien, il s'agit de la réaction d'une lectrice du canard du coin; "Si nous étions le 1er avril je pourrais penser à une blague, mais hélas, non. C'est pitoyable, comment peut-on dépenser de l'argent pour une telle bêtise ? Les personnes qui ont autorisé ce " truc " savent-ils qu'il existe dans ce monde, des gens qui crèvent de faim ? "

Manque de bol, on est le 1er Avril, alors tout est permis (où alors il ne reste plus que les 29 février avec la bougie du sapeur ???).

En live à l'époque

Image: au Hasard

L'histoire

Sa maison, son boulet, sa crotte

Trouvée ici sur gyrovague.revolublog.fr

Je l'ai "rencontré" au hasard de mes lectures quotidiennes du canard local (La Provence) il y a plus de 10 ans: son projet s'appelait "Gyrovague" (2012) => le blog du truc, un vestige du passé qu'il faut s'empresser de wget'er, extrait:

Mercredi 20

L’ascension jusqu'à la Cabane des mulets se fait sans difficulté dans le pickup du Berger croisé ce matin et qui occupe la bergerie tout l’été. Arrivé, c’est un « tricheur » en guise de bienvenue qui m’est envoyé par SMS via le portable du berger par le patron du restaurant le Chalet. On ne badine pas avec la montagne.

Podcast à ce sujet (A. Poincheval et la montagne sur France Culture) (58mn)

Cet espèce de gros tambour de machine à laver le linge, c'était en fait sa maison, mais aussi sa charge, qu'il a roulé, tel le scarabée avec sa crotte, par delà les cols alpins pour suivre la route des contrebandiers entre la France et l'Italie.

Mais aussi

Seuls les artistes dans son genre arrivent

  • à remonter le Rhône dans une bouteille en verre (magie, illusion, argent bêtement dépensé -voir ci dessus-, faites votre choix)). Mais pour moi, il s'agit là d'un(e) grand(e) cru(e)

A la tienne

From "ontherhone.com"

  • à couver pendant 3 semaines, des œufs, jusqu'à leur éclosion:

3 semaines à couver

trouvé ici : arabnews.pk, purée ça va loin ! d'ailleurs cela n'a pas plu à l’association PETA

  • s’apprêter à vivre à l'intérieur d'une ruche de 20 000 individus

The Hive, pas le super groupe de rock, mais la ruche d'A. Poincheval

Image prise par en revenant de l'expo

Ce sont les dernières nouvelles que j'ai de lui, de 2020 donc, j'espère qu'il va bien et que the Hive deviendra réalité.

Sinon, caresses et bise à l’œil comme disait LeNoir

  • # C’est ça la force et le courage

    Posté par  . Évalué à 5.

    il entreprend de traverser la campagne bretonne, à pied, vêtu d'une armure médiévale pour aller à la rencontre de tout à chacun

    Respect… C’est sûr que ça doit attirer le chaland l’armure du moi y’en nage !

  • # Donner de son corps

    Posté par  . Évalué à 4.

    à couver pendant 3 semaines, des œufs, jusqu'à leur éclosion

    J’ai une profonde admiration pour les fêlés qui réalisent ce genre de performance. Comme le gars qui est resté enfermé plusieurs semaines « dans une pierre ». Ou, dans un autre style, le russe qui s’est cloué le scrotum au sol pour protester contre les méchants.

    Qu’iels le fassent dans un but purement artistique, ou bien politique, je trouve ça plus remarquable que faire un dessin, aussi beau soit-il.

    • [^] # Re: Donner de son corps

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2. Dernière modification le 03 avril 2024 à 09:17.

      Perso j'avais un peu trouvé choquant à l'époque le gars qui s'était coupé une phalange à la hache pour soutenir la libération d'Ingrid Betancourt (Pierre Pinoncelli). Mais bon ça avait l'air consenti. :)

      Adhérer à l'April, ça vous tente ?

    • [^] # Re: Donner de son corps

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

      J’ai une profonde admiration pour les fêlés qui réalisent ce genre de performance. Comme le gars qui est resté enfermé plusieurs semaines « dans une pierre ».

      C'est le même.

