Si je me rappelle bien, avant le téléphone portable, la seule manière de ne pas être dans l'annuaire si on avait le téléphone était de se mettre sur la "liste rouge", qui était une démarche payante. Il a existé une "liste orange" gratuite, mais c'était assez tard, quand la popularité de l'annuaire était déja déclinante.
Il y a encore des mairies qui envoient les extraits d'acte de naissance sans vérifier qui fait la demande. D'autres petites mairies sont beaucoup plus exigeantes. J'ai par exemple dû prouver ma filiation pour avoir l'extrait d’acte de naissance de mon père.
Ça dépend, il y a trois types d'actes de naissance: l'extrait sans filiation, l'extrait avec filiation, et la copie intégrale.
L'extrait sans filiation peut être obtenu par n'importe qui sans aucune condition.
La copie intégrale ou l'extrait avec filiation est réservé pour certaines personnes (partenaire de PACS, acscendants, descendants, professionnel autorisé), ou il faut attendre 75 ans (personne vivante) ou 25 ans (personne décédée).
Il est donc normal de prouver un lien de filiation pour un extrait avec filiation, mais pour un extrait sans filiation il n'y a besoin de rien prouver. La demande se fait d'ailleurs souvent en ligne, maintenant.
Hmm, c'est intéressant. Ça doit donc remonter aux moines Franc-Maçons du Vatican qui ont manoeuvré en coulisse pour faire de l'Anglais la langue la plus parlée aux États-Unis. Quel vilain forfait! Tout ça pour permettre de traduire "complot" par "conspiracy", et donc de faciliter la confusion "complotisme/conspirationnisme" par le monde entier!
C'est la conséquence de la croyance qu'une information (une donnée) puisse appartenir à quelqu'un (à toi, à une entreprise, etc). Contrairement au droit d'auteur, où une oeuvre a un auteur, une donnée n'a pas de "propriétaire" naturel (la personne qui l'a récoltée? la personne qui possède le fichier? la personne sur qui les données portent?). Du coup, tu as des batailles philosophiques, juridiques, informatiques, etc., et tout le monde pense être dans son bon droit.
J'ai l'impression que la seule chose dont on a le droit envers un tiers qui possède des données sur nous, c'est le droit d'accès (et de rectification, éventuellement). Mais la notion de contrôle des données personnelles est assez récente, et je trouve qu'il y a toujours une confusion entre les données personnelles et les données privées, en plus des problèmes de définition (est-ce qu'une adresse IP est une données personnelle, etc).
Ça amène à des discussions absurdes, comme celle qui nous occupe, où l'on s'offusque de l'atteinte aux données personnelles d'une loi qui date d'au moins 1964.
Le nom, l'adresse, et la date de naissance, sont des données personnelles ET publiques. Il est légal d'obtenir très facilement une copie des listes électorales, il est possible à n'importe qui de demander un extrait d'acte de naissance de n'importe qui, avec dessus des informations "personnelles" comme le nom et la profession des parents. Quand les bottins existaient, il fallait payer pour en sortir et ne pas que le nom et le numéro de téléphone soient disponible pour tous. Et il n'est donc pas possible de légalement s'opposer à ce que des tiers aient accès à ces données. Les partis politiques peuvent envoyer des mails ou des courriers postaux à tous les électeurs de la liste électorale, et ils peuvent le faire en toute légalité. Les syndicats peuvent envoyer leurs tracts à toutes les adresses email de votre employeur. Ces utilisations sont non seulement légales, mais prévues par la loi (il ne s'agit pas de détournement, c'est la justification de l'existence de ces lois qui donnent accès aux listes). Ce sont des choses qu'on accepte, non pas par la force de l'habitude, mais parce que c'est un usage normal.
C'est peut-être plutôt la volonté de fermer ses moyens de communication à tout correspondant non-souhaité qui est moderne. Bien sûr, les pratiques publicitaires agressives sont en grande partie responsables de cette fermeture, mais je trouve assez surprenant qu'on puisse être amenés à penser qu'il est naturel de n'être joignable que par des correspondants identifiés.
Selon les cas, la liste électorale peut être :
Consultée gratuitement sur place
Envoyée par courrier. Selon le support de la liste originale, la liste peut être donnée sur papier ou sur CD-Rom. Le prix facturé à l'électeur dépend du support utilisé. Il ne peut pas dépasser 0,18 € par page A4 fournie et 2,75 € par CD-ROM fourni.
Envoyée par mail, à la condition que le document soit disponible sous cette forme. Cet envoi n'est pas facturé à l'électeur.
C'est l'implémentation de l'article L37 du code électoral:
Tout électeur peut prendre communication et obtenir copie de la liste électorale de la commune à la mairie ou des listes électorales des communes du département à la préfecture, à la condition de s'engager à ne pas en faire un usage commercial.
Tout candidat et tout parti ou groupement politique peuvent prendre communication et obtenir copie de l'ensemble des listes électorales des communes du département auprès de la préfecture, à la condition de s'engager à ne pas en faire un usage commercial.
Donc c'est tout à fait prévu que tu puisses obtenir une copie de la liste électorale (ce que tu appelles "partir avec la base en clair sous le bras").
Et ça n'est pas récent. Ça date du début de la constitution, la version de 1964 dit " Tout électeur peut prendre communication et copie de la liste électorale." (les histoires de CD-rom sont arrivées après, bien entendu).
Bah le principe des listes électorales c'est d'être publiquement consultables, non? Que ça soit par des moyens électroniques ou sous format papier, ça a toujours été possible d'avoir la liste des électeurs de chaque commune, avec leur nom, leur prénom, leur date de naissance, leur adresse, et leur numéro de carte d'électeur. Comment tu voudrais organiser des élections transparentes si les listes électorales étaient secrètes?
Ne panique pas, mais après les élections, il est même possible de savoir qui a voté et qui n'a pas voté! Pareil pour les procurations, donc on sait très bien dans quelle ville tu étais le jour de l'élection. Par contre, je ne pense pas que les listes d'émargement soient numérisées (sauf peut-être pour l'analyse des signatures en cas de suspition de fraude?).
Si ton argument, c'est "la culture évolue", c'est difficile de s'y opposer.
Ce que je voulais dire, c'est que l'idée que la démarche artistique se nourrit d'innovation est essentiellement occidentale. Les notions de "disruption", "anticonformisme", "changement de paradigme", sont positives, les notions de "conformisme", "déja vu", "traditionalisme" sont négatives. L'art occidental a pour essence même d'évoluer, d'innover, de proposer des "choses nouvelles". C'est même vrai pour les artistes, individuellement: quand un album ressemble trop au précédent, les critiques sautent sur l'absence de nouvelles idées.
Bien sûr que l'art traditionnel évolue, que les artistes ajoutent parcimonieusement leur touche. Mais l'essence même de la culture de la plupart des populations non-européennes est justement de faire perdurer la tradition. Un chaman ne va pas incorporer des influences jazz pour innover, ça n'a aucun sens. Il va plutôt dire qu'il tient cette chanson de son grand-père, qui la tenait de son grand-père.
Donc non, bien sûr, toutes les cultures évoluent, mais la culture occidentale tient pour paradigme que l'évolution est non seulement souhaitable, mais qu'elle doit être stimulée et recherchée sous peine de mourir, alors que la culture non-occidentale s'ancre dans la tradition, et considère que l'évolution n'est pas souhaitable (bien qu'elle soit inévitable).
Ça a en effet semble-t-il toujours été l’essence même de la démarche artistique que d’innover, je dirais : de surprendre. De montrer aux gens ce qu’ils n’ont jamais vu. De faire ce que personne n’a jamais fait.
De toutes manières, on vit avec le dogme que ça serait une catastrophe si l'inspiration artistique s'épuisait; ça aurait des conséquences assez bizarres en effet (concerts de reprises uniquement, reproductions d'oeuvres graphiques?), mais je ne suis pas mortifié par l'idée : tant qu'on a accès aux oeuvres du passé, on a un répertoire quasiment illimité à notre disposition. En tant qu'individus, on aura toujours autant de plaisir à lire des livres, à regarder des films, à écouter de la musique.
Je pense, j’ose croire même… que beaucoup d‘artistes produisent d’abord l’art qu’eux-mêmes ont envie de contempler.
Il y a une vision probablement assez occidentale dans l'innovation artistique. Les musiques traditionnelles du monde par exemple ne se nourrissent pas d'innovation. On peut donc avoir une vie culturelle épanouie sans cette course aux choses nouvelles.
