Je ne suis pas certain qu'on parle de la même chose. Les ingénieurs, les médecins, les infirmières, etc. ont une formation scientifique. Ce qu'ils n'ont pas, c'est une formation à la recherche : ils connaissent l'état de l'art de la science, mais ils n'ont pas de formation pour comprendre comment on mène la recherche.
Après, pour les problèmes méthodologiques etc, c'est plutôt un problème de qualité de la recherche. C'est tout à fait possible d'être un mauvais chercheur.
Ce qui est intéressant, c'est que la méthodologie scientifique n'est généralement pas enseignée dans les cursus scientifiques. L'épistémologie est une branche de la philosophie, qui, en France, est considérée comme une matière littéraire. Les seules formations qui commencent à se développer pour les chercheurs sont les formations à l'éthique scientifique, mais c'est assez loin des histoires de méthodologie.
Il y a une vision souvent erronnée d'ailleurs chez les vulgarisateurs et les "zététiciens", c'est qu'il existerait une méthodologie strictement définie, à laquelle la totalité des scientifiques se conformerait. C'est totalement faux, il n'y a pas d'évaluation méthodologique à proprement parler en sciences, sauf en mathématiques peut-être. La règle générale, c'est que la communauté scientifique a une vague idée intuitive des standards méthodologiques de l'état de l'art (en terme d'expériences contrôle, d'analyse statistique, de reproductibilité, etc), et les reviewers des articles peuvent signaler des raisonnements qu'ils trouvent douteux (par exemple des raisonnements circulaires, ou des conclusions qui ne semblent pas supportées par les données). Mais globalement, les critères dépendent énormément des disciplines, et ils évoluent; il s'agit avant tout d'une construction sociale assez déconnectée de l'épistémologie. Bien souvent, l'application d'une méthodologie théorique stricte serait impossible en pratique, et ralentirait beaucoup trop l'avancée des connaissances (tout en étant beaucoup trop sensible à la fraude ou aux erreurs).
Pour le réchauffement, ce n'est pas un effet du raisonnement "ad consequentiam"? Si le réchauffement climatique est réel, alors il faudrait que je change profondément mes habitudes et mon mode de vie pour ne pas rendre la planète inhabitable. S'il n'est pas réel, alors je peux continuer comme avant. La situation dans laquelle le réchauffement climatique n'existe pas est donc largement plus confortable, et la démarche nécessaire à l'admettre est plus difficile que pour les problèmes scientifiques "neutres", comme l'évolution des espèces.
Je ne suis pas certain qu'une formation scientifique soit suffisante pour être immunisé aux théories du complot. La crise du COVID a mis en avant un certain nombre de théories plus ou moins farfelues, certaines portées d'ailleurs par des figures "scientifiques", qui ont quand même pas mal percolé parmi le personnel soignant qui a pourtant une formation scientifique. Les médecins et les infirmières sont très bien formés sur le mode de fonctionnement d'un vaccin, sur les mécanismes de l'expression des gènes, etc., et ça ne les a pas empêcher de raconter n'importe quoi sur les vaccins à ANR. Je trouve encore une fois que le contexte social explique beaucoup l'avancée des idées complotistes : c'est la marginalisation, l'impression de ne pas exister, qui semble le terreau idéal du complotisme. Une infirmière dans le système de santé est invisible, une infirmière qui refuse de se vacciner devient intéressante pour les médias, pour sa hiérarchie, pour les patients; elle a des choses à dire, un message à porter.
Du coup, il me semble naturel que les gens ayant un meilleur niveau de connaissance, en moyenne, sont mieux insérés dans la société, défendre des théories complotistes les marginaliserait, les ferait passer pour des imbéciles. Au contraire, les gens qui se sentent marginalisés n'ont rien à perdre (voire, ils baignent dans un milieu social où ce genre de pensées est fréquente). Il y a 10 ans, le complotisme était larvé, mais sa base existait: on a tous discuté avec tonton machin qui était convaincu que le moteur a eau avait été inventé il y a 50 ans mais caché par l'industrie pétrolière, que les chemtrails des avions contenaient un gaz pour contrôler la population, etc. Tonton machin racontait ça quand il avait un peu picolé, et ça s'arrêtait là. Les réseaux sociaux ont donné une caisse de résonance et ont permis de structurer les communautés complotistes.
Mouais, Klein est un peu gonflé parce que discuter avec des potentiels platistes est son fond de commerce. Du coup, si les platistes n'existaient pas, il serait bien obligé de faire quelque chose de plus compliqué.
Un monde dans lequel tout le monde aurait les compétences pour tout remettre en question est simplement impossible. C'est justement le fond de commerce du complotisme : "regardez ces scientifiques idiots, ils n'ont pas vu que les pyramides portaient des traces d'outils extraterrestres. Et quand on pose la question à un soi-disant spécialiste, il ne veut pas répondre." Être rationnel, c'est aussi de faire confiance à une communauté scientifique : la terre est (presque) sphérique, le climat se réchauffe à cause des émissions anthropiques de gaz à effet de serre, les espèces évoluent. Ces faits scientifiques sont admis par les spécialistes, après de longues discussions et confrontations des hypothèses et à la lumière de données expérimentales. Si on est curieux, on peut lire des livres, ou même des articles scientifiques; on peut aller voir des conférences de vulgarisation, mais jamais on ne deviendra suffisamment "sachant" pour opposer une contradiction crédible à la communauté scientifique.
En fait, je déteste l'argument de Klein, tel qu'il est présenté ici en tout cas, parce que c'est celui de la neutralité épistémique : en tant que non-spécialiste, on ne connait pas les arguments soutenant les deux possibilités (la terre est plate ou la terre est ronde), et par conséquent les deux positions sont aussi respectables l'une que l'autre. Or, c'est bien ça le problème : le platisme est une position ridicule, et elle doit être traitée comme telle. Il est totalement absurde d'échanger des arguments scientifiques avec un plastiste; si un platiste était perméable aux arguments scientifiques il ne serait pas platiste. Le complotisme n'est pas un problème scientifique, c'est un problème sociologique; les gens deviennent complotistes parce que ça correspond à un besoin social (probablement, mais pas seulement, parce que ça apporte des réponses simples qu'ils ont l'impression de comprendre dans un monde hyper-complexe, c'est rassurant, ça donne un statut social, et en plus on a l'impression d'être un rebelle et d'avoir un destin, celui de convaincre les "moutons"). Combattre le complotisme, ça ne peut pas être fait en organisant des débats entre scientifiques et complotistes. Ça doit être fait en apportant des réponses sociales aux gens paumés dans les mouvements complotistes, et je trouve que de leur donner de l'importance en les prenant au sérieux n'est pas un service à leur rendre.
Il ne faut d'ailleurs pas oublier que les leaders des mouvements complotistes sont souvent des trolls: ils ne croient pas à leurs mensonges, ils ont juste trouvé un "filon" pour attirer l'attention (et/ou le pognon).
Je trouve la définition du Larousse beaucoup plus précise et opérationnelle : être complotiste, ça n'est pas d'affirmer qu'il existe des complots, c'est de prétendre qu'il existe une explication basée sur un complot en opposition avec la version "communément admise".
Le fait que le gouvernement Russe tente de déstabiliser les démocraties occidentales en diffusant des fausses informations ou des théories farfelues sur les réseaux sociaux (et en infiltrant et finançant les milieux de l'extrême droite) sont "communément admises"; ça a été très largement étudié et rapporté par tout un tas de sources indépendantes, y compris officielles.
Après, il faut avouer que l'arrivée au pouvoir de gouvernants populistes (USA, Brésil…) a rebattu les cartes, puisque des théories complotistes ont été soutenues par des organismes gouvernementaux; pas facile dans ce cas de définir une "version communément admise".
Difficile également de juger de l'aspect complotiste d'une hypothèse possible. Par exemple, pour l'origine du Covid, les complotistes sont convaincus qu'il s'agit d'une fuite (volontaire ou non) d'un labo Chinois. Or, cette hypothèse n'est pas du tout écartée, à ma connaissance; c'est juste que quelqu'un de rationnel dirait "c'est possible" alors qu'un complotiste prétendrait que "c'est certain".
