kantien a écrit 1194 commentaires

  • [^] # Re: un beau combat... d'un autre siècle

    Posté par  . En réponse à la dépêche État de l’espéranto sous GNU/Linux. Évalué à 3. Dernière modification le 31 août 2016 à 19:22.

    On nous rabâche tout le temps que l’anglais est indispensable etc., jusqu’à étaler des absurdités telles que l’anglais serait facile. Donc on est courant que l’anglais reste un outil très utile dans nombre de contextes internationaux.

    Sur la question, à chaque fois je ne peux m'empêcher de penser à l'ouvrage Contre la pensée unique du linguiste français Claude Hagège qu'il a présenté dans une entrevue « imposer sa la langue, c'est imposer sa pensée », livre et entrevue dans lesquels il tord le coup aux idées reçues sur la facilité et l'utilité de l'anglais comme langue internationale.

    On y apprend aussi des anecdotes marrantes sur les emprunts respectifs entre nos deux langues, comme le terme de politesse « merci » qui viendrait de l'anglais « mercy » et qui daterait de l'époque où on se battait régulièrement contre la perfide Albion et quand les soldats anglais implorés la pitié de leurs ennemis pour ne pas être achevés. Ou encore le mot « budget » qui est venu d'outre-manche au moment de la révolution française, mais qui lui vient d'un mot de l'ancien français « bougette » qui était une petite bouge, c'est-à-dire une bourse contenant des pièces de monnaies.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Tiptop le sexisme

    Posté par  . En réponse à la dépêche Ouverture du site Libre Games Initiatives. Évalué à 3.

    Désolé, mais l'apocalypse annoncée à propos d'un simple changement grammatical me parait au mieux caricatural, au pire le résultat d'une tentative de rationalisation de son a priori négatif.

    Une citation de Schopenhauer serait ici de bon aloi. ;)

    C'est le premier stratagème, l'extension :

    Il s’agit de reprendre la thèse adverse en l’élargissant hors de ses limites naturelles, en lui donnant un sens aussi général et large que possible et l’exagérer, tout en maintenant les limites de ses propres positions aussi restreintes que possible. Car plus une thèse est générale et plus il est facile de lui porter des attaques. Se défendre de cette stratégie consiste à formuler une proposition précise sur le puncti ou le status controversiæ.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Tiptop le sexisme

    Posté par  . En réponse à la dépêche Ouverture du site Libre Games Initiatives. Évalué à 3.

    en fait, tu fais l'erreur que tu me reproches: tu me reproches de considérer le changement grammatical comme trop peu ennuyant, mais toi, tu le places sur le même pied que la recherche d'un jugement juste dans un tribunal

    Parce que c'est le terrain sur lequel se place les partisans d'une telle réforme. Et tu le dis toi-même dans ton commentaire :

    Le reste est une question de balance: vaut-il mieux accepter le risque d'une société injuste juste pour conserver le confort de certains qui sont perturbés par des changements très faciles à comprendre (oui, cette formulation n'est pas neutre, tout comme la tienne).

    Comment dois-interpréter le sens de ces propos, et dans quelle acception dois-je entendre le qualificatif injuste de cette société potentielle dans laquelle nous et nos descendants continuerions de vivre ?

    Pour le reste, cela part dans tous les sens avec de l'homme de paille (un apocalypse annoncé, t'as vu ça où ?), donc je ne vois vraiment pas quoi répondre. Où as-tu vu que je prétends que mes opinions sont des vérités ? Si je les considèrent comme des opinions c'est que je ne les considère pas comme des vérités, et ne relevant donc pas du savoir. Les critiques fréquentes et régulières dont la doctrine kantienne fait l'objet ne me sont pas inconnues non plus, ce n'est pas pour autant qu'elles m'ont convaincu. Il y en a une bonne, qui a eu lieu dans le passé, Frege a voulu réfuter une thèse de Kant sur la nature des jugements mathématiques, et Gödel a fini par donner raison à Kant et c'est en partie pour cela que l'on a des ordinateurs aujourd'hui. M'enfin l'utilité de la doctrine kantienne ne se limite pas non au fondements des mathématiques, de la logique et de l'informatique — autant de sciences qui peuvent avoir leur utilité en linguistique. ;-)

    Cela étant j'ai l'impression que tout sujet, pour toi, est affaire d'opinion. Serais-tu un sceptique qui s'ignore ou qui en est conscient et qui s'assume comme tel ?

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Tiptop le sexisme

    Posté par  . En réponse à la dépêche Ouverture du site Libre Games Initiatives. Évalué à 3.

    Tu ne vois vraiment pas le problème là-dedans ?

    Le problème c'est que cela n'a rien à voir. Dans ton exemple il s'agit de prudence au cas où il pleuvrait, si l'on a des raisons de penser qu'il pourrait pleuvoir, de pouvoir se protéger en ayant pris son parapluie avec soi.

    Dans le cas qui nous occupe il s'agit de modifier en profondeur la structure grammaticale d'une langue en prétextant que celle-ci serait le vecteur de préjugés phallocratiques, ou tout au moins serait un frein à l'accès réelle à l'égalité de droit pour toutes les personnes sans distinction de sexe. Ce en quoi l'on objecte qu'il ne suffit pas de supputer une telle cause à la grammaire, il faut en être certain, autrement on invoque, pour des raisons juridiques, le principe : « dans le doute abstient toi ».

    On ne peut rien hasarder dans l'incertitude en matière de morale, rien décider qui risque de contrevenir à la loi. Ainsi par exemple il ne suffit pas que le juge croie simplement que celui qui est accusé d'un crime l'a réellement commis. Il doit le savoir (juridiquement), ou alors il agit sans conscience.