En fait, ça illustre qu'il semble impossible d'innover sans s'extraire des institutions. Bien sûr, toute institution prétend qu'elle innove; les maisons de disque prétendent qu'elles lancent de nouveaux artistes, Hollywood prétend sortir de nouveaux films, tout comme les institutions de l'époque prétendaient financer un art sans cesse renouvellé, mais qui ne faisait que de reproduire sans grande originalité des recettes existantes. Mais pour faire quelque chose de vraiment nouveau, il faut un autre cadre, les institutions sont conservatrices par essence.
Je ne crois pas à la stagnation de la démarche artistique. L'innovation et l'orinalité ne sont pas des processus linéaires dans le temps, il y a des périodes d'explosion créatives, et des périodes où rien ne se passe. Un passionné de musique du tout début du XXe siècle aurait pu te dire qu'en effet, il y avait des trucs sympa en musique récente, mais qu'on avait probablement fait le tour.
Par contre, il est aussi probable qu'avec l'âge qui ne recule pas, on devienne de moins en moins sensibles à l'innovation artistique, et qu'on finisse comme tous les vieux par rabacher que LedZep c'était quand même mieux que ce que se fait en 2040, et que quand on était jeunes, on pouvait écouter du rock, et pas ces daubes de rap nudiste ou du jazz-grunge vegan qui ne ressemblent à rien.
Une formation littéraire te donne aussi la capacité de voir le "bullshit", en fait ça en fait même partie intégrante à travers l'analyse de texte justement. Et ça te permet de voir rapidement qu'un texte est vide de de sens.
Je n'arrive pas à trouver rapidement une étude qui aurait regardé ça, mais j'imagine que ça existe. Par exemple, pour le complotisme, il y a une corrélation très forte avec le niveau d'études (mais je ne trouve pas de données sur le type des études).
Il me semble quand même qu'il avait été montré pendant le Covid que les littéraires étaient bien plus perméables aux thèses "négationnistes" (ça n'est pas si grave, pas besoin de porter un masque, mangez de la chloroquine…) que les scientifiques, mais c'est peut-être aussi directement lié dans ce cas à la compétence "pure" sur le sujet (médecine et épidémiologie).
Je suis dubitatif sur le sous entendu : on serait en moyenne moins capable de détecter le bullshit si on ne sort pas des écoles d'ingénieurs prestigieuses.
J'en déduis que 1) tu ne sors pas d'une école d'ingé (moi non plus, au passage), et 2) malgré ton passage sur "du bon sens, une démarche d'analyse et de l'esprit critique", tu as quand même fait une faute de logique.
J'ai écris "école d'ingé => capable de détecter le bullshit", et tu en déduis "pas d'école d'ingé => pas capable de détecter le bullshit", ce qui n'est pas une déduction correcte.
Mais bon, sur le fond, ça n'est pas forcément la formation spécifique des ingénieurs, c'est plutôt une forme de culture basée sur les sciences dures et les sciences de l'ingénieur ("show me the code").
Je ne connais rien à ce milieu, mais ça m'étonnerait que les gens qui engagent leur pognon dans des start-up se fassent attrapper par ce genre de bullshit. Autrement, la situation "j'ai du pognon" risque de n'être que temporaire…
En France en tout cas, beaucoup de cadres et "décideurs" sont issus d'écoles d'ingénieurs. Avec tous les biais que ça peut avoir, on peut au moins préjugés que quand on sort d'une école d'ingé prestigieuse, on sait ce qui est du bullshit de ce qui ne l'est pas.
Qui a écrit ça? on peut probablement exclure les développeurs, et j'irais même jusqu'à exclure les commerciaux, parce qu'en fait c'est beaucoup trop vague pour vendre à qui que ce soit (ça ne décrit même pas le produit vendu! Tu ne vends pas une voiture en disant que c'est une solution de mobilité dotée de structures rotatives). On pourrait penser à un texte généré par IA, ou un "filler" proposé par la boite qui a conçu le site.
Qui est censé le lire? aucune idée. Pas ceux qui vont utiliser le logiciel. Probablement pas ceux qui vont décider de l'acheter. Pas les investisseurs. Peut-être simplement les concurrents? Tu ne lâches aucune information, s'ils veulent comprendre comment marche ton truc il faut investir plus de temps. Autrement je ne sais pas du tout.
Ça sert à quoi d'indexer du bullshit? Est-ce que quelqu'un va taper "Scalable future workflow solution" dans Google?
Je me demande si ça n'est pas simplement parce que l'existence d'une page web est indispensable, mais que son contenu n'a aucun intérêt? C'est une sorte de page d'accueil, et les mots sont là pour décorer. L'existence de cette page n'est que de fournir un portail vers d'autres pages (contact, tarifs, documents techniques…), et elle a été remplie avec un générateur de bullshit "neutre", qui n'a pour objectif que de remplir du texte qui n'a d'intérêt pour personne, mais qui ne va faire fuir personne.
Parfois quand on commande un truc en ligne on trouve un document dans le paquet qui ne fournit qu'un texte complètement bateau, sans aucune information utile. Du style "Cet article a été soigneusement conçu et fabriqué avec des matières premières de haute qualité. Nous espérons qu'il vous donnera toute satisfaction pendant toute la durée de son utilisation". Il y a quelqu'un qui a été payé pour écrire ça (ou le traduire à partir du Chinois), pour l'imprimer, et pour le glisser dans le paquet; il a fallu payer pour le transport de ces quelques grammes de papier supplémentaire. J'ai l'impression que l'objectif est que ce bout de papier existe, son contenu n'a aucune intérêt. Ça pourrait être pareil pour le site web.
Personne ne pense pénaliser ses enfants pour le futur, je pense. Surtout s'ils ont accès de temps à autre à l'objet et connaissent les principes de son fonctionnement.
Je pense que le dilemme c'est surtout pour leur socialisation. Les aspects sociaux de la vie des pré-ado et des ados c'est quelque chose d'extrêmement important pour eux (c'est important pour tout le monde, mais les enfants et les ados n'ont pas l'expérience qui leur permettrait de relativiser les déconvenues sociales). Leur imposer d'être différent des copains, c'est leur imposer un obstacle supplémentaire dans l'apprentissage de la vie sociale, dans un contexte êtrêmement complexe. Bien sûr, beaucoup vont prétendre "Ma fille n'y voit pas le problème, elle est très mature et sait faire la part des choses" par exemple, ce qui me semble juste révéler soit de l'emprise, soit de la maltraitance. Un ado n'est pas un adulte en miniature, son cerveau n'est biologiquement pas mature, lui demander de se comporter comme s'il l'était c'est malsain.
D'ailleurs, si les ados étaient vraiment matures, ça serait logique de leur filer un smartphone et de compter sur eux pour ne pas l'utiliser pour mater du prOn ou des TikToks jusqu'à 3h du mat.
J'ai peur qu'il y ait une énorme composante sociale. Les enfants qui ont un smartphone très tôt et/ou qui ne maitrisent pas leur utilisation viennent souvent de milieux défavorisés, et paradoxalement, plus le milieu est défavorisé, et plus l'objet en question est cher.
Mon argument en faveur de l'apprentissage des tables de multiplication, c'est que pour des calculs simples, le calcul mental est bel et bien plus rapide que d'aller chercher sa calculatrice, de taper les instructions, et de lire le résultat.
Il est très connu qu'Henri Poincarré par exemple était "très mauvais" en calcul mental (je ne sais pas quel type de calcul mental).
D'une manière générale, les mathématiques n'ont pas grand chose à voir avec les calculs style "les chiffres et les lettres". D'ailleurs, les gens qui sont forts à ce genre d'exercice ne sont en général pas des mathématiciens : les mathématiques conceptualisent étudient les règles de l'arithmétique, ils ne s'entrainent pas à les appliquer.
