Si je comprends bien la ligne de défense, l'idée c'est de dire que Google n'a pas bénéficié d'un jugement indépendant puisque le rapport de la commission Indienne est plagié sur un rapport de la commission Européenne. Ils n'invoquent pas d'infraction au droit d'auteur ici (je ne pense pas que le délibéré d'un jugement européen soit soumis au droit d'auteur, même si ça reste à vérifier), mais ils utilisent le fait que le document ait été copié-collé pour douter de l'indépendance du jugement.
Je trouve la ligne de défense étrange, mais pas complètement stupide. C'est bien sûr un problème de forme et pas de fond, mais la forme de la justice c'est la base de l'état de droit. Et je trouve qu'en effet, n'importe quel citoyen qui aurait le même délibéré au mot près à son procès puis en appel serait en droit de douter de l'indépendance du deuxième procès.
Par contre, je ne suis pas convaincu que ça aille très loin non plus; c'est le genre de stratégies qui servent à faire trainer les choses plutôt qu'à gagner les procès…
Une transmission continue, je suis d'accord, ça a un intérêt majeur. C'est beaucoup plus simple à utiliser.
Mais passer de 9 à 10, puis 11, puis 12v, c'est pour moi aussi intéressant que de passer à des rasoirs à 2 lames, puis 3, puis 4, puis 5…
Je ne comprends pas trop le raisonnement, plus il y a de vitesses et plus tu te rapproches d'une transmission continue, non?
mais ce n'est pas un critère d'achat.
J'ai peur que ça soit beaucoup un argument marketing. Tu as le choix entre un vélo 11 vitesses et un vélo 12 vitesses pour le même prix, tu as l'impression que tu as quelque chose de mieux avec 12 vitesses.
Après, on n'est pas des voitures, on a du couple à bas régime en vélo, donc on n'a pas besoin de rétrograder pour démarrer après chaque stop. Heureusement d'ailleurs, parce qu'autrement les dérailleurs ne survivraient pas à ce traitement…
C'est largement suffisant, passer à 12 pignons me semble inutile, et nuisible puisque la chaîne, plus fine, sera moins durable.
Si c'était vrai, pourquoi les équipementiers ont investi des centaines de millions d'euros sur les transmissions continues depuis des dizaines d'années?
Mécaniquement, un dérailleur c'est mécaniquement très efficace et très simple, mais ça n'est pas pratique. C'est lourd (il faut des plateaux et des pignons en métal, + des tenseurs de chaîne), ça génère des tensions latérales sur la chaîne et sur les pignons, et l'étagement des rapports est un cauchemard (quand on change de plateau il faut également changer de pignon dans la direction opposée si on veut éviter les grands sauts de développement). Les vitesses ne passent pas à l'arrêt, et il arrive que la chaîne déraille.
Après, je pense que s'il existait un mécanisme de transmission intégrale fiable et de même rendement, on l'aurait déja trouvé. Mais quoi qu'il en soit, au-delà de l'aspect marketing, l'idée d'avoir des vitesses mieux étagées reste un objectif pour beaucoup de cyclistes, à tous les niveaux. Les 12 pignons sont une tentative parmi d'autres d'avoir cet objectif.
En théorie d'ailleurs, comme on va passer moins de temps sur chacun des 12 pignons, on devrait remplacer la cassette moins souvent. En pratique, comme la chaine va s'user plus vite, je ne sais pas.
Posté par arnaudus .
En réponse au journal L'indice de réparabilité.
Évalué à 6.
Dernière modification le 05 janvier 2023 à 15:00.
Si le cadre pète pareil, généralement on change le vélo, on sort pas le poste à souder.
Là il y a carrément un problème de sécurité…
Ce n'est en rien comparable à changer un patin de frein, une cassette arrière, un pédalier ou une manette de frein.
Tu dis ça parce que tu es habitué, mais régler un v-brake ou un dérailleur, ça demande un minimum de compétences quand même, et beaucoup de gens ne savent pas le faire.
J'ai aussi des souvenirs désagréables (et douloureux) de chaîne mal réassemblée.
Pour la cassette, en fonction du modèle, il faut parfois des outils spécifiques (un démonte-cassette du bon modèle, et un truc pour bloquer la roue libre).
Le problème, c'est qu'on a chacun une limite au-delà de laquelle on considère qu'un bricolage est trop complexe. C'est personnel; il n'y a pas de règle absolue. Certains vont considérer que c'est trivial de changer un joint de robinet ou un interrupteur, d'autres vont appeler le plombier ou l'électricien. Ici, le site est enrichi en geeks bricoleurs qui trouvent que le changement d'un processeur, la recompilation du noyau, ou la soudure à l'arc sont des compétences de survie minimale, mais ça n'est pas un échantillon représentatif. Quand on parle d'écologie globale, on veut s'adresser à tous les citoyens, et pas à ceux pour qui le remplacement de l'antenne Wifi d'un smartphone est une opération courante. Si on pense que tout le monde devrait savoir changer un condensateur sur une carte d'appareil électroménager, c'est sûr qu'on ne va pas comprendre pourquoi les déchetteries sont pleines d'appareils qui "presque marchent"…
Et pour le vélo, c'est le cas aussi. Si on restreint l'utilisation du vélo à ceux qui savent changer une cassette, on va transformer le vélo en activité de niche, ce qui est exactement le contraire de ce qu'il faudrait. Au contraire, il faudrait un réseau de réparateurs de vélos qui peuvent s'occupper de l'entretien pour une somme raisonnable, même si ça consiste à graisser la chaine et de régler la butée des dérailleurs.
Ah, en effet. Mais disons qu'après une chute qui aura suffis à casser des rayons, je m'attendrais à ce que la jante soit voilée, voire fêlée, au point de ne plus pouvoir être utilisée en toute sécurité. À remplacer, donc en pratique, la roue entière.
J'ai dû coincer un truc (un baton ou une chaussure) dans les rayons pour en casser plusieurs comme ça, mais à ce moment là je n'étais pas très concentré sur les roues du vélo :-)
on desserre les rayons du côté où ça frotte et on resserre les rayons de l'autre côté.
Mouais, il faut quand même trouver le rayon parmi 6 ou 8 qui est le plus sous tension (parce que les autres tournent dans le vide), et ne surtout pas trop jouer sur ceux qui ne font pas bouger la jante (au risque de devoir les revisser après). Ensuite il faut égaliser la tension entre les rayons. Et il faut que la jante soit OK dans 2 dimensions (droite-gauche, et circularité aussi, parce que si on serre tous les rayons on va faire un plat). C'est un problème d'optimisation avec beaucoup de variables observées (la géométrie en 3D d'une jante circulaire) et beaucoup de variables explicatives (une par rayon), c'est pas d'une trivialité remarquable…
Mauvais exemple à mon avis : à moins d'avoir une pratique très particulière, quand on en arrive à casser des rayons par usure naturelle, inutile de chercher à les changer, les autres vont suivre.
Ça m'est arrivé de casser 3 rayons en me gamellant, par exemple. Mais même sans casser de rayons, dévoiler une roue c'est quand même chaud, et ça ça va arriver assez régulièrement.
L'autre exemple qui m'est arrivé c'est pour un dérailleur nexus défaillant. Tu peux acheter le Nexus tout seul ou déja monté sur une roue, bah bon courage pour monter les rayons et dévoiler la roue. Je suis sûr que c'est une histoire de technique et que ça prend 5 minutes après un stage de 3 semaines dans un magasin de vélo sous la supervision d'un spécialiste, mais le comportement de la jante quand tu visses ou dévisse un rayon dépend tellement de la tension des rayons voisins que c'est facile de faire n'importe quoi et de n'arriver qu'à flinguer la roue.
Tu fais pareil avec ta bicyclette ? Ce n'est pas un exemple anodin, la bicyclette est à mon avis le meilleur exemple actuel de machine parfaitement réparable pièce par pièce.
La comparaison est intéressante, en effet. Mais on est d'accord qu'il y a des différences majeures entre les gadgets électroniques et les vélos?
Un exemple d'évolution technologique sur le vélo serait l'électrification. Si tu veux un vélo électrique, est-ce qu'il faut en acheter un neuf et bazarder l'ancien, ou est-ce possible ou souhaitable de faire électrifier un vieux vélo? D'un point de vue financier ou écologique, ça n'est pas évident.