Ça vaut ce que ça vaut, mais je définirais le complotisme comme une grille d'interprétation du monde faisant intervenir des complots, indépendamment des faits. Je pense que le rapport du complotisme aux éléments factuels est central: pour un complotiste, le complot est par essence la vérité, et les éléments matériels ne peuvent que justifier le complot. Le raisonnement n'est pas propre au complotisme; c'est un classique de l'autoconviction religieuse (le croyant voit une preuve de l'existence de Dieu dans un brin d'herbe, un paysage, ou la musique de JS Bach, et ne comprend pas comment cette évidence puisse ne pas être partagée).
Si on passe outre l'interface très étrange du site, il reste quand même beaucoup de vide. L'argumentation est de type "complotiste": "Regardez ça" -> (suit quelques points de données sans contexte) -> "Vous voyez, ça ne peut pas être du hasard", sans qu'on sache ce qu'est "ça", ni qui est supposément derrière tout ça… C'est très étrange; en général quand on a un truc à dire on le dit clairement, on ne sous-entend pas un message obscur derrière quelques cliparts.
Sur le fond d'ailleurs, l'argument de la "panique morale" me semble fallacieux, dans la mesure où certains faits sont en théorie tout à fait susceptibles d'engendrer une panique morale. Par exemple, la découverte des chambres à gaz à la libération a engendré une panique morale, et ça n'est absolument pas un argument pour nier leur existence. En conséquence, même si le concept de panique morale était pertinent (ce dont je doute), il ne pourrait absolument pas être utilisé comme un argument contre l'existence des faits en question : la dangerosité de la cigarette, de la consommation de viande grillée, des pesticides, l'alcool au volant et la mortalité routière, etc. sont souvent abordés sous l'angle de la panique morale (par exemple dans les clips de sensibilisation), alors que les sujets existent réellement.
Comme très souvent, après faut-il passer pour le casse noix de service pour chaque clause en entreprise ? Sachant que devant un tribunal elle ne tiendra pas.
C'est la même chose pour tous les contrats (typiquement, conditions générales de vente). Quand une clause est manifestement abusive, soit tu demandes à la faire retirer (avec le risque que ton interlocuteur refuse), soit tu pars du principe que tu pourras la contester au tribunal en cas de litige (avec le risque de perdre si tu t'es trompé).
Du coup, tu veux dire que ton interprétation est valide si on comprend "tout seul" comme "l'ensemble des personnes constituant le comité dont c'est le rôle"?
Comme c'est un sujet dont je me fous pas mal, je me permets : ce qui m'intéresserait, c'est de comprendre. Si l'objectif du journal est de donner une opinion qui pourrait être considérée comme vraie "d'un certain point de vue", ça ne m'aide absolument pas à comprendre.
Est-ce que le mensonge ou l'exagération a une puissance de conviction? Certainement. Mais quel est ton objectif? Convaincre, ou informer? Parce que moi je souhaite être informé pour me faire ma propre opinion; du coup, je partirais plutôt sur le principe que tu souhaites enfumer les lecteurs si tu te refuses à corriger les erreurs factuelles.
Oui, mais je pense que le modèle est surparamétré pour ce qu'il veut (p0 = 0 et pe = 1). J'ai l'impression qu'il souhaite que l'unité de x soit en demi-vie (f(1) = 1/2), mais ce n'est pas très clair.
vu que j'ai pris une licence qu'on m'a dit de prendre et que pas foule peut ou veut répondre à si légal ou pas ce truc
Et même si tu sais qu'une réutilisation est illicite, combien parmi les auteurs de logiciels libres iraient jusqu'à un procès coûteux pour faire respecter la licence? Une entreprise qui défend un marché pourrait faire ça, mais un particulier? Qu'est-ce que ça peut t'apporter de dépenser des dizaines de milliers d'euros en expertise et frais d'avocats pour forcer une boîte que tu ne connais pas à publier leur code? Les licences libres dissuades probablement les réutilisateurs malhonnêtes, mais c'est une barrière psychologique, rien n'empêche que du code libre soit réutilisé pour tout un tas de trucs (sur des serveurs, sur de l'embarqué…) sans que personne n'en sache rien. Tout le blabla juridique des licences ne peut pas empêcher ce genre de choses.
Je me contrefiche que ça soit « compatible avec l'esprit et la lettre des licences libres
Bah c'est pourtant ça qui est important, non? C'est bien pour ça que c'est OK qu'un logiciel libre peut être réutilisé par des pédo-néo-nazis, par des gouvernements autoritaires, ou par des multinationales.
Je ne doute pas que ça plait à des gens et que d'autres s'en foutent mais moi ça me pose problème.
Mais c'est le genre de problème sur lequel tu as forcément réfléchi en faisant du logiciel libre. Quand tu contribues au noyau Linux, ton code se retrouve dans les Freebox, dans 60% des téléphones portables, dans les logiciels embarqués sur les missiles nucléaires, et dans les appareils qui pilotent l'extraction des gaz de schiste. Les grands groupes réutilisent les logiciels libres pour faire du business, et c'est complètement OK. Évidemment, la plupart des gens ne font pas du libre pour que les grands groupes fassent du business, mais c'est possible, et ça n'est pas problématique.
Honnêtement, ça me gênerait beaucoup plus que mon code serve à faire fonctionner des armes russes par exemple, plutôt que de contribuer à une base de connaissances d'une IA. C'est même quelque chose qui m'a beaucoup perturbé pendant longtemps, pourquoi ne doit-on pas inclure une notice "Il est interdit d'utiliser ce logiciel pour tuer des gens" dans un logiciel libre, par exemple.
L'énorme majorité des arguments que j'entends aller dans l'autre sens me semble recourir à des idéologies qui ne me plaisent pas comme la fatalité, l'impuissance de l'État sur la technologie, etc et ça en soit ça me pose de gros problèmes.
Mais la fatalité contre quoi? Contre une utilisation qui me semble complètement légitime du logiciel libre? En quoi est-ce différent de la réutilisation du contenu de Wikipédia par Google, par Amazon, etc? Il est évident que les technologies "intelligentes" ont besoin de contenu, et je préfère largement qu'elles utilisent du contenu libre plutôt qu'un truc qu'elles achèteraient à un acteur privé. Les contributeurs de Wikipédia le font pour que le contenu produit soit réutilisé, et c'est exactement ce qu'OpenAI fait, non? Pense au retour possible, à la manière dont ChatGPT pourrait améliorer les articles de Wikipédia, leur syntaxe, leur cohérence?
Ce que j'essaye de dire, c'est qu'il n'y a pas que deux options, "s'en foutre" ou "ça pose un problème". Mon point de vue, c'est qu'au contraire, c'est super. C'est super que du code libre et du contenu libre comme Wikipédia servent à entrainer les AI, ça démontre la puissance et l'importance du libre dans le monde du XXI siècle. C'est pour ça qu'on fait du libre, pour que le contenu soit réutilisé. Bien sûr, cette réutilisation n'était pas vraiment envisageable il y a 15 ou 20 ans, mais pourquoi est-ce un problème? On n'est pas obligés de devenir des grand-mères à moustaches et d'avoir peur de tout ce qui peut arriver. Personne ne sait ce que va être le monde dans 5 ans. Peut-être que les AI vont s'avérer décevantes et que l'engouement initial va disparaitre. Pëut-être au contraire les progrès vont être fulgurants et que le monde va profondément changer. Peut-être qu'OpenAI va devenir la plus grosse entreprise du monde (après tout, ce n'est pas si anormal si son IA révolutionne le monde, non?). Mais qu'y a-t-il d'anormal à ça? A priori, le retour sur le libre pourra même se faire, vu que ces technologies pourront être utilisées pour générer la doc d'un LL, produire du code, améliorer Wikipédia…
Mais contre quoi souhaites-tu "protéger" ton code?
Ce n'est pas contre l'indexation dans une base de données géante, puisque de nombreux robots et analyseurs de code indexent déja le code disponible (à commencer par les moteurs de recherche).
Ce n'est pas contre le travail dérivé, puisque le code produit par les modèles de langage ne correspondent pas du tout à ce qui est habituellement considéré comme du travail dérivé (en particulier, le propre d'un travail dérivé est de ressembler à quelque chose d'existant).
