Sommaire
Contexte
Ayant récemment découvert dans la section liens de LinuxFr le plus récent blog de C. Doctorow, le caractère politique libriste de cette publication m'a frappé, me poussant à partager au même endroit quelques uns des meilleurs articles (à mon goût) qui y sont publiés. Visiblement sans susciter la passion.
Est-ce un problème de langue — après tout ce n'est pas LinuxFrEn ici ? D'opinions ? Autre ? Toujours est-il que je souhaitais à l'occasion trouver le temps de traduire et partager un de ces articles. Ne trouvant pas de mention de la licence sur le site, ma demande d'autorisation étant restée lettre morte — ça se comprend, un des plus fameux auteur de notre génération a d'autres chats a fouetter, le projet était en suspens.
Tout récemment un article bilan de pluralistic soulignait que l'ensemble des textes y était en CC-By, les laissant reprendre un peu partout de par le monde. Sauf erreur de ma part, cela autorise les traductions [*].
En voici une. C'est l'occasion de discuter des sujets sus-mentionnés, du thème récurrent ici de la traduction — celle-ci est réalisée avec Meld, Libreoffice, et les atlas sémantiques ; est-ce un bien ? mon a priori serait que le style original de C. Doctorow risque fort de mal passer au travers d'outils automatiques — et bien sûr du fond du discours de l'article : pas de solution aux problèmes techno-économiques à l'échelle individuelle.
L'article traduit est celui-ci. Il traite du problème de la lutte contre la submerdsion sous le prisme des services Google. Pour moi choisir celui-ci était aussi l'occasion de ne pas déblatérer contre mon bouc émissaire usuel (ce qui serait petit et stupide).
Traduction
Un patron peut soit investir dans la qualité des produits de son entreprise, soit investir en SEO (Optimisation pour moteur de recherche) chez Google. La première option le fera apprécier de ses clients — mais ils seront incapables de le trouver, à cause de ceux qui choisiront la seconde. Et à quoi bon s'occuper de la qualité quand le SEO est optimal ?
Depuis plus d'une décennie, Google a promis qu'il traiterait le problème des "lead-gens" — des services qui se font passer auprès de Google pour locaux, faisant dégringoler les classements des firmes locales, aussi bien dans les recherches normales que sur Google Maps (précisément ces entreprises qui investissent en qualité plutôt qu'en SEO). Cherchez un couvreur, un plombier, un électricien, un serrurier (particulièrement ce dernier), et la plupart sinon tous les résultats seront des lead-gens. Ils prendront votre commande, se prétendront une entreprise du coin, puis sous-traiteront à un clown à moitié qualifié pour qu'il s'en charge lamentablement pour quatre fois le prix:
Certains prennent simplement votre paiement puis s'en viennent « rechercher un outil à leur atelier, » sans plus jamais revenir :
Google a promis de régler ça depuis belle lurette, et pour être honnête, ça progresse un peu. Fut un temps où une carte de Manhattan montrait plus de serruriers que de taxis :
https://blumenthals.com/blog/2009/02/18/google-maps-proves-more-locksmiths-in-nyc-than-cabs/
Mais GMaps est piégé dans la presse à submerdsion. D'un côté, Google souhaite fournir une bonne carte, bien fiable. De l'autre, elle fait son beurre en vendant des emplacements qui relèvent d'une payola, où une entreprise peut payer pour s'arroger les meilleures places dans les recherches où carrément s'afficher sur la carte. Prenez une vue à grande échelle du centre de Londres sur GMaps et les points de repère mis en exergue sont un mélange inénarrable de réels repère et d'affichage payé : le British Museum, Buckingham Palace, la Barbacane, l'œil de Londres… et une clinique maxillo-faciale de la City.
https://twitter.com/dylanbeattie/status/1764711667663831455
Ah Google, quel travail de Sisyphe que « de trier l'ensemble de l'information de la planète et de la rendre universellement accessible et utile ». Assurément le Londonien moyen trouve la présence de cette clinique indispensable pour se repérer sur la carte affichée sur l'écran son téléphone, et c'est un plus indéniable pour les touristes cherchant à visiter le meilleur du patrimoine.