    Kant, Logique

    Le graissage dans le texte est de moi, et il est extrait du chapitre sur la distinction entre opinion, croyance et savoir. Pour ta leçon de logique tu aurais pu t'en passer, elle est triviale et personne n'a jamais dit le contraire. En revanche pour réagir à un autre commentaire de ariasuni : je sais que la gravitation universelle existe, je ne fais pas qu'y croire. ;-)

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Pas si internationale

    Posté par  . En réponse à la dépêche État de l’espéranto sous GNU/Linux. Évalué à 2.

    Je me réponds à moi même après un peu de réflexion. Il y a déjà un erreur dans mon message ce n'est pas syntagme verbal mais syntagme sujet que je voulais écrire. Ensuite dans la relative, le nom « chien » étant dans une fonction objet il s'écrira sans doute «la hundon» et non «la hundo», ce qui avec l'habitude doit faciliter l'analyse et la compréhension de la phrase. Mais de son côté la souris (la muso) est à la fois objet dans la phrase globale mais sujet de la relative dans le syntagme complément du verbe manĝas.

    Je vais regarder de plus près cette langue en allant voir les liens de la dépêche. Merci encore pour celle-ci.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Pas si internationale

    Posté par  . En réponse à la dépêche État de l’espéranto sous GNU/Linux. Évalué à 2.

    Merci pour ces compléments d'information (idem pour ceux de Xinfe). Résultat, j'ai d'autres questions qui me viennent à l'esprit. Comme il n'y a pas d'article indéfini, la phrase « le chat mange une souris » pourrait se traduire par « manĝas la kata muson » ou « muson la kato manĝas », etc. ?

    Ensuite la marque -n de l'accusatif sur le syntagme objet porte-t-elle uniquement sur le nom commun qui en constitue le noyau ? De telle sorte qu'une phrase comme « le chat mange la souris qui fuyait le chien » pourrait se traduire par « la muson [traduction de la relative] la kato muson » ? Comment évite-t-on les ambiguïtés ? En français, par exemple, si j'inverse l'ordre on pourrait obtenir celui-là : « mange la souris qui fuyait le chien le chat ». Même en rajoutant une marque sur le mot « soûris », il faut un peu de réflexion pour déterminer où s'arrête le syntagme complément d'objet et où commence le syntagme verbal.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Pas si internationale

    Posté par  . En réponse à la dépêche État de l’espéranto sous GNU/Linux. Évalué à 3.

    Ordre des mots flexibles : c'est LA difficulté de l'espéranto, à savoir l'accusatif. En gros, c'est une particule qui un mot est le sujet qui fait l'action ou l'objet qui la subit. Grâce à ça, pas besoin d'un ordre de mots défini à la "sujet-verbe-complément" cher aux langues latines. Les exemples suivants ont le même sens (=le chat mange la souris) :

    • La kato mangas la muson
    • La muson mangas la kato

    Cette partie m'intéresse grandement. Je ne connais absolument rien ni du vocabulaire, ni de la syntaxe, ni de la grammaire de l'espéranto (je suis un néophyte complet en somme), alors j'ai quelques questions sur ces exemples. Tout d'abord il semble qu'il manque des mots dans la partie que j'ai graissée, voulais tu dire quelque chose du genre : « qui fait qu'un mot est le sujet » ? Ensuite, tu parles de l'existence d'une particule pour déterminer les fonctions de sujet, verbe et complément dans le cas d'une phrase simple avec un verbe transitif; mais dans tes deux exemples je ne vois pas où elle se trouve ? Je suppose que « la kato » c'est « le chat », et « la muson » est « la souris ». Où se trouvent les signifiants pour indiquer la fonction sujet et la fonction complément ?

    Sinon merci pour cette dépêche instructive, et j'aime bien cette idée de ne pas avoir d'ordre privilégié dans l'écriture des différents syntagmes. Peut-on aussi avoir un ordre avec le syntagme verbal en premier, du type « mangas la kato la muson » ?

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Tiptop le sexisme

    Posté par  . En réponse à la dépêche Ouverture du site Libre Games Initiatives. Évalué à 2.

    Tu inverses la charge de preuve.

    C'est un nouveau principe juridico-philosophique qui vient de sortir (c'est la mode en ce moment, mais je ne sais si il est sexiste, phallocratique ou misandrique) : la charge de la preuve n'incombe plus à l'accusation (celui qui affirme) mais à la défense (celui qui nie ou qui met en doute). Si l'on qualifie ces accusations envers le sexisme de la langue d'opinions, cela devrait avoir tendance à justifier qu'il ne s'agit pas là de certitudes, et donc le bénéfice du doute devrait revenir à la défense. Mais les voies du droit sont peut-être impénétrables à certains ou certaines… :-/

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dépêche actuelle et la suite

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les coulisses du standard C++. Évalué à 1.

    Si je reprends tes exemple, je n'aimes pas que le verbe soit paramètré par un adverbe, Je préfèrerais que l'adverbe soit paramètré par le verbe et retourne un nouveau verbe, dans la plus simple tradition de la composition de fonctions, lambda power ;-).

    C'est exactement ce que j'ai fait, c'est d'ailleurs pour cela que j'ai rajouté un nouvel alias de type pour illustrer la nature fonctionnelle d'un adverbe :

    type 'a adverbe = 'a action -> 'a action
    val fois : int -> 'a adverbe = <fun>

    Le code de ma fonction fois est identique au tien, j'ai simplement rajouté des annotations de types et changer le nom des arguments pour souligner l'analogie avec la grammaire française. Ensuite j'ai défini deux fonctions — que j'ai certes improprement qualifier de verbes — pour illustrer deux morphologies possible de la langue française, que l'on retrouve également en anglais par exemple. Sinon, on peut tout à fait écrire le même code que toi à l'usage, en respectant la syntaxe d'application des fonctions du lambda-calcul ou en ayant recours à l'opérateur infixe |> pour inverser le nom de la fonction et de son argument (à la manière du pipe du shell) :

    (fois 5) print_endline "coin ! coin !";;
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    
    (5 |> fois) print_endline "coin ! coin !";;
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    
    (print_endline |> (5 |> fois)) "coin ! coin !";;
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !

