Quelqu'un a dit : « Le futur, c'était mieux avant... parce qu'on pensait qu'on aurait des voitures volantes, des skates volants, une machine à voyager dans le temps, des robots qui feraient tout à notre place, maintenant on sait qu'on aura surtout des iphones plein d'applications qui ne servent pas à grand chose, le réchauffement planétaire, la montée des eaux, le chômage... voire la fin du monde pour certains. »
La fin d'année est traditionnellement la période des prévisionnistes et comme disait Pierre Dac, « la prévision est difficile surtout lorsqu'elle concerne l'avenir ». La seconde partie de la dépêche est l'occasion de revenir sur le passé, de passer sur le présent et de présenter le futur (au logis).
Ainsi IBM nous propose d'ici 5 ans d'utiliser l'humain comme source d'énergie renouvelable (non pas comme dans Matrix), de la biométrie partout (et donc la fin du mot de passe), du contrôle par télépathie, encore plus de mobilité et du spam pertinent (sic).
De son côté, Microsoft annonce aussi la fin du mot de passe via un système exclusif (on n'en doute pas) de protection par l'image (sauf sur les ordinateurs où ça sera un... mot de passe).
IDC nous annonce que « 2012 sera l’année du mobile et du cloud » tandis que Symantec prophétise que « 2012 sera l’année des attaques ciblées ».
Il arrive parfois que ces analystes fassent leur retour vers le futur : ainsi ZDNet évoque les 5 technologies majeures de 2011 qui ne le furent pas autant que ça (Android, liseuses, PC over IP, la mode du « amène ton matos à toi / Bring Your Own Device », la pédagogie tech-centrée).
Il arrive aussi que ces analystes pipotent^Wenjolivent sévèrement pour avoir du buzz dans la presse : ainsi IBM prévoyait en 2006 que « les mobiles liraient dans nos esprits » (comprendre analyseront le comportement passé pour essayer de prédire la suite) et en 2009 que « les cités auront des systèmes immunitaires de plus en plus forts », « sentiront et répondront comme des organismes vivants » (lire on fait de l'anthropomorphisme pour vendre des capteurs, du cloud et des plans de crise).
Pour finir, trois petites remarques :
- à mes compatriotes, qui sont parmi les plus pessimistes au monde paraît-il, et aussi parmi les plus râleurs, je dis qu'il n'y a que ceux qui ne prédisent jamais et qui ne font rien qui ne se trompent jamais, donc il ne tient plus qu'à nous de faire des 2 CV qui volent.
- aux libristes, je rappelle qu'il existe une « feuille de route du logiciel libre pour 2020 »
- et une petite mention spéciale à Éric Besson qui, après avoir oublié de faire le bilan de son plan inachevé France Numérique 2012, a relancé un plan France Numérique 2020 dans la foulée (et en en faisant sauter la thématique vente liée).
Dernière minute : nous venons d'apprendre les prévisions LinuxFr.org pour 2012 « plus de dépêches, meilleures, et plus d'activité globale sur le site ». Et les prévisions des visiteurs ont déjà été analysées précédemment.
Aller plus loin
- Futura Sciences: « IBM Five in Five : 5 innovations qui changeront nos vies d'ici 5 ans » (676 clics)
- Wired: "How IBM Saw 2012 in 2007: Where’s My Mind-Reading Cellphone?" (130 clics)
- Futura Sciences : « Windows 8 : Picture password, la protection des mots de passe par l’image » (175 clics)
- ZDNet: "Top 5 Ed Tech predictions for 2012" (102 clics)
- ITExpresso : « IDC : 2012 sera l’année du mobile et du cloud » (53 clics)
- ITExpresso : « Sécurité IT : pour Symantec, 2012 sera l’année des attaques ciblées » (53 clics)
- ZDNet: "The top 5 ed tech developments of 2011 that weren't" (89 clics)
- IBM: "Five in Five—where are they now?" (69 clics)
# Robots et présent
Posté par Arthur Accroc . Évalué à 4.
