La collaboration au sein de projets "libres" (logiciels ou autre) amène une nouvelle manière de penser le travail, ou plutôt rappelle que derrière ce mot se cachent deux notions différentes, l'une induite par la nécessité de subvenir à ses besoins (travailler pour gagner sa vie), la seconde témoignant de la volonté de créer des biens durables.
Si l'organisation des sociétés modernes tend à réduire l'activité humaine à la production de biens de consommation et à subir les lois de la nécessité, le modèle de développement des logiciels libres apporte une nouvelle ouverture en redonnant au "producteur" et/ou au "consommateur" la possibilité d'agir.
Un article de David M. Berry paru en avril 2005 dans Free Software Magazine et aujourd'hui traduit en français sur Framasoft.
# Matériel et immatériel
Posté par Pierre Jarillon (site web personnel) . Évalué à 10.
Si je devais donner une définition de l'immatériel, je dirais que c'est tout simplement ce qui peut être reproduit indéfiniment avec un coût négligeable.
Toute notre économie a été construite sur le coût de production et sur son circuit commercial. Tant qu'il n'y avait pas Internet, ce circuit conçu pour la diffusion des biens matériels a assuré également la diffusion des biens immatériels et a pu laisser croire que le même modèle économique leur convenait.
En réalité, dans la production littéraire, musicale et dans l'informatique, les créateurs ne touchent qu'une infime part du chiffre d'affaire qu'ils engendrent. De plus, les créateurs de logiciels sont totalement dépossédés de leur travail par les entreprises qui les utilisent. Ceci est frustrant car celui qui crée un logiciel a autant le droit de mettre son nom sur son ½uvre que le peintre sur son tableau ou l'écrivain sur son livre.
Ce travail de réappropriation par leurs auteurs est l'un des moteurs de cette évolution. Elle est permise par Internet qui permet de raccourcir drastiquement les chaînes commerciales et conduit même à leur disparition dans le cas de l'immatériel.
[^] # Re: Matériel et immatériel
Posté par Patrix (site web personnel) . Évalué à 1.
Le logiciel libre permet en quelque sorte de "collectiviser" le code, et rien que le code. L'attribution du travail aux auteurs (la signature) n'est pas une obligation, et d'ailleurs la FSF recommande que les auteurs de code GPL transfèrent leur copyright à la FSF.
Quant à la dépossession économique (au sens monétaire) du travail des auteurs, elle est hélas encouragée par le logiciel libre, et plus généralement les licences dites libres (LAL, etc.). Le mouvement du libre n'a pas encore réussi à porter sur le terrain économique les valeurs qui le fondent. Il faut rappeler qu'à l'origine du projet GNU, Internet n'existait pas, et Stallman vendait des cassettes d'Emacs à 150$ pour financer la FSF.
[^] # Re: Matériel et immatériel
Posté par NebuchadnezzaR . Évalué à 4.
Le fait de donner le copyright à la FSF n'est pas incompatible avec le fait que tu en sois l'auteur.
La FSF ne peut nier que tu es l'auteur original de telle ou telle partie, au contraire même, elle tient à savoir exactement qui a contribué à quoi et cela est référencé, la signature des auteurs est donc là.
[^] # Re: Matériel et immatériel
Posté par Patrix (site web personnel) . Évalué à 1.
Qu'on se comprenne bien, je ne prône pas le salariat pour les auteurs de logiciels libres, non plus que l'interdiction de leur commerce. Mais je souligne le fait que sur le plan économique, le modèle du libre fonctionne sur des valeurs opposées à celles qu'il applique sur le plan créatif. Le seul modèle économique qui me semble en accord avec les principes du libre, est celui du don.
# Ont-ils compris la GPL ????
Posté par Alan_T . Évalué à 3.
L'auteur commence par poser ce postulat et construit son article autours... Mais c'est totalement FAUX. La propriété du code source appartient toujours aux auteurs. La traçabilité des différents patchs permet de déterminer exactement qui a fait quoi et à qui appartient quel morceaux de code. Si l'on restreint le nombre des participants en incluant un nombre limités de patchs (ou des reformulations des patchs proposés), la propriété du code est conservée aux auteurs originaux.
Le problème de cet article est qu'il confond la GPL et le domaine publique... Je pensai que cela était inconcevable de nos jours, je vois que je me trompe.
[^] # Re: Ont-ils compris la GPL ????
Posté par Emmanuel C . Évalué à 1.
La propriété est, dans l'esprit commun, synonyme de droit d'utiliser pour un usage personnel. Comme lorsqu'un locataire dit "ici, c'est chez moi" à ses invités : ce n'est pas vraiment chez lui, mais personne ne lui ferait remarquer qu'il vit chez qqn d'autre (sauf les pinaïlleurs et les juristes, on est d'accord). Deuxième exemple, à qui appartient la Joconde ? À la famille De Vinci (qui en est l'auteur) ? À l'Etat français (qui possède les droits d'exploitation) ? Au patrimoine de l'Humanité (car oeuvre mondialement connue et protégée en tant que telle) ?
Le principe du logiciel libre (et plus généralement de toute culture libre, ce n'est pas un article technique sur linux :-)) est de donner la propriété de la connaissance qu'on a à autrui sans contrepartie, c'est comme ça qu'il faut interpréter l'idée de "culture libre", c'est comme ça que je l'interprete tout du moins. Evidemment si on commence à parler de patch et de traçabilité, je pense qu'on passe un peu à coté du sujet...
Enfin, on parle ici de logiciel & culture libre en général, pas uniquement de programme distribué sous GPL. Je cite d'ailleurs : "même si sa diffusion est parfois soumise aux astreintes d’une licence telle que la General Public License du projet GNU (GPL)". En parlant de la GPL, tout en l'incluant dans le domaine du libre, il emet un petit bémol... La GPL n'est donc pas le coeur de son propos.
# Un logiciel est un bien ?
Posté par François Becker (site web personnel) . Évalué à 1.
Est-ce qu'un "logiciel" est un vraiment "bien" ? (reproductibilité à coûts ridicules, etc.) "¼uvre" me semblerait plus approprié ; évidemment ce n'est plus dans le style…
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