Les pièces détachées ne sont pas spécialement données, donc ces remplacements successifs m'ont sans aucun doute coûté plus cher que le vélo neuf,
J'imagine que tu as remplacé les pièces toi-même et que tu n'as pas compté le temps passé dans ton calcul de coût, ça change quand même pas mal de choses. Je ne suis pas certain que le changement des galets du dérailleur ou de la chaîne soit à la portée de tout le monde, il faut être un minimum bricoleur, avoir un local, un certain outillage, etc. Par exemple, je suis incapable de remonter et dévoiler une roue, par exemple. C'est quelque chose que je dois faire faire par un pro; le budget est conséquent et peut impliquer l'achat d'une roue neuve plutôt que le changement de quelques rayons.
Après, c'est comme une voiture; il peut t'arriver d'un coup une série de pépins qui fait que la réparation n'est pas économique. Une grosse gamelle avec de la casse, et hop, on se décide à changer de vélo.
pourtant je ne regrette pas d'avoir procédé ainsi.
Comme tu n'indiques pas vraiment tes critères, c'est compliqué d'être en désaccord avec toi. Tu dis que ça t'a coûté plus cher qu'un vélo neuf, donc ton critère n'est pas financier. Il semble évident que quelqu'un dont le budget est serré ne peut pas être content d'avoir dépensé deux fois plus d'argent en réparant. Tu peux avoir des critères comme "faire vivre les artisans locaux" par exemple, mais ça veut dire que tu vas optimiser des choses qui pour d'autres gens n'ont aucun intérêt.
En fait, ce qui me semble assez évident, c'est que pour la plupart des gens, satisfaire des objectifs éthiques n'est pas très haut dans la liste de priorité, soit parce que les autres critères sont prépondérants (budget, temps), soit parce que les objectifs éthiques sont différents d'une personne à l'autre. Par exemple, le bilan carbone de la réparation peut parfois être mauvais (s'il implique des déplacements motorisés par exemple), ou le bilan social (pièces made in China livrées par Amazon…). En fonction de ce que qui est important pour toi, tu peux privilégier une voie plutôt qu'une autre.
Si tu parles de matériel professionnel, le problème est quand même assez différent. Le matériel pro est durable, mais il est aussi plus coûteux à produire, et j'imagine que dans beaucoup de cas c'est écologiquement absurde de s'équiper avec ce type de matériel. Pour un consommateur moyen, acheter un appareil à raclette professionnel n'a pas de sens, et son empreinte écologique est probablement supérieure à celle de 4 appareils grand public qu'il aurait pu acheter au cours de sa vie.
l'écran du fairphone 3 c'est 89€ et celui du 4 79€. Il suffit d'un tournevis cruciforme pour le réparer simplement …
En fait, ce problème ne t'intéresse pas, si cela t'intéressais, tu l'aurais dans tes critères d'achat.
Là, tu raisonnes comme si c'était naturellement rentable de réparer un appareil qui coûte le double à l'achat. Ça ne me parait pas du tout évident. Les causes du remplacement d'un smartphone, c'est
les pannes ou la casse réparables
les pannes ou la casse irréparables (chute dans les WC, passage sous les roues d'un bus, etc)
la perte ou le vol
l'obsolescence logicielle ou technologique (incompatibilité avec les applications récentes, etc)
la récupération d'un matériel plus récent (cadeau, employeur, récup, etc)
Il faudrait donc connaitre la proportion de smartphones qui partent à la benne pour la première raison pour évaluer la rentabilité de l'achat d'un appareil réparable. En particulier, même pour les gens qui font attention, le dernier item devient incontournable après 5 ou 6 ans, puisque tu vas récupérer gratuitement les téléphones de ton entourage, plus performants que le tien, qui autrement iraient à la poubelle. S'obstiner à réparer un truc de 10 ans d'âge quand tu as accès à des appareils recyclés deux fois moins vieux, ça semble assez irrationnel de toutes manières.
Et au passage, la réparation n'est pas non-polluante non plus, puisque pour les pièces assez volumineuses (écran, batterie…), c'est un % substantiel de l'empreinte écologique de l'appareil qui part à la poubelle. Si au bout de 10 ans tu as remplacé toutes les parties de ton téléphone, c'est pareil que d'avoir acheté un nouveau smartphone (voire pire, puisqu'il n'y a eu aucune économie d'échelle sur le transport, le stockage, l'emballage des pièces, etc., et que les coûts écologiques du marché des pièces détachées ne sont pas petits (comme la surproduction des pièces de rechange qui peuvent partir à la déchetterie par cartons entier à la fin de la vie du produit).
Un jour on arrêtera de taxer le travail (cotisations maladie etc prises ailleurs que sur le salaire) mais sur la valeur ajoutée pour que réparer soit plus rentable
Je ne vois pas trop ce que ça va changer de taxer la VA plutôt que le travail dans ce cas précis. Dans tous les cas, il faudra bien que tu prennes sur le travail toutes les "assurances" (maladie, chomage, retraite) qui ouvrent des droits proportionnels au salaire, les vacances, la formation, le coût indirect du travail (administration, RH), l'amortissement du matériel du réparateur, le coût de ses locaux et/ou du déplacement… Ton réparateur, il coûte réellement 50 ou 70€ de l'heure de travail. Par contre, c'est vrai que la réparation pourrait être fiscalement avantagée, mais je doute que c'est ça qui va faire pencher la balance vers la décision de réparer.
Ce qui rend avant tout la réparation non-rentable, c'est bien que la réparation crée peu de valeur. Tu amortis un appareil électroménager en quelques années, c'est inévitable. Même s'il est très robuste, il y a toujours des pièces d'usure à changer, et une dégradation contre laquelle tu ne peux rien (usure des moteurs, corrosion, déterioration des composants électroniques…), et le coût de l'entretien fait baisser la valeur de l'objet. Par exemple, mon micro-ondes a 12 ans, vu son âge et son utilisation, sa valeur marchande est proche de 0€, parce que le magnétron peut claquer d'un jour à l'autre. Engager le moindre frais sur cet appareil est probablement un mauvais calcul; un micro-ondes doit s'amortir à moins de 50€ par an, la moindre réparation doit donc prolonger la durée de vie de plusieurs années en espérance.
Je n'ai pas l'impression que le problème est le coût du travail; le "problème" est juste que les objets ne coûtent pas cher.
La rentabilité d'une réparation est assez difficile à atteindre sur des équipements qui coutent moins de 1000€. Déja, si tu fais intervenir un professionnel, tu vas vite devoir compter 200€ de main d'oeuvre/déplacement. Ensuite, pour les pièces non-standard, les coûts de stockage et d'expédition peuvent être élevés (c'est logique, il faut payer pour les 5 ans de stockage en entrepôt + les pièces qui ont été fabriquées et jamais vendues).
C'est sûr, si on a un parcours un peu geek/ingénieur, un minimum d'équipement de bricolage, un peu de temps à consacrer à bricoler, une fibre écolo, et pas trop d'exigence sur le résultat final, alors on trouve ça faisable et rentable de réparer quelques machins. Mais dans la situation actuelle, la réparation n'est pas une solution économique, et reste réservée à des situations ou la main d'oeuvre est gratuite (réparations perso à la maison, dans le cadre d'une association de réinsertion, etc).
J'ai l'impression qu'on a tous un jour ou l'autre cette idée préconçue sur le commerce.
"Mais pourquoi ils ne vendent pas X sans Y? Ça coûterait moins cher et je serais intéressé".
Je n'arrive pas à imaginer un univers dans lequel ils n'y auraient pas pensé. Il reste donc quelques possibilités:
Personne sauf toi ne serait intéressé par X sans Y (en tout cas, pas assez de gens pour justifier d'une chaine de production, de stockage, et de distribution spécifique)
En fait c'est faux, tu n'achèterais pas vraiment X sans Y si c'était sur le marché (peut-être parce que tu surestimes ce que ça te ferait gagner, par exemple)
Parce que ça n'est pas vraiment possible / légal de vendre X sans Y (typiquement, une voiture sans pneus)
Parce que X sans Y ne fonctionne pas, occasionne des retours négatifs des clients, et un plus fort taux de recours au SAV.
