kantien a écrit 1190 commentaires

  • [^] # Re: Méconnaissance

    Posté par  . En réponse au journal Compilateur et Monad Reader. Évalué à 1. Dernière modification le 25 novembre 2015 à 15:04.

    Effectivement, je ne vois pas trop où tu veux en venir.

    Apparemment ton sujet (d'après le lien que tu fournis) est d'écrire un compilateur pour un sous-ensemble du C. L'analyse syntaxique et la construction de l'AST est déjà faite, tu dois juste t'occuper de la génération du code assembleur. Avec ces contraintes, je ne vois toujours pas où est la nécessité de recourir au monad reader, ni à des extensions ou bibliothèques tierces.

    Cet ouvrage (Le langage Caml) pourrait te donner des pistes de réflexions, en particulier les chapitres suivants :

    • Chap 14 : Simulation d'un processeur (développement d'un simulateur de pico-processeur de type RISC avec son langage d'assemblage)
    • Chap 15 : Compilation de mini-Pascal (compilation d'un sous-ensemble de Pascal pour le processeur du chapitre précédent)
    • Partie III : Implémentation en Caml d'un langage mini-Caml (ou l'art du bootstrapping)

    Le livre date un peu, 1993 (deuxième édition de 2009), mais les problématiques abordées collent parfaitement à ton problème; de plus les auteurs sont : Pierre Weis et Xavier Leroy (le BDFL d'OCaml). ;-)

    En espérant que cela te soit utile pour ton projet.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Pensées ou prières

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 2.

    Le passage qui débute sur l'origine étymologique des termes avait seulement pour but d'introduire ma blague sur Skippy. ;-)

    Sur le schisme introduit par Vatican II, ou les distinctions entre catholiques et protestants, je te rejoins. Elle ne me concerne guère, ne me rattachant à aucune organisation particulière.

    Par contre, là, je dit non :

    C'est un peu comme logiciel libre et open source. Les termes catholique et universel sont littéralement synonymes, mais utilisés pour désigner des choses distinctes

    Il n'y a qu'une seule Église universelle et libre, c'est l'Église d'Emacs, dont RMS est le prophète, qui a pour mission de lutter de toute ses forces contre les suppôts de vi : le chiffre de la Bête ! :-P

    Pour redevenir plus sérieux, les termes éthique et morale sont synonymes, mais on les utilise aussi pour désigner des choses distinctes :

    Les termes "éthique" et "morale" ont des sens proches et sont souvent confondus. L'éthique est plutôt la science et l'étude de la morale.

    On distingue en général deux grandes conceptions de la morale :

    • Objectiviste. Les lois morales ne dépendent pas de l'homme mais des lois de la nature, de "commandements divins" ou des lois de la raison. Elles ont un caractère universel, éternel, absolu, normatif. Elles ne peuvent être ni changées ni supprimées.
    • Relativiste. Les valeurs morales ont une origine humaine. Elles sont définies par la société ou par l'individu lui-même et varient donc d'une société à l'autre.

    Comme je fais partie des objectivistes, en plaçant la raison au fondement des lois morales, je ne distingue pas les deux termes.
    Par contre, des personnes comme zenitram ou fearan, qui sont relativistes, utiliseront le terme morale pour désigner la position des objectivistes (quelqu'en soit le fondement) qu'il rejette; là où ils accepteront le terme éthique pour désigner leur position, en se référant aux mœurs, us et coutumes, de tel individu ou de telle société, tout en lui déniant toute prétention à l'universalité dans les principes.

    Il y a fort à parier que, sur le plan de la philosophie du Droit, ils se rattachent au courant de pensée positiviste et non au courant jusnaturaliste. Ce sont là des disputes philosophiques vieilles comme le monde, elles ne sont pas prêtes de s'éteindre.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: La question que personne ne pose…

    Posté par  . En réponse au journal [HS] Ils ont gagné cette bataille. Évalué à 1.

    Encore une fois ce n'est pas contre toi, mais l'appréhension d'entendre (lire) certaines choses.

    À sa décharge, ton message présentait toutes les caractéristiques d'une instruction à charge, avec en filigrane un bon procès d'intention.

    Un peu comme le gouvernement qui par appréhension de voir certains évènements se produire a réclamé l'état d'urgence, avec prorogation de trois mois, pour taper le premier, sans justifier de ses preuves devant un juge, pour voir si ses craintes étaient bien fondées…

    Entre craindre de lire des propos, ou d'avoir de nouveaux morts, ce n'est pas étonnant si l'état d'urgence est passé comme une lettre à la poste. ;-)

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Pensées ou prières

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 1.

    le Vatican, qui est un peu hors sujet, parce que c'est plus une cité administrative qu'un pays où des gens naissent et habitent.

    Pas si hors-sujet que cela. C'est un peu comme le siège du gouvernement du royaume de Dieu, où le Pape serait l'équivalent du Premier Ministre, tandis que le souverain de ce royaume est Dieu lui-même qui réunie les trois pouvoirs dans sa propre personne (le Père en tant législateur, le Fils en tant qu'exécuteur de la Loi de son Père, et le Saint Esprit qui juge).

    La différence avec les autres théocraties qui tu cites, c'est qu'il ne s'agit pas ici de l'union d'un peuple sous des lois juridico-politiques pour constituer un État (dont la constitution serait théocratique, comme l'est aussi Israël où la Torah fait partie intégrante de la constitution); mais d'une union d'hommes sous des lois éthiques : la communauté n'est pas politique mais éthique.

    Il faut dire, pour reprendre les polémiques éthique vs morale, que les catholiques n'arrangent pas les choses en mélangeant les langues. Éthique vient du grec ethikos, signifiant morale, et de ethos les mœurs; là où le mot morale est issu du latin mores : moeurs, conduite, manière d'agir, genre de vie, habitude. Tandis que catholique est d'origine grecque, et son équivalent latin est universel. Vous devriez donc dire :

    • nous sommes l'Église catholique union du genre humain sous de lois éthiques; ou bien,
    • nous sommes l'Église universelle union du genre humain sous des lois morales.

