Journal Notes de lectures (principalement sur l’histoire des sciences)

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28
mar.
2025

Sommaire

Salut les gens et les autres,

L’histoire des sciences s’écrit principalement au masculin ethnocentrique, c’est, tout du moins, ce que j’ai constatĂ© dans le cadre de la rĂ©daction des deux dĂ©pĂȘches sur la conquĂȘte de l’espace ainsi que de celle sur l’exploration et le calcul de l’espace. Raison pour laquelle je me suis plongĂ©e dans les quelques bouquins ci-dessous. Ils sont notĂ©s de un Ă  trois manchots 🐧, plus prĂ©cisĂ©ment sous cette forme : +🐧 au cas oĂč le manchot ne s’afficherait pas Ă  l’écran, et -👎 pour le livre qui m’a franchement Ă©nervĂ©.

Ils sont donnés sans ordre particulier.

Copernic et Newton n’étaient pas seuls, James Poskett

C’est un voyage dans le temps et l’espace auquel nous convie James Poskett. L’historien des sciences se demande « Qui a entendu parler, dans notre Ă©ducation occidentale, d'un physicien japonais, d'un astronome turc ou du systĂšme inca d'histoire naturelle ? » À partir de courts Ă©pisodes, il dresse une histoire des sciences convaincante. Par exemple, il nous rappelle que les civilisations prĂ©-colombiennes ainsi que celles de l’Afrique sub-saharienne avaient d’excellentes connaissances en botanique, connaissances pillĂ©es par les EuropĂ©ens. Il nous explique que l’expĂ©dition gĂ©odĂ©sique de La Condamine en Équateur qui a permis de mesurer trois degrĂ©s du mĂ©ridien n’aurait pas eu le succĂšs qu’elle a rencontrĂ© sans les connaissances des indigĂšnes qu’il mĂ©prisait.

Ça se lit vraiment bien et c’est passionnant malgrĂ© quelques faiblesses de la traduction.

Copernic et Newton n’étaient pas seuls — James Poskett, trad. Charles Frankel — Seuil, 2022 — grand format EAN : 9782021429602, 25 €— poche EAN 9791041411153,14,90€ — EPUB protĂ©gĂ© sans possibilitĂ© de copier-coller EAN 9782021518863, 13,99 €. Version EPUB empruntable dans les mĂ©diathĂšques de Paris.

Note : + 🐧 + 🐧, Ă  cause de l’impossibilitĂ© de faire des copier-coller avec l’EPUB et des faiblesses de la traduction.

Histoire des sciences et des savoirs, t. 2. Modernité et globalisation, sous la direction de Dominique Pestre

Le tome couvre la pĂ©riode 1770 Ă  1914  qui est celle de « l’industrialisation et de l’expansion impĂ©riale et coloniale. La science est victorieuse, la technique est reine, la Terre est quadrillĂ©e et mesurĂ©e, les populations sont mises en nombres, les races sont cartographiĂ©es. Laboratoires, universitĂ©s et musĂ©es se rĂ©pandent Ă  l’échelle planĂ©taire. » (cairn.info).

C’est un ouvrage collectif dont les auteurs sont d’origines trĂšs diverses. Ça traite des sujets aussi variĂ©s que de la science Ă  l’époque Meiji, de l’Inde coloniale du XIXe siĂšcle, de mĂ©trologie, de musĂ©es et d’exposition urbaines, de l’industrie et la prĂ©histoire au XIXe siĂšcle, du racisme de la pĂ©riode ou encore des prĂ©occupations climatique. C’est trĂšs savant tout en restant trĂšs lisible. C’est illustrĂ© aussi.

Histoire des sciences et des savoirs, t. 2, ModernitĂ© et globalisation — Seuil, 2015 ― grand format, 466 pages, EAN 978202107677, 38 € — poche, EAN 9782757879788 (semble indisponible), 11 € — EPUB, protĂ©gĂ© sans possibilitĂ© de copier-coller EAN 9782021298154, 26,99 €. Version EPUB empruntable dans les mĂ©diathĂšques de Paris.

Note : + 🐧 + 🐧, Ă  cause de l’impossibilitĂ© de faire des copier-coller avec l’EPUB (sinon ça mĂ©ritait trois manchots).