      On peut aussi se demander si ce n'est pas tout simplement le symptôme d'une pathologie mentale. Ça semble quand même témoigner d'un profond besoin d'attirer le centre de l'attention.

      • [^] # Re: Donner de son corps

        Posté par  . Évalué à 1.

        Oui c'est bien lui.

        Quant à chercher l'attention, celà me semble être le lot commun de tout artiste qui cherche à faire connaître sa création auprès d'un public qui pourra alors, éventuellement l'apprécier et, voire même, l'acquérir.

        "Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard

      • [^] # Re: Donner de son corps

        Posté par  . Évalué à 2.

        Indubitablement

        https://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_la_personnalit%C3%A9_histrionique

        Ceci dit. Est-ce qu’avancer la psycho-pathologie ne serait pas un moyen commode de s’abstraire d’une forme de devoir, du devoir de porter son attention là où précisément ces personnes désirent qu’on la porte, et dont on ne peut pas sérieusement croire que l’objet serait toujours la personne elle-même ?

        Je sais que ma phrase fait mal à la tête et n’a peut-être pas de sens à part pour moi, mais croyez-moi, j’ai fait un effort pour une formulation audible.

        Exemple (pour illustrer): une personne qui entame une grève de la faim, ou se colle les menottes sur la chaussée, c’est sans aucun doute pour attirer l’attention, et en premier lieu sur ça personne, de fait, mais dans quelle proportion est-ce pour attirer l’attention sur sa personne ou attirer l’attention sur un objet extérieur (une cause, une autre personne, etc…) ?

        Je fais partie des gens qui pensent que la notion de « sain d’esprit » est une foutaise incroyable. Il existe seulement des personnes en mesure de ne pas se faire déborder par leur psychopathie, et les autres. Et pour les premiers, plus que les seconds, c’est un état éminemment instable.

        Vous pouvez reprendre une activité normale. (si c’est votre volonté, sinon, cultivez votre anormalité !)

        • [^] # Re: Donner de son corps

          Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

          Ceci dit. Est-ce qu’avancer la psycho-pathologie ne serait pas un moyen commode de s’abstraire d’une forme de devoir, du devoir de porter son attention là où précisément ces personnes désirent qu’on la porte, et dont on ne peut pas sérieusement croire que l’objet serait toujours la personne elle-même ?

          J'imagine que tout dépend probablement de la performance.

          Par exemple Pinoncelli qui a pissé dans l'urinoir de Duchamp dans un musée, pour faire pousser plus loin la réflexion initiée par Duchamp, ça me semble valoir le coup. Où le fait de braquer une banque pour 10€ pour critiquer une décision.

          Dans le cas ci-dessus, disons qu'il y a des choses intéressantes. La réflexion sur l'enfermement en est une. Mais est-il pertinent de s'enfermer dans une pierre, puis dans une sculpture d'ours, puis dans le sol? Ça me semble un peu répétitif. Mais peut-être juste que c'est parce que je suis bête et ne comprends pas ce qu'il y a derrière tout ça.

          • [^] # Re: Donner de son corps

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

            Je pense qu'il n'y a pas besoin d'invoquer la pathologie mentale pour trouver de la rationalité à ce genre d'acte. Lorsqu'on est en dans des microcosmes étroits et qu'on est sensible à se démarquer car c'est valorisé dans ce microcosme, on peut aller très loin dans des recherches ou des actes qui, du point de vue extérieur, peuvent sembler vains. Ainsi les sportifs qui vivent au milieu des sportifs courent après la milliseconde qui fera la différence avec les profanes ; les geeks rétro qui vivent au milieu des geeks économisent le ko qui fera la différence avec les profanes ; ou alors les mêmes gonflent le Go de RAM en plus qui fera la différence avec les profanes ; les musiciens qui vivent au milieu des geeks musiciens chercheront le micro soupir dans l'interprétation qui fera la différence avec les profanes ; etc. J'imagine que les exemples sont infinis.

            J'imagine donc que dans le monde de la performance, certains envies de transgression sont valorisées et exacerbées par le milieu culturel qui l'entoure au point d'encourager l'automutilation ou l'auto-séquestration.

            Adhérer à l'April, ça vous tente ?