    PS2: je me dis parfois qu'un opérateur '$' à la haskell serait agréable à utiliser…

    Il existe en OCaml, c'est le double arobase @@ :

    (fois 5) print_endline @@ (^) "coin ! " "coin !";;
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dépêche actuelle et la suite

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les coulisses du standard C++. Évalué à 3. Dernière modification le 29 août 2016 à 16:40.

    Étrangement, c'est la partie en prose de ton commentaire que je ne comprends pas trop. :-P

    Ce que je voulais signaler, au départ, c'est l'identité de méthode qu'il y entre le typage d'un langage de programmation et l'analyse grammaticale des langues dites naturelles; comme peut le montrer, par exemple, l'isomoprhisme qu'il y a entre un arbre d'analyse syntagmatique comme celui en bas de la page 2 de ce document et un arbre de syntaxe abstrait avec des annotations de typage sur les nœuds. Ce qui, dans le cas de Ruby, me faisait analyser le noyau du groupe adverbial comme un attribut de son complément (ce qui n'est pas du tout la façon dont on se représente la chose en français comme en anglais).

    Cela étant, ton code m'a donné une idée et une représentation plus proche des structures grammaticales du français et de l'anglais.

    (* quelques alias de types *)
    type void = unit
    type 'a action = 'a -> void
    (* un adverbe prend une action et renvoie une action *)
    type 'a adverbe = 'a action -> 'a action
    
    (* le noyau du groupe adverbial attend un complément
    *  de type entier pour former un groupe adverbial *)
    let fois (n:int):'a adverbe =
      fun (verbe:'a action) (cod:'a) -> 
        for i = 1 to n do verbe cod done;;
    val fois : int -> 'a adverbe = <fun>
    
    (* deux verbes qui attendent un groupe adverbial et
    *  un complément de type string, qui ne se distinguent
    *  que par la position du COD et de l'adverbe *)
    let ecrire texte (adv:string adverbe) =
      adv print_endline texte;;
    val ecrire : string -> string adverbe -> void = <fun>
    
    let copier (adv:string adverbe) texte =
      adv print_endline texte
    val copier : string adverbe -> string -> void = <fun>
    
    (* leur utilisation permet de retrouver
    *  une morphologie proche du français *)
    
    ecrire "coin ! coin !" (fois 5);;
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    - : void = ()
    
    ecrire "coin ! coin !" (5 |> fois);;
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    - : void = ()
    
    copier (fois 5) "coin ! coin !";;
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    - : void = ()
    
    copier (5 |> fois) "coin ! coin !";;
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    coin ! coin !
    - : void = ()

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Tiptop le sexisme

    Posté par  . En réponse à la dépêche Ouverture du site Libre Games Initiatives. Évalué à 6.

    Pourtant les pronoms s’apprennent très vite (je vois souvent iel/ielle dont la construction est plutôt évidente mais je m’abstiens de les utiliser sur ce site)

    Es-tu sérieuse ? Quel âge as-tu pour dire cela ? Pour moi, c'est à peu près jouable (j'approche à peine la quarantaine) mais as-tu penser à l'ensemble des locuteurs de la langue française ? À partir du moment où tu t'exprimes publiquement, tu ne peux pas faire fi des règles et principes grammaticaux que tes interlocuteurs utilisent au quotidien. Je ne connais pas ton environnement, mais dans le mien, lorsque ces personnes lisent « Salutation aux lecteurs de linuxfr » alors il ne leur vient pas à l'esprit que le mot « lecteurs » désigne exclusivement des personnes du sexe masculin.

    Pour la 45000e fois, oui. Mais c’est comme le droit de vote: c’est nécessaire mais pas suffisant pour obtenir l’egalité des droits.

    C'est bien beau de l'asserter en boucle, mais qu'est-ce qui est nécessaire ? L'abandon de la règle de l'accord (du moins la partie sur le genre, celle sur le nombre on s'en fout un peu) ? Penses-tu que dans une société à égalité de droits (quelles sont les lacunes dans la notre ?), une telle règle serait absente (si l'on admet que les genres grammaticaux correspondent aux genres sexuels) ? Honnêtement, les changements des règles d'accords je m'en fout complètement. Mais je doute que ce soit là une condition nécessaire.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Tiptop le sexisme

    Posté par  . En réponse à la dépêche Ouverture du site Libre Games Initiatives. Évalué à 4.

    Ça n’alourdit pas la phrase, c’est juste une règle d’accord différente.

    Tout à fait, et elle me semble plus prudente à adopter dans votre démarche de lutter contre les stéréotypes sexistes véhiculés par la langue. Elle ne perturbe pas fondamentalement la lecture, et pourrait passer pour une simple « faute » de grammaire. Dans le même genre, les principes généraux de l'écriture épicène de l'office québécois de la langue française semble mesurés.

    De son côté, l'écriture inclusive qui a été proposée plus d'une fois implique des modifications plus profondes sur la structure de la langue (liste non exhaustive) :

    • ajout de nouveaux pronoms : illes, iel, olle…
    • factorisation des terminaisons et des radicaux : lecteur-trice…
    • création de radicaux neutres : lecteurices…

    Toutes ces modifications ne sont pas sans poser problèmes dont le principal est une adaptation importante de « l'intérpréteur » du langage chez les locuteurs, alors qu'il est possible d'atteindre le même objectif avec les structures usuelles de la langue. Ce qui explique en grande partie la levée de boucliers que l'on a connu ces derniers temps sur le site face à cette innovation.