    Parce qu'avec ce mélange de langue, vous pouvez perturber certains de vos adeptes :

    un intégriste catholique, c'est un type qui va assister à des messes en latin.

    jusqu'au jour où il approfondit sa démarche jusqu'à rencontrer Skippy le Grand Gourou :

    En ce qui me concerne, j'étais catholique, j'étais lié au mouvement intégriste : revenir au messe en latin me semblait un pas vers la purification. Et puis j'ai appris qu'avant les messes en latin, les messes étaient dites en grec; alors j'ai créé un groupuscule encore plus intégriste. Et puis un jour j'ai appris que Jésus, avant, était juif au départ; vous imaginez dans quel désarroi spiritique je me suis retrouvé. Et puis j'ai rencontré Skippy, et depuis j'ai découvert une totale liberté de pensée cosmique vers un nouvel âge réminiscent.

    :-P

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Méconnaissance

    Posté par  . En réponse au journal Compilateur et Monad Reader. Évalué à 2.

    J'ai toujours le sentiment que, comme te l'a écrit Drup, tu forces des idiomes haskellien en OCaml :

    Et tu ne t'es dit a aucun moment que peut être, juste peut être, tu essayais de forcer les idiomes haskell en OCaml ?

    La monade reader est un artifice Haskellien pour palier aux restrictions sur les effets de bords. Elle ne sert rigoureusement a rien en caml.

    Les monades sont nécessaires en Haskell, entre autre, parce qu'il n'y a pas de paradigme impératif dans ce langage; en OCaml cet usage est inutile. Si tes fonctions ont une sortie de type unit, alors chaîne les avec le point-virgule ;. Tu peux toujours les encadrés dans un bloc begin ... end, si tu veux visualiser cette structure de bloc d'enchaînement de procédure.

    Ensuite, multiplier les fonctions anonymes à tout va, c'est laid et cela rend le code difficilement compréhensible. Je préfère l'usage du let ... in pour les définitions locales, ou dans les cas étudiés dans ton article les lambda sont inutiles : réutiliser le nom de la fonction prédéfinie (ce qui s'étend aux applications partielles). Les lambda (ou dans ma préférence les let ... in) n'ont d'intérêt que si la définition est « complexe », c'est pour cela que dans les exemples de ton journal elles ne servaient à rien.

    Enfin, j'exprime, ici, non le point de vue d'une programmeur-développeur en OCaml, mais celui d'un mathématicien-logicien. Lorsque je lis du code OCaml, je le fais à travers le prisme de la correspondance de Curry-Howard (ou correspondance preuve-programme). Du code, de ce point de vue, n'est rien d'autre que la preuve d'un énoncé (les types OCalm sont un sous-ensemble de la logique propositionnelle du second ordre). Une fonction est un énoncé qui prend des prémisses d'un certain type et renvoie une conclusion d'un certain type.

    De ce point de vue, les fonctions locales (ou lambda fonctions, fonctions anonymes…) sont l'analogue des lemmes : leur donner un nom, par l'intermédiaire d'un let ... in, ou en les définissant dans l'espace de nom du module, permet au lecteur d'en comprendre plus aisément la signification.
    Si son rôle est celui d'un statut de lemme, il n'est pas nécessaire de l'exporter dans l'interface du module, interface qui ne présentera que les propositions et théorèmes importants qu'il contient.
    Ainsi, l'approche fonctionnelle par composition des opérateurs permet de mieux appréhender les raisonnements effectuer par le développeur, et de raisonner sur le code lui-même.

    Le problème n'est pas de résoudre ce que tu as exprimé ainsi :

    (* 
     * sans la notation infixe on perd ~ 4 caractères à la louche,
     * quelle victoire !
     *)

    mais de pouvoir comprendre facilement, à la lecture, le raisonnement de l'auteur. Une preuve tout à fait correcte, mais illisible, voire incompréhensible n'est pas d'une grande utilité. Et pour tout te dire, à la lecture de ton journal, j'ai du m'y reprendre à plusieurs fois pour comprendre où tu voulais en venir. ;-)

    Un exemple intéressant, de ce point de vue, est l'article de Gérard Huet sur le zipper. Que ce soit dans la définition de ses structures combinatoires, dans les fonctions qu'il définit (propositions qu'il prouve), les pattern matching comme raisonnement par cas… la lecture du code est limpide. :-)

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Inquiétude partagée

    Posté par  . En réponse au journal [HS] Ils ont gagné cette bataille. Évalué à 4.

    surtout des journalistes à l'égard de Michel Onfray

    Je ne suis pas un partisan de Onfray, loin de là (à l'en croire, Kant était un antisémite légitimant l'infanticide), mais le lynchage médiatique qu'il subit me laisse pantois.

    Enfin, de son propre aveu, il a les épaules pour encaisser les reductio ad hitlerum dont il peut faire l'objet (il n'a plus trente ans). Cela le fait plutôt doucement sourire, comme le montre son tweet.

    Au sujet de son positionnement contre les frappes en Syrie, on pourra lire cette interview d'un ancien membre des renseignements : Après les attentats, quel « pacte de sécurité » pour la France ?

    Il me semble nécessaire de ne pas se précipiter et de réfléchir aux objectifs à atteindre : comment gagner la guerre contre l’État islamique sans envoyer de troupes au sol en Syrie et en Irak ? Ces derniers jours, rares ont été les voix qui ont pu se faire entendre dans ce concert belliqueux pour rappeler des éléments simples de théorie politique, et mettre en garde sur une utilisation abusive du terme « guerre ».

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Mauvais choix ?

    Posté par  . En réponse au journal Jolla va mal. Évalué à 3.

    Déjà, ne pas jouer la carte du 100% Open Source est une erreur.

    Le Sailfish OS aurait-il gardé un côté selfish qui lui a joué un mauvais tour ?

