Quand quelqu'un va chez le médecin, il lui dit vite-fait où ça fait mal et le médecin se charge de voir qu'est-ce qu'il se passe (il fait le diagnostic) puis de trouver un remède : l'utilisateur du service n'a qu'à suivre les instructions. La plupart des services publics marchent comme ça : tu présente ta situation et on te dit quels sont tes droits.
Quand tu as besoin de la justice, tu dois non seulement lui dire où ça fait mal, mais en plus lui expliquer exactement pourquoi tu penses avoir droit à ce service (toi ou ton avocat fait le diagnostic) et quel serait le remède d'après toi. Après ça, tu restes longtemps dans la salle d'attente et si, au final ton diagnostic n'est pas le bon, on t'encourage à refaire la procédure en proposant un autre diagnostic.
"on a un script perl écrit il y a plusieurs années, mais personne n'ose y toucher, donc on corrige les bugs dans un script qui tourne juste après"
Perso, il me semble que dans tous les langages dynamiques du style (Perl, Python, …), si le code est maladroit ou n'a pas de tests, on n'ose pas y toucher.
Tu comparerais à des langages fortement typés comme Go ou Rust et là je te dirais, oui, le code vite-fait et sans tests fait nettement moins peur (après, du code sans tests fait toujours un peu peur à moins que ce soit court). Mais Python ou Perl ou Ruby ou Tcl, pour moi c'est à peu près les mêmes vraies difficultés : tous ces langages offrent très peu de garanties à la compilation (Tcl quasiment aucune, Python un peu plus mais moins que Perl avec use warnings et use strict) et permettent d'écrire de façon trop intelligente, car ils sont très flexibles et ont beaucoup de fonctionnalités.
Par exemple : systèmes OO très riches (sans l'extension Moose, Python va même plus loin par défaut que Perl dans les abstractions non évidentes comme les itérateurs etc.), du mutable dans tous les sens (Tcl s'en sort mieux que Perl et Python pour ça), plein de sucre syntaxique ad hoc (list comprehensions en Python, manipulation de chaînes en Perl), effets de bords pas évidents à détecter (OO), portée non lexicale (i.e pas par blocs) des variables en Python et Tcl, dépendances circulaires de modules, overload d'opérateurs (particulièrement présent en Python, beaucoup moins en Perl ou Tcl), différents types d'égalité (is vs ==, etc.), des booléens qui sont des entiers (True == 1) et, dans tous les cas, gare au typos dans les noms de fonctions ou variables (Perl détecte les typos dans les noms de variables, mais pas des fonctions, Python aucun des deux et Tcl ne détecte aucune sorte de typos, même dans les mots-clés du langage, car ce sont de simples fonctions). Et on pourrait continuer longtemps.
Même si j'aime beaucoup les langages dynamiques (même le plus dynamique d'entre eux qui est Tcl), je trouve qu'ils demandent tous une grande discipline et que les différences de clarté entre les plus connus sont assez insignifiantes au final : les difficultés résident dans la nature de ces langages et leur flexibilité, pas dans leur utilisation des $ ou l'indentation qui font pourtant souvent plus parler d'elles.
Bref, dans le doute et sans connaissances au préalable d'un projet, je préfère lire du Go :-)
Ça aurait été une distinction intéressante pour une dépêche sur Perl6, bien sûr. Si Perl6 est mentionné ici, je pense que c'est juste que tout article sur Perl5 se sent obligé de mentionner Perl6 pour éviter les confusions. La réciproque est vraie aussi, le nommage maladroit de Perl6 n'a pas fini de créer des confusions, mais trop tard pour changer complètement (“Raku” remplacera par complètement Perl6), donc à prendre positivement :-)
Si ça avait été tourné différemment, j'aurais pris ça pour une simple simplification rakudo = moarvm + rakudo, comme si on vulgarise et parle de JVM pour la vm et le frontend java : après tout, c'est une notion subtile (d'ailleurs, autant mieux parler simplement de compilateur dans ce cas). Dans ce genre de compilos avec un JIT, le terme VM est même un peu flou, puisque c'est souvent traduit à la volée en code natif et la vraie VM au final, c'est l'OS.
Ceci dit, en effet, Rakudo n'a plus rien à voir avec Parrot et tel que c'est écrit, c'est pas clair, en particulier le « continuité/spécialisation de Parrot » de la dépêche devrait être plutôt : « Rakudo a remplacé Parrot par Moarvm (et/ou la JVM) ».
Je proposerais quelque chose comme : « Le compilateur Rakudo pour Perl6 a laissé tomber la VM Parrot au profit de la VM Moarvm ».
Les signatures sont encore officiellement expérimentales je crois, mais il me semble que c'est plutôt stable et aussi performant maintenant. Ceci dit, ça ne capture au fond qu'un petit nombre de bugs : nombre d'arguments et bugs de typage basiques (hash ou tableau ou scalaire essentiellement) ; des bugs qui sont souvent détectés via les tests de toutes façons. Mais il y a un autre avantage de mon point de vue, c'est que c'est parfois plus clair à lire (on a une idée dès le début des arguments, arguments par défaut, etc.).
Il le dit lui-même que son paragraphe est un appeau à troll : à mon avis, sa première phrase ne fait que résumer, de façon volontairement provocatrice, en substance « je suis déçu personnellement à cause d'un changement au niveau du multi-joueur et, en plus, j'aime pas comment ils codent ». Perso, je ne joue jamais au mode multi-joueur (à part en local), donc j'en sais trop rien, mais j'ai plutôt l'impression que s'ils empêchent les parties sans compte, c'est peut-être qu'il y a justement beaucoup de monde et qu'ils commencent à avoir des soucis pour gérer.
Il y a des mods de la campagne aussi, je crois. La campagne sans mods est par contre un peu trop facile et encourage le grind (perdre signifie oublier de regarder sa barre de vie et de boire une potion), juste le boss de fin est un peu embêtant (il tape suffisamment fort que si on est pas attentif, ça se passe mal). C'est quand même sympa, mais c'est vrai que les efforts semblent avoir été concentrés sur montrer les fonctionnalités du moteur.
T'aurais pu te rattraper aussi en disant que tu copiais le true d'OpenBSD. Qui a besoin d'options non spécifiées par POSIX comme --help pour true lorsqu'une page man détaillée existe pour cette commande si complexe ? :-) Par ailleurs, ça fait 10.2K chez moi.
Le truc, c'est que le linguiste sait que chacun participe dans la création ou évolution d'une langue : empruntant du vocabulaire ici et là, oubliant certains vieux mots, appliquant des terminaisons à des mots existants, créant des expressions, échangeant avec des personnes parlant d'autres langues, appliquant des changements en phonologie (important, car au fond, une langue c'est avant tout donner du sens à des sons et on l'oublie facilement).
On sait qu'il suffit d'une génération pour créer une langue complète et complexe à partir d'un pidgin. En même temps, le concept de langue en lui-même ne représente qu'un éventail de langues mutuellement suffisamment compréhensibles. La langue idéalisée/officialisée des dictionnaires n'est pas l'une d'elles : on trouve dans les dictionnaires beaucoup de mots qui parlent moins à la plupart des français que « croiver » dans « je croive que je parle français ».
On peut essayer de standardiser un peu certaines choses (en particulier pour l'écriture) et c'est même une bonne chose, mais la prescription linguistique a ses limites : une langue, ce n'est pas un protocole informatique. Lorsque menée trop loin, la prescription crée des inégalités sociales artificielles en écartant de certains métiers/domaines/sociétés ceux qui ont moins bon niveau dans l'utilisation du standard au nom d'une hypothétique communication plus efficace, plus « pure ».
Le purisme en langue est, à mon avis, très similaire en substance au racisme : discrimination, hiérarchisation et le tout fondé sur une ignorance du sujet d'un point de vue scientifique. Malheureusement, il y a beaucoup moins de sensibilisation à ce sujet.
Le nucléaire a permis de favoriser le chauffage électrique vis à vis du fuel, entre autre. C'est une politique largement discutable, certes, mais en tout cas, c'est bien pour des raisons d'indépendance énergétique qu'elle a nous a été vendue par nos politiques en tout cas.