    Enfin si l'on peut certes admettre que ce sont des considérations misogynes et patriarcales qui ont pu motiver l'adoption de certaines règles de grammaires (d'autant que les lettrés de l'époque étaient essentiellement des hommes), il n'est pas certain qu'elles entretiennent les préjugés misogynes et que leur disparition entraînera avec elle la disparition de ces préjugés. La Grèce antique ainsi que l'empire romain pourraient servir à prouver le contraire : le grec ancien et le latin comportaient la règle de proximité, et dieu sait si ces sociétés étaient misogynes et patriarcales.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dépêche actuelle et la suite

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les coulisses du standard C++. Évalué à 1.

    Effectivement, c'est tout de suite beaucoup plus clair. :-O

    La punition infligée à l'élève pourrait s'énoncer : « copier 100 fois "je ne dois pas jeter d'avion en papier en classe" ». Le verbe de l'énconcé étant bien sûr « copier », son COD le texte « je ne dois pas jeter d'avion en papier en classe », et les mots « 100 fois » une expression adverbiale. Le noyau du groupe adverbiale est le mot « fois », le nombre 100 en étant son complément afin de préciser sa signification (sémantique), mais dans la langue française (tout comme en anglais) il pourrait être autre chose qu'un nombre comme dans « quelque fois », « à chaque fois ». L'énoncé ne comporte pas de complément circonstanciel de lieu, mais dans le dessin cela semble être le tableau, et dans le code c'est la sortie standard.

    Voilà comme on peut également analyser tout cela dans un langage de programmation :

    (* une verbe d'action dont le COD est un type quelconque 'a *)
    type 'a action = 'a -> unit
    
    (* le groupe adverbial qui exprime la répétition prend une action 
    * complète avec son COD et la réitère un certain nombre de fois *)
    
    let times ~(nb:int) (verbe:'a action) (comp: 'a) =
      for i = 1 to n do verbe comp done;;
    
    (* ajout d'un verbe pour avoir le même nom qu'en Ruby et un peu de sucre syntaxique *)
    
    let puts = print_endline;;
    let ( ** ) nb f x = times ~nb f x;;
    
    (* et voili-voilou *)
    
    (10 ** puts) "Lambda Power !!";;
    Lambda Power !!
    Lambda Power !!
    Lambda Power !!
    Lambda Power !!
    Lambda Power !!
    Lambda Power !!
    Lambda Power !!
    Lambda Power !!
    Lambda Power !!
    Lambda Power !!
    - : unit = ()

    En espérant avoir été plus clair sur ce que je voulais dire. :-)

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Powershell et cURL - mauvaise volonté

    Posté par  . En réponse au journal PowerShell sur Linux. Évalué à 3.

    Si la France se fait rappeler à l'ordre par les instances juridiques européennes, l'État français sait aussi très bien se juger et se condamner lui-même via les tribunaux administratifs

    En France, les tribunaux administratifs sont les juridictions de premier ressort et de droit commun de l'ordre administratif.

    Ils sont saisis par une requête écrite qui peut être formée :

    • par tout citoyen contre l'État français ou une autre personne morale de droit public afin de contester une décision prise par le pouvoir exécutif (excès de pouvoir),
    • par toute personne physique ou morale intéressée afin d'obtenir un dédommagement pour une faute de l'État français ou de ses services ou établissements publics, des collectivités territoriales ou de leurs établissements rattachés, des hôpitaux ou services assimilés.

    Ainsi, par exemple, comme condamnation on peut trouver :

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dépêche actuelle et la suite

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les coulisses du standard C++. Évalué à 2. Dernière modification le 24 août 2016 à 17:33.

    Je ne peux plus éditer mon message, mais pour résumer : ce que tu trouves beau et élégant dans l'exemple c'est sa syntaxe concrète, ce que je lui reproche c'est sa grammaire. ;-)

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dépêche actuelle et la suite

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les coulisses du standard C++. Évalué à 1.

    C'était une boutade ratée. Voir la réponse à xcomcmdr. ;-)

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dépêche actuelle et la suite

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les coulisses du standard C++. Évalué à 1. Dernière modification le 24 août 2016 à 17:23.

    Arf, j'ai mal vendu mon lien ! :-/

    C'était une boutade, visiblement ratée, pour inciter à visionner une conférence de Philip Wadler dont le thème central est la question Qu'est-ce qu'un type ?. Ce qui revient à se poser la question : qu'est-ce que la grammaire ?

    La conf est dans la lignée de ce commentaire que j'avais fait en réponse à une énième critique de Riendf sur la grammaire, et auquel tu avais répondu à l'époque, je te cite in extenso :

    I hit the "pertinent" button like a motherfuckin' truck on a motherfuckin' wall !!1!one

    La vidéo est très instructive, et la conclusion… je la laisse découvrir à ceux qui voudront bien prendre le temps de la regarder (c'est en anglais, et elle dure une cinquantaine de minutes).

    Philip Wadler enseigne l'informatique théorique à l'université d'Edimbourg, est spécialisé dans la conception des langages de programmation et a à son actif, entre autre, le langage Haskell et l'implémentation des génériques en Java.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dépêche actuelle et la suite

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les coulisses du standard C++. Évalué à 1.

    Faire de l'adverbe un attribut de son complément, voilà une chose bien étrange. Et après on s'étonne d'un tel état de fait : « Au détriment d’une grammaire difficile, des erreurs faciles, d’une compilation lente et d’un débogage laborieux », lorsque l'on cherche à mettre en place des structures grammaticales un peu évoluées dans le paradigme de la POO.