Sur la technologie, ce n’est qu’une petite erreur : les robots ne sont pas anthropomorphes et ne sont pas polyvalents mais spécialisés, mais ils existent.
C’est au niveau social que l’erreur est plus grosse. et pour être plus exact au niveau de la possession des moyens de production : les robots existent et font le travail d’une partie d’entre nous... qui est au chômage.
Sinon, on a quand même eu Internet (tant que nos dirigeants ne l’auront pas complètement verrouillé) et les Logiciels Libres (même si avec Gnome 3, Lennart et les distributions qui se jettent sur n’importe quelle aberration du moment que c’est nouveau, tout ne va pas forcément en s’améliorant).
Enfin Joyeux Noël quand même.
« Le fascisme c’est la gangrène, à Santiago comme à Paris. » — Renaud, Hexagone
[^] # Re: Robots et présent
Posté par drakmaniso . Évalué à 7.
Non.
C'est un problème de vocabulaire: on emploi le même mot pour désigner deux choses différentes. Les robots dont il est question dans le "futur tel qu'on le rêvait avant" étaient autonomes, capables de se débrouiller pour effectuer toutes les petites tâches ingrates, et ce, sans intervention humaine. Les robots de l'industrie et de la ménagère n'ont rien à voir avec cela, ce sont juste des automatismes perfectionnés. Ce qui se cache sous le mot "polyvalent" n'est pas un détail, mais une différence de nature.
De fait, derrière beaucoup de ces prédictions technologiques douteuses il y a la même source d'erreur: une compréhension erronée de ce qu'est l'intelligence artificielle. Déjà dans les années 70, on annonçait monts et merveilles dans les médias, sous prétexte que l'IA était maintenant capable de résoudre de vrais problèmes. Et puis, on s'est aperçu que jouer aux échecs, ce n'était pas vraiment un "vrai problème".
Le même malentendu persiste depuis lors: d'un côté, la science (et notamment les sciences cognitives) ne cesse de mettre en évidence l'immense gouffre qui sépare la machine de la pensée humaine; de l'autre, les médias (et probablement une petite partie des informaticiens) font comme si ce gouffre n'existait pas.
Deux des "prévisions" d'IBM sont typiques de cela:
Le contrôle par télépathie. Oui, on sait exploiter l'activité électrique du cerveau… Mais on oublie de préciser qu'il y a un prérequis incontournable: il faut un apprentissage, à la fois de la part de l'homme et de la machine. Pour la simple raison que chaque cerveau se construit de manière différente, chaque être humain pense de manière unique. Le gadget qu'on se met sur la tête et qui devine tout seul ce qu'on pense n'est pas plus prêt de l’existence aujourd'hui qu'il y a 40 ans.
Le spam pertinent. Oui, le data mining existe, et permet d'établir des corrélations statistiques complexes sur des volumes de donnée de plus en plus énormes. Mais on a toujours pas d'algorithme capable de cerner les goûts et les humeurs d'un être humain.
Ce type de déclaration a plus à voir avec une stratégie marketing qu'avec de réelles avancées scientifiques.
[^] # Re: Robots et présent
Posté par Ginko . Évalué à 1.
L'anthropomorphie des robots de notre imaginaire collectif est aussi liée à leur polyvalence (en leur permettant de manipuler les objets que nous manipulons) et facilite également notre interaction avec eux.
S'ils sont loin de faire partie de notre vie quotidienne aujourd'hui, les progrès des japonnais sur le sujet sont impressionnants (cf. Asimo (sic), le robot qui sait courir à 9km/h ainsi que faire et servir des cocktails). Vu qu'ils sont très couteux à la production, on peut se demander si on en verra jamais dans nos rues... mais on sait jamais, peut-être que leur polyvalence permettra de construire des séries suffisamment grandes pour en faire un "produit de consommation de masse". Si le rythme actuel des recherches japonaises se poursuit, on verra des robots dans quelques dizaines d'années (oui, je suis un "futurologue" prudent), restera à faire baisser le coût de production...
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