Il y a tout un tas de conditions à respecter (respect de la vie privée, information du salarié, etc), mais dans le cas présent, je ne pense pas que le principe soit illégal.
Par exemple, tu as plein de postes de travail (machines dans une usine, etc) qui includent un dispositif demdandant à l'opérateur de confirmer sa présence toutes les x minutes. Ça peut être bien sûr pour des questions de sécurité, mais accessoirement ça impose au gusse de ne pas faire une pause café ou pipi quand il veut.
Être là, à la pause café, et siffler la fin de la récré.
Bah déja, siffler la fin de la récré, un peu bof quand même pour l'ambiance; ça suppose aussi que tout le monde commence et termine en même temps, et puis ça ne s'applique pas au télétravail.
Tu as une définition bien extrême de la "malveillance". Quand on est payé à l'heure de travail, la durée des pauses est normalisée; ça n'est pas malveillant de vérifier que les termes d'un contrat sont respectés. Tu peux considérer ça comme impoli, ou comme un signe d'un manque de confiance si tu veux, mais ça n'est pas malveillant (c'est motivé par des considérations financières, pas par le plaisir qu'on peut avoir à nuire à quelqu'un).
"À part les octaves, tous les intervalles sont, acoustiquement parlant, légèrement faux
Seulement pour les instruments accordés selon un tempérament égal (ce qui est aussi assez récent). Pendant longtemps, les claviers ont été accordés afin que certains intervalles soient justes (et donc, d'autres faux, mais on faisait en sorte qu'ils correspondent à des tonalités peu usitées). Maintenant, on est tous habitués aux tierces fausses du tempérament égal (pianos, guitares, etc. sont accordés en tempérament égal), mais les musiciens classiques savent jouer des intervalles justes (même sur les instruments à vent, il est possible de faire varier la hauteur des notes pour jouer juste). Évidemment, il faut être capable d'ajuster légèrement la note selon sa fonction dans l'harmonie, mais les musiciens pro font ça à l'instinct.
Les instruments transpositeurs ne sont pas réellement une anomalie du solfège. Les instruments à vent sont contraints par les règles de la physique, comme la fréquence du son est liée à la longueur de la colonne d'air, les longs instruments sont graves et les courts sont aigus. Pour les instruments à corde, on peut tricher sur la tension des cordes, leur matière, leur diamètre etc, ce qui permet par exemple de faire des instruments de voyage ou pour les enfants qui jouent les mêmes notes que les grands. Pour les instruments à vent, c'est impossible. La transposition, ça permet aux instrumentistes de jouer toute une gamme d'instruments de la même famille qui ont des tailles différentes, sans pour autant transposer mentalement, ce qui serait compliqué. Quand on joue sur une clarinette en la, en si bémol, ou en mi bémol, les mêmes doigtés correspondent aux mêmes notes lues, ça facilite grandement le déchiffrage et la lecture en direct. À une époque, la hauteur des instruments n'était pas normalisée, donc chaque facteur produisait un instrument de longueur arbitraire, la transposition facilitait donc grandement la vie des instrumentistes. Ça a d'autres inconvénients (quand on décide de jouer la partie d'un autre instrument, il faut transposer mentalement); ce n'est peut-être pas le système optimal, mais c'est quand même pas arbitraire.
Il ne faut pas oublier que la normalisation du diapason est récente. Le nom des notes correspond à une fonction, pas à une hauteur. Un La à 400 Hz reste un La, il a la même fonction qu'un La à 440 Hz.
Fait notable, et qui fera peut-être jaser, l'accordage est sur une base 432 Hz (au lieu de 440 Hz). Cela n'a pas une signification spirituelle (quoique…), en tout cas pas dans le sens new age du terme, mais c'est avant tout un parti pris esthétique.
L'oreille absolue concernant (en fonction des définitions) 1% à 0.01% des gens, il ne va pas y avoir grand monde pour jaser :-) Je ne suis pas certain que la différence soit perceptible sauf si on écoute les deux notes à la suite.
Dans la série des trucs reproductibles avec R, mon préféré, ça reste les tables en Latex avec le package xtable. On peut les inclure directement dans le document Latex; il y a plein d'options qui font que les tables peuvent souvent être directement publiables. Non seulement c'est classe, mais en plus même les options arbitraires (nombre de décimales des arrondis…) sont clairement documentés.
Il y a pas mal de discussions dans les milieux scientifiques pour savoir ce que "reproductible" veut dire. Tout le monde est d'accord pour dire que c'est super d'avoir des analyses reproductibles, mais comme les gens n'entendent pas la même chose…
Les gens avec une formation forte en informatique cherchent plutôt une reproductibilité informatique (au sens d'une compilation reproductible, par exemple : même binaire généré). Les solutions s'orientent alors vers la puliblication de l'environnement de travail complet (container Docker, machine virtuelle, etc).
Mais j'ai l'impression que la plupart des scientifiques entendent plutôt la capacité à reproduire l'analyse (dans le sens, être capable de la faire tourner nativement sur leur système), avec leurs propres versions de leurs logiciels. Y compris, avec une version récente (avec des corrections de bugs ou des nouvelles fonctionnalités) des paquets statistiques, par exemple. C'est bien l'analyse qui doit être reproductible (pour pouvoir en refaire une un peu différente), pas les résultats (ou du moins, pas à la dixième décimale près…).
Le plus gros problème auquel j'ai été confronté, c'est la gestion des caches. En réalité, c'est assez rare d'avoir des analyses de gros jeux de données instantanées; et c'est très désagréable de devoir attendre 20 minutes (ou 20 heures) pour refaire une figure. Il faut donc stocker les calculs intermédiaires (c'est assez facile avec R, puisque les objets sont facilement séralisés), mais il faut gérer quand il faut refaire l'analyse ou non, avec le risque d'avoir un cache désynchronisé (changement dans les données ou dans le script d'analyse).
C'est à cela que je ne crois pas. Pourquoi vouloir trouver des emplois à tout le monde alors que l'automatisation peut permettre à certains de se libérer de l'emploi ?
Ah, mais je pense que c'est très simple : en grande majorité, les gens cherchent à augmenter leur pouvoir d'achat. Bien sûr, il existe beaucoup de gens qui sont à peu près contents avec ce qu'ils ont et souhaiteraient travailler un peu moins pour gagner autant, mais ce n'est pas l'aspiration de la société en général. Le pouvoir d'achat, ce n'est pas que le nouvel iTruc ou 5 abonnements de streaming, c'est aussi pouvoir manger bio, pouvoir voyager sans contrainte et rendre plus souvent visite à sa famille, changer sa voiture thermique pour une électrique… Trouver que tout va bien avec son niveau de vie actuel, ça reste un truc de riche.
