Posté par Yth (Mastodon) .
Évalué à 10.
Dernière modification le 30 juillet 2024 à 10:07.
J'aime bien l'analyse, et les mots trouvés pour décrire la situation.
En résumé rapide :
le capitalisme c'est investir dans des moyens de productions, faire bosser des gens, et s'enrichir sur les profits générés ;
le féodalisme c'est posséder des lieux de production, les louer, et laisser faire les capitalistes en augmentant le loyer autant que possible.
Et nos sociétés basculent de plus en plus du capitalisme (qui a un fort facteur risque) vers le féodalisme (qui n'en a pas beaucoup, tu peux toujours louer à quelqu'un d'autre).
Et donc les entreprises capitalistes cherchent toutes les solutions possible pour évoluer vers le féodalisme, et devenir rentières. L'exemple de Microsoft étant le plus flagrant, qui vit des rentes de ses logiciels très largement au delà de leurs valeurs.
Et la propriété intellectuelle, et bien c'est un moyen pour ces entreprises capitalo-féodaliste (NdM: c'est moi qui fait ce barbarisme) de te louer la façon dont tu utilises ce que tu as acheté.
Et sous des couverts de protéger les gens, les lois sur l'IP (Intellectual Property) les asservissent.
Littéralement dans le texte, ça parle de serfs, de servage, c'est du féodalisme.
Les conflits autour de Battle.net contre les joueurs qui trichent ont permis à Blizzard d'empêcher des Bnet concurrents d'émerger, et au final restreignent la façon dont on peut jouer à leurs jeux.
Des flics essaient d'empêcher des vidéos d'arrestations d'être diffusées en chantant des chansons sous copyright de Disney ou de Taylor Swift (NdM: « Libérée, délivrée, tu ne posteras plus jamaiiis ! Le co-py-right t'as en-..-lé… », bref).
La fin de l'Internet Archive sous des dehors de Propriété Intellectuelle permet en fait de faire retourner dans l'oubli les « erreurs de jeunesse » de politiciens - les détails de leurs histoires respectives - dont des anciens messages, vidéos, etc, un peu trop loin au delà de la ligne devraient pourrir leurs chances de mentir sereinement à l'avenir.
Des outils de modification à la volée de la mémoire de ton ordinateur pour tricher dans un jeu vidéo sont accusés de violer la propriété intellectuelle générée à la volée par ton jeu lors de son exécution, en générant une œuvre dérivée.
Et là c'est un site web qui s'en prend à AdBlock parce que ça modifie à la volée l'affichage de la page sur ton navigateur à toi, et donc génère une œuvre dérivée de leur page web, sans les pubs, et donc enfreindrait leur propriété intellectuelle.
Et derrière, leur pouvoir féodaliste de te pourrir la vie avec leurs revenus publicitaires de rentiers.
Yth, traditionnellement en France, on réuni les féodalistes en place de grève pour leur faire perdre la tête…
J'ai découvert récemment par hasard un très bel exemple d'entreprise qui est devenu quasi 100% du business "propriété intellectuelle" après toute une histoire dans la production: Thomson.
Cette entreprise a une histoire industrielle très longue (plus d'un siècle) dans l'électronique, l'électroménager, un peu de diversification mais rien d'extravagant. Évidemment divers achats lors de cette longue histoire, rien de trop étonnant.
Mais le plus étonnant fut qu'ils ont commencé à vendre toutes leurs entreprises industrielles à partir de 2005 (cf. Wikipédia):
Le groupe Thomson est sorti ensuite progressivement des activités de l’électronique grand public tout en restant propriétaire de la marque Thomson : en 2005, il a cédé ses activités téléviseurs au groupe chinois TCL, processus engagé dès 2004, et ses activités tubes cathodiques au groupe indien Videocon. Ses activités audio/vidéo et accessoires ont été cédées en 2007.
Et apparemment, toujours d'après Wikipédia (j'ai pas fait de recherche plus approfondie), l'entreprise ne fait plus que de la cession de marques à diverses autres entreprises (c'est à dire que ces autres entreprises fabriquent les machines et achètent le droit de vendre sous marque Thomson). C'est donc une entreprise qui aurait totalement réussi son passage du capitalisme vers le féodalisme (pour reprendre les termes de l'article). Ils ont commencé en tant que producteur, et maintenant ils ne font plus que vendre leur nom qui a une réputation d'un siècle. Ils vivent entièrement de rentes sans plus jamais avoir besoin de "mettre les mains dans le cambouis".
Perso si confirmé, je trouve cela assez effrayant comme modèle de société avec des entreprises qui ne vivent que de la "location" de leur nom (et arrivent à rester d'énormes sociétés avec juste ça comme business!), et ça me fait un peu peur sur la qualité des produits (même si Wikipédia dit que Thomson continue d'effectuer des contrôles qualité sur les produits vendus à leur nom, c'est quand même pas la même implication et il y a aussi perte de compétence évidente à n'être que des vérificateurs vs. des constructeurs).
Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]
Sauf erreur de ma part, dans les cas comme Thomson ça ressemble plus à une fuite en avant dans le gabegisme, ou le nimportequoitisme, d'un management avide de bingo : comme beaucoup d'industriels, à force de financiarisation ils ont totalement perdu pied dans leurs métiers productifs, et l'élite (c'est-à-dire le groupe d'incompétent survivant ayant fait couler l'activité productive, ou leurs descendants) tente de survivre sur un radeau de propriété intellectuelle.