    Désolé pour le jeu de mots douteux, mais je n'ai pas pu m'en empêcher. :-P

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Ca va moinsser grave

    Posté par  . En réponse au journal [HS] Ils ont gagné cette bataille. Évalué à 3.

    Soit, je m'étais fié à son message du 23 octobre de cette année où il dit :

    Je ne suis pas sur Twitter.

    N'étant pas su twitter, et ne le lisant jamais, je me fiais au publication de son blog. Là dessus, je ne le comprends pas. Il a dû succombé à la pression de nombres de ses aficionados qui le suivaient sur ce réseau. Alors que j'étais heureux de pouvoir le relire dans des textes construits et développés, je n'irais pas le suivre sur des messages de 140 mots : rien à voir, passe ta route !

    En ce qui te concerne, je n'en pense pas moins de ta personne : ignorant imbu de lui même, qui se donne des grands airs mais qui ne regarde que son nombril, tout en soutenant le contraire; mais bon, il paraîtrait, selon les propos ici tenus, que je doive trouver ta prose réfléchie et argumentée. Ne serais-tu pas plutôt laviestbelle avec vingt ans de plus, mais sans progrès significatifs ?

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Ca va moinsser grave

    Posté par  . En réponse au journal [HS] Ils ont gagné cette bataille. Évalué à 1. Dernière modification le 22 novembre 2015 à 20:10.

    Le rapport?
    (legolas != Maitre Eolas, j'avoue ne pas voir le rapport)

    Effectivement, j'ai lu trop vite. C'est lié à mon mode de lecture. Tu renvoies dans ton journal au compte twitter d'eolas (qu'il a abandonné), juridiquement j'aime bien le lire, les mots « legolas » et « eolas » sont syntaxiquement proches, j'ai confondu. Mea culpa !

    Je me sens plus procureur que juge, donc ça va.
    (en quoi je me veux juge? source?)

    Que tu te sentes plus procureur que juge, tout en voulant avoir la fonction du second, est bien là ce qui me laisse perplexe.
    Source : ton œuvre en ces lieux. Comme tout procureur, tu rêves en secret de prendre la place du juge. Tel Iznogoud qui rêve d'être « calife à la place du calife ».

    trop peu précis (je ne vois pas ce que tu voulais que je dise sur ton message), trop tôt (trop à chaud).
    Note que ce journal n'est pas daté du 15, et ce n'est pas pour rien.

    Ce que je voulais dire est simple, et non trop à chaud, c'est que le risque est de voir, à terme, un renversement de la subordination des pouvoirs; ordre dans lequel la force publique (exécutif) ne demande pas l'autorisation au législatif (par l'intermédiaire du juge) pour agir. Et les discussions ont même couru dans la semaine, au sein de la classe politique, sur une modification de la constitution pour permettre d'accéder, plus facilement, à notre Président à un statut proche des pleins pouvoirs.
    Si je ne crains pas trop de l'usage que pourrait en faire ce gouvernement, je m'interroge tout de même de rendre cette procédure constitutionnelle.
    Sur la question de date des messages : à chacune sa vitesse d'analyse sur les problématiques politiques.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Ca va moinsser grave

    Posté par  . En réponse au journal [HS] Ils ont gagné cette bataille. Évalué à 6.

    Je partage une partie du sentiment de zenitram, mais les débats que j'ai eu dernièrement avec lui me laisse, comment dire, interrogatifs.

    une argumentation correctement construite.

    Cela reste discutable. Comme sur l'autre sujet, il en reste à la question de faits. Tel est le contenu de ces liens. Il en tire, certes, des conclusions, mais où est donc la question de droit ?

    Je ne sais si le compte auquel tu réponds et celui du véritable éolas, mais mon attitude sur l'autre fil est grandement inspiré de ces questions :

    Je suis désolé de le dire, mais il brandit les droits de l'homme, et pourtant, en permanence, dans son attitude argumentative, il les foule au pied !!! Voulant contredire ses interlocuteurs, il se comporte comme un procureur qui se veut juge : autrement dit, l'exécutif qui prend le dessus sur le législatif; ce qui est, justement, ce qu'il dénonce dans son journal. C'est l'hôpital qui se fout de la charité !

    Et au lieu de troller, ce qui semble être son sport favori, il aurait pu, également, apporté son point de vue sur l'état d'urgence (un des premiers messages du fil, les événements étaient récents, j'ai eu peur pour nombre de mes proches avant d'avoir des nouvelles rassurantes, et pourtant j'ai su gardé la tête froide et être lucide sur l'action de notre gouvernement).
    Dans mon cas, je ne crois pas juger à l'emporte pièce.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Lien

    Posté par  . En réponse au journal Compilateur et Monad Reader. Évalué à 2.

    La monade reader est un artifice Haskellien pour palier aux restrictions sur les effets de bords. Elle ne sert rigoureusement a rien en caml.

    C'est on ne peut plus vrai. OCaml est multi-paradigme, ce qui est, je pense, un avantage. De plus, la persistance ne veut pas dire sans « effet de bord » mais « observationellement immuable », comme l'on fait ici MM. Cochon et Filliâtre pour le problème union-find (avec preuve en coq de la persistance de la structure de données).

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Méconnaissance

    Posté par  . En réponse au journal Compilateur et Monad Reader. Évalué à 5. Dernière modification le 22 novembre 2015 à 16:31.

    Je ne répond pas pour ajouter quelque chose au commentaire de Dinosaure, mais pour interroger ceux qui l'ont moinsé ? Why ?

    Pour rappel, Dinosaure est l'organisateur des rencontres OCaml User In Paris et donc un développeur OCaml expérimenté.

    Sa réponse était certes lapidaire, mais on ne peut plus juste.
    Ainsi, après avoir définit son opérateur infixe, le code d'aluminium95 :

    (* Et on peut les composer sans passer explicitement le contexte *)
    let push_var_on_stack s = 
        bind get_var_addr (* chaine la fonction get_var_addr *)
             (fun addr -> 
                  pushq addr);;

    devient

    let ( >>= ) = bind;;
    
    let push_var_on_stack s = get_var_addr s >>= pushq;;

    comme proposé par le tout premier commentaire, c'est plus compliqué que la notation do ?

