Journal Copyleft is censorship

Posté par  . Licence CC By‑SA.
49
17
mar.
2018

Cher journal,

Je me suis retrouvé à lire des tweets de Julia Reda (une parlementaire européenne du parti pirate qui travaille beaucoup sur les questions de copyright dans la législation européenne) qui proteste contre le projet de loi européen en cours de préparation sur le copyright. Le nouveau projet de loi contient des clauses sur les plateformes qui contiennent du contenu fournit par les utilisateurs, qui suggèrent que les plateformes seraient légalement obligées de le filtrer automatiquement pour détecter des violations de copyright.

Le fil de tweets en question n'est pas particulièrement intéressant, à part ce tweet assez choquant de Crispin Hunt, un musicien qui est Chair (président ?) de BASCA, une association de créateurs anglais qui me semble (mais je ne suis pas spécialiste) être l'équivalent anglais de la SACEM en France—une société de gestion des droits qui distribue de l'argent aux auteurs et fait du lobbying.

Le tweet de Crispin Hunt:

The only real censorship is that of the copyleft denying professional creators the right to earn a living from copyright..you want to protect free speech then protect artists, musicians , poets, journalists, authors, playwrights, who speak a truth algorithms will never conquer.

Traduction faite maison:

La vraie censure, c'est celle du copyleft, qui prive les créateurs professionnels le droit de gagner leur vie à partir du copyright. Si vous voulez protéger la liberté d'expression, alors protégez les artistes, musiciens, poètes, journalistes, auteurs, auteurs de théâtres, qui parlent une vérité que les algorithmes ne conquerront jamais.

Je dois dire que la mâchoire m'en tombe. On avait compris que les sociétés de droit d'auteur n'aimaient pas les contenus à diffusion libre, mais de là à qualifier de "censure" une licence d'utilisation choisie librement par certains artistes… Je trouve inquiétant que ce soit un discours politique présent et accepté.

  • # Le pire

    Posté par  . Évalué à 10. Dernière modification le 17 mars 2018 à 23:28.

    Le pire c'est que ces clauses concerneraient aussi le code ! Voici ce que ça pourrait donner sur Github :

    CensorshipMachines

    En détails : EU wants to require platforms to filter uploaded content (including code)
    Appel à mobilisation : https://savecodeshare.eu/

    • [^] # Re: Le pire

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à -3.

      Merci pour le lien, je comprend mieux d'où vient la notion de "censorship" de la personne critiquée dans le journal.
      En fait, des gens aimant le copyleft ont juste donné de belles armes à leurs adversaire en racontant n'importe quoi, et en utilisant un mot ("censorship" machine) complètement hors sujet, ce qui permet aux adversaire du copyleft de le reprendre pour eux en racontant tout autant n'importe quoi sans qu'une personne intellectuellement honnête ne puisse départager les deux intellectuellement malhonnêtes, donc il n'aidera personne.

      Je resterai à jamais impressionné par la capacité des gens à se tirer une balle dans le pied, et surtout à ne pas s'en rendre compte quand l'adversaire en profite pour réutiliser (perso ça me fait sourir de voir des gens s'offusquer de l'utilisation de "censorship" quand l'adversaire l'utilise tout en défendant le mot quand son "camps" l'utilise, bravo pour la capacité à la mauvaise foi)

      • [^] # Re: Le pire

        Posté par  . Évalué à 10.

        tout en défendant le mot quand son "camps" l'utilise

        C’est marrant ton utilisation des guillemets, possiblement pour souligner le ridicule de ces pseudos guerres parfois un peu picrocholines et du regroupement en « camps » un peu fictifs alors que c’est toi qui depuis le début emploie une terminologie de guerres et qui introduit cette idée de camps antagonistes qui vont s’annihiler …

        Quand il y a personne pour troller avec toi, tu trolles avec toi même, quoi …

    • [^] # Re: Le pire

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

      Une des autres raison d'héberger le code soi même plutôt que d'utiliser des forge non libres :)

      git is great because linus did it, mercurial is better because he didn't

      • [^] # Re: Le pire

        Posté par  (site web personnel, Mastodon) . Évalué à 5.

        Si tu deviens ton propre diffuseur, je suppose que tu deviens donc soumis aux mêmes règles sur le copyright que les grandes plateformes. Ça va si tu ne publies que ton propre code, mais le problème persiste si tu veux conserver des dépendances externes dans ton dépôt (par exemple pour conserver une certaine version d’une dépendance), non ?

  • # Expérience littéraire

    Posté par  . Évalué à 10.

    Je travaille dans le milieu (édition littéraire et sciences humaines), et à côté, on est en train, avec quelques personnes, de monter une maison d'édition, dont tous les textes seront librement disponibles sur Internet. Il y a plusieurs points à distinguer, à mon sens (en parlant de la création artistique, je me concentre donc ici principalement sur sa dimension littéraire).

    • Le milieu (surtout littéraire donc) est conservateur et capitaliste. Le tweet que tu publies le montre bien. La menace n'est pour ces gens que pécuniaire, et nullement une question de censure… L'emploi du terme n'est que rhétorique. Mais bon, s'ils ne gagnent pas d'argent, on les censure sans doute… Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'un milieu artistique, et bien souvent moralisateur, qu'il s'agit pour autant d'un milieu progressiste, intéressé par la libre diffusion, les avancées technologiques (en littérature, la part de marché numérique, autour de 5-7%, en fonction du genre). Quand je dis conservateur et capitaliste, il y a un jugement de valeur certes, mais également une dimension objective basée d'une part sur la faible propension à se diriger vers le numérique, à expérimenter à ce niveau (je ne parle même pas des DRM et tatouages numériques), et d'autre part sur les contrats d'édition (le plus souvent, cession totale des droits, et donc une propriété pour les maisons d'édition 70 ans après la mort du créateur ; on capitalise donc sur son catalogue).

    • Il y a une distinction à faire entre la création d'un outil et d'une oeuvre d'art (un logiciel et une pièce de théâtre, par ex.) ; cela n'implique pas la même chose pour le créateur (dans le phénomène créatif lui-même), mais également au niveau de l'oeuvre elle-même, et de ses possibles dérivés (disons à un niveau plus sociologique).

    • Le modèle économique du copyleft s'applique difficilement à la création artistique quand il existe des intermédiaires (éditeurs, diffuseurs, etc.), notamment quant à la diffusion sur le long terme d'une oeuvre, tant pour l'auteur que l'éditeur. Une oeuvre peut devenir intéressante financièrement plusieurs années après sa publication. Se pose donc la question de l'investissement de base (il ne s'agit pas là que d'une question d'argent, mais aussi de travail, etc.), de sa pérennité, de la protection du lien de confiance avec les auteurs (au niveau de l'édition). Il est difficile de convaincre un auteur en lui disant, "écoute, tu n'auras peut-être pas de succès avec ton premier bouquin, mais par la suite ; avec le copyleft, d'autres pourront copier ton travail, et le vendre moins cher par ex. sur amazon ; ah… Et tu ne toucheras rien là-dessus". On pourra rétorquer que les consommateurs sont intelligents, qu'ils pourront acheter le livre, même plus cher, chez l'éditeur, voire sur le site personnel de l'auteur, mais ce n'est pas le cas. C'est malheureux mais les gens ne prêtent pas vraiment attention aux mécaniques du marché (par ex.: sur les 5-7% du marché numérique, 2/3 passent par amazon, même si la maison d'édition fournit un livre sans DRM sur d'autres plates-formes…).