Parce que vendre X sans Y ferait perdre de l'argent à la boîte (pour plein de raisons, par exemple parce que le fournisseur livre X avec Y et qu'il faudrait retirer Y de X et trouver un moyen de vendre Y tout seul)
Parce que l'entreprise marge à 0.5% sur X et à 40% sur Y
Parce que l'entreprise a signé un contrat avec le fournisseur de Y et qu'elle ne va pas le résilier pour quelques pékins qui veulent X sans Y
Parce que X vient avec W, Y, et Z, et qu'on ne veut pas gérer les clients qui veulent X et W, tout sauf Z, ou Y sans W; que toutes les combinaisons n'ont pas été testées et qu'on ne veut pas gérer le SAV pour des configurations personnalisées.
Parce qu'on vend déja X' tout seul, et que si on vend X sans Y alors il serait impossible d'écouler les stocks de X'.
Donc non, l'objectif d'une entreprise n'est pas de satisfaire ses clients (satisfaire les clients, c'est un moyen de faire marcher une entreprise, mais on peut aussi la couler si on ne fait que ça). On peut très bien dire "ça serait bien s'il était possible d'acheter ci ou ça" tout en étant conscient que si ça n'est pas le cas, c'est qu'il y a une raison.
C'est quand même très difficile de sortir Total (ou les pétroliers d'une manière générale) de la discussion sur la production électrique. Ne serait-ce que parce qu'une partie substantielle de la discussion sur la décarbonation de l'économie passe par des arbitrages technologiques entre l'électrique et les énergies fossiles (dans l'indusrie, dans le résidentiel pour le chauffage, dans les transports). Si le lobby Total ralentit l'abandon du chauffage au fioul et au gaz, ça ralentit également la construction de centrales électriques décarbonnées.
En gros, et c'est un argument majeur de Jancovici, si on veut rester dans une société de marché similaire à celle qu'on connait sans détruire la planète, il faut une transition rapide et majeure de la totalité des secteurs industriels vers l'énergie électrique décarbonnée. Et la seule manière de le faire massivement avec les technologies qu'on connait (et pas des technologies fantasmées), c'est la fission nucléaire. Les énergies renouvelables doivent venir en complément, mais vu la galère que c'est d'essayer de produire de l'électricité avec des éoliennes et des panneaux solaires avec nos besoins actuels, c'est clairement irréaliste d'imaginer de compenser les besoins énergétiques aujourd'hui comblés par le thermique sans centrales nucléaires.
Et c'est bien à ça que Total et de nombreux industriels s'opposent. À commencer par les constucteurs automobiles par exemple, qui ont pour la plupart investi dans des moteurs thermiques "sobres" (dont la sobriété a été largement compensée par l'augmentation de la taille et du poids des voitures, donc au final aucun effet sur l'environnement), et sont incapables de produire des véhicules électriques à hauteur de la demande (ce qui explique en grande partie les prix démentiels des voitures électriques).
Pour revenir au "lobby nucléaire", moi je ne crois que ce que je vois. Jusqu'à très récemment, on parlait de démanteler les centrales, d'arrêter les frais avec les EPR, et d'avoir des objectifs de sortir du nucléaire. C'était dans le programme de la quasi-totalité des partis, et planifié officiellement d'abord par F. Hollande puis par E. Macron. On pourrait discuter de la définition de "puissant", mais depuis 20 ans le lobby du nucléaire a été très très inefficace. Et si le nucléaire est revenu sur le devant de la scène, c'est bien plus du fait de la réalité des choses (on a besoin d'électricité et on voit bien que la mise en place des renouvelable n'est pas suffisante). Sans compter que le lobby nucléaire n'a pas réussi à contrer des argument débiles qui ont largement circulé (comme sur l'approvisionnement en Uranium, qui n'est vraiment pas une source d'inquiétude vu les stocks, les faibles volumes, et les réserves exploitables dans le monde).
D'ailleurs, je me demande depuis quelque mois si l'obsession de Poutine pour l'envoi de missiles sur les centrales nucléaires civiles en Ukraine n'est pas liée à une volonté de provoquer un accident nucléaire pour retourner les opinions publiques occidentales. Apprendre à se passer du pétrole, c'est aussi d'être moins dépendants des fournisseurs de pétrole. Tant qu'on construit des éoliennes, on aura besoin de la Russie et de l'Arabie Saoudite…
Il existe un décalage important entre le risque réel et le risque perçu pour tout un tas de trucs dangereux, et le nucléaire est caricatural. C'est lié à un imaginaire collectif, à une vague confusion entre la bombe atomique et une centrale nucléaire, au caractère non-perceptible de la radioactivité, à l'ignorance des niveaux de radioactivité naturelle, au niveau de précaution de base dans le nucléaire civil, etc. Mais le nucléaire civil en France, c'est 0 mort par an. C'est une technologie potentiellement dangereuse, mais dans les faits, il est infiniment moins dangereux d'habiter à 1 km d'une centrale nucléaire que d'avoir un poele à pétrole ou de porter une écharpe.
Honnêtement, son raisonnement sur la décroissance forcée inévitable, avec des calculs d'ordre de grandeur complètement vérifiables, m'ont troublé beaucoup plus que l'idée d'un nucléaire civil. En gros, parce que l'activité économique est proportionnelle à l'énergie disponible, même avec autant de centrales nucléaires qu'on peut imaginer, on va se prendre une énorme récession dans la tronche; soit on l'anticipe et on décroit de manière contrôlée, soit on ne l'anticipe pas et on ne sait pas ce qui peut se passer. Ça n'est pas très réjouissant, mais c'est malheureusement assez convainquant.
Et là, il nous sort la solution : le nucléaire. D'où mon malaise et pas l'envie d'aller plus loin parce que j'ai l'impression d'être manipulé.
Manipulé avec des arguments rationnels, ça s'appelle changer d'avis parce qu'on est convaincu, non? Moi j'ai plutôt l'impression que l'énergie nucléaire est considérée comme un élément majeur de la décarbonation de l'économie par tous les gens qui se sont penchés sérieusement sur le problème.
l'industrie du nucléaire en France est très puissante.
Quels arguments factuels te le font penser? J'ai plutôt l'impression que l'industrie du nucléaire, ça n'est plus rien en France depuis 20 ou 30 ans, par rapport à ce que c'était au moment où on savait construire des centrales.
Et au final, reste quand même que le Jancovici, il est vraiment balèze.
En fait, c'est évidemment un bon communiquant, mais surtout, il est compétent. Il sait faire un calcul d'ordre de grandeur, il connait ses dossiers, il sait ce qui est possible et ce qui n'est pas possible. C'est tellement rare que ça se remarque, ce qui veut probablement dire quelque chose…
En tout cas je ne pense pas que le père Noël aurait pensé à m'apporter son bouquin si les "activistes" n'avaient pas fait parler d'eux :-P
et la difficulté de trouver ces 3 coups consécutifs est souvent trop élevée, même pour les meilleurs mondiaux.
sauf si l'adversaire a anticipé cette ligne aussi, ce qui a final revient au problème de départ…
Mais regarde, pourquoi est-ce que tu vas jouer une obscure ligne complexe dans le but de piéger ton adversaire, qui risque de ne pas arriver à sortir la série de 5 "seuls coups" nécessaire? Parce que tu sais qu'au pire elle est égale. Et comment le sais-tu? Parce que c'est l'ordi qui te l'a dit. Tu ne vas jamais jouer une ligne perdante, même s'il faut 5 coups complexes de l'adversaire pour perdre. Pourquoi? Parce qu'il y a une chance que ton adversaire l'ait préparé.
Bref, est-ce que les parties sont meilleures? Oui, certainement. Est-ce qu'elles sont plus intéressantes? C'est discutable; probablement pas pour les joueurs en tout cas, qui passent leur vie à apprendre des variantes profondes. Est-ce que ça a profondément changé les échecs? Sans aucun doute, ça va favoriser certains types de joueurs plutôt que d'autres, et les joueurs favorisés ne sont pas les meilleurs en échecs "purs" (stratégie et tactique). Est-ce qu'il faut changer les choses? C'est aux joueurs, aux fédérations, et aux organisateurs des tournois de le décider. Le jour où tous les meilleurs joueurs se retrouveront dans les tournois de parties rapides en chess 360, et qu'ils refuseront de jouer les championnats du monde en partie longue, ça forcera peut-être un peu le changement…
pas de maximiser ses gains ou optimiser sa rentabilité en triant les laissés pour compte des autres.
