Soderberg se livre à une nouvelle expérience cinématographique pressentie dans Sexe mensonge et vidéo et dans Traffic : il utilise le numérique la quasi totalité du film.
Full frontal, c'est un film dans le film pour ceux qui aiment les films (dixit le dossier de presse). C'est surtout, à mon sens, une bonne partie de rigolade d'un réalisateur qui aime prendre des risques, explorer de nouveaux aspects techniques, s'amuser avec ses acteurs.
Soderberg a mis au point une sorte de "dogme" qui tient en 10 points :
- tous les décors sont situés dans des lieux naturels et réels
- vous vous rendrez sur le tournage par vos propres moyens. Si cela vous est impossible une voiture avec chauffeur passera vous prendre mais vous subirez peut-être des moqueries. D'une façon ou d'une autre vous devrez venir seul
- il n'y aura aucun service de restauration, il serait donc préférable d'arriver sur le tournage l'estomac plein. la qualité des repas sera variée
- vous constituerez et entretiendrez votre garde robe par vos propres moyens
- vous vous occuperez de votre maquillage et de votre coiffure
- il n'y aura pas de caravane. la production va essayer de réserver une zone privée mais n'y comptez pas trop. si vous avez besoin de vous isoler souvent vous êtes mal barré.
- l'improvisation sera la bienvenue
- vous serez interviewé sur votre personnage. Il se peut que le fruit de ces entretiens apparaisse dans le film
- vous serez interviewés sur les autres personnages. Il se peut aussi que ces séquences apparaissent dans le film
- vous vous amuserez que vous le vouliez ou non.
A priori, ils se sont bien amusés effectivement ! Par contre pour le spectateur, tout cela reste confus. L'histoire déjà. Un producteur pervers (David Duchovny) invite ses amis à son anniversaire, et ne s'y présente pas. Cela donne l'occasion au cinéaste de suivre les dit amis dans leur vie : la wonderwoman sadique qui prend plaisir à virer ses collaborateur, l'actrice (Julia Roberts) que l'on ne voit pratiquement que dans le film dans le film (vous suivez toujours ?), la masseuse, soeur de la wonderwoman, qui cherche à rencontrer l'amour sur Internet etc.
Un successions de petits sketches qui mis bout à bout forment un film.
Le concept c'est de bien séparé le film de la "réalité". Aussi, la réalité est tournée en DV. le grain épais de la DV finit par faire mal aux yeux. L'improvisation promise par Soderberg, laisse la place à de jolis cafouillage parfois.
Bref, on ne s'éclate pas vraiment devant Full frontal...
On ne peut que reconnaitre que décidemment Soderberg a beaucoup d'idées, qu'il maîtrise bien une caméra et qu'il adore s'amuser !
Aller plus loin
- la fiche sur Allo ciné (2 clics)
- la critique DVD de Ocean Eleven (2 clics)
# Coquille bien marrante
Posté par lucaramel . Évalué à 10.
Tu parles de Julia Roberts ?
oui, je sors et -1
# Steven Soderbergh
Posté par Julien CARTIGNY (site web personnel) . Évalué à 8.
Il faut quand même reconnaître un début de carrière intéressant pour cet auteur (est-il encore un auteur ?) avec le superbe "Sex, Lies, and Videotape" (1989) et d'autres films comme "The Limey" (1999) ou "Underneath" (1995). Pris dans la machine hollywoodienne, il réussit à s'en tirer avec les honneurs avec "Out of Sight" ou "Erin Brockovich". Mais on voyait une partie de son talent filer à l'horizon, intuition confirmée dans "Ocean's Eleven", où il n'est plus qu'un simple réalisateur doué, arrivant à faire coulisser les pièces de son film de façon très fluide mais avec un mangue singulier de vie.
En 1996, il réalise un de ses films les plus étranges: "Schizopolis". Proche du délirium tremens, ce film est une suite de sketches disjonctés plus ou moins bancals. Ce film est surtout marquant car il est le passage entre sa carrière d'indépendant et celle d'employé de studio, l'un de ses derniers coups d'éclats avant de se faire passer "la corde au cou". Peut-être qu'avec "Full Frontal" il a voulu se refaire une virginité, un délire pour se remettre d'aplomb. C'est tout le mal qu'on peut le souhaiter, surtout au vu de ce qu'il l'attend dans son prochain film. Soderbergh a en effet réalisé une adaptation d'un des plus beaux films existant sur terre: Solaris, sorte de 2001 russe incroyablement hypnotique, à la beauté lente et subjugante. Si Soderbergh ne veut pas qu'Andrei Tarkovsky se retourne dans sa tombe, il va devoir faire beaucoup d'efforts.
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