    En programmation fonctionnelle, on manipule des fonctions et des opérateurs, et donc on les compose (comme en mathématique). On utilise la notation infixe pour les opérateurs de composition, comme le pipe du shell qui en OCaml se définit usuellement :

    let ( |> ) f g = g f;;
    
    (* exemple *)
    # [1; 2; 3] |> List.map (( + ) 2);;
    - : int list = [3; 4; 5]

    Là où son code Haskell final était :

    -- Et on peut les composer sans passer explicitement le contexte
    push_var_on_stack s = do 
                             addr <- get_var_addr s 
                             pushq addr

    Autrement dit on applique la sortie de get_var_addr à pushq, ce qu'exprime justement l'opérateur bind, ou sa version infixe >>=.

    Je maintiens que la notation infixe est bien plus compréhensible et lisible quand on raisonne d'un point de vue fonctionnel.
    D'une ce n'est pas plus long à écrire, et un code est bien plus souvent lu qu'il n'est écrit.
    De deux, aluminium écrit trop :

    (* écrire *)
    
    let _ = fun addr -> pushq addr;;
    
    (*ou écrire *)
    pushq;;
    
    (* c'est du pareil au même, son code de base étant donc *)
    let push_var_on_stack s = 
        bind (get_var_addr s) pushq;;
    
    (* et en notation infixe *)
    let push_var_on_stack s = (get_var_addr s) >>= pushq;;

    Un traitement séquentiel n'est rien d'autre qu'une composition de fonctions et d'opérateurs, pourquoi nommé localement le résultat d'une sortie pour le réaffecter immédiatement dans l'entrée de l'opérateur suivant ? Autant dire : je compose les opérateurs.

    @ aluminium95 : comme tu es en première année de l'ENS cachan, et donc en région parisienne, un petit tour au OUPS pourrait t'intéresser. À voir avec Dinosaure si le niveau est accessible à un L1.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 0.

    Pour ceux qui ont la foi en Dieu, il représente tout ce qui restera toujours au delà de notre compréhension, hors des limites de notre connaissance. Il est donc unique (c'est discutable si on prend les polythéismes, mais bon …) et représente donc le concept même de l’inconnaissable.

    On ne pouvait pas mieux résumer le fond de ma pensée.
    Merci Big Pete. :-)

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 0.

    Ah oui, mais là ça change tout !!!
    Parce que si l'agnosticisme c'est Obiwan Kenobi, qui usuellement (quand on ne joue pas sur les mots) est la réponse D, cela fait de l'agnostique un adepte de la force 3D. Mais si la force est en 3 dimensions, elle est comme notre corps, ce qui en fait une représentation anthropomorphe. Et donc, pour lui, Dieu a bien fait l'homme à son image; par conséquence, l'agnostique est un croyant !

    cqfd

    :-D

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 3.

    Ce n'est pas faute d'avoir donné des indications de lecture lors du fil de discussion. Il me serait difficile d'exposer dans les quelques lignes d'un commentaire, ce que tu appelles une « pirouette intellectuelle » : il faudrait un livre entier pour cela; d'où mes indications de lecture.

    J'ai aussi exposé mon point de vue sur la soit-disant charge de la preuve exigée des croyants.

    Je reconnais que cela revient, pour l'instant, à dire crois moi sur parole et lis. Ce qui, je le reconnais volontiers, n'est pas acceptable. Je vais donc tenter de te convaincre qu'il soit possible qu'il y ait quelque chose de tout à fait rationnel derrière cela, ou du moins qui ne soit pas incompatible avec la raison1.

    Si je t'ai repris sur l'erreur d'un de tes raisonnements par une défense ad hominem, ou que j'ai exposé la différence entre l'ad hominem et l'ad personam, ce n'est pas sans raison : je suis, en partie, logicien de formation. Tu pourras constater, par ce message, et les échanges au-dessus de celui-ci avec Perthmâd, que je peux soutenir ce que je viens d'avancer.

    Ainsi, lorsque je dis que ne peux exposer cette « pirouette », cela revient, pour moi, à répondre à une personne qui exigerait que je lui prouve le théorème d'incomplétude de Gödel, dans un message, là où cela prend un semestre de cours (60 heures) dans la formation sus-citée. Je réponds donc que c'est impossible (à l'impossible nul n'est tenu) et je renvoie à des références bibliographiques.

    De plus, lorsque, dans le message où je renvoyais à la Critique de la Raison Pure, je disais que l'Idéal de la raison pure est l'analogue philosophique de ce qu'est l'Univers des ensembles pour les mathématiques — à savoir l'Être de tous les êtres — ce ne sont pas des paroles en l'air : je sais très bien de quoi je parle (la théorie ZF des ensembles étaient mon domaine de spécialité).

    Ce qui lui donne naissance, c'est un des usages de notre raison. Lorsque l'on raisonne, on va : soit des principes au conséquences (usage épisyllogistique), soit des conséquences au principes (usage prosyllogistique). Ce deuxième usage est caractérisé, sous sa forme populaire, par la question de l'œuf et de la poule.

    Notre raison est ainsi faite que, remontant d'un conditionné (l'œuf) à sa condition (la poule), qui devient à son tour l'objet de la même interrogation, elle ne peut trouver le repos que dans l'inconditionné (cette supposition qui ne présuppose rien au-dessus d'elle) : sans cela, les questions ne cessent jamais. Mais elle se fourvoie alors dans des erreurs et des illusions, et c'est justement l'objet de la dialectique que de les débusquer (chez Kant, dialectique est synonyme de logique de l'apparence) et de les réduire à néant.

