Journal Une proposition pour une viabilité économique de l'art libre

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mai
2009
J'ai trouvé dans un journal précédent, un lien pointé par hocwp qui, j'estime, vaut un journal à lui tout seul.

http://www.binarymind.org/index.php?option=com_content&task=(...)


Binary Mind est un groupe formé de deux frères qui produisent de la musique électronique et du graphisme, le tout sous licence artistique libre.

JE vous conseille de lire tout le texte, vraiment mais pour ceux qui sont trop pressés, voici mon résumé très fortement teinté d'interprétation personnelle.

Dans le lien précédent, ils mettent dans un contexte historique la diffusion de l'art et observent que vivre d'une oeuvre d'art "passée" est un concept du 20ème siècle dû à l'existence d'un "goulet d'étranglement" au niveau de la distribution, goulet que les distributeurs exploitent (à raison) en apportant une plus-value.

Internet fait disparaître ce goulet et, au lieu de s'adapter, les maisons de disques cherchent à recréer un goulet artificiel (légal comme HADOPI, ou technique, comme les DRMs).

Or le texte souligne que qu'un marché n'est possible que si le producteur apporte une valeur ajoutée. Avant Internet, c'était le fait d'apporter de la musique là où il n'était pas possible d'en avoir autrement. Maintenir un goulot artificiel n'est donc pas tenable et complètement irréaliste (car au lieu d'apporter de la valeur à ses clients, les clients perdent de la liberté !)

Binary Mind propose donc d'accepter ce qui est de toutes façons inéluctable et d'adopter un nouveau modèle de fonctionnement qui serait un mécénat organisé. L'idée a des implications que je trouve formidablement passionnantes (je serais trop fan de pouvoir acheter avec 2 ans d'avance un ticket de cinéma pour un film que je veux voir produire) et est, en fait, très similaire aux services d'autoproduction musicale que l'on trouve sur le web comme http://www.akamusic.com/ .

Lisez tout le texte, ça vaut vraiment le coup !
  • # Merci !

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

    Enfin des artistes libéraux qui ne sont pas convaincus que le seul moyen de vivre de son œuvre est de rançonner les créateurs moins connus et le public. Vivement qu'un parti politique puissant s'empare de ce discours pour nous supprimer les taxes iniques sur les supports numériques.

    « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

  • # Binary Mind

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

    Tiens, merci Ploum de relayer l'information à un niveau supérieur. Et au passage, je vous invite à découvrir ces excellents artistes : en plus d'avoir des propos très intéressants leur musique est vraiment très bonne ('fin pour ceux qui aiment l'électronique et les paysages variés).
  • # Très intéressant!

    Posté par  . Évalué à 3.

    Me posant constamment la question d'un modèle économique viable (mais sans profit) pour monter un label de musique "libre" (je reviens sur le terme ensuite), c'est vraiment une réflexion très intéressante.

    Toutefois, il me semble qu'il soit nécessaire de revenir sur le terme de "libre" ou de "libre diffusion" (puisque c'est le terme employé dans leur article). Ce "libre" me semble forcément impliquer une interdiction d'utilisation commerciale (type CC-BY-NC-SA), puisqu'il serait alors aisé pour n'importe qui, une société avec un peu plus de moyens, de produire un meilleur packaging et ainsi de détruire l'intérêt de mon investissement dans la confection d'un produit de qualité pour les collectionneurs, mon envie d'investir et réduisant enfin ma possibilité d'aider l'artiste à financer son studio. Cela m'apparaît être la seule façon de faire (lorsque l'on souhaite garder un support physique, en plus de la libre diffusion de formats numériques), mais quelqu'un voit-il une autre solution, ou bien tout le monde trouverait-il ça normal et "en accord", si je puis dire, avec la philosophie "libre"?
    • [^] # Re: Très intéressant!

      Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2.

      Comme on dit, il vaut mieux s'adresser au bon dieu qu'à ses saints... Et dans ce cas là, je pense que le fan ira voir l'artiste original et lui fera un don pour avoir un beau packaging, voire même participera à la réalisation de ce packaging ! Je pense qu'il ne faut pas mettre des bâtons dans les roues du libre.
      • [^] # Re: Très intéressant!

        Posté par  . Évalué à 3.

        Pour avoir déjà "exercé" dans le milieu pendant plusieurs années (sans que ce soit musique libre, mais on se fiche du téléchargement de toute façon), les groupes dont on s'occupe n'auraient vraiment pas que ça à faire de s'occuper d'envoyer les disques (considérant qu'il s'agit, même si c'est un chiffre faible, de plusieurs dizaines par semaine) par la poste, des relations avec les usines de pressage, etc.