Pour faire court, dans une administration, il y a plein de choses d'optimisées, mais ça n'est jamais le service rendu à la population. Les objectifs concrets sont souvent:
* La dépense à l'euro près du budget alloué. Pas un euro de plus, pas un euro de moins.
* Minimiser le nombre de postes statutaires (indépendamment des conséquences sur la qualité du service). Dans l'administration, les postes statutaires ne font pas partie du budget alloué, c'est donc encouragé de "dépenser" 3 mois de temps d'un fonctionnaire pour économiser 40€, ou inversement de dépenser 40k€ pour économiser un mois de travail, en fonction du contexte.
* Respecter scrupuleusement les règles financières (marchés publics, etc)
* Respecter scrupuleusement les règles communiquées en interne (toute correspondance avec les décrets et ordonnances réelles étant optionnelle). Il n'y a aucune évaluation des conséquences de l'application d'un règle; si par exemple la règle dit qu'il faut remplir à la main un formulaire de 58 pages pour se faire rembourser un ticket de métro, alors seuls ceux qui remplissent ce formulaire auront une promotion (et leurs tickets remboursés).
* Trouver des sources de ressources propres (autofinancement partiel)
* Communiquer positivement auprès du public, des élus, et de la hiérarchie administrative (toute correspondance entre la com et la situation réelle étant optionnelle).
Concrètement, les "actionnaires" des administrations ne sont pas les citoyens, ce sont les élus locaux ou les ministères. Le service rendu ne fait juste pas partie de la grille d'évaluation, sauf parfois sous forme d'index de productivité quand plusieurs administrations sont en concurrence.
C'est parfois facile que les administrations de l'État sont aussi tenues à un devoir d'efficacité vis-à-vis des citoyens. Les administrations fonctionnent avec de l'argent public et leur dépenses sont très surveillées. Leur manque d'efficacité légendaire est souvent invité dans les débats politiques, et leurs crédits sont parfois tronqués pour cette même raison. Comment justifier envers les citoyens un fonctionnement en mode "balek de l'efficacité"? Ça me semble complètement logique de cibler ses ressources sur les dossiers qui ont plus de chances d'être problématiques que d'autres. Tout organisme, toute entreprise ferait ça.
Concrètement, donner les moyens à la CAF de traiter les dossiers individuellement avec un contact humain de qualité, ça veut dire qu'on augmente le budget dédié à l'administration, ou qu'on diminue les aides pour mettre l'argent dans le fonctionnement. Aucun des deux n'est très populaire…
Je suis d'accord, c'est difficile d'interpréter l'attitude de Carlsen. D'un côté il a l'air de s'ennuyer parce qu'il est trop fort, et d'un autre côté il est mauvais perdant. Au cours du fameux match qu'il a perdu contre Niemann, on n'a retenu que les accusations de triches, et pas la partie assez médiocre de Carlsen. Mais bon, dans l'ensemble, on ne peut pas nier que Carlsen s'ennuie, et qu'il n'arrête pas de râler contre ce que sont devenues les échecs modernes.
Firouzja est super fort, mais de toutes manières ça n'est pas comme ça que marchent les championnats du monde, ça serait un peu trop facile si le champion choisissait son challenger.
A noter aussi, la préparation et la recherche de ligne de jeux "obscures" à l'aide de moteur AI donnent finalement des parties bien plus variées et intéressantes
Avec moins d'erreurs, c'est sûr. Certaines parties d'ordinateur sont aussi fascinantes, avec des sacrifices positionnels et des contre-attaques violentes. C'est juste dommage qu'au final ça se résume à un jeu de mémoire—les échecs, c'est beaucoup de choses à la base, mais pas vraiment un jeu de mémoire.
Quelque part, c'est aussi très intéressant que les ordinateurs n'ont pas du tout tué la diversité des ouvertures. C'est la force des échecs d'être un jeu aussi ouvert; s'il s'était avéré qu'une ligne d'ouverture était intrinsèquement meilleure, ça aurait pu être la fin du jeu. C'est assez fou qu'Alphazero joue à peu près autant c4, d4, et e4!
C'est bien la première fois que je lis ça pour les échecs :-) Non, les échecs sont un jeu de stratégie déterministe avec information parfaite. L'incertitude sur la valeur d'un coup n'existe que du fait de la limitation des ordinateurs; en fait, un coup n'a que trois valeurs: soit il mène au gain de la partie, soit à une partie nulle, soit à une perte. Un coup n'est bon que s'il ne dégrade pas la position (gain si position gagnante, nulle si position nulle, si une position est perdante on peut abandonner). Les évaluations des ordinateurs (par exemple +2) n'existent que pour compenser le fait que les ordinateurs n'arrivent pas encore à calculer assez de prodondeur de coups pour être certains du résultat (+2 retranscrit donc l'estimation de la probabilité de gain). Les différences de perfs entre les logiciels viennent de l'imperfection de leur évaluation, l'ordinateur va mal évaluer des coups et va choisir un coup sous-optimal.
Pour bien intégrer ça, il faut se mettre en position de "finale" avec moins de 7 pièces sur l'échiquier. Dans ce cas, des tables de finales sont disponibles, et les résultats sont déterministes. Il n'y a aucune dimension psychologique, c'est juste des suites mathématiques de coup qui ne peuvent que mener à un seul résultat si l'adversaire a également accès à une table de finale.
La dimension psychologique permet donc éventuellement de tirer un avantage d'un adversaire humain et imparfait, donc les capacités de calcul sont perturbables par le contexte. Mais ça n'empêche pas que les coups joués peuvent être moins bons, de manière absolue. Les joueurs forts n'aiment pas ça, de toutes manières, et c'est bien pour cela qu'ils sont reluctants à ne pas jouer les meilleures lignes. Ils tendent très rarement des pièges en partie longue, par exemple, parce qu'à leur niveau il est probable que l'adversaire voie le piège et tire avantage d'une ligne sous-optimale. Les pièges sont réservés aux parties courts ou aux positions perdantes.
OK, je veux bien admettre que ça donne une certaine dimension psychologique au jeu d'échecs. Cette dimension a toujours existé (par exemple, on peut jouer un coup agressif, comme un sacrifice, pour mettre la pression sur l'adversaire, même si ce coup n'est pas nécessairement le meilleur), mais ça diminue beaucoup quand même l'intérêt des parties. Si les deux adversaires sont sûrs de leur prépa, ils vont dérouler 20 coups ou plus de mémoire. Pendant cette phase de jeu, qui s'étend donc maintenant au-delà de l'ouverture, le talent des joueurs n'a pas beaucoup d'importance : c'est la qualité de leur mémoire et la qualité de leur équipe qui les a aidé à préparer les parties qui est prépondérante. Quand et comment on va faire sortir l'adversaire de sa préparation tient en grande partie du hasard, on a préparé la ligne A, l'adversaire a préparé la ligne B, on joue A (par exemple parce que nos ordinateurs sont moins performants), pas de bol, l'adversaire ne connait plus. Il faut quand même voir qu'on ne parle pas de réfutation en 3 coups, quand une ligne est suboptimale c'est parfois très profond, beaucoup trop profond pour les joueurs humains. On joue donc la meilleure ligne, sans même vraiment être capable de comprendre pourquoi. Et l'autre répond par la meilleure ligne, même s'il ne sait pas réellement pourquoi.
De manière générale, c'est bien quand il y a une dimension psychologique aux jeux, mais c'est quand même dommage si les meilleurs joueurs d'échecs doivent jouer des coups qu'ils savent moins bons pour obliger leur adversaire à jouer aux échecs. Objectivement, ça nivelle le jeu; mais je ne suis pas sûr qu'il soit si intéressant que ça de voir le champion du mondre en difficulté dans toutes ses parties parce qu'il joue contre les ordinateurs de ses adversaires au lieu de jouer contre ses adversaires eux-mêmes.
À mon avis, le critère principal, c'est quand même typiquement les champions qui déclarent s'ennuyer. Carlsen qui ne va pas défendre son titre de champion du monde, c'est quand même inquiétant, non? Bon, il est aussi peut-être un peu en burn-out et il accuse tout le monde de tricher dès qu'il perd, mais ça n'est pas normal que les grands joueurs ne s'amusent plus.
Sans compter que les échecs 360 préparent le moment inéluctable où le jeu d'échecs sera résolu par un ordinateur.