    • La plupart des artistes sont dans une situation compliquée financièrement quant à leurs créations. Ils ne peuvent tout simplement pas en vivre aujourd'hui. Très peu d'écrivains vivent de leur plume (et même de très bons écrivains) ; la plupart exercent une profession à côté. Finalement, ils ne veulent que diffuser leur texte, rêvent d'en vivre, ou du moins rêvent d'un partage autour de leur travail, se tournent pour cela vers quelques maisons connues, rarement réussissent à les convaincre (une maison d'édition reçoit souvent plusieurs centaines de manuscrits par année, pour une dizaine de publications), et quand il y a succès, ils acceptent souvent inconditionnellement les règles. Ils n'ont pas le choix. Et le milieu traditionnel de l'édition ne favorise par la diffusion libre. Qu'acceptent-ils ? Abandon de leurs droits (70 ans après leur mort), ils ne touchent que 10% environ (s'ils ont la chance d'être payés… A souligner ! Et quand ils sont payés, encore une fois s'ils ont la chance d'avoir une maison sérieuse, ce sera une fois par année). Juste pour préciser sur le prix d'un livre, grosso modo : 30-35% pour le libraire (qui paie souvent une fois le livre vendu), 20% diffuseur/distributeur, 10% auteur, 35% éditeur (et cela comprend 5% de TVA, la fabrication du livre en général autour de 10% ; donc l'éditeur en tant que tel, entre 15 et 25%).

    • Il y a peut-être des pistes à creuser du côté des licences à réciprocité, des financements participatifs, etc. Ils sont difficilement viables pour l'ensemble d'une activité éditoriale actuellement, mais il y a des pistes, et de plus en plus d'exemples probants.

    • Nous ne vivons plus dans le réseau des années 2000 (diffusion personnelle sur son site, un éclatement bariolé de la création numérique). La plupart des oeuvres auto-diffusées se trouvent sur des plates-formes (appartenant à de grandes sociétés) qui altèrent conséquemment ces questions. Notamment, quant au travail artisanal des petits acteurs. Les intermédiaires ne sont pas que des vampires assoiffés d'oseille. Par ex., au niveau de l'édition, l'éditeur ne se contente pas de balancer un texte sur le marché, il y a un rapport créatif avec les auteurs, il suggère des directions artistiques, s'adapte aux différentes personnalités des auteurs, fait un travail de promotion, apporte une attention graphique au niveau du livre, etc. Cette nouvelle diffusion numérique n'est pas mauvaise en soi, elle crée un partage différent, une émulation autre, une certaine démocratisation de la création, mais au stade économique et juridique, il serait mensonger de dire que ces acteurs sont neutres (même s'ils permettent l'utilisation de licences de libre diffusion ou de copyleft) par rapport aux acteurs traditionnels. Je pense à la publicité notamment.

    En ce qui nous concerne (notre maison d'édition en cours de création), nous n'aimons pas le copyleft pour la création littéraire, mais nous le favorisons pour la création d'outils (même si nous préférons le domaine public volontaire).
    Nous avons choisi une licence CC-BY-NC-SA et une licence CC-Zero (pour les artistes qui veulent se risquer au domaine public volontaire, et cette folie nous enthousiasme et nous emporte insensément avec eux…). Cette licence CC-BY-NC-SA, nous en avons néanmoins une lecture "plastique". Nous accordons par principe et gratuitement l'autorisation d'une utilisation commerciale pour toute oeuvre dérivée, à condition que l'auteur "originel" accepte cette autorisation. Même si nous sommes les ayants-droit, la relation de confiance que nous avons avec nos auteurs nous semble primordiale (ils mettent souvent leurs tripes dans leurs bouquins), et à notre sens, c'est le créateur qui doit avoir le dernier mot. Il peut être par exemple offensant pour l'auteur d'une pièce de théâtre, d'un drame, que l'on en fasse par la suite une comédie. Voilà pourquoi nous nous imposons cette condition "du dernier mot de l'auteur". Cette méthode permettra sans doute de tisser aussi une certaine socialité de la création, puisque l'auteur d'une oeuvre dérivée souhaitant la commercialiser devra nous contacter. Pour le domaine public volontaire, la question ne se pose pas. Et nous nous réjouissons de voir son application ! Pour l'instant, nous avons pu convaincre une dizaine d'auteurs avec cette méthode (nous n'avons pas trouvé de licences à réciprocité nous convenant pleinement). Je ne peux pas encore faire un retour sur le fonctionnement commercial (on se lance dans deux mois). Il s'agit sans doute d'une "expérience expérimentale", pleine d'idéaux et de maladresses. Nous verrons.

    Un avis désordonné, quelque peu…

    • [^] # Re: Expérience littéraire

      Posté par  . Évalué à 8.

      super intéressant, ça vaudrait le coup de faire une dépêche au lancement dans 2 mois

    • [^] # Re: Expérience littéraire

      Posté par  . Évalué à 10.

      Je te remercie pour cette réponse détaillée et nuancée. Je pense que c'est un sujet au final assez compliqué, et je peux comprendre les réactions des créateurs sur certaines questions: ce n'est pas très juste que des plateformes qui proposent d'accéder à leur travail gratuitement se fassent de l'argent en publicité montrée autour de leurs contenus sans leur en reverser une partie.

      Je trouve quand même choquante l'idée que des schémas de redistribution des droits, au niveau de la société, puissent se permettre d'ignorer complètement les licences libres utilisées volontairement. Que la SACEM puisse demander des redevances à un supermarché jouant de la musique sous Creative Commons CC-BY-SA, par exemple, me semble profondément choquant et injuste.

      • [^] # Re: Expérience littéraire

        Posté par  . Évalué à 5.

        Que la SACEM puisse demander des redevances à un supermarché jouant de la musique sous Creative Commons CC-BY-SA, par exemple, me semble profondément choquant et injuste.

        Je ne sais pas si ca a changé, mais a une époque tu avais encore plus fort : le site penofchaos (donjon de naheulbeuk) était illegal car il partageait gratuitement sa propre production :P

    • [^] # Re: Expérience littéraire

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 8.

      En ce qui nous concerne (notre maison d'édition en cours de création), nous n'aimons pas le copyleft pour la création littéraire, mais nous le favorisons pour la création d'outils (même si nous préférons le domaine public volontaire).

      Ayant récupéré les droits de mes romans auprès de mon ancienne maison d'édition afin de les placer sous une licence copyleft (CC-BY-SA), je serais curieux de savoir pour quelle raison vous n'aimez pas le copyleft (appliqué seul si je comprend bien, vu que vous l'acceptez dans une de vos deux licences). Ceci sans polémique, pour moi il s'agit de choix éminemment personnels. Je suis toujours curieux d'entendre les décisions de ceux qui font des choix en conscience.

      En ce qui me concerne, j'ai choisi le copyleft car cela me permettrait de pouvoir intégrer à mon propre travail tout ce qui en serait dérivé par d'autres. Je trouverais très frustrant de ne pas pouvoir bâtir sur ces nouvelles briques qui ne seraient pas de moi. Par ailleurs, cela m'assure également que le public de mon travail ne verra jamais enclos une partie du monde que je me propose de construire. Dans un monde idéal où jamais les enclosures n'adviendraient, j'abandonnerais bien volontiers ce genre de licence pour élever directement dans le domaine public.

      Par ailleurs, tant qu'on est dans un pays soumis à la convention de Berne, il demeure toujours le droit moral au créateur, quelle que soit sa décision de licence. Il ne peut pas y renoncer réellement même si il le souhaite. Donc d'éventuels ayant droit pourraient y recourir par la suite pour tenter de contrôler le destin de l'œuvre.