Oui, je suis d'accord pour la France : une fois l'effort fait d'acquérir cette technologie complexe (ce qui est différent de dépendre de la technologie d'un tiers), elle a son indépendance technologique pour cette énergie.
Je crois que ce qui n'était pas clair dans mon message, c'est qu'il concernait les pays qui, actuellement, n'ont pas cette technologie complexe — c'est-à-dire la plupart.
C'est quand même plus varié que l'uranium. Remarque que, dans les deux, cas il s'agit de liste des pays producteurs : il faudrait plutôt aller voir des listes des réserves, mais peu importe.
Après, une chose, ce sont les réserves, une autre la technologie. Mais bon, dans tous les cas, une chose me semble plausible : chaque pays a tendance à utiliser ce qui lui est plus rentable/accessible/contrôlable. Donc, de même que la France essaie de conserver et tirer profit de son nucléaire tant que c'est possible, ceux qui n'ont pas la technologie privilégient généralement d'autres solutions.
Rien que le Gold Stream qui est en train de changer, on a du mal à prévoir ce que ça va donner au final. Si ça se trouve, on va avoir des hivers Canadiens avec des -25°C (ou jusqu'à -40°C) en France dans les décennies à venir…
C'est bien ce que j'ai dit plus haut : on n'est pas capable de prévoir grand chose à ce sujet, ni d'être sûrs encore que ce courant en particulier change en dehors de la variabilité naturelle. Du coup, espérer qu'un pays change radicalement sa politique en fonction de recherches non abouties, c'est probablement trop espérer ; en pratique, pour le moment aucun (ou quasiment) pays n'a mis en place des mesures significatives et je doute que ça change suffisamment.
PS : je suppose que tu parlais du Gulf Stream ?
Et ça, ça va toucher tout le monde d'une façon ou d'une autre…
Tu aurais dit, la plupart du monde, on pourrait en reparler, mais avec des affirmations vagues du type « d'une façon ou d'une autre » et « les phénomènes extrêmes vont devenir de plus en plus courants » et ce pour tout le monde, on ne peut pas espérer convaincre un pays de changer ses politiques énergétiques.
Pour espérer convaincre un pays, en particulier un pays en voie de développement et qui ne peut que plus difficilement se permettre le luxe de prendre des précautions et mesures coûteuses ou radicales à la légère, il faut pouvoir convaincre ce pays en particulier d'une probabilité élevée de risque grave pour des phénomènes locaux (du pays) précis, chose qui, malheureusement, n'est pas évidente. C'est une difficulté inhérente au fait qu'il s'agit d'un phénomène global.
La seule énergie dont on est pas dépendante est celle que l'on ne consomme pas.
Bien sûr :-)
Ceci dit, certaines énergies alternatives pour l'électricité (comme le charbon ou l'hydraulique) sont de nos jours plus accessibles que le nucléaire, tant technologiquement qu'au niveau de la variété des sources — ceci indépendamment de leurs nombreux autres défauts. Choisir la dépendance énergétique la moins contraignante semble, à mon avis, être un point de vue qui se défend ; c'est à peser dans la balance.
Clairement le lobby industriel pro-nucléaire (Areva, EDF, …) bat son plein en France et on est presque les seuls au monde.
En dehors des limitations mentionnées de la technologie actuelle qui font que ça n'a plus d'avenir en l'état, c'est là, à mon avis, le point le plus problématique du nucléaire : une technologie très peu démocratique, appartenant à un groupe plutôt réduit ; en dehors de ce groupe, utiliser l'énergie nucléaire, c'est se créer une dépendance technologique forte sur un besoin de base (l'énergie).
Le fait que le réchauffement soit global implique des conséquences négatives pour tous les pays du monde, à des degrés divers mais non négligeable
C'est une affirmation extrême et pour laquelle tu ne trouveras pas de source sérieuse. Je serais en fait vraiment très étonné qu'il n'existe pas de pays froid où un réchauffement pourrait avoir des conséquences essentiellement positives.
Le fait que le réchauffement soit global implique seulement que, globalement, ça chauffe : ça ne veut même pas dire que pour tout pays ça va chauffer, encore moins que pour tout pays les conséquences seront négatives.
Le soucis avec ce sujet, c'est qu'au final on a rarement des données qui nous permettent de vraiment trancher catégoriquement, dans un sens comme dans un autre. De la même façon qu'évaluer les conséquences d'un accident nucléaire n'est pas évident et est une source d'exagérations rapides et non rigoureuses (à la Greenpeace), évaluer les conséquences du changement climatique ne l'est pas non plus, surtout localement.
Par exemple, tu affirmes que l'urgence c'est le climat, mais c'est, à mon avis, un peu rapide et naïf aussi ; tu prends l'exemple de l'Allemagne, or il n'est pas clair que pour eux (un pays plutôt froid) cela devienne un problème, donc les mesures qu'ils ont prises sont potentiellement raisonnables de leur point de vue — soyons honnêtes, on peut difficilement s'attendre à du pur altruisme de la part des pays sur ce genre de sujet, vu le poids de l'énergie dans notre société.
Bien sûr, le changement climatique pourrait avoir des effets à distance, par exemple en modifiant significativement des courants comme le gulf stream et conduisant à des mauvaises surprises même en Allemagne. Cependant, la probabilité de ce genre d'effets secondaires est pour ainsi dire non estimable avec les données dont nous disposons actuellement, donc espérer que la politique énergétique d'un pays dépende d'une telle éventualité à la probabilité inconnue est naïf, à mon avis.
On devrait en France déployer notre argent et énergie plutôt pour decarboner le transport, l'agriculture et isoler plutôt que de convertir en vain le nucléaire pour du renouvelable.
Je suis bien d'accord, réduire la consommation dans tous les domaines possibles, en particulier en effet pour les transports, permettrait de diminuer les conséquences néfastes de l'énergie beaucoup plus que le choix particulier d'une énergie ou d'une autre.
En effet, les discussions sont à mon avis plus productives lorsque l'objectif est juste d'échanger des opinions et connaître son interlocuteur, plutôt que de le convaincre. Lorsque le mode convaincre est activé, chaque partie se retranche dans sa position et, que ça dérive ou non vers le fallacieux, le biais de confirmation et ses multiples facettes se chargent souvent de rendre toute évolution très difficile, quand elles n'accroissent pas carrément la polarisation des opinions.
Tu sous-entends quand même fortement que mes raisonnements ne sont pas de qualité. Étant donné qu'ils vont pour la plupart exactement dans le sens de l'énoncé que j'ai donné, il semble raisonnable de penser que tu voulais un autre raisonnement menant à cet énoncé qui satisfasse tes critères de qualité ; j'en ai donc choisi un que je pensais plus facile à évaluer.
Si tu ne t'exprimes pas clairement, tu peux difficilement t'attendre à avoir des réponses qui te sont utiles.
Tout ce que je veux dire, c'est que tu ne peux pas prétendre qu'on devrait s'intéresser à tes raisonnements juste parce que tu y as passé du temps.
Non, mais si ça ne t'intéresse pas, tu peux laisser ceux que ça intéresse un peu en discuter; juger non pertinent et donc inutile quelque chose simplement parce que ça ne t'intéresse pas personnellement, tout en mélangeant ceci à des considérations orthogonales sur la qualité des raisonnements puis te plaindre qu'on essaie de te fournir un nouveau raisonnement pour espérer répondre à tes attentes, c'est maladroit.
Quant aux spécialistes des logorrhées, je pensais plutôt aux comptes de ce monsieur.
Complètement HS, donc très confus de le mentionner dans ce contexte.
Ici non, Até n'a aucune expérience sous le bras qui va en son sens, il repose tout sur sa pensée de comptoir qui ne vaut pas un clou (soyons sérieux), il n'a aucun document scientifique valable pour aller dans le sens de ses hypothèses.
Il a probablement lu quelques vulgarisations de qualité variable de recherches étudiant des facteurs autres que le CO2 humain et s'est contenté des conclusions, en les déformant naturellement peut-être encore plus de façon non consciente pour les rendre plus binaires et satisfaire sa vision du sujet.
