Ça n’est absolument pas de la désinformation. Et le slogan, provocateur de Moulinex « Moulinex libère la femme » est tout à fait exact.
Le progrès technique a permis de rendre les tâches traditionnellement confiées aux femmes : ménage, lessive, nourriture, soin des enfants, plus facile et surtout moins coûteuses en temps. Un temps qu’elles auront pu utiliser pour d’autres choses, militer par exemple. sachant que certaines tâches plus dures, comme le cirage de parquet étaient plutôt l’apanage des hommes, les frotteurs. Évidemment, ça n’a pas changé grand-chose pour les grandes bourgeoises qui pouvaient se payer des domestiques (dont des femmes) pour accomplir ce genre de tâches. Par contre, pour toutes les autres, oui.
Ce qu’a permis aussi le progrès technique, c’est de pousser un peu plus les hommes à s’investir dans certaines de ces tâches parce que la mécanisation a souvent été considérée plus comme un domaine masculin. Et, évidemment, il a fallu aussi que les hommes qui ont poussé l’innovation technique en matière de tâches ménagères et autres se posent la question de comment ça fonctionne.
C’est donc une composante non négligeable de la lutte pour l’égalité des droits, avec la langue et les autres formes de lutte.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
Écrire "Les femmes doivent principalement l'amélioration de leur condition à des éléments matériels" est bien de la désinformation. Il est évident que l'arrivée des machines à laver et autres ustensiles de cuisine ont contribué à l'amélioration de la condition des femmes mais sans les actions des féministes, ces femmes seraient restées dans leurs cuisines dorées avec leurs beaux et nouveaux ustensiles pour servir leurs maris. J'ai personnellement vécu l'époque de l'arrivée des machines et, même si elles gagnaient du temps et de la sueur, je n'y ai pas vu une "émancipation" des femmes. Équipées de leurs belles machines, elles continuaient à servir leurs maris et torcher leurs marmots pendant que monsieur était au bistro. Tout a changé à partir des années 1970 (les machines étaient arrivées depuis les années 1950), années où les mouvements féministes, dont le MLF, sont apparus en France, avec pour revendication l'égalité, le droit de sortir des cuisines, étudier, de travailler, de vivre et aimer librement (la pilule a bien arrangé les choses mais tardivement), comme les hommes. On est bien loin du mythe de la technologie et du capitalisme qui auraient soit-disant "principalement" émancipé (dixit Véra Nikolski) les femmes, mythe entretenu par des réactionnaires de droite pour contrer et nier l'influence des mouvements féministes, mouvements de gauche.
Pour résumer son propos : la libération de la femme doit plus aux des progrès techniques et matériels, qui lui ont permis de s'affranchir de tâches domestiques, ainsi qu'aux progrès de la médecine ayant fait chuter la mortalité infantile (très élevée jusqu'à la fin du XIX siècle) et lui permettant donc d'enfanter moins (choix du nombre d'enfants) et plus tard, qu'aux luttes féministes.
Ce qui implique que l'émancipation de la femme est liée au confort moderne, et qu'une dégradation de celui-ci risque de remettre en cause la condition de la femme.
L'article cité par Maderios est un peu plus développé. C'est de celui-ci que tu parles avec le paywall ? Personnellement j'y ai accès dans sa totalité, sans être abonné ni rien.
C'est un argument assez proche de celui de John D'Emilio, un historien américain, sur les conditions de l'émergence d'une identité gay (et donc, par extension, le militantisme et les droits de la communauté LGBTQ). Il parle de son argument dans une interview de 2020, et sans doute dans quelques bouquins.
Le nœud de la discussion, c'est quantifier le rôle de chaque événements, sachant qu'il s'agit de choses assez peu comparables, et c'est aussi une comparaison politiquement chargé.
Elle n'a pas dit que c'était automatique. Mais c'est une condition nécessaire, car les revendications sans ce socle de base ne peuvent pas aboutir.
Son raisonnement se tient : quel aurait été le sens de revendiquer le droit à la contraception au moyen-âge, dans une société où il faut des bras pour cultiver les champs et où il n'y a pas de retraite si se n'est les enfants qui s'occupent de leurs parents pour leurs vieux jours, tandis que la mortalité infantile est très importante ?
Une femme n'allait pas attendre d'avoir 35 ans pour se mettre à faire des enfants, sinon c'était un coup à n'en avoir statistiquement aucun de vivant adulte et donc se condamner soi-même.
Il a donc fallut pour permettre ça, que la société consolide d'abord sa base, en réduisant la mortalité infantile (progrès de la médecine et pharmacologie), en réduisant le besoin en bras (mécanisation, industrie), en étant économiquement capable de soutenir ces changements sociétaux, etc.
Je comprends le raisonnement, mais il me semble faire trop de raccourcis.
Le droit à la contraception suppose deja d'avoir et de connaître des moyens de contraception avant de mettre ça en balance avec la nécessité de faire beaucoup d'enfants, non?
S'il est nécessaire d'avoir beaucoup d'enfants, pourquoi valoriser les carrières de nonnes et de moines?