Même si c'est un cas bien documenté, on ne connait pas tout. Il y a 5 variants en Afrique (donc 5 mutations indépendantes), alors qu'on n'en trouve qu'un en Europe. Les variants permettant le maintient de l'activité lactase à l'âge adulte on beaucoup grimpé en fréquence au cours des 5000 dernières années (donc sur quelques centaines de générations), générant un fort balayage sélectif (c'est un des balayages les plus forts après les variants du système immunitaire qui ont augmenté en fréquence après les fortes épidémies (peste…)). Donc oui, beaucoup de sélection, une évolution probablement parallèle en Europe et en Afrique, où ces variants existaient auparavant mais n'étaient pas vraiment aussi avantageux. Les causes précises de l'avantage sélectif ne sont pas très claires, c'est évidemment lié à la combinaison entre l'agriculture, l'habitude de traire les animaux, et peut-être des carences ou des famines. Le contexte intéresse pas mal les généticiens humains, parce que ça pourrait être un exemple d'adaptation génétique à un comportement social, ce qui illustre bien que la séparation classique inné/acquis ne fonctionne pas du tout.
Du coup, oui, l'espèce humaine évolue, oui elle peut évoluer vite, non, ça n'est pas surprenant (il y a énormément d'exemples d'évolution rapide documentés); oui, on peut "voir" évoluer l'espèce humaine, et non, on ne comprend pas toujours pourquoi. En tout cas, l'exemple de la lactase est une exception, parce que l'adaptation humaine récente est assez ennuyeuse, c'est que du système immunitaire, et souvent il semble que la sélection soit balancée (les variants augmentent en fréquence lors d'une épidémie, puis rediminuent, comme s'ils étaient désavantageux). L'immunité c'est naze, quand c'est trop efficace ça te rend malade aussi (1). Il y a aussi des variants qu'on a piqué par hybridation à d'autres espèces (néanderthal et denisova), mais je ne suis pas certain qu'on soit sûrs qu'ils aient été impliqués dans l'adaptation. Et là aussi, je crois que c'est surtout de l'immunité. Parmi les trucs intéressants (non-immunitaires), il y a "évidemment" la couleur de peau pour les populations qui ont migré aux fortes latitudes, et plusieurs gènes qui s'expriment dans les testicules (plusieurs hypothèses, peut-être de la compétition spermatique). À ma connaissance, rien sur la morphologie, le cerveau, ou les capacités cognitives, comme on aurait pu penser; si une évolution adaptative a eu lieu à un moment là-dessus, c'était avant les ancêtres communs aux humains actuels (2).
(1) D'ailleurs, il faut être débile pour penser que c'est une bonne idée de prendre des compléments alimentaires qui "renforcent l'immunité", à moins de vouloir chopper une sclérose en plaques. Mais heureusement pour les débiles, ces compléments alimentaires ne marchent pas du tout, ils ne risquent rien à part de vider leur portefeuille dans les comptes offshore des géants de l'agro-alimentaire.
(2) Pour ce genre de choses, il est possible que les traits évoluent mais qu'on ne voie rien au niveau des gènes, parce qu'il y a trop de gènes impliqués.
J'aime bien ton paradoxe final, mais c'est peut-être simplement du à l'âge ? Le cerveau vieillissant est plus lent.
Bien sûr, c'est possible. Sans voyage dans le temps, on ne peut pas transporter 1000 français de 20 ans en 1960 pour les comparer avec ceux d'aujourd'hui. Je voulais juste noter que visiblement, il n'y avait aucune indication comme quoi cette fameuse éducation exigeante qu'on regrette tant générait tellement d'avantages pour ceux qui l'ont connue; les gens qui ont 20 ans aujourd'hui sont plus adaptés à l'environnement moderne que ceux qui en ont 80.
Mouais, tu veux dire qu'au moins on aurait une raison pour qu'ils soient à la ramasse?
La communication sur les transports rayonne de sérénité ("Selon nos calculs, si vous partez 3h en avance, vous aurez une chance sur 2 d'arriver avant la cérémonie des médailles, mais il faudra marcher à pied sur les 3 dernières stations", "on va interdire les applications qui proposent les itinéraires directs parce qu'il va falloir répartir les visiteurs sur des itinéraires alternatifs avec 12 changements", etc).
J'ai l'impression qu'ils n'ont pas tellement honte que les transports soient foireux (parce que ça, normalement, ils y sont habitués), mais ils ont honte de transporter les prestigieux (et riches) visiteurs dans les conditions habituelles du peuple Parisien…
Ce que je trouve frappant, c'est que cette panique montre bien qu'ils savent pertinamment que l'état des transports est honteux. C'est juste que d'habitude, ils nient. Mais en fait ils savent!
En apprenant les bases, tu apprends à apprendre. Si tu apprends à utiliser une calculatrice, c'est bien, mais tu ne sais pas calculer.
Au final, tu sais obtenir le résultat plus rapidement et avec moins d'erreur que celui qui pose la multiplication. Quel est le but?
Il y a des milliers de choses qu'on n'apprend plus à faire.
Tu n'apprends plus à allumer un feu avec des silex. Si tu apprends à utiliser des allumettes, c'est bien, mais tu ne sais pas allumer un feu.
Tu n'apprends plus à tanner des peaux de bêtes. Si tu achètes des chaussures toutes faites, c'est bien, mais tu ne sais pas fabriquer des chaussures.
Tu n'apprends plus à utiliser une plume. Si tu apprends à écrire avec un stylo bille, c'est bien, mais tu ne sais pas écrire avec une plume.
Il y a des savoir "de base" qui ont été indispensables pendant des siècles à l'humanité, et qu'on a collectivement oubliés parce que la technologie a rendu ces connaissances obsolètes. J'imagine que la maitrise du feu à partir de silex ou de bouts de bois, c'est quelque chose de très difficile, très long. Est-ce que les gens qui l'apprenaient, génération après génération, ont "appris à apprendre" quelque chose? Je ne suis pas convaincu du tout.
L'apprentissage des tables de multiplication, ça consiste à annoner "Trois fois un, trois; trois fois deux, six; trois fois trois, neuf"…, comme une comptine, tous les jours pendant une ou deux années. L'objectif, c'est justement que ça devienne un reflexe. Comprendre que pour multiplier par 5, il faut multiplier par 10 et diviser par 2, c'est une technique qui n'est utile justement que quand on ne connait pas ses tables. C'est donc totalement paradoxal de prétendre qu'il est important d'apprendre ses tables, et qu'il est également important de savoir retrouver 7x8 quand on a oublié; c'est soit l'un soit l'autre, mais pas les deux.
tu vois rapidement la différence entre les développeurs qui savent faire des ORM, des développeurs qui savent faire du SQL et les développeurs qui savent comment fonctionnent les moteurs de base de données.
Lapin compris le rapport avec la choucroute. Soit il existe une technologie qui fait aussi bien ce que ceux qui savent faire des ORM, auquel cas tu es juste en train de classifier les gens entre "ceux qui savent" et "ceux qui savent pas", alors que le résultat de leur travail est identique. Soit cette technologie n'existe pas, auquel cas tu n'es juste en train de parler de compétences utiles, ce qui me semble en dehors de la discussion.
Sur le fond, il faut distinguer deux niveaux:
* À quoi sert d'apprendre une chose pour laquelle on dispose largement de technologies meilleures que les êtres humains?
* À quoi sert de rendre cet apprentissage universel?
Les deux questions sont très différentes. Tu peux toujours argumenter de l'utilité de la première par rapport au maintien de la connaissance, de l'artisanat, de l'existence de rares cas où cette connaissance est utile, ne serait-ce que pour concevoir les technologies ont on parle. Ça semble très utile que les gens qui conçoivent les pierres à briquet savent faire des étincelles avec des pierres. Par contre, ça ne sert à rien que tous les enfants du monde passent 3 mois à apprendre ça.
Pour moi, il n'y a qu'un seul argument pour l'apprentissage des tables de multiplication, c'est l'identité culturelle. Tous les enfants qui ont grandi en France depuis 1900 ont appris leurs tables; ils ont tous eu les mêmes problèmes, et ont tous oublié depuis combien font 9x8. Mais c'est un truc dont mes gamins ont pu parler avec leur arrière grand-père, à travers 85 ans d'histoire, une guerre mondiale, l'apparition du téléphone, de la télé, d'internet. Le monde de 1930 n'a plus rien à voir avec le monde de 2024, mais les tables de multiplication sont une sorte de repère, un point fixe.
Le reste des arguments ("on apprend à apprendre", "on devient meilleur en maths", "ça améliore les capacités"…), c'est des arguments qu'on sort de notre c*** parce que ça nous semblerait inenvisageable d'arrêter ces enseignements fondamentaux, mais c'est du pipi de chat, il n'y a rien qui puisse prouver que c'est vrai. Par exemple, il est courant que les mathématiciens aient oublié leurs tables, ça ne sert pas à faire des maths. À la limite, je veux bien entendre les arguments basés sur la dangerosité de changer les approches pédagogiques: on sait qu'à chaque fois qu'on a voulu changer quelque chose (maths modernes, méthode globale…), ça a été une boucherie, donc au moins si on reste sur les fondamentaux ça ne peut pas être pire qu'en 1950, ce qui a au moins le mérite d'être un vrai argument.