Ce n'est pas contre la réutilisation du code par une entreprise qui se fait du pognon dessus, puisque c'est normalement possible avec une licence libre.
Qu'y a-t'il de si particulier pour qu'une utilisation compatible avec l'esprit et la lettre des licences libres semble poser un tel problème qu'on puisse envisager de ne plus publier du tout son code?
Est-ce qu'un code généré par un modèle "entrainé" est un travail dérivé ? C'est toute la question sur laquelle il n'y a pas de consensus.
Mouais, à mon avis, c'est la question sur laquelle on aimerait bien croire qu'il n'y a pas de consensus. Le code produit par un modèle de langage ne correspond en rien à ce que la jurisprudence considère comme du travail dérivé. Si quelqu'un publie un logiciel qui contient des bouts de code issus d'une "IA", et que tu considères qu'il enfreint la licence de ton logiciel, il va falloir l'attaquer pour contrefaçon. Et il va falloir évidemment que le code produit ressemble au tien au point où il puisse être qualifié de travail dérivé (c'est à dire que ton code doit être original—il ne doit pas être possible de trouver du code ressemblant dans la base de données—et il faut que le logiciel que tu attaques ressemble plus à ton code qu'à n'importe quel autre code dans la base de données). Moi j'achète des pop-corns et je regarde ça de loin, en me demandant bien comment tu vas faire pour le prouver, parce que c'est presque par construction qu'un bon modèle de langage (qui n'est pas sur-ajusté) ne peut pas dériver un travail d'une unique source.
Par contre cela pose la question de où ranger ces voitures individuelles.
Tu veux dire, en théorie ou en pratique? Parce qu'à part les voitures, est-ce qu'il y a beaucoup d'objets que leurs propriétaires trouvent normal de laisser sur la voie publique?
Il semblerait logique de demander aux gens de se débrouiller pour débarrasser l'espace public de leur véhicule quand ils ne l'utlisent pas; libre à eux de trouver un espace privé pour le stationner. Évidemment, ça poserait des problèmes pratiques, mais c'est toujours comme ça quand on doit se sortir d'une mauvaise habitude.
Il était peut-être excusable en 1894 de ne pas avoir une voirie adaptée aux deux roues. C'est quand même assez frappant que 130 ans plus tard on en soit à peu près au même point.
Le problème de la cohabitation entre vélos et piétons n'existe que lorsqu'on déporte la circulation des cycles vers les trottoirs. Les cycles sont des véhicules, leur place est sur la route—il faut juste trouver un moyen de rendre la route plus sécurisée pour les cycles, en faisant point de place pour les voitures, par exemple.
La question, c'est si la voirie partagée entre cyclistes et piétons doit être considérée comme cyclable. Si une telle voirie est dangereuse pour les cyclistes ou les piétons, alors elle n'est pas cyclable.
Pousse le raisonnement et considère le cas d'un passage piéton sur une autoroute. Ça serait une situation dangereuse, qu'on pourrait atténuer en mettant un ralentisseur, des panneaux, et des feux rouges. Mais du coup, ça ne serait plus une autoroute.
Et au passage, c'est vraiment un argument typique d'un service étatique incompétent que de faire reporter la responsabilité des accidents sur les usagers. Si des cyclistes se font éclater par des bus sur les voies partagées bus/cycles, c'est de la faute des chauffeurs, ou des cyclistes, jamais de la faute du sinistre abruti qui a eu l'idée mortifère de faire cohabiter ces deux modes de transports totalement incompatibles, dans une situation où ils doivent se doubler mutuellement en permanence.
Euh, pas sûr d'avoir la même expérience. Les espaces partagés ça peut aller pour les ballades en vélo avec mamie ou les enfants, mais un vélo avec dessus un gusse qui sait en faire (ou un moteur électrique), ça roule généralement à 25 km/h, voire pas mal plus si ça descend ou si c'est un vélo de course. Une collision avec un piéton à cette vitesse, c'est assez dangereux.
L'agressivité, c'est la réaction naturelle quand quelqu'un met en danger ta santé. Un piéton qui dépasse sur la piste cyclable parce qu'il regarde les oiseaux ou son téléphone quand tu arrives lancé, il se met en danger et il te met en danger. Tu espères quoi?
Aux Pays-Bas par exemple, aucun piéton ne s'aventurerait sur une piste cyclable. Concert de sonnettes assuré pour les étrangers étourdis!
Déja, le contenu est en contradiction avec le résumé: "Si cette politique peut paraître absurde, elle est parfaitement délibérée." Genre, il faut lire 20 pages avant de comprendre que c'est une formulation alambiquée pour dire qu'il n'y a en fait aucune volonté d'empêcher les pauvres de toucher les droits sociaux. Il ne s'agit que d'incompétence de la part des technocrates qui conçoivent les systèmes sociaux et de leur incapacité à ne pas comprendre les freins sociologiques qui expliquent le non-recours. Au contraire de cette politique délibérée, il y a une volonté de l'État de diminuer le non-recours.
Ensuite, ce que l'analyse refuse de voir, c'est que les gens suivis n'ont simplement pas les connaissances de base pour survivre de manière autonome dans notre monde moderne hyper-complexe. Cette personne qui ne sait pas expliquer à l'agent d'accueil pourquoi il vient, il ne saura pas non plus se dépatouiller contre les commerciaux qui vont essayer de lui vendre des fenêtres double-vitrage, il ne saura pas acheter une voiture, ni ouvrir un compte en banque, ni lire une fiche de paye, ni déclarer ses impôts. Au bas mot, 80% des boulots, même peu qualifiés, lui sont inaccessibles; il ne peut pas être indépendant (il faut faire des démarches et de la compta), il ne peut pas utiliser un ordinateur, il ne peut pas lire un document technique. On peut regretter que le monde soit complexe, qu'il n'y ait pas un bisounours à chaque coin de rue pour aider les gens à ne pas faire n'importe quoi, mais c'est comme ça. Ces gens ont juste besoin d'assistance; par des proches ou des associations. Ils ont besoin que quelqu'un leur dise d'imprimer tel formulaire, et de le remplir pour eux. Il n'y a absolument rien de nouveau, c'est exactement la situation de "Zezette épouse X". Et la société a une réponse à ça, c'est la curatelle ou d'autres formes d'assistance à divers degrés.
La suggestion de l'auteur semble être de considérer que c'est à l'État et à ses administrations de gérer de telles situations de curatelle, mais ça pose réellement la question de la séparation des pouvoirs. Ça semble assez malsain que la personne qui monte le dossier soit la même que celle qui décide de la conformité des dossiers. Il y a des décisions à prendre; parfois, l'intéret de la personne est évident, parfois il l'est moins. Est-ce le rôle du fonctionnaire de service de dire "OK, vous êtes avec quelqu'un depuis un mois, mais ne cochez pas la case dans ce formulaire, attendez l'année prochaine"? Non, je ne pense pas, le fonctionnaire a un devoir de loyauté à l'État, il n'a pas toujours à agir dans l'intéret des administrés. Ce dont ces personnes ont besoin, c'est des sortes de conseillers qui vont les aider à prendre les bonnes décisions et à monter les dossiers.
Tout ça ne change pas le fait que les coupes budgétaires ont mis à mal la capacité des administrations à assurer les services qu'elles sont censées assurer, et notamment le conseil. L'accumulation de toujours plus de procédures plus ou moins légales, conçues par des bureaucrates dépressifs, ralentit tout le système et rend certaines aides inaccessibles. Mais j'ai du mal à imaginer que l'administration puisse aider les gens dont parle le document; ils leur faut un autre type d'aide. L'auteur du billet emballe le tout dans une sorte de jargon sociologique qui cache mal une démarche militante. Je trouve l'ensemble assez malaisant d'ailleurs, puisque l'objectif est clairement d'observer le bonhomme faire n'importe quoi pour pouvoir bien décrire pseudo-objectivement à quel point il était trop teubé pour comprendre quels documents on lui demandait et à quel point les agents d'accueil étaient méprisants. Une thèse de sociologie, c'est de prendre des notes en regardant des gens se noyer, puis d'écrire des billets sur l'incapacité de l'État à sauver les gens de la noyade? Les comités d'éthique, ça existe.