[^] # Re: étrange ligne de défense de Google
Posté par arnaudus . En réponse au lien la Competition Commission of India accusée de plagier un jugement de la commission européenne. Évalué à 6.
Si je comprends bien la ligne de défense, l'idée c'est de dire que Google n'a pas bénéficié d'un jugement indépendant puisque le rapport de la commission Indienne est plagié sur un rapport de la commission Européenne. Ils n'invoquent pas d'infraction au droit d'auteur ici (je ne pense pas que le délibéré d'un jugement européen soit soumis au droit d'auteur, même si ça reste à vérifier), mais ils utilisent le fait que le document ait été copié-collé pour douter de l'indépendance du jugement.
Je trouve la ligne de défense étrange, mais pas complètement stupide. C'est bien sûr un problème de forme et pas de fond, mais la forme de la justice c'est la base de l'état de droit. Et je trouve qu'en effet, n'importe quel citoyen qui aurait le même délibéré au mot près à son procès puis en appel serait en droit de douter de l'indépendance du deuxième procès.
Par contre, je ne suis pas convaincu que ça aille très loin non plus; c'est le genre de stratégies qui servent à faire trainer les choses plutôt qu'à gagner les procès…
[^] # Re: Utile?
Posté par arnaudus . En réponse au journal L'indice de réparabilité. Évalué à 3.
Je ne comprends pas trop le raisonnement, plus il y a de vitesses et plus tu te rapproches d'une transmission continue, non?
J'ai peur que ça soit beaucoup un argument marketing. Tu as le choix entre un vélo 11 vitesses et un vélo 12 vitesses pour le même prix, tu as l'impression que tu as quelque chose de mieux avec 12 vitesses.
Après, on n'est pas des voitures, on a du couple à bas régime en vélo, donc on n'a pas besoin de rétrograder pour démarrer après chaque stop. Heureusement d'ailleurs, parce qu'autrement les dérailleurs ne survivraient pas à ce traitement…
[^] # Re: Utile?
Posté par arnaudus . En réponse au journal L'indice de réparabilité. Évalué à 3.
Si c'était vrai, pourquoi les équipementiers ont investi des centaines de millions d'euros sur les transmissions continues depuis des dizaines d'années?
Mécaniquement, un dérailleur c'est mécaniquement très efficace et très simple, mais ça n'est pas pratique. C'est lourd (il faut des plateaux et des pignons en métal, + des tenseurs de chaîne), ça génère des tensions latérales sur la chaîne et sur les pignons, et l'étagement des rapports est un cauchemard (quand on change de plateau il faut également changer de pignon dans la direction opposée si on veut éviter les grands sauts de développement). Les vitesses ne passent pas à l'arrêt, et il arrive que la chaîne déraille.
Après, je pense que s'il existait un mécanisme de transmission intégrale fiable et de même rendement, on l'aurait déja trouvé. Mais quoi qu'il en soit, au-delà de l'aspect marketing, l'idée d'avoir des vitesses mieux étagées reste un objectif pour beaucoup de cyclistes, à tous les niveaux. Les 12 pignons sont une tentative parmi d'autres d'avoir cet objectif.
En théorie d'ailleurs, comme on va passer moins de temps sur chacun des 12 pignons, on devrait remplacer la cassette moins souvent. En pratique, comme la chaine va s'user plus vite, je ne sais pas.
[^] # Re: Utile?
Posté par arnaudus . En réponse au journal L'indice de réparabilité. Évalué à 3. Dernière modification le 05 janvier 2023 à 16:15.
Si les fibres sont produites à partir de végétaux, c'est peut-être une bonne idée de les enfouir en masse pour séquestrer le carbone?
[^] # Re: Utile?
Posté par arnaudus . En réponse au journal L'indice de réparabilité. Évalué à 6. Dernière modification le 05 janvier 2023 à 15:00.
Là il y a carrément un problème de sécurité…
Tu dis ça parce que tu es habitué, mais régler un v-brake ou un dérailleur, ça demande un minimum de compétences quand même, et beaucoup de gens ne savent pas le faire.
J'ai aussi des souvenirs désagréables (et douloureux) de chaîne mal réassemblée.
Pour la cassette, en fonction du modèle, il faut parfois des outils spécifiques (un démonte-cassette du bon modèle, et un truc pour bloquer la roue libre).
Le problème, c'est qu'on a chacun une limite au-delà de laquelle on considère qu'un bricolage est trop complexe. C'est personnel; il n'y a pas de règle absolue. Certains vont considérer que c'est trivial de changer un joint de robinet ou un interrupteur, d'autres vont appeler le plombier ou l'électricien. Ici, le site est enrichi en geeks bricoleurs qui trouvent que le changement d'un processeur, la recompilation du noyau, ou la soudure à l'arc sont des compétences de survie minimale, mais ça n'est pas un échantillon représentatif. Quand on parle d'écologie globale, on veut s'adresser à tous les citoyens, et pas à ceux pour qui le remplacement de l'antenne Wifi d'un smartphone est une opération courante. Si on pense que tout le monde devrait savoir changer un condensateur sur une carte d'appareil électroménager, c'est sûr qu'on ne va pas comprendre pourquoi les déchetteries sont pleines d'appareils qui "presque marchent"…
Et pour le vélo, c'est le cas aussi. Si on restreint l'utilisation du vélo à ceux qui savent changer une cassette, on va transformer le vélo en activité de niche, ce qui est exactement le contraire de ce qu'il faudrait. Au contraire, il faudrait un réseau de réparateurs de vélos qui peuvent s'occupper de l'entretien pour une somme raisonnable, même si ça consiste à graisser la chaine et de régler la butée des dérailleurs.
[^] # Re: Utile?
Posté par arnaudus . En réponse au journal L'indice de réparabilité. Évalué à 5.
J'ai dû coincer un truc (un baton ou une chaussure) dans les rayons pour en casser plusieurs comme ça, mais à ce moment là je n'étais pas très concentré sur les roues du vélo :-)
Mouais, il faut quand même trouver le rayon parmi 6 ou 8 qui est le plus sous tension (parce que les autres tournent dans le vide), et ne surtout pas trop jouer sur ceux qui ne font pas bouger la jante (au risque de devoir les revisser après). Ensuite il faut égaliser la tension entre les rayons. Et il faut que la jante soit OK dans 2 dimensions (droite-gauche, et circularité aussi, parce que si on serre tous les rayons on va faire un plat). C'est un problème d'optimisation avec beaucoup de variables observées (la géométrie en 3D d'une jante circulaire) et beaucoup de variables explicatives (une par rayon), c'est pas d'une trivialité remarquable…
[^] # Re: Utile?
Posté par arnaudus . En réponse au journal L'indice de réparabilité. Évalué à 4.
Ça m'est arrivé de casser 3 rayons en me gamellant, par exemple. Mais même sans casser de rayons, dévoiler une roue c'est quand même chaud, et ça ça va arriver assez régulièrement.
L'autre exemple qui m'est arrivé c'est pour un dérailleur nexus défaillant. Tu peux acheter le Nexus tout seul ou déja monté sur une roue, bah bon courage pour monter les rayons et dévoiler la roue. Je suis sûr que c'est une histoire de technique et que ça prend 5 minutes après un stage de 3 semaines dans un magasin de vélo sous la supervision d'un spécialiste, mais le comportement de la jante quand tu visses ou dévisse un rayon dépend tellement de la tension des rayons voisins que c'est facile de faire n'importe quoi et de n'arriver qu'à flinguer la roue.
[^] # Re: Utile?
Posté par arnaudus . En réponse au journal L'indice de réparabilité. Évalué à 6.
La comparaison est intéressante, en effet. Mais on est d'accord qu'il y a des différences majeures entre les gadgets électroniques et les vélos?
Un exemple d'évolution technologique sur le vélo serait l'électrification. Si tu veux un vélo électrique, est-ce qu'il faut en acheter un neuf et bazarder l'ancien, ou est-ce possible ou souhaitable de faire électrifier un vieux vélo? D'un point de vue financier ou écologique, ça n'est pas évident.