Je ne veux pas vraiment le défendre (je ne sais pas ce qu'il y a vraiment dans sa tête, car, comme tu dis, il ne dis presque pas d'où il sort ses idées), mais je trouve les réactions trop sur la défensive : je suis peut-être naïf, mais une réponse du style « Tes opinions sur le sujet semblent assez catégoriques et en contraste avec les opinions scientifiques les plus partagées sur le sujet. Pourrais-tu détailler tel point particulier et pourquoi tu en arrives à telle conclusion ? » ne fait quand même pas le même effet que traiter d'ignorant, mettre un lien vers une vulgarisation, puis demander après-coup des sources sans mentionner un point particulier (peut-être que le résultat final aurait été le même, mais bon… je suis sans doute un peu naïf).
Je pense que tu as un problème avec l'argument d'autorité. Pourtant je pense qu'il faut digérer le fait que l'argument d'autorité peut être un argument d'autorité.
Je suis bien d'accord que l'argument d'autorité a une valeur et que, faute de mieux et de temps et s'il le faut, on s'en contente (avec raison !) : ce qui me gêne depuis le début, c'est le côté sûr de soi dans la façon de l'utiliser ; je suis toujours un peu surpris de cette confiance sur sa compréhension (même dans les grandes lignes) de l'évolution du climat. Je ne sais pas ce que tu penses de mon raisonnement plus-haut, mais à mon avis, il vaut quand même quelque chose : s'il faut parier, je parierais que Prop est faux (utilisant l'argument d'autorité via E \ A), mais uniquement s'il faut parier et ce sans confiance dans mon évaluation d'un point de vue de mes connaissances scientifiques du sujet.
J'en déduis que ta position, c'est qu'un non-expert du domaine peut se faire une idée du sujet avec suffisamment de confiance — c'est-à-dire le point que je conteste ; j'ai plusieurs raisons pour cela, dont la complexité du sujet (difficile de se mettre d'accord là-dessus), mais également un raisonnement simple que je vais t'exposer et j'aimerais que tu m'expliques où il est incorrect ou négligeable de ton point de vue.
Soit E l'ensemble des chercheurs dans le domaine de l'évolution du climat.
Soit A le sous-ensemble de E composé des chercheurs pour qui il est probable que Prop : « l'influence du CO2 humain a été significativement sur-estimé dans la plupart des modèles climatiques » soit vraie. L'ensemble A est non vide : je pense que tu m'accorderas ce point, on trouve facilement des dizaines d'exemples (peu en proportion, mais ils existent).
Soit B le sous-ensemble de A privé des chercheurs qui, du fait d'intérêts personnels (dans l'énergie ou autre), ne sont pas de bonne foi. Je pense la probabilité que B soit vide est négligeable (le cardinal de A étant non négligeable et sa composition étant quand même variée), mais par principe que je vais l'appeler p.
Si B est non vide, il existe un chercheur qui, malgré une meilleure connaissance que moi du sujet (comme tous les chercheurs du domaine), donne à Prop une probabilité bien plus élevée que celle que j'aurais donnée en me basant sur l'opinion de E \ A et ma maigre compréhension du sujet (vulgarisations et lecture naïve de certaines partie des rapports du GIEC et d'articles).
On a donc une probabilité 1-p qu'il y ait une personne avec une bien meilleure compréhension du sujet qui arrive de bonne foi à une évaluation différente. Vu que j'estime 1-p élevée, j'en déduis qu'il y a de grandes chances (au moins 1-p) qu'il ne soit pas raisonnable de ma part d'avoir confiance en ma capacité d'interpréter la littérature sur le sujet.
PS : désolé si tu trouves que ce raisonnement est une « logorrhée », si c'est le cas, ce n'est pas volontaire de ma part, je suis de bonne foi :-)
À ceux qui mettent des « inutiles » : je sais qu'il s'agit simplement d'une façon simple d'exprimer son désaccord ou que la conversation qui a un peu vieilli ne vous intéresse plus ou pas, mais considérez quand même l'effort et le temps consacrés à essayer d'exprimer et partager ici un point de vue avec d'autres linuxfriens. Peu importe qu'on soit d'accord et ce d'autant plus dans le contexte en question : une réflexion sur la façon de débattre et évaluer des informations sur un sujet trop complexe pour que le non-expert puisse le faire avec confiance (du moins, de mon point de vue).
Et il ne semble pas y avoir d'erreurs flagrantes contrairement à la presse généraliste par exemple.
Je ne visais pas particulièrement la vidéo postée dans le journal, mais plutôt en effet la presse généraliste, qui est ce dont se contente la plupart des gens, sans qu'on les regarde de haut. Ceci dit, vulgarisation de plus bonne ou mauvaise qualité, ça reste des vulgarisations, donc pas vraiment de poids pour un débat sur un sujet complexe (de plus, pointer une personne vers une vulgarisation lors d'un débat, c'est un peu lui dire, que ce soit vrai ou non, qu'elle est au niveau zéro sur le sujet).
Je suis désolé mais avoir une opinion en dehors des sentiers battus de notre temps n'en fait pas une réflexion plus aboutie ou pertinente que ceux qui soutiennent la position dominante du moment.
Il ne me semble pas avoir écrit ceci : je dis juste qu'avoir une opinion dans les sentiers battus n'est pas une raison suffisante pour mettre fin au débat avant qu'il commence.
Car bon, affirmer que le CO2 ne contribue pas ou peu au réchauffement climatique car le taux de CO2 atmosphérique est faible, désolé mais cela n'a rien de convaincant alors que la littérature à ce sujet est quand même abondante.
Ce n'est pas convainquant, mais d'un point de vue d'une personne n'ayant pas les compétences pour évaluer correctement la littérature, mais ne voulant pas pour autant se contenter de l'argument d'autorité, ce n'est pas délirant non plus : après tout, sans plus d'info que le taux de CO2, c'est une question raisonnable à se poser ; ce qu'on peut reprocher, c'est d'être trop catégorique en l'exprimant et ne pas préciser qu'il existe sans doute d'autres facteurs qu'il ne connait pas et que les chercheurs ont tenu en compte.
Après, si tu lis la littérature, tu t'apercevras que ce n'est pas si facile, tous les articles ne mesurent pas les mêmes choses, ne donnent pas les même degrés de confiance et ça, c'est pour les observations; côté prévisions, il y a la question aussi des hypothèses et simplifications faites : pas évident à évaluer pour nous.
Les vidéos Youtube qui ont été pointés ont aussi des sources si tu veux remonter la chaîne.
Enfin, bon, j'imagine que t'es conscient que dans un débat sur linuxfr, tu ne peux pas t'attendre à ce que l'interlocuteur fasse tous ces efforts : si tu cherches sur un moteur de recherche, tu vas vite trouver des articles avec parfois des idées en apparente contradiction avec ta vision simplifiée de l'évolution du climat (par exemple je me souviens avoir lu au sujet de découvertes récentes à propos de la couverture nuageuse et pourquoi c'était potentiellement signe que l'écosystème n'était pas aussi sensible au CO2 que prévu par certains modèles) et les analyser et comprendre pourquoi c'est pas délirant (ou pourquoi ça l'est), ça prend du temps voire en pratique on n'en est simplement pas capables ; honnêtement, perso je n'en suis pas capable et c'est pas une n-ième vulgarisation qui va m'éclairer sur des articles scientifiques, il me reste donc essentiellement l'argument de la majorité pour donner des probas aux énoncés les plus courants sur le sujet et accepter mon ignorance et incapacité d'évaluer avec confiance la littérature.
La discussion est asymétrique pour une raison : d'un côté la littérature sur le réchauffement climatique est très fournie. Le GIEC c'est quand même des tas et des tas de chercheurs de différents domaines qui ont mis en commun leur connaissance et jusqu'ici leurs prédictions se sont avérées plutôt justes et le résultat est plutôt cohérent.
Tu es capable dans tes interprétations de bien plus d'assurance que je n'oserais personnellement faire preuve : la littérature est en effet très fournie, mais très complexe aussi : ce n'est pas des milliers d'articles vérifiant un même énoncé, mais des milliers d'articles autour d'une même thématique, avec hypothèses, contextes et degrés de confiance et approches variées.
Donc oui, à t'écouter, ce qui dit Até et le GIEC, c'est pareil, les deux ont même valeur.