      • [^] # Re: Expérience littéraire

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

        « Nous accordons par principe et gratuitement l'autorisation d'une utilisation commerciale pour toute oeuvre dérivée, à condition que l'auteur "originel" accepte cette autorisation. Même si nous sommes les ayants-droit, la relation de confiance que nous avons avec nos auteurs nous semble primordiale (ils mettent souvent leurs tripes dans leurs bouquins), et à notre sens, c'est le créateur qui doit avoir le dernier mot. Il peut être par exemple offensant pour l'auteur d'une pièce de théâtre, d'un drame, que l'on en fasse par la suite une comédie. Voilà pourquoi nous nous imposons cette condition "du dernier mot de l'auteur". »

        Il me semble que la réponse soit là. Me tromperais-je ?

        « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

      • [^] # Re: Expérience littéraire

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à -5.

        En ce qui me concerne, j'ai choisi le copyleft car cela me permettrait de pouvoir intégrer à mon propre travail tout ce qui en serait dérivé par d'autres. Je trouverais très frustrant de ne pas pouvoir bâtir sur ces nouvelles briques qui ne seraient pas de moi

        Euh… Si c'est la raison, le copyleft n'est absolument pas fait pour toi.
        Le copyleft (et le libre en général) s’intéresse à celui qui reçoit, et absolument pas à celui qui donne.
        Si tu ne reçois pas de nouvelles briques, tu ne peux les utiliser même si elle existent ailleurs (à un endroit qui ne t'es pas accessible). Et toute licence qui oblige à fournir quelque chose à celui qui donne (ce que tu dis vouloir) est considérée non libre (et non copyleft).

        Dans un monde idéal où jamais les enclosures n'adviendraient, j'abandonnerais bien volontiers ce genre de licence pour élever directement dans le domaine public.

        Euh… tu dis que si le domaine public devient le copyleft, tu aimeras le domaine public. Forcément. Mais dans ce cas la le domaine public s’appellera copyleft. Ca me fait penser aux gens contre la peine de mort à part pour les méchants.
        Si on aime le domaine public, par définition du domaine public on peut mettre zéro limitation, et toi tu veux mettre une limitation.
        Pourquoi ne simplement pas assumer et dire que tu n'aimes pas le domaine public (au contraire, il est complètement contraire à tes idées telles que tu les présentes dans ton commentaire)?


        Bref, il y a incohérence entre ce que tu dis vouloir (copyleft et domaine public pas sympas car tu ne peux pas bâtir sur ces nouvelles briques qui ne seraient pas de moi, sauf exception genre que tu arrives à récupérer ce qui a été fait en copyleft, et alors pour le domaine public c'est carrément bien incompatible) et ce que tu dis aimer, tu devrais clarifier et choisir entre les modèles cités car ils sont incompatibles entre eux.
        Ne préférerais-tu pas avoir une cohérence entre tes choix pratiques et ton discours d'un côté et tes idées de l'autre? Car pour le moment, le premier à qui tu mens est toi-même.

        • [^] # Re: Expérience littéraire

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

          Le copyleft (et le libre en général) s’intéresse à celui qui reçoit, et absolument pas à celui qui donne.

          Tout à fait, mais j'en fait partie aussi vu que le copyleft s'appliquera à des travaux dérivés du mien, auquel cas je serai en ce cas celui qui reçoit.

          À te lire, j'ai l'impression de n'avoir pas été clair, je ne prétends pas que le domaine public n'est pas sympa, mais que je privilégie le commun au domaine public vu que ce dernier peut donner lieu, pratiquement, à une enclosure que je ne souhaite pas permettre. C'est pour cela que j'ai choisi le copyleft. Pour moi c'est une garantie que les choses demeureront accessibles et modifiables. Si je mettais dans le domaine public et que, par exemple, un dramaturge conçoive une pièce de théâtre avec mes personnages et publie avec une licence non libre, cela créerait une scission dans l'univers : imaginons des personnages non-libres qui auraient eu des interactions avec mes personnages, je ne pourrais pas rebondir sur les arcs narratifs proposés et, de façon plus large, le public ne pourrait pas inventer une chanson sur les événements non-libres.

          • [^] # Re: Expérience littéraire

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4. Dernière modification le 19 mars 2018 à 10:42.

            Tu n'as pas compris le "problème" avec ta vision (fausse) du copyleft : rien n’empêche une personne de faire un dérivé de ton univers et de le présenter à des millions de personne sauf toi. a partir de là, comme tu n'as rien reçu tu ne peux pas rebondir.
            tu penses que le copyleft s’intéresse à celui qui donne, que ce dernier est obligatoirement receveur de tout, c'est faux.
            "à des travaux dérivés du mien, auquel cas je serai en ce cas celui qui reçoit." ta phrase est fausse. Tu n'est celui qui reçoit que si on veut bien de le donner (ce n'est pas obligatoire avec le copyleft).

            j'ai l'impression de n'avoir pas été clair

            Le problème n'est pas d'être clair envers moi, mais que le copyleft soit clair pour toi. Tant que tu penseras que le copyleft est pour l'auteur, tu ne comprendras pas le copyleft (le copyleft s’intéresse uniquement à donner des règles à celui qui reçoit, sans obliger à reverser à l'auteur qui n'est pas forcément une personne qui recevra les travaux dérivés).

            Je comprend que tu ais cette idée que le copyleft permet d’être "tout le temps" avec toutes les versions à ta disposition car pas mal de pro-copyleft pensent que c'est le cas et "vendent" le copyleft avec ça, mais qu'il y ai plein de monde qui (se) mente n'en fait pas une vérité.

            Si tu veux un exemple concret, les serveurs Google sont sous une version Linux modifiée, Linux est GPL, mais personne à part Google n'a cette version modifiée, bien que Linux soit sous GPL. Tout simplement parce que Google n'a jamais distribué cette version de Linux publiquement (donc il n'a aucune obligation par le copyleft). C'est pour ça que je te dis que si ce qui t’intéresse est d'avoir toutes les versions d'une histoire, le copyleft n'est pas adapté (au contraire).
            Bien comprendre que le libre et le copyleft ne s’intéressent qu'à ceux qui reçoivent, et aucunement à l'auteur ni au "bien commun" (aucune obligation sur le sujet, seul celui qui reçoit est le sujet).

            À te lire, j'ai l'impression de n'avoir pas été clair, je ne prétends pas que le domaine public n'est pas sympa, mais que je privilégie le commun au domaine public vu que ce dernier peut donner lieu, pratiquement, à une enclosure que je ne souhaite pas permettre.

            Mais tu as dit "bien volontiers" avec condition que le domaine public soit copyleft, et ça fait croire que tu aimes bien le domaine public, alors qu'il te dérange beaucoup. Ton discours n'est effectivement pas clair. Je n'ai pas dit que tu penses que le domaine public n'est pas sympa, j'ai dit que tu laisse croire que le domaine public te plaît alors qu'il ne te plaît pas du tout (tu refuses l'idée de non libre possible, complètement incompatible). Ce n'est pas mal de ne pas aimer soit-même le domaine public, mais pas la peine alors de dire "j'abandonnerais bien volontiers ce genre de licence pour élever directement dans le domaine public" alors que tu ne penses pas du tout à le faire (la condition que tu mets étant impossible à avoir, car complètement incompatible avec l'idée de base du domaine public).

            bref, maintenant tu sais et tu peux te renseigner plus si la problématique t'interesse, et je sais que ça ne plaît pas à beaucoup de monde (qui aime bien croire que des choses font ce qu'elles ne font pas, et pas question de regarder les faits) donc je ne continuerai pas à me faire moinsser pour expliquer plus les problématiques.