Ce graphique représente les couleurs visibles par longueur d'onde, il n'y a pas de marron qui est composé de rouge et de vert. Le marron peut être saturé et sortir du sRGB par une de ses composantes, idem pour les autres couleurs composées.
Si je comprends bien le graphique (j'aurais peut-être dû mettre le lien vers celui de Wikipédia, qui est plus précis: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/ba/PlanckianLocus.png/303px-PlanckianLocus.png ), les couleurs pures ne sont que sur la bordure supérieure du fer à cheval. Toutes les autres sont des mélanges entre plusieurs longueurs d'onde. Et on pourrait rajouter un axe de désaturation dans la profondeur, pour aller des couleurs complètement saturées jusqu'au noir.
Du coup, pour résumer, l'objectif de la calibration est de faire en sorte que les écrans et les imprimantes coïncident sur le centre du graphe, là où ils ont la capacité de donner les mêmes couleurs. En dehors c'est de toutes manières impossible…
Certes. Tu peux aussi distribuer des enveloppes numérotées de 1 à 100, et au moment voulu tu annonces en clair "Enveloppe 74", qui contient "Débarquement en Normandie le 6 juin".
C'est ce mécanisme qui est utilisé pour les message vraiment sensibles, les clés étant échangée avant le message, généralement par un moyen physique.
On sait quelle méthode utilisent les services secrets, par exemple?
Du coup, filtrer les données avec un profil de couleur doit permettre de compenser et de les convertir en données représentant correctement la réalité dans un espace de couleur standard.
Justement, le rendu des couleurs ne peut pas être conforme à la réalité parce qu'il part dès le début du principe de représenter un mélange complexe de longueurs d'onde par une intensité relative de 3 ou 4 couleurs primaires. "Représenter correctement la réalité" n'a pas de sens; si tu prends en photo un objet marron, tu n'as pas de capteur de marron dans l'appareil photo; tu n'as pas de LED marron sur ton écran, et tu n'as pas d'encre marron dans ton imprimante; tout le processus repose donc sur le fait que nos yeux sont pourris et qu'ils ne savent pas distinguer une couleur d'un mélange de couleurs. L'objectif n'est donc pas d'être fidèle à la réalité, mais de jouer de manière suffisamment convaincante avec l'imperfection de notre système visuel pour nous donner l'impression que la couleur est proche de l'originale, ce qui n'est pas du tout le cas.
D'ailleurs, nos yeux sont tous différents, et il semble peu probable d'arriver à un rendu qui soit convainquant pour tout le monde en même temps.
(oui, du RGB, pas du CMJN, le fait d'utiliser quatre couleurs c'est son affaire, pas celle de l'utilisateur )
Pas possible, l'overlap entre les yeux, le RGB, et le CMJN est seulement partiel.
Mouais; autant c'est déja un bel exploit d'être capable de se protéger des attaques contemporaines, autant c'est quand même un beau fantasme d'imaginer de se protéger contre des attaques qui n'existent pas encore. Il ne faut pas se leurrer, aucune technologie de chiffrement ne peut garantir de tenir dans le temps.
D'ailleurs, je ne crois pas que dans l'histoire on puisse citer un moyen de chiffrement qui a résisté au temps.
Ça n'empêche pas que la recherche dans ce domaine doit être encouragée, elle peut notamment permettre de ne pas se retrouver démuni dans le cas de la découverte de failles sur les technologies contemporaines. Mais je pense qu'il est très raisonnable de tabler sur le fait que dans 10 ans, quoi que tu fasses, la NSA sera capable de déchiffrer ce que tu fais aujourd'hui. Tu prends beaucoup moins de risques en partant de ce principe et en agissant de manière à ce que les documents ne soient plus valorisables dans 10 ans plutôt que de chiffrer avec un algorithme tout juste issu de la recherche, et pour lequel on puisse trouver une faille 0-day après-demain.
Pour les taxis, la situation est quand même largement différente : les petits arrangements entre les taxis et l'État a provoqué une rareté complètement artificielle des licences de taxi. Cette rareté a entrainé une forte spéculation sur les licences, qui ont pris de la valeur sur le marché secondaire (alors qu'elles sont gratuites sur le marché primaire).
Au final, le système est complètement bloqué : non seulement les taxis ont lourdement investi dans leurs licences (qui pourtant sont attribuées gratuitement), et leur capital spéculatif serait détruit si le nombre de licences octroyait augmentait. On est quand même en train de parler que l'État puisse racheter plusieurs centaines de milliers d'Euros des licences qu'il a attribuées gratuitement! C'est catastrophique, et c'est quand même à se demander si la justice ne devrait pas sérieursement s'intéresser à la question. Bon, tout ça va finir par se tarir, puisqu'il n'est plus légal de vendre les licences obtenues ces dix dernières années, mais c'est un superbe exemple de gestion clientéliste, qui au final nuit à tout le monde. Et au passage, les banques s'en sortent bien, parce qu'elles ont pendant longtemps autorisé leurs clients à emprunter pour investir dans des actifs spéculatifs sans valeur intrinsèque. Essayez d'emprunter 100k€ pour acheter des bitcoins en expliquant au conseiller que vous espérez les revendre pour 150k€ dans un an, vous verrez si vous obtiendez un prêt.
Pendant 50 ans. Et après ça s'arrête, parce que le sol n'a plus rien. C'est ce qui est en train de nous arriver. Pour combler ce problème, on peut mettre encore plus d'intrants, mais ça augmente le coût, et dégrade la productivité.
Ça fait peur, cette histoire. Heureusement, c'est faux.
Je ne comprends pas pourquoi de telles histoires catastrophistes sur la qualité des sols et la course aux rendements peuvent circuler. Bien sûr, ça pourrait être vrai. Les sols pourraient se dégrader irréversiblement sous l'effet de pratiques agricoles agressives, motivées par l'appat du gain des multinationales et de l'épandage massif de poisons chimiques. Mais ça n'est pas ce qui se passe. Ça ne colle pas bien avec le narratif de certaines associations et certains courants politiques, mais c'est la réalité : l'agriculture moderne utilise de moins en moins d'intrants et de moins en moins de pesticides; et il n'y a pas de "course aux rendements" puisque ces rendements stagnent.
Ceci dit, il semble très probable que cette réalité est en grande partie due au succès des politiques publiques visant à la réduction des pesticides et des intrants. On n'a aucune preuve qu'il s'agisse d'une forme d'autoréglation ou d'une prise de conscience des agriculteurs.
[^] # Re: mise en abyme
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les conspirationnistes envahissent Twitter, les scientifiques finissent par le quitter. Évalué à 5.
Je ne suis pas certain qu'on parle de la même chose. Les ingénieurs, les médecins, les infirmières, etc. ont une formation scientifique. Ce qu'ils n'ont pas, c'est une formation à la recherche : ils connaissent l'état de l'art de la science, mais ils n'ont pas de formation pour comprendre comment on mène la recherche.
Après, pour les problèmes méthodologiques etc, c'est plutôt un problème de qualité de la recherche. C'est tout à fait possible d'être un mauvais chercheur.
Ce qui est intéressant, c'est que la méthodologie scientifique n'est généralement pas enseignée dans les cursus scientifiques. L'épistémologie est une branche de la philosophie, qui, en France, est considérée comme une matière littéraire. Les seules formations qui commencent à se développer pour les chercheurs sont les formations à l'éthique scientifique, mais c'est assez loin des histoires de méthodologie.
Il y a une vision souvent erronnée d'ailleurs chez les vulgarisateurs et les "zététiciens", c'est qu'il existerait une méthodologie strictement définie, à laquelle la totalité des scientifiques se conformerait. C'est totalement faux, il n'y a pas d'évaluation méthodologique à proprement parler en sciences, sauf en mathématiques peut-être. La règle générale, c'est que la communauté scientifique a une vague idée intuitive des standards méthodologiques de l'état de l'art (en terme d'expériences contrôle, d'analyse statistique, de reproductibilité, etc), et les reviewers des articles peuvent signaler des raisonnements qu'ils trouvent douteux (par exemple des raisonnements circulaires, ou des conclusions qui ne semblent pas supportées par les données). Mais globalement, les critères dépendent énormément des disciplines, et ils évoluent; il s'agit avant tout d'une construction sociale assez déconnectée de l'épistémologie. Bien souvent, l'application d'une méthodologie théorique stricte serait impossible en pratique, et ralentirait beaucoup trop l'avancée des connaissances (tout en étant beaucoup trop sensible à la fraude ou aux erreurs).