    Ils sont bien étranges ces créateurs de grammaires ex nihilo, au lieu de se contenter de la découvrir en remontant à la source. :-P

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dépêche actuelle et la suite

    Posté par  . En réponse à la dépêche Les coulisses du standard C++. Évalué à 6.

    En partant d'un commentaire sur un autre journal, je suis tombé sur cette présentation du protocole HTTP2. Le code se trouve sur github et est au format markdown. Au chapitre 2, par exemple, on peut voir des illustrations flottantes autour de certains paragraphes. Je me suis alors demandé comment il faisait cela, et en fait pour les images ils permettent le code html avec des propriétés CSS :

    <img style="float: right;" src="https://raw.githubusercontent.com/bagder/http2-explained/master/images/page-load-time-rtt-decreases.png" />
    

    (source)

    Ne pourriez-vous pas faire de même ? Au moins au niveau de l'équipe de modération avant publication, tant il est vrai que la mise en page à base tableau c'est un peu old-school. :-P

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Powershell et cURL - mauvaise volonté

    Posté par  . En réponse au journal PowerShell sur Linux. Évalué à 2.

    Je lui souligne que plusieurs personnes plutôt sensées lui pointent toutes qu'il manque sérieusement de balance dans ses propos histoire qu'il réflechisse un peu et se remette en question.

    Je crois qu'il s'égare et dévie du point débattu, à moins que tous ces principes ne soient liés pour lui, auquel cas je ne peux le suivre dans ces idées. Cela étant, l'insulter n'arrangera pas les choses.

    Quoi qu'il en soit, le manque de mesure dans ses propos est assez déroutant pour une personne qui a convoqué les philosophes et scientifiques (serait-ce une forme d'autorité dont on ne peut prétendre remettre en cause les thèses ?) et qui émet des jugements pour le moins rapide sur les principes et idéaux de ses interlocuteurs : pour ma part, par exemple, je n'utilise jamais le terme open-source et mon souhait est que tous les logiciels soient libres. Microsoft est-il le Grand Satan ? sur le site du projet GNU.

    Comme parmi les philosophes il ne se réfère pour le moment qu'à Michel Foucault, je me permets de préciser que ce dernier à effectuer sa thèse de de doctorat sur l'anthropologie de Kant qu'il traduisit en langue française. L'on peut également noter que la pensée de Foucault se développe dans une période qui succède à la seconde guerre mondiale et les atrocités de l'holocauste. Le cas Eichmann, qui fut responsable logistique de la « solution finale », étant l'archétype de ce que dénonce Foucault sachant que sa défense il plaida n'avoir fait que « suivre les ordres » et, chose la plus choquante pour un kantien, se réclama de Kant pour se justifier.

    Mais au fond qu'est donc cette chose que l'on nomme philosophie ?

    Assurément on finit toujours pas demander : à quoi sert de philosopher, à quoi sert le but finalement visé : la philosophie elle-même, considérée comme science selon son concept scolastique ?

    Dans ce sens scolastique du mot, la philosophie vise seulement à l'habilité; au point de vue de son concept cosmique au contraire à l'utilité. Au premier point de vue, elle est donc une doctrine de l'habileté; au second une doctrine de la sagesse — la législatrice de la raison et dans cette mesure le philosophe n'est pas un artiste de la raison, mais son législateur.

    L'artiste de la raison, ou comme Socrate le nomme, le philodoxe, vise simplement la connaissance spéculative sans se demander dans quelle mesure le savoir contribue à la fin dernière de la raison humaine : il donne des règles pour toutes sortes de fins. Le philosophe pratique, la maître de la sagesse par la doctrine et par l'exemple est le vrai philosophe. Car la philosophie est l'idée d'une sagesse parfaite, qui nous désigne les fins dernières de la raison humaine.

    Dans la philosophie selon sa notion scolastique, il faut faire deux parties : en premier lieu, une provision suffisante de connaissances rationnelles; d'autre part, une organisation systématique des connaissances, ou leur connexion dans l'idée d'un tout.

    Non seulement la philosophie permet une telle organisation strictement systématique, mais elle est la seule science qui possède, au sens le plus propre, une organisation systématique et qui donne à toutes les autres sciences une unité systématique.

    Mais s'agissant de la philosophie selon son sens cosmique (in sensus cosmico), on peut aussi l'appeler une science des maximes suprêmes de l'usage de notre raison, si l'on entend par maxime le principe interne du choix entre différentes fins.

    Car la philosophie en ce dernier sens est même la science du rapport de toute connaissance et de tout usage de la raison à la fin ultime de la raison humaine, fin à laquelle en tant que suprême, toutes les autres fins sont subordonnées et dans laquelle elles doivent toutes être unfifiées.

    Le domaine de la philosophie en ce sens cosmopolite se ramène aux questions suivant :

    • Que puis-je savoir ?
    • Que dois-je faire ?
    • Que m'est-il permis d'espérer ?
    • Qu'est-ce que l'homme ?

    À la première question répond la métaphysique, à la seconde la morale, à la troisième la religion, à la quatrième l'anthropologie. Mais au fond, on pourrait tout ramener à l'anthropologie, puisque les trois premières questions se rapportent à la dernière.

    Le philosophe dois donc pouvoir déterminer :

    • la source du savoir humain,
    • l'étendue de l'usage possible et utile de tout savoir, et enfin
    • les limites de la raison.

    Cette dernière détermination est la plus indispensable, c'est aussi la plus difficile, mais le philodoxe ne s'en préoccupe pas.

    Il y a principalement deux choses qui sont nécessaires au philosophe :

    • la culture du talent et l'habilité à en user à toutes sortes de fins,
    • l'adresse à se servir des tous les moyens en vue de toutes fins possibles.