Du coup, les gains de productivité sont redirigés en partie vers un gain de pouvoir d'achat. Je ne dis pas que ça n'est dû qu'aux "gens", c'est bien sûr aussi aux entreprises ou aux choix politiques, mais disons que tout ça est cohérent. Sur le principe, quelqu'un qui travaille bien va aller demander une augmentation à son patron, pas de passer à 80%. Et le patron, il préfère augmenter un bon emloyé plutôt que de dimuiuer son temps de travail, ce impose d'embaucher quelqu'un d'autre qui, a priori, travaillera probablement moins bien.
Bien sûr, une partie des gains de productivité tombe dans la poche des actionnaires, parce que c'est aussi comme ça que fonctionne l'économie. Et ce n'est pas un scandale à proprement parler, puisqu'il faut quand même réaliser que le fait que beaucoup d'investissements partent dans des trucs bidons et spéculatifs (bulles immobilières, marché de l'art, cryptomonnaies, trading à haute fréquence…) est une conséquence du manque de rentabilité de l'économie réelle.
Bien sûr, il est tentant de se dire qu'avec un monde automatisé, tout le monde pourrait travailler 10h par semaine et vivre avec le même confort qu'aujourd'hui. Mais ça n'est pas comme ça que les choses fonctionnent. On va bien sûr avoir une baisse relative des prix, mais le travail ne va pas être partagé (notamment parce que ça n'est pas le même travail : quand on automatise une usine, le boulot des ouvriers disparait, mais on ne va pas promouvoir tous les ouvriers cadres à mi-temps). Et le travail non-qualifié qui reste va être en concurrence avec les automates, ça ne va pas faire progresser les salaires (dans le style "si tu réclames plus, on va être amenés à te remplacer par un robot").
La seule voie crédible à mon avis pour sortir du système actuel, c'est le revenu universel. Déconnecter en partie le travail et l'emploi; donc permettre aux gens de vivre en réalisant un travail, plus ou moins utile à la société, mais pas rentable économiquement. Malheureusement, je n'ai jamais trouvé une proposition correcte et économiquement équilibrée de revenu universel parmi les programmes politiques. Je ne suis pas certain que ça soit vraiment possible, et ça serait un bouleversement profond, mais si ça se faisait, ça serait probablement équivalent à l'invention des démocraties modernes au XIXe siècle.
J'ai du mal à saisir le raisonnement : est-ce qu'une société qui renoncerait volontairement à l'automatisation du travail pour fournir un emploi à tous devrait être considérée comme saine? Ça n'est pas absurde de faire bosser les gens pour rien? Le travail est quand même associé à des pathologies, à du stress; ça reste un asservissement, il est mal vécu par beaucoup, il oblige à confier ses gamins à d'autres et à passer moins de temps avec sa famille, moins de temps à cuisiner, à faire du sport, à lire… Faire bosser les gens par principe, c'est quand même assez délirant, non?
À mon avis, l'erreur de raisonnement était de penser que les gains de productivité permettraient la diminution du temps de travail individuel. Le temps de travail total a bien diminué, mais en pratique, il y a plus de travail pour quelques uns, et moins de travail pour d'autres, notamment les postes peu qualifiés, qui sont plus facilement remplaçables.
Au final, il ne faut pas perdre de vue qu'on ne manque pas de travail. On manque d'emplois. Il y aurait besoin de millions de personnes pour assurer des tâches essentielles : remplacer les enseignants malades dans les écoles, s'occupper des personnes âgées, aider les sans-papiers à s'insérer dans la société et à faire les démarches de régularisation, répondre au téléphone ou au guichet dans des milliers d'administrations, faire des tournées d'épicerie ou de boulangerie dans les petits villages, réparer les appareils électroménagers en panne… Tout ce travail manque, alors qu'il est essentiel. C'est juste que notre société ne sait pas comment financer les emplois qui correspondent.
Et si tu ne suis pas les règles, tu as toutes les chances de te prendre un procès le jour où ça se saura : les éditeurs ne sont pas des rigolos sur le sujet.
En fait, je pense qu'il est certain de perdre un éventuel procès, puisqu'il s'agit quand même assez nettement de contrefaçon.
J'ai l'impression que sa question, c'est plutôt "est-ce que l'éditeur risque vraiment de me faire un procès", et c'est impossible de répondre. Il est très très très probable que la première action de l'éditeur sera une mise en demeure de retirer immédiatement les enregistrements, et ça peut s'arrêter là. Mais on ne sait jamais, pour des questions de principe, l'éditeur peut toujours aller plus loin. S'il arrive à estimer le nombre de téléchargements, il veut demander des dommages et intérêts. Ou il peut vouloir faire un exemple. On n'est jamais à l'abri de comportements qui ne semblent pas forcément rationnels, même de la part d'entreprises. Et la justice se doit de leur octroyer des dommages et intérêt s'ils y ont droit, et même s'il n'y a pas eu d'enrichissement. Par exemple, s'il y a eu 100000 téléchargements et qu'ils ont sur leur site un audiobook qu'ils vendent 5 euros, ils peuvent très bien demander (et obtenir) un demi-million de dommages. Peu probable, mais ce n'est pas un scénario impossible (et ça s'est vu à un moment avec les premiers procès pour contrefaçon par P2P pour les disques et DVD : 100000 téléchargements à 20€ par DVD, ça vous fait 2 millions d'euros. Vous payez en chèque ou par virement?).
Oui oui, c'était juste pour indiquer que ça n'était pas forcément le méchant gouvernement qui voulait te punir d'avoir fait quelque chose en te piquant tes serveurs, la saisie du matériel ayant permis un crime ou un délit est une chose "normale".
Je ne doute pas que parfois, la saisie est pratiquée pour "punir" quelqu'un quand la police n'a pas de quoi continuer les poursuites. A priori, héberger un noeud Tor n'est pas illégal, mais ça doit dépendre du contexte. Par exemple, je ne suis pas certain qu'il soit légal de continuer à héberger un noeud Tor comme si de rien n'était après avoir été averti qu'il était utilisé régulièrement pour se connecter à tel site pour telle activité illégale. Ne pas agir dans ce genre de cas (par principe ou par idéologie), c'est probablement assimilable à de la complicité.
Sans jurisprudence, difficile de dire ce qu'on risque vraiment. On sait juste qu'on risque de prendre un risque, quoi.
En fait, le vote majoritaire à deux tours est l'un des pires systèmes qui soit, selon presque tous les critères (il est sensible aux candidatures tierces, il est sensible aux stratégies, il ne respecte pas le principe de Condorcet, etc). Le jugement majoritaire correspond beaucoup plus à ce qu'on attend en démocratie (un choix qui correspond aux classements : le candidat préféré est élu). Évidemment, ça favorise les centristes, mais peut-être simplement que dans une démocratie qui fonctionne, le pouvoir doit revenir à un centriste.