La Fabrique des sciences modernes, Simon Schaffer

Curieusement, ce livre que j’ai empruntĂ© Ă  la BnF est classĂ© dans la catĂ©gorie « Histoire, Affaires criminelles ».

Il est notamment question de Newton, de philosophie naturelle, d’astronomie, de mĂ©trologie, de techniques de l’expĂ©rimentateur et d’expĂ©rimentations publiques. Des chapitres trĂšs sourcĂ©s (les notes et l’index des personnes citĂ©es font plus d’une centaine de pages). C’est vraiment super intĂ©ressant. Et ça se lit bien, ce qui ce ne gĂąche rien.

L’EPUB a un gros dĂ©faut, je trouve : si on n’utilise pas les styles de l’éditeur pour l’affichage, on n’arrive pas Ă  faire la diffĂ©rence entre les citations et le texte de l’auteur. C’est assez dommage.

La fabrique des sciences modernes (XVIIe-XIXe siĂšcle) —Simon Schaffer, traduit par FrĂ©dĂ©rique AĂŻt-Touati, LoĂŻc Marcou, StĂ©phane Van Damme — Seuil, 2014 — grand format, 448 pages, EAN 9782021036169, 24 € — EPUB, protĂ©gĂ© sans possibilitĂ© de copier-coller, EAN 9782021169850, 16,99 € — Version EPUB empruntable Ă  la BnF.

Note : + 🐧 + 🐧, Ă  cause de l’impossibilitĂ© de faire des copier-coller avec l’EPUB et le problĂšme de mise en forme (sinon ça mĂ©ritait trois manchots).

Dans la combi de Thomas Pesquet, Marion Montaigne

On change de registre car il s’agit d’une bande dessinĂ©e, que vous avez peut-ĂȘtre lu d’ailleurs Ă©tant donnĂ© qu’elle date de 2017. C’est trĂšs drĂŽle, le contenu Ă©tant trĂšs sĂ©rieux et bien documentĂ©. Je ne rĂ©siste pas Ă  vous donner une toute petite idĂ©e. C’est au dĂ©but de la BD, sur un fond noir avec la station spatiale internationale : « Jean-Pierre ? on a un problĂšme », page suivante, on voit qu’il s’agit d’une prĂ©sentation : « ils vont se demander comment on envoie des gens dans l’espace alors qu’on n’est mĂȘme pas capable d’ouvrir un powerpoint ».

Dans la combi de Thomas Pesquet — Marion Montaigne —Dargaud, 2017 — Version imprimĂ©e ISBN/EAN : 9782205076394, 208 pages, 25,95 € — Version EPUB « fixed layout », marquage filigrane, EAN 9782205170351, 9,99 € — Version EPUB empruntable Ă  la BnF.

NB : si vous avez de bons yeux, vous pourrez le lire sur une liseuse comme la Diva, Ă  condition d’avoir activĂ© le mode d’affichage BD, mais c’est tout de mĂȘme petit et, Ă©videmment, en noir et blanc. Si vous voulez l’emprunter et le lire sur liseuse, la seule liseuse assez grande, en couleurs et qui supporte les DRM LCP est, Ă  ma connaissance, la Vivlio InkPad Color.

Note : + 🐧 + 🐧 + 🐧

Pour complĂ©ter, vous trouverez l’intĂ©grale du journal de Thomas Pesquet sur le site Ciel et espace (oui c’est une des sources donnĂ©es par la BD).

Trop belles pour le Nobel. Les femmes et la science, Nicolas Witkowski

Le titre m’avait un peu rebutĂ©, mais la prĂ©sentation sur le site de prĂȘt numĂ©rique de la BnF m’avait donnĂ© envie de le lire. De fait l’introduction du bouquin est intĂ©ressante :

Pour y remĂ©dier [Ă  l’absence de noms de femmes de sciences], quand on ne se lance pas dans le Who’s Who pour femmes savantes [
], on sacrifie souvent Ă  la manie de la liste rĂ©pertoriant toujours les mĂȘmes noms ou Ă  celle, plus fastidieuse encore, de la classification (les martyres, les assistantes, les « sƓurs de » et les « femmes de », les muses, les coquettes, voire les traĂźtresses) qui dĂ©finit invariablement la femme de science par rapport Ă  la gent masculine.

