Bref les associations ont souvent un intérêt financier indirect pour l'état.
Beaucoup d'associations ont un rôle social important, et leur financement constitue une manière pour l'État d'assurer ce rôle. Avec plus d'efficacité et de flexibilité que si ce rôle était assuré par les services de l'État eux mêmes…
Mais je ne vois pas le lien avec l'investissement. Le financement de la police, de la défense, de la justice, ça n'est pas un investissement pour l'État. De la même manière que le financement du service comptabilité n'est pas un investissement pour une entreprise.
je vois l'Etat et les institutions se désengager de plus en plus du secteur non-marchand et de l'intérêt général, au profit des "startups de l'Economie Sociale et Solidaires" (innovantes dans le digital market au business à impact social disruptif).
Je ne sais pas pourquoi j'ai parfois l'impression qu'il faut défendre des points de vue avec lesquels je ne suis pas forcément d'accord, mais l'action de l'État n'est pas illogique : l'idée reste d'aider le développement d'entreprises qui ont vocation à devenir autonomes et à grandir (et donc à fournir une multitude d'emplois et potentiellement à payer plus d'impôts que ce que leur lancement a couté). À côté de ça, le financement des associations n'est pas vraiment un investissement, puisque les associations ne sont pas autonomes financièrement, qu'elles n'ont pas vocation à lever des fonds sur les marchés, etc. Du coup, au niveau macro-économique, les conséquences sont quand même assez différentes.
Justement, c'est exactement ce que je dis. Si tu mets une musique de m***de, tu crées sans ambiguité une ambiance de m***de. Ça n'a aucun sens, à part l'idée stupide de vouloir systématiquement tout refaire. C'est idiot, dans ton jeu, tu utilises déja des bibliothèques externes, pourquoi ne pas réutiliser des artwork externes? Refaire sa musique d'ambiance, c'est pareil que de recoder la libc comme un goret parce que, par fierté, tu ne veux rien réutiliser.
L'ambiance, ça se crée en choisissant des thèmes adaptés parmi les dizaines de milliers d'enregistrements libres qui existent, dans tous les styles musicaux. Parce qu'à par pourrir la vie de tes joueurs, quel intérêt de leur placer tes compositions qui font saigner des oreilles? Jouer et composer de la musique, c'est un métier…
C'est juste un troll gratuit, mais je trouve toujours ça bizarre de lire du code en français… J'ai toujours eu l'impression que c'était une mauvaise pratique de coder dans une langue étrangère à l'anglais, pour des raisons de lisibilité et de réutilisabilité. Et puis simplement d'élégance, puisque le mélange de mot-clés en anglais et de variables en français donne une sorte de franglais du plus mauvais effet… filesAttente.get(voe.typeCandidat).add(voe);?
Pour ce qui est des campagnes, c'est sûr, il suffit de ne pas risque le chef, il reste lvl 0 ou 1 toute la campagne et on gagne sans trop de soucis.
C'est une stratégie très dangereuse, non seulement le chef est souvent une unité puissante qui peut faire la différence lors d'un combat compliqué, mais en plus il est fréquent sur certaines cartes de pouvoir se faire prendre à revers ou se faire surprendre par une unité ennemie dissimulée ; il est indispensable que le chef puisse se défendre, et éventuellement écrabouiller l'importun sans mobiliser son armée…
Le plus simple pour faire évoluer son chef sans risque, c'est de lui faire achever des ennemis amochés, en gardant des unités en réserve au cas où le moribond résiste polus que prévu.
La question ne se pose pas vraiment pour Wesnoth, qui a une communauté suffisante pour produire des musiques de qualité, mais je n'ai jamais vraiment compris cette habitude de distribuer des musiques pourraves avec les jeux libres, alors qu'il existe de très nombreuses musiques ou enregistrements libres disponibles. Composer et orchestrer une musique originale de qualité est incroyablement compliqué, et c'est tellement inutile! Il n'y a qu'à piocher dans le répertoire classique pour la musique symphonique, par exemple. Dans tous les cas de figure, c'est tellement plus agréable d'avoir en ambiance sonore des morceaux composés par des gens talentueux, enregistrés par de vrais orchestres avec des vrais instruments… On n'est pas obligés de piocher dans les tubes grand public, et il y a tellement d'ambiances différentes qu'on peut très bien recréer un univers en choisissant ses thèmes avec justesse.
Non, Ubuntu ne touche pas au /home lors d'une réinstallation, partition séparée ou non. J'imagine que le seul moyen de péter son /home est de demander explicitement un reformattage de la partition où le /home se situait.
Dans le cas précis, je suis sur à 99% que lors de la réinstallation, l'utilisateur n'a pas bien lu ce que l'ordinateur lui disait
On s'en fout. Complètement. Tu es profondément injuste. La doc, la notice d'un médicament, les conseils d'un spécialiste, c'est seulement un petit maillon d'une chaine de sécurité. Dans l'ensemble des autres industries, personne ne considèrerait qu'une simple petite question ou qu'une information donnée peut-être dans une langue qui n'est pas maitrisée par l'utilisateur puisse constituer un élément de sécurité crédible.
La machine n'est pas là pour empêcher de faire ce que veut l'utilisateur, elle est là pour l'aider.
Exactement. La machine doit faire ce que veut l'utilisateur. Là, l'utilisateur ne voulait pas perdre ses données, et pourtant, la machine a perdu ses données. C'est donc que la machine a déconné, pas l'utilisateur. La machine a mal communiqué, son interface était inadaptée, le protocole qu'elle a suivi était suffisamment confus pour que l'utilisateur ait pu, par erreur, cliquer sur un truc qui a fait que la machine a fait le contraire de ce que souhaitait l'utilsateur. Encore une fois, dans n'importe quelle industrie, un tel problème serait immédiatement, sans aucune question, mise sur le compte d'un problème de la machine.
ben c'est de sa responsabilité.
Des clous. Dans le petit monde de l'informatique, peut-être, mais en dehors de ce monde, tu te goures complètement. Ce n'est pas pour rien que tous les objets de la vie quotidienne sont bourrés de détrompeurs, disjoncteurs, fusibles, doubles protections. Tout ça constitue des chaines de sécurité destinées à éviter les conséquences des erreurs des utilsiateurs, parce que l'erreur de l'utilisateur est quelque chose de normal, que toute machine automatique doit prévoir.
Chez moi, j'ai un mixer qui ne se déclenche que si les deux ergots du couvercle entrent dans deux petits trous en même temps. Pourquoi? La notice du mixer explique pourtant évidemment qu'il est strictement interdit de faire tourner le mixer sans couvercle. Il est d'ailleurs objectivement stupide de faire tourner un mixeur sans couvercle, c'est super dangereux, et en plus ça va en foutre partout. Pourtant, les concepteurs du mixeur on ajouté non pas une, mais deux sécurités, de telle sorte que si on appuie d'une main sur l'interrupteur, et qu'on glisse de l'autre main un tournevis ou un couteau dans un petit trou, alors ça ne fonctionne pas. Il faut matériellement être deux personnes pour le faire fonctionner sans couvercle, ou passer du temps à fabriquer un outil destiné à contourner la sécurité.
Bah voila. Je trouve que c'est un bon exemple. Le design est fait de sorte qu'il soit strictement impossible de se blesser sans faire exprès. Et personne n'a jamais considéré qu'il était suffisant d'indiquer dans une notice qu'il était dangereux de faire ça, ou de poser une question style "confirmer oui/non". Dans l'industrie de l'informatique, il y a juste des pratiques historiques inadaptées.
et quil ne l'a pas lu,
Son truc ne bootait plus, donc de toutes manières, il n'avait pas le choix. Et puis, l'alternative, c'est quoi? Démonter l'ordi, récupérer le disque dur, trouver une autre machine pour le mettre en esclave? Ou alors trouver une autre machine, créer un live USB, rebooter sur un live USB, remonter la partition /home, en faire une copie sur un disque externe? Et si pas de disque externe, en commander un, attendre une semaine qu'il soit livré sans ordi fonctionnel? C'est n'importe quoi d'attendre ça d'un débutant ou de quelqu'un qui n'en a rien à secouer et qui veut juste avoir un ordi qui marche pour lire ses emails.
la distrib, elle fait quoi ?
Un mv de l'ancien /home vers /mnt/home.old? Ou peut-être simplement qu'elle peut faire ce qu'on attend de n'importe quelle distrib, qu'elle se réinstalle sans toucher au /home existant? Il veut réinstaller son système, il ne lui a jamais dit de toucher à ses données.