            • [^] # Re: Expérience littéraire

              Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

              Merci de ces développements. Je comprends mieux ce que tu voulais me dire. Je me demande si notre mécompréhension ne vient pas du fait que je ne parlais qu'en terme de littérature. Vu que je parlais de mon travail, je ne faisais pas référence au copyleft de façon globale. Si quelqu'un fait un dérivé de mon travail d'écrivain, il peut tout à fait en effet le garder pour lui, mais dans le cas où il le diffuserait, comme tu le dis, à des millions de personnes, ce serait hors cadre privé. Le fait que le produit final soit aussi le code source (si on peut parler en ces termes) fait que le tout serait forcément partagé de concert. Donc accessible, de façon pratique, sans que pour autant ce soit théoriquement induit par la licence copyleft. C'est un peu différent de l'informatique où l'on peut proposer un service basé sur du code libre sous copyleft simple sans que le service le soit aussi (comme ton exemple avec Google le montre), ce qui a entraîné des ajouts de type Affero (où le repartage de la source est là, obligatoire).

              Après, tu as raison, mon propos était brouillon, je m'en aperçois en relisant : tel qu'il est défini et utilisé actuellement, le domaine public n'est pas compatible avec le projet que j'ai pour mon univers romanesque. Mais ce n'est pas un jugement de valeur absolu. Comme c'est dit plus haut par d'autres, je pense qu'il faut choisir selon l'usage et le but recherché, sans dogmatisme. J'en aime particulièrement la possibilité par rapport au copyleft de ne pas devoir tracer la paternité (qui est parfois lourde à gérer et à citer), ce qui peut toujours freiner la créativité quand on doit gérer un fichier licence.txt en y retraçant tous les héritages. Mais je trouve cette contrainte pour le moment moins gênante en rapport de la préservation d'un commun.

              • [^] # Re: Expérience littéraire

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

                (où le repartage de la source est là, obligatoire).

                Obligatoire uniquement pour l'utilisateur du service.
                On pourrait imaginer par exemple que Netflix utilise un logiciel sous cette licence, seuls les abonnés à Netflix auraient la possibilité de réclamer le code source du logiciel employé sous cette licence. L'auteur original du programme ne pourra pas le réclamer de manière impérative sans une telle souscription.

                C'est pareil pour la GPL. Par exemple si tu utilises un Android de Sony avec les correctifs du noyau que Sony a appliqué uniquement pour ses périphériques, Linus Torvalds ne pourra pas réclamer les correctifs à Sony sans acheter un produit de Sony. Et c'est comme ça pour tout.

                Ce sont les conditions pour que l'auteur puisse retrouver les produits dérivés de son travail. De manière impérative bien entendu, il peut sinon contacter la société ou un client pour récupérer le code mais cela restera une démarche sans garantie de succès.

                • [^] # Re: Expérience littéraire

                  Posté par  . Évalué à 2.

                  Ce sont les conditions pour que l'auteur puisse retrouver les produits dérivés de son travail. De manière impérative bien entendu, il peut sinon contacter la société ou un client pour récupérer le code mais cela restera une démarche sans garantie de succès.

                  Au passage, on peut quand même se demander si ça n'est pas une limite pratique à la GPL. Seul l'auteur peut poursuivre pour contrefaçon, or, pour prouver la contrefaçon, l'auteur doit forcément avoir une copie de l'œuvre contrefaite. On peut donc très bien imaginer des expériences de pensée où la GPL est violée mais où l'auteur n'a pas la possibilité de faire respecter ses droits.

              • [^] # Re: Expérience littéraire

                Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

                Bon, je me fait une entorse à ne pas répondre, pour clarifier car tu sembles ne pas comprendre na différence entre "auteur" et "celui qui reçoit". Ce sont des personnes différentes. Y compris pour Affero qui ne change rien à la discussion (c'est un autre sujet, celui du service, mais Affero se fout toujours complètement de l'auteur).

                Donc accessible, de façon pratique, sans que pour autant ce soit théoriquement induit par la licence copyleft.

                Accessible à celui qui reçoit, pas à toi.
                Le copyleft (et le libre en général) ne s’intéresse pas à l'auteur, il s’intéresse à celui qui reçoit. Même pour un livre. Même "hors cadre privé".

                Imaginons que quelqu'un modifie ton oeuvre copyleft et la rediffuse à 1 Million de personnes sans que tu sois inclus.
                Tu penses que tu pourrais récupérer cette oeuvre modifiée. Il n'y a rien de plus faux. Seuls les 1 Million de personnes (dont tu ne fais pas partie) récupère l'oeuvre.

                La seule exception qui te permette de récupérer l'oeuvre est que si par hasard celui qui reçoit est l'auteur, mais il n'y a absolument rien d'automatique. On peut très bien faire le nécessaire pour que l'auteur ne soit jamais un qui reçoit (petit exemple sur comment faire, sans parler de libre payant que tu ne voudrais pas acheter).

                Bref, il faut bien comprendre que le libre protège celui qui reçoit, pas l'auteur. Tant que tu n'auras pas compris que le copyleft ne s’intéresse pas à toi auteur mais à celui à qui tu fournis ton oeuvre, tu ne comprendras pas le copyleft surtout par rapport à ton but (incompatible avec le copyleft, déjà il y a eu du débat sur la licence NASA qui disait qu'il fallait envoyer un mail quand tu reçois l'oeuvre, Debian n'a pas aimé car ça pose un gros problème si tu es sur une ile déserte sans accès à l'auteur, alors si il faut envoyer l'oeuvre complète ben non)

                Bref, il te faut choisir : son ton but est de t’intéresser à celui qui reçoit et le libre/copyleft est pour toi, soit le but est de t’intéresser à toi et le libre/copyleft n'est pas fait pour toi. Perso je préférerai avoir un auteur d’œuvres libres/copyleft qui sont très rares, donc je t'incite à ce que tu te mettes à penser à ceux qui reçoivent à la place de toi-même ;-).

                Si tu ne me crois pas, lit les licenses (GPL, CC-BY-SA…), tu arriveras vite à voir que l'auteur n'est pas mentionné, seul celui qui reçoit a de droits (et devoirs).

                • [^] # Re: Expérience littéraire

                  Posté par  (site web personnel) . Évalué à 7.

                  La seule exception qui te permette de récupérer l'œuvre est que si par hasard celui qui reçoit est l'auteur, mais il n'y a absolument rien d'automatique.

                  Nous sommes absolument d'accord. En droit, le copyleft est là pour protéger nons pas l'émetteur, mais le destinataire (et le destinataire du contenu dérivé par lui) en lui accordant des droits a priori. Dont acte.

                  Par contre, il me semble qu'en pratique pour la littérature(j'insiste sur ces points), la situation est bien différente d'avec l'informatique. Prenons le cas où quelqu'un ferait un texte dérivé, même si c'est une version en dialecte urdu écrite dans un alphabet local et dont les exemplaires seraient vendus très chers sous le manteau, dès l'instant où j'en entends parler (le récit qu'on m'en ferait étant lui-même un dérivé de ce dérivé), le reprendre à mon compte m'est possible. Je serais hypocrite de ne pas dire que c'est une conséquence du copyleft qui me plaît, même si ce n'est pas l'unique motivation de mon choix.

                  Enfin, à te lire, il me semble que tu établis une forte opposition entre deux attitudes pour soi vs. pour les autres. Ma vision est plus fluide, je n'ai pas l'impression que ce soit forcément égoïste que d'appréhender la création comme un commun, faite d'allers et retours entre un émetteur initial et d'autres par la suite, sans préjuger de la préférence accordée aux uns ou aux autres. Il me semble que le copyleft est une des rares notions juridiques dans les licences pour la littérature qui puisse en soutenir l'émergence, même si ce n'est pas son but en principe.

                  PS: Merci d'avoir dérogé à ton choix de ne plus répondre, il m'est toujours intéressant de creuser un peu les choses, même si cela se fait au fil du clavier de façon plus laborieuse qu'en vis-à-vis.