Les utilisateurs de GMaps ne sont pas les seules à remarquer l'incoercible progression de la submerdsion. Même l'équipe de développement initiale est si choquée que ses membres dénoncent la souffrance morale liée à la vue du tas de fumier qu'est devenu le produit qu'ils avaient si ardemment édifié :
https://twitter.com/elizlaraki/status/1727351922254852182
Heureusement, en matière de serrurier, j'ai de la chance. Mon quartier de Burbank abrite l'excellent « Golden State Lock and Safe », fondé en 1942 :
https://www.goldenstatelock.com/
Mais quiconque chercherait un serrurier dans mon quartier sur GMaps l'ignorerait. Cette recherche débite une longue série de scams :
https://www.google.com/maps/search/locksmith/@34.1750451,-118.369948,14z/data=!3m1!4b1?entry=ttu
Il trouverait également d'innombrables machines Keyme — il s'agit de découpe clefs en self service placés dans les épiceries par des fonds de capital-investissement. Bien que Keyme se proclame serrurier, il ne s'agit que d'un système mal sécurisé, sur capitalisé, condamné à la submerdsion, pour collecter et conserver des empreintes des clefs de millions de foyers, jointes aux informations de paiement qui permettront à des hackers éventuels de reproduire massivement des doubles des clefs de tant d’infortunés pigeons.
(Avec beaucoup d'humour, Keyme se proclame une entreprise d'intelligence artificielle) :
Quoique la devanture de Golden State soit littéralement visible sur Google Streetview, Google Maps prétend tout en ignorer. Plutôt, Streetview l'affuble d'une étiquette Keyme — et affiche la vignette d'un serrurier occupé à forcer une jeep (J'adorerais savoir comment le gadget d'à côté du distributeur de soda pourrait se diriger vers votre jeep et en déverrouiller la porte quand vos clefs sont perdues) :
Ce dont il s'agit me semble évident. Keyme a recruté des cloporte du SEO, ou corrompu Google, pour inonder la zone des informations de ses machines. C'est ainsi que Golden State, n'étant qualifié que pour le travail de serrurier a perdu les guerres du SEO. Peut-être Golden State pourrait-il détourner un peu de ses moyens de la serrurerie pour s'améliorer en SEO, mais cette course sera toujours dominée par les firmes qui s'investissent corps et âmes en SEO, soit celles qui négligent le plus la qualité.
Invariablement, à chaque fois que j'écris sur ce sujet, les gens me demandent quel moteur de recherche employer pour contourner Google ?
C'est là que la bât blesse.
Google pratique la vente à perte et les fusions/acquisitions anticompétitives pour s'arroger 90% des parts de marché. La compagnie dépense plus de 26 milliards de dollars par an pour disposer de la place par défaut à tout endroit où vous pourrez jamais rencontrer un moteur de recherche. Cela crée une « kill zone » — en jargon du capital risque (ndt : soit un glacis en français), il s'agit d'opportunités entrepreneuriales où personne ne se risquera — car Google s'assure que nul jamais ne découvrira même qu'elles existent :
https://www.theverge.com/23802382/search-engine-google-neeva-android
Voici pourquoi la seule compétitrice un peu sérieuse pour Google est Bing, une succursale d'un autre géant de la tech (Bing est également la source principale de Duckduckgo, ce qui explique que ce dernier fasse quelques écarts pour des technologies de pistage invasive de Microsoft) :
https://en.wikipedia.org/wiki/DuckDuckGo#Controversies
Google prétend que le quiproquo du monopole de la recherche est l'excellence de celle-ci. Les centaines de milliards qu'il dépense chaque année pour soutenir son monopole lui donne la capacité de combattre les spammeurs et de maintenir la qualité des résultats de recherche. Quiconque s'y est intéressé récemment sait que c'est du pipeau : la qualité des recherches Google est en chute libre dans tous ses produits :
https://downloads.webis.de/publications/papers/bevendorff_2024a.pdf
Mais Google semble ignorer qu’elle a un problème. Plutôt que de dévouer toutes ses ressources à la lutte contre bots, spams et autres scams, l’an passé la compagnie a consumé 80 milliards de dollars en un rachat d’action aussitôt suivi du sacrifice de 12000 collaborateurs :
https://pluralistic.net/2024/02/21/im-feeling-unlucky/#not-up-to-the-task