    Par exemple, dans le cas de l'œuf et de la poule, la raison cherche l'inconditionné du côté des causes dans la séries des causes et des effets. Et aussi étonnant que cela puisse te paraître à la question : Qui de l'œuf et de la poule est venu en premier ?, un kantien répond : ni l'un ni l'autre, mais l'homme est libre. Einstein (tout comme Schopenhauer qui était pourtant kantien sur bien d'autres sujets), qui ne fût pas convaincu par l'argumentation kantienne, resta fort conséquent avec lui même est nia notre libre arbitre :

    Je me refuse à croire en la liberté et en ce concept philosophique. Je ne suis pas libre, mais tantôt contraint par des pressions étrangères à moi et tantôt par des convictions intimes. Jeune, j'ai été frappé par la maxime de Schopenhauer : « L'homme peut certes faire ce qu'il veut mais il ne peut pas vouloir ce qu'il veut ».

    Einstien, Comment je vois le monde

    Admettre la liberté de la volonté était pour lui commettre une entorse au principe de causalité, et au prédéterminisme, qui pousse à rechercher toujours les causes d'un changement d'état dans le temps qui précède et qui le détermine. C'est aussi pour cela qu'il ressentait un malaise devant la physique quantique et qu'il lança à Niels Bohr : « Dieu ne joue pas aux dés ».

    Mais revenons à nos moutons. Là où apparaît l'Idéal de la raison pure (ou l'univers des ensembles pour le mathématicien) c'est lorsque que l'on cherche à remonter jusqu'à l'inconditionné en suivant, cette fois, la forme des jugements disjonctifs. De telle sorte que la raison puisse dire, d'un objet x quelconque, x est A ou B ou C ou D…. : elle cherche donc à se fabriquer l'Idée d'un être qui contiendrait, sous lui, toutes les cas possibles de la disjonction : un Être de tous les êtres (qui ne peut être qu'unique ;-). Je me vois dans l'obligation de citer, ici, un passage de la Critique de la Raison Pure :

    Tout concept, par rapport à ce qui n'est pas contenu en lui, est indéterminé et soumis à ce principe de déterminabilité, à savoir que, de deux prédicats opposés, un seul peut lui convenir, principe qui lui-même repose sur le principe de contradiction, et par conséquent est un principe purement logique, faisant abstraction de tout contenu de la connaissance pour n'en considérer que la forme logique.

    Mais toute chose, quant à sa possibilité, est soumise encore au principe de la détermination complète d'après lequel, de tous les prédicats possibles des choses, en tant qu'ils sont comparés à leurs contraires, il y en a un qui doit lui convenir. Cela ne repose plus seulement sur le principe de contradiction; car, outre le rapport de deux prédicats contradictoires, on considère encore chaque chose dans son rapport avec la possibilité entière, à titre d'ensemble qui comprend tous les prédicats des choses en général, et, en présupposant cette possibilité comme condition a priori, on se représente chaque chose comme si elle dérivait sa propre possibilité de la part qu'elle a dans cette possibilité totale 1 . Le principe de la détermination complète concerne donc le contenu et non pas seulement la forme logique. Il est le principe de la synthèse de tous les prédicats qui doivent former le concept complet d'une chose, et non pas seulement celui de la représentation analytique qui a lieu au moyen de l'un des deux prédicats opposés, et il renferme une présupposition transcendantale, celle de la matière de toute possibilité, laquelle doit contenir a priori les données nécessaires à la possibilité particulière de chaque chose.

    1 Par ce principe chaque chose est donc rapportée à un corrélatif commun, c'est-à-dire à la possibilité totale, laquelle, si elle se trouvait (cette matière de tous les prédicats possibles) dans l'idée d'une seule chose, prouverait l'affinité de tout le possible par l'identité du fondement de sa complète détermination. La déterminabilité de tout concept est soumise à l'universalité (universalitas) du principe qui exclut tout milieu entre deux prédicats opposés mais la détermination d'une chose est soumise à la totalité (universitas) ou à l'ensemble de tous les prédicats possibles.

    Mais notre raison se trouve inévitablement déçue lorsqu'elle cherche à réaliser ses prétentions. Que ce soit dans l'usage philosophique ou dans l'usage mathématique, elle échoue lorsqu'elle veut prouver l'existence de cette matière de toute possibilité : Kant l'a montré pour l'usage philosophie (c'est sa réfutation de la preuve ontologique), Gödel l'a fait pour l'usage mathématique (c'est son incomplétude).

    C'est pour cela, que dans ce message, j'ai écrit :

    l'absence de critère universel de la vérité, c'est l'incomplétude. Allié au théorème de complétude de Gödel, on peut affirmer qu'un système formel ne peut engendrer son propre contenu (ou du moins, il ne peut le savoir), principe qui est à la base de la dialectique kantienne.

    car « le principe de la détermination complète concerne donc le contenu et non pas seulement la forme logique », et que c'est justement ce principe qui, en logique mathématique, est à la base du théorème de complétude de Gödel.

    Néanmoins cet Idéal, bien que la raison ne puisse justifier son existence, n'est pas sans utilité pour elle : c'est lui qui pousse les physiciens à chercher une théorie qui synthétiserait la relativité générale et la physique quantique. Mais là, c'est une question qui nous emmènerai bien loin.

    Pour finir, je propose aussi deux textes : le premier2 de Henri Poincaré (qui donna son nom au Temple français des mathématiques, l'Institut Henri Poincaré), le second de Thibault Damour (physicien théoricien et membre de l'Académie des sciences).

    J'aime bien le premier, car Poincaré y prend la défense de Kant face aux logiciens du début du XXème sur la nature des propositions mathématiques; qu'il leur fait un reproche (à la p.4 du pdf et p.820 de l'original) : « Nous venons d'expliquer l'une des conditions auxquelles les logiciens devaient satisfaire et nous verrons plus loin qu'ils ne l'ont pas fait. », reproche tout à fait fondé, et pour cause, il ne pouvait pas le faire : c'est ce que prouva Gödel 26 ans plus tard avec son incomplétude (et donc Kant avait raison ! \o/).