    Il faut réunir les deux; car sans connaissance on ne deviendra jamais philosophe, mais jamais non plus les connaissances ne suffiront à faire un philosophe, si ne vient s'y ajouter une harmonisation convenable de tous les savoirs et de toutes les habiletés jointes à l'intelligence de leur accord avec les buts les plus élevés de la raison humaine.

    De façon générale, nul ne peut se nommer philosophe s'il ne peut philosopher. Mais on n'apprend à philosopher que par l'exercice et par l'usage qu'on fait soi-même de sa propre raison.

    Comment la philosophie se pourrait-elle, même à proprement parler, apprendre ? En philosophie, chaque penseur bâtit son œuvre pour ainsi dire sur les ruines d'un autre; mais jamais aucune n'est parvenue à devenir inébranlable en toutes ses parties. De là vient qu'on ne peut apprendre à fond la philosophie, puisqu'elle n'existe pas encore. Mais à supposer même qu'il en existât une effectivement, nul de ceux qui l'apprendraient, ne pourrait se dire philosophe, car la connaissance qu'il en aurait demeurerait subjectivement historique.

    Il en va autrement en mathématiques. Cette science eput dans une certaine mesure être apprise; car ici, les preuves sont tellement évidentes, que chacun peut en être convaincu; et en outre, en raison de son évidence, elle peut être retenue comme une doctrine certaine et stable.

    Celui qui veut apprendre à philosopher doit, au contraire, considérer tous les systèmes de philosophie uniquement comme une histoire de l'usage de la raison et comme des sujets d'exercice de son talent philosophique.

    Le vrai philosophe doit donc faire, en pensant par lui-même, un usage libre et personnel de sa raison et non imiter servilement. Mais il doit se garder également d'en faire un usage dialectique, c'est-à-dire un usage qui n'a d'autre fin que de donner à sa connaissance une apparence de vérité et de sagesse. C'est là procédé de simple sophiste, mais tout à fait incompatible avec la dignité de la philosophie qui connaît et enseigne la sagesse.

    Car la science n'a de réelle valeur intrinsèque que comme instrument de sagesse. Mais à ce titre, elle lui est à ce point indispensable qu'on pourrait dire que la sagesse sans la science n'est que l'esquisse d'une perfection à laquelle nous n'atteindrons jamais.

    Celui qui hait la science mais qui aime d'autant plus la sagesse s'appelle un misologue. La misologie naît ordinairement d'un manque de connaissance scientifique à laquelle se mêle une certaine sorte de vanité. Il arrive cependant parfois que certains tombent dans l'erreur de la misologie, qui ont commencé par pratiquer la science avec beaucoup d'ardeur et de succès mais qui non finalement trouvé dans leur savoir aucun contentement.

    La philosophie est l'unique science qui sache nous procurer cette satisfaction intime, car elle referme, pour ainsi dire, le cercle scientifique et procure enfin aux sciences ordre et organisation.

    En vue de nous exercer à penser par nous-mêmes et à philosopher, il nous faudra avoir égard davantage à la méthode mise en œuvre dans l'usage de notre raison qu'aux thèses elles-mêmes qu'elle nous aura permis d'établir.

    Kant, Logique.

    Pour ne pas confondre, comme il peut arriver, cette longue citation avec le recours à l'argument d'autorité (dont la forme générale correspond à cette thèse est vraie car un tel l'a dit), il peut être utile de montrer le caractère propre qui est aux principes de ce dernier. À cette fin, je citerai un passage du même ouvrage (pourquoi réinventer la roue ?) extrait du chapitre sur les préjugés et leurs sources :

    Préjugés de l'autorité — Parmi ceux-ci, il faut compter :

    a) le préjugé de l'autorité de la personne. — Lorsque, dans les matières qui se fondent sur l'expérience et le témoignage, nous bâtissons notre connaissance sur l'autorité d'autrui, nous ne nous rendons ainsi coupables d'aucun préjugé; car dans ce genre de choses puisque nous ne pouvons faire nous-mêmes l'expérience de tout ni le comprendre par notre propre intelligence, il faut bien que l'autorité de la personne soit le fondement de nos jugements. Mais lorsque nous faisons de l'autotité d'autrui le fondement de notre assentiment à l'égard de connaissances rationnelles, alors nous admettons ces connaissances comme simple préjugé. Car c'est de façon anonyme que valent les vérités rationnelles; il ne s'agit pas alors de demander : qui a dit cela ? mais bien qu' a-t-il dit ? Peu importe si une connaissance a une noble origine; le penchant à suivre l'autorité des grands hommes n'en est pas moins très répandu tant à cause de la faiblesse des lumières personnelles que par désire d'imiter ce qui nous est présenté comme grand. A quoi s'ajoute que l'autorité personnelle sert, indirectement, à flatter notre vanité. Ainsi les sujets d'un puissant despote s'enorgueillissent de ce qu'il les traite tous en même façon, du fait que l'inférieur peut s'imaginer égal au supérieur, dans la mesure où, face à la puissance illimitée de leur souverain, l'un et l'autre ne sont rien; de la même façon les admirateurs d'un grand homme s'estiment égaux dans la mesure où les avantages que l'un peut avoir sur l'autre doivent être tenus pour insignifiants au regard des mérites du grand homme. Aussi les grands hommes admirés ne favorisent pas peu, pour plus d'une raison, le penchant au préjugé de l'autorité de la personne.

    Le graissage dans la citation qui précède est de moi, et outre le fait qu'il souligne le principe qui est au rejet de l'argument d'autorité de la personne, il expose une des raisons pour laquelle je suis libriste et correspond en partie à l'injection bien connue : « show me the code ! ».

    Parmi les autres sources de préjugés, on en trouve une qui illustre à merveille les échanges présents :

    Préjugés d'amour-propre ou égoïsme logique, qui font qu'on tient l'accord de son propre jugement avec les jugements d'autrui pour un critère superflu de la vérité. Ils sont le contraire des préjugés d'autorité puisqu'ils se manifestent dans une certaine prédilection pour ce qui est un produit de notre propre entendement, par exemple de notre propre système.