Bien souvent les scams qui émanent des fêlures de Google sentent le souffre ; tout aussi fréquemment ils puent l’amateurisme, le genre de problème que Google pourrait régler en balançant de l’argent sur le problème, par exemple pour valider que les nouvelles pubs pour les vendeurs confirmés par Google viennent bien des adresses de courriel de ces derniers et pointent également vers leurs sites web enregistrés :
https://pluralistic.net/2023/02/24/passive-income/#swiss-cheese-security
La recherche est une activité nécessitant une grande quantité de capital, avec d’importantes économies d’échelle, comme le décrit l’excellente étude de l’autorité de la concurrence et des marchés des Royaumes-Unis :
Pourtant Google ne semble pas imaginer que sa recherche aurait besoin de ces 80 milliards pour combattre les spams. C’est le problème des monopoles, ils deviennent suffisants. Comme le dit « Ernestine l’opératrice d’AT&T » de Lily Tomlin, « on s’en fout, ce n’est pas notre problème, nous sommes l’opérateur téléphonique. »
D’où mon impatience attentive vis-à-vis du dossier pour monopolisation du département antitrust du DOJ (Garde des sceaux des USA) contre Google. Confier à une seule organisation « de trier l'ensemble de l'information de la planète et de la rendre universellement accessible et utile » est un échec :
Je comprends bien pourquoi chacun voudrait savoir quel moteur de recherche employer plutôt que Google, et je conçois tout aussi bien que « il n’existe aucun bon moteur de recherche » est une réponse parfaitement insatisfaisante. Je comprends pourquoi chaque nouvel épisode d’arnaque par les géants de l’impression déclenche le questionnement « quelle imprimante acheter ? » et je conçois tout aussi bien pourquoi « il y a six géants de l’impression tous en phase terminal de submerdsion » n’est vraiment pas ce que l’on voudrait entendre.
Nous voudrions pouvoir voter avec notre portefeuille, parce que c’est plus rapide et pratique que de voter avec des bulletins de vote. Mais l’élection par le portefeuille est biaisée en faveur des portefeuilles épais. Essayez tant que vous pouvez, impossible de s’acheter une sortie de monopole — C’est comme tenter de recycler sa trajectoire hors de l’urgence climatique. Les problèmes systémiques nécessitent des solutions systémiques et non individuelles.
Voici pourquoi l’antitrust renouvelé (NdT : C. Doctorow démontre à longueur de blog que l’administration Biden a ressuscité la lutte antitrust enterrée depuis l’ère Reagan) importe tant. La réponse aux monopoles est le démantèlement des compagnies, le blocage et l’annulation des fusions, la proscription des comportements trompeurs et malhonnêtes. « Consommateur d’alarmes » est la devise des scammers. Vous ne devriez pas avoir à être expert des scams de la lead-gens pour pouvoir trouver un serrurier sans vous faire dépouiller.
Les bons produits et services existent dans la vraie vie. Cette année nous avons décidé d’installer une serrure programmable. J’ai demandé à Deviant Ollam — que je connais du Village des Crocheteurs de la Defcon — et il a suggéré la Schlage FE595 :
https://www.schlage.com/en/home/products/FE595PLYFFFFLA.html
Je l’ai tellement appréciée que j’en ai achetée une autre pour mon bureau. Eric de chez Golden State Lock and Safe l’installe pendant que j’écris ces lignes. Génial. Je vous recommande les deux 5/5.
[*] En bas de page de l'article on trouve le texte suivant :
« This work – excluding any serialized fiction – is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 license. That means you can use it any way you like, including commercially, provided that you attribute it to me, Cory Doctorow, and include a link to pluralistic.net. »
# Le retour des annuaires ?
Posté par lejocelyn (site web personnel) . Évalué à 5.
Merci pour cette traduction. Je viens de lire le texte une fois rapidement, et je reviendrai ce soir pour le discuter plus amplement.
Une question que je me pose, surtout depuis que la merdification du Web est si massive, est de savoir si les annuaires ne vont pas de nouveaux être pertinents. De mon côté, je me rends compte que je n'utilise plus trop les moteurs de recherche (enfin duckduckgo), ou alors pour chercher sur des sites précis. Je m'étais un peu intéressé à Kagi, mais le prix était bien trop cher pour mon usage.