La distib, elle pourrait aussi se démerder pour que l'abort d'une mise à jour remette au moins le système dans son état précédent. Ça m'étonnerait qu'il fait fait Ctrl-C ou qu'il ait violemment rebooté, le machin lui a dit "ah merde conflit dans les paquets machin, j'arrête tout", et lui a laissé un système complètement déglingué. L'existence même de cette possibilité est anormale.
tu as même pas pris le temps d'apprendre les bases de gestion d'un ordinateur.
En fait, tu n'as pas la moindre idée de ce qu'est un débutant?
Et il suffit qu'on te le dise pour que tu crois quelque chose?
En fait, je crois réellement que tu n'as pas la moindre idée de ce qu'est un débutant.
Il a dû être conseillé par quelqu'un exactement comme toi : péremptoire, sec, et totalement ignorant de ce qu'un être humain normal comprend sur le fonctionnement d'un ordinateur. Le mec a dû lui dire "Installe Mageia, c'est pour le débutants" exactement sur le même ton que tu lui dis "[ça] n'est pas pour les débutants mais pour ceux qui savent pourquoi ils l'installent."
J'ai l'impression de me battre contre des moulins à vent quand j'essaye d'expliquer à des gens dont c'est le métier que non, c'est totalement anormal qu'un ordinateur puisse nuire de manière évidente à son utilisateur, et ce, même si l'utilisateur a fait une erreur. Je veux dire, c'est normal que certains outils mal utilisés puissent conduire à des accidents, mais c'est acceptable parce que c'est inévitable. Or, avec un ordinateur, c'est souvent facilement évitable, sauf qu'il existe une forme d'élitisme paternaliste du style «ah bah c'est bien fait, t'avais qu'à faire attention», voire «c'est comme ça qu'on apprend». Je trouve ça, pardonnez moi l'expression, complètement con. Quelqu'un qui a un grave accident de voiture, vous lui dites «ah ah, c'est bien fait, c'est comme ça qu'on apprend»?
Les designs des ordinateurs devraient profondément s'inspirer des recherches en ergonomie, voire, pour ceux qui sont rebutés par des lectures techniques en dehors de leur champ de compétente, trivialement par le bon sens des lois de la robotique d'Asimov : 1. Ne pas nuire à des êtres humains, 2. Obéir à son utilisateur, 3. Se préserver. De manière triviale, le fonctionnement des systèmes Unix violent l'ordre de ces lois, en mettant systématiquement la loi 2 avant les autres, et même souvent la loi 3 avant la loi 1, voire en oubliant complètement les lois 1 et 3. Les smartphones désobéissent même souvent à la loi 2… Bref, rien dans le fonctionnement d'un ordinateur n'est conçu pour éviter les dégats, de manière à pouvoir systématiquement attribuer la faute à l'utilisateur. C'est une tactique évidente pour les boîtes qui vendent du logiciel, mais venant du logiciel libre, c'est quand même un peu plus étrange, sauf si tout le monde est imprégné du sentiment que c'est normal.
Pour reprendre l'exemple de l'OP, ici, sa distribution s'est complètement torchée avec les trois lois de la robotique. Elle a gravement nui à un être humain, elle a ostentsiblement agi contre sa volonté en écrasant son /home, et en plus elle n'a même pas été foutue de s'autopréserver. L'observation pertinente serait que les erreurs de conception et de réalisation de la distribution sont totalement responsables de la situation. Mais au lieu de ça, la réaction de l'admin sys, c'est "ah mais tu avais dû monter ton /home n'importe comment", ou "c'est bien fait pour ta tronche, tu n'avais qu'à faire des sauvegardes". Tant que ces réactions là seront considérées comme normales, alors les relations homme-machine ne risquent pas de progresser…
Sérieux, j'en ai marre de ces c***ies. Ça fait plusieurs fois cette semaine, on se croirait sur Google Actu. Est-ce qu'il ne faudrait pas imposer une charte des liens insérables dans cette section "Liens", de manière à être certain qu'on ne va pas tomber sur une demande putassière d'abonnement payant? Rien à secouer qu'ils soient "gentils", "méchants", "équitables" ou "vilains capitalistes", quand on me file un lien je veux pouvoir lire le texte dans raquer. En tout cas, c'est comme ça que j'avais compris l'intérêt de cette nouvelle section.
Donc «inutile», même si le fond de l'affaire est passionnant (je dirais même, encore plus "inutile" dans ce contexte).
Pour rappel, ce "truc horrible qu'est une oeuvre libre" a tué les concurrents non libres.
… et il faut surtout faire comme si ça n'avait eu aucune conséquence sociale. Bien sûr, peut-être que Wikipédia a créé des emplois indirects (mais j'ai du mal à imaginer lesquels ; peut être à la fondation? ou des emplois dans la com pour les gens chargés d'éditer discrètement les articles sur commande?), mais il faut bien réaliser qu'on a tué au passage une activité économique bien réelle…
Parce que le coût d'entrée sur le marché est énorme.
Oui, donc tu vas aller chercher des gros investisseurs, leur présenter ton plan de conquête de cataogue agressif par des offres très importantes aux auteurs, ils vont te dire «euh oui, quelles vont être vos marges?», tu vas dire que tu ne sais pas trop mais que forcément elles vont être plus faibles que celles des concurrents, et elles vont être encore plus faibles au début puisque tu vas devoir construire ton réseau et gagner des parts de marché ; ils vont te demander comment tu feras quand les concurrents augmenteront leurs offres aux auteurs pour limiter les pertes de part de marché, tu vas dire que tu réduiras encore tes marges, ils vont dire que c'est très bien mais qu'ils ne vont pas te filer de pognon, tu vas dire que le monde est trop injuste et que ces radins ont raté l'occasion de rendre le monde plus juste… et voila.
Le truc, c'est que le monde est en effet assez injuste, mais il a le mérite d'être logique. On peut vouloir changer le monde (tout le monde peut le faire), on peut même le changer réellement (peu de gens peuvent le faire), mais il faut pour ça de la cohérence.
On vit dans un monde assez bizarre si cette phrase puisse être comprise comme une insulte :-)
Tu pars du principe que le rapport de force économique est forcément juste et justifié.
Un rapport de force n'a aucune raison d'être juste. Il est. Est-ce que le fait que les lions mangent les gazelles est juste? Est-ce que le fait que seul le mâle dominant se reproduise chez les gorilles est juste?
Ce que la loi peut faire, c'est de changer les conditions du rapport de force pour le rendre plus avantageux pour une des parties. Mais l'existence du rapport de force en lui-même, tu n'y peux pas grand chose. En plus, en général, si le compromis est trop artificiel, le rapport de force disparait, et tout le monde y perd. Par exemple, le rapport de force entre la main d'œuvre non-qualifiée et les entreprises, en France, est devenu artificiel dans certains secteurs, du fait de l'existence de garanties sociales (salaire minimal, accords de branches, etc) qui rendaient l'activité économique non-viable. Le résultat, c'est la délocalisation. C'est une conséquence (qu'on doit assumer) de la régulation de certains rapports de force.
L'éditeur te dit c'est 8% (souvent c'est moins) et le reste j'en fait ce que je veux, si tu n'es pas content, tu peux prendre la porte.
Et la seule raison pour laquelle tu ne prends pas la porte, c'est que les autres éditeurs ne te proposent pas mieux. La question, c'est pourquoi? Tu as l'air de supposer qu'il existe une entente déloyale entre éditeurs, comme celle qui a causé la stagnation des prix des abonnements téléphoniques dans les années 2000. Une telle entente était illégale, et les opérateurs ont payé de lourdes amendes. Ironiquement, ces amendes sont justifiées par le dogme libéral de la concurrence libre et non-faussée (c'est donc paradoxal de fustiger à la fois le capitalisme et le libéralisme, qui sont en opposition frontale sur ce genre de sujets).
Si tu penses que c'est possible d'offrir 40% du prix de vente aux auteurs, pourquoi ne pas créer une maison d'édition qui fonctionne comme ça? Tous les auteurs à succès iraient chez toi, et tu écraserais la concurrence.
Peut-être qu'en effet, les éditeurs pourraient, s'il étaient contraints, offrir 10%, ou 15%, aux auteurs, je n'en sais rien. Ça réduirait leurs marges, leurs bénéfices, la rémunération des actionnaires, qui prétendraient automatiquement que gna gna gna, ça va nuire à leur capacité d'investissement, sur la pérennité du modèle à long terme, etc. Mais de toutes manières, pourquoi ils feraient ça? De la même manière que les auteurs ne voudraient pas aller dans une maison d'édition qui leur donnerait 2% du prix de vente, les propriétaires des maisons d'édition ne veulent pas donner 15% aux auteurs. Comment voudrais-tu régler ce conflit? En faisant intervenir l'État? À la première crise du livre, le compromis risquerait de devenir intenable pour l'une ou l'autre des parties, on renégocie, on refait intervenir l'État? Ou bien on te nomme «juste de chez juste», et c'est toi qui, au coup par coup, va déterminer ce qui est la juste rémunération des auteurs?
tu payais ton abonnement Orange, Bouygues ou SFR très cher. Tu étais sans doute très mauvais en négociation.