Si l'école publique ne t'apprend pas ça, qui va le faire ?
Peut-être que personne ne va le faire, et que ça n'est pas plus mal?
Le principe d'un règlement n'est pas d'empêcher physiquement la non-application du règlement, mais de pouvoir sanctionner ceux qui ne le respectent pas. L'argument des deux portables, c'est le même argument que de dire "les panneaux de limites de vitesse n'empêchent pas de les dépasser". Bah… oui.
Après, faire appliquer le règlement quand on a un surveillant pour 500 élèves, c'est un autre problème.
La génération au pouvoir ne comprend jamais les nouvelles génération et en a toujours peur.
Je pense qu'il faut quand même distinguer les différences culturelles entre les générations (goûts musicaux, pratiques sociales, centres d'intérêt…) et les évolutions chiffrées de santé et de performances scolaires. Les indicateurs de problèmes de santé mentale sont quand même inquiétants, et les performances scolaires (indicateurs PISA) sont aussi très mauvaises, et en baisse.
C'est quand même tentant d'associer les deux : quand on écoute 12h par jour de la musique de daube devant des vidéos TikTok en fumant des joints, on n'est pas très forts en maths. Ça a toujours été vrai; ce n'est pas parce qu'on peut rattraper les conséquences d'une adolescence pourrie qu'il n'y a pas des choses mieux à faire quand on est jeune (du sport, de la programmation, l'engagement politique, …).
La question, c'est quand même 1) la réversibilité du processus (les réseaux sociaux rendent bête et méchant, mais après on redevient normal ou on reste comme ça?), et 2) est-ce que ça n'est pas le rôle des adultes de protéger les jeunes de la manipulation de leurs émotions immatures par le marketting des Gafam?
Il faut quand même garder à l'esprit qu'on est en train de vivre un changement de paradigme impotant sur la place du numérique dans l'éducation; on passe assez brutalement (une dizaine d'années peut-être) de l'idée d'initier très tôt les enfants à un outil qui deviendra incontournable dans la vie, à l'idée de bannir totalement les trucs électroniques de l'école de la République. Ça ne peut pas se faire d'une manière cohérente et rationnelle. Tu rajoutes à ça que c'est la fonction publique, déja que le capitaine du paquebot donne des coups de barre à gauche et à droite tout le temps, qu'il n'y a pas d'essence dans le moteur, que le GPS est en panne, que les rameurs n'ont pas tous les mêmes instructions, qu'ils doivent regarder BFM TV le soir pour savoir ce qu'ils doivent faire le lendemain, bah voila, c'est pas clair.
Sur le fond, moi je crois à la bonne foi naïve de décideurs incompétents qui pensaient qu'équiper les élèves de gadgets verrouillés avec les outils de Google et Microsoft pré-installés allaient les transformer en citoyens actifs et réduire la fracture numérique. On patauge aussi énormément parce qu'on n'a pas de recul, et qu'en plus on est hyper-influencés par des préjugés plus ou moins idéologiques sur ce qui est censé marcher ou pas, sur les compétences dont on aura besoin dans le futur, sur si un enfant geek qui apprend à hacker la CIA à 10 ans c'est mieux ou pas qu'un enfant qui passe son temps dehors à jouer au foot…
Est-ce que c'est utile de consacrer deux années à apprendre les tables de multiplication alors qu'il est hautement improbable de se situer à moins de 50cm d'une calculatrice dans les 70 ans qui viennent? Est-ce que c'est utile d'apprendre à maitriser l'orthographe? De faire une heure de sport par jour? À un moment, on ne sait même plus vraiment quels sont les objectifs, et sur quoi on se base pour justifier de consacrer des millieurs d'heures d'école à apprendre à faire soi-même des choses que des machines peuvent faire. Paradoxalement, c'est quand même les gens qui ont connu l'époque réputée extraordinaire du certificat d'études et des dictées où les fautes de grammaire retiraient 4 poins qui ont besoin d'assistance pour mettre la télé ou retirer de l'argent à un distributeur automatique.
Au final, on patauge et on expérimente. On voit de plus en plus que l'utilisation des réseaux sociaux semble dangereuse pour les adolescents. Il semble également que l'utilisation ludique d'appareils électroniques ne prépare pas vraiment à l'utilisation constructive de ces mêmes appareils dans un cadre professionnel. Il apparait que l'outil numérique à l'école ne semble pas trouver sa place dans les approches pédagogiques. Est-ce que c'est un problème général, un problème lié à l'immaturité de l'esprit des enfants, un problème de logiciels inadaptés, de pratiques douteuses des géants du numérique? Et tant qu'on ne sait pas trop, on fait quoi?
L'autocertification est aussi possible dans certains cas.
C'est pas ce que Dolibarr appelle une "attestation"? Ils ont l'air d'expliquer qu'en tant qu'éditeur du logiciel, ils peuvent fournir une attestation, comme quoi si tu utilises l'option des logs infalsifiables le logiciel a les propriétés requises par la loi machin-truc. Par contre, ils expliquent aussi qu'une telle attestation n'a pas la valeur d'une certification par un organisme indépendant.
D'autant plus que même si un binaire est signé, rien n'empêche d'en faire tourner un autre à certains moments
Le fait que ta voiture fasse bipbip quand tu n'as pas ta ceinture de sécurité ne t'empêche pas de couper ta ceinture au cutter et d'insérer le crochet pour faire cesser le bipbip. Mais bon, c'est un niveau de sécurité en plus. De manière générale, l'être humain est assez faignasse, donc lui mettre des contraintes, même superficielles, va être dissuasif dans une certaine mesure.
Pour vérifier les caisses, rien ne vaut des clients mystères. Tu va acheter deux bricoles anonymement dans la boutique, et tu vérifies lors du contrôle que la transaction apparait bien dans les logs.
Apparemment, la fraude à la TVA en France, c'est 15, 20, 25, ou 80 milliards d'Euros selon les sources. Ça justifie que l'État s'y intéresse…
C'est toujours plus compliqué, mais je n'ai rien lu dans le lien qui contredisait ce que j'ai écrit. Disons qu'il n'est pas illégal d'utiliser une version non-certifiée, mais tu seras incapable de justifier auprès de l'administration que tu n'as pas bricolé tes logs. Ça revient donc quand même à peu près au même, une version non-certifiée est inutilisable en production, et la certification coûte cher.
D'ailleurs, la fraude provenait de logiciels de caisses propriétaire.
Certes, mais ça n'a rien à voir. La loi ne fait pas de différence entre les logiciels libres et propriétaires, elle impose juste que tu puisses prouver à l'administration que ta caisse enregistre l'intégralité des transactions. Pour ça, elle met une procédure à ta disposition, la certification par un tiers qui s'engage à ce que la version du logiciel de caisse que tu utilises (le binaire signé, j'imagine?) se comporte de manière conforme à ce qui devrait être (il n'y a pas moyen d'émettre un ticket de caisse sans que la transaction n'apparaisse dans les logs). À la limite, la manière dont le tiers vérifie le logiciel, ça n'est pas ton problème (accès au code, etc). Par contre, impossible de corriger le moindre bug dans ton logiciel libre sans faire recertifier ton binaire. Tu as donc toutes les libertés associées au logiciel libre, mais en pratique tu n'as pas le droit d'utiliser le logiciel modifié en production, les libertés ont donc en pratique moins d'intérêt que pour les autres logiciels.
[^] # Re: Suite
Posté par arnaudus . En réponse au journal RGPD et parti politique. Évalué à 3.
Si je me rappelle bien, avant le téléphone portable, la seule manière de ne pas être dans l'annuaire si on avait le téléphone était de se mettre sur la "liste rouge", qui était une démarche payante. Il a existé une "liste orange" gratuite, mais c'était assez tard, quand la popularité de l'annuaire était déja déclinante.
[^] # Re: Suite
Posté par arnaudus . En réponse au journal RGPD et parti politique. Évalué à 3.
Ça dépend, il y a trois types d'actes de naissance: l'extrait sans filiation, l'extrait avec filiation, et la copie intégrale.