[^] # Re: Le retour des annuaires ?
Posté par arnaudus . Évalué à 10.
Tu as deux niveaux pour cette question.
Le niveau 1, c'est "où est-ce que je peux trouver l'information qui m'intéresse sans passer par des intermédiaires dont l'intérêt diverge du mien"? Note que le problème n'est pas nouveau, même dans les pages jaunes l'intérêt de l'éditeur n'était pas le mien. Note aussi que même pour un annuaire gratuit géré par des bénévoles de bonne volonté, l'intérêt de l'éditeur peut diverger du mien (par exemple, ils peuvent vouloir mettre en avant des valeurs qui sont différentes de mes critères de choix). D'une manière générale, je ne suis pas complètement certain que le système "ancestral" (bouche à oreille, typiquement) ait moins de biais qu'un système moderne monétisé par un GAFAM…
Le niveau 2, c'est pour la société. Même si j'ai accès à une information plus fiable qu'en passant par les GAFAM (parce que j'ai un bon réseau de connaissances, parce que je connais les sites moins corrompus, etc), ça ne va pas aider la société à aller vers une amélioration du système : les professionnels honnêtes seront toujours invisibles, les gens se feront toujours couillonnés par des escrocs, les technologies biaisées évolueront toujours plus vite que les lois. Du coup, je ne suis pas sûr que régler le problème pour soi change quoi que ce soit.
D'une manière générale, les systèmes d'annuaires et d'évaluations éditées par des professionnels, ça existe dans certains domaines, mais l'équilibre est fragile, parce que la "corruption" est une tentation systématique. Il y a toujours des soupçons sur l'attribution des étoiles au guide Michelin par exemple, et l'intermédiaire porte énormément de responsabilité; l'attribution ou le retrait d'une étoile va avoir d'énormes conséquences financières sur les établissements. Ça met forcément l'intermédiaire dans une position de puissance extrême, puisque c'est lui qui dirige les flux financiers, et cette position par essence génère des tensions et des conflits d'intérêt. J'imagine que ça serait exactement la même chose avec un annuaire des plombiers; si un test s'est mal passé, est-ce qu'on retire l'établissement Duchmol de l'annuaire, en sachant que ça va faire couler la boîte? Est-ce qu'on le laisse, en prenant le risque de donner un mauvais conseil à ses lecteurs? Est-ce qu'on fait un nouveau test, ce qui va augmenter les coûts de fonctionnement et peut-être empêcher l'évaluation d'un concurrent?
En fait, le rêve des GAFAM, c'est un système qui fonctionne seul: par les avis bénévoles des clients, et par l'influence des investissements publicitaires. Tu as un algorithme, et tu n'interviens pas, ce qui en plus te permet dans une certaine mesure de se déresponsabiliser. L'information n'est pas fiable, mais tu t'en fous parce que tes clients sont les entreprises qui payent la pub; tu dois juste te débrouiller pour maintenir ton audience.
[^] # Re: Le retour des annuaires ?
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 6.
Est-ce un rêve, ou un homme de paille pour se dédouaner de ses responsabilités ?
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
[^] # Re: Le retour des annuaires ?
Posté par arnaudus . Évalué à 7.
Mais de quelle responsabilité on parle exactement? Les pages jaunes te donnaient aussi des listes de coiffeurs, l'éditeur ne prenait aucune responsabilité sur la qualité des coupes de cheveux. L'éditeur ne peut pas non plus porter une responsabilité sociale (ne pas mettre en avant les petits commerces a des conséquences néfastes pour les centre villes, ne pas indexer les commerçants dès le premier jour de leur activité va nuire à leur démarrage, etc), et pour un professionnel, exister et être mis à jour dans un annuaire n'est pas un droit opposable.