J'imagine que tu as remplacé les pièces toi-même et que tu n'as pas compté le temps passé dans ton calcul de coût, ça change quand même pas mal de choses. Je ne suis pas certain que le changement des galets du dérailleur ou de la chaîne soit à la portée de tout le monde, il faut être un minimum bricoleur, avoir un local, un certain outillage, etc. Par exemple, je suis incapable de remonter et dévoiler une roue, par exemple. C'est quelque chose que je dois faire faire par un pro; le budget est conséquent et peut impliquer l'achat d'une roue neuve plutôt que le changement de quelques rayons.
Après, c'est comme une voiture; il peut t'arriver d'un coup une série de pépins qui fait que la réparation n'est pas économique. Une grosse gamelle avec de la casse, et hop, on se décide à changer de vélo.
Comme tu n'indiques pas vraiment tes critères, c'est compliqué d'être en désaccord avec toi. Tu dis que ça t'a coûté plus cher qu'un vélo neuf, donc ton critère n'est pas financier. Il semble évident que quelqu'un dont le budget est serré ne peut pas être content d'avoir dépensé deux fois plus d'argent en réparant. Tu peux avoir des critères comme "faire vivre les artisans locaux" par exemple, mais ça veut dire que tu vas optimiser des choses qui pour d'autres gens n'ont aucun intérêt.
En fait, ce qui me semble assez évident, c'est que pour la plupart des gens, satisfaire des objectifs éthiques n'est pas très haut dans la liste de priorité, soit parce que les autres critères sont prépondérants (budget, temps), soit parce que les objectifs éthiques sont différents d'une personne à l'autre. Par exemple, le bilan carbone de la réparation peut parfois être mauvais (s'il implique des déplacements motorisés par exemple), ou le bilan social (pièces made in China livrées par Amazon…). En fonction de ce que qui est important pour toi, tu peux privilégier une voie plutôt qu'une autre.
[^] # Re: ...
Posté par arnaudus . En réponse au journal L'indice de réparabilité. Évalué à 3.
Si tu parles de matériel professionnel, le problème est quand même assez différent. Le matériel pro est durable, mais il est aussi plus coûteux à produire, et j'imagine que dans beaucoup de cas c'est écologiquement absurde de s'équiper avec ce type de matériel. Pour un consommateur moyen, acheter un appareil à raclette professionnel n'a pas de sens, et son empreinte écologique est probablement supérieure à celle de 4 appareils grand public qu'il aurait pu acheter au cours de sa vie.
[^] # Re: Utile?
Posté par arnaudus . En réponse au journal L'indice de réparabilité. Évalué à 8.
Là, tu raisonnes comme si c'était naturellement rentable de réparer un appareil qui coûte le double à l'achat. Ça ne me parait pas du tout évident. Les causes du remplacement d'un smartphone, c'est
Il faudrait donc connaitre la proportion de smartphones qui partent à la benne pour la première raison pour évaluer la rentabilité de l'achat d'un appareil réparable. En particulier, même pour les gens qui font attention, le dernier item devient incontournable après 5 ou 6 ans, puisque tu vas récupérer gratuitement les téléphones de ton entourage, plus performants que le tien, qui autrement iraient à la poubelle. S'obstiner à réparer un truc de 10 ans d'âge quand tu as accès à des appareils recyclés deux fois moins vieux, ça semble assez irrationnel de toutes manières.
Et au passage, la réparation n'est pas non-polluante non plus, puisque pour les pièces assez volumineuses (écran, batterie…), c'est un % substantiel de l'empreinte écologique de l'appareil qui part à la poubelle. Si au bout de 10 ans tu as remplacé toutes les parties de ton téléphone, c'est pareil que d'avoir acheté un nouveau smartphone (voire pire, puisqu'il n'y a eu aucune économie d'échelle sur le transport, le stockage, l'emballage des pièces, etc., et que les coûts écologiques du marché des pièces détachées ne sont pas petits (comme la surproduction des pièces de rechange qui peuvent partir à la déchetterie par cartons entier à la fin de la vie du produit).
[^] # Re: Utile?
Posté par arnaudus . En réponse au journal L'indice de réparabilité. Évalué à 9.
Je ne vois pas trop ce que ça va changer de taxer la VA plutôt que le travail dans ce cas précis. Dans tous les cas, il faudra bien que tu prennes sur le travail toutes les "assurances" (maladie, chomage, retraite) qui ouvrent des droits proportionnels au salaire, les vacances, la formation, le coût indirect du travail (administration, RH), l'amortissement du matériel du réparateur, le coût de ses locaux et/ou du déplacement… Ton réparateur, il coûte réellement 50 ou 70€ de l'heure de travail. Par contre, c'est vrai que la réparation pourrait être fiscalement avantagée, mais je doute que c'est ça qui va faire pencher la balance vers la décision de réparer.
Ce qui rend avant tout la réparation non-rentable, c'est bien que la réparation crée peu de valeur. Tu amortis un appareil électroménager en quelques années, c'est inévitable. Même s'il est très robuste, il y a toujours des pièces d'usure à changer, et une dégradation contre laquelle tu ne peux rien (usure des moteurs, corrosion, déterioration des composants électroniques…), et le coût de l'entretien fait baisser la valeur de l'objet. Par exemple, mon micro-ondes a 12 ans, vu son âge et son utilisation, sa valeur marchande est proche de 0€, parce que le magnétron peut claquer d'un jour à l'autre. Engager le moindre frais sur cet appareil est probablement un mauvais calcul; un micro-ondes doit s'amortir à moins de 50€ par an, la moindre réparation doit donc prolonger la durée de vie de plusieurs années en espérance.
Je n'ai pas l'impression que le problème est le coût du travail; le "problème" est juste que les objets ne coûtent pas cher.
[^] # Re: Utile?
Posté par arnaudus . En réponse au journal L'indice de réparabilité. Évalué à 7.
La rentabilité d'une réparation est assez difficile à atteindre sur des équipements qui coutent moins de 1000€. Déja, si tu fais intervenir un professionnel, tu vas vite devoir compter 200€ de main d'oeuvre/déplacement. Ensuite, pour les pièces non-standard, les coûts de stockage et d'expédition peuvent être élevés (c'est logique, il faut payer pour les 5 ans de stockage en entrepôt + les pièces qui ont été fabriquées et jamais vendues).
C'est sûr, si on a un parcours un peu geek/ingénieur, un minimum d'équipement de bricolage, un peu de temps à consacrer à bricoler, une fibre écolo, et pas trop d'exigence sur le résultat final, alors on trouve ça faisable et rentable de réparer quelques machins. Mais dans la situation actuelle, la réparation n'est pas une solution économique, et reste réservée à des situations ou la main d'oeuvre est gratuite (réparations perso à la maison, dans le cadre d'une association de réinsertion, etc).
[^] # Re: quelques ?!
Posté par arnaudus . En réponse au lien Quelques failles critiques dans les voitures connectées. Évalué à 8.
J'ai l'impression qu'on a tous un jour ou l'autre cette idée préconçue sur le commerce.
"Mais pourquoi ils ne vendent pas X sans Y? Ça coûterait moins cher et je serais intéressé".
Je n'arrive pas à imaginer un univers dans lequel ils n'y auraient pas pensé. Il reste donc quelques possibilités:
Donc non, l'objectif d'une entreprise n'est pas de satisfaire ses clients (satisfaire les clients, c'est un moyen de faire marcher une entreprise, mais on peut aussi la couler si on ne fait que ça). On peut très bien dire "ça serait bien s'il était possible d'acheter ci ou ça" tout en étant conscient que si ça n'est pas le cas, c'est qu'il y a une raison.
[^] # Re: La part réelle du nucléaire dans le bouquin
Posté par arnaudus . En réponse au lien Erratum pour «Le monde sans fin» : Dargaud piégé par des activistes. Évalué à 10.
C'est quand même très difficile de sortir Total (ou les pétroliers d'une manière générale) de la discussion sur la production électrique. Ne serait-ce que parce qu'une partie substantielle de la discussion sur la décarbonation de l'économie passe par des arbitrages technologiques entre l'électrique et les énergies fossiles (dans l'indusrie, dans le résidentiel pour le chauffage, dans les transports). Si le lobby Total ralentit l'abandon du chauffage au fioul et au gaz, ça ralentit également la construction de centrales électriques décarbonnées.