Tu simplifies : il ne s'agit pas d'un débat entre Até et le GIEC, mais entre Até et d'autres linuxfriens ayant une certaine interprétation simplifiée des propos du GIEC. C'est très différent : faire affronter le GIEC à Até, c'est comme te faire affronter un chercheur parmi ceux qui pensent que l'effet du CO2 est surestimé dans la plupart des modèles actuels (il y en a, une minorité, mais une minorité entre beaucoup de milliers, ça fait quand même du monde) : dans les deux cas, chercheur vs linuxfrien, c'est clairement un échange inégal, le linuxfrien aura du mal à se défendre sur le plan scientifique sans faire appel à des arguments non scientifiques (autorité, conspirationnismes divers, etc.).
Je n'ai pas dit qu'il s'est « bien » documenté ni que sa position (note qu'il faudrait dire « ses positions » pour pas simplifier fallacieusement) soit au « même niveau » (je précise bien qu'elle est a priori moins probable), mais qu'il a fait des efforts en plus par rapport à celui qui se contente de quelques vulgarisations médiatisées de mauvaise qualité connues de tout le monde, Até y compris. Il va un peu vite en besogne et maladroitement à mon avis, mais comme la plupart du monde se permettant d'avoir des opinions tranchées sur des domaines scientifiques sans compétences dans le domaine : ses conclusions sont juste en contradiction avec les visions les plus courantes. Arriver à une conclusion plus partagée avec des raisonnements bancals, c'est pas forcément mieux.
Il n'est pas d'un niveau plus élevé de « défendre l'argumentation du GIEC » alors qu'on n'a qu'une compréhension superficielle des conclusions des rapports (pour ceux qui ont au moins regardé), se contentant de propos simplifiés (parfois à moitié à côté de la plaque) et ignorant la notion de degré de confiance accordée aux observations et prévisions (ça vaut à mon avis pour Até aussi), puis beaucoup d'arguments légèrement voire clairement fallacieux de divers styles : note que ce n'est pas une critique sévère, tout le monde en fait, moi y compris.
Par exemple, on retrouve l'argument d'autorité couplé d'appel au ridicule, tu fais ça toi-même implicitement avec « Il n'est pas raisonnable de mettre l'argumentation d'Até au même niveau … » ou « Arrête de troller et va te documenter » ; le journal a aussi son content de commentaires qui parlent d'Até comme s'il ne participait pas à la conversation ; la fausse analogie (c'est « comme en politique », un peu de blabla, puis conclure « tout démontre que tu es un spammeur », sans aucune analyse du contenu), classifier la personne et ses idées en « climato-sceptique » (terme dénué de sens) ou « position de type religieuse » voire « Spam politique » ou « "théories alternatives" » (note les guillemets) ou « tournure d'esprit spécifique » à l'interlocuteur : c'est à cheval entre l'ad hominem et l'homme de paille, car ça encourage à ne pas évaluer ses assertions et leur donner une probas une par une indépendamment, les voyant toutes depuis un contexte particulier, d'où simplifications grossières et échange non constructif : dommage, surtout vu comme c'est de base difficile de faire constructif avec ce genre de sujets…
On a aussi la demande de source uniquement dans un sens (vulgarisation Youtube et autres, ça ne compte pas, désolé), créant un échange par nature assymétrique et donc mal parti : soit les diverses parties font ça bien, avec des sources et en écrivant bien les énoncés, soit on accepte qu'il s'agit d'un simple échange d'opinions, auquel cas, pas de sources requises (intuitions, raisonnements partiels, approximations diverses, tout est permis) ; en pratique, sur un forum comme linuxfr, le mieux qu'on peut espérer sur un sujet complexe comme celui-ci est, à mon avis, la deuxième situation.
Honnêtement, pour la recherche publique tu as quand même des contraintes et sources d'embêtements : habiter dans une grande ville (sans quoi rien ou choix très limité), aimer l'avion et les longs déplacements pour juste quelques jours à des conférences (sans quoi moins de publis et donc pas de poste stable), deadlines (plus ou moins contraignant suivant les fois et les collègues avec qui tu publies), accepter de travailler dans un milieu hiérarchisé (grades, échelons, doctorant, post-doc, stagiaires, etc.) et avec inégalités de salaires importantes (comme dans le privé), parfois manque de chance avec certains enseignements (genre se retrouver à donner des TPs dans trois salles différentes à la fois pendant plus d'un mois du fait d'une soi-disant mauvaise évaluation des effectifs; ou encore se retrouver à faire le travail d'un chargé du cours rarement sur le site et qui répond aux mails avec une semaine ou deux de retard quand il répond), de la paperasse (moins qu'ailleurs peut-être, mais une certaine quantité) ; je n'ai fait qu'une thèse, j'ai donc sans doute échappé à pas mal d'autres choses.
Ceci dit, oui, l'environnement de travail en général et la flexibilité des horaires sont plutôt sympas en recherche. Mais dans d'autres domaines que l'informatique il est peut-être plus facile de se sentir utile avec moins de pression et désagréments aléatoires; je dis peut-être, parce qu'en pratique, quelque soit le domaine, le gagne-pain s'accompagne toujours potentiellement de mauvaises surprises, sauf pour ceux qui ont des économies et peuvent se permettre de partir/se libérer et faire une pause quand ils le veulent.
Donc, tu fais partie de ces gens pour qui des tas d'études qui se recoupent on moins de valeur que ta propre intuition et ne sont que que des « arguments d'autorité ».
Sur ce point, tu confonds toi aussi deux choses : le fait qu'il y ait des scientifiques qui recoupent des études pour en tirer des conclusions (ceci en effet n'a rien d'un argument d'autorité) et le fait qu'un posteur quelconque de linuxfr (comme toi) invoque une telle autorité (la majorité, le consensus, les scientifiques, etc.) pour appuyer son point de vue : là il s'agit bien d'un argument d'autorité.
Notons que l'argument d'autorité est, parfois, non dénué d'intérêt, mais sa force dépend de la fiabilité de notre filtre bayésien personnel sur le sujet : on obtient juste une probas à la fin (exemple : si la grande majorité des spécialistes pense que X a une proba de Y ± α, alors je pense que la proba de X est Y ± α ± Z%). Il faut cependant avoir conscience de ses limites (évaluation de Z dépendant de nos connaissances personnelles) et du fait qu'on l'utilise. En pratique la plupart du monde se contente naïvement de 0 à la place de Z et même de α, conduisant à des comportements de type religieux comme ceux que tu critiques, alors que les études et rapports scientifiques, dont ceux de l'ipcc, sur la partie détaillée, précisent bien en général la confiance qu'ils accordent, souvent du « likely » (plus de 66% de confiance dans les rapports ipcc) ou « very likely » (plus de 90%), avec rarement un « virtually certain » (plus de 99%) pour certaines observations/prévisions.
Je vois dans ce journal des commentaires qui demandent à Até des sources, d'aller se documenter, etc. Honnêtement, je doute que ceux qui font ces commentaires aient vraiment des connaissances solides sur le sujet non plus (au sens, capables de comprendre avec confiance la littérature) ni qu'ils soient dans un état d'esprit vraiment plus ouvert qu'Até : beaucoup de monde se contente d'une vue très partielle/vulgarisée accompagnée d'un peu de foi de type religieux et se permet ensuite d'être catégorique.
Até semble s'être documenté sur certaines choses, le souci c'est que le sujet est complexe et faire un bilan personnel sur la question sans être spécialiste du sujet n'est pas facile — forcément, puisque c'est du travail même pour les spécialistes. N'acceptant pas cette difficulté (comme d'autres ici) il parvient à des conclusions catégoriques via des raccourcis non rigoureux. Forcément, ses conclusions sont d'autant moins probables qu'elles sont très peu partagées par la communauté scientifique, mais là on passe de nouveau à l'argument d'autorité.
# La justice, c'est compliqué…
Posté par anaseto . En réponse au journal Une violation de licence est une rupture de contrat et pas une contrefaçon (en France). Évalué à 10.
Quand quelqu'un va chez le médecin, il lui dit vite-fait où ça fait mal et le médecin se charge de voir qu'est-ce qu'il se passe (il fait le diagnostic) puis de trouver un remède : l'utilisateur du service n'a qu'à suivre les instructions. La plupart des services publics marchent comme ça : tu présente ta situation et on te dit quels sont tes droits.