L'extrait sans filiation peut être obtenu par n'importe qui sans aucune condition.
La copie intégrale ou l'extrait avec filiation est réservé pour certaines personnes (partenaire de PACS, acscendants, descendants, professionnel autorisé), ou il faut attendre 75 ans (personne vivante) ou 25 ans (personne décédée).
Il est donc normal de prouver un lien de filiation pour un extrait avec filiation, mais pour un extrait sans filiation il n'y a besoin de rien prouver. La demande se fait d'ailleurs souvent en ligne, maintenant.
[^] # Re: le complotisme ?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Traduction : Aux sources du complotisme. Évalué à 0.
Hmm, c'est intéressant. Ça doit donc remonter aux moines Franc-Maçons du Vatican qui ont manoeuvré en coulisse pour faire de l'Anglais la langue la plus parlée aux États-Unis. Quel vilain forfait! Tout ça pour permettre de traduire "complot" par "conspiracy", et donc de faciliter la confusion "complotisme/conspirationnisme" par le monde entier!
[^] # Re: Suite
Posté par arnaudus . En réponse au journal RGPD et parti politique. Évalué à 6.
C'est la conséquence de la croyance qu'une information (une donnée) puisse appartenir à quelqu'un (à toi, à une entreprise, etc). Contrairement au droit d'auteur, où une oeuvre a un auteur, une donnée n'a pas de "propriétaire" naturel (la personne qui l'a récoltée? la personne qui possède le fichier? la personne sur qui les données portent?). Du coup, tu as des batailles philosophiques, juridiques, informatiques, etc., et tout le monde pense être dans son bon droit.
J'ai l'impression que la seule chose dont on a le droit envers un tiers qui possède des données sur nous, c'est le droit d'accès (et de rectification, éventuellement). Mais la notion de contrôle des données personnelles est assez récente, et je trouve qu'il y a toujours une confusion entre les données personnelles et les données privées, en plus des problèmes de définition (est-ce qu'une adresse IP est une données personnelle, etc).
Ça amène à des discussions absurdes, comme celle qui nous occupe, où l'on s'offusque de l'atteinte aux données personnelles d'une loi qui date d'au moins 1964.
Le nom, l'adresse, et la date de naissance, sont des données personnelles ET publiques. Il est légal d'obtenir très facilement une copie des listes électorales, il est possible à n'importe qui de demander un extrait d'acte de naissance de n'importe qui, avec dessus des informations "personnelles" comme le nom et la profession des parents. Quand les bottins existaient, il fallait payer pour en sortir et ne pas que le nom et le numéro de téléphone soient disponible pour tous. Et il n'est donc pas possible de légalement s'opposer à ce que des tiers aient accès à ces données. Les partis politiques peuvent envoyer des mails ou des courriers postaux à tous les électeurs de la liste électorale, et ils peuvent le faire en toute légalité. Les syndicats peuvent envoyer leurs tracts à toutes les adresses email de votre employeur. Ces utilisations sont non seulement légales, mais prévues par la loi (il ne s'agit pas de détournement, c'est la justification de l'existence de ces lois qui donnent accès aux listes). Ce sont des choses qu'on accepte, non pas par la force de l'habitude, mais parce que c'est un usage normal.
C'est peut-être plutôt la volonté de fermer ses moyens de communication à tout correspondant non-souhaité qui est moderne. Bien sûr, les pratiques publicitaires agressives sont en grande partie responsables de cette fermeture, mais je trouve assez surprenant qu'on puisse être amenés à penser qu'il est naturel de n'être joignable que par des correspondants identifiés.
[^] # Re: Suite
Posté par arnaudus . En réponse au journal RGPD et parti politique. Évalué à 7.
Bah là, en l'occurrence, si.
D'après https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1963,
C'est l'implémentation de l'article L37 du code électoral:
Donc c'est tout à fait prévu que tu puisses obtenir une copie de la liste électorale (ce que tu appelles "partir avec la base en clair sous le bras").
Et ça n'est pas récent. Ça date du début de la constitution, la version de 1964 dit " Tout électeur peut prendre communication et copie de la liste électorale." (les histoires de CD-rom sont arrivées après, bien entendu).
[^] # Re: Suite
Posté par arnaudus . En réponse au journal RGPD et parti politique. Évalué à 3.
Bah le principe des listes électorales c'est d'être publiquement consultables, non? Que ça soit par des moyens électroniques ou sous format papier, ça a toujours été possible d'avoir la liste des électeurs de chaque commune, avec leur nom, leur prénom, leur date de naissance, leur adresse, et leur numéro de carte d'électeur. Comment tu voudrais organiser des élections transparentes si les listes électorales étaient secrètes?
Ne panique pas, mais après les élections, il est même possible de savoir qui a voté et qui n'a pas voté! Pareil pour les procurations, donc on sait très bien dans quelle ville tu étais le jour de l'élection. Par contre, je ne pense pas que les listes d'émargement soient numérisées (sauf peut-être pour l'analyse des signatures en cas de suspition de fraude?).
[^] # Re: To hack
Posté par arnaudus . En réponse au journal [PHS] Les hackers de la peinture du dix-neuvième. Évalué à 1.
Si ton argument, c'est "la culture évolue", c'est difficile de s'y opposer.
Ce que je voulais dire, c'est que l'idée que la démarche artistique se nourrit d'innovation est essentiellement occidentale. Les notions de "disruption", "anticonformisme", "changement de paradigme", sont positives, les notions de "conformisme", "déja vu", "traditionalisme" sont négatives. L'art occidental a pour essence même d'évoluer, d'innover, de proposer des "choses nouvelles". C'est même vrai pour les artistes, individuellement: quand un album ressemble trop au précédent, les critiques sautent sur l'absence de nouvelles idées.
Bien sûr que l'art traditionnel évolue, que les artistes ajoutent parcimonieusement leur touche. Mais l'essence même de la culture de la plupart des populations non-européennes est justement de faire perdurer la tradition. Un chaman ne va pas incorporer des influences jazz pour innover, ça n'a aucun sens. Il va plutôt dire qu'il tient cette chanson de son grand-père, qui la tenait de son grand-père.
Donc non, bien sûr, toutes les cultures évoluent, mais la culture occidentale tient pour paradigme que l'évolution est non seulement souhaitable, mais qu'elle doit être stimulée et recherchée sous peine de mourir, alors que la culture non-occidentale s'ancre dans la tradition, et considère que l'évolution n'est pas souhaitable (bien qu'elle soit inévitable).
[^] # Re: To hack
Posté par arnaudus . En réponse au journal [PHS] Les hackers de la peinture du dix-neuvième. Évalué à 6.
De toutes manières, on vit avec le dogme que ça serait une catastrophe si l'inspiration artistique s'épuisait; ça aurait des conséquences assez bizarres en effet (concerts de reprises uniquement, reproductions d'oeuvres graphiques?), mais je ne suis pas mortifié par l'idée : tant qu'on a accès aux oeuvres du passé, on a un répertoire quasiment illimité à notre disposition. En tant qu'individus, on aura toujours autant de plaisir à lire des livres, à regarder des films, à écouter de la musique.
Il y a une vision probablement assez occidentale dans l'innovation artistique. Les musiques traditionnelles du monde par exemple ne se nourrissent pas d'innovation. On peut donc avoir une vie culturelle épanouie sans cette course aux choses nouvelles.
[^] # Re: To hack
Posté par arnaudus . En réponse au journal [PHS] Les hackers de la peinture du dix-neuvième. Évalué à 8. Dernière modification le 15 avril 2024 à 11:31.
En fait, ça illustre qu'il semble impossible d'innover sans s'extraire des institutions. Bien sûr, toute institution prétend qu'elle innove; les maisons de disque prétendent qu'elles lancent de nouveaux artistes, Hollywood prétend sortir de nouveaux films, tout comme les institutions de l'époque prétendaient financer un art sans cesse renouvellé, mais qui ne faisait que de reproduire sans grande originalité des recettes existantes. Mais pour faire quelque chose de vraiment nouveau, il faut un autre cadre, les institutions sont conservatrices par essence.
Je ne crois pas à la stagnation de la démarche artistique. L'innovation et l'orinalité ne sont pas des processus linéaires dans le temps, il y a des périodes d'explosion créatives, et des périodes où rien ne se passe. Un passionné de musique du tout début du XXe siècle aurait pu te dire qu'en effet, il y avait des trucs sympa en musique récente, mais qu'on avait probablement fait le tour.