En gros, et c'est un argument majeur de Jancovici, si on veut rester dans une société de marché similaire à celle qu'on connait sans détruire la planète, il faut une transition rapide et majeure de la totalité des secteurs industriels vers l'énergie électrique décarbonnée. Et la seule manière de le faire massivement avec les technologies qu'on connait (et pas des technologies fantasmées), c'est la fission nucléaire. Les énergies renouvelables doivent venir en complément, mais vu la galère que c'est d'essayer de produire de l'électricité avec des éoliennes et des panneaux solaires avec nos besoins actuels, c'est clairement irréaliste d'imaginer de compenser les besoins énergétiques aujourd'hui comblés par le thermique sans centrales nucléaires.
Et c'est bien à ça que Total et de nombreux industriels s'opposent. À commencer par les constucteurs automobiles par exemple, qui ont pour la plupart investi dans des moteurs thermiques "sobres" (dont la sobriété a été largement compensée par l'augmentation de la taille et du poids des voitures, donc au final aucun effet sur l'environnement), et sont incapables de produire des véhicules électriques à hauteur de la demande (ce qui explique en grande partie les prix démentiels des voitures électriques).
Pour revenir au "lobby nucléaire", moi je ne crois que ce que je vois. Jusqu'à très récemment, on parlait de démanteler les centrales, d'arrêter les frais avec les EPR, et d'avoir des objectifs de sortir du nucléaire. C'était dans le programme de la quasi-totalité des partis, et planifié officiellement d'abord par F. Hollande puis par E. Macron. On pourrait discuter de la définition de "puissant", mais depuis 20 ans le lobby du nucléaire a été très très inefficace. Et si le nucléaire est revenu sur le devant de la scène, c'est bien plus du fait de la réalité des choses (on a besoin d'électricité et on voit bien que la mise en place des renouvelable n'est pas suffisante). Sans compter que le lobby nucléaire n'a pas réussi à contrer des argument débiles qui ont largement circulé (comme sur l'approvisionnement en Uranium, qui n'est vraiment pas une source d'inquiétude vu les stocks, les faibles volumes, et les réserves exploitables dans le monde).
D'ailleurs, je me demande depuis quelque mois si l'obsession de Poutine pour l'envoi de missiles sur les centrales nucléaires civiles en Ukraine n'est pas liée à une volonté de provoquer un accident nucléaire pour retourner les opinions publiques occidentales. Apprendre à se passer du pétrole, c'est aussi d'être moins dépendants des fournisseurs de pétrole. Tant qu'on construit des éoliennes, on aura besoin de la Russie et de l'Arabie Saoudite…
[^] # Re: Pas besoin d’effet Streisand pour « Le monde sans fin »
Posté par arnaudus . En réponse au lien Erratum pour «Le monde sans fin» : Dargaud piégé par des activistes. Évalué à 3.
Il existe un décalage important entre le risque réel et le risque perçu pour tout un tas de trucs dangereux, et le nucléaire est caricatural. C'est lié à un imaginaire collectif, à une vague confusion entre la bombe atomique et une centrale nucléaire, au caractère non-perceptible de la radioactivité, à l'ignorance des niveaux de radioactivité naturelle, au niveau de précaution de base dans le nucléaire civil, etc. Mais le nucléaire civil en France, c'est 0 mort par an. C'est une technologie potentiellement dangereuse, mais dans les faits, il est infiniment moins dangereux d'habiter à 1 km d'une centrale nucléaire que d'avoir un poele à pétrole ou de porter une écharpe.
[^] # Re: Pas besoin d’effet Streisand pour « Le monde sans fin »
Posté par arnaudus . En réponse au lien Erratum pour «Le monde sans fin» : Dargaud piégé par des activistes. Évalué à 10.
Honnêtement, son raisonnement sur la décroissance forcée inévitable, avec des calculs d'ordre de grandeur complètement vérifiables, m'ont troublé beaucoup plus que l'idée d'un nucléaire civil. En gros, parce que l'activité économique est proportionnelle à l'énergie disponible, même avec autant de centrales nucléaires qu'on peut imaginer, on va se prendre une énorme récession dans la tronche; soit on l'anticipe et on décroit de manière contrôlée, soit on ne l'anticipe pas et on ne sait pas ce qui peut se passer. Ça n'est pas très réjouissant, mais c'est malheureusement assez convainquant.
[^] # Re: La part réelle du nucléaire dans le bouquin
Posté par arnaudus . En réponse au lien Erratum pour «Le monde sans fin» : Dargaud piégé par des activistes. Évalué à 10.
Manipulé avec des arguments rationnels, ça s'appelle changer d'avis parce qu'on est convaincu, non? Moi j'ai plutôt l'impression que l'énergie nucléaire est considérée comme un élément majeur de la décarbonation de l'économie par tous les gens qui se sont penchés sérieusement sur le problème.
Quels arguments factuels te le font penser? J'ai plutôt l'impression que l'industrie du nucléaire, ça n'est plus rien en France depuis 20 ou 30 ans, par rapport à ce que c'était au moment où on savait construire des centrales.
[^] # Re: Double effet Streisand
Posté par arnaudus . En réponse au lien Erratum pour «Le monde sans fin» : Dargaud piégé par des activistes. Évalué à 7. Dernière modification le 03 janvier 2023 à 15:01.
En fait, c'est évidemment un bon communiquant, mais surtout, il est compétent. Il sait faire un calcul d'ordre de grandeur, il connait ses dossiers, il sait ce qui est possible et ce qui n'est pas possible. C'est tellement rare que ça se remarque, ce qui veut probablement dire quelque chose…
En tout cas je ne pense pas que le père Noël aurait pensé à m'apporter son bouquin si les "activistes" n'avaient pas fait parler d'eux :-P
[^] # Re: Chess 360
Posté par arnaudus . En réponse au journal ChessBase vs Stockfish. 1. e4 e5. 2 Ke2? ...# 0-1. Évalué à 3.
sauf si l'adversaire a anticipé cette ligne aussi, ce qui a final revient au problème de départ…
Mais regarde, pourquoi est-ce que tu vas jouer une obscure ligne complexe dans le but de piéger ton adversaire, qui risque de ne pas arriver à sortir la série de 5 "seuls coups" nécessaire? Parce que tu sais qu'au pire elle est égale. Et comment le sais-tu? Parce que c'est l'ordi qui te l'a dit. Tu ne vas jamais jouer une ligne perdante, même s'il faut 5 coups complexes de l'adversaire pour perdre. Pourquoi? Parce qu'il y a une chance que ton adversaire l'ait préparé.
Bref, est-ce que les parties sont meilleures? Oui, certainement. Est-ce qu'elles sont plus intéressantes? C'est discutable; probablement pas pour les joueurs en tout cas, qui passent leur vie à apprendre des variantes profondes. Est-ce que ça a profondément changé les échecs? Sans aucun doute, ça va favoriser certains types de joueurs plutôt que d'autres, et les joueurs favorisés ne sont pas les meilleurs en échecs "purs" (stratégie et tactique). Est-ce qu'il faut changer les choses? C'est aux joueurs, aux fédérations, et aux organisateurs des tournois de le décider. Le jour où tous les meilleurs joueurs se retrouveront dans les tournois de parties rapides en chess 360, et qu'ils refuseront de jouer les championnats du monde en partie longue, ça forcera peut-être un peu le changement…
[^] # Re: le personnel de la CAF n'est pas un algorithme
Posté par arnaudus . En réponse au lien Enquête sur l’algorithme qui note les allocataires de la Caf. Évalué à 2. Dernière modification le 13 décembre 2022 à 11:31.
Pour faire court, dans une administration, il y a plein de choses d'optimisées, mais ça n'est jamais le service rendu à la population. Les objectifs concrets sont souvent:
* La dépense à l'euro près du budget alloué. Pas un euro de plus, pas un euro de moins.
* Minimiser le nombre de postes statutaires (indépendamment des conséquences sur la qualité du service). Dans l'administration, les postes statutaires ne font pas partie du budget alloué, c'est donc encouragé de "dépenser" 3 mois de temps d'un fonctionnaire pour économiser 40€, ou inversement de dépenser 40k€ pour économiser un mois de travail, en fonction du contexte.
* Respecter scrupuleusement les règles financières (marchés publics, etc)
* Respecter scrupuleusement les règles communiquées en interne (toute correspondance avec les décrets et ordonnances réelles étant optionnelle). Il n'y a aucune évaluation des conséquences de l'application d'un règle; si par exemple la règle dit qu'il faut remplir à la main un formulaire de 58 pages pour se faire rembourser un ticket de métro, alors seuls ceux qui remplissent ce formulaire auront une promotion (et leurs tickets remboursés).