[^] # Re: mise en abyme
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les conspirationnistes envahissent Twitter, les scientifiques finissent par le quitter. Évalué à 2. Dernière modification le 31 mai 2023 à 13:20.
Pour le réchauffement, ce n'est pas un effet du raisonnement "ad consequentiam"? Si le réchauffement climatique est réel, alors il faudrait que je change profondément mes habitudes et mon mode de vie pour ne pas rendre la planète inhabitable. S'il n'est pas réel, alors je peux continuer comme avant. La situation dans laquelle le réchauffement climatique n'existe pas est donc largement plus confortable, et la démarche nécessaire à l'admettre est plus difficile que pour les problèmes scientifiques "neutres", comme l'évolution des espèces.
Je ne suis pas certain qu'une formation scientifique soit suffisante pour être immunisé aux théories du complot. La crise du COVID a mis en avant un certain nombre de théories plus ou moins farfelues, certaines portées d'ailleurs par des figures "scientifiques", qui ont quand même pas mal percolé parmi le personnel soignant qui a pourtant une formation scientifique. Les médecins et les infirmières sont très bien formés sur le mode de fonctionnement d'un vaccin, sur les mécanismes de l'expression des gènes, etc., et ça ne les a pas empêcher de raconter n'importe quoi sur les vaccins à ANR. Je trouve encore une fois que le contexte social explique beaucoup l'avancée des idées complotistes : c'est la marginalisation, l'impression de ne pas exister, qui semble le terreau idéal du complotisme. Une infirmière dans le système de santé est invisible, une infirmière qui refuse de se vacciner devient intéressante pour les médias, pour sa hiérarchie, pour les patients; elle a des choses à dire, un message à porter.
Du coup, il me semble naturel que les gens ayant un meilleur niveau de connaissance, en moyenne, sont mieux insérés dans la société, défendre des théories complotistes les marginaliserait, les ferait passer pour des imbéciles. Au contraire, les gens qui se sentent marginalisés n'ont rien à perdre (voire, ils baignent dans un milieu social où ce genre de pensées est fréquente). Il y a 10 ans, le complotisme était larvé, mais sa base existait: on a tous discuté avec tonton machin qui était convaincu que le moteur a eau avait été inventé il y a 50 ans mais caché par l'industrie pétrolière, que les chemtrails des avions contenaient un gaz pour contrôler la population, etc. Tonton machin racontait ça quand il avait un peu picolé, et ça s'arrêtait là. Les réseaux sociaux ont donné une caisse de résonance et ont permis de structurer les communautés complotistes.
[^] # Re: mise en abyme
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les conspirationnistes envahissent Twitter, les scientifiques finissent par le quitter. Évalué à 6. Dernière modification le 31 mai 2023 à 11:06.
Mouais, Klein est un peu gonflé parce que discuter avec des potentiels platistes est son fond de commerce. Du coup, si les platistes n'existaient pas, il serait bien obligé de faire quelque chose de plus compliqué.
Un monde dans lequel tout le monde aurait les compétences pour tout remettre en question est simplement impossible. C'est justement le fond de commerce du complotisme : "regardez ces scientifiques idiots, ils n'ont pas vu que les pyramides portaient des traces d'outils extraterrestres. Et quand on pose la question à un soi-disant spécialiste, il ne veut pas répondre." Être rationnel, c'est aussi de faire confiance à une communauté scientifique : la terre est (presque) sphérique, le climat se réchauffe à cause des émissions anthropiques de gaz à effet de serre, les espèces évoluent. Ces faits scientifiques sont admis par les spécialistes, après de longues discussions et confrontations des hypothèses et à la lumière de données expérimentales. Si on est curieux, on peut lire des livres, ou même des articles scientifiques; on peut aller voir des conférences de vulgarisation, mais jamais on ne deviendra suffisamment "sachant" pour opposer une contradiction crédible à la communauté scientifique.
En fait, je déteste l'argument de Klein, tel qu'il est présenté ici en tout cas, parce que c'est celui de la neutralité épistémique : en tant que non-spécialiste, on ne connait pas les arguments soutenant les deux possibilités (la terre est plate ou la terre est ronde), et par conséquent les deux positions sont aussi respectables l'une que l'autre. Or, c'est bien ça le problème : le platisme est une position ridicule, et elle doit être traitée comme telle. Il est totalement absurde d'échanger des arguments scientifiques avec un plastiste; si un platiste était perméable aux arguments scientifiques il ne serait pas platiste. Le complotisme n'est pas un problème scientifique, c'est un problème sociologique; les gens deviennent complotistes parce que ça correspond à un besoin social (probablement, mais pas seulement, parce que ça apporte des réponses simples qu'ils ont l'impression de comprendre dans un monde hyper-complexe, c'est rassurant, ça donne un statut social, et en plus on a l'impression d'être un rebelle et d'avoir un destin, celui de convaincre les "moutons"). Combattre le complotisme, ça ne peut pas être fait en organisant des débats entre scientifiques et complotistes. Ça doit être fait en apportant des réponses sociales aux gens paumés dans les mouvements complotistes, et je trouve que de leur donner de l'importance en les prenant au sérieux n'est pas un service à leur rendre.
Il ne faut d'ailleurs pas oublier que les leaders des mouvements complotistes sont souvent des trolls: ils ne croient pas à leurs mensonges, ils ont juste trouvé un "filon" pour attirer l'attention (et/ou le pognon).
[^] # Re: mise en abyme
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quand les conspirationnistes envahissent Twitter, les scientifiques finissent par le quitter. Évalué à 8.
Je trouve la définition du Larousse beaucoup plus précise et opérationnelle : être complotiste, ça n'est pas d'affirmer qu'il existe des complots, c'est de prétendre qu'il existe une explication basée sur un complot en opposition avec la version "communément admise".
Le fait que le gouvernement Russe tente de déstabiliser les démocraties occidentales en diffusant des fausses informations ou des théories farfelues sur les réseaux sociaux (et en infiltrant et finançant les milieux de l'extrême droite) sont "communément admises"; ça a été très largement étudié et rapporté par tout un tas de sources indépendantes, y compris officielles.
Après, il faut avouer que l'arrivée au pouvoir de gouvernants populistes (USA, Brésil…) a rebattu les cartes, puisque des théories complotistes ont été soutenues par des organismes gouvernementaux; pas facile dans ce cas de définir une "version communément admise".
Difficile également de juger de l'aspect complotiste d'une hypothèse possible. Par exemple, pour l'origine du Covid, les complotistes sont convaincus qu'il s'agit d'une fuite (volontaire ou non) d'un labo Chinois. Or, cette hypothèse n'est pas du tout écartée, à ma connaissance; c'est juste que quelqu'un de rationnel dirait "c'est possible" alors qu'un complotiste prétendrait que "c'est certain".
Ça vaut ce que ça vaut, mais je définirais le complotisme comme une grille d'interprétation du monde faisant intervenir des complots, indépendamment des faits. Je pense que le rapport du complotisme aux éléments factuels est central: pour un complotiste, le complot est par essence la vérité, et les éléments matériels ne peuvent que justifier le complot. Le raisonnement n'est pas propre au complotisme; c'est un classique de l'autoconviction religieuse (le croyant voit une preuve de l'existence de Dieu dans un brin d'herbe, un paysage, ou la musique de JS Bach, et ne comprend pas comment cette évidence puisse ne pas être partagée).
[^] # Re: J'ai un peu de mal à comprendre ce qui est dit sur ce site ....
Posté par arnaudus . En réponse au lien La vérité sur les écrans et ceux qui ne les aiment pas. Évalué à 6.