    Est-il bon ou opportun de permmettre aux préjugés de se maintenir ou même de les favoriser ? Il est surprenant qu'à notre époque on puisse encore poser de telles questions, en particulier celle de savoir s'il faut favoriser les préjugés. Favoriser les préjugés de quelqu'un cela revient tout juste à le tromper dans une bonne intention. Laisser intacts des préjugés, passe encore; car qui peut faire son affaire de découvrir les préjugés de chacun et l'en défaire ? Mais qu'il ne doive pas être opportun de travailler de toutes ses forces à les extirper, c'est une toute autre question. Des préjugés anciens et fortement enracinés sont à coup sûr malaisés à combattre, car ils répondent d'eux-mêmes et sont pour ainsi dire leur propre juge. On cherche aussi à s'excuser de laisser les préjugés en place en prétendant qu'il n'est pas sans inconvénients de les extirper. Mais admettons toujours ces inconvénients, ils n'en amèneront que plus de bien dans la suite.

    Il n'est bien sûr pas question de rester passif et insensible devant les préjugés sexistes de la société contemporaine, ou de les laisser intacts en espérant que les mœurs changent d'elles-mêmes, mais de signaler que la réforme graphique proposée risque d'aller à l'encontre de son propre dessein; et de remarquer que les conseils prodigués par l'office québécois de la langue française sur la féniminisation des textes et la rédaction épicène semblent plus réfléchis et mesurés.

    Pour conclure en musique, et comme cmal semble apprécier Brassens, je proposerais Mourir pour des idées.

    Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeure
    Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
    Car, à forcer l'allure, il arrive qu'on meure
    Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain
    Or, s'il est une chose amère, désolante
    En rendant l'âme à Dieu c'est bien de constater
    Qu'on a fait fausse route, qu'on s'est trompé d'idée
    Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
    D'accord, mais de mort lente

    […]

    Des idées réclamant le fameux sacrifice
    Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
    Et la question se pose aux victimes novices
    Mourir pour des idées, c'est bien beau mais lesquelles ?
    Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
    Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau
    Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau
    Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
    D'accord, mais de mort lente

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Powershell et cURL - mauvaise volonté

    Posté par  . En réponse au journal PowerShell sur Linux. Évalué à 9.

    Pour le coup, j'ai été plus clair ?

    Oui et non.

    Finalement à te lire dans ce message, je ne suis pas convaincu qu'il y ait nécessairement des désaccords politiques fondamentaux entre nous. Tout au moins, je ne vois pas comment tu as pu arriver à cette conclusion. Ce que je reprochais, pour ma part, à ton commentaire initial est que si l'on en transcrit la méthode dans le domaine politico-juridique, la forme de ton message s'apparente grandement à un procès d'intention, une présomption de culpabilité, une instruction uniquement à charge avec pour sentence la mise à mort (même si, cela s'entend, elle se situe sur un plan symbolique et non physique).

    Je me suis alors permis de signaler que Daniel Stenberg, alors qu'il est lui même partie prenante dans l'affaire, avait pourtant lui-même signaler des éléments à la décharge de Microsoft en les introduisant par un To be honest. C'était là un signe de probité intellectuelle de sa part qui n'apparaissait pas dans les extraits que tu as choisis; et je suis désolé de te le dire, mais cette probité te faisait défaut dans les propos que tu as tenus en ton nom. Tu trouveras peut être que je m'attache trop à la forme, mais c'est lié à mon champ d'étude : je suis un formaliste pur jus, et le choix de mon pseudonyme n'est pas étranger à cela.

    Pour l'autre point, je ne suis toujours pas convaincu de la pertinence de cette écriture dite inclusive. Pour prendre, par exemple, le billet sur cafaitgenre.org. L'article est, je le reconnais, fort intéressant et bien argumenté mais l'auteure renvoie vers des recommandations de l'office québecois de la langue française dans son paragraphe sur les noms et adjectifs épicènes et la féminisation des déterminants. Mal lui en a pris, si je puis dire. Outre le fait que le lien ne renvoie pas à ce qu'elle indiquait, il m'a même mené jusqu'à des recommandations qui plaident contre vous deux : les graphies tronquées

    Les formes tronquées, c’est-à-dire modifiées par l’emploi de différentes marques graphiques (parenthèses, trait d’union, barre oblique, point, virgule) ou encore par le recours à la majuscule, sont fortement déconseillées.

    La façon d’écrire les noms féminins et les noms masculins est très importante puisqu’elle contribue à rendre la lecture facile ou difficile. Toute irrégularité, tout écart par rapport à la graphie habituelle d’un mot gêne la lecture et nuit à la compréhension. Il faut donc écrire en entier les formes masculine et féminine des mots.

    S'en suit une série d'exemples de graphies à éviter. Je t'accorde qu'il n'aborde pas le cas du point médian, mais il souffre du même défaut que les autres : il gêne la lecture et nuit à la compréhension.

    N'ayant pas le temps de développer plus mon propos, je conclurais, moi aussi, par un entretien d'un linguiste français sur le site de l'Express : Imposer sa langue, c'est imposer sa pensée. J'en retirerais cette réponse qu'il fait au journaliste quand ce dernier est étonné du reproche d'imprecision fait à la langue anglaise :

    Voyez la diplomatie, avec la version anglaise de la fameuse résolution 242 de l'ONU de 1967, qui recommande le "withdrawal of Israel armed forces from territories occupied in the recent conflict". Les pays arabes estiment qu'Israël doit se retirer "des" territoires occupés - sous-entendu : de tous. Tandis qu'Israël considère qu'il lui suffit de se retirer "de" territoires occupés, c'est-à-dire d'une partie d'entre eux seulement.