                  • [^] # Re: Expérience littéraire

                    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

                    il me semble que tu établis une forte opposition entre deux attitudes pour soi vs. pour les autres.

                    en effet (au détail près "les autres" sont ceux qui reçoivent, encore une fois ce n'est pas "les autres" du tout, il peut s'agir des fois que d'une personne).
                    Mais en fait ce n'est pas moi qui fait cette opposition, c'est le libre/copyleft ;-).
                    En effet, le libre est la pour protéger celui qui reçoit, et personne d'autre (aucunement l'auteur, aucunement "les autres", juste celui qui reçoit), et le protéger… De l'auteur (de son envie de limiter).
                    Et une personne qui fait du libre (copyleft ou copyfree) offre ce que celui qui reçoit demande, une liberté d’indépendance vis à vis de celui qui donne.

                    C'est pas facile à accepter, mais l'idée est bien une indépendance par rapport à l'auteur initial.

                    Par contre, il me semble qu'en pratique pour la littérature(j'insiste sur ces points), la situation est bien différente d'avec l'informatique.

                    Désolé, mais il va falloir argumenter la. Je ne vois pas la différence, et à chaque fois qu'on a essayé de me montrer une différence "l'art c'est différent" (exemple perso, voir les commentaire sous ce journal), c'était pour ne pas respecter le libre et se croire "artiste" plus classe que "développeur", mais on fait tous des oeuvres et il n'y a pas de gens mieux que les autres.
                    Bref : quelle différence vois-tu? Perso je vois une suite d'octets de deux côtés, les deux peuvent "en être parlé" (à noter que pour ton exemple, "en entendre parler" n'est pas forcément facilement défendable devant un juge si il est chargé de trancher et voir si tu fais de la contrefaçon en récupérant une version dérivée de cette manière).

                    Je serais hypocrite de ne pas dire que c'est une conséquence du copyleft qui me plaît,

                    tout à fait. Je te signale juste que cette conséquence n'est pas automatique comme tu le croyais au début. Beaucoup de monde fait du libre/copyleft sans en comprendre le sens (par exemple en pensant que l'auteur va pouvoir automatiquement récupérer toutes les versions modifiées ;-) ), et après hurlent quand des gens utilisent les droits que l'auteur a conféré (un classique de voir de gens ne pas du tout être content que quelqu'un ai utilisé un droit offert, c'est "amusant" sauf pour la personne qui a utilisé le droit et se fait insulter alors qu'on lui a autorisé explicitement de le faire à la base).
                    Perso, j'ai déjà subi des attaques de personnes n'aimant pas l'utilisation de droits qu'ils ont donné, et c'est chiant (encore plus chiant que les gens pensant être dans l'idée du libre quand ils font du non commercial ;-) ). Donc si je peux expliquer à des gens ce qu'est le libre pour pas qu'ils attaquent en ayant bien faux, je préfère anticiper (car j'ai l'impression qu'avant tu aurais pu accuser une personne de ne pas vouloir te transmettre sa version modifiée alors que tu lui a donné le droit de ne pas le faire).

                    la création comme un commun,

                    Attention de nouveau : le libre/copyleft n'a absolument rien à faire du commun. encore une fois le libre/copyleft s’intéresse à celui qui reçoit, et personne d'autre (donc pas le commun). Que certains essayent d'utiliser le copyleft pour le commun ne fait pas du libre une chose pour le commun, c'est juste un effet plus ou moins collatéral mais pas toujours le cas, que certains tentent d'utiliser pour leur but perso. C'est justement chiant de voir des attaques d'une horde d'intégristes libristes pensant que la GPL est pour le bien commun quand tu utilises un logiciel (ou œuvre littéraire) pas pour le bien commun (je précise bien : quand la GPL est respectée hein, on ne parle pas de violation de licence). Pas de soucis d'utiliser le copyleft pour le commun, mais le fair play obligerait à accepter quand le copyleft n'est pas utilisé pour le commun et qu'on a fourni ce droit, ou alors il faut changer de licence (et ne pas prendre le "hype" du libre… Ca ferait moins classe pour se faire mousser ;-) ). Bref j'espère du coup que tu n'attaqueras jamais (verbalement, légalement c'est mort mais déjà verbalement est chiant) une personne qui racontera ton histoire modifiée à des gens et que personne (ni la personne qui a modifié, ni ceux qui ont entendue l'histoire modifiée) ne voudrait te donne l'histoire modifiée, car tu as donné ce droit de te la cacher.
                    A noter que c'est difficile parce que même l' "inventeur" du copyleft n'est pas clair sur ce sujet (alors qu'il pourrait clarifier dans la licence qu'il file, mais il se garde bien d'être clair, ça ne serait pas marrant d'être clair dans les idées qu'on défend, on aurait moins de sympathisants :) ), parmi plein d'autres (petite pensée pour la GFDL parfois non libre créée par l' "inventeur" du libre…).

                    Il me semble que le copyleft est une des rares notions juridiques dans les licences pour la littérature qui puisse en soutenir l'émergence, même si ce n'est pas son but en principe.

                    C'est un point de vue, qui se défend.
                    Perso je m’intéresse à celui qui reçoit donc on n'a pas le même but ni un avis sur ton but, mais si tu souhaites utiliser le copyleft pour ton but, je n'ai pas le droit de te dire de ne pas le faire, si ça marche pour atteindre ton but tant mieux.

                    J'ai initialement réagi à ton commentaire car tu avais l'air de penser (tu as dit faire du copyleft pour récupérer les versions modifiées, sous entendant toutes, enfin c'est ce que j'ai compris; bon après ce qui m'a fait le plus réagir c'est de dire aimer le domaine public à condition qu'il devient copyleft, et comme j'aime plus le domaine public que le copyleft ça m'a fait tilt ;-) ) que tu ne donnais pas le droit à des gens de te cacher une histoire modifiée alors qu'ils la présentent à des millions de personnes, alors que tu donnes explicitement ce droit de te cacher.

                    Au final je t'informe juste que tu donnes explicitement le droit à des gens de te cacher leurs modifs (dans certaines limites). Pas que je veuille le faire perso, mais au pire je suis parfois joueur et serait susceptible de le faire pour tester ta compréhension des droits que tu donnes ;-).

                    Mais encore une fois, je suis heureux de trouver des écrivains qui font du libre, c'est rare (et petite pensée pour pepper & carrot, dont l'auteur s'est fait insulter pour oser faire du libre "ça tue notre business" de la part d'auteurs dans le même domaine).

                    PS: Merci d'avoir dérogé à ton choix de ne plus répondre

                    C'était gentillement dit, du coup j'ai de nouveau dérogé :).

                    • [^] # Re: Expérience littéraire

                      Posté par  . Évalué à 2.

                      pepper & carrot, dont l'auteur s'est fait insulter pour oser faire du libre

                      Par qui ? Une source ?

                    • [^] # Re: Expérience littéraire

                      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

                      C'est pas facile à accepter, mais l'idée est bien une indépendance par rapport à l'auteur initial.

                      Je pense que c'est là où le principe du libre m'a attiré, dans ce lâcher prise, qui renverse ce rapport à l'œuvre auquel nous sommes désormais accoutumés, pourtant pas si ancien que ça, historiquement parlant. Une licence libre contrarie l'idée d'une œuvre finie, donc parfaite, et le génie de celui qui en est l'auteur, nécessaire puisqu'il a engendré la perfection (voir plus bas sur ces points). En outre, l'idée même d'auteur initial me semble absurde, parlant de culture.

                      Désolé, mais il va falloir argumenter la. Je ne vois pas la différence, et à chaque fois qu'on a essayé de me montrer une différence "l'art c'est différent" (exemple perso, voir les commentaire sous ce journal), c'était pour ne pas respecter le libre et se croire "artiste" plus classe que "développeur", mais on fait tous des œuvres et il n'y a pas de gens mieux que les autres.