Et puis, on dit "centriste", mais tout dépend des votes, après tout. Si par exemple le président actuel était réellement détesté et que tous les électeurs le classeraient "très mauvais", il ne serait pas élu avec un jugement majoritaire. Le fait que ça soit toujours les centristes qui s'en sortent, c'est parce que les électeurs de droite préfèrent les centristes aux candidats de gauche, et que les électeurs de gauche préfèrent les centristes aux candidats de droite.
Mon argument, ça n'est pas que je jugement majoritaire soit mauvais parce qu'il fait gagner les centristes, c'est qu'il me semble incohérent de pousser un changement de la constitution vers le jugement majoritaire (ou un autre système de vote moins clivant que le vote majoritaire à deux tours) tout en conspuant "la clique", "les oligarques", en prétendant que le président actuel est "mal élu". Plus le système de vote est consensuel et plus le candidat élu sera "mou" politiquement.
Justement, c'est un bon exemple : les policiers n'ont pas particulièrement le droit de se servir de leur arme (pas plus que les autres citoyens, c'est à dire seulement en état de légitime défense). La DGSI a été régulièrement suspectée de surveiller tout un tas de gens (dont des journalistes) en dehors de tout cadre légal, donc on sait que ça se fait. En fait, il n'y a quasiment aucun garde-fou; dans le cadre d'une enquête de police, l'illégalité de la procédure peut entrainer le vice de procédure. Quand tu veux juste des renseignements (pour ce qu'ils sont, et pas pour un éventuel procès), ça change tout. Ils ont le droit de développer des outils logiciels de renseignement, ont le droit de les utiliser dans des cas prédits par la loi, et peuvent les utiliser en dehors de ce cadre sans réellement de conséquences.
. Le système de vote de valeur permet une expression (un peu) plus fine et permet surtout d'obtenir un résultat final plus consensuel.
Certes. Ça veut dire aussi probablement une absence d'alternance, et une victoire systématique du candidat le plus centriste et le moins clivant (en tout cas avec le jugement majoritaire, qui est moins sensible aux stratégies non-sincères que le vote par valeurs).
Il existe quand même des systèmes de vote moins problématiques que l'élection majoritaire à deux tours. Mais il faut être réaliste, comment remplacer les présidentielles par un vote au jugement majoritaire par exemple?
On peut avoir des préférences, on peut avoir une opinion basée sur des élections précédentes mais ça ne veut pas dire que l'une ou l'autre tournerait toujours en notre faveur ou défaveur. Et il faut l'accepter.
Je suis d'accord, mais il y a "pire". Les systèmes de vote intéressants (jugement majoritaire ou approbation) favorisent les candidats consensuels, c'est même l'argument avancé par ceux qui prétendent que les présidents sont actuellement "mal élus" (ils ne sont pas soutenus par une large majorité). Quand les élections précédentes ont été simulées avec un jugement majoritaire, le vainqueur est toujours le candidat centriste (Bayrou, puis Macron en 2017). Avec le jugement majoritaire, il n'y a que très peu de chances de voir un candidat qui n'est pas au centre de l'échiquier politique arriver au pouvoir, parce que c'est juste le principe même de ce type d'élections : on choisit celui qui est le moins problématique pour la majorité. Du coup, ça me parait complètement paradoxal de prétendre que le président actuel est mal élu et de mettre en avant le jugement majoritaire, qui aurait donné exactement le même scénario. C'est encore plus paradoxal de soutenir un candidat clivant (au sens où une majorité de l'électorat a un avis très négatif sur lui) et en même temps un système d'élection au jugement majoritaire, qui assure qu'un tel candidat ne serait jamais élu.
Après, moi je veux bien d'un système au jugement majoritaire. C'est un système juste, proche de ce qu'on pourrait obtenir par consensus. Mais il semble très probable qu'un tel système supprime l'alternance politique, en mettant systématiquement au pouvoir le candidat le plus centriste, et le moins clivant: de facto, avec un jugement majoritaire, les votes des électeurs favorables à un candidat sont ignorés, ce sont ceux qui sont plutôt modérés ou légèrement défavorables qui choisissent. Est-ce que les campagnes ne deviendront pas super molles, le but de tout candidat étant de ne surtout pas froisser personne? Peut-on prendre le risque de remplacer un système "buggué" par un système dont on a aucune idée des conséquences, à part de tirer tous les partis vers le centre?
Ah mince, moi qui pensais qu'il fallait faire vivre une démocratie, pas conforter une oligarchie indéboulonnable.
Tu n'as pas dû lire la constitution, alors :-)
Tu réalises la portée de ce genre de discours auprès d'une frange de moins en moins minoritaire de la population j'espère?
Tu dois faire erreur, je ne m'appelle pas Charles de Gaulle, et je n'ai pas participé à la constituante: ça n'est pas de ma faute s'il y a peu de contre-pouvoirs citoyens prévus dans la Ve République. Ça n'est un secret pour personne que la constitution est construite autour du pouvoir du président de la République, dont le rôle n'est finalement pas très différent de celui d'un roi en CDD. Je ne comprends pas ce qui peut te faire penser que "faire vivre la démocratie" était dans les critères des concepteurs de la constitution—le contexte, c'est quand même une succession de 30 ans de crises politiques et militaires qui ont fait vaciller à plusieurs reprises les bases de l'État, avec une interruption pendant l'occuppation, puis la décolonisation, vécue comme le démantellement de la République, pourtant en théorie "indivisible". Donc non, franchement, je ne crois pas une seconde que les constitutionnalistes ont pensé à faire vivre la démocratie, et j'irais même jusqu'à dire que c'est assez anachronique que d'imaginer ça. C'est très moderne, cette envie des citoyens de créer des contre-pouvoirs et de surveiller les élus; ça n'est pas du tout prévu dans la constitution—c'est le rôle des élus d'opposition dans la constitution, pas des citoyens.
Sur le fond, je ne suis pas convaincu que la constitution soit particulièrement responsable de la crise de confiance envers les politiques.
En général ton matériel ne t'est jamais rendu ou tellement de temps après que tu as eu besoin de te procurer leur remplacement
Certes, mais ça ne devrait pas être une punition en soi ; c'est plutôt une conséquence d'avoir fourni du matériel ayant servi à un crime ou délit. J'imagine que c'est la même chose si on prête sa voiture à quelqu'un qui s'en sert pour un casse de banque. Après, c'est quand même anormal que ça dure autant. La justification, c'est les contre-expertises peut-être? Si au cours du procès une des parties demande une expertise complémentaire, il faut que le matériel n'ait pas été rendu?
Tu connais des exemples de poursuites et de condamnations? À quel titre? Complicité ou entrave?