C’est donc pour cela que l’auteur Ă©voque Sophie BrahĂ© « la petite sƓur prĂ©fĂ©rĂ©e de Tycho BrahĂ©, Isabel « la femme dĂ©licate de Jean Godin des Odonais » qui a fait un voyage assez Ă©pouvantable en Amazonie (mais dont l’auteur ne nous dit pas ce qu’elle a apportĂ© Ă  la science), Elizabeth Thible, premiĂšre femme Ă  avoir volĂ© en ballon et maĂźtresse de l’aĂ©rostier et de son financeur et qu’il prĂ©sente Ada Lovelace comme muse de Charles Babbage.

Et c’est aussi pour cela, sans doute, qu’il Ă©voque Mary Somerville qui « eut l’occasion de causer trĂšs librement avec les plus grands savants français du XIXe siĂšcle » et qui en parlera dans son journal sur lequel il s’épanchera, en parlant donc beaucoup des hommes et en nous laissant sur notre faim sur l’apport de Somerville Ă  la science. On se demande aussi quel rapport entre le tricot, que l’auteur confond avec la couture, et la mathĂ©maticienne Emmy Noether et pourquoi diable ce livre se termine par un chapitre sur Schrödinger (le type du chat) et ses maĂźtresses.

Trop belles pour le Nobel. Les femmes et la science, Nicolas Witkowski — Seuil, 2005 — Grand format, 289 pages, EAN 9782020685535, 19,30 € — Poche, EAN 9782757803066, 9,50 € ― EPUB, protĂ©gĂ© sans possibilitĂ© de copier-coller, EAN 9782021009422, 8,49 €.

Note : -👎 -👎

En dĂ©cembre 2024 j’avais dĂ©jĂ  commis des notes de lecture. Est-ce que cela vaut la peine que je continue Ă  vous en faire sous cette forme et sans pĂ©riodicitĂ© dĂ©finie ?

PS : si les femmes de science vous intĂ©ressent, suivez plutĂŽt l’étiquette femme_de_science sur LinuxFr plutĂŽt que de lire le bouquin qui m’a Ă©nervĂ©.

  • # on ne leur laissait pas de place

    Posté par  . Évalué à 6 (+4/-0).

    Une anecdote qui va t'enflammer : ma grand-mÚre a été la premiÚre femme agrégée de maths en France. Devine ou elle est allée travailler ? Au Viet-Nam ! comme instit'!

    Vu les dates et le lieu de ses Ă©tudes, elle a peut-ĂȘtre eu Marie Curie comme prof. Marie Curie pour qui les femmes amĂ©ricaines se sont cotisĂ©es afin de lui permettre de poursuivre ses recherches, par deux fois, aprĂšs chacun de ses 2 prix Nobel.

    • [^] # Re: on ne leur laissait pas de place

      Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 3 (+0/-0). DerniĂšre modification le 31 mars 2025 Ă  15:53.

      Quand ta grand-mĂšre est-elle nĂ©e ? Les premiĂšres agrĂ©gations fĂ©minines ont Ă©tĂ© instaurĂ©es en 1883 avec une agrĂ©gation unique des sciences en 1884. Et les agrĂ©gĂ©es Ă©taient affectĂ©es en collĂšge ou en lycĂ©e comme leurs homologues masculins d'ailleurs, mais plus souvent en collĂšge. L'agrĂ©gation en mathĂ©matiques pour les femmes existe depuis 1894. Elle sera de mĂȘme niveau que celle des hommes en 1921. Quelle est la part de lĂ©gende familiale dans tout ça ?

      Pour ce qui est de suivre les cours de Marie Curie, seulement à la Sorbonne. Marie Curie n'enseignait pas dans les écoles normales supérieures.

      Sources :

      « Tak ne veut pas quÊŒon pense Ă  lui, il veut quÊŒon pense », Terry Pratchett, DĂ©raillĂ©.

  • # Continue !

    Posté par  . Évalué à 5 (+3/-0).

    Est-ce que cela vaut la peine que je continue à vous en faire sous cette forme et sans périodicité définie ?

    C'est trĂšs plaisant. Merci.

    "Si tous les cons volaient, il ferait nuit" F. Dard

  • # Ma contribution

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3 (+1/-0).

    Dans cette liste interessante j’ajouterai
    "The Worlds I See" de Fei Fei Li

    Ça parle de la vie de chercheuse et de l’inteligence artificielle du point de vue de la recherche.

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