                      Je suis allé lire ce (fort long) journal, y découvrant un historique qui explique certaines de tes réticences et demandes de précisions à mes commentaires. Alors, pour mettre les choses au clair sur ce point, en paraphrasant pas mal Jehan, de Ze Marmot (avec qui je partage beaucoup de points de vue ici ou ) : je ne crois absolument pas que l'« Artiste » ait une quelconque prééminence sur quiconque, et son travail pas plus. Pour moi ce dernier relève, comme toute pratique professionnelle, d'une maîtrise d'outils techniques, d'affinités naturelles et de goûts personnels. Au surplus, je n'accorde même à l'« Artiste » aucune consistance, n'y voyant, en gros, qu'un phénomène de type vedette (dans le sens de Guy Debord). Personnellement je me vois comme un artisan du verbe, de la narration et du récit.

                      Quand je parle de différence (uniquement pour la littérature, ne parlant que de mon domaine de prédilection), elles se trouvent exclusivement dans les conditions pratiques qui feraient que je puisse récupérer du contenu dérivé de mon propre travail. Si tu as fait un logiciel dont un tiers a fait un service dont il n'a pas publié les sources, ce sera difficile pour toi d'inclure ses fonctionnalités, sauf à y consacrer beaucoup d'efforts (du moins pour autant que je me l'imagine, je ne suis pas programmeur). Dans le cas de la littérature, si j'entends parler d'un texte qui introduit un personnage intéressant dans Hexagora (l'univers romanesque que je propose), je peux aisément lui faire une place (ou pas) dans mes propres textes. Il n'y a pas de souci d'accès aux sources, la simple connaissance du dérivé fait que je peux l'incorporer à mon propre travail. Quant à savoir si cela serait légal, il y a malheureusement fort peu de cas de jurisprudence (voire aucun à ma connaissance) pouvant nous éclairer sur ce point, mais je serais prêt à le tenter, pour peu que l'apport me semble intéressant pour mon propre travail.

                      j'ai l'impression qu'avant tu aurais pu accuser une personne de ne pas vouloir te transmettre sa version modifiée alors que tu lui a donné le droit de ne pas le faire

                      En effet, cela le donnait à penser. Mais en fait je m'en moque s'il ne la transmet pas. Ce qui me poserait souci, ce serait qu'il transmette devant mon nez en me disant « pas touche à mon ajout, c'est le mien à moi et tu ne peux pas l'intégrer à tes textes » dans le cas où il y aurait selon moi dans sa production matière à rebondir sur nos créations respectives. C'est là où, finalement, je suis peut-être par certains aspects plus « commoniste » que libriste, aimant les travaux qui résonnent et se répondent les uns aux autres. Si jamais tu es présent au THSF et que le sujet t'intéresse, j'y présenterai peut-être un atelier en rapport (s'il est accepté).

                      Quoiqu'il en soit, il me semble essentiel de ne pas priver une personne du droit de faire ce qu'elle veut de mon travail et de lui donner, autant que je le peux, les moyens de s'en emparer. Le fait de mettre à disposition mes sources, point important dont vous avez parlé sur l'autre journal, m'est aisé, avec du markdown sur un dépôt Git, sans parler du fait que cela met à mal l'idée de l'œuvre achevée parfaite, par le choix même d'un outil qui permette de suivre les modifications. Cela montre également, comme l'écrivait Thierry Crouzet qu'on peut faire plein de fautes d'orthographe, que cela ne pose aucun souci tant qu'on les corrige. Un menuisier peut avoir l'usage d'un étai bancal le temps de fignoler une porte délicatement ornée. Et cela entame fortement le mythe du génie artistique, dont les talents naturels surpasseraient de façon innée les pauvres créatures du commun. C'est un travail avant tout, du temps passé et de la pratique pour améliorer ses compétences.

                      Enfin, comme l'évoquait Jehan, il faut penser au fait que personne ne soit spolié de l'accès à mes textes à l'avenir. Non pas que je sois persuadé que ce serait une perte irrémédiable pour l'humanité, mais par simple constat, en tant que destinataire potentiel frustré de nombreuses œuvres culturelles orphelines. Grâce à archive.org, j'ai même pu mettre mes fichiers epub en torrent pour éviter l'indisponibilité si mon serveur disparaissait (en plus du git clone aisé de mes sources).

                      Au final je t'informe juste que tu donnes explicitement le droit à des gens de te cacher leurs modifs (dans certaines limites). Pas que je veuille le faire perso, mais au pire je suis parfois joueur et serait susceptible de le faire pour tester ta compréhension des droits que tu donnes ;-).

                      Fais-toi plaisir alors. Quoique je ne saurais pas le résultat, du coup. Dilemme ;)

                      Pour redevenir sérieux, je suis bien conscient de cela, et c'est une partie des raisons qui m'ont décidé à publier sous licence libre. Ce fut pour moi une négociation pas forcément simple avec mon ancien éditeur, traditionnel, pour récupérer les droits de mes ouvrages et de la série. J'ai une vision très organique de la culture et il me semble que disposer des barrières à la diffusion de ses propres idées et travaux ne va pas dans le bon sens. J'écris pour être lu, partager un point de vue sur l'histoire (je fais des romans policiers historiques), réfléchir sur moi-même et mes relations au savoir, à sa diffusion… Arrivé à un certain point dans mes cogitations, imposer un coût d'accès à cela ne m'a plus semblé cohérent avec mes envies profondes alors même que de nouveaux canaux s'offraient à moi grâce à la technologie.

                      Après, pour évoquer rapidement le modèle économique dont on nous rebat les oreilles lors de ces expérimentations, je partage là encore le point de vue de Jehan : il faut tenter sinon on ne saura jamais. En l’occurrence, je sais maintenant que je ne vais pas aller bien loin si ça ne décolle pas, mais au moins j'ai tenté de faire autrement, d'une façon qui me convient mieux que ce qui se fait habituellement (comme Jehan ou David Revoy, je me base sur le don, avec bien moins de succès). Et puis même si je dois arrêter, par manque de revenus, d'écrire les aventures d'Ernaut de Jérusalem, il n'y aura pas nécessité d'attendre 70 ans après ma mort pour qu'un littérateur - dramaturge - scénariste (biffer au choix) archéologue se dise qu'il peut en faire quelque chose.

                      • [^] # Re: Expérience littéraire

                        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

                        Je me permet répondre ici à votre question antérieur. Il me semble que votre vision — en citation ci-après — soit antagoniste de celle de l'éditeur. Si la gauche d'auteur n'est pas directement citée, ni dans un cas ni dans l'autre, le lien avec semble clair. L'un de vous insiste sur son lien privilégié avec l'œuvre et son droit en découlant, l'autre sur le lien de l'œuvre avec le reste du monde et les droits afférants de ce dernier… Est-il inapproprié de lire dans le dernier discours un parallélisme fort avec la gauche d'auteur ?

                        « Je pense que c'est là où le principe du libre m'a attiré, dans ce lâcher prise, qui renverse ce rapport à l'œuvre auquel nous sommes désormais accoutumés, pourtant pas si ancien que ça, historiquement parlant. Une licence libre contrarie l'idée d'une œuvre finie, donc parfaite, et le génie de celui qui en est l'auteur, nécessaire puisqu'il a engendré la perfection (voir plus bas sur ces points). En outre, l'idée même d'auteur initial me semble absurde, parlant de culture. »

                        « IRAFURORBREVISESTANIMUMREGEQUINISIPARETIMPERAT » — Odes — Horace

      • [^] # Re: Expérience littéraire

        Posté par  . Évalué à 6.

        Je comprends ton interrogation. On a d'ailleurs écrit un petit texte qui expliquera un peu notre choix (qui ne plaira sans doute pas à tout le monde ; certains du libre grinceront des dents, et dans le milieu traditionnel, ça maugréera aussi sans doute, mais c'est la solution qui nous semble la plus adaptée).