Par contre, il est aussi probable qu'avec l'âge qui ne recule pas, on devienne de moins en moins sensibles à l'innovation artistique, et qu'on finisse comme tous les vieux par rabacher que LedZep c'était quand même mieux que ce que se fait en 2040, et que quand on était jeunes, on pouvait écouter du rock, et pas ces daubes de rap nudiste ou du jazz-grunge vegan qui ne ressemblent à rien.
[^] # Re: Une explication possible…
Posté par arnaudus . En réponse au journal Le marketing des logiciels, épisode 20240410. Évalué à 3.
Je n'arrive pas à trouver rapidement une étude qui aurait regardé ça, mais j'imagine que ça existe. Par exemple, pour le complotisme, il y a une corrélation très forte avec le niveau d'études (mais je ne trouve pas de données sur le type des études).
Il me semble quand même qu'il avait été montré pendant le Covid que les littéraires étaient bien plus perméables aux thèses "négationnistes" (ça n'est pas si grave, pas besoin de porter un masque, mangez de la chloroquine…) que les scientifiques, mais c'est peut-être aussi directement lié dans ce cas à la compétence "pure" sur le sujet (médecine et épidémiologie).
[^] # Re: Une explication possible…
Posté par arnaudus . En réponse au journal Le marketing des logiciels, épisode 20240410. Évalué à 4.
J'en déduis que 1) tu ne sors pas d'une école d'ingé (moi non plus, au passage), et 2) malgré ton passage sur "du bon sens, une démarche d'analyse et de l'esprit critique", tu as quand même fait une faute de logique.
J'ai écris "école d'ingé => capable de détecter le bullshit", et tu en déduis "pas d'école d'ingé => pas capable de détecter le bullshit", ce qui n'est pas une déduction correcte.
Mais bon, sur le fond, ça n'est pas forcément la formation spécifique des ingénieurs, c'est plutôt une forme de culture basée sur les sciences dures et les sciences de l'ingénieur ("show me the code").
[^] # Re: Une explication possible…
Posté par arnaudus . En réponse au journal Le marketing des logiciels, épisode 20240410. Évalué à 0.
Je ne connais rien à ce milieu, mais ça m'étonnerait que les gens qui engagent leur pognon dans des start-up se fassent attrapper par ce genre de bullshit. Autrement, la situation "j'ai du pognon" risque de n'être que temporaire…
En France en tout cas, beaucoup de cadres et "décideurs" sont issus d'écoles d'ingénieurs. Avec tous les biais que ça peut avoir, on peut au moins préjugés que quand on sort d'une école d'ingé prestigieuse, on sait ce qui est du bullshit de ce qui ne l'est pas.
Qui a écrit ça? on peut probablement exclure les développeurs, et j'irais même jusqu'à exclure les commerciaux, parce qu'en fait c'est beaucoup trop vague pour vendre à qui que ce soit (ça ne décrit même pas le produit vendu! Tu ne vends pas une voiture en disant que c'est une solution de mobilité dotée de structures rotatives). On pourrait penser à un texte généré par IA, ou un "filler" proposé par la boite qui a conçu le site.
Qui est censé le lire? aucune idée. Pas ceux qui vont utiliser le logiciel. Probablement pas ceux qui vont décider de l'acheter. Pas les investisseurs. Peut-être simplement les concurrents? Tu ne lâches aucune information, s'ils veulent comprendre comment marche ton truc il faut investir plus de temps. Autrement je ne sais pas du tout.
[^] # Re: Si tu parles des sites
Posté par arnaudus . En réponse au journal Le marketing des logiciels, épisode 20240410. Évalué à 6.
Ça sert à quoi d'indexer du bullshit? Est-ce que quelqu'un va taper "Scalable future workflow solution" dans Google?
Je me demande si ça n'est pas simplement parce que l'existence d'une page web est indispensable, mais que son contenu n'a aucun intérêt? C'est une sorte de page d'accueil, et les mots sont là pour décorer. L'existence de cette page n'est que de fournir un portail vers d'autres pages (contact, tarifs, documents techniques…), et elle a été remplie avec un générateur de bullshit "neutre", qui n'a pour objectif que de remplir du texte qui n'a d'intérêt pour personne, mais qui ne va faire fuir personne.
Parfois quand on commande un truc en ligne on trouve un document dans le paquet qui ne fournit qu'un texte complètement bateau, sans aucune information utile. Du style "Cet article a été soigneusement conçu et fabriqué avec des matières premières de haute qualité. Nous espérons qu'il vous donnera toute satisfaction pendant toute la durée de son utilisation". Il y a quelqu'un qui a été payé pour écrire ça (ou le traduire à partir du Chinois), pour l'imprimer, et pour le glisser dans le paquet; il a fallu payer pour le transport de ces quelques grammes de papier supplémentaire. J'ai l'impression que l'objectif est que ce bout de papier existe, son contenu n'a aucune intérêt. Ça pourrait être pareil pour le site web.
[^] # Re: Retex
Posté par arnaudus . En réponse au lien « Impact catastrophique » : le gouvernement explore le bannissement des smartphones des collèges . Évalué à 5.
Personne ne pense pénaliser ses enfants pour le futur, je pense. Surtout s'ils ont accès de temps à autre à l'objet et connaissent les principes de son fonctionnement.
Je pense que le dilemme c'est surtout pour leur socialisation. Les aspects sociaux de la vie des pré-ado et des ados c'est quelque chose d'extrêmement important pour eux (c'est important pour tout le monde, mais les enfants et les ados n'ont pas l'expérience qui leur permettrait de relativiser les déconvenues sociales). Leur imposer d'être différent des copains, c'est leur imposer un obstacle supplémentaire dans l'apprentissage de la vie sociale, dans un contexte êtrêmement complexe. Bien sûr, beaucoup vont prétendre "Ma fille n'y voit pas le problème, elle est très mature et sait faire la part des choses" par exemple, ce qui me semble juste révéler soit de l'emprise, soit de la maltraitance. Un ado n'est pas un adulte en miniature, son cerveau n'est biologiquement pas mature, lui demander de se comporter comme s'il l'était c'est malsain.
D'ailleurs, si les ados étaient vraiment matures, ça serait logique de leur filer un smartphone et de compter sur eux pour ne pas l'utiliser pour mater du prOn ou des TikToks jusqu'à 3h du mat.
J'ai peur qu'il y ait une énorme composante sociale. Les enfants qui ont un smartphone très tôt et/ou qui ne maitrisent pas leur utilisation viennent souvent de milieux défavorisés, et paradoxalement, plus le milieu est défavorisé, et plus l'objet en question est cher.
[^] # Re: Réactionnaire
Posté par arnaudus . En réponse au lien « Impact catastrophique » : le gouvernement explore le bannissement des smartphones des collèges . Évalué à 0.
"Alexa, combien font 157 fois 231?"
[^] # Re: Réactionnaire
Posté par arnaudus . En réponse au lien « Impact catastrophique » : le gouvernement explore le bannissement des smartphones des collèges . Évalué à 2.
Il est très connu qu'Henri Poincarré par exemple était "très mauvais" en calcul mental (je ne sais pas quel type de calcul mental).
D'une manière générale, les mathématiques n'ont pas grand chose à voir avec les calculs style "les chiffres et les lettres". D'ailleurs, les gens qui sont forts à ce genre d'exercice ne sont en général pas des mathématiciens : les mathématiques conceptualisent étudient les règles de l'arithmétique, ils ne s'entrainent pas à les appliquer.
[^] # Re: Réactionnaire
Posté par arnaudus . En réponse au lien « Impact catastrophique » : le gouvernement explore le bannissement des smartphones des collèges . Évalué à 3.
Vous faites référence à la persistance de la lactase à l'âge adulte ([[https://en.wikipedia.org/wiki/Lactase_persistence]].
Même si c'est un cas bien documenté, on ne connait pas tout. Il y a 5 variants en Afrique (donc 5 mutations indépendantes), alors qu'on n'en trouve qu'un en Europe. Les variants permettant le maintient de l'activité lactase à l'âge adulte on beaucoup grimpé en fréquence au cours des 5000 dernières années (donc sur quelques centaines de générations), générant un fort balayage sélectif (c'est un des balayages les plus forts après les variants du système immunitaire qui ont augmenté en fréquence après les fortes épidémies (peste…)). Donc oui, beaucoup de sélection, une évolution probablement parallèle en Europe et en Afrique, où ces variants existaient auparavant mais n'étaient pas vraiment aussi avantageux. Les causes précises de l'avantage sélectif ne sont pas très claires, c'est évidemment lié à la combinaison entre l'agriculture, l'habitude de traire les animaux, et peut-être des carences ou des famines. Le contexte intéresse pas mal les généticiens humains, parce que ça pourrait être un exemple d'adaptation génétique à un comportement social, ce qui illustre bien que la séparation classique inné/acquis ne fonctionne pas du tout.