C'est juste ce dernier mot qui fait le point commun avec ce que décrit C. Doctorow. Mais ça souligne à quel point les législations ont vu un glissement permettant à quasiment n'importe quoi, sans aucun bénéfice pour le bien commun, de se glisser dans les niches fort généreuse de l'IP.
Le glissement du capitalisme vers le féodalisme en question dans les tribunes sur pluralistic concerne surtout des entreprises s'étant vu laisser les mains libres pour conquérir des positions de monopole (en vertu des Reaganomics aux USA et chez leurs alliés), et qui les convertissent en mottes féodales selon le processus bien décrit dans le lien.
# Belle analyse
Posté par Yth (Mastodon) . Évalué à 10. Dernière modification le 30 juillet 2024 à 10:07.
J'aime bien l'analyse, et les mots trouvés pour décrire la situation.
En résumé rapide :
Et nos sociétés basculent de plus en plus du capitalisme (qui a un fort facteur risque) vers le féodalisme (qui n'en a pas beaucoup, tu peux toujours louer à quelqu'un d'autre).
Et donc les entreprises capitalistes cherchent toutes les solutions possible pour évoluer vers le féodalisme, et devenir rentières. L'exemple de Microsoft étant le plus flagrant, qui vit des rentes de ses logiciels très largement au delà de leurs valeurs.
Et la propriété intellectuelle, et bien c'est un moyen pour ces entreprises capitalo-féodaliste (NdM: c'est moi qui fait ce barbarisme) de te louer la façon dont tu utilises ce que tu as acheté.
Et sous des couverts de protéger les gens, les lois sur l'IP (Intellectual Property) les asservissent.
Littéralement dans le texte, ça parle de serfs, de servage, c'est du féodalisme.
Et là c'est un site web qui s'en prend à AdBlock parce que ça modifie à la volée l'affichage de la page sur ton navigateur à toi, et donc génère une œuvre dérivée de leur page web, sans les pubs, et donc enfreindrait leur propriété intellectuelle.
Et derrière, leur pouvoir féodaliste de te pourrir la vie avec leurs revenus publicitaires de rentiers.
NdM : Note de Moi.
[^] # Re: Belle analyse
Posté par Jehan (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 8.
J'ai découvert récemment par hasard un très bel exemple d'entreprise qui est devenu quasi 100% du business "propriété intellectuelle" après toute une histoire dans la production: Thomson.
Cette entreprise a une histoire industrielle très longue (plus d'un siècle) dans l'électronique, l'électroménager, un peu de diversification mais rien d'extravagant. Évidemment divers achats lors de cette longue histoire, rien de trop étonnant.
Mais le plus étonnant fut qu'ils ont commencé à vendre toutes leurs entreprises industrielles à partir de 2005 (cf. Wikipédia):
Et apparemment, toujours d'après Wikipédia (j'ai pas fait de recherche plus approfondie), l'entreprise ne fait plus que de la cession de marques à diverses autres entreprises (c'est à dire que ces autres entreprises fabriquent les machines et achètent le droit de vendre sous marque Thomson). C'est donc une entreprise qui aurait totalement réussi son passage du capitalisme vers le féodalisme (pour reprendre les termes de l'article). Ils ont commencé en tant que producteur, et maintenant ils ne font plus que vendre leur nom qui a une réputation d'un siècle. Ils vivent entièrement de rentes sans plus jamais avoir besoin de "mettre les mains dans le cambouis".
Perso si confirmé, je trouve cela assez effrayant comme modèle de société avec des entreprises qui ne vivent que de la "location" de leur nom (et arrivent à rester d'énormes sociétés avec juste ça comme business!), et ça me fait un peu peur sur la qualité des produits (même si Wikipédia dit que Thomson continue d'effectuer des contrôles qualité sur les produits vendus à leur nom, c'est quand même pas la même implication et il y a aussi perte de compétence évidente à n'être que des vérificateurs vs. des constructeurs).
Film d'animation libre en CC by-sa/Art Libre, fait avec GIMP et autre logiciels libres: ZeMarmot [ http://film.zemarmot.net ]
[^] # Re: Belle analyse
Posté par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ (site web personnel) . Évalué à 5.
Sauf erreur de ma part, dans les cas comme Thomson ça ressemble plus à une fuite en avant dans le gabegisme, ou le nimportequoitisme, d'un management avide de bingo : comme beaucoup d'industriels, à force de financiarisation ils ont totalement perdu pied dans leurs métiers productifs, et l'élite (c'est-à-dire le groupe d'incompétent survivant ayant fait couler l'activité productive, ou leurs descendants) tente de survivre sur un radeau de propriété intellectuelle.
C'est juste ce dernier mot qui fait le point commun avec ce que décrit C. Doctorow. Mais ça souligne à quel point les législations ont vu un glissement permettant à quasiment n'importe quoi, sans aucun bénéfice pour le bien commun, de se glisser dans les niches fort généreuse de l'IP.
Le glissement du capitalisme vers le féodalisme en question dans les tribunes sur pluralistic concerne surtout des entreprises s'étant vu laisser les mains libres pour conquérir des positions de monopole (en vertu des Reaganomics aux USA et chez leurs alliés), et qui les convertissent en mottes féodales selon le processus bien décrit dans le lien.
« IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace
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