Il a été élu à l'aide d'un bug électoral, et comme ce dernier n'est pas très compliqué à reproduire, les suivants cherchent à reproduire le même schéma.
Ce que tu appelles un "bug", c'est quand un camp n'est pas capable de choisir un candidat et que les deux s'écrasent mutuellement? Tout le monde connait le système, être capable de faire émerger un candidat consensuel est un pas important vers la victoire. Certains systèmes de vote limiteraient ce "bug", mais le système de vote n'est pas prêt de changer. De toutes manières, le bug n'est pas critique, puisque le camp qui en profite est celui capable de s'unir derrière un candidat, ce qui préjuge d'une certaine stabilité (en gros, le bug n'encourage pas les pratiques problématiques).
Et de toutes manières, pour 2002, c'est un peu mythe de l'invoquer, parce que les voix qui ont "manqué" à Jospin sont des voix qui ont manqué à la gauche de manière générale. Mauvaise campagne, et gouvernance précédente qui a divisé le camp et permis l'émergence de candidats alternatifs crédibles -> paf.
Après, bien élu, mal élu, c'est du folklore. La Ve République garantit la stabilité des institutions, pas la satisfaction des électeurs. C'est plus important que le consensus se fasse sur le nom du candidat élu que sur la satisfaction vis-à-vis du processus électoral: l'objectif, c'est que tu reconnaisses que le président a été élu conformément à la constitution (c'est ça qui garantit la stabilité du pays et évite que des opposants envahissent les bâtiments officiels en prétendant qu'ils ont un autre président). Après, que tu ne sois pas content, c'est secondaire. Pas facile à accepter, mais je comprends le raisonnement, surtout après la période un peu compliquée qui a précédé la rédaction de la constitution.
Ça serait pareil avec beaucoup d'autres systèmes de vote. Même avec un vote par approbation, le candidat le meilleur est élu, indépendamment du taux d'approbation.
"Le meilleur" ou "Le moins pire", c'est l'histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide. Quand tu fais passer un entretien d'embauche, c'est pareil, tu prends le meilleur ou le moins pire des candidats. Tu n'es pas en train de te choisir un partenaire dans une rencontre meetic, avec la possibilité de rentrer tout seul quand personne ne te convient. Il y a un poste à remplir, tu le remplis. C'est hyper-subjectif d'avoir l'impression que personne ne te convient, il y a généralement 15 à 30 candidats aux présidentielles, si tu n'en trouves pas 2 ou 3 qui te conviennent dans le tas, c'est quand même peut-être que le problème vient de toi : on ne te demande pas de choisir quelqu'un qui prendrait exactement les mêmes décisions que toi pendant 5 ans, mais plutôt quelqu'un qui ferait le job (à peu près). Si tu es difficile, tu vas prendre le moins pire, si tu es optimiste, tu vas prendre le meilleur. De toutes manières, au final, tu veux quand même du moins pire, non?
Il y aurai eu 100 candidats crédibles, le vainqueur du 2e tour aurait probablement fait moins de 1 millions de voix au 1er tour. Je ne vois pas ce que ça a à voir avec la légitimité d'une élection : plus il y a de choix pertinents et moins le candidat du 2e tour fait de voix au 1er tour.
Justement, ils savent que c'est vrai, et du coup, faire disparaitre ton message leur permet de nier la dissonnance cognitive.
Je ne sais pas du tout d'où vient l'idée que dans une démocratie fonctionnelle, les élus seraient adoubés par la majorité absolue des inscrits. Ce n'est pas ce que dit la constitution, et dès qu'il y a plus de deux programmes incompatibles, c'est assez mécanique que l'élu n'a pas le soutien de la majorité des inscrits. Et les abstentionnistes s'expriment : ils donnent mandat aux votants. Donc s'il y avait quelque chose à compter dans l'opposition, ça serait les voix contre, mais pas les abstentions.
Je pense que c'est juste un moyen populiste de prétendre avoir le droit de ne pas reconnaitre le mandat d'un élu. Quand le processus électoral est assez transparent, c'est difficile de prétendre que les élections sont truquées, alors on dit que même si la constitution donne le droit à untel d'être président, je prétend qu'il n'est pas légitime (parce que je ne l'aime pas et que je n'ai pas voté pour lui). C'est à mettre du même côté que "les électeurs de X ont été influencés par les journalistes / les lobbies, autrement il n'autait pas pu gagner", ce qui permet à la fois d'expliquer une défaite électorale sans se remettre en cause, et de dénigrer à pas cher les idiots d'en face qui n'ont pas voté pour la bonne personne.
Et pour Freemail tu fais comment pour "l'intervention" en pratique?
J'imagine que c'est comme Tor; l'hébergeur du noeud prend le risque d'être poursuivi (c'est à la justice de déterminer à quel point il était susceptible d'être au courant de ce qui se passait). J'ai l'impression qu'il y a peu de jurisprudence là dessus, mais il fait peu de doutes que le fait de fournir un service d'anonymisation engage sa responsabilité.
On risque au minimum une perquisition et la saisie du matériel le temps de l'enquête.
[^] # Re: Scénario d'exploitation malveillante
Posté par arnaudus . En réponse au journal Détection d'inactivité dans Google Chrome. Évalué à 4.
Il y a tout un tas de conditions à respecter (respect de la vie privée, information du salarié, etc), mais dans le cas présent, je ne pense pas que le principe soit illégal.
Par exemple, tu as plein de postes de travail (machines dans une usine, etc) qui includent un dispositif demdandant à l'opérateur de confirmer sa présence toutes les x minutes. Ça peut être bien sûr pour des questions de sécurité, mais accessoirement ça impose au gusse de ne pas faire une pause café ou pipi quand il veut.
Bah déja, siffler la fin de la récré, un peu bof quand même pour l'ambiance; ça suppose aussi que tout le monde commence et termine en même temps, et puis ça ne s'applique pas au télétravail.
[^] # Re: Scénario d'exploitation malveillante
Posté par arnaudus . En réponse au journal Détection d'inactivité dans Google Chrome. Évalué à -9.
Tu as une définition bien extrême de la "malveillance". Quand on est payé à l'heure de travail, la durée des pauses est normalisée; ça n'est pas malveillant de vérifier que les termes d'un contrat sont respectés. Tu peux considérer ça comme impoli, ou comme un signe d'un manque de confiance si tu veux, mais ça n'est pas malveillant (c'est motivé par des considérations financières, pas par le plaisir qu'on peut avoir à nuire à quelqu'un).
[^] # Re: Diapason
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Corps Célestes", musique libre pseudo-classique. Évalué à 4.