Du coup, oui, l'espèce humaine évolue, oui elle peut évoluer vite, non, ça n'est pas surprenant (il y a énormément d'exemples d'évolution rapide documentés); oui, on peut "voir" évoluer l'espèce humaine, et non, on ne comprend pas toujours pourquoi. En tout cas, l'exemple de la lactase est une exception, parce que l'adaptation humaine récente est assez ennuyeuse, c'est que du système immunitaire, et souvent il semble que la sélection soit balancée (les variants augmentent en fréquence lors d'une épidémie, puis rediminuent, comme s'ils étaient désavantageux). L'immunité c'est naze, quand c'est trop efficace ça te rend malade aussi (1). Il y a aussi des variants qu'on a piqué par hybridation à d'autres espèces (néanderthal et denisova), mais je ne suis pas certain qu'on soit sûrs qu'ils aient été impliqués dans l'adaptation. Et là aussi, je crois que c'est surtout de l'immunité. Parmi les trucs intéressants (non-immunitaires), il y a "évidemment" la couleur de peau pour les populations qui ont migré aux fortes latitudes, et plusieurs gènes qui s'expriment dans les testicules (plusieurs hypothèses, peut-être de la compétition spermatique). À ma connaissance, rien sur la morphologie, le cerveau, ou les capacités cognitives, comme on aurait pu penser; si une évolution adaptative a eu lieu à un moment là-dessus, c'était avant les ancêtres communs aux humains actuels (2).
(1) D'ailleurs, il faut être débile pour penser que c'est une bonne idée de prendre des compléments alimentaires qui "renforcent l'immunité", à moins de vouloir chopper une sclérose en plaques. Mais heureusement pour les débiles, ces compléments alimentaires ne marchent pas du tout, ils ne risquent rien à part de vider leur portefeuille dans les comptes offshore des géants de l'agro-alimentaire.
(2) Pour ce genre de choses, il est possible que les traits évoluent mais qu'on ne voie rien au niveau des gènes, parce qu'il y a trop de gènes impliqués.
[^] # Re: Réactionnaire
Posté par arnaudus . En réponse au lien « Impact catastrophique » : le gouvernement explore le bannissement des smartphones des collèges . Évalué à 6.
Bien sûr, c'est possible. Sans voyage dans le temps, on ne peut pas transporter 1000 français de 20 ans en 1960 pour les comparer avec ceux d'aujourd'hui. Je voulais juste noter que visiblement, il n'y avait aucune indication comme quoi cette fameuse éducation exigeante qu'on regrette tant générait tellement d'avantages pour ceux qui l'ont connue; les gens qui ont 20 ans aujourd'hui sont plus adaptés à l'environnement moderne que ceux qui en ont 80.
[^] # Re: "Mais qui aurait pu prédire"
Posté par arnaudus . En réponse au lien Les promesses pas vraiment tenues des JO 2024 à Paris. Évalué à 10. Dernière modification le 09 avril 2024 à 15:26.
Mouais, tu veux dire qu'au moins on aurait une raison pour qu'ils soient à la ramasse?
La communication sur les transports rayonne de sérénité ("Selon nos calculs, si vous partez 3h en avance, vous aurez une chance sur 2 d'arriver avant la cérémonie des médailles, mais il faudra marcher à pied sur les 3 dernières stations", "on va interdire les applications qui proposent les itinéraires directs parce qu'il va falloir répartir les visiteurs sur des itinéraires alternatifs avec 12 changements", etc).
J'ai l'impression qu'ils n'ont pas tellement honte que les transports soient foireux (parce que ça, normalement, ils y sont habitués), mais ils ont honte de transporter les prestigieux (et riches) visiteurs dans les conditions habituelles du peuple Parisien…
Ce que je trouve frappant, c'est que cette panique montre bien qu'ils savent pertinamment que l'état des transports est honteux. C'est juste que d'habitude, ils nient. Mais en fait ils savent!
[^] # Re: Réactionnaire
Posté par arnaudus . En réponse au lien « Impact catastrophique » : le gouvernement explore le bannissement des smartphones des collèges . Évalué à 2. Dernière modification le 09 avril 2024 à 14:13.
Au final, tu sais obtenir le résultat plus rapidement et avec moins d'erreur que celui qui pose la multiplication. Quel est le but?
Il y a des milliers de choses qu'on n'apprend plus à faire.
Tu n'apprends plus à allumer un feu avec des silex. Si tu apprends à utiliser des allumettes, c'est bien, mais tu ne sais pas allumer un feu.
Tu n'apprends plus à tanner des peaux de bêtes. Si tu achètes des chaussures toutes faites, c'est bien, mais tu ne sais pas fabriquer des chaussures.
Tu n'apprends plus à utiliser une plume. Si tu apprends à écrire avec un stylo bille, c'est bien, mais tu ne sais pas écrire avec une plume.
Il y a des savoir "de base" qui ont été indispensables pendant des siècles à l'humanité, et qu'on a collectivement oubliés parce que la technologie a rendu ces connaissances obsolètes. J'imagine que la maitrise du feu à partir de silex ou de bouts de bois, c'est quelque chose de très difficile, très long. Est-ce que les gens qui l'apprenaient, génération après génération, ont "appris à apprendre" quelque chose? Je ne suis pas convaincu du tout.
L'apprentissage des tables de multiplication, ça consiste à annoner "Trois fois un, trois; trois fois deux, six; trois fois trois, neuf"…, comme une comptine, tous les jours pendant une ou deux années. L'objectif, c'est justement que ça devienne un reflexe. Comprendre que pour multiplier par 5, il faut multiplier par 10 et diviser par 2, c'est une technique qui n'est utile justement que quand on ne connait pas ses tables. C'est donc totalement paradoxal de prétendre qu'il est important d'apprendre ses tables, et qu'il est également important de savoir retrouver 7x8 quand on a oublié; c'est soit l'un soit l'autre, mais pas les deux.
Lapin compris le rapport avec la choucroute. Soit il existe une technologie qui fait aussi bien ce que ceux qui savent faire des ORM, auquel cas tu es juste en train de classifier les gens entre "ceux qui savent" et "ceux qui savent pas", alors que le résultat de leur travail est identique. Soit cette technologie n'existe pas, auquel cas tu n'es juste en train de parler de compétences utiles, ce qui me semble en dehors de la discussion.
Sur le fond, il faut distinguer deux niveaux:
* À quoi sert d'apprendre une chose pour laquelle on dispose largement de technologies meilleures que les êtres humains?
* À quoi sert de rendre cet apprentissage universel?
Les deux questions sont très différentes. Tu peux toujours argumenter de l'utilité de la première par rapport au maintien de la connaissance, de l'artisanat, de l'existence de rares cas où cette connaissance est utile, ne serait-ce que pour concevoir les technologies ont on parle. Ça semble très utile que les gens qui conçoivent les pierres à briquet savent faire des étincelles avec des pierres. Par contre, ça ne sert à rien que tous les enfants du monde passent 3 mois à apprendre ça.
Pour moi, il n'y a qu'un seul argument pour l'apprentissage des tables de multiplication, c'est l'identité culturelle. Tous les enfants qui ont grandi en France depuis 1900 ont appris leurs tables; ils ont tous eu les mêmes problèmes, et ont tous oublié depuis combien font 9x8. Mais c'est un truc dont mes gamins ont pu parler avec leur arrière grand-père, à travers 85 ans d'histoire, une guerre mondiale, l'apparition du téléphone, de la télé, d'internet. Le monde de 1930 n'a plus rien à voir avec le monde de 2024, mais les tables de multiplication sont une sorte de repère, un point fixe.