Quand tu as besoin de la justice, tu dois non seulement lui dire où ça fait mal, mais en plus lui expliquer exactement pourquoi tu penses avoir droit à ce service (toi ou ton avocat fait le diagnostic) et quel serait le remède d'après toi. Après ça, tu restes longtemps dans la salle d'attente et si, au final ton diagnostic n'est pas le bon, on t'encourage à refaire la procédure en proposant un autre diagnostic.
[^] # Re: Je veux crier ma haine !
Posté par anaseto . En réponse à la dépêche Pour tout savoir du Perl post‐moderne. Évalué à 7.
Perso, il me semble que dans tous les langages dynamiques du style (Perl, Python, …), si le code est maladroit ou n'a pas de tests, on n'ose pas y toucher.
Tu comparerais à des langages fortement typés comme Go ou Rust et là je te dirais, oui, le code vite-fait et sans tests fait nettement moins peur (après, du code sans tests fait toujours un peu peur à moins que ce soit court). Mais Python ou Perl ou Ruby ou Tcl, pour moi c'est à peu près les mêmes vraies difficultés : tous ces langages offrent très peu de garanties à la compilation (Tcl quasiment aucune, Python un peu plus mais moins que Perl avec
use warnings
etuse strict
) et permettent d'écrire de façon trop intelligente, car ils sont très flexibles et ont beaucoup de fonctionnalités.Par exemple : systèmes OO très riches (sans l'extension Moose, Python va même plus loin par défaut que Perl dans les abstractions non évidentes comme les itérateurs etc.), du mutable dans tous les sens (Tcl s'en sort mieux que Perl et Python pour ça), plein de sucre syntaxique ad hoc (list comprehensions en Python, manipulation de chaînes en Perl), effets de bords pas évidents à détecter (OO), portée non lexicale (i.e pas par blocs) des variables en Python et Tcl, dépendances circulaires de modules, overload d'opérateurs (particulièrement présent en Python, beaucoup moins en Perl ou Tcl), différents types d'égalité (
is
vs==
, etc.), des booléens qui sont des entiers (True == 1
) et, dans tous les cas, gare au typos dans les noms de fonctions ou variables (Perl détecte les typos dans les noms de variables, mais pas des fonctions, Python aucun des deux et Tcl ne détecte aucune sorte de typos, même dans les mots-clés du langage, car ce sont de simples fonctions). Et on pourrait continuer longtemps.Même si j'aime beaucoup les langages dynamiques (même le plus dynamique d'entre eux qui est Tcl), je trouve qu'ils demandent tous une grande discipline et que les différences de clarté entre les plus connus sont assez insignifiantes au final : les difficultés résident dans la nature de ces langages et leur flexibilité, pas dans leur utilisation des
$
ou l'indentation qui font pourtant souvent plus parler d'elles.Bref, dans le doute et sans connaissances au préalable d'un projet, je préfère lire du Go :-)
[^] # Re: on peut modifier l'article ?
Posté par anaseto . En réponse à la dépêche Sortie de Perl 5.30.0. Évalué à 3.
Ça aurait été une distinction intéressante pour une dépêche sur Perl6, bien sûr. Si Perl6 est mentionné ici, je pense que c'est juste que tout article sur Perl5 se sent obligé de mentionner Perl6 pour éviter les confusions. La réciproque est vraie aussi, le nommage maladroit de Perl6 n'a pas fini de créer des confusions, mais trop tard pour changer complètement (“Raku” remplacera par complètement Perl6), donc à prendre positivement :-)
[^] # Re: on peut modifier l'article ?
Posté par anaseto . En réponse à la dépêche Sortie de Perl 5.30.0. Évalué à 3.
Si ça avait été tourné différemment, j'aurais pris ça pour une simple simplification
rakudo = moarvm + rakudo
, comme si on vulgarise et parle de JVM pour la vm et le frontend java : après tout, c'est une notion subtile (d'ailleurs, autant mieux parler simplement de compilateur dans ce cas). Dans ce genre de compilos avec un JIT, le terme VM est même un peu flou, puisque c'est souvent traduit à la volée en code natif et la vraie VM au final, c'est l'OS.Ceci dit, en effet, Rakudo n'a plus rien à voir avec Parrot et tel que c'est écrit, c'est pas clair, en particulier le « continuité/spécialisation de Parrot » de la dépêche devrait être plutôt : « Rakudo a remplacé Parrot par Moarvm (et/ou la JVM) ».
Je proposerais quelque chose comme : « Le compilateur Rakudo pour Perl6 a laissé tomber la VM Parrot au profit de la VM Moarvm ».
[^] # Re: Prototypes et signatures
Posté par anaseto . En réponse à la dépêche Sortie de Perl 5.30.0. Évalué à 3.
Les signatures sont encore officiellement expérimentales je crois, mais il me semble que c'est plutôt stable et aussi performant maintenant. Ceci dit, ça ne capture au fond qu'un petit nombre de bugs : nombre d'arguments et bugs de typage basiques (hash ou tableau ou scalaire essentiellement) ; des bugs qui sont souvent détectés via les tests de toutes façons. Mais il y a un autre avantage de mon point de vue, c'est que c'est parfois plus clair à lire (on a une idée dès le début des arguments, arguments par défaut, etc.).
[^] # Re: Battle for wesnoth est mourant ?
Posté par anaseto . En réponse au journal [bookmark] sorties de jeux vidéo libres [last update; hier ]. Évalué à 6.
Il le dit lui-même que son paragraphe est un appeau à troll : à mon avis, sa première phrase ne fait que résumer, de façon volontairement provocatrice, en substance « je suis déçu personnellement à cause d'un changement au niveau du multi-joueur et, en plus, j'aime pas comment ils codent ». Perso, je ne joue jamais au mode multi-joueur (à part en local), donc j'en sais trop rien, mais j'ai plutôt l'impression que s'ils empêchent les parties sans compte, c'est peut-être qu'il y a justement beaucoup de monde et qu'ils commencent à avoir des soucis pour gérer.
[^] # Re: Flare
Posté par anaseto . En réponse au journal [bookmark] sorties de jeux vidéo libres [last update; hier ]. Évalué à 2.
Il y a des mods de la campagne aussi, je crois. La campagne sans mods est par contre un peu trop facile et encourage le grind (perdre signifie oublier de regarder sa barre de vie et de boire une potion), juste le boss de fin est un peu embêtant (il tape suffisamment fort que si on est pas attentif, ça se passe mal). C'est quand même sympa, mais c'est vrai que les efforts semblent avoir été concentrés sur montrer les fonctionnalités du moteur.
[^] # Re: Don't underestimate true
Posté par anaseto . En réponse au journal Un premier contact avec le langage Nim. Évalué à 4.
T'aurais pu te rattraper aussi en disant que tu copiais le true d'OpenBSD. Qui a besoin d'options non spécifiées par POSIX comme
--help
pourtrue
lorsqu'une page man détaillée existe pour cette commande si complexe ? :-) Par ailleurs, ça fait 10.2K chez moi.[^] # Re: En fait non
Posté par anaseto . En réponse au journal Vive l'insertion digitale. Évalué à 6.
Le truc, c'est que le linguiste sait que chacun participe dans la création ou évolution d'une langue : empruntant du vocabulaire ici et là, oubliant certains vieux mots, appliquant des terminaisons à des mots existants, créant des expressions, échangeant avec des personnes parlant d'autres langues, appliquant des changements en phonologie (important, car au fond, une langue c'est avant tout donner du sens à des sons et on l'oublie facilement).
On sait qu'il suffit d'une génération pour créer une langue complète et complexe à partir d'un pidgin. En même temps, le concept de langue en lui-même ne représente qu'un éventail de langues mutuellement suffisamment compréhensibles. La langue idéalisée/officialisée des dictionnaires n'est pas l'une d'elles : on trouve dans les dictionnaires beaucoup de mots qui parlent moins à la plupart des français que « croiver » dans « je croive que je parle français ».