    J'aime bien le second, car outre que c'est un bel exposé sur les théories de la relativité, il y cite Kant à la page 9 :

    Le temps n'est qu'une condition subjective de notre humaine intuition (laquelle est toujours sensible, c'est-à-dire ne se produit qu'autant que nous sommes affectés par les objets); en lui-même, il n'est rien en dehors du sujet.

    Passage qui est issu de la version kantienne de l'allégorie de la caverne.

    Si certains veulent toujours railler ma foi à coup de Père Nöel, Dahu, licorne rouge, théière… je me consolerai avec cette autre texte de Poincaré; ou s'ils préfèrent parler science, je suis près à engager des discussions sur les fondements des mathématiques, les fondements de l'informatique, la relativité restreinte ou générale, ou bien encore la physique quantique (et le léger désaccord que j'ai avec l'interprétation dite standard de cette théorie).


    1. mon opinion est même qu'être plus rationnaliste que Kant, c'est vouloir être plus royaliste que le roi. 

    2. je m'excuse d'avance, bien que je n'en sois pas responsable, si l'un des plus grands savants français ait osé publier dans une revue intitulée : revue de métaphysique et de morale. :-) 

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 1.

    C'est le premier message sur le sujet où je te rejoins (la distinction ne pas croire, croire que non, pour assimiler l'athéisme à de la croyance, me semblant relever de la masturbation intellectuelle).

    Par contre, il y aussi ceux qui comparent la croyance en Dieu à celle au Père Noël, aux licornes roses et autre joyeuseté; faisant ainsi des croyants des ignorants irrationnels. Faire de Gödel, par exemple, un ignorant irrationnel, sur un forum dédié à l'informatique, c'est tout de même fort de café. :-o

    Personnellement, j'ai la foi et elle est inébranlable. Par contre, je n'irai jamais faire chier, ni chercher à convaincre ou convertir celui qui ne l'a pas. C'est un question qui relève de la conscience personnelle, un rapport de soi à soi en somme.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 2.

    erratum : affirment que science religion et raison sont antinomiques

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à -2.

    Il n'est peut être pas français, mais francophone. Quoi que dans ce cas, il reste la possibilité de faire une enquête sur de possibles ancêtres esclavagistes.

    Là où je suis resté étonné sur toute cette discussion, c'est la difficulté qu'il y a, en ce lieux, de débattre rationnellement.
    Le plus drôle étant tout ceux qui se revendiquent de la science, affirment que science et raison sont antinomiques, alors que dans le fond, la science il ne la connaisse que de nom. En poussant un peu, on devrait pouvoir les amener à avouer leur empirisme radical : tous les principes fondamentaux de la physique sont issus de l'expérience et de l'observation. Si on se met à nier, comme Hume, qu'il y a des causes dans la nature — ou du moins si on en voit c'est uniquement par habitude, et de prendre pour vrai ce que l'on a souvent vu comme tel —, je me demande ce qu'il lui objecterai.
    Comme questions j'ai :
    - comment justifier vous le principe de causalité ?
    - comment justifier vous le principe de conservation de l'énergie ?
    - et le principe « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », ou principe de permanence de la substance ?

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 2.

    Ça s'appelle la réfutabilité des théories scientifiques

    Cela étant, tout le monde n'est pas popperien. Le principe de réfutabilité de Karl Popper s'applique bien aux sciences expérimentales, qui font un usage massif de l'induction. Pour ce qui est des sciences pures (non empiriques), comme les mathématiques, la logique ou la métaphysique, je vois mal comment l'utiliser.

    Ce qui m'a toujours étonné, chez Popper, c'est qu'il a dit avoir emprunté sa conception de l'objet à Kant et sa définition de la vérité à Tarski (le seul vivant à lui avoir appris quelque chose). Sauf que la définition kantienne de la vérité est la même que celle de Tarski1. Je n'ai rien appris chez Tarski, sur ce point, que je n'avais déjà appris chez Kant.
    Et la solution de Popper du problème humien (l'origine du principe de causalité) ne m'a jamais satisfaite.

    Donc non, pas "comme la science".

    Mais la religion n'a jamais prétendu être de la science : croire et savoir sont deux choses distinctes; de plus, la science et la religiosité ne sont pas deux attitudes qui s'excluent mutuellement : elles ne traitent pas des mêmes questions.


    1. d'ailleurs, comment peut-on comprendre le concept kantien de l'objet si l'on ne comprend pas sa définition de la vérité ? 

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 2.

    Non, la charge de la preuve étant dans le sens "démontrer l'existant" et non "démontrer l'inexistence", c'est celui qui affirme l'existence qui fait des hypothèses supplémentaires sur notre Univers et qui, de fait, croit.

    Bonjour Renault,

    Ce message de ta part m'était passé inaperçu, je me permets de te répondre.

    À qui incombe la charge de la preuve ? telle est ta question. Avant d'y répondre, je commencerai par m'interroger sur l'objet de la preuve : que doit-on prouver ?

    S'il faut prouver l'existence ou la non-existence de Dieu, alors ce dernier n'est plus un objet de croyance mais de savoir. Lorsqu'une personne est convaincue de disposer de la preuve d'une thèse, fondée sur des principes rationnels, alors il ne dit pas qu'il croit dans la thèse énoncée, mais qu'il sait qu'elle est vraie. Ainsi je dis savoir, et non croire, qu'en géométrie euclidienne la surface du carré construit sur l'hypoténuse d'un triangle rectangle est égale à la somme des surfaces des carrés construit sur les côtés de l'angle droit. Dans la connaissance mathématique, un énoncé prouvé se nomme théorème; là où un énoncé qui n'est ni prouvé, ni réfuté, se nomme conjecture. Ce dernier titre, les mathématiciens ne l'accordent pas à n'importe quels énoncés, mais seulement à ceux dont ils présument de leur véracité, sans pourtant en avoir la certitude (ils leur manquent une preuve, et espèrent qu'eux-même, ou la postérité, la trouveront). Pendant longtemps, les mathématiciens ont cru que pour tout énoncé, on pourrait soit en trouver une preuve, soit une réfutation; puis Gödel vint et montra que tout système axiomatique assez riche (id est suffisant pour parler de lui-même) pouvait poser des questions auxquelles il était incapable d'apporter une réponse : la fameuse imcomplétude (ou problème de l'arrêt d'une machine de Turing pour un informaticien). J'y reviendrai plus tard.