        Tout d'abord, je respecte ton choix, et lui accorde une valeur certaine et pionnière, néanmoins, il ne me semble pas totalement approprié dans sa généralisation professionnelle (actuellement ; et j'espère que l'avenir me donnera tort).

        Pourquoi ? Le modèle économique du copyleft se base aujourd'hui sur plusieurs points que l'on ne retrouve pas dans le milieu littéraire. Par ex.: la fourniture de services en parallèle. On pourrait aussi se baser sur l'économie du don (et je le souhaiterais), mais cela laisse entendre une connaissance du milieu par les consommateurs/lecteurs/utilisateurs (combien de lecteurs connaissent la maison d'édition ayant édité un livre avant qu'il devienne un poche ?), une attention de ces consommateurs suite à cette connaissance (le souhait de payer deux fois le prix du poche, ou la volonté de faire l'effort de se rendre sur le site de l'auteur ou de l'éditeur pour le financer ou commander le livre, payer sa livraison, etc.), et le dernier point que je souligne vivement, pour une économie du don dans le milieu littéraire, il faudrait la bienveillance du milieu.

        Cette bienveillance n'existe pas. Tout simplement. Il me paraît peu vraisemblable que les différents éditeurs qui produisent du poche vont reverser avec bienveillance une somme pour un livre à succès qui ne nécessite nullement l'achat de ses droits. Même chose pour une traduction. La pensée libérale laisse entendre que la concurrence annihilerait de telles déséquilibres (je pense à certaines justifications libertariennes du copyleft), mais il faudrait un marché idéalement équilibré, sans distorsions, et des moyens de production répartis équitablement, une connaissance du marché par les consommateurs, etc. Tout ceci n'existe pas dans le milieu littéraire contemporain. Pour résumer : le marché du livre est relativement opaque, déséquilibré, les consommateurs peu informés (l'exemple ci-dessus des DRM), et ce marché tourne autour d'un bien vendu, sans services, dont les consommateurs francophones souhaitent principalement une matérialité papier.

        Un autre exemple les droits accordés par le CNL. L'article n'est malheureusement pas accessible sans abonnement. Pour le classement, tu peux le découvrir sur le forum de l'éditeur Le Bélial'. Pourquoi un tel classement, de tels noms ? Où est l'édition indépendante ? Un tel classement parce qu'il faut avoir les contacts, le temps, la connaissance de ces dossiers, et une personne disponible pour remplir tous les dossiers pour peut-être espérer obtenir quelques subventions.

        Il y a plusieurs degrés de lecture possible à ce problème (création artistique pure, commerce du livre, sa diffusion, le partage entre lecteurs, etc.) et à différents niveaux (distributeur, éditeur, auteur, lecteur, droits à l'étranger, etc.). Tu te places à celui du créateur, et tu imagines la création nouvelle qui peut découler de ton travail, sa liberté. Malheureusement, il existe d'autres niveaux, moins reluisants. Trois exemples qui me viennent : la traduction d'un recueil de poésie par une maison étrangère, l'édition nouvelle au format poche d'un essai philosophique, l'adaptation cinématographique d'un polar ; qu'en est-il de la rétribution financière dans ces cas ?

        A notre niveau, nous avons essayé de proposer un choix restreint de licences pour ne pas augmenter les confusions existantes autour de ce sujet déjà compliqué du droit d'auteur (la plupart des auteurs s'en fichent au final tant que leur texte est publié et qu'ils touchent leurs droits) : le choix "pragmatique" et le choix "idéaliste". Avec une attention première sur le lecteur, et une porte dérobée pour d'autres créateurs souhaitant faire oeuvre dérivée commerciale (dernier point à souligner à nouveau ; sinon, il n'y a pas de restrictions). Cela nous permet ainsi d'exclure les autres acteurs possiblement parasites de notre activité (ou de les forcer à la négociation). Il ne s'agit pas de LA solution, mais d'une solution qui nous semble la moins mauvaise en tant qu'expérimentation.

        Cette restriction commerciale "variable" a donc plusieurs avantages. Tout d'abord, elle plaît aux auteurs qui souhaitent apporter une liberté à leur texte, mais ont une certaine méfiance à l'égard du milieu littéraire. Ils se sentent protégés par une telle clause.

        Mais il ne faut pas se mentir. Souvent, les auteurs ne souhaitent pas que d'autres puissent se faire de l'argent sur leur travail. Pas tellement par attitude rapace, mais par un rapport singulier à la création. Ils se sentent simplement spoliés, trahis dans leur créativité. Les mentalités sont difficiles à changer. Le partage n'est pas concomitant de la création. Au-delà de ce sentiment, ils craignent aussi les autres acteurs du milieu (j'écoutais un auteur me raconter qu'il attendait encore le paiement de ses droits depuis deux ans…). Il ne faut en aucun cas croire que ce milieu est bienveillant. Un panier de crabes ! Et rien de neuf ! Voir la vie de Balzac, par ex.

        Tu penses au copyleft à un niveau créatif, mais à un stade commercial, le problème varie donc un peu. Sans cette restriction plastique, d'autres acteurs, ne modifiant en rien l'oeuvre originelle, pourraient la vendre. Il n'y aurait donc aucune possibilité de rétribution, pour l'auteur et l'éditeur (et quand je dis éditeur, il faut entendre : graphiste, correcteur, lecteur, traducteur, administrateur, etc.). Cette restriction commerciale trouve sa raison dans l'existence des nombreux intermédiaires. On pourrait retrouver quasiment le même EPUB, vendu à la base à 3 euros, à 2 euros chez un quelconque margoulin d'amazon (il y a sur cette plate-forme de nombreux exemples de cette pratique, notamment des livres du domaine public, accessibles gratuitement sur wikisource, vendus pour quelques euros sans aucune correction et avec une mise en page minimale).

        On a surtout voulu imposer (à nous-mêmes et à nos auteurs) la libre diffusion sans aucune restriction de l'oeuvre pour les lecteurs, ainsi que la possibilité d'effectuer des modifications si elles restent non commerciales. Pour une utilisation commerciale, il faudra l'accord de l'écrivain (comme expliqué ci-dessus). C'est une décision pragmatique qui tente de préserver le plus possible l'idéal de la liberté de l'information.
        Avec cette possibilité, un dramaturge pourra par exemple négocier (ou offrir) ses droits quant à une représentation théâtrale. Il aura le choix. Il pourra demander une quelconque somme dans le cas d'une traduction. Ici, je parle pour simplifier d'auteur mais l'éditeur touchera également une part sur cette vente. Par contre, nous refusons par principe la vente des droits dans le cas d'une oeuvre littéraire dérivée. Soit il y a accord de l'auteur, et nous (l'éditeur) accorderons cette possibilité d'utilisation commerciale gratuitement au nouvel auteur, soit il n'y a pas d'accord. Mais en aucun cas, une vente. C'est du cas par cas. On pourrait tenter de résoudre ce problème avec une licence à réciprocité. Mais comme dit plus haut, certains auteurs ne veulent simplement pas qu'on gagne des sous sur leur dos. D'autres ne veulent pas que l'on fasse des dérivés (même non commerciaux) pour une oeuvre exprimant une opinion. Ca, nous le refusons catégoriquement. Quelle oeuvre peut se dire originale/originelle ? Bref. Là, on peut disserter longuement.