On peut essayer de standardiser un peu certaines choses (en particulier pour l'écriture) et c'est même une bonne chose, mais la prescription linguistique a ses limites : une langue, ce n'est pas un protocole informatique. Lorsque menée trop loin, la prescription crée des inégalités sociales artificielles en écartant de certains métiers/domaines/sociétés ceux qui ont moins bon niveau dans l'utilisation du standard au nom d'une hypothétique communication plus efficace, plus « pure ».
Le purisme en langue est, à mon avis, très similaire en substance au racisme : discrimination, hiérarchisation et le tout fondé sur une ignorance du sujet d'un point de vue scientifique. Malheureusement, il y a beaucoup moins de sensibilisation à ce sujet.
[^] # Re: une fiction n'est pas un documentaire
Posté par anaseto . En réponse au journal [cinéma] Chernobyl, la mini-série en cinq épisodes. Évalué à 3.
Oui, je suis d'accord pour la France : une fois l'effort fait d'acquérir cette technologie complexe (ce qui est différent de dépendre de la technologie d'un tiers), elle a son indépendance technologique pour cette énergie.
Je crois que ce qui n'était pas clair dans mon message, c'est qu'il concernait les pays qui, actuellement, n'ont pas cette technologie complexe — c'est-à-dire la plupart.
C'est quand même plus varié que l'uranium. Remarque que, dans les deux, cas il s'agit de liste des pays producteurs : il faudrait plutôt aller voir des listes des réserves, mais peu importe.
Après, une chose, ce sont les réserves, une autre la technologie. Mais bon, dans tous les cas, une chose me semble plausible : chaque pays a tendance à utiliser ce qui lui est plus rentable/accessible/contrôlable. Donc, de même que la France essaie de conserver et tirer profit de son nucléaire tant que c'est possible, ceux qui n'ont pas la technologie privilégient généralement d'autres solutions.
[^] # Re: une fiction n'est pas un documentaire
Posté par anaseto . En réponse au journal [cinéma] Chernobyl, la mini-série en cinq épisodes. Évalué à 3.
C'est bien ce que j'ai dit plus haut : on n'est pas capable de prévoir grand chose à ce sujet, ni d'être sûrs encore que ce courant en particulier change en dehors de la variabilité naturelle. Du coup, espérer qu'un pays change radicalement sa politique en fonction de recherches non abouties, c'est probablement trop espérer ; en pratique, pour le moment aucun (ou quasiment) pays n'a mis en place des mesures significatives et je doute que ça change suffisamment.
PS : je suppose que tu parlais du Gulf Stream ?
Tu aurais dit, la plupart du monde, on pourrait en reparler, mais avec des affirmations vagues du type « d'une façon ou d'une autre » et « les phénomènes extrêmes vont devenir de plus en plus courants » et ce pour tout le monde, on ne peut pas espérer convaincre un pays de changer ses politiques énergétiques.
Pour espérer convaincre un pays, en particulier un pays en voie de développement et qui ne peut que plus difficilement se permettre le luxe de prendre des précautions et mesures coûteuses ou radicales à la légère, il faut pouvoir convaincre ce pays en particulier d'une probabilité élevée de risque grave pour des phénomènes locaux (du pays) précis, chose qui, malheureusement, n'est pas évidente. C'est une difficulté inhérente au fait qu'il s'agit d'un phénomène global.
[^] # Re: une fiction n'est pas un documentaire
Posté par anaseto . En réponse au journal [cinéma] Chernobyl, la mini-série en cinq épisodes. Évalué à 3.
Bien sûr :-)
Ceci dit, certaines énergies alternatives pour l'électricité (comme le charbon ou l'hydraulique) sont de nos jours plus accessibles que le nucléaire, tant technologiquement qu'au niveau de la variété des sources — ceci indépendamment de leurs nombreux autres défauts. Choisir la dépendance énergétique la moins contraignante semble, à mon avis, être un point de vue qui se défend ; c'est à peser dans la balance.
[^] # Re: une fiction n'est pas un documentaire
Posté par anaseto . En réponse au journal [cinéma] Chernobyl, la mini-série en cinq épisodes. Évalué à 2.
En dehors des limitations mentionnées de la technologie actuelle qui font que ça n'a plus d'avenir en l'état, c'est là, à mon avis, le point le plus problématique du nucléaire : une technologie très peu démocratique, appartenant à un groupe plutôt réduit ; en dehors de ce groupe, utiliser l'énergie nucléaire, c'est se créer une dépendance technologique forte sur un besoin de base (l'énergie).
[^] # Re: une fiction n'est pas un documentaire
Posté par anaseto . En réponse au journal [cinéma] Chernobyl, la mini-série en cinq épisodes. Évalué à 0.
C'est une affirmation extrême et pour laquelle tu ne trouveras pas de source sérieuse. Je serais en fait vraiment très étonné qu'il n'existe pas de pays froid où un réchauffement pourrait avoir des conséquences essentiellement positives.
Le fait que le réchauffement soit global implique seulement que, globalement, ça chauffe : ça ne veut même pas dire que pour tout pays ça va chauffer, encore moins que pour tout pays les conséquences seront négatives.
[^] # Re: une fiction n'est pas un documentaire
Posté par anaseto . En réponse au journal [cinéma] Chernobyl, la mini-série en cinq épisodes. Évalué à 5.
Le soucis avec ce sujet, c'est qu'au final on a rarement des données qui nous permettent de vraiment trancher catégoriquement, dans un sens comme dans un autre. De la même façon qu'évaluer les conséquences d'un accident nucléaire n'est pas évident et est une source d'exagérations rapides et non rigoureuses (à la Greenpeace), évaluer les conséquences du changement climatique ne l'est pas non plus, surtout localement.
Par exemple, tu affirmes que l'urgence c'est le climat, mais c'est, à mon avis, un peu rapide et naïf aussi ; tu prends l'exemple de l'Allemagne, or il n'est pas clair que pour eux (un pays plutôt froid) cela devienne un problème, donc les mesures qu'ils ont prises sont potentiellement raisonnables de leur point de vue — soyons honnêtes, on peut difficilement s'attendre à du pur altruisme de la part des pays sur ce genre de sujet, vu le poids de l'énergie dans notre société.
Bien sûr, le changement climatique pourrait avoir des effets à distance, par exemple en modifiant significativement des courants comme le gulf stream et conduisant à des mauvaises surprises même en Allemagne. Cependant, la probabilité de ce genre d'effets secondaires est pour ainsi dire non estimable avec les données dont nous disposons actuellement, donc espérer que la politique énergétique d'un pays dépende d'une telle éventualité à la probabilité inconnue est naïf, à mon avis.
Je suis bien d'accord, réduire la consommation dans tous les domaines possibles, en particulier en effet pour les transports, permettrait de diminuer les conséquences néfastes de l'énergie beaucoup plus que le choix particulier d'une énergie ou d'une autre.
[^] # Re: Faire passer son avis
Posté par anaseto . En réponse au journal Militantisme : parler d'un sujet pour convaincre. Évalué à 5.
En effet, les discussions sont à mon avis plus productives lorsque l'objectif est juste d'échanger des opinions et connaître son interlocuteur, plutôt que de le convaincre. Lorsque le mode convaincre est activé, chaque partie se retranche dans sa position et, que ça dérive ou non vers le fallacieux, le biais de confirmation et ses multiples facettes se chargent souvent de rendre toute évolution très difficile, quand elles n'accroissent pas carrément la polarisation des opinions.
[^] # Re: Spam politique
Posté par anaseto . En réponse au journal Impressions sur la campagne pour les européennes. Évalué à 1.
Hum, je crois que le moment est venu d'être d'accord pour être un désaccord, car ça part effectivement en vrille :-)
[^] # Re: Spam politique
Posté par anaseto . En réponse au journal Impressions sur la campagne pour les européennes. Évalué à 0.
Tu sous-entends quand même fortement que mes raisonnements ne sont pas de qualité. Étant donné qu'ils vont pour la plupart exactement dans le sens de l'énoncé que j'ai donné, il semble raisonnable de penser que tu voulais un autre raisonnement menant à cet énoncé qui satisfasse tes critères de qualité ; j'en ai donc choisi un que je pensais plus facile à évaluer.
Si tu ne t'exprimes pas clairement, tu peux difficilement t'attendre à avoir des réponses qui te sont utiles.