Le résultat, c'est que maintenant, on paye nos abonnements "low cost" sous le prix de revient (bah oui, à 2€ par mois, ça ne doit même pas payer l'alimentation électrique des antennes-relai…). Pas besoin d'être grand clerc pour voir que ça ne mène pas à grand chose ; quand les actionnaires vont voir que les parts de marché se stabilisent et que le nombre d'abonnés stagne, entrainant également une stagnation de la capitalisation boursière, ils vont vouloir tirer des dividendes de leurs actions qui ne prennent plus de valeur. Et là, paf, on va faire semblant de s'étonner de pratiques agressives (augmentation du prix des abonnements, dégraissage de personnel).
le ratio entre celui qui créé et celui qui produit ou diffuse n'est pas équilibré.
Comme tout dans la vie, c'est une question de rapport de force. Concrètement, c'est une négociation. Le problème, c'est que si on s'estime irremplaçable et qu'on pense faire gagner des millions à son patron, pourquoi ne pas demander plus? Et si le patron dit non, c'est que quelqu'un se trompe (le patron, ou nous). Dans le cas du monde de l'édition, le travail des créateurs est unique. L'éditeur fait son petit calcul, et il offre un partage du gateau. C'est quand même un peu étrange de la part des auteurs de se plaindre du manque de partage, puisqu'ils n'ont pas non plus l'obligation de se lier avec tel ou tel éditeur. Évidemment que l'éditeur gagne de l'argent, mais l'auteur aussi. Pourquoi est-ce que tu ne considères pas «normal» de ne gagner que 8% du prix du livre? Quel serait le taux «normal»? Il faudrait connaitre la marge exacte de l'éditeur, et surtout (ce qui est très compliqué à connaitre) son exposition au risque. Bah oui, il ne faut pas calculer sa marge seulement sur les livres qui se sont bien vendus! L'éditeur avance aussi la trésorerie (c'est une des choses les plus précieuses dans l'économie moderne)… Bref, je ne comprends pas comment, à partir d'un taux style "8%", on peut conclure que le partage est injuste.
D'une manière générale, des préceptes très généraux, qui tournent autour de «tout travail mérite salaire» ou autres alternatives, ont bien du mal à s'intégrer avec les réalités économiques modernes.
Parce qu'il n'existe parfois pas d'autre système rémunérateur.
Mais ça ne tient pas forcément aux éditeurs. Est-ce qu'un auteur de romans accepterait de se faire salarier par un éditeur? C'est d'ailleurs un système en vigueur dans certains domaines (par exemple les romans à l'eau de rose, ou les trucs bidons sans valeur artistique). Mais si on est salarié, alors on a des instructions à suivre, une productivité à assurer, des obligations.
En dehors de passer par un éditeur relativement gros, la possibilité d'être en librairie ou dans les médias est nulle.
Peut-être peut-on au moins partiellement attribuer ça à l'idée que les éditeurs fournissent un service (communication, publicité, distribution) qu'aucun auteur serait capable de gérer lui-même?
seuls une dizaine d'écrivains (ceux qui passent à la télévision) vivent de leur métier
Mais est-ce la faute des éditeurs? Les revenus des auteurs sont grosso-modo proportionnels aux ventes. Alors certes, c'est toujours un peu triste de voir que des œuvres de qualité de ne vendent pas, mais comment veux-tu toucher de l'argent si personne ne s'intéresse à ton travail? Il faudrait qu'un sponsor (mécène privé, ou bien un institut de l'État?) te paye pour que tu puisses t'exprimer librement?
D'ailleurs, on fait souvent sur Linuxfr semblant de ne pas se rendre compte du problème financier que pose le logiciel libre ; malgré tous ses défauts, le système propriétaire assure un flux de revenu aux éditeurs, et donc un emploi rémunéré aux développeurs. Ce flux n'existe pas pour le logiciel libre, et il faut adopter des business models alternatifs, qui sont souvent très spécifiques d'une niche, et très fragiles dans le temps. Le système en vigueur dans l'industrie de la culture donne au moins un cadre dans lequel, possiblement, on peut gagner sa vie. Peu le font, mais le cadre a le mérite d'exister, et l'espoir fait vivre. Quel modèle alternatiif veux-tu donner aux auteurs? Comment gagner sa vie en publiant de l'art libre?
Parce que c'est le système de rémunération des auteurs qui veut ça. Il est conçu comme ça, et on n'en est pas responsables, mais la logique veut que les droits tiennent sur une durée potentiellement plus longue que la vie des auteurs.
Prends le cas d'une avance versée à un auteur sur les droits d'un livre. L'éditeur achète l'exploitation des droits patrimoniaux à un auteur, et en échange, l'éditeur verse une avance. Il fait un pari sur la vente de l'œuvre, mais pas sur la durée de vie de l'auteur, ça serait absurde (ou alors, ça s'apparente à un viager inversé, mais un éditeur n'est pas un assureur, non plus!). Si l'auteur meurt, du jour au lendemain, le livre se trouverait dans le domaine public, alors que l'éditeur est en train de le vendre. C'est pas logique.
Encore une fois, la rémunération que tu touches par l'exploitation des droits patrimoniaux (que ce soit toi-même ou bien via des intermédiaires, ça ne change rien au principe), ce n'est pas de l'argent qui te tombe du ciel sans que tu ne fasses rien, c'est de la rémunération décalée pour un travail que tu as déja effectué. Cette somme t'es due, quoi qu'il en soit, même si elle dépend de ventes potentielles.
Je pense que les «artistes» eux-mêmes se sont mis dans cette situation stupide, pour des bonnes et mauvaises raisons. La plupart des gens acceptent de "vendre" immédiatement leur production (manuelle ou intellectuelle, ça ne change pas grand chose) à un employeur, qui est celui qui prend le risque dans le temps. Il rémunère de manière fixe ses employés, récupère le fruit de leur travail, le fait fructifier comme il le souhaite, et en tire tous les bénéfices qu'il veut. S'il fait 100 fois la culbute, tant mieux pour l'employeur, l'employé a déja reçu son salaire, il ne peut prétendre à plus.
C'est le fonctionnement usuel même dans des métiers créatifs (informatique, recherche scientifique, édition de livres techniques, etc). Salaire fixe, c'est l'employeur qui fait fructifier. D'un autre côté, même en cas de succès, on ne devient pas millionnaire. Dans quel mesure l'appat du gain a-t-il aussi encouragé les auteurs a accepter un système de rémunération différée?
De mon point de vue, l'œuvre devrait tomber immédiatement dans le domaine public à la mort de quelqu'un, mais la loi ne va généralement pas dans ce sens.
C'est compliqué, on imagine en général que les gens meurent vieux, après avoir profité des retombées commerciales d'œuvres à succès pendant des dizaines d'années. Mais ça n'est pas toujours le cas. C'est tout le paradoxe avec un système de rétribution a posteriori pour les auteurs/compositeurs/artistes… Tu travailles, et tu es peut-être paté progressivement au fil des années. Du coup, ça reste beaucoup plus compliqué de stopper d'un coup la rétribution le jour de la mort, puisque ça correspond bien à un travail qui avait été fait avant. Si ton plombier se fait renverser par un bus en sortant de chez toi, tu trouverais normal que tu n'aies pas à payer la facture?
RMS a toujours considéré que le logiciel était un cas particulier, il ne s'est jamais opposé à l'utilisation de licences plus restrictives pour les œuvres d'art, y compris pour les artwork de jeux vidéo, par exemple. La discussion tournerait plutôt autour de la durée de protection excessive des lois existantes sur le droit d'auteur.
Historiquement, le logiciel libre et l'art libre ont donc des bases différentes ; l'art libre est arrivé après le logiciel libre, et pour d'autres raisons. Je pense que le premier rapprochement a été par l'intermédiaire de la GFDL, qui était la licence couvrant les doc de logiciels. Des projets libres (comme Wikipédia par exemple) ont alors été construits autour de la GFDL, qui était un outil inadapté. Les CC sont arrivées en parallèle, indépendamment du logiciel libre, et elles ont peu à peu été adoptées, y compris par la possibilité exceptionnelle de transformer "magiquement" la GFDL en CC pendant une petite période, motivée par un changement de licence de Wikipédia.