* Trouver des sources de ressources propres (autofinancement partiel)
* Communiquer positivement auprès du public, des élus, et de la hiérarchie administrative (toute correspondance entre la com et la situation réelle étant optionnelle).
Concrètement, les "actionnaires" des administrations ne sont pas les citoyens, ce sont les élus locaux ou les ministères. Le service rendu ne fait juste pas partie de la grille d'évaluation, sauf parfois sous forme d'index de productivité quand plusieurs administrations sont en concurrence.
[^] # Re: le personnel de la CAF n'est pas un algorithme
Posté par arnaudus . En réponse au lien Enquête sur l’algorithme qui note les allocataires de la Caf. Évalué à 2.
C'est parfois facile que les administrations de l'État sont aussi tenues à un devoir d'efficacité vis-à-vis des citoyens. Les administrations fonctionnent avec de l'argent public et leur dépenses sont très surveillées. Leur manque d'efficacité légendaire est souvent invité dans les débats politiques, et leurs crédits sont parfois tronqués pour cette même raison. Comment justifier envers les citoyens un fonctionnement en mode "balek de l'efficacité"? Ça me semble complètement logique de cibler ses ressources sur les dossiers qui ont plus de chances d'être problématiques que d'autres. Tout organisme, toute entreprise ferait ça.
Concrètement, donner les moyens à la CAF de traiter les dossiers individuellement avec un contact humain de qualité, ça veut dire qu'on augmente le budget dédié à l'administration, ou qu'on diminue les aides pour mettre l'argent dans le fonctionnement. Aucun des deux n'est très populaire…
[^] # Re: Chess 360
Posté par arnaudus . En réponse au journal ChessBase vs Stockfish. 1. e4 e5. 2 Ke2? ...# 0-1. Évalué à 2.
Je suis d'accord, c'est difficile d'interpréter l'attitude de Carlsen. D'un côté il a l'air de s'ennuyer parce qu'il est trop fort, et d'un autre côté il est mauvais perdant. Au cours du fameux match qu'il a perdu contre Niemann, on n'a retenu que les accusations de triches, et pas la partie assez médiocre de Carlsen. Mais bon, dans l'ensemble, on ne peut pas nier que Carlsen s'ennuie, et qu'il n'arrête pas de râler contre ce que sont devenues les échecs modernes.
Firouzja est super fort, mais de toutes manières ça n'est pas comme ça que marchent les championnats du monde, ça serait un peu trop facile si le champion choisissait son challenger.
Avec moins d'erreurs, c'est sûr. Certaines parties d'ordinateur sont aussi fascinantes, avec des sacrifices positionnels et des contre-attaques violentes. C'est juste dommage qu'au final ça se résume à un jeu de mémoire—les échecs, c'est beaucoup de choses à la base, mais pas vraiment un jeu de mémoire.
Quelque part, c'est aussi très intéressant que les ordinateurs n'ont pas du tout tué la diversité des ouvertures. C'est la force des échecs d'être un jeu aussi ouvert; s'il s'était avéré qu'une ligne d'ouverture était intrinsèquement meilleure, ça aurait pu être la fin du jeu. C'est assez fou qu'Alphazero joue à peu près autant c4, d4, et e4!
[^] # Re: Chess 360
Posté par arnaudus . En réponse au journal ChessBase vs Stockfish. 1. e4 e5. 2 Ke2? ...# 0-1. Évalué à 6.
C'est bien la première fois que je lis ça pour les échecs :-) Non, les échecs sont un jeu de stratégie déterministe avec information parfaite. L'incertitude sur la valeur d'un coup n'existe que du fait de la limitation des ordinateurs; en fait, un coup n'a que trois valeurs: soit il mène au gain de la partie, soit à une partie nulle, soit à une perte. Un coup n'est bon que s'il ne dégrade pas la position (gain si position gagnante, nulle si position nulle, si une position est perdante on peut abandonner). Les évaluations des ordinateurs (par exemple +2) n'existent que pour compenser le fait que les ordinateurs n'arrivent pas encore à calculer assez de prodondeur de coups pour être certains du résultat (+2 retranscrit donc l'estimation de la probabilité de gain). Les différences de perfs entre les logiciels viennent de l'imperfection de leur évaluation, l'ordinateur va mal évaluer des coups et va choisir un coup sous-optimal.
Pour bien intégrer ça, il faut se mettre en position de "finale" avec moins de 7 pièces sur l'échiquier. Dans ce cas, des tables de finales sont disponibles, et les résultats sont déterministes. Il n'y a aucune dimension psychologique, c'est juste des suites mathématiques de coup qui ne peuvent que mener à un seul résultat si l'adversaire a également accès à une table de finale.
La dimension psychologique permet donc éventuellement de tirer un avantage d'un adversaire humain et imparfait, donc les capacités de calcul sont perturbables par le contexte. Mais ça n'empêche pas que les coups joués peuvent être moins bons, de manière absolue. Les joueurs forts n'aiment pas ça, de toutes manières, et c'est bien pour cela qu'ils sont reluctants à ne pas jouer les meilleures lignes. Ils tendent très rarement des pièges en partie longue, par exemple, parce qu'à leur niveau il est probable que l'adversaire voie le piège et tire avantage d'une ligne sous-optimale. Les pièges sont réservés aux parties courts ou aux positions perdantes.
[^] # Re: Chess 360
Posté par arnaudus . En réponse au journal ChessBase vs Stockfish. 1. e4 e5. 2 Ke2? ...# 0-1. Évalué à 4.
Ça me donnerait une chance de battre Stockfish, mais à main nues c'est pas évident. On a le droit d'amener une batte de baseball?
[^] # Re: Chess 360
Posté par arnaudus . En réponse au journal ChessBase vs Stockfish. 1. e4 e5. 2 Ke2? ...# 0-1. Évalué à 4.
OK, je veux bien admettre que ça donne une certaine dimension psychologique au jeu d'échecs. Cette dimension a toujours existé (par exemple, on peut jouer un coup agressif, comme un sacrifice, pour mettre la pression sur l'adversaire, même si ce coup n'est pas nécessairement le meilleur), mais ça diminue beaucoup quand même l'intérêt des parties. Si les deux adversaires sont sûrs de leur prépa, ils vont dérouler 20 coups ou plus de mémoire. Pendant cette phase de jeu, qui s'étend donc maintenant au-delà de l'ouverture, le talent des joueurs n'a pas beaucoup d'importance : c'est la qualité de leur mémoire et la qualité de leur équipe qui les a aidé à préparer les parties qui est prépondérante. Quand et comment on va faire sortir l'adversaire de sa préparation tient en grande partie du hasard, on a préparé la ligne A, l'adversaire a préparé la ligne B, on joue A (par exemple parce que nos ordinateurs sont moins performants), pas de bol, l'adversaire ne connait plus. Il faut quand même voir qu'on ne parle pas de réfutation en 3 coups, quand une ligne est suboptimale c'est parfois très profond, beaucoup trop profond pour les joueurs humains. On joue donc la meilleure ligne, sans même vraiment être capable de comprendre pourquoi. Et l'autre répond par la meilleure ligne, même s'il ne sait pas réellement pourquoi.
De manière générale, c'est bien quand il y a une dimension psychologique aux jeux, mais c'est quand même dommage si les meilleurs joueurs d'échecs doivent jouer des coups qu'ils savent moins bons pour obliger leur adversaire à jouer aux échecs. Objectivement, ça nivelle le jeu; mais je ne suis pas sûr qu'il soit si intéressant que ça de voir le champion du mondre en difficulté dans toutes ses parties parce qu'il joue contre les ordinateurs de ses adversaires au lieu de jouer contre ses adversaires eux-mêmes.
À mon avis, le critère principal, c'est quand même typiquement les champions qui déclarent s'ennuyer. Carlsen qui ne va pas défendre son titre de champion du monde, c'est quand même inquiétant, non? Bon, il est aussi peut-être un peu en burn-out et il accuse tout le monde de tricher dès qu'il perd, mais ça n'est pas normal que les grands joueurs ne s'amusent plus.
Sans compter que les échecs 360 préparent le moment inéluctable où le jeu d'échecs sera résolu par un ordinateur.