Non, mais si ça ne t'intéresse pas, tu peux laisser ceux que ça intéresse un peu en discuter; juger non pertinent et donc inutile quelque chose simplement parce que ça ne t'intéresse pas personnellement, tout en mélangeant ceci à des considérations orthogonales sur la qualité des raisonnements puis te plaindre qu'on essaie de te fournir un nouveau raisonnement pour espérer répondre à tes attentes, c'est maladroit.
Complètement HS, donc très confus de le mentionner dans ce contexte.
[^] # Re: Spam politique
Posté par anaseto . En réponse au journal Impressions sur la campagne pour les européennes. Évalué à 0.
Il a probablement lu quelques vulgarisations de qualité variable de recherches étudiant des facteurs autres que le CO2 humain et s'est contenté des conclusions, en les déformant naturellement peut-être encore plus de façon non consciente pour les rendre plus binaires et satisfaire sa vision du sujet.
Je ne veux pas vraiment le défendre (je ne sais pas ce qu'il y a vraiment dans sa tête, car, comme tu dis, il ne dis presque pas d'où il sort ses idées), mais je trouve les réactions trop sur la défensive : je suis peut-être naïf, mais une réponse du style « Tes opinions sur le sujet semblent assez catégoriques et en contraste avec les opinions scientifiques les plus partagées sur le sujet. Pourrais-tu détailler tel point particulier et pourquoi tu en arrives à telle conclusion ? » ne fait quand même pas le même effet que traiter d'ignorant, mettre un lien vers une vulgarisation, puis demander après-coup des sources sans mentionner un point particulier (peut-être que le résultat final aurait été le même, mais bon… je suis sans doute un peu naïf).
Je suis bien d'accord que l'argument d'autorité a une valeur et que, faute de mieux et de temps et s'il le faut, on s'en contente (avec raison !) : ce qui me gêne depuis le début, c'est le côté sûr de soi dans la façon de l'utiliser ; je suis toujours un peu surpris de cette confiance sur sa compréhension (même dans les grandes lignes) de l'évolution du climat. Je ne sais pas ce que tu penses de mon raisonnement plus-haut, mais à mon avis, il vaut quand même quelque chose : s'il faut parier, je parierais que Prop est faux (utilisant l'argument d'autorité via E \ A), mais uniquement s'il faut parier et ce sans confiance dans mon évaluation d'un point de vue de mes connaissances scientifiques du sujet.
[^] # Re: Spam politique
Posté par anaseto . En réponse au journal Impressions sur la campagne pour les européennes. Évalué à 0.
J'en déduis que ta position, c'est qu'un non-expert du domaine peut se faire une idée du sujet avec suffisamment de confiance — c'est-à-dire le point que je conteste ; j'ai plusieurs raisons pour cela, dont la complexité du sujet (difficile de se mettre d'accord là-dessus), mais également un raisonnement simple que je vais t'exposer et j'aimerais que tu m'expliques où il est incorrect ou négligeable de ton point de vue.
Soit E l'ensemble des chercheurs dans le domaine de l'évolution du climat.
Soit A le sous-ensemble de E composé des chercheurs pour qui il est probable que Prop : « l'influence du CO2 humain a été significativement sur-estimé dans la plupart des modèles climatiques » soit vraie. L'ensemble A est non vide : je pense que tu m'accorderas ce point, on trouve facilement des dizaines d'exemples (peu en proportion, mais ils existent).
Soit B le sous-ensemble de A privé des chercheurs qui, du fait d'intérêts personnels (dans l'énergie ou autre), ne sont pas de bonne foi. Je pense la probabilité que B soit vide est négligeable (le cardinal de A étant non négligeable et sa composition étant quand même variée), mais par principe que je vais l'appeler p.
Si B est non vide, il existe un chercheur qui, malgré une meilleure connaissance que moi du sujet (comme tous les chercheurs du domaine), donne à Prop une probabilité bien plus élevée que celle que j'aurais donnée en me basant sur l'opinion de E \ A et ma maigre compréhension du sujet (vulgarisations et lecture naïve de certaines partie des rapports du GIEC et d'articles).
On a donc une probabilité 1-p qu'il y ait une personne avec une bien meilleure compréhension du sujet qui arrive de bonne foi à une évaluation différente. Vu que j'estime 1-p élevée, j'en déduis qu'il y a de grandes chances (au moins 1-p) qu'il ne soit pas raisonnable de ma part d'avoir confiance en ma capacité d'interpréter la littérature sur le sujet.
PS : désolé si tu trouves que ce raisonnement est une « logorrhée », si c'est le cas, ce n'est pas volontaire de ma part, je suis de bonne foi :-)
[^] # Re: Spam politique
Posté par anaseto . En réponse au journal Impressions sur la campagne pour les européennes. Évalué à -1.
À ceux qui mettent des « inutiles » : je sais qu'il s'agit simplement d'une façon simple d'exprimer son désaccord ou que la conversation qui a un peu vieilli ne vous intéresse plus ou pas, mais considérez quand même l'effort et le temps consacrés à essayer d'exprimer et partager ici un point de vue avec d'autres linuxfriens. Peu importe qu'on soit d'accord et ce d'autant plus dans le contexte en question : une réflexion sur la façon de débattre et évaluer des informations sur un sujet trop complexe pour que le non-expert puisse le faire avec confiance (du moins, de mon point de vue).
[^] # Re: Spam politique
Posté par anaseto . En réponse au journal Impressions sur la campagne pour les européennes. Évalué à 0.
Je ne visais pas particulièrement la vidéo postée dans le journal, mais plutôt en effet la presse généraliste, qui est ce dont se contente la plupart des gens, sans qu'on les regarde de haut. Ceci dit, vulgarisation de plus bonne ou mauvaise qualité, ça reste des vulgarisations, donc pas vraiment de poids pour un débat sur un sujet complexe (de plus, pointer une personne vers une vulgarisation lors d'un débat, c'est un peu lui dire, que ce soit vrai ou non, qu'elle est au niveau zéro sur le sujet).
Il ne me semble pas avoir écrit ceci : je dis juste qu'avoir une opinion dans les sentiers battus n'est pas une raison suffisante pour mettre fin au débat avant qu'il commence.
Ce n'est pas convainquant, mais d'un point de vue d'une personne n'ayant pas les compétences pour évaluer correctement la littérature, mais ne voulant pas pour autant se contenter de l'argument d'autorité, ce n'est pas délirant non plus : après tout, sans plus d'info que le taux de CO2, c'est une question raisonnable à se poser ; ce qu'on peut reprocher, c'est d'être trop catégorique en l'exprimant et ne pas préciser qu'il existe sans doute d'autres facteurs qu'il ne connait pas et que les chercheurs ont tenu en compte.
Après, si tu lis la littérature, tu t'apercevras que ce n'est pas si facile, tous les articles ne mesurent pas les mêmes choses, ne donnent pas les même degrés de confiance et ça, c'est pour les observations; côté prévisions, il y a la question aussi des hypothèses et simplifications faites : pas évident à évaluer pour nous.
Enfin, bon, j'imagine que t'es conscient que dans un débat sur linuxfr, tu ne peux pas t'attendre à ce que l'interlocuteur fasse tous ces efforts : si tu cherches sur un moteur de recherche, tu vas vite trouver des articles avec parfois des idées en apparente contradiction avec ta vision simplifiée de l'évolution du climat (par exemple je me souviens avoir lu au sujet de découvertes récentes à propos de la couverture nuageuse et pourquoi c'était potentiellement signe que l'écosystème n'était pas aussi sensible au CO2 que prévu par certains modèles) et les analyser et comprendre pourquoi c'est pas délirant (ou pourquoi ça l'est), ça prend du temps voire en pratique on n'en est simplement pas capables ; honnêtement, perso je n'en suis pas capable et c'est pas une n-ième vulgarisation qui va m'éclairer sur des articles scientifiques, il me reste donc essentiellement l'argument de la majorité pour donner des probas aux énoncés les plus courants sur le sujet et accepter mon ignorance et incapacité d'évaluer avec confiance la littérature.
Tu es capable dans tes interprétations de bien plus d'assurance que je n'oserais personnellement faire preuve : la littérature est en effet très fournie, mais très complexe aussi : ce n'est pas des milliers d'articles vérifiant un même énoncé, mais des milliers d'articles autour d'une même thématique, avec hypothèses, contextes et degrés de confiance et approches variées.