    Or, les hommes disant croire en l'existence de Dieu, ou avoir foi en lui, ne prétendent nullement le savoir. Ils n'ont donc aucun preuve à apporter de son existence. Cela étant, pour justifier leur croyance devant un non-croyant, ce dernier peut au moins exiger d'eux deux choses :

    • que cette foi ne réponde pas à une question arbitraire, mais à une question que toute raison humaine rencontre nécessairement dans sa marche naturelle (contrairement au Père Noël, aux licornes roses et autre théière) ;
    • que la commune raison humaine est incapable de trancher le nœud, que ce soit par l'affirmative ou la négative.

    Et généralement c'est là que le bât blesse; le non-croyant, de plein droit, exigeant un preuve des deux points précédents; la charge de la preuve (onus probandi) incombant, effectivement, à celui qui affirme. Dieu, pour celui qui a foi en lui, n'est nullement nécessaire pour expliquer un phénomène naturel, ce n'est pas une hypothèse sur l'Univers dont il aurait à rendre compte. Bien au contraire, invoquer Dieu pour expliquer un phénomène dont on ignore les causes, ce serait expliquer ce que l'on ne comprend pas (le phénomène) par ce que l'on comprend encore moins (à savoir Dieu). C'est ériger en méthode la pétition de principe, ou principe de la raison paresseuse; là où on peut espérer que l'investigation empirique puisse nous révéler une partie des secrets de la Nature. Mais alors, si ce n'est pas l'observation du Monde, la nécessité d'expliquer les phénomènes, qui pousse le croyant dans les régions de la transcendance divine; qu'est-ce donc ? À cela je répondrai : la voix du devoir, et l'espérance qui en résulte. Je le résumerai sous ces deux questions-réponses :

    • Que dois-je faire ? Fais ce qui te rend digne d'être heureux.

    • Si je fais ce que je dois, que puis-je espérer ? Tu peux espérer contribuer au bonheur universel, en participant à l'avènement du royaume de Dieu; c'est à dire à la paix perpétuelle parmi les hommes.

    Autrement dit, la question ne porte pas sur ce qui est, ou a été, comme dans les sciences de la nature; mais sur ce qui sera, et ce que l'on peut espérer des conséquences de nos actes. À cette dernière question, aucun homme ne peut répondre avec certitude. Quel homme peut prétendre avoir une connaissance telle des lois de la nature, pour prévoir avec certitude le futur ? Même lorsqu'il s'agit de phénomènes qui n'ont pas pour cause la liberté, les physiciens sèchent : la physique quantique. Répondre à une telle question exigerait l'omniscience, qualité que je ne prétendrai jamais posséder.

    Ici, je ne peux m'empêcher de citer ce passage de l'ouvrage que Kant consacra à la logique, lorsqu'il aborde la question Qu'est-ce que la philosophie ? :

    Le domaine de la philosophie en ce sens cosmopolite se ramène aux questions suivantes :

    1. Que puis-je savoir ?
    2. Que dois-je faire ?
    3. Que m'est-il permis d'espérer ?
    4. Qu'est-ce que l'homme ?

    À la première question répond la métaphysique, à la seconde la morale, à la troisième la religion, à la quatrième l'anthropologie. Mais au fond, on pourrait tout ramener à l'anthropologie, puisque les trois premières questions se rapportent à la dernière.

    Le philosophe doit donc pouvoir déterminer :

    1. la source du savoir humain,
    2. l'étendue de l'usage possible et utile de tout savoir, et enfin
    3. les limites de la raison.

    Cette dernière détermination est la plus indispensable, c'est aussi la plus difficile, mais le philodoxe ne s'en préoccupe pas.

    Le philodoxe dont il parle, terme qu'il empreinte à Socrate, est l'homme qui « vise simplement la connaissance spéculative sans se demander dans quelle mesure le savoir contribue à la fin dernière de la raison humaine : il donne des règles pour mettre la raison au service de toutes sortes sorte de fins. » Il s'occupe du savoir et des théories car elles lui fournissent des moyens pour atteindre n'importe quelle fin. Jamais il n'interroge la fin elle-même; on pourrait dire que pour lui la fin justifie les moyens, sans se soucier de justifier la fin.

    Justifier à soi-même, devant sa conscience, l'objectif que l'on vise par notre action, et les moyens que l'on utilise pour y arriver : voilà cette question que tout homme rencontre ! Je n'ai jamais croisé un homme qui ne ce soit arrêté devant cette question : la fin justifie-t-elle les moyens ? Et je suis même certain qu'en ces lieux je n'en rencontrerai pas : c'est parce qu'il se l'est posée que RMS a refusé la clause de non divulgation pour le code du pilote de l'imprimante de son laboratoire. Si Véronique Bonnet, professeur de philosophie et administratrice de l'April, a donné des conférences sur les similitudes de philosophie entre Rousseau, Kant et Stallman : c'est n'est pas sans raison. ;-)

    Je ne prétend pas avoir satisfait, ici, en toute rigueur, à la charge de la preuve qui m'incombait pour la première question : un commentaire n'y suffirait pas; mais j'ai tenté d'exposer une esquisse des interrogations qui se cachent derrière (a sketch of proof comme disent les mathématiciens). Il en est de même pour la seconde, mais j'ai exposé ailleurs où on pouvait la trouver. Ce message étant déjà bien long, je ne me répéterai pas; et c'est là que tu y trouveras le rapport avec l'incomplétude.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • # Pendant ce temps...

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 2.

    … dans un village d'irréductible gaulois.