Si on passe outre l'interface très étrange du site, il reste quand même beaucoup de vide. L'argumentation est de type "complotiste": "Regardez ça" -> (suit quelques points de données sans contexte) -> "Vous voyez, ça ne peut pas être du hasard", sans qu'on sache ce qu'est "ça", ni qui est supposément derrière tout ça… C'est très étrange; en général quand on a un truc à dire on le dit clairement, on ne sous-entend pas un message obscur derrière quelques cliparts.
Sur le fond d'ailleurs, l'argument de la "panique morale" me semble fallacieux, dans la mesure où certains faits sont en théorie tout à fait susceptibles d'engendrer une panique morale. Par exemple, la découverte des chambres à gaz à la libération a engendré une panique morale, et ça n'est absolument pas un argument pour nier leur existence. En conséquence, même si le concept de panique morale était pertinent (ce dont je doute), il ne pourrait absolument pas être utilisé comme un argument contre l'existence des faits en question : la dangerosité de la cigarette, de la consommation de viande grillée, des pesticides, l'alcool au volant et la mortalité routière, etc. sont souvent abordés sous l'angle de la panique morale (par exemple dans les clips de sensibilisation), alors que les sujets existent réellement.
[^] # Re: 3 sujets dans l'article
Posté par arnaudus . En réponse au lien Enregistrements aléatoires, conversations intimes… Comment Apple surveille massivement ses clients. Évalué à 6. Dernière modification le 25 mai 2023 à 15:33.
C'est la même chose pour tous les contrats (typiquement, conditions générales de vente). Quand une clause est manifestement abusive, soit tu demandes à la faire retirer (avec le risque que ton interlocuteur refuse), soit tu pars du principe que tu pourras la contester au tribunal en cas de litige (avec le risque de perdre si tu t'es trompé).
[^] # Re: Implications
Posté par arnaudus . En réponse au journal Le Président de la Cour du Brevet Unitaire décide tout seul de réécrire le traité comme un dictateur. Évalué à 8.
Du coup, tu veux dire que ton interprétation est valide si on comprend "tout seul" comme "l'ensemble des personnes constituant le comité dont c'est le rôle"?
Comme c'est un sujet dont je me fous pas mal, je me permets : ce qui m'intéresserait, c'est de comprendre. Si l'objectif du journal est de donner une opinion qui pourrait être considérée comme vraie "d'un certain point de vue", ça ne m'aide absolument pas à comprendre.
Est-ce que le mensonge ou l'exagération a une puissance de conviction? Certainement. Mais quel est ton objectif? Convaincre, ou informer? Parce que moi je souhaite être informé pour me faire ma propre opinion; du coup, je partirais plutôt sur le principe que tu souhaites enfumer les lecteurs si tu te refuses à corriger les erreurs factuelles.
[^] # Re: question de math ou de science ?
Posté par arnaudus . En réponse au message Question de math pures. Évalué à 4.
Oui, mais je pense que le modèle est surparamétré pour ce qu'il veut (p0 = 0 et pe = 1). J'ai l'impression qu'il souhaite que l'unité de x soit en demi-vie (f(1) = 1/2), mais ce n'est pas très clair.
[^] # Re: question de math ou de science ?
Posté par arnaudus . En réponse au message Question de math pures. Évalué à 4. Dernière modification le 12 mai 2023 à 11:17.
Ton modèle (avec T entre 0 et 1) semble être
[^] # Re: FAQ github copilot
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 2.
Et même si tu sais qu'une réutilisation est illicite, combien parmi les auteurs de logiciels libres iraient jusqu'à un procès coûteux pour faire respecter la licence? Une entreprise qui défend un marché pourrait faire ça, mais un particulier? Qu'est-ce que ça peut t'apporter de dépenser des dizaines de milliers d'euros en expertise et frais d'avocats pour forcer une boîte que tu ne connais pas à publier leur code? Les licences libres dissuades probablement les réutilisateurs malhonnêtes, mais c'est une barrière psychologique, rien n'empêche que du code libre soit réutilisé pour tout un tas de trucs (sur des serveurs, sur de l'embarqué…) sans que personne n'en sache rien. Tout le blabla juridique des licences ne peut pas empêcher ce genre de choses.
[^] # Re: Licence
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 4. Dernière modification le 09 mai 2023 à 22:37.
Bah c'est pourtant ça qui est important, non? C'est bien pour ça que c'est OK qu'un logiciel libre peut être réutilisé par des pédo-néo-nazis, par des gouvernements autoritaires, ou par des multinationales.
Mais c'est le genre de problème sur lequel tu as forcément réfléchi en faisant du logiciel libre. Quand tu contribues au noyau Linux, ton code se retrouve dans les Freebox, dans 60% des téléphones portables, dans les logiciels embarqués sur les missiles nucléaires, et dans les appareils qui pilotent l'extraction des gaz de schiste. Les grands groupes réutilisent les logiciels libres pour faire du business, et c'est complètement OK. Évidemment, la plupart des gens ne font pas du libre pour que les grands groupes fassent du business, mais c'est possible, et ça n'est pas problématique.
Honnêtement, ça me gênerait beaucoup plus que mon code serve à faire fonctionner des armes russes par exemple, plutôt que de contribuer à une base de connaissances d'une IA. C'est même quelque chose qui m'a beaucoup perturbé pendant longtemps, pourquoi ne doit-on pas inclure une notice "Il est interdit d'utiliser ce logiciel pour tuer des gens" dans un logiciel libre, par exemple.
Mais la fatalité contre quoi? Contre une utilisation qui me semble complètement légitime du logiciel libre? En quoi est-ce différent de la réutilisation du contenu de Wikipédia par Google, par Amazon, etc? Il est évident que les technologies "intelligentes" ont besoin de contenu, et je préfère largement qu'elles utilisent du contenu libre plutôt qu'un truc qu'elles achèteraient à un acteur privé. Les contributeurs de Wikipédia le font pour que le contenu produit soit réutilisé, et c'est exactement ce qu'OpenAI fait, non? Pense au retour possible, à la manière dont ChatGPT pourrait améliorer les articles de Wikipédia, leur syntaxe, leur cohérence?
Ce que j'essaye de dire, c'est qu'il n'y a pas que deux options, "s'en foutre" ou "ça pose un problème". Mon point de vue, c'est qu'au contraire, c'est super. C'est super que du code libre et du contenu libre comme Wikipédia servent à entrainer les AI, ça démontre la puissance et l'importance du libre dans le monde du XXI siècle. C'est pour ça qu'on fait du libre, pour que le contenu soit réutilisé. Bien sûr, cette réutilisation n'était pas vraiment envisageable il y a 15 ou 20 ans, mais pourquoi est-ce un problème? On n'est pas obligés de devenir des grand-mères à moustaches et d'avoir peur de tout ce qui peut arriver. Personne ne sait ce que va être le monde dans 5 ans. Peut-être que les AI vont s'avérer décevantes et que l'engouement initial va disparaitre. Pëut-être au contraire les progrès vont être fulgurants et que le monde va profondément changer. Peut-être qu'OpenAI va devenir la plus grosse entreprise du monde (après tout, ce n'est pas si anormal si son IA révolutionne le monde, non?). Mais qu'y a-t-il d'anormal à ça? A priori, le retour sur le libre pourra même se faire, vu que ces technologies pourront être utilisées pour générer la doc d'un LL, produire du code, améliorer Wikipédia…
[^] # Re: Licence
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 3.
Mais contre quoi souhaites-tu "protéger" ton code?
Ce n'est pas contre l'indexation dans une base de données géante, puisque de nombreux robots et analyseurs de code indexent déja le code disponible (à commencer par les moteurs de recherche).
Ce n'est pas contre le travail dérivé, puisque le code produit par les modèles de langage ne correspondent pas du tout à ce qui est habituellement considéré comme du travail dérivé (en particulier, le propre d'un travail dérivé est de ressembler à quelque chose d'existant).
Ce n'est pas contre la réutilisation du code par une entreprise qui se fait du pognon dessus, puisque c'est normalement possible avec une licence libre.
Qu'y a-t'il de si particulier pour qu'une utilisation compatible avec l'esprit et la lettre des licences libres semble poser un tel problème qu'on puisse envisager de ne plus publier du tout son code?