Comment expliquer les sociétés matriarcales (ou plutôt style avec la mama à la tête de la maison :) ) à la même époque ?
Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.
C'est une remarque intéressante, elle en parle à partir de 47:38. Je vois différentes choses :
Il y a un délai parfois important entre l'amélioration des conditions matérielles et le développement des droits des femmes. Le Qatar et l'Arabie Saoudite, par exemple, ne sont pas entrés dans l'ère industrielle avant la seconde guerre mondiale. L'Afghanistan est encore en grande partie une société rurale (plus de 70% de la population)
Dans les sciences sociales, on peut rarement prétendre trouver un seul facteur explicatif mais juste, éventuellement, quelques facteurs prédominants. Ainsi, Elle ne prétend pas proposer une loi universelle : elle présente le principal facteur explicatif là où la libération des femmes a eu lieu.
Un autre facteur important est l'emprise de la tradition, en particulier religieuse. En Europe, la révolution industrielle a eu lieu à un moment où la tradition religieuse s'affaiblissait particulièrement, et n'a donc pas beaucoup freiné cette évvolution sociale.
La vidéo est chapitrée, on peut se faire une idée de son propos en regardant le chapitre "les réelles raisons de l'émancipation des femmes", de 2:15 à 6:28.
Le propos de l'interviewée est que la libération des femmes est essentiellement due à l'entrée de l'humanité dans l'anthropocène, et que cela est a eu un rôle beaucoup plus important que les luttes féministes.
Jean-Marc Jancovici, entre autres, a une analyse très semblable.
La contradiction que tente d'apporter Maderios par son lien n'en est pas vraiment une, ou alors je n'ai pas compris sur quoi elle porte. Morceaux choisis :
Je n’ai effectivement jamais été convaincue par le récit officiel selon lequel les luttes féministes auraient produit la libération de la femme, parce qu’elles ont été très limitées. […]
Or, à mon avis, il faut effectivement s'intéresser aux questions matérielles. […]
Ce sont des progrès accomplis par l'humanité en général qui leur permettent aujourd'hui de revendiquer une victoire qui n'est pas exactement la leur. Les êtres humains ont moins besoin de l'asservissement de la femme, de son enchaînement au foyer. Mécaniquement, les femmes ne sont plus assignées à résidence."
Je n'ai pas qu'une petite partie de la vidéo, mais l’article est intéressant, nuancé et équilibré.
# A lire
Posté par Maderios . Évalué à -3.
Pure désinformation:
Véra Nikolski : "Les femmes doivent principalement l'amélioration de leur condition à des éléments matériels"
[^] # Re: A lire
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 8.
Ça n’est absolument pas de la désinformation. Et le slogan, provocateur de Moulinex « Moulinex libère la femme » est tout à fait exact.
Le progrès technique a permis de rendre les tâches traditionnellement confiées aux femmes : ménage, lessive, nourriture, soin des enfants, plus facile et surtout moins coûteuses en temps. Un temps qu’elles auront pu utiliser pour d’autres choses, militer par exemple. sachant que certaines tâches plus dures, comme le cirage de parquet étaient plutôt l’apanage des hommes, les frotteurs. Évidemment, ça n’a pas changé grand-chose pour les grandes bourgeoises qui pouvaient se payer des domestiques (dont des femmes) pour accomplir ce genre de tâches. Par contre, pour toutes les autres, oui.
Ce qu’a permis aussi le progrès technique, c’est de pousser un peu plus les hommes à s’investir dans certaines de ces tâches parce que la mécanisation a souvent été considérée plus comme un domaine masculin. Et, évidemment, il a fallu aussi que les hommes qui ont poussé l’innovation technique en matière de tâches ménagères et autres se posent la question de comment ça fonctionne.
C’est donc une composante non négligeable de la lutte pour l’égalité des droits, avec la langue et les autres formes de lutte.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
[^] # Re: A lire
Posté par Maderios . Évalué à -2.
Écrire "Les femmes doivent principalement l'amélioration de leur condition à des éléments matériels" est bien de la désinformation. Il est évident que l'arrivée des machines à laver et autres ustensiles de cuisine ont contribué à l'amélioration de la condition des femmes mais sans les actions des féministes, ces femmes seraient restées dans leurs cuisines dorées avec leurs beaux et nouveaux ustensiles pour servir leurs maris. J'ai personnellement vécu l'époque de l'arrivée des machines et, même si elles gagnaient du temps et de la sueur, je n'y ai pas vu une "émancipation" des femmes. Équipées de leurs belles machines, elles continuaient à servir leurs maris et torcher leurs marmots pendant que monsieur était au bistro. Tout a changé à partir des années 1970 (les machines étaient arrivées depuis les années 1950), années où les mouvements féministes, dont le MLF, sont apparus en France, avec pour revendication l'égalité, le droit de sortir des cuisines, étudier, de travailler, de vivre et aimer librement (la pilule a bien arrangé les choses mais tardivement), comme les hommes. On est bien loin du mythe de la technologie et du capitalisme qui auraient soit-disant "principalement" émancipé (dixit Véra Nikolski) les femmes, mythe entretenu par des réactionnaires de droite pour contrer et nier l'influence des mouvements féministes, mouvements de gauche.