Seulement pour les instruments accordés selon un tempérament égal (ce qui est aussi assez récent). Pendant longtemps, les claviers ont été accordés afin que certains intervalles soient justes (et donc, d'autres faux, mais on faisait en sorte qu'ils correspondent à des tonalités peu usitées). Maintenant, on est tous habitués aux tierces fausses du tempérament égal (pianos, guitares, etc. sont accordés en tempérament égal), mais les musiciens classiques savent jouer des intervalles justes (même sur les instruments à vent, il est possible de faire varier la hauteur des notes pour jouer juste). Évidemment, il faut être capable d'ajuster légèrement la note selon sa fonction dans l'harmonie, mais les musiciens pro font ça à l'instinct.
[^] # Re: Diapason
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Corps Célestes", musique libre pseudo-classique. Évalué à 5.
Les instruments transpositeurs ne sont pas réellement une anomalie du solfège. Les instruments à vent sont contraints par les règles de la physique, comme la fréquence du son est liée à la longueur de la colonne d'air, les longs instruments sont graves et les courts sont aigus. Pour les instruments à corde, on peut tricher sur la tension des cordes, leur matière, leur diamètre etc, ce qui permet par exemple de faire des instruments de voyage ou pour les enfants qui jouent les mêmes notes que les grands. Pour les instruments à vent, c'est impossible. La transposition, ça permet aux instrumentistes de jouer toute une gamme d'instruments de la même famille qui ont des tailles différentes, sans pour autant transposer mentalement, ce qui serait compliqué. Quand on joue sur une clarinette en la, en si bémol, ou en mi bémol, les mêmes doigtés correspondent aux mêmes notes lues, ça facilite grandement le déchiffrage et la lecture en direct. À une époque, la hauteur des instruments n'était pas normalisée, donc chaque facteur produisait un instrument de longueur arbitraire, la transposition facilitait donc grandement la vie des instrumentistes. Ça a d'autres inconvénients (quand on décide de jouer la partie d'un autre instrument, il faut transposer mentalement); ce n'est peut-être pas le système optimal, mais c'est quand même pas arbitraire.
Il ne faut pas oublier que la normalisation du diapason est récente. Le nom des notes correspond à une fonction, pas à une hauteur. Un La à 400 Hz reste un La, il a la même fonction qu'un La à 440 Hz.
# Diapason
Posté par arnaudus . En réponse au journal "Corps Célestes", musique libre pseudo-classique. Évalué à 4.
L'oreille absolue concernant (en fonction des définitions) 1% à 0.01% des gens, il ne va pas y avoir grand monde pour jaser :-) Je ne suis pas certain que la différence soit perceptible sauf si on écoute les deux notes à la suite.
# Raffinement suprême
Posté par arnaudus . En réponse au journal Préparation de figures avec R : automatiser l'ajout d'annotations manuelles. Évalué à 7.
Dans la série des trucs reproductibles avec R, mon préféré, ça reste les tables en Latex avec le package xtable. On peut les inclure directement dans le document Latex; il y a plein d'options qui font que les tables peuvent souvent être directement publiables. Non seulement c'est classe, mais en plus même les options arbitraires (nombre de décimales des arrondis…) sont clairement documentés.
[^] # Re: Reproductibilité
Posté par arnaudus . En réponse au journal Préparation de figures avec R : automatiser l'ajout d'annotations manuelles. Évalué à 7. Dernière modification le 19 septembre 2021 à 17:29.
Il y a pas mal de discussions dans les milieux scientifiques pour savoir ce que "reproductible" veut dire. Tout le monde est d'accord pour dire que c'est super d'avoir des analyses reproductibles, mais comme les gens n'entendent pas la même chose…
Les gens avec une formation forte en informatique cherchent plutôt une reproductibilité informatique (au sens d'une compilation reproductible, par exemple : même binaire généré). Les solutions s'orientent alors vers la puliblication de l'environnement de travail complet (container Docker, machine virtuelle, etc).
Mais j'ai l'impression que la plupart des scientifiques entendent plutôt la capacité à reproduire l'analyse (dans le sens, être capable de la faire tourner nativement sur leur système), avec leurs propres versions de leurs logiciels. Y compris, avec une version récente (avec des corrections de bugs ou des nouvelles fonctionnalités) des paquets statistiques, par exemple. C'est bien l'analyse qui doit être reproductible (pour pouvoir en refaire une un peu différente), pas les résultats (ou du moins, pas à la dixième décimale près…).
Le plus gros problème auquel j'ai été confronté, c'est la gestion des caches. En réalité, c'est assez rare d'avoir des analyses de gros jeux de données instantanées; et c'est très désagréable de devoir attendre 20 minutes (ou 20 heures) pour refaire une figure. Il faut donc stocker les calculs intermédiaires (c'est assez facile avec R, puisque les objets sont facilement séralisés), mais il faut gérer quand il faut refaire l'analyse ou non, avec le risque d'avoir un cache désynchronisé (changement dans les données ou dans le script d'analyse).
[^] # Re: Politisation de l'outil
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’automatisation, une idéologie ? (InternetActu Par Hubert Guillaud). Évalué à 6. Dernière modification le 14 septembre 2021 à 09:53.
Ah, mais je pense que c'est très simple : en grande majorité, les gens cherchent à augmenter leur pouvoir d'achat. Bien sûr, il existe beaucoup de gens qui sont à peu près contents avec ce qu'ils ont et souhaiteraient travailler un peu moins pour gagner autant, mais ce n'est pas l'aspiration de la société en général. Le pouvoir d'achat, ce n'est pas que le nouvel iTruc ou 5 abonnements de streaming, c'est aussi pouvoir manger bio, pouvoir voyager sans contrainte et rendre plus souvent visite à sa famille, changer sa voiture thermique pour une électrique… Trouver que tout va bien avec son niveau de vie actuel, ça reste un truc de riche.
Du coup, les gains de productivité sont redirigés en partie vers un gain de pouvoir d'achat. Je ne dis pas que ça n'est dû qu'aux "gens", c'est bien sûr aussi aux entreprises ou aux choix politiques, mais disons que tout ça est cohérent. Sur le principe, quelqu'un qui travaille bien va aller demander une augmentation à son patron, pas de passer à 80%. Et le patron, il préfère augmenter un bon emloyé plutôt que de dimuiuer son temps de travail, ce impose d'embaucher quelqu'un d'autre qui, a priori, travaillera probablement moins bien.
Bien sûr, une partie des gains de productivité tombe dans la poche des actionnaires, parce que c'est aussi comme ça que fonctionne l'économie. Et ce n'est pas un scandale à proprement parler, puisqu'il faut quand même réaliser que le fait que beaucoup d'investissements partent dans des trucs bidons et spéculatifs (bulles immobilières, marché de l'art, cryptomonnaies, trading à haute fréquence…) est une conséquence du manque de rentabilité de l'économie réelle.