D'une manière générale, la repsonsabilité des annonceurs est assez limitée. TF1 n'est pas blamable pour faire la pub des Kinder Buenos qui participent à l'augmentation de l'obésité dans la population; tout au plus, certains annonceurs font un peu attention à leur réputation pour les produits ou les marques contreversées. Si Google te dit "voici la liste des kebabs qui ont payé pour figurer dans mon annuaire, avec des notes données par des utilisateur anonymes", tu as une vague idée de la qualité de l'information. Tu ne peux même pas dire que Google va abuser de sa position dominante dans les moteurs de recherche pour t'imposer une information de piètre qualité plutôt que de t'envoyer sur une page informative, puisque dans la plupart des cas, l'information de qualité n'existe pas. Éventuellement, tu pourrais avoir une liste type "pages jaunes", qui est un peu la même chose que Google sans les retours des utilisateurs.
Ça serait quoi, un monde parfait? Un monde où une entité officielle (État, municipalité?) dresse une liste des services et les classe par des critères de "qualité"? Un monde où tu as 12 systèmes concurrents qu'il faut payer individuellement pour y figurer? Un monde où les gens qui peuvent dépenser 50€ par mois ont accès à des annuaires testés par des professionnels, type Guide Michelin, tandis que les clampins ont le droit de se faire arnaquer par des professionnels véreux? Je ne prétends pas qu'un système où la survie des petits commerçants dépend d'une multinationale US soit particulièrement vertueux, mais j'ai du mal à imaginer un système acceptable. Concrètement, tu arrives dans une ville inconnue, il est 19h45, tu es en voiture et tu cherches une pharmacie ouverte, tu as mieux que d'ouvrir Google, d'activer le micro, et de dire "Guide-moi jusqu'à une pharmacie ouverte"? Merdifié ou pas merdifié, tu as besoin d'un service, et ce service est assuré par une multinationale US, qui t'enverras vers la pharmacie qu'il souhaite. Tu as eu ce que tu voulais, Google a eu ce qu'il voulait, et le pharmacien aussi. Sur le fond, tu voulais réellement une liste de 14 numéros de téléphone à appeller un par un pour savoir si c'est ouvert, quelle était l'adresse, et vérifier sur ton GPS si ça n'était pas trop loin? Tu penses vraiment que les pharmaciens souhaitent être appelés à 19h45 par des gens qui ne connaissent pas la ville, pour au bout de 5 minutes conclure qu'ils n'arriveront pas avant 20h et qu'il ferait mieux de trouver une pharmacie plus proche? Tu connais un moyen dans le monde actuel d'assurer l'existence de tels sevices qui connectent des bases de données complexes (liste des pharmacies avec leur adresse et leurs horaires d'ouverture + GPS temps réel avec estimation des temps de parcours en prenant en compte les bouchons) mises à disposition gratuitement et instantanément?
[^] # Re: Le retour des annuaires ?
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 5.
Excellente question. Voici quelques temps, pour y répondre j'aurais suivi les mêmes pistes que vous, avec des interrogations et des dilemmes similaires. La lecture de Pluralistic m'amène à envisager une autre voie également.
Ce qui engage la responsabilité sociale des éditeurs en positions de monopole, n'est ce pas, entre autre, les sommes colossales qu'ils dépensent pour créer ce glacis économique, la fameuse kill zone, qui les protège de toute initiative d'autrui ?
Des réponses envisageables, pourraient être par exemple une forme de lutte antitrust réadapté aux enjeux du numérique. De mon point de vue, très candide probablement, une société se porte d'autant mieux qu'elle offre à chacun de ses membres la possibilité de donner le meilleur d'eux mêmes. Pour les être humains, ce meilleur est surtout caractérisé par les diverses formes de l'intelligence et de l'esprit d'entreprise. Lutter contre la monopolisation des capacités initiatives économiques me paraît déjà une très belle piste.
Pour revenir à la question de la nature de la responsabilité, il me semble donc qu'elle soit lié au pouvoir : les grands monopoles, type Gafa, réduisent d'une certaine manière la capacité d'initiative moyenne, au profit de la leur. N'est-il pas légitime que la société attende d'eux des bénéfices supérieures à ceux que réduisent leur empiétement sur la liberté générale ? La nature de leur responsabilité, serait selon moi ontologiquement liée à leur emprunte en terme d'initiative de la société dans son ensemble.
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
[^] # Re: Le retour des annuaires ?
Posté par arnaudus . Évalué à 4. Dernière modification le 07 mars 2024 à 15:26.