Le reste des arguments ("on apprend à apprendre", "on devient meilleur en maths", "ça améliore les capacités"…), c'est des arguments qu'on sort de notre c*** parce que ça nous semblerait inenvisageable d'arrêter ces enseignements fondamentaux, mais c'est du pipi de chat, il n'y a rien qui puisse prouver que c'est vrai. Par exemple, il est courant que les mathématiciens aient oublié leurs tables, ça ne sert pas à faire des maths. À la limite, je veux bien entendre les arguments basés sur la dangerosité de changer les approches pédagogiques: on sait qu'à chaque fois qu'on a voulu changer quelque chose (maths modernes, méthode globale…), ça a été une boucherie, donc au moins si on reste sur les fondamentaux ça ne peut pas être pire qu'en 1950, ce qui a au moins le mérite d'être un vrai argument.
Peut-être que personne ne va le faire, et que ça n'est pas plus mal?
[^] # Re: Mesure, contre-mesure
Posté par arnaudus . En réponse au lien « Impact catastrophique » : le gouvernement explore le bannissement des smartphones des collèges . Évalué à 10.
Le principe d'un règlement n'est pas d'empêcher physiquement la non-application du règlement, mais de pouvoir sanctionner ceux qui ne le respectent pas. L'argument des deux portables, c'est le même argument que de dire "les panneaux de limites de vitesse n'empêchent pas de les dépasser". Bah… oui.
Après, faire appliquer le règlement quand on a un surveillant pour 500 élèves, c'est un autre problème.
[^] # Re: Réactionnaire
Posté par arnaudus . En réponse au lien « Impact catastrophique » : le gouvernement explore le bannissement des smartphones des collèges . Évalué à 10.
Je pense qu'il faut quand même distinguer les différences culturelles entre les générations (goûts musicaux, pratiques sociales, centres d'intérêt…) et les évolutions chiffrées de santé et de performances scolaires. Les indicateurs de problèmes de santé mentale sont quand même inquiétants, et les performances scolaires (indicateurs PISA) sont aussi très mauvaises, et en baisse.
C'est quand même tentant d'associer les deux : quand on écoute 12h par jour de la musique de daube devant des vidéos TikTok en fumant des joints, on n'est pas très forts en maths. Ça a toujours été vrai; ce n'est pas parce qu'on peut rattraper les conséquences d'une adolescence pourrie qu'il n'y a pas des choses mieux à faire quand on est jeune (du sport, de la programmation, l'engagement politique, …).
La question, c'est quand même 1) la réversibilité du processus (les réseaux sociaux rendent bête et méchant, mais après on redevient normal ou on reste comme ça?), et 2) est-ce que ça n'est pas le rôle des adultes de protéger les jeunes de la manipulation de leurs émotions immatures par le marketting des Gafam?
[^] # Re: Réactionnaire
Posté par arnaudus . En réponse au lien « Impact catastrophique » : le gouvernement explore le bannissement des smartphones des collèges . Évalué à 10.
Il faut quand même garder à l'esprit qu'on est en train de vivre un changement de paradigme impotant sur la place du numérique dans l'éducation; on passe assez brutalement (une dizaine d'années peut-être) de l'idée d'initier très tôt les enfants à un outil qui deviendra incontournable dans la vie, à l'idée de bannir totalement les trucs électroniques de l'école de la République. Ça ne peut pas se faire d'une manière cohérente et rationnelle. Tu rajoutes à ça que c'est la fonction publique, déja que le capitaine du paquebot donne des coups de barre à gauche et à droite tout le temps, qu'il n'y a pas d'essence dans le moteur, que le GPS est en panne, que les rameurs n'ont pas tous les mêmes instructions, qu'ils doivent regarder BFM TV le soir pour savoir ce qu'ils doivent faire le lendemain, bah voila, c'est pas clair.
Sur le fond, moi je crois à la bonne foi naïve de décideurs incompétents qui pensaient qu'équiper les élèves de gadgets verrouillés avec les outils de Google et Microsoft pré-installés allaient les transformer en citoyens actifs et réduire la fracture numérique. On patauge aussi énormément parce qu'on n'a pas de recul, et qu'en plus on est hyper-influencés par des préjugés plus ou moins idéologiques sur ce qui est censé marcher ou pas, sur les compétences dont on aura besoin dans le futur, sur si un enfant geek qui apprend à hacker la CIA à 10 ans c'est mieux ou pas qu'un enfant qui passe son temps dehors à jouer au foot…
Est-ce que c'est utile de consacrer deux années à apprendre les tables de multiplication alors qu'il est hautement improbable de se situer à moins de 50cm d'une calculatrice dans les 70 ans qui viennent? Est-ce que c'est utile d'apprendre à maitriser l'orthographe? De faire une heure de sport par jour? À un moment, on ne sait même plus vraiment quels sont les objectifs, et sur quoi on se base pour justifier de consacrer des millieurs d'heures d'école à apprendre à faire soi-même des choses que des machines peuvent faire. Paradoxalement, c'est quand même les gens qui ont connu l'époque réputée extraordinaire du certificat d'études et des dictées où les fautes de grammaire retiraient 4 poins qui ont besoin d'assistance pour mettre la télé ou retirer de l'argent à un distributeur automatique.
Au final, on patauge et on expérimente. On voit de plus en plus que l'utilisation des réseaux sociaux semble dangereuse pour les adolescents. Il semble également que l'utilisation ludique d'appareils électroniques ne prépare pas vraiment à l'utilisation constructive de ces mêmes appareils dans un cadre professionnel. Il apparait que l'outil numérique à l'école ne semble pas trouver sa place dans les approches pédagogiques. Est-ce que c'est un problème général, un problème lié à l'immaturité de l'esprit des enfants, un problème de logiciels inadaptés, de pratiques douteuses des géants du numérique? Et tant qu'on ne sait pas trop, on fait quoi?
[^] # Re: NAPD
Posté par arnaudus . En réponse au journal Le fabricant refuse de libérer l'appareil : bientôt un mort ?. Évalué à 4.
C'est pas ce que Dolibarr appelle une "attestation"? Ils ont l'air d'expliquer qu'en tant qu'éditeur du logiciel, ils peuvent fournir une attestation, comme quoi si tu utilises l'option des logs infalsifiables le logiciel a les propriétés requises par la loi machin-truc. Par contre, ils expliquent aussi qu'une telle attestation n'a pas la valeur d'une certification par un organisme indépendant.
Le fait que ta voiture fasse bipbip quand tu n'as pas ta ceinture de sécurité ne t'empêche pas de couper ta ceinture au cutter et d'insérer le crochet pour faire cesser le bipbip. Mais bon, c'est un niveau de sécurité en plus. De manière générale, l'être humain est assez faignasse, donc lui mettre des contraintes, même superficielles, va être dissuasif dans une certaine mesure.
Pour vérifier les caisses, rien ne vaut des clients mystères. Tu va acheter deux bricoles anonymement dans la boutique, et tu vérifies lors du contrôle que la transaction apparait bien dans les logs.
Apparemment, la fraude à la TVA en France, c'est 15, 20, 25, ou 80 milliards d'Euros selon les sources. Ça justifie que l'État s'y intéresse…
[^] # Re: NAPD
Posté par arnaudus . En réponse au journal Le fabricant refuse de libérer l'appareil : bientôt un mort ?. Évalué à 2.
C'est toujours plus compliqué, mais je n'ai rien lu dans le lien qui contredisait ce que j'ai écrit. Disons qu'il n'est pas illégal d'utiliser une version non-certifiée, mais tu seras incapable de justifier auprès de l'administration que tu n'as pas bricolé tes logs. Ça revient donc quand même à peu près au même, une version non-certifiée est inutilisable en production, et la certification coûte cher.
Certes, mais ça n'a rien à voir. La loi ne fait pas de différence entre les logiciels libres et propriétaires, elle impose juste que tu puisses prouver à l'administration que ta caisse enregistre l'intégralité des transactions. Pour ça, elle met une procédure à ta disposition, la certification par un tiers qui s'engage à ce que la version du logiciel de caisse que tu utilises (le binaire signé, j'imagine?) se comporte de manière conforme à ce qui devrait être (il n'y a pas moyen d'émettre un ticket de caisse sans que la transaction n'apparaisse dans les logs). À la limite, la manière dont le tiers vérifie le logiciel, ça n'est pas ton problème (accès au code, etc). Par contre, impossible de corriger le moindre bug dans ton logiciel libre sans faire recertifier ton binaire. Tu as donc toutes les libertés associées au logiciel libre, mais en pratique tu n'as pas le droit d'utiliser le logiciel modifié en production, les libertés ont donc en pratique moins d'intérêt que pour les autres logiciels.