            • [^] # Re: Donner de son corps

              Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

              Oui j'ai eu une amie qui a étudié dans une école d'art et elle blaguait en disant que si tu voulais paraitre normal fallait coucher avec tout ce qui bouge, que ce soient des profs, des enfants, des vieillards, des objets ou des animaux.

          • [^] # Re: Donner de son corps

            Posté par  . Évalué à 3.

            Ça me semble un peu répétitif.

            C’est peut-être dans cette répétition que réside toute la puissance sémantique et philosophique de la performance !

            J’ai l’impression parfois que la frontière est fine entre, œuvre artistique, et absolue déconnade sans motivation quelconque… Si l’art a pour but de provoquer émotion et réflexion (ce que je crois), je crois que certains artistes peuvent parfois ignorer le sens à donner à une de leur production et se dire : « Il y aura bien quelqu’un pour en trouver un ».

            • [^] # Re: Donner de son corps

              Posté par  . Évalué à 2.

              La répétition dans l'art

              Prenons un artiste musical au hasard: après de nombreuses répétitions "strictement privées", il va ensuite répéter encore une (ou plein de) fois son spectacle, mais en "public".

              Ceci est valable pour tous les arts vivants.

              La répétition dans l'art, le retour

              C'est Warhol qui fait des Marilyn et des boîtes de soupe en série, Escher qui pave le plan, Orlan qui modifie son corps toute sa vie durant, Christo qui emballe tout ce qu'il peut etc etc

              Le point commun ?

              L'artiste s'expose, j'aime à dire qu'il "se met en danger" (déjà vis à vis du jugement d'autrui et des quolibets qui ne manquent pas de fleurir, mais aussi, parfois réellement physiquement en danger).

              Il soumet sa création au regard des autres, et rien que cela est hautement respectable.

              Et j'en viens à mon commentaire à ce sujet:

              Si l’art a pour but de provoquer émotion et réflexion (ce que je crois), je crois que certains artistes peuvent parfois ignorer le sens à donner à une de leur production et se dire : « Il y aura bien quelqu’un pour en trouver un ».

              Qui est de dire: "Tout à fait" ;-)

              En modulant toutefois car certains artistes peuvent suivre des cheminements complexes et tortueux, mais assumés.
              Mais s'il faut lire ArtPress pour y comprendre quelque chose, j'ai plutôt tendance à passer mon chemin si l'oeuvre en question n'a pas provoquée chez moi une quelconque émotion.

              "Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard

              • [^] # Re: Donner de son corps

                Posté par  . Évalué à 3. Dernière modification le 09 avril 2024 à 21:32.

                Escher qui pave le plan

                Je pensais qu’Escher était un mathématicien plus qu’un artiste, ton commentaire me montre que j’avais absolument tort *.

                Mais s'il faut lire ArtPress pour y comprendre quelque chose, j'ai plutôt tendance à passer mon chemin si l'oeuvre en question n'a pas provoquée chez moi une quelconque émotion.

                D’après-moi il faut, aussi, bien souvent, accepter de ne pas comprendre. Même si le fait de n’apprécier (ou détester) « bêtement » seulement pour l’esthétique de l’œuvre, en excluant toute complexité supérieure, si cela tend à provoquer les ricanements des experts du sujet, si la possibilité de concevoir que ce que l’on comprend d’une œuvre nous est souvent totalement personnel (autrement dit que la chance de trouver une autre personne partageant cet compréhension est proche de zéro), là, seulement dans ces conditions on peut apprécier l’art, juger de sa valeur.

                * Une citation qui me vient, que la personne de qui je la tiens attribuait à Claude François :

                Il ne faut pas « croire que », il faut « vérifier que » !

                Aurait-il asséné à un⋅e de ses collaborateur⋅e en réponse à sa tentative de se justifier pour la petite erreur dont sa culpabilité ne faisait pas de doute.

                D’après ce qu’on dit sur le « management » de Claude François je trouve la citation vraisemblable. ^^

  • # "Canard du coin"

    Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3.

    J'ai adoré ce passage, merci! Que ce fût ou non délibéré, ça m'a bien fait rire :)

    La gelée de coings est une chose à ne pas avaler de travers.

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