        Bref, rien à voir avec des bâtons dans les roues, c'est fait par passion, et si tu ne sais pas à quoi sert un label dans le cas de petits groupes, je n'y peux rien.
        • [^] # Re: Très intéressant!

          Posté par  . Évalué à 3.

          J'ai voulu répondre trop vite...

          J'ai oublié de préciser que cette activité était strictement bénévole et qu'elle n'influait donc pas sur l'économie du groupe, au contraire, puisque l'on cherche à l'aider en lui apportant un soutien financier et que tous les éventuels bénéfices sont réinvestis dans le futur du groupe. Et navré donc d'avoir été un peu sec, mais compte tenu de l'investissement en temps, en énergie et en argent que ça a représenté au fil des années pour moi, qu'on me dise "ben le groupe peut tout faire tout seul, viens pas faire chier le libre", ça me hérisse les poils.
          • [^] # Re: Très intéressant!

            Posté par  (Mastodon) . Évalué à 2.

            On s'est mal compris je pense. Je ne dis pas qu'il faut supprimer le petit label et qu'il faut un contact direct entre le groupe et son public. Je répondais au fait qu'un concurrent peut reprendre la distribution. Je disais simplement que les spectateurs ne sont pas idiots et iront vers le label qui aura été là à l'origine pour ce groupe, celui que le groupe recommande. Et que justement, si c'est entièrement libre, ça va favoriser les contributions du public et donc moins de travail pour le petit label. Exemple : un gars adore un des groupes soutenus par le label et veut pouvoir assurer la distribution près de chez lui, en coordination avec le label, et bien il pourra. Avec un NC, il ne peut pas.
            • [^] # Re: Très intéressant!

              Posté par  . Évalué à 4.

              Tu te trompes je pense, si c'est en coordination avec le label le NC n'est au contraire pas génant, il suffit que le groupe autorise le label à souscrire des correspondants locaux.


              Le NC ne sert vraiment que quand le label ou le groupe ne sont pas impliqués, à l'inverse ... Genre un correspondant local qui souhaiterait faire ça mais sans refiler de sous au label ou au groupe et tout garder pour lui ...
  • # Le texte est en français

    Posté par  . Évalué à 2.

    Pour ceux qui comme moi pensaient que Binary Mind est un duo anglophone (et par conséquent se contentaient du très pratique résumé de Ploum), je voudrai préciser que le site est en français. Leur très intéressante réflexion "Un nouveau modèle économique pour l'art" est en français aussi...

    "La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay

  • # sur la souscription

    Posté par  . Évalué à 5.

    Merci pour ce journal, merci de m'avoir fait lire leur si pertinente réflexion!

    Leur analyse historique de la situation actuelle et leur concept de goulet d'étranglement, permet de montrer de façon évidente 2 solutions à la rémunération des artistes.
    Il subsiste en effet 2 goulets d'étranglement:
    1. lorsque l'oeuvre n'est pas encore parue;
    2. lorsque l'activité artistique n'est pas reproductible.

    Je voudrai juste commenter le premier goulet:
    C'est le classique système de la souscription. Il est très largement utilisé pour l'édition de livres à petits tirages ou pour limiter la prise de risque si l'impression coûte trop cher. Certains musiciens s'en servent aussi et dans les années 80 il y a eu quelques films produit ainsi (notamment par le biais des Sofica).
    Je connais bien l'édition où cette pratique est très efficace, soit de par la notoriété de l'auteur ou du sujet (au moins dans un cercle précis, ex: la spéléologie), soit de par l'intéret éditorial (impression à l'ancienne, reliure cuir ou encore iconographie en couleur de haute qualité, etc.).
    Elle est utilisée dans des cercles restreints (club du livre, universitaires, fédérations sportives, etc.) et à recours à des moyens "traditionnels" pour se faire connaître: courriers et revues spécialisées, mais il va de soi que l'internet permet de largement et facilement utiliser ce système pour tout type d'oeuvres.

    "La liberté est à l'homme ce que les ailes sont à l'oiseau" Jean-Pierre Rosnay

  • # Produire un film...

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

    je serais trop fan de pouvoir acheter avec 2 ans d'avance un ticket de cinéma pour un film que je veux voir produire
    Bonjour Monsieur, je voudrais une place pour la Tour Sombre svp. Hein, 2 ans d'attente ? C'est pas grave, j'ai attendu les bouquins 10 ans :-)

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