[^] # Re: Licence
Posté par arnaudus . En réponse au lien Veuillez ne pas mettre mon code sur GitHub. Évalué à 4.
Mouais, à mon avis, c'est la question sur laquelle on aimerait bien croire qu'il n'y a pas de consensus. Le code produit par un modèle de langage ne correspond en rien à ce que la jurisprudence considère comme du travail dérivé. Si quelqu'un publie un logiciel qui contient des bouts de code issus d'une "IA", et que tu considères qu'il enfreint la licence de ton logiciel, il va falloir l'attaquer pour contrefaçon. Et il va falloir évidemment que le code produit ressemble au tien au point où il puisse être qualifié de travail dérivé (c'est à dire que ton code doit être original—il ne doit pas être possible de trouver du code ressemblant dans la base de données—et il faut que le logiciel que tu attaques ressemble plus à ton code qu'à n'importe quel autre code dans la base de données). Moi j'achète des pop-corns et je regarde ça de loin, en me demandant bien comment tu vas faire pour le prouver, parce que c'est presque par construction qu'un bon modèle de langage (qui n'est pas sur-ajusté) ne peut pas dériver un travail d'une unique source.
[^] # Re: Séparation piéton / vélo
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le top 10 des villes cyclables en France. Évalué à 10.
Tu veux dire, en théorie ou en pratique? Parce qu'à part les voitures, est-ce qu'il y a beaucoup d'objets que leurs propriétaires trouvent normal de laisser sur la voie publique?
Il semblerait logique de demander aux gens de se débrouiller pour débarrasser l'espace public de leur véhicule quand ils ne l'utlisent pas; libre à eux de trouver un espace privé pour le stationner. Évidemment, ça poserait des problèmes pratiques, mais c'est toujours comme ça quand on doit se sortir d'une mauvaise habitude.
[^] # Re: Voie uniques avec sens cyclable à contre-sens
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le top 10 des villes cyclables en France. Évalué à 3.
Quel régime de priorité s'applique?
[^] # Re: Séparation piéton / vélo
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le top 10 des villes cyclables en France. Évalué à 8. Dernière modification le 05 mai 2023 à 14:32.
Il était peut-être excusable en 1894 de ne pas avoir une voirie adaptée aux deux roues. C'est quand même assez frappant que 130 ans plus tard on en soit à peu près au même point.
Le problème de la cohabitation entre vélos et piétons n'existe que lorsqu'on déporte la circulation des cycles vers les trottoirs. Les cycles sont des véhicules, leur place est sur la route—il faut juste trouver un moyen de rendre la route plus sécurisée pour les cycles, en faisant point de place pour les voitures, par exemple.
[^] # Re: Séparation piéton / vélo
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le top 10 des villes cyclables en France. Évalué à 10.
La question, c'est si la voirie partagée entre cyclistes et piétons doit être considérée comme cyclable. Si une telle voirie est dangereuse pour les cyclistes ou les piétons, alors elle n'est pas cyclable.
Pousse le raisonnement et considère le cas d'un passage piéton sur une autoroute. Ça serait une situation dangereuse, qu'on pourrait atténuer en mettant un ralentisseur, des panneaux, et des feux rouges. Mais du coup, ça ne serait plus une autoroute.
Et au passage, c'est vraiment un argument typique d'un service étatique incompétent que de faire reporter la responsabilité des accidents sur les usagers. Si des cyclistes se font éclater par des bus sur les voies partagées bus/cycles, c'est de la faute des chauffeurs, ou des cyclistes, jamais de la faute du sinistre abruti qui a eu l'idée mortifère de faire cohabiter ces deux modes de transports totalement incompatibles, dans une situation où ils doivent se doubler mutuellement en permanence.
[^] # Re: Séparation piéton / vélo
Posté par arnaudus . En réponse au lien Le top 10 des villes cyclables en France. Évalué à 10.
Euh, pas sûr d'avoir la même expérience. Les espaces partagés ça peut aller pour les ballades en vélo avec mamie ou les enfants, mais un vélo avec dessus un gusse qui sait en faire (ou un moteur électrique), ça roule généralement à 25 km/h, voire pas mal plus si ça descend ou si c'est un vélo de course. Une collision avec un piéton à cette vitesse, c'est assez dangereux.
L'agressivité, c'est la réaction naturelle quand quelqu'un met en danger ta santé. Un piéton qui dépasse sur la piste cyclable parce qu'il regarde les oiseaux ou son téléphone quand tu arrives lancé, il se met en danger et il te met en danger. Tu espères quoi?
Aux Pays-Bas par exemple, aucun piéton ne s'aventurerait sur une piste cyclable. Concert de sonnettes assuré pour les étrangers étourdis!
[^] # Re: excellent article
Posté par arnaudus . En réponse au lien Politique de l’absurde : Le numérique et l’accès aux droits sociaux. Évalué à -7.
Mbof. Plutôt pas d'accord.
Déja, le contenu est en contradiction avec le résumé: "Si cette politique peut paraître absurde, elle est parfaitement délibérée." Genre, il faut lire 20 pages avant de comprendre que c'est une formulation alambiquée pour dire qu'il n'y a en fait aucune volonté d'empêcher les pauvres de toucher les droits sociaux. Il ne s'agit que d'incompétence de la part des technocrates qui conçoivent les systèmes sociaux et de leur incapacité à ne pas comprendre les freins sociologiques qui expliquent le non-recours. Au contraire de cette politique délibérée, il y a une volonté de l'État de diminuer le non-recours.
Ensuite, ce que l'analyse refuse de voir, c'est que les gens suivis n'ont simplement pas les connaissances de base pour survivre de manière autonome dans notre monde moderne hyper-complexe. Cette personne qui ne sait pas expliquer à l'agent d'accueil pourquoi il vient, il ne saura pas non plus se dépatouiller contre les commerciaux qui vont essayer de lui vendre des fenêtres double-vitrage, il ne saura pas acheter une voiture, ni ouvrir un compte en banque, ni lire une fiche de paye, ni déclarer ses impôts. Au bas mot, 80% des boulots, même peu qualifiés, lui sont inaccessibles; il ne peut pas être indépendant (il faut faire des démarches et de la compta), il ne peut pas utiliser un ordinateur, il ne peut pas lire un document technique. On peut regretter que le monde soit complexe, qu'il n'y ait pas un bisounours à chaque coin de rue pour aider les gens à ne pas faire n'importe quoi, mais c'est comme ça. Ces gens ont juste besoin d'assistance; par des proches ou des associations. Ils ont besoin que quelqu'un leur dise d'imprimer tel formulaire, et de le remplir pour eux. Il n'y a absolument rien de nouveau, c'est exactement la situation de "Zezette épouse X". Et la société a une réponse à ça, c'est la curatelle ou d'autres formes d'assistance à divers degrés.
La suggestion de l'auteur semble être de considérer que c'est à l'État et à ses administrations de gérer de telles situations de curatelle, mais ça pose réellement la question de la séparation des pouvoirs. Ça semble assez malsain que la personne qui monte le dossier soit la même que celle qui décide de la conformité des dossiers. Il y a des décisions à prendre; parfois, l'intéret de la personne est évident, parfois il l'est moins. Est-ce le rôle du fonctionnaire de service de dire "OK, vous êtes avec quelqu'un depuis un mois, mais ne cochez pas la case dans ce formulaire, attendez l'année prochaine"? Non, je ne pense pas, le fonctionnaire a un devoir de loyauté à l'État, il n'a pas toujours à agir dans l'intéret des administrés. Ce dont ces personnes ont besoin, c'est des sortes de conseillers qui vont les aider à prendre les bonnes décisions et à monter les dossiers.