        Cet argument a permis de convaincre certains auteurs, qui n'appréciaient pas vraiment le copyleft ; un auteur y voyait par ex. simplement un vecteur du libéralisme économique, et il m'a demandé avec quelques noms d'oiseaux si je le prenais pour une nappe phréatique. Le problème n'était pour lui pas vraiment que d'autres auteurs se fassent de l'argent sur son travail (même s'il préférait avoir le choix d'exclure certains), mais plutôt d'autres acteurs du circuit commercial du livre. Son ancien éditeur par exemple…

        A un stade plus idéaliste, nous sommes par contre en faveur du domaine public volontaire, ou plutôt de la suppression du système juridique du droit d'auteur, et nous n'aimons pas l'aspect commercial du copyleft. Mais cela n'engage que nous. Il s'agit d'une opinion politique. Nous préférons l'économie du don, mais il est difficile de pouvoir construire un modèle économique tangible. IL s'agit d'une manière d'expérimenter à ce niveau. De dire : "servez-vous", "soyez des salauds si vous voulez être des salauds", "on ne croit pas au droit d'auteur, alors zut à la protection même restreinte du droit d'auteur, à l'obligation de nous citer, et zut à la convention de Berne". Enfin, une attitude quelque peu irresponsable… Et sans doute militante. Le choix de publier certains livres sous la licence CC Zero va dans cette direction. Nous nous accordons, quand l'auteur le souhaite (encore une fois, c'est lui qui choisit), la possibilité de prendre quelques risques.

        Voilà quelques pensées pêle-mêle, aucune systématique ici.

        • [^] # Re: Expérience littéraire

          Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

          Merci de cette réponse assez complète et éclairante. Y-a-t-il moyen de suivre le projet ? (au pire il est possible de m'envoyer un message par le biais de mon site si rien n'est encore public de votre côté).

          Cela fait plaisir de voir des éditeurs arpenter des chemins de traverse et j'espère que nous aurons l'occasion de nous croiser. Je suis persuadé que nous pourrions être bien bavards.

          Bon vent en tout cas.

          • [^] # Re: Expérience littéraire

            Posté par  . Évalué à 4.

            Je te remercie. Vu l'intérêt que semble susciter notre expérience --- j'en suis surpris et heureux ---, je ferai un petit compte-rendu lors du lancement, en mai, en insistant sur les questions autour du libre. Je te le notifierai. Nous éditons de la poésie, du théâtre, une littérature plutôt expérimentale, des essais en philosophie, en urbanisme, etc. Donc pas forcément en rapport avec les centres d'intérêt principaux de ce site, même si nous sommes des utilisateurs de linux et du libre plus généralement.

          • [^] # Re: Expérience littéraire

            Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

            Moi je dis que vous devriez venir expliquer tout ça au THSF, même si le délai de proposition est théoriquement dépassé.

            D'autant plus que notre collectif d'artiste est aussi très concerné par ces histoires complexes de droit d'auteur, de licences, toussa

    • [^] # Re: Expérience littéraire

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

      Nous ne vivons plus dans le réseau des années 2000 (diffusion personnelle sur son site, un éclatement bariolé de la création numérique). La plupart des oeuvres auto-diffusées se trouvent sur des plates-formes (appartenant à de grandes sociétés) qui altèrent conséquemment ces questions.

      Ce réseau existe toujours: monter un site perso est plus facile que jamais.

      Malheureusement il est de moins en moins accessible depuis les moteurs de recherche qui sont de moins en moins pertinents.

      Le post ci-dessus est une grosse connerie, ne le lisez pas sérieusement.

    • [^] # Re: Expérience littéraire

      Posté par  . Évalué à 3.

      Par ailleurs il me semble que la distinction "œuvre ou outil" n'est pas aussi claire qu'on pourrait le penser. Autant du point de vue du droit que dans la réalité de la pratique de la programmation, un logiciel, c'est une œuvre de l'esprit. C'est en général plus proche d'une forme d'artisanat que d'une production artistique (même s'il y a quelques rares logiciels qui trouvent une forme d'art), mais c'est un artisanat très créatif donne des résultats uniques, personnels et difficilement reproductibles par autrui. Essayer de faire une distinction à ce niveau (plutôt que sur les cultures et les structures de production) n'est pas valide, à mon humble avis.

      • [^] # Re: Expérience littéraire

        Posté par  . Évalué à 2.

        C'était une réponse rapide, mais je l'entendais dans le découpage que tu entends : culture et structures de production. Ou pour reprendre une distinction marxiste : infrastructures / superstructures. Séparer le marteau de Nietzsche et celui de l'artisan. En somme, réfléchir à des distinctions possibles entre artisanal et artistique. Mais à vrai dire… Cette distinction n'est pas tangible dans une critique radicale du droit d'auteur (sa suppression par ex.), voire un peu condescendante à l'égard du travail artisanal, de son silence appliqué, si on se place au niveau de leur valeur (pas seulement économique).

  • # Analyse réaliste des menaces?

    Posté par  . Évalué à 3.

    Les documents fournis par l'EU sont très techniques, et il est toujours difficile d'avoir une analyse réaliste des problèmes potentiels. Ce que je ne comprends pas, c'est en quoi ces dispositions de vérification des droits d'auteur avant la mise à disposition posent problème pour le logiciel libre (à part bien sûr l'usinagazification des logiciels des serveurs de téléchargement).

    J'imagine qu'il existera des bases de données dans lesquelles les serveurs vont pouvoir faire des requêtes pour détecter la présence d'éléments soumis à la propriété intellectuelle. Pourquoi le code ne devrait-il pas en faire partie? Il est évident que ces bases de données contiendront des informations relatives à la licence de distribution des éléments soumis au droit d'auteur, voire ne contiendront que les éléments fournis par les ayant-droit. Du coup, si le filtrage est bien fait, le problème n'arrivera que lorsqu'on voudra uploader du code propriétaire, ce qui, en soit, n'est pas particulièrmeent choquant. Évidemment, il va y avoir des faux positifs, des problèmes avec les bases de données, etc., mais ce que je voudrais comprendre, c'est surtout quel risque fondamental ces dispositions font prendre au logiciel libre.

    Quant au tweet de Crispin Hunt, c'est juste excessif et stupide. Les défenseurs du logiciel libre disent aussi beaucoup de choses excessives et stupides, mais ça ne veut pas forcément dire grand chose sur les idées qu'ils défendent.

    • [^] # Re: Analyse réaliste des menaces?

      Posté par  . Évalué à 4. Dernière modification le 19 mars 2018 à 12:19.

      Je ne suis pas le sujet d'assez près (il est assez subtil, et les détails du projet de loi évoluent sans cesse) pour savoir si le logiciel libre est mis en danger par cette loi. Il me semble clair par contre qu'en demandant la mise en place de procédure techniques compliquées (par opposition, par exemple, à une demande de traitement de bonne foi en cas de signalement non-abusif), il rend la création d'une plateforme d'hébergement de contenus nettement plus délicate : Github pourrait certainement se mettre en conformité assez facilement (en utilisant des techniques automatiques de détection de réutilisation de code, de formats précis de descriptions de licences (SPDX), etc.), Framagit va avoir beaucoup plus de mal.

      Je pense que la protestation d'une partie du camp pirate repose plus sur des questions plus générales de culture libre, de droit de remix, d'usages non-marchands, etc. Les filtres de détection de violation de copyright aujourd'hui sont une plaie pour les Youtubeurs qui font des critiques de film ou musique en incluant des extraits de l'œuvre, ce qui est un exception du droit d'auteur autorisée, mais que les bots détectent pas ou mal, et après chaque utilisateur est soumis à l'arbitraire de la plateforme (tu as plein de vues, tu es puissant, Google t'écoute; tu es petit, tant pis pour toi). Tous ces problèmes se posent beaucopu moins dans le contexte du logique libre.

      On est d'accord sur l'aspect excessif du tweet, mais il faut quand même signaler que c'est une personne importante au niveau européen—il a fait par exemple partie d'une délégation d'auteurs venue rencontrer les parlementaires sur cette loi, dirigée par Jean-Michel Jarre.

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