Bref, tout ça pour dire que prétendre que la FSF ne comprend rien au libre, c'est un peu ridicule. La FSF ne s'intéresse qu'au logiciel libre, a conçu des licences pour les logiciels libres, et seulement pour les logiciels. D'autres projets plus ou moins flous se sont consuits autour de la généralisation du concept de "libre" au delà du logiciel, généralisation qui n'a jamais été soutenue par la FSF ou ses fondateurs pour tout un tas de raisons. J'aurais donc tendance à dire que c'est les tenants de l'art libre qui n'ont rien compris au logiciel libre, plutôt que l'inverse. Pas étonnant que peu de gens comprennent ou appuient le mouvement "art libre", c'est un mouvement qui n'a pas été "pensé". Il s'est inspiré du logiciel libre par une tentative de translation, en espérant un peu magiquement que ce qui fonctionne pour le logiciel fonctionnerait aussi pour l'art. À mon avis, c'est peine perdue, ça fonctionne pour les œuvres collectives (comme Wikipédia), qui correspondent aussi à des outils, mais la démarche artistique est bien trop personnelle et complexe pour que pouf, le partage d'outils et de méthodes informatique conçu par et pour des ingénieurs puisse avoir une quelconque utilité pour le partage d'œuvres artistiques. On peut par exemple citer des projets comme Battle for Wesnoth, qui a arrêté de lutter et qui a assoupli ses critères de licence pour les parties artistiques.
Si par "boîte" tu entends "entreprise", alors je ne vois même pas pourquoi tu te poses la question. À part dans des cas très atypiques liés à du mécénat par exemple, l'activité d'une entreprise est par essence une activité commerciale.
Si par "clients" ou "fournisseurs", tu entends "personnes morales juridiquement distinctes", alors je ne vois pas non plus pourquoi tu te poses la question. Si tu leur met à disposition une œuvre en en respectant la licence, et que tu leur transmet cette licence en même temps que l'œuvre, alors c'est à eux de se débrouiller avec la licence, et pas à toi. Encore une fois, je ne comprends pas pourquoi tu te poses la question.
Les situations compliquées se trouvent plutôt dans les domaines où l'activité principale n'est pas commerciale (association, EPIC…), mais où on peut ponctuellement facturer des biens ou des services. Ceci dit, il ne faut pas non plus surinterpréter la clause NC, si de l'argent est échangé contre une copie de l'œuvre, alors c'est clairement une utilisation commerciale (commerciale != lucrative).
Sur le fond, je suis d'accord pour dire que la clause NC peut être difficile à interpréter, mais pas du tout dans les cas que tu mentionnes. En tout état de cause, ces licences conseillent en général de contacter les auteurs en cas de situation ambigüe, ce qui est une bonne idée puisque seuls les auteurs pourraient engager des poursuites. Et par ailleurs, on sait quand une situation est ambigüe—on peut légitimement se demander «est-ce que ça rentrerait dans la licence ou non», mais on peut beaucoup moins se demander «est-ce que la situation est ambigüe», puisque c'est presque par définition que si on se pose la question, alors la situation est nécessairement ambigüe.
Non, une traduction est un travail dérivé. Rien à voir, d'un point de vue juridique.
Rien avoir avec quoi? Depuis le début, on ne parle que de travail dérivé. Orgueuil et préjujés et zombies, c'est un travail dérivé d'orgueil et préjugés. Une reprise de chanson, c'est un travail dérivé (pour l'enregistrement, pas pour le texte s'il n'a pas été modifié). Du point de vue juridique, il n'y a pas 50 notions ; en droit français, il s'agit dans tous les cas de contrefaçon, et s'il y a travail dérivé, les droits du copiste s'ajoutent aux droits de l'auteur initial (il y a plusieurs auteurs à l'œuvre), alors que s'il ne s'agit que d'une simple copie, le copiste n'a ajouté aucun droit supplémentaire.
Mais qu'est-ce que tu entends pas «cela marche»? Il n'y a pas d'algorithme dans ton code qui l'empêche de fonctionner dans certaines boîtes. «Cela marche» n'a pas beaucoup de sens. Si tu veux dire «comment avoir la certitude qu'une utilisation contraire aux clauses de la licence me vaudrait une victoire au tribunal», alors c'est clair : tu n'en as aucune. Non seulement les licences un peu folkloriques (style «interdit aux terroristes ou aux marchands d'armes») n'ont à ma connaissance jamais été testées dans un quelconque tribunal, mais en plus les circonstances risquent d'être tellement différentes d'une affaire à l'autre que non, de manière générale, en droit, tu n'as jamais la certiture que «cela marche». Et comme je l'ai écrit plus haut, qu'est-ce que tu espères en échange, même si tu gagnes au tribunal? Des sous pour compenser la contrefaçon? Un préjudice moral? La certitude que la boîte n'utilisera plus le logiciel à partir de la date de la décision du tribunal? Tu irais dépenser des fortunes et des années de ta vie pour si peu de choses, avec le risque qu'un juge (sensé, à mon avis) considère ces clauses comme abusives? (parce que oui, il y a des limites à ce qu'on peut demander dans une licence. Si tu publies un logiciel sous une licence qui interdit son utilisation aux communistes et aux unijambistes, cette clause est illégale et sera considérée comme nulle).
C'est le même principe pour les clauses non-commerciales ; si l'utilisation qui en est faite est clairement commerciale, alors la discussion va traiter de la validité de la licence ; si tu es dans un entre-deux et que le débat est une différence d'appréciation sur ce qui est commercial ou non, bah il faudra demander à un juge de trancher. Mais est-ce que tu irais en justice dans un cas qui n'est pas clair et où il pourrait être légitimement considéré que l'utilisation n'est pas commerciale? Il faudrait être un peu allumé pour pousser jusqu'à l'action en justice, non?
C'est le même problème qu'avec les licences non-commerciales : en pratique, c'est compliqué
Ça n'est pas si compliqué que ça, c'est juste qu'il faut être prêt à faire ce qu'il faut pour faire valoir ses droits, et c'est ça en général que les gens sous-estiment. Si tu diffuses ton code sous licence machin truc qui empêche de faire des armes et qu'une grosse entreprise qui fabrique des armes l'utilise, tu fais quoi? Il n'existe pas de police universelle des licences qui va faire valoir tes droits à ta place, tu es seul et tu te débrouilles, avec comme seule arme ta vague compréhension des termes d'une licence que tu n'as probablement même pas lue. Tu vas te retrouver dans une situation où, en tant que particulier, tu devras attaquer une grosse boîte munie d'une armée d'avocats et des ressources quasiment illimitées, pour faire valoir un préjudice moral qui pourra sembler bien futile à un juge. Si tu vas au bout de la procédure, si tu ne meurs pas de vieillesse avant la fin des recours, si tu as réussi à t'entourer de gens super-compétents, et si tu as choisi par chance une licence qui miraculeusement tient la route dans le pays où le cas est jugé, alors oui, tu vas gagner. Mais tu vas gagner quoi? Un euro symbolique et le remboursement de tes frais d'avocats? Ou bien tu vas opter pour l'option «contrefaçon», et tu vas vendre ta licence à l'entreprise pour quelques dizaines de milliers d'euros?
Les licences, c'est important parce que ça représente des moyens de pression sur les boîtes qui développent et qui distribuent du logiciel, notamment parce que le préjudice est quantifiable plus facilement (on peut te dédommager au pro-rata du chiffre d'affaire sur les ventes de logiciel proprio par exemple), avec aussi le risque qui plane toujours de devoir libérer des bouts de code proprio pour se conformer à la licence. Mais par contre des licences qui sont censées empêcher leurs utilisateurs de faire quelque chose (des armes, du commerce, etc) restent quand même très naïves, dans le sens où elles sont motivées par des considérations morales, et qu'il semble très difficile pour l'auteur du logiciel de faire valoir ses droits de toutes manières.
[^] # Re: Victoire pour Framagit ... défaite pour Framasoft (ou pas !)
Posté par arnaudus . En réponse au journal Une victoire pour Framagit. Évalué à 5.
Beaucoup d'associations ont un rôle social important, et leur financement constitue une manière pour l'État d'assurer ce rôle. Avec plus d'efficacité et de flexibilité que si ce rôle était assuré par les services de l'État eux mêmes…
Mais je ne vois pas le lien avec l'investissement. Le financement de la police, de la défense, de la justice, ça n'est pas un investissement pour l'État. De la même manière que le financement du service comptabilité n'est pas un investissement pour une entreprise.