Bien sûr, il est tentant de se dire qu'avec un monde automatisé, tout le monde pourrait travailler 10h par semaine et vivre avec le même confort qu'aujourd'hui. Mais ça n'est pas comme ça que les choses fonctionnent. On va bien sûr avoir une baisse relative des prix, mais le travail ne va pas être partagé (notamment parce que ça n'est pas le même travail : quand on automatise une usine, le boulot des ouvriers disparait, mais on ne va pas promouvoir tous les ouvriers cadres à mi-temps). Et le travail non-qualifié qui reste va être en concurrence avec les automates, ça ne va pas faire progresser les salaires (dans le style "si tu réclames plus, on va être amenés à te remplacer par un robot").
La seule voie crédible à mon avis pour sortir du système actuel, c'est le revenu universel. Déconnecter en partie le travail et l'emploi; donc permettre aux gens de vivre en réalisant un travail, plus ou moins utile à la société, mais pas rentable économiquement. Malheureusement, je n'ai jamais trouvé une proposition correcte et économiquement équilibrée de revenu universel parmi les programmes politiques. Je ne suis pas certain que ça soit vraiment possible, et ça serait un bouleversement profond, mais si ça se faisait, ça serait probablement équivalent à l'invention des démocraties modernes au XIXe siècle.
[^] # Re: Politisation de l'outil
Posté par arnaudus . En réponse au lien L’automatisation, une idéologie ? (InternetActu Par Hubert Guillaud). Évalué à 10.
J'ai du mal à saisir le raisonnement : est-ce qu'une société qui renoncerait volontairement à l'automatisation du travail pour fournir un emploi à tous devrait être considérée comme saine? Ça n'est pas absurde de faire bosser les gens pour rien? Le travail est quand même associé à des pathologies, à du stress; ça reste un asservissement, il est mal vécu par beaucoup, il oblige à confier ses gamins à d'autres et à passer moins de temps avec sa famille, moins de temps à cuisiner, à faire du sport, à lire… Faire bosser les gens par principe, c'est quand même assez délirant, non?
À mon avis, l'erreur de raisonnement était de penser que les gains de productivité permettraient la diminution du temps de travail individuel. Le temps de travail total a bien diminué, mais en pratique, il y a plus de travail pour quelques uns, et moins de travail pour d'autres, notamment les postes peu qualifiés, qui sont plus facilement remplaçables.
Au final, il ne faut pas perdre de vue qu'on ne manque pas de travail. On manque d'emplois. Il y aurait besoin de millions de personnes pour assurer des tâches essentielles : remplacer les enseignants malades dans les écoles, s'occupper des personnes âgées, aider les sans-papiers à s'insérer dans la société et à faire les démarches de régularisation, répondre au téléphone ou au guichet dans des milliers d'administrations, faire des tournées d'épicerie ou de boulangerie dans les petits villages, réparer les appareils électroménagers en panne… Tout ce travail manque, alors qu'il est essentiel. C'est juste que notre société ne sait pas comment financer les emplois qui correspondent.
[^] # Re: HS
Posté par arnaudus . En réponse au journal Les limites de la diffusion d'une lecture de livre (pour enfant). Évalué à 5. Dernière modification le 13 septembre 2021 à 12:46.
Ah bah j'ai un des miens qui m'a dit qu'il en avait marre des histoires des trente-cinq pères. J'ai mis du temps à piger :-)
[^] # Re: Pub
Posté par arnaudus . En réponse au journal Les limites de la diffusion d'une lecture de livre (pour enfant). Évalué à 5.
En fait, je pense qu'il est certain de perdre un éventuel procès, puisqu'il s'agit quand même assez nettement de contrefaçon.
J'ai l'impression que sa question, c'est plutôt "est-ce que l'éditeur risque vraiment de me faire un procès", et c'est impossible de répondre. Il est très très très probable que la première action de l'éditeur sera une mise en demeure de retirer immédiatement les enregistrements, et ça peut s'arrêter là. Mais on ne sait jamais, pour des questions de principe, l'éditeur peut toujours aller plus loin. S'il arrive à estimer le nombre de téléchargements, il veut demander des dommages et intérêts. Ou il peut vouloir faire un exemple. On n'est jamais à l'abri de comportements qui ne semblent pas forcément rationnels, même de la part d'entreprises. Et la justice se doit de leur octroyer des dommages et intérêt s'ils y ont droit, et même s'il n'y a pas eu d'enrichissement. Par exemple, s'il y a eu 100000 téléchargements et qu'ils ont sur leur site un audiobook qu'ils vendent 5 euros, ils peuvent très bien demander (et obtenir) un demi-million de dommages. Peu probable, mais ce n'est pas un scénario impossible (et ça s'est vu à un moment avec les premiers procès pour contrefaçon par P2P pour les disques et DVD : 100000 téléchargements à 20€ par DVD, ça vous fait 2 millions d'euros. Vous payez en chèque ou par virement?).
[^] # Re: Inquiétant?
Posté par arnaudus . En réponse au journal ProtonMail fournit les adresses IPs de ses utilisateurs ensuite arrêtés en France. Évalué à 5.
Oui oui, c'était juste pour indiquer que ça n'était pas forcément le méchant gouvernement qui voulait te punir d'avoir fait quelque chose en te piquant tes serveurs, la saisie du matériel ayant permis un crime ou un délit est une chose "normale".
Je ne doute pas que parfois, la saisie est pratiquée pour "punir" quelqu'un quand la police n'a pas de quoi continuer les poursuites. A priori, héberger un noeud Tor n'est pas illégal, mais ça doit dépendre du contexte. Par exemple, je ne suis pas certain qu'il soit légal de continuer à héberger un noeud Tor comme si de rien n'était après avoir été averti qu'il était utilisé régulièrement pour se connecter à tel site pour telle activité illégale. Ne pas agir dans ce genre de cas (par principe ou par idéologie), c'est probablement assimilable à de la complicité.
Sans jurisprudence, difficile de dire ce qu'on risque vraiment. On sait juste qu'on risque de prendre un risque, quoi.
[^] # Re: Sujet Clivant
Posté par arnaudus . En réponse au journal La Quadrature du Net fait-elle fausse route ?. Évalué à 4.
En fait, le vote majoritaire à deux tours est l'un des pires systèmes qui soit, selon presque tous les critères (il est sensible aux candidatures tierces, il est sensible aux stratégies, il ne respecte pas le principe de Condorcet, etc). Le jugement majoritaire correspond beaucoup plus à ce qu'on attend en démocratie (un choix qui correspond aux classements : le candidat préféré est élu). Évidemment, ça favorise les centristes, mais peut-être simplement que dans une démocratie qui fonctionne, le pouvoir doit revenir à un centriste.