    L'exemple ne sera pas sans te rappeler le « we got bug reports from confused users » de l'article de Daniel Stenberg. Vois tu, il n'y a pas que des problèmes d'ambiguïté sur les genres, ceux sur les nombres peuvent être lourds de conséquence. Et là, cette guerre tue réellement des hommes, des femmes et des enfants.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Powershell et cURL - mauvaise volonté

    Posté par  . En réponse au journal PowerShell sur Linux. Évalué à 4.

    Tu as bien lu, merci pour la correction (je la fais souvent cette erreur de traduction mais ça ne veut pas rentrer). ;-)

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Powershell et cURL - mauvaise volonté

    Posté par  . En réponse au journal PowerShell sur Linux. Évalué à 6.

    Loin de moi l'idée de dire que tous les gens qui travaillent chez Microsoft sont des ignominies ; je suis simplement forcé de constater que peu ont adopté une attitude sereine et constructive face à un problème qu'ils ont eux-mêmes introduit.

    C'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Tant des tels propos révèlent une attitude sereine et constructive :

    Mort à Microsoft, et à tout le Business. Vive la coopération libre et volontaire !

    Pour quelqu'un qui a lu la discussion sur github, tu aurais pu méditer un peu plus la mise à jour du message initial de Daniel Stenberg :

    Update: Stay polite and to the point when commenting here. This pull-request is not an excuse to be rude or off-topic.

    À croire que les fanboys aux propos exagérés et outranciers n'est pas l'apanage de Microsoft. ;-)

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Powershell et cURL - mauvaise volonté

    Posté par  . En réponse au journal PowerShell sur Linux. Évalué à 10. Dernière modification le 21 août 2016 à 17:26.

    Qu'un développeur de curl veuille se faire mousser c'est une chose, mais bon…

    Ce n'est pas tout à fait cela. La présentation de cmal est loin d'être neutre, et il ne s'est pas limité au simple travail de rapporteur : je n'ai pas pour habitude de tirer sur le messager, mais là il s'est abstenu de rapporter la totalité des faits et cela sans doute à dessein (comme son recours à l'écriture « inclusive » dans sa traduction qui ne se trouve pas dans l'original en anglais).

    Le billet de blog se conclue ainsi :

    To be honest, I didn’t expect them to merge it easily. I figure they added those aliases for a reason back in the day and it seems unlikely that I as an outsider would just make them change that decision just like this out of the blue.

    But the story didn’t end there. Obviously more Microsoft people gave the PR some attention and more comments were added. Like this:

    “You bring up a great point. We added a number of aliases for Unix commands but if someone has installed those commands on WIndows, those aliases screw them up.

    We need to fix this.”

    So, maybe it will trigger a change anyway? The story is ongoing…

    Traduction libre :

    Pour être honnête, je ne m'attendais pas à ce qu'ils fusionnement sans difficulté. Je m'imagine qu'ils ont ajouté ces alias avec raison dans le passé, et il semble peu probable que moi, en tant que personne externe, je les ferais changer cette décision de but en blanc.

    Mais l'histoire ne s'arrête pas ici. Évidemment certains personnes, chez Microsoft, ont porté une attention à cette proposition et d'autres commentaires ont été ajouté. Comme celui-ci :

    « Vous touchez un point important. Nous avons ajouté de nombreux alias pour les commandes Unix mais si quelqu'un a installé ces commandes sur Windows, ces alias les écrasent.

    Nous devons fixer cela. »

    Donc, peut-être cela amènera un changement, qui sait ? L'histoire continue…

    Le graissage est de moi dans la traduction. Cela étant, la PR a été refusée pour des raisons de compatibilité ascendante, mais ils sont conscients du problème et réfléchissent à un moyen de corriger cela. Ce n'est pas un refus de principe, mais la proposition est contraire à leurs procédures internes pour incorporer de telles modifications :

    We are rejecting this PR as it introduces "Unacceptable Changes", see our breaking change contract.

    If you disagree with this resolution, you will need to start an RFC
    cf la réponse à la requête de tirage

    Traduction libre :

    Nous rejetons cette PR car elle introduit des « changements inacceptables », voir notre contrat pour les changements incompatibles.

    Si vous êtes en désaccord avec cette décision, vous devez ouvrir une RFC.

    Pour ce faire un avis complet, et personnel, sur le sujet m'est avis qu'il vaut mieux aller lire le billet de blog ainsi que la discussion sur github. ;-)

    On peut noter, dans une volonté de résoudre le problème, cette solution temporaire proposée :

    THIS IS NOT A FIX - but if you want to get rid of them for now, you can just add the following to your profile:
    Remove-Item Alias:Curl
    Remove-Item Alias:WGet

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Black book ?

    Posté par  . En réponse au journal Effort de traduction en français, c'est moi oui il y en a de moins en moins?. Évalué à 1. Dernière modification le 20 août 2016 à 11:36.

    À dire vrai, je ne l'ai jamais lu ni n'ai commencé sa lecture; je ne connaissais même pas son existence avant ce journal. J'ai fait une recherche avec les termes « black book programming » et c'est le premier ouvrage sur lequel je suis tombé (j'en ai déduit qu'il devait être le plus populaire). ;-)

    Chez google il sort en premier chez moi; tandis que chez duckduckgo si une version pdf sort en premier, les sources sur github et la version html arrivent bien plus loin.

    Le concept de black book existe aussi pour les langages : What is a black book for a programming language ? sur quora (en anglais). Je ne sais pas, au fond, auquel de ces ouvrages faisait référence l'auteur du journal.

    Une compétence utile que l'on soit ou non développeur : savoir utiliser un moteur de recherche. ;-)

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.