Tu simplifies : il ne s'agit pas d'un débat entre Até et le GIEC, mais entre Até et d'autres linuxfriens ayant une certaine interprétation simplifiée des propos du GIEC. C'est très différent : faire affronter le GIEC à Até, c'est comme te faire affronter un chercheur parmi ceux qui pensent que l'effet du CO2 est surestimé dans la plupart des modèles actuels (il y en a, une minorité, mais une minorité entre beaucoup de milliers, ça fait quand même du monde) : dans les deux cas, chercheur vs linuxfrien, c'est clairement un échange inégal, le linuxfrien aura du mal à se défendre sur le plan scientifique sans faire appel à des arguments non scientifiques (autorité, conspirationnismes divers, etc.).
[^] # Re: Spam politique
Posté par anaseto . En réponse au journal Impressions sur la campagne pour les européennes. Évalué à 1.
Je n'ai pas dit qu'il s'est « bien » documenté ni que sa position (note qu'il faudrait dire « ses positions » pour pas simplifier fallacieusement) soit au « même niveau » (je précise bien qu'elle est a priori moins probable), mais qu'il a fait des efforts en plus par rapport à celui qui se contente de quelques vulgarisations médiatisées de mauvaise qualité connues de tout le monde, Até y compris. Il va un peu vite en besogne et maladroitement à mon avis, mais comme la plupart du monde se permettant d'avoir des opinions tranchées sur des domaines scientifiques sans compétences dans le domaine : ses conclusions sont juste en contradiction avec les visions les plus courantes. Arriver à une conclusion plus partagée avec des raisonnements bancals, c'est pas forcément mieux.
Il n'est pas d'un niveau plus élevé de « défendre l'argumentation du GIEC » alors qu'on n'a qu'une compréhension superficielle des conclusions des rapports (pour ceux qui ont au moins regardé), se contentant de propos simplifiés (parfois à moitié à côté de la plaque) et ignorant la notion de degré de confiance accordée aux observations et prévisions (ça vaut à mon avis pour Até aussi), puis beaucoup d'arguments légèrement voire clairement fallacieux de divers styles : note que ce n'est pas une critique sévère, tout le monde en fait, moi y compris.
Par exemple, on retrouve l'argument d'autorité couplé d'appel au ridicule, tu fais ça toi-même implicitement avec « Il n'est pas raisonnable de mettre l'argumentation d'Até au même niveau … » ou « Arrête de troller et va te documenter » ; le journal a aussi son content de commentaires qui parlent d'Até comme s'il ne participait pas à la conversation ; la fausse analogie (c'est « comme en politique », un peu de blabla, puis conclure « tout démontre que tu es un spammeur », sans aucune analyse du contenu), classifier la personne et ses idées en « climato-sceptique » (terme dénué de sens) ou « position de type religieuse » voire « Spam politique » ou « "théories alternatives" » (note les guillemets) ou « tournure d'esprit spécifique » à l'interlocuteur : c'est à cheval entre l'ad hominem et l'homme de paille, car ça encourage à ne pas évaluer ses assertions et leur donner une probas une par une indépendamment, les voyant toutes depuis un contexte particulier, d'où simplifications grossières et échange non constructif : dommage, surtout vu comme c'est de base difficile de faire constructif avec ce genre de sujets…
On a aussi la demande de source uniquement dans un sens (vulgarisation Youtube et autres, ça ne compte pas, désolé), créant un échange par nature assymétrique et donc mal parti : soit les diverses parties font ça bien, avec des sources et en écrivant bien les énoncés, soit on accepte qu'il s'agit d'un simple échange d'opinions, auquel cas, pas de sources requises (intuitions, raisonnements partiels, approximations diverses, tout est permis) ; en pratique, sur un forum comme linuxfr, le mieux qu'on peut espérer sur un sujet complexe comme celui-ci est, à mon avis, la deuxième situation.
[^] # Re: Mon avis
Posté par anaseto . En réponse au journal Moi, expert C++, j'abandonne le C++. Évalué à 3.
Honnêtement, pour la recherche publique tu as quand même des contraintes et sources d'embêtements : habiter dans une grande ville (sans quoi rien ou choix très limité), aimer l'avion et les longs déplacements pour juste quelques jours à des conférences (sans quoi moins de publis et donc pas de poste stable), deadlines (plus ou moins contraignant suivant les fois et les collègues avec qui tu publies), accepter de travailler dans un milieu hiérarchisé (grades, échelons, doctorant, post-doc, stagiaires, etc.) et avec inégalités de salaires importantes (comme dans le privé), parfois manque de chance avec certains enseignements (genre se retrouver à donner des TPs dans trois salles différentes à la fois pendant plus d'un mois du fait d'une soi-disant mauvaise évaluation des effectifs; ou encore se retrouver à faire le travail d'un chargé du cours rarement sur le site et qui répond aux mails avec une semaine ou deux de retard quand il répond), de la paperasse (moins qu'ailleurs peut-être, mais une certaine quantité) ; je n'ai fait qu'une thèse, j'ai donc sans doute échappé à pas mal d'autres choses.
Ceci dit, oui, l'environnement de travail en général et la flexibilité des horaires sont plutôt sympas en recherche. Mais dans d'autres domaines que l'informatique il est peut-être plus facile de se sentir utile avec moins de pression et désagréments aléatoires; je dis peut-être, parce qu'en pratique, quelque soit le domaine, le gagne-pain s'accompagne toujours potentiellement de mauvaises surprises, sauf pour ceux qui ont des économies et peuvent se permettre de partir/se libérer et faire une pause quand ils le veulent.
[^] # Re: Spam politique
Posté par anaseto . En réponse au journal Impressions sur la campagne pour les européennes. Évalué à 2.
Sur ce point, tu confonds toi aussi deux choses : le fait qu'il y ait des scientifiques qui recoupent des études pour en tirer des conclusions (ceci en effet n'a rien d'un argument d'autorité) et le fait qu'un posteur quelconque de linuxfr (comme toi) invoque une telle autorité (la majorité, le consensus, les scientifiques, etc.) pour appuyer son point de vue : là il s'agit bien d'un argument d'autorité.
Notons que l'argument d'autorité est, parfois, non dénué d'intérêt, mais sa force dépend de la fiabilité de notre filtre bayésien personnel sur le sujet : on obtient juste une probas à la fin (exemple : si la grande majorité des spécialistes pense que X a une proba de Y ± α, alors je pense que la proba de X est Y ± α ± Z%). Il faut cependant avoir conscience de ses limites (évaluation de Z dépendant de nos connaissances personnelles) et du fait qu'on l'utilise. En pratique la plupart du monde se contente naïvement de 0 à la place de Z et même de α, conduisant à des comportements de type religieux comme ceux que tu critiques, alors que les études et rapports scientifiques, dont ceux de l'ipcc, sur la partie détaillée, précisent bien en général la confiance qu'ils accordent, souvent du « likely » (plus de 66% de confiance dans les rapports ipcc) ou « very likely » (plus de 90%), avec rarement un « virtually certain » (plus de 99%) pour certaines observations/prévisions.
Je vois dans ce journal des commentaires qui demandent à Até des sources, d'aller se documenter, etc. Honnêtement, je doute que ceux qui font ces commentaires aient vraiment des connaissances solides sur le sujet non plus (au sens, capables de comprendre avec confiance la littérature) ni qu'ils soient dans un état d'esprit vraiment plus ouvert qu'Até : beaucoup de monde se contente d'une vue très partielle/vulgarisée accompagnée d'un peu de foi de type religieux et se permet ensuite d'être catégorique.
Até semble s'être documenté sur certaines choses, le souci c'est que le sujet est complexe et faire un bilan personnel sur la question sans être spécialiste du sujet n'est pas facile — forcément, puisque c'est du travail même pour les spécialistes. N'acceptant pas cette difficulté (comme d'autres ici) il parvient à des conclusions catégoriques via des raccourcis non rigoureux. Forcément, ses conclusions sont d'autant moins probables qu'elles sont très peu partagées par la communauté scientifique, mais là on passe de nouveau à l'argument d'autorité.