Et puis, on dit "centriste", mais tout dépend des votes, après tout. Si par exemple le président actuel était réellement détesté et que tous les électeurs le classeraient "très mauvais", il ne serait pas élu avec un jugement majoritaire. Le fait que ça soit toujours les centristes qui s'en sortent, c'est parce que les électeurs de droite préfèrent les centristes aux candidats de gauche, et que les électeurs de gauche préfèrent les centristes aux candidats de droite.
Mon argument, ça n'est pas que je jugement majoritaire soit mauvais parce qu'il fait gagner les centristes, c'est qu'il me semble incohérent de pousser un changement de la constitution vers le jugement majoritaire (ou un autre système de vote moins clivant que le vote majoritaire à deux tours) tout en conspuant "la clique", "les oligarques", en prétendant que le président actuel est "mal élu". Plus le système de vote est consensuel et plus le candidat élu sera "mou" politiquement.
[^] # Re: Inquiétant?
Posté par arnaudus . En réponse au journal ProtonMail fournit les adresses IPs de ses utilisateurs ensuite arrêtés en France. Évalué à 3.
Justement, c'est un bon exemple : les policiers n'ont pas particulièrement le droit de se servir de leur arme (pas plus que les autres citoyens, c'est à dire seulement en état de légitime défense). La DGSI a été régulièrement suspectée de surveiller tout un tas de gens (dont des journalistes) en dehors de tout cadre légal, donc on sait que ça se fait. En fait, il n'y a quasiment aucun garde-fou; dans le cadre d'une enquête de police, l'illégalité de la procédure peut entrainer le vice de procédure. Quand tu veux juste des renseignements (pour ce qu'ils sont, et pas pour un éventuel procès), ça change tout. Ils ont le droit de développer des outils logiciels de renseignement, ont le droit de les utiliser dans des cas prédits par la loi, et peuvent les utiliser en dehors de ce cadre sans réellement de conséquences.
[^] # Re: Inquiétant?
Posté par arnaudus . En réponse au journal ProtonMail fournit les adresses IPs de ses utilisateurs ensuite arrêtés en France. Évalué à 2.
C'est pas un argument "deux faux font un vrai"? Du style "c'est injuste que j'ai un redressement fiscal alors que beaucoup font pire que moi"?
[^] # Re: Sujet Clivant
Posté par arnaudus . En réponse au journal La Quadrature du Net fait-elle fausse route ?. Évalué à 2.
Certes. Ça veut dire aussi probablement une absence d'alternance, et une victoire systématique du candidat le plus centriste et le moins clivant (en tout cas avec le jugement majoritaire, qui est moins sensible aux stratégies non-sincères que le vote par valeurs).
[^] # Re: Sujet Clivant
Posté par arnaudus . En réponse au journal La Quadrature du Net fait-elle fausse route ?. Évalué à 6.
Il existe quand même des systèmes de vote moins problématiques que l'élection majoritaire à deux tours. Mais il faut être réaliste, comment remplacer les présidentielles par un vote au jugement majoritaire par exemple?
Je suis d'accord, mais il y a "pire". Les systèmes de vote intéressants (jugement majoritaire ou approbation) favorisent les candidats consensuels, c'est même l'argument avancé par ceux qui prétendent que les présidents sont actuellement "mal élus" (ils ne sont pas soutenus par une large majorité). Quand les élections précédentes ont été simulées avec un jugement majoritaire, le vainqueur est toujours le candidat centriste (Bayrou, puis Macron en 2017). Avec le jugement majoritaire, il n'y a que très peu de chances de voir un candidat qui n'est pas au centre de l'échiquier politique arriver au pouvoir, parce que c'est juste le principe même de ce type d'élections : on choisit celui qui est le moins problématique pour la majorité. Du coup, ça me parait complètement paradoxal de prétendre que le président actuel est mal élu et de mettre en avant le jugement majoritaire, qui aurait donné exactement le même scénario. C'est encore plus paradoxal de soutenir un candidat clivant (au sens où une majorité de l'électorat a un avis très négatif sur lui) et en même temps un système d'élection au jugement majoritaire, qui assure qu'un tel candidat ne serait jamais élu.
Après, moi je veux bien d'un système au jugement majoritaire. C'est un système juste, proche de ce qu'on pourrait obtenir par consensus. Mais il semble très probable qu'un tel système supprime l'alternance politique, en mettant systématiquement au pouvoir le candidat le plus centriste, et le moins clivant: de facto, avec un jugement majoritaire, les votes des électeurs favorables à un candidat sont ignorés, ce sont ceux qui sont plutôt modérés ou légèrement défavorables qui choisissent. Est-ce que les campagnes ne deviendront pas super molles, le but de tout candidat étant de ne surtout pas froisser personne? Peut-on prendre le risque de remplacer un système "buggué" par un système dont on a aucune idée des conséquences, à part de tirer tous les partis vers le centre?
[^] # Re: Sujet Clivant
Posté par arnaudus . En réponse au journal La Quadrature du Net fait-elle fausse route ?. Évalué à 10.
Tu n'as pas dû lire la constitution, alors :-)
Tu dois faire erreur, je ne m'appelle pas Charles de Gaulle, et je n'ai pas participé à la constituante: ça n'est pas de ma faute s'il y a peu de contre-pouvoirs citoyens prévus dans la Ve République. Ça n'est un secret pour personne que la constitution est construite autour du pouvoir du président de la République, dont le rôle n'est finalement pas très différent de celui d'un roi en CDD. Je ne comprends pas ce qui peut te faire penser que "faire vivre la démocratie" était dans les critères des concepteurs de la constitution—le contexte, c'est quand même une succession de 30 ans de crises politiques et militaires qui ont fait vaciller à plusieurs reprises les bases de l'État, avec une interruption pendant l'occuppation, puis la décolonisation, vécue comme le démantellement de la République, pourtant en théorie "indivisible". Donc non, franchement, je ne crois pas une seconde que les constitutionnalistes ont pensé à faire vivre la démocratie, et j'irais même jusqu'à dire que c'est assez anachronique que d'imaginer ça. C'est très moderne, cette envie des citoyens de créer des contre-pouvoirs et de surveiller les élus; ça n'est pas du tout prévu dans la constitution—c'est le rôle des élus d'opposition dans la constitution, pas des citoyens.
Sur le fond, je ne suis pas convaincu que la constitution soit particulièrement responsable de la crise de confiance envers les politiques.
[^] # Re: Inquiétant?
Posté par arnaudus . En réponse au journal ProtonMail fournit les adresses IPs de ses utilisateurs ensuite arrêtés en France. Évalué à 2.