    Après les événements tragiques de vendredi, la peine et la douleur légitimes provoquées, la vie reprend son cours. Quelle meilleure réponse à apporter à ceux qui prétendent vouloir nous terroriser ?
    Quelque soit l'envahisseur qui se présente à nos portes : un empire déloyale ou une bande de fanatiques religieux; nous ne nous laissons pas faire.

    Mais, me souvenant de ce que disait un petit manuel avertissant les soldats britanniques du débarquement : « Vous aurez souvent l'impression que les français se disputent violemment, alors qu'ils ne font que débattre d'une idée abstraite. » (source); ce qui me remplie d'espoir est que l'on reprenne nos bonnes vieilles disputes sur la place du marché !
    — Il n'est pas frais ton poisson !
    — Comment ça, il n'est pas frais !

    Enfin, nous savons bien que tout cela se terminera par un banquet1 agrémenté de sangliers et de cervoise. Mais cette fois, je propose que nous ne bâillonnons pas le barde; car si nous voulons bien mourir pour des idées, d'accord !, mais de mort lente. Il avait l'habitude de se produire à Bobino, plutôt qu'au Bataclan, mais peu importe !

    :-)


    1. de nos jours, il faudrait rajouter un menu de remplacement pour nos frères qui veulent communier avec nous sous l'étendard de la République; mais qui, pour des raisons confessionnelles, ne consomment pas de viande porcine et d'alcool. 

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 2.

    mea culpa ! (mais pour ma défense : les smileys, ça peut aider à faire passer le ton humoristique :-P )

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 2.

    Non, il n'est toujours pas recevable. Cette personne pourrait très bien soutenir, pour se justifier, que les notions de bien et de mal sont des notions relatives; et qu'ainsi si cela te semble mal, ce ne l'est pas pour lui.

    Considérer l'agrumentum ad personam comme recevable reviendrait à dire que la thèse qu'il soutient est fausse, et que son antithèse serait vraie ; et cela simplement parce que c'est lui qui la défend. Argumentation qui relève de la pétition de principe.

    Cela étant, on peut considérer que cette personne ne fait pas autorité en la matière et qu'on ne le croît pas sur parole. Mais cela est vrai de toute connaissance rationnelle : c'est de manière anonyme qu'elles sont recevables, peut importe qui les soutient. D'où l'importance de distinguer l'ad hominem qui se concentre, en partie, sur le discours et non sur le messager.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 8.

    Petite précision de termes pour distinguer l'attaque ad hominem, de l'attaque ad personam. Ces deux notions ne sont confondues que dans les temps récents, alors que l'ad hominem est un défense admise dans le débat contradictoire depuis l'antiquité et Aristote (même sans doute bien avant lui). L'expression ad personam a été forgée par Schopenhauer pour distinguer deux moyens de défense :

    • le premier attaque l'adversaire sur les thèses qu'il soutient, en l'acculant à la contradiction ;
    • la seconde attaque la personne elle-même (et non son discours) pour le décrédibiliser.

    Si le premier moyen peut s'avérer recevable (ad hominem), il n'en est pas de même du second (ad personam).

    Pour l'illustrer par un exemple provenant de ce fil de discussion.
    ferean a soutenu qu'il ne pouvait exister de règles universelles et objectives déterminant le bien et le mal en arguant le fait que, à travers le temps et l'espace, les hommes ne se sont jamais mis d'accord sur ces notions. Elles évoluent selon les époques, mais elles ne peuvent pas être fondées rationnellement.
    Ce en quoi, je lui ai objecté, que suivant ce principe, on devrait en conclure que la physique n'est pas une science objective (ayant une prétention à l'universalité)1.
    Il se retrouve alors dans une position où il doit soit admettre que le critère d'unanimité (ou son absence) n'est pas suffisant pour trancher la question, soit admettre que la physique n'est pas une science objective.

    Ce procédé relève de l'argumentum ad hominem. Par contre, on ne peut en conclure que sa thèse (absence de lois universelles déterminant le bien et le mal) est erronée, mais seulement que sa preuve n'est pas recevable, ou plutôt que l'on peut retourner cette preuve contre lui même pour réfuter une thèse qu'il a par ailleurs soutenue. Mais qu'une preuve soit fausse n'implique pas que la conclusion le soit (ex falso quodlibet) : du faux, on peut déduire le vrai; puisque que l'on peut en déduire tout ce que l'on veut.

    En revanche, l'argumentum ad personam ne se préoccupe ni des thèses, ni de l'argumentation de l'interlocuteur; mais l'attaque directement dans sa personne. Exemple : tu es un tueur de bébés phoques, donc tout ce que tu dis est nécessairement faux.


    1. j'ai détaillé plus formellement le procédé, dans ce cas particulier, dans ce message. Vouloir prouver est une bonne chose, mais le minimum est la rigueur formelle dans la méthode. 

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

  • [^] # Re: Dieu n'existe pas

    Posté par  . En réponse au journal Paris sous les balles. Évalué à 5.

    Oui, cela prouve (pour le cas de racine de 2) que le corps des nombres rationnels n'est pas algébriquement clos (l'équation x² - 2 = 0 n'a pas de racine dans Q); ce qui plongea les pythagoriciens dans la crise des irrationnels, eux pour qui tout était nombre entier.
    On peut néanmoins prouver que tout corps admet une clôture algébrique, mais la preuve repose sur l'axiome du choix, qui lui fait polémique.

    Toutefois, que ce soit pour racine de 2 ou Pi : je ne vois pas où est l'absence de signification géométrique. C'est la géométrie euclidienne qui leur a donné naissance ! Pour le premier c'est le rapport du côté d'un carré à sa diagonale (théorème de Pythagore dans le cas du triangle rectangle isocèle, et problème de la duplication du carré); pour le second c'est le rapport constant d'une circonférence à son diamètre, ce qui est un corollaire du théorème de Thalès.

    Par contre où est le rapport entre les mathématiques et la métaphysique ? Le seul rapport entre les nombres transcendants et la transcendance divine, c'est le mot transcendant; mais ici, ce n'est qu'une vulgaire homonymie.

    Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.