Certes, mais il n'y a pas 50 moyens de forcer une entreprise à orienter ses activités dans un sens qui est bénéfique à la société.
Mais sur le fond, on est d'accord. Dans une économie shootée à la croissance économique (because chômage et pouvoir d'achat), notre mode de vie dépend du pognon que les investisseurs veulent bien injecter dans l'économie réelle plutôt que dans des actifs spéculatifs. En fait, c'est déja en quelque sorte un acte social d'investir dans Google plutôt que d'acheter des Bitcoins. Déja que l'économie réelle "sale" (destructrice des ressources, polluante, délocalisante…) est moins rentable que les produits financiers, ça semble paradoxal de demander aux capitalistes de contribuer à une sorte de bien commun en n'optimisant pas les profits de leurs entreprises.
Après, la merdification n'est peut-être pas définitive. Il est certainement possible que de nouveaux acteurs démerdifiés émergent, comme Google a émergé par la qualité des résultats du moteur de recherche à une époque où on pensait qu'il n'y avait pas de solution technique à la manipulation des moteurs de recherche par les acteurs commerciaux.
# Réactions
Posté par nud . Évalué à 9.
Les liens suscitent assez peu de réactions, si tu souhaites avoir une discussion sur un sujet il vaut mieux faire un journal avec un résumé de l'article original (surtout que Doctorow est assez… généreux en terme de longueur de texte et donc peu de gens vont aller plus loin que le titre, en vrai), une opinion personnelle et un "call to action". Ou alors une dépêche avec une analyse en profondeur mais ça prend plus de temps.
Tout ceci est bien entendu basé sur une impression, je n'ai pas fait de recherche approfondie ni de statistiques sur le sujet.
# La fin justifie-t-elle les moyens ?
Posté par benoar . Évalué à 8.
Milliards qui servent entre autre à… financer quasi-entièrement le développement de Firefox, en étant son moteur de recherche par défaut. Je vous laisse 2h pour savourer cette ironie et me sortir une justification à ces pratiques.
Sinon bravo pour cette traduction, elle est vraiment très bien réalisée, avec un vocabulaire très travaillé comme dans l’original.
[^] # Re: La fin justifie-t-elle les moyens ?
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 3.
Merci. Traduire est plus aisé qu’écrire.
La justification pour Google est évidente dans le texte n’est ce pas ? Et celle pour Mozilla est à la fois l’objet du titre et passablement détaillée. D’une part il n’y a tout simplement pas d’alternatives à Google. D’autre part personne ne peut lutter contre un monopole de ce type, même avec le gros portefeuille de la MoFo. C’est aux politiques à agir. C’est du moins ce qu’affirme l’article. J’adhère facilement à ce point de vue.
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
[^] # Re: La fin justifie-t-elle les moyens ?
Posté par cg . Évalué à 5.
Google donne 450M$ par an pour environ 350M d'utilisateurs (estimations 2023). Ça fait 1,3$ par utilisateur pour se débarrasser de Google :D.
# Exemple de publicité forcée
Posté par cg . Évalué à 6.
Il y a quelques années, l'entreprise Basecamp avait du payer pour repasser devant la pub des concurrents qui avaient acheté le mot-clé "basecamp".
Traduction vite faite de ce à quoi ça ressemblait :
[^] # Re: Exemple de publicité forcée
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 7.
Et pendant ce temps les SEO continuaient à te dire que la qualité du contenu avait de l'importance, ce qui est devenu faux.
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
# Des causes (et de leurs effets?)
Posté par Libb (site web personnel) . Évalué à 6.
Personnellement, l'explication est multiple:
# Framablog/Framalang ?
Posté par anubis . Évalué à 6.
Framasoft a entreprit via Framalang la traduction d'un certain nombre de ses articles : https://framablog.org/?s=doctorow
Donc il semble très ouvert aux traductions, et peut-être le mieux est de rejoindre Framalang (https://participer.framasoft.org/fr/framalang/bienvenue.html) pour partager cet effort :)
aussi sur le salon xmpp:linuxfr@chat.jabberfr.org?join
[^] # Re: Framablog/Framalang ?
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 3.