Par exemple, la DGSI semble s'intéresser au développement de logiciels dont on a du mal à imaginer la légalité (https://www.nextinpact.com/article/45624/ce-que-revelent-offres-demploi-dgsi). Wikipédia a même un paragraphe https://fr.wikipedia.org/wiki/Direction_g%C3%A9n%C3%A9rale_de_la_S%C3%A9curit%C3%A9_int%C3%A9rieure#Accusations_d'espionnage_ill%C3%A9gal
Pour la DGSE… En fait, je pense qu'on peut même espérer qu'ils sortent de l'état de droit, non? C'est quasiment la définition de leur boulot?
[^] # Re: Inquiétant?
Posté par arnaudus . En réponse au journal ProtonMail fournit les adresses IPs de ses utilisateurs ensuite arrêtés en France. Évalué à 3.
Certes, mais ça ne devrait pas être une punition en soi ; c'est plutôt une conséquence d'avoir fourni du matériel ayant servi à un crime ou délit. J'imagine que c'est la même chose si on prête sa voiture à quelqu'un qui s'en sert pour un casse de banque. Après, c'est quand même anormal que ça dure autant. La justification, c'est les contre-expertises peut-être? Si au cours du procès une des parties demande une expertise complémentaire, il faut que le matériel n'ait pas été rendu?
Tu connais des exemples de poursuites et de condamnations? À quel titre? Complicité ou entrave?
[^] # Re: Sujet Clivant
Posté par arnaudus . En réponse au journal La Quadrature du Net fait-elle fausse route ?. Évalué à 3.
Ce que tu appelles un "bug", c'est quand un camp n'est pas capable de choisir un candidat et que les deux s'écrasent mutuellement? Tout le monde connait le système, être capable de faire émerger un candidat consensuel est un pas important vers la victoire. Certains systèmes de vote limiteraient ce "bug", mais le système de vote n'est pas prêt de changer. De toutes manières, le bug n'est pas critique, puisque le camp qui en profite est celui capable de s'unir derrière un candidat, ce qui préjuge d'une certaine stabilité (en gros, le bug n'encourage pas les pratiques problématiques).
Et de toutes manières, pour 2002, c'est un peu mythe de l'invoquer, parce que les voix qui ont "manqué" à Jospin sont des voix qui ont manqué à la gauche de manière générale. Mauvaise campagne, et gouvernance précédente qui a divisé le camp et permis l'émergence de candidats alternatifs crédibles -> paf.
Après, bien élu, mal élu, c'est du folklore. La Ve République garantit la stabilité des institutions, pas la satisfaction des électeurs. C'est plus important que le consensus se fasse sur le nom du candidat élu que sur la satisfaction vis-à-vis du processus électoral: l'objectif, c'est que tu reconnaisses que le président a été élu conformément à la constitution (c'est ça qui garantit la stabilité du pays et évite que des opposants envahissent les bâtiments officiels en prétendant qu'ils ont un autre président). Après, que tu ne sois pas content, c'est secondaire. Pas facile à accepter, mais je comprends le raisonnement, surtout après la période un peu compliquée qui a précédé la rédaction de la constitution.
[^] # Re: Sujet Clivant
Posté par arnaudus . En réponse au journal La Quadrature du Net fait-elle fausse route ?. Évalué à 3.
Ça serait pareil avec beaucoup d'autres systèmes de vote. Même avec un vote par approbation, le candidat le meilleur est élu, indépendamment du taux d'approbation.
"Le meilleur" ou "Le moins pire", c'est l'histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide. Quand tu fais passer un entretien d'embauche, c'est pareil, tu prends le meilleur ou le moins pire des candidats. Tu n'es pas en train de te choisir un partenaire dans une rencontre meetic, avec la possibilité de rentrer tout seul quand personne ne te convient. Il y a un poste à remplir, tu le remplis. C'est hyper-subjectif d'avoir l'impression que personne ne te convient, il y a généralement 15 à 30 candidats aux présidentielles, si tu n'en trouves pas 2 ou 3 qui te conviennent dans le tas, c'est quand même peut-être que le problème vient de toi : on ne te demande pas de choisir quelqu'un qui prendrait exactement les mêmes décisions que toi pendant 5 ans, mais plutôt quelqu'un qui ferait le job (à peu près). Si tu es difficile, tu vas prendre le moins pire, si tu es optimiste, tu vas prendre le meilleur. De toutes manières, au final, tu veux quand même du moins pire, non?
[^] # Re: Sujet Clivant
Posté par arnaudus . En réponse au journal La Quadrature du Net fait-elle fausse route ?. Évalué à 10.
Il y aurai eu 100 candidats crédibles, le vainqueur du 2e tour aurait probablement fait moins de 1 millions de voix au 1er tour. Je ne vois pas ce que ça a à voir avec la légitimité d'une élection : plus il y a de choix pertinents et moins le candidat du 2e tour fait de voix au 1er tour.
[^] # Re: Sujet Clivant
Posté par arnaudus . En réponse au journal La Quadrature du Net fait-elle fausse route ?. Évalué à 10.
Justement, ils savent que c'est vrai, et du coup, faire disparaitre ton message leur permet de nier la dissonnance cognitive.
Je ne sais pas du tout d'où vient l'idée que dans une démocratie fonctionnelle, les élus seraient adoubés par la majorité absolue des inscrits. Ce n'est pas ce que dit la constitution, et dès qu'il y a plus de deux programmes incompatibles, c'est assez mécanique que l'élu n'a pas le soutien de la majorité des inscrits. Et les abstentionnistes s'expriment : ils donnent mandat aux votants. Donc s'il y avait quelque chose à compter dans l'opposition, ça serait les voix contre, mais pas les abstentions.
Je pense que c'est juste un moyen populiste de prétendre avoir le droit de ne pas reconnaitre le mandat d'un élu. Quand le processus électoral est assez transparent, c'est difficile de prétendre que les élections sont truquées, alors on dit que même si la constitution donne le droit à untel d'être président, je prétend qu'il n'est pas légitime (parce que je ne l'aime pas et que je n'ai pas voté pour lui). C'est à mettre du même côté que "les électeurs de X ont été influencés par les journalistes / les lobbies, autrement il n'autait pas pu gagner", ce qui permet à la fois d'expliquer une défaite électorale sans se remettre en cause, et de dénigrer à pas cher les idiots d'en face qui n'ont pas voté pour la bonne personne.
[^] # Re: Inquiétant?
Posté par arnaudus . En réponse au journal ProtonMail fournit les adresses IPs de ses utilisateurs ensuite arrêtés en France. Évalué à 4.
J'imagine que c'est comme Tor; l'hébergeur du noeud prend le risque d'être poursuivi (c'est à la justice de déterminer à quel point il était susceptible d'être au courant de ce qui se passait). J'ai l'impression qu'il y a peu de jurisprudence là dessus, mais il fait peu de doutes que le fait de fournir un service d'anonymisation engage sa responsabilité.
On risque au minimum une perquisition et la saisie du matériel le temps de l'enquête.