[^] # Commentaire supprimé
Posté par Anonyme . Évalué à 8.
Ce commentaire a été supprimé par l’équipe de modération.
# eh, pas lu ni regarder ?
Posté par uso (site web personnel) . Évalué à 10.
on a une vidéo de 1h30, avec en réponse un article derrière un paywall.
On peu pas avoir un TLDR, avant de se lancer dans des truck long/payant et potentiellement pas intéressent ?
[^] # Re: eh, pas lu ni regarder ?
Posté par Meku (site web personnel) . Évalué à 2.
Pour résumer son propos : la libération de la femme doit plus aux des progrès techniques et matériels, qui lui ont permis de s'affranchir de tâches domestiques, ainsi qu'aux progrès de la médecine ayant fait chuter la mortalité infantile (très élevée jusqu'à la fin du XIX siècle) et lui permettant donc d'enfanter moins (choix du nombre d'enfants) et plus tard, qu'aux luttes féministes.
Ce qui implique que l'émancipation de la femme est liée au confort moderne, et qu'une dégradation de celui-ci risque de remettre en cause la condition de la femme.
L'article cité par Maderios est un peu plus développé. C'est de celui-ci que tu parles avec le paywall ? Personnellement j'y ai accès dans sa totalité, sans être abonné ni rien.
[^] # Re: eh, pas lu ni regarder ?
Posté par Misc (site web personnel) . Évalué à 4.
C'est un argument assez proche de celui de John D'Emilio, un historien américain, sur les conditions de l'émergence d'une identité gay (et donc, par extension, le militantisme et les droits de la communauté LGBTQ). Il parle de son argument dans une interview de 2020, et sans doute dans quelques bouquins.
Le nœud de la discussion, c'est quantifier le rôle de chaque événements, sachant qu'il s'agit de choses assez peu comparables, et c'est aussi une comparaison politiquement chargé.
[^] # Re: eh, pas lu ni regarder ?
Posté par devnewton 🍺 (site web personnel) . Évalué à 7.
Ça ne me semble pas très solide comme argument puisque pas mal de pays restent anti femmes tout en ayant accès à ces progrès techniques.
Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.
[^] # Re: eh, pas lu ni regarder ?
Posté par Meku (site web personnel) . Évalué à 3.
Elle n'a pas dit que c'était automatique. Mais c'est une condition nécessaire, car les revendications sans ce socle de base ne peuvent pas aboutir.
Son raisonnement se tient : quel aurait été le sens de revendiquer le droit à la contraception au moyen-âge, dans une société où il faut des bras pour cultiver les champs et où il n'y a pas de retraite si se n'est les enfants qui s'occupent de leurs parents pour leurs vieux jours, tandis que la mortalité infantile est très importante ?
Une femme n'allait pas attendre d'avoir 35 ans pour se mettre à faire des enfants, sinon c'était un coup à n'en avoir statistiquement aucun de vivant adulte et donc se condamner soi-même.
Il a donc fallut pour permettre ça, que la société consolide d'abord sa base, en réduisant la mortalité infantile (progrès de la médecine et pharmacologie), en réduisant le besoin en bras (mécanisation, industrie), en étant économiquement capable de soutenir ces changements sociétaux, etc.
[^] # Re: eh, pas lu ni regarder ?
Posté par devnewton 🍺 (site web personnel) . Évalué à 4. Dernière modification le 14 juillet 2023 à 23:42.
Je comprends le raisonnement, mais il me semble faire trop de raccourcis.
Le droit à la contraception suppose deja d'avoir et de connaître des moyens de contraception avant de mettre ça en balance avec la nécessité de faire beaucoup d'enfants, non?
S'il est nécessaire d'avoir beaucoup d'enfants, pourquoi valoriser les carrières de nonnes et de moines?
Comment expliquer les sociétés matriarcales (ou plutôt style avec la mama à la tête de la maison :) ) à la même époque ?
Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.
[^] # Re: eh, pas lu ni regarder ?
Posté par orfenor . Évalué à 3.
Mais ça ne veut pas dire que la condition des femmes n'y es pas meilleure qu'avant.
[^] # Re: eh, pas lu ni regarder ?
Posté par sobriquet . Évalué à 3.
C'est une remarque intéressante, elle en parle à partir de 47:38. Je vois différentes choses :
# Résumé
Posté par sobriquet . Évalué à 5.
La vidéo est chapitrée, on peut se faire une idée de son propos en regardant le chapitre "les réelles raisons de l'émancipation des femmes", de 2:15 à 6:28.
Le propos de l'interviewée est que la libération des femmes est essentiellement due à l'entrée de l'humanité dans l'anthropocène, et que cela est a eu un rôle beaucoup plus important que les luttes féministes.
Jean-Marc Jancovici, entre autres, a une analyse très semblable.
La contradiction que tente d'apporter Maderios par son lien n'en est pas vraiment une, ou alors je n'ai pas compris sur quoi elle porte. Morceaux choisis :
Je n'ai pas qu'une petite partie de la vidéo, mais l’article est intéressant, nuancé et équilibré.
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