Tout ça ne change pas le fait que les coupes budgétaires ont mis à mal la capacité des administrations à assurer les services qu'elles sont censées assurer, et notamment le conseil. L'accumulation de toujours plus de procédures plus ou moins légales, conçues par des bureaucrates dépressifs, ralentit tout le système et rend certaines aides inaccessibles. Mais j'ai du mal à imaginer que l'administration puisse aider les gens dont parle le document; ils leur faut un autre type d'aide. L'auteur du billet emballe le tout dans une sorte de jargon sociologique qui cache mal une démarche militante. Je trouve l'ensemble assez malaisant d'ailleurs, puisque l'objectif est clairement d'observer le bonhomme faire n'importe quoi pour pouvoir bien décrire pseudo-objectivement à quel point il était trop teubé pour comprendre quels documents on lui demandait et à quel point les agents d'accueil étaient méprisants. Une thèse de sociologie, c'est de prendre des notes en regardant des gens se noyer, puis d'écrire des billets sur l'incapacité de l'État à sauver les gens de la noyade? Les comités d'éthique, ça existe.
[^] # Re: Un système imparfait ne peut pas avoir un rendu parfait
Posté par arnaudus . En réponse au message De la gestion de couleurs. Évalué à 3.
Si je comprends bien le graphique (j'aurais peut-être dû mettre le lien vers celui de Wikipédia, qui est plus précis: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/ba/PlanckianLocus.png/303px-PlanckianLocus.png ), les couleurs pures ne sont que sur la bordure supérieure du fer à cheval. Toutes les autres sont des mélanges entre plusieurs longueurs d'onde. Et on pourrait rajouter un axe de désaturation dans la profondeur, pour aller des couleurs complètement saturées jusqu'au noir.
Du coup, pour résumer, l'objectif de la calibration est de faire en sorte que les écrans et les imprimantes coïncident sur le centre du graphe, là où ils ont la capacité de donner les mêmes couleurs. En dehors c'est de toutes manières impossible…
[^] # Re: texte qui aurait pu être écrit par la NSA
Posté par arnaudus . En réponse au lien La cryptographie quantique expliquée (hilarant). Évalué à 4.
Certes. Tu peux aussi distribuer des enveloppes numérotées de 1 à 100, et au moment voulu tu annonces en clair "Enveloppe 74", qui contient "Débarquement en Normandie le 6 juin".
On sait quelle méthode utilisent les services secrets, par exemple?
# Un système imparfait ne peut pas avoir un rendu parfait
Posté par arnaudus . En réponse au message De la gestion de couleurs. Évalué à 4.
Justement, le rendu des couleurs ne peut pas être conforme à la réalité parce qu'il part dès le début du principe de représenter un mélange complexe de longueurs d'onde par une intensité relative de 3 ou 4 couleurs primaires. "Représenter correctement la réalité" n'a pas de sens; si tu prends en photo un objet marron, tu n'as pas de capteur de marron dans l'appareil photo; tu n'as pas de LED marron sur ton écran, et tu n'as pas d'encre marron dans ton imprimante; tout le processus repose donc sur le fait que nos yeux sont pourris et qu'ils ne savent pas distinguer une couleur d'un mélange de couleurs. L'objectif n'est donc pas d'être fidèle à la réalité, mais de jouer de manière suffisamment convaincante avec l'imperfection de notre système visuel pour nous donner l'impression que la couleur est proche de l'originale, ce qui n'est pas du tout le cas.
D'ailleurs, nos yeux sont tous différents, et il semble peu probable d'arriver à un rendu qui soit convainquant pour tout le monde en même temps.
Pas possible, l'overlap entre les yeux, le RGB, et le CMJN est seulement partiel.
https://www.grapheine.com/cdn-cgi/image/width=2280,height=1410,fit=crop,quality=85,format=auto,onerror=redirect,metadata=none/wp-content/uploads/2021/09/gamut-rgb-cmyk-cmjn-rvb-1.jpg
[^] # Re: texte qui aurait pu être écrit par la NSA
Posté par arnaudus . En réponse au lien La cryptographie quantique expliquée (hilarant). Évalué à 4.
Mouais; autant c'est déja un bel exploit d'être capable de se protéger des attaques contemporaines, autant c'est quand même un beau fantasme d'imaginer de se protéger contre des attaques qui n'existent pas encore. Il ne faut pas se leurrer, aucune technologie de chiffrement ne peut garantir de tenir dans le temps.
D'ailleurs, je ne crois pas que dans l'histoire on puisse citer un moyen de chiffrement qui a résisté au temps.
Ça n'empêche pas que la recherche dans ce domaine doit être encouragée, elle peut notamment permettre de ne pas se retrouver démuni dans le cas de la découverte de failles sur les technologies contemporaines. Mais je pense qu'il est très raisonnable de tabler sur le fait que dans 10 ans, quoi que tu fasses, la NSA sera capable de déchiffrer ce que tu fais aujourd'hui. Tu prends beaucoup moins de risques en partant de ce principe et en agissant de manière à ce que les documents ne soient plus valorisables dans 10 ans plutôt que de chiffrer avec un algorithme tout juste issu de la recherche, et pour lequel on puisse trouver une faille 0-day après-demain.
[^] # Re: Coopératives et intégrateurs
Posté par arnaudus . En réponse au lien Éleveurs enchaînés : "Je veux sortir du monde agricole mafieux" . Évalué à 5.
Pour les taxis, la situation est quand même largement différente : les petits arrangements entre les taxis et l'État a provoqué une rareté complètement artificielle des licences de taxi. Cette rareté a entrainé une forte spéculation sur les licences, qui ont pris de la valeur sur le marché secondaire (alors qu'elles sont gratuites sur le marché primaire).
Au final, le système est complètement bloqué : non seulement les taxis ont lourdement investi dans leurs licences (qui pourtant sont attribuées gratuitement), et leur capital spéculatif serait détruit si le nombre de licences octroyait augmentait. On est quand même en train de parler que l'État puisse racheter plusieurs centaines de milliers d'Euros des licences qu'il a attribuées gratuitement! C'est catastrophique, et c'est quand même à se demander si la justice ne devrait pas sérieursement s'intéresser à la question. Bon, tout ça va finir par se tarir, puisqu'il n'est plus légal de vendre les licences obtenues ces dix dernières années, mais c'est un superbe exemple de gestion clientéliste, qui au final nuit à tout le monde. Et au passage, les banques s'en sortent bien, parce qu'elles ont pendant longtemps autorisé leurs clients à emprunter pour investir dans des actifs spéculatifs sans valeur intrinsèque. Essayez d'emprunter 100k€ pour acheter des bitcoins en expliquant au conseiller que vous espérez les revendre pour 150k€ dans un an, vous verrez si vous obtiendez un prêt.
[^] # Re: Coopératives et intégrateurs
Posté par arnaudus . En réponse au lien Éleveurs enchaînés : "Je veux sortir du monde agricole mafieux" . Évalué à 3.
Ça fait peur, cette histoire. Heureusement, c'est faux.
1) Les intrants baissent énormément. Engrais NPK: https://cdn3.regie-agricole.com/ulf/TNM_Biblio/fiche_74963/Fiches_11102011_2330_831.jpg .
2) Les dépenses en pesticides sont en forte baisse : https://agriculture.gouv.fr/sites/default/files/documents/png/figure2_cle016fa2.png
3) La productivité agricole augmente encore, mais de moins en moins vite https://www.cea.fr/drf/PublishingImages/Actualites/2018/Octobre%202018/redim_graphique_crops_yields.jpg . C'est probablement dû à la baisse des intrants (c'est par exemple la conclusions de https://www.nature.com/articles/s41598-018-35351-1).
Je ne comprends pas pourquoi de telles histoires catastrophistes sur la qualité des sols et la course aux rendements peuvent circuler. Bien sûr, ça pourrait être vrai. Les sols pourraient se dégrader irréversiblement sous l'effet de pratiques agricoles agressives, motivées par l'appat du gain des multinationales et de l'épandage massif de poisons chimiques. Mais ça n'est pas ce qui se passe. Ça ne colle pas bien avec le narratif de certaines associations et certains courants politiques, mais c'est la réalité : l'agriculture moderne utilise de moins en moins d'intrants et de moins en moins de pesticides; et il n'y a pas de "course aux rendements" puisque ces rendements stagnent.
Ceci dit, il semble très probable que cette réalité est en grande partie due au succès des politiques publiques visant à la réduction des pesticides et des intrants. On n'a aucune preuve qu'il s'agisse d'une forme d'autoréglation ou d'une prise de conscience des agriculteurs.