J’ai bien fait de poster cette traduction apparemment. Merci.
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
# service publique
Posté par oau . Évalué à 3.
Bonjour,
J'y pense depuis un moment mais mon avis est que effectivement on ne peut plus lutter contre Google ou Amazon. Ces entreprises sont trop en avance pour être contrées. Par contre on pourrait les rendre publique. Mon idée serait de mondialiser , une nationalisation mais au niveau mondial, ces entreprises et les mettre sous l'égide d'une entité responsable dans le giron de l'ONU par exemple.
Certes l'ONU n'est pas la panacée mais ce serait un moindre mal et une nouvelle direction qui me semble importante.
Cette idée vient d'une conférence sur le déploiement de la paire de cuivre en France. Le type disait que en 5ans le déploiement avait était fait dans 100% des bâtiments français.
Quand je vois qu'on paye une fibre 'PRO' des centaines d'euros par mois en plein Boulogne Billancourt, je me dis que France Telecom aurait pu faire beaucoup mieux, il y a déjà longtemps.
oau
[^] # Re: service publique
Posté par PhRæD . Évalué à 4.
Peut-être faut-il plutôt ré-apprendre que nous n'avons pas besoin d'une seule solution monopolistique.
Il se pose régulièrement la question de pourquoi donc existe-t-il autant de logiciels libres pour répondre à (en partie au moins) à une besoin : par exemple, pourquoi autant d'environnement sde bureau, ou pourquoi donc tant de service cartographique basé sur Openstreetmap ?
Pour moi, la réponse tient dans la richesse que procure la diversité, et que c'est cette diversité qui peut permettre l'émergence d'une fonctionnalité nouvelle qui peut satisfaire un nouvel utilisateur (alors que tous les autres s'en moquent).
Ce qu'offre le logiciel libre (en théorie du moins, puisque ça dépend quand même des compétence de l'utilisateur), c'est en plus de pourvoir adapter la solution qu'il trouve à ses besoins et ce faisant d'offrir à d'autres des possibilités qu'eux-mêmes n'avaient pas envisagé.
Le local, le circuit court, ça n'est pas bon seulement pour les produits bio, ça vaut aussi pour toute l'économie, logiciels compris.
« Y a même des gens qui ont l’air vivant, mais ils sont morts depuis longtemps ! »
[^] # Re: service publique
Posté par oau . Évalué à 3.
J'adhère pour Amazon. Par contre il me semble suboptimal de crawler plusieurs fois le web pour l'indexer. Mutualiser l'effort dans ce cas me semble pertinent.
Après je ne m'étais pas rendu compte que Google était devenu nul. Il me trouve toujours les messages d'erreur cryptique de certains outils utilisés par mes clients. Pour le reste, dans mon utilisation d'internet Google ne fait pas vraiment partie du paysage. Je vais sur les sites qui m'intéressent et quand je cherche quelque chose je passe souvent pas wikipédia puis de lien en lien.
[^] # Re: service publique
Posté par devnewton 🍺 (site web personnel) . Évalué à 7.
Ça dépends des domaines :
C'est plus embêtant pour Android par contre.
Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.
# C'est malheureusement généralisable à biens des domaines
Posté par PhRæD . Évalué à 3.
Par exemple :
qu'est-ce d'autre que le casque de « réalité augmenté » d'Apple si ce n'est un premier pas pour « remplacer » la réalité par ce qu'Apple a envie pour tirer de l'utilisateur un maximun d'argent en orientant ses comportements (alimentaires, de déplacement, etc.), et cette fois sans même que l'utilisateur ait besoin de formuler une requête ?
pourquoi donc des milliardaires financent-ils à perte des médias, si ce n'est pour imprégner nos cerveaux de fausses informations (l'épisode flagrant le plus récent étant celui de la « première cause de mortalité ».
« Y a même des gens qui ont l’air vivant, mais ils sont morts depuis longtemps ! »
[^] # Re: C'est malheureusement généralisable à biens des domaines
Posté par Ysabeau 🧶 (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.
Les milliardaires financent des médias pour contrôler l'information (notamment celle qui les concerne).
« Tak ne veut pas quʼon pense à lui, il veut quʼon pense », Terry Pratchett, Déraillé.
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