[^] # Re: Victoire pour Framagit ... défaite pour Framasoft (ou pas !)
Posté par arnaudus . En réponse au journal Une victoire pour Framagit. Évalué à 0.
Je ne sais pas pourquoi j'ai parfois l'impression qu'il faut défendre des points de vue avec lesquels je ne suis pas forcément d'accord, mais l'action de l'État n'est pas illogique : l'idée reste d'aider le développement d'entreprises qui ont vocation à devenir autonomes et à grandir (et donc à fournir une multitude d'emplois et potentiellement à payer plus d'impôts que ce que leur lancement a couté). À côté de ça, le financement des associations n'est pas vraiment un investissement, puisque les associations ne sont pas autonomes financièrement, qu'elles n'ont pas vocation à lever des fonds sur les marchés, etc. Du coup, au niveau macro-économique, les conséquences sont quand même assez différentes.
[^] # Re: Musiques
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Sortie de « La bataille pour Wesnoth » 1.14. Évalué à 5. Dernière modification le 23 mai 2018 à 09:53.
Justement, c'est exactement ce que je dis. Si tu mets une musique de m
***
de, tu crées sans ambiguité une ambiance de m***
de. Ça n'a aucun sens, à part l'idée stupide de vouloir systématiquement tout refaire. C'est idiot, dans ton jeu, tu utilises déja des bibliothèques externes, pourquoi ne pas réutiliser des artwork externes? Refaire sa musique d'ambiance, c'est pareil que de recoder la libc comme un goret parce que, par fierté, tu ne veux rien réutiliser.L'ambiance, ça se crée en choisissant des thèmes adaptés parmi les dizaines de milliers d'enregistrements libres qui existent, dans tous les styles musicaux. Parce qu'à par pourrir la vie de tes joueurs, quel intérêt de leur placer tes compositions qui font saigner des oreilles? Jouer et composer de la musique, c'est un métier…
[^] # Re: French in the text
Posté par arnaudus . En réponse au journal Une victoire pour Framagit. Évalué à 5.
Je te rassure, on peut raconter n'importe quoi dans n'importe quelle langue…
# French in the text
Posté par arnaudus . En réponse au journal Une victoire pour Framagit. Évalué à 1.
C'est juste un troll gratuit, mais je trouve toujours ça bizarre de lire du code en français… J'ai toujours eu l'impression que c'était une mauvaise pratique de coder dans une langue étrangère à l'anglais, pour des raisons de lisibilité et de réutilisabilité. Et puis simplement d'élégance, puisque le mélange de mot-clés en anglais et de variables en français donne une sorte de franglais du plus mauvais effet…
filesAttente.get(voe.typeCandidat).add(voe);
?[^] # Re: Raaaah! Trop tard, je replonge!
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Sortie de « La bataille pour Wesnoth » 1.14. Évalué à 3. Dernière modification le 22 mai 2018 à 10:22.
C'est une stratégie très dangereuse, non seulement le chef est souvent une unité puissante qui peut faire la différence lors d'un combat compliqué, mais en plus il est fréquent sur certaines cartes de pouvoir se faire prendre à revers ou se faire surprendre par une unité ennemie dissimulée ; il est indispensable que le chef puisse se défendre, et éventuellement écrabouiller l'importun sans mobiliser son armée…
Le plus simple pour faire évoluer son chef sans risque, c'est de lui faire achever des ennemis amochés, en gardant des unités en réserve au cas où le moribond résiste polus que prévu.
[^] # Re: Musiques
Posté par arnaudus . En réponse à la dépêche Sortie de « La bataille pour Wesnoth » 1.14. Évalué à 4.
La question ne se pose pas vraiment pour Wesnoth, qui a une communauté suffisante pour produire des musiques de qualité, mais je n'ai jamais vraiment compris cette habitude de distribuer des musiques pourraves avec les jeux libres, alors qu'il existe de très nombreuses musiques ou enregistrements libres disponibles. Composer et orchestrer une musique originale de qualité est incroyablement compliqué, et c'est tellement inutile! Il n'y a qu'à piocher dans le répertoire classique pour la musique symphonique, par exemple. Dans tous les cas de figure, c'est tellement plus agréable d'avoir en ambiance sonore des morceaux composés par des gens talentueux, enregistrés par de vrais orchestres avec des vrais instruments… On n'est pas obligés de piocher dans les tubes grand public, et il y a tellement d'ambiances différentes qu'on peut très bien recréer un univers en choisissant ses thèmes avec justesse.
[^] # Re: Quelles données ont été perdues?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Mise à jour Mageia: attention danger. Évalué à 5.
Non, Ubuntu ne touche pas au /home lors d'une réinstallation, partition séparée ou non. J'imagine que le seul moyen de péter son /home est de demander explicitement un reformattage de la partition où le /home se situait.
[^] # Re: Quel est vraiment la nature du problème ?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Mise à jour Mageia: attention danger. Évalué à 6.
On s'en fout. Complètement. Tu es profondément injuste. La doc, la notice d'un médicament, les conseils d'un spécialiste, c'est seulement un petit maillon d'une chaine de sécurité. Dans l'ensemble des autres industries, personne ne considèrerait qu'une simple petite question ou qu'une information donnée peut-être dans une langue qui n'est pas maitrisée par l'utilisateur puisse constituer un élément de sécurité crédible.
Exactement. La machine doit faire ce que veut l'utilisateur. Là, l'utilisateur ne voulait pas perdre ses données, et pourtant, la machine a perdu ses données. C'est donc que la machine a déconné, pas l'utilisateur. La machine a mal communiqué, son interface était inadaptée, le protocole qu'elle a suivi était suffisamment confus pour que l'utilisateur ait pu, par erreur, cliquer sur un truc qui a fait que la machine a fait le contraire de ce que souhaitait l'utilsateur. Encore une fois, dans n'importe quelle industrie, un tel problème serait immédiatement, sans aucune question, mise sur le compte d'un problème de la machine.
Des clous. Dans le petit monde de l'informatique, peut-être, mais en dehors de ce monde, tu te goures complètement. Ce n'est pas pour rien que tous les objets de la vie quotidienne sont bourrés de détrompeurs, disjoncteurs, fusibles, doubles protections. Tout ça constitue des chaines de sécurité destinées à éviter les conséquences des erreurs des utilsiateurs, parce que l'erreur de l'utilisateur est quelque chose de normal, que toute machine automatique doit prévoir.
[^] # Re: Quel est vraiment la nature du problème ?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Mise à jour Mageia: attention danger. Évalué à 5. Dernière modification le 17 mai 2018 à 11:42.
Chez moi, j'ai un mixer qui ne se déclenche que si les deux ergots du couvercle entrent dans deux petits trous en même temps. Pourquoi? La notice du mixer explique pourtant évidemment qu'il est strictement interdit de faire tourner le mixer sans couvercle. Il est d'ailleurs objectivement stupide de faire tourner un mixeur sans couvercle, c'est super dangereux, et en plus ça va en foutre partout. Pourtant, les concepteurs du mixeur on ajouté non pas une, mais deux sécurités, de telle sorte que si on appuie d'une main sur l'interrupteur, et qu'on glisse de l'autre main un tournevis ou un couteau dans un petit trou, alors ça ne fonctionne pas. Il faut matériellement être deux personnes pour le faire fonctionner sans couvercle, ou passer du temps à fabriquer un outil destiné à contourner la sécurité.
Bah voila. Je trouve que c'est un bon exemple. Le design est fait de sorte qu'il soit strictement impossible de se blesser sans faire exprès. Et personne n'a jamais considéré qu'il était suffisant d'indiquer dans une notice qu'il était dangereux de faire ça, ou de poser une question style "confirmer oui/non". Dans l'industrie de l'informatique, il y a juste des pratiques historiques inadaptées.
Son truc ne bootait plus, donc de toutes manières, il n'avait pas le choix. Et puis, l'alternative, c'est quoi? Démonter l'ordi, récupérer le disque dur, trouver une autre machine pour le mettre en esclave? Ou alors trouver une autre machine, créer un live USB, rebooter sur un live USB, remonter la partition /home, en faire une copie sur un disque externe? Et si pas de disque externe, en commander un, attendre une semaine qu'il soit livré sans ordi fonctionnel? C'est n'importe quoi d'attendre ça d'un débutant ou de quelqu'un qui n'en a rien à secouer et qui veut juste avoir un ordi qui marche pour lire ses emails.
Un mv de l'ancien /home vers /mnt/home.old? Ou peut-être simplement qu'elle peut faire ce qu'on attend de n'importe quelle distrib, qu'elle se réinstalle sans toucher au /home existant? Il veut réinstaller son système, il ne lui a jamais dit de toucher à ses données.
La distib, elle pourrait aussi se démerder pour que l'abort d'une mise à jour remette au moins le système dans son état précédent. Ça m'étonnerait qu'il fait fait Ctrl-C ou qu'il ait violemment rebooté, le machin lui a dit "ah merde conflit dans les paquets machin, j'arrête tout", et lui a laissé un système complètement déglingué. L'existence même de cette possibilité est anormale.
[^] # Re: Quel est vraiment la nature du problème ?
Posté par arnaudus . En réponse au journal Mise à jour Mageia: attention danger. Évalué à 4. Dernière modification le 17 mai 2018 à 10:36.
En fait, tu n'as pas la moindre idée de ce qu'est un débutant?
En fait, je crois réellement que tu n'as pas la moindre idée de ce qu'est un débutant.
Il a dû être conseillé par quelqu'un exactement comme toi : péremptoire, sec, et totalement ignorant de ce qu'un être humain normal comprend sur le fonctionnement d'un ordinateur. Le mec a dû lui dire "Installe Mageia, c'est pour le débutants" exactement sur le même ton que tu lui dis "[ça] n'est pas pour les débutants mais pour ceux qui savent pourquoi ils l'installent."
J'ai l'impression de me battre contre des moulins à vent quand j'essaye d'expliquer à des gens dont c'est le métier que non, c'est totalement anormal qu'un ordinateur puisse nuire de manière évidente à son utilisateur, et ce, même si l'utilisateur a fait une erreur. Je veux dire, c'est normal que certains outils mal utilisés puissent conduire à des accidents, mais c'est acceptable parce que c'est inévitable. Or, avec un ordinateur, c'est souvent facilement évitable, sauf qu'il existe une forme d'élitisme paternaliste du style «ah bah c'est bien fait, t'avais qu'à faire attention», voire «c'est comme ça qu'on apprend». Je trouve ça, pardonnez moi l'expression, complètement con. Quelqu'un qui a un grave accident de voiture, vous lui dites «ah ah, c'est bien fait, c'est comme ça qu'on apprend»?
Les designs des ordinateurs devraient profondément s'inspirer des recherches en ergonomie, voire, pour ceux qui sont rebutés par des lectures techniques en dehors de leur champ de compétente, trivialement par le bon sens des lois de la robotique d'Asimov : 1. Ne pas nuire à des êtres humains, 2. Obéir à son utilisateur, 3. Se préserver. De manière triviale, le fonctionnement des systèmes Unix violent l'ordre de ces lois, en mettant systématiquement la loi 2 avant les autres, et même souvent la loi 3 avant la loi 1, voire en oubliant complètement les lois 1 et 3. Les smartphones désobéissent même souvent à la loi 2… Bref, rien dans le fonctionnement d'un ordinateur n'est conçu pour éviter les dégats, de manière à pouvoir systématiquement attribuer la faute à l'utilisateur. C'est une tactique évidente pour les boîtes qui vendent du logiciel, mais venant du logiciel libre, c'est quand même un peu plus étrange, sauf si tout le monde est imprégné du sentiment que c'est normal.
Pour reprendre l'exemple de l'OP, ici, sa distribution s'est complètement torchée avec les trois lois de la robotique. Elle a gravement nui à un être humain, elle a ostentsiblement agi contre sa volonté en écrasant son /home, et en plus elle n'a même pas été foutue de s'autopréserver. L'observation pertinente serait que les erreurs de conception et de réalisation de la distribution sont totalement responsables de la situation. Mais au lieu de ça, la réaction de l'admin sys, c'est "ah mais tu avais dû monter ton /home n'importe comment", ou "c'est bien fait pour ta tronche, tu n'avais qu'à faire des sauvegardes". Tant que ces réactions là seront considérées comme normales, alors les relations homme-machine ne risquent pas de progresser…
# "Seuls nos abonnés peuvent lire l'intégralité de cet article"
Posté par arnaudus . En réponse au lien Même pour diffuser de la musique libre, il faut payer le SACEM et consorts ! . Évalué à 8.
Sérieux, j'en ai marre de ces c***ies. Ça fait plusieurs fois cette semaine, on se croirait sur Google Actu. Est-ce qu'il ne faudrait pas imposer une charte des liens insérables dans cette section "Liens", de manière à être certain qu'on ne va pas tomber sur une demande putassière d'abonnement payant? Rien à secouer qu'ils soient "gentils", "méchants", "équitables" ou "vilains capitalistes", quand on me file un lien je veux pouvoir lire le texte dans raquer. En tout cas, c'est comme ça que j'avais compris l'intérêt de cette nouvelle section.
Donc «inutile», même si le fond de l'affaire est passionnant (je dirais même, encore plus "inutile" dans ce contexte).
[^] # Re: Pour clore le débat et être cohérent ....
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à -2.
… et il faut surtout faire comme si ça n'avait eu aucune conséquence sociale. Bien sûr, peut-être que Wikipédia a créé des emplois indirects (mais j'ai du mal à imaginer lesquels ; peut être à la fondation? ou des emplois dans la com pour les gens chargés d'éditer discrètement les articles sur commande?), mais il faut bien réaliser qu'on a tué au passage une activité économique bien réelle…
[^] # Re: La FSF défend le logiciel libre, pas le libre
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 1.
Oui, donc tu vas aller chercher des gros investisseurs, leur présenter ton plan de conquête de cataogue agressif par des offres très importantes aux auteurs, ils vont te dire «euh oui, quelles vont être vos marges?», tu vas dire que tu ne sais pas trop mais que forcément elles vont être plus faibles que celles des concurrents, et elles vont être encore plus faibles au début puisque tu vas devoir construire ton réseau et gagner des parts de marché ; ils vont te demander comment tu feras quand les concurrents augmenteront leurs offres aux auteurs pour limiter les pertes de part de marché, tu vas dire que tu réduiras encore tes marges, ils vont dire que c'est très bien mais qu'ils ne vont pas te filer de pognon, tu vas dire que le monde est trop injuste et que ces radins ont raté l'occasion de rendre le monde plus juste… et voila.
Le truc, c'est que le monde est en effet assez injuste, mais il a le mérite d'être logique. On peut vouloir changer le monde (tout le monde peut le faire), on peut même le changer réellement (peu de gens peuvent le faire), mais il faut pour ça de la cohérence.
[^] # Re: La FSF défend le logiciel libre, pas le libre
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 2.
Il a l'air adepte de la comptabilité créative, Niel… Ça ne m'étonnerait pas que rien que le coût de gestion des abonnements dépasse les 2€ mensuels.
[^] # Re: La FSF défend le logiciel libre, pas le libre
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 1.
On vit dans un monde assez bizarre si cette phrase puisse être comprise comme une insulte :-)
Un rapport de force n'a aucune raison d'être juste. Il est. Est-ce que le fait que les lions mangent les gazelles est juste? Est-ce que le fait que seul le mâle dominant se reproduise chez les gorilles est juste?
Ce que la loi peut faire, c'est de changer les conditions du rapport de force pour le rendre plus avantageux pour une des parties. Mais l'existence du rapport de force en lui-même, tu n'y peux pas grand chose. En plus, en général, si le compromis est trop artificiel, le rapport de force disparait, et tout le monde y perd. Par exemple, le rapport de force entre la main d'œuvre non-qualifiée et les entreprises, en France, est devenu artificiel dans certains secteurs, du fait de l'existence de garanties sociales (salaire minimal, accords de branches, etc) qui rendaient l'activité économique non-viable. Le résultat, c'est la délocalisation. C'est une conséquence (qu'on doit assumer) de la régulation de certains rapports de force.
Et la seule raison pour laquelle tu ne prends pas la porte, c'est que les autres éditeurs ne te proposent pas mieux. La question, c'est pourquoi? Tu as l'air de supposer qu'il existe une entente déloyale entre éditeurs, comme celle qui a causé la stagnation des prix des abonnements téléphoniques dans les années 2000. Une telle entente était illégale, et les opérateurs ont payé de lourdes amendes. Ironiquement, ces amendes sont justifiées par le dogme libéral de la concurrence libre et non-faussée (c'est donc paradoxal de fustiger à la fois le capitalisme et le libéralisme, qui sont en opposition frontale sur ce genre de sujets).
Si tu penses que c'est possible d'offrir 40% du prix de vente aux auteurs, pourquoi ne pas créer une maison d'édition qui fonctionne comme ça? Tous les auteurs à succès iraient chez toi, et tu écraserais la concurrence.
Peut-être qu'en effet, les éditeurs pourraient, s'il étaient contraints, offrir 10%, ou 15%, aux auteurs, je n'en sais rien. Ça réduirait leurs marges, leurs bénéfices, la rémunération des actionnaires, qui prétendraient automatiquement que gna gna gna, ça va nuire à leur capacité d'investissement, sur la pérennité du modèle à long terme, etc. Mais de toutes manières, pourquoi ils feraient ça? De la même manière que les auteurs ne voudraient pas aller dans une maison d'édition qui leur donnerait 2% du prix de vente, les propriétaires des maisons d'édition ne veulent pas donner 15% aux auteurs. Comment voudrais-tu régler ce conflit? En faisant intervenir l'État? À la première crise du livre, le compromis risquerait de devenir intenable pour l'une ou l'autre des parties, on renégocie, on refait intervenir l'État? Ou bien on te nomme «juste de chez juste», et c'est toi qui, au coup par coup, va déterminer ce qui est la juste rémunération des auteurs?
Le résultat, c'est que maintenant, on paye nos abonnements "low cost" sous le prix de revient (bah oui, à 2€ par mois, ça ne doit même pas payer l'alimentation électrique des antennes-relai…). Pas besoin d'être grand clerc pour voir que ça ne mène pas à grand chose ; quand les actionnaires vont voir que les parts de marché se stabilisent et que le nombre d'abonnés stagne, entrainant également une stagnation de la capitalisation boursière, ils vont vouloir tirer des dividendes de leurs actions qui ne prennent plus de valeur. Et là, paf, on va faire semblant de s'étonner de pratiques agressives (augmentation du prix des abonnements, dégraissage de personnel).
[^] # Re: La FSF défend le logiciel libre, pas le libre
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 1.
Comme tout dans la vie, c'est une question de rapport de force. Concrètement, c'est une négociation. Le problème, c'est que si on s'estime irremplaçable et qu'on pense faire gagner des millions à son patron, pourquoi ne pas demander plus? Et si le patron dit non, c'est que quelqu'un se trompe (le patron, ou nous). Dans le cas du monde de l'édition, le travail des créateurs est unique. L'éditeur fait son petit calcul, et il offre un partage du gateau. C'est quand même un peu étrange de la part des auteurs de se plaindre du manque de partage, puisqu'ils n'ont pas non plus l'obligation de se lier avec tel ou tel éditeur. Évidemment que l'éditeur gagne de l'argent, mais l'auteur aussi. Pourquoi est-ce que tu ne considères pas «normal» de ne gagner que 8% du prix du livre? Quel serait le taux «normal»? Il faudrait connaitre la marge exacte de l'éditeur, et surtout (ce qui est très compliqué à connaitre) son exposition au risque. Bah oui, il ne faut pas calculer sa marge seulement sur les livres qui se sont bien vendus! L'éditeur avance aussi la trésorerie (c'est une des choses les plus précieuses dans l'économie moderne)… Bref, je ne comprends pas comment, à partir d'un taux style "8%", on peut conclure que le partage est injuste.
D'une manière générale, des préceptes très généraux, qui tournent autour de «tout travail mérite salaire» ou autres alternatives, ont bien du mal à s'intégrer avec les réalités économiques modernes.
[^] # Re: La FSF défend le logiciel libre, pas le libre
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 2.
Mais ça ne tient pas forcément aux éditeurs. Est-ce qu'un auteur de romans accepterait de se faire salarier par un éditeur? C'est d'ailleurs un système en vigueur dans certains domaines (par exemple les romans à l'eau de rose, ou les trucs bidons sans valeur artistique). Mais si on est salarié, alors on a des instructions à suivre, une productivité à assurer, des obligations.
Peut-être peut-on au moins partiellement attribuer ça à l'idée que les éditeurs fournissent un service (communication, publicité, distribution) qu'aucun auteur serait capable de gérer lui-même?
Mais est-ce la faute des éditeurs? Les revenus des auteurs sont grosso-modo proportionnels aux ventes. Alors certes, c'est toujours un peu triste de voir que des œuvres de qualité de ne vendent pas, mais comment veux-tu toucher de l'argent si personne ne s'intéresse à ton travail? Il faudrait qu'un sponsor (mécène privé, ou bien un institut de l'État?) te paye pour que tu puisses t'exprimer librement?
D'ailleurs, on fait souvent sur Linuxfr semblant de ne pas se rendre compte du problème financier que pose le logiciel libre ; malgré tous ses défauts, le système propriétaire assure un flux de revenu aux éditeurs, et donc un emploi rémunéré aux développeurs. Ce flux n'existe pas pour le logiciel libre, et il faut adopter des business models alternatifs, qui sont souvent très spécifiques d'une niche, et très fragiles dans le temps. Le système en vigueur dans l'industrie de la culture donne au moins un cadre dans lequel, possiblement, on peut gagner sa vie. Peu le font, mais le cadre a le mérite d'exister, et l'espoir fait vivre. Quel modèle alternatiif veux-tu donner aux auteurs? Comment gagner sa vie en publiant de l'art libre?
[^] # Re: La FSF défend le logiciel libre, pas le libre
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 2.
Parce que c'est le système de rémunération des auteurs qui veut ça. Il est conçu comme ça, et on n'en est pas responsables, mais la logique veut que les droits tiennent sur une durée potentiellement plus longue que la vie des auteurs.
Prends le cas d'une avance versée à un auteur sur les droits d'un livre. L'éditeur achète l'exploitation des droits patrimoniaux à un auteur, et en échange, l'éditeur verse une avance. Il fait un pari sur la vente de l'œuvre, mais pas sur la durée de vie de l'auteur, ça serait absurde (ou alors, ça s'apparente à un viager inversé, mais un éditeur n'est pas un assureur, non plus!). Si l'auteur meurt, du jour au lendemain, le livre se trouverait dans le domaine public, alors que l'éditeur est en train de le vendre. C'est pas logique.
Encore une fois, la rémunération que tu touches par l'exploitation des droits patrimoniaux (que ce soit toi-même ou bien via des intermédiaires, ça ne change rien au principe), ce n'est pas de l'argent qui te tombe du ciel sans que tu ne fasses rien, c'est de la rémunération décalée pour un travail que tu as déja effectué. Cette somme t'es due, quoi qu'il en soit, même si elle dépend de ventes potentielles.
Je pense que les «artistes» eux-mêmes se sont mis dans cette situation stupide, pour des bonnes et mauvaises raisons. La plupart des gens acceptent de "vendre" immédiatement leur production (manuelle ou intellectuelle, ça ne change pas grand chose) à un employeur, qui est celui qui prend le risque dans le temps. Il rémunère de manière fixe ses employés, récupère le fruit de leur travail, le fait fructifier comme il le souhaite, et en tire tous les bénéfices qu'il veut. S'il fait 100 fois la culbute, tant mieux pour l'employeur, l'employé a déja reçu son salaire, il ne peut prétendre à plus.
C'est le fonctionnement usuel même dans des métiers créatifs (informatique, recherche scientifique, édition de livres techniques, etc). Salaire fixe, c'est l'employeur qui fait fructifier. D'un autre côté, même en cas de succès, on ne devient pas millionnaire. Dans quel mesure l'appat du gain a-t-il aussi encouragé les auteurs a accepter un système de rémunération différée?
[^] # Re: La FSF défend le logiciel libre, pas le libre
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 4.
C'est compliqué, on imagine en général que les gens meurent vieux, après avoir profité des retombées commerciales d'œuvres à succès pendant des dizaines d'années. Mais ça n'est pas toujours le cas. C'est tout le paradoxe avec un système de rétribution a posteriori pour les auteurs/compositeurs/artistes… Tu travailles, et tu es peut-être paté progressivement au fil des années. Du coup, ça reste beaucoup plus compliqué de stopper d'un coup la rétribution le jour de la mort, puisque ça correspond bien à un travail qui avait été fait avant. Si ton plombier se fait renverser par un bus en sortant de chez toi, tu trouverais normal que tu n'aies pas à payer la facture?
[^] # Re: Le logiciel libre est un outil pour répondre à un problème concret
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 8. Dernière modification le 14 mai 2018 à 15:42.
RMS a toujours considéré que le logiciel était un cas particulier, il ne s'est jamais opposé à l'utilisation de licences plus restrictives pour les œuvres d'art, y compris pour les artwork de jeux vidéo, par exemple. La discussion tournerait plutôt autour de la durée de protection excessive des lois existantes sur le droit d'auteur.
Historiquement, le logiciel libre et l'art libre ont donc des bases différentes ; l'art libre est arrivé après le logiciel libre, et pour d'autres raisons. Je pense que le premier rapprochement a été par l'intermédiaire de la GFDL, qui était la licence couvrant les doc de logiciels. Des projets libres (comme Wikipédia par exemple) ont alors été construits autour de la GFDL, qui était un outil inadapté. Les CC sont arrivées en parallèle, indépendamment du logiciel libre, et elles ont peu à peu été adoptées, y compris par la possibilité exceptionnelle de transformer "magiquement" la GFDL en CC pendant une petite période, motivée par un changement de licence de Wikipédia.
Bref, tout ça pour dire que prétendre que la FSF ne comprend rien au libre, c'est un peu ridicule. La FSF ne s'intéresse qu'au logiciel libre, a conçu des licences pour les logiciels libres, et seulement pour les logiciels. D'autres projets plus ou moins flous se sont consuits autour de la généralisation du concept de "libre" au delà du logiciel, généralisation qui n'a jamais été soutenue par la FSF ou ses fondateurs pour tout un tas de raisons. J'aurais donc tendance à dire que c'est les tenants de l'art libre qui n'ont rien compris au logiciel libre, plutôt que l'inverse. Pas étonnant que peu de gens comprennent ou appuient le mouvement "art libre", c'est un mouvement qui n'a pas été "pensé". Il s'est inspiré du logiciel libre par une tentative de translation, en espérant un peu magiquement que ce qui fonctionne pour le logiciel fonctionnerait aussi pour l'art. À mon avis, c'est peine perdue, ça fonctionne pour les œuvres collectives (comme Wikipédia), qui correspondent aussi à des outils, mais la démarche artistique est bien trop personnelle et complexe pour que pouf, le partage d'outils et de méthodes informatique conçu par et pour des ingénieurs puisse avoir une quelconque utilité pour le partage d'œuvres artistiques. On peut par exemple citer des projets comme Battle for Wesnoth, qui a arrêté de lutter et qui a assoupli ses critères de licence pour les parties artistiques.
[^] # Re: La FSF défend le logiciel libre, pas le libre
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 4.
Si par "boîte" tu entends "entreprise", alors je ne vois même pas pourquoi tu te poses la question. À part dans des cas très atypiques liés à du mécénat par exemple, l'activité d'une entreprise est par essence une activité commerciale.
Si par "clients" ou "fournisseurs", tu entends "personnes morales juridiquement distinctes", alors je ne vois pas non plus pourquoi tu te poses la question. Si tu leur met à disposition une œuvre en en respectant la licence, et que tu leur transmet cette licence en même temps que l'œuvre, alors c'est à eux de se débrouiller avec la licence, et pas à toi. Encore une fois, je ne comprends pas pourquoi tu te poses la question.
Les situations compliquées se trouvent plutôt dans les domaines où l'activité principale n'est pas commerciale (association, EPIC…), mais où on peut ponctuellement facturer des biens ou des services. Ceci dit, il ne faut pas non plus surinterpréter la clause NC, si de l'argent est échangé contre une copie de l'œuvre, alors c'est clairement une utilisation commerciale (commerciale != lucrative).
Sur le fond, je suis d'accord pour dire que la clause NC peut être difficile à interpréter, mais pas du tout dans les cas que tu mentionnes. En tout état de cause, ces licences conseillent en général de contacter les auteurs en cas de situation ambigüe, ce qui est une bonne idée puisque seuls les auteurs pourraient engager des poursuites. Et par ailleurs, on sait quand une situation est ambigüe—on peut légitimement se demander «est-ce que ça rentrerait dans la licence ou non», mais on peut beaucoup moins se demander «est-ce que la situation est ambigüe», puisque c'est presque par définition que si on se pose la question, alors la situation est nécessairement ambigüe.
[^] # Re: La FSF défend le logiciel libre, pas le libre
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 4.
Rien avoir avec quoi? Depuis le début, on ne parle que de travail dérivé. Orgueuil et préjujés et zombies, c'est un travail dérivé d'orgueil et préjugés. Une reprise de chanson, c'est un travail dérivé (pour l'enregistrement, pas pour le texte s'il n'a pas été modifié). Du point de vue juridique, il n'y a pas 50 notions ; en droit français, il s'agit dans tous les cas de contrefaçon, et s'il y a travail dérivé, les droits du copiste s'ajoutent aux droits de l'auteur initial (il y a plusieurs auteurs à l'œuvre), alors que s'il ne s'agit que d'une simple copie, le copiste n'a ajouté aucun droit supplémentaire.
[^] # Re: La FSF défend le logiciel libre, pas le libre
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 3.
Mais qu'est-ce que tu entends pas «cela marche»? Il n'y a pas d'algorithme dans ton code qui l'empêche de fonctionner dans certaines boîtes. «Cela marche» n'a pas beaucoup de sens. Si tu veux dire «comment avoir la certitude qu'une utilisation contraire aux clauses de la licence me vaudrait une victoire au tribunal», alors c'est clair : tu n'en as aucune. Non seulement les licences un peu folkloriques (style «interdit aux terroristes ou aux marchands d'armes») n'ont à ma connaissance jamais été testées dans un quelconque tribunal, mais en plus les circonstances risquent d'être tellement différentes d'une affaire à l'autre que non, de manière générale, en droit, tu n'as jamais la certiture que «cela marche». Et comme je l'ai écrit plus haut, qu'est-ce que tu espères en échange, même si tu gagnes au tribunal? Des sous pour compenser la contrefaçon? Un préjudice moral? La certitude que la boîte n'utilisera plus le logiciel à partir de la date de la décision du tribunal? Tu irais dépenser des fortunes et des années de ta vie pour si peu de choses, avec le risque qu'un juge (sensé, à mon avis) considère ces clauses comme abusives? (parce que oui, il y a des limites à ce qu'on peut demander dans une licence. Si tu publies un logiciel sous une licence qui interdit son utilisation aux communistes et aux unijambistes, cette clause est illégale et sera considérée comme nulle).
C'est le même principe pour les clauses non-commerciales ; si l'utilisation qui en est faite est clairement commerciale, alors la discussion va traiter de la validité de la licence ; si tu es dans un entre-deux et que le débat est une différence d'appréciation sur ce qui est commercial ou non, bah il faudra demander à un juge de trancher. Mais est-ce que tu irais en justice dans un cas qui n'est pas clair et où il pourrait être légitimement considéré que l'utilisation n'est pas commerciale? Il faudrait être un peu allumé pour pousser jusqu'à l'action en justice, non?
[^] # Re: La FSF défend le logiciel libre, pas le libre
Posté par arnaudus . En réponse au journal La FSF n-a-t-elle rien compris au libre ?. Évalué à 6.
Ça n'est pas si compliqué que ça, c'est juste qu'il faut être prêt à faire ce qu'il faut pour faire valoir ses droits, et c'est ça en général que les gens sous-estiment. Si tu diffuses ton code sous licence machin truc qui empêche de faire des armes et qu'une grosse entreprise qui fabrique des armes l'utilise, tu fais quoi? Il n'existe pas de police universelle des licences qui va faire valoir tes droits à ta place, tu es seul et tu te débrouilles, avec comme seule arme ta vague compréhension des termes d'une licence que tu n'as probablement même pas lue. Tu vas te retrouver dans une situation où, en tant que particulier, tu devras attaquer une grosse boîte munie d'une armée d'avocats et des ressources quasiment illimitées, pour faire valoir un préjudice moral qui pourra sembler bien futile à un juge. Si tu vas au bout de la procédure, si tu ne meurs pas de vieillesse avant la fin des recours, si tu as réussi à t'entourer de gens super-compétents, et si tu as choisi par chance une licence qui miraculeusement tient la route dans le pays où le cas est jugé, alors oui, tu vas gagner. Mais tu vas gagner quoi? Un euro symbolique et le remboursement de tes frais d'avocats? Ou bien tu vas opter pour l'option «contrefaçon», et tu vas vendre ta licence à l'entreprise pour quelques dizaines de milliers d'euros?
Les licences, c'est important parce que ça représente des moyens de pression sur les boîtes qui développent et qui distribuent du logiciel, notamment parce que le préjudice est quantifiable plus facilement (on peut te dédommager au pro-rata du chiffre d'affaire sur les ventes de logiciel proprio par exemple), avec aussi le risque qui plane toujours de devoir libérer des bouts de code proprio pour se conformer à la licence. Mais par contre des licences qui sont censées empêcher leurs utilisateurs de faire quelque chose (des armes, du commerce, etc) restent quand même très naïves, dans le sens où elles sont motivées par des considérations morales, et qu'il semble très difficile pour l'auteur du logiciel de